Bourses et finances: Vers un krach ?
L’année 2025 débute sur une correction notable des marchés, avec un recul de 8,9 % du S&P 500 par rapport à son sommet précédent. Ce déclin survient dans un contexte d’inflation persistante, de tensions commerciales et d’incertitudes monétaires. La situation actuelle évoque des similitudes avec 2018, mais les dynamiques de marché ont-elles changé depuis ? Par Anne-Laure Frischlander-Jacobson, fondatrice d’Evvest dans La Tribune
Le début d’année 2025 s’est ouvert sur une correction notable des marchés. Ce repli s’inscrit dans un contexte où inflation persistante, tensions commerciales et incertitudes monétaires pèsent sur les investisseurs. La situation actuelle rappelle en de nombreux points celle de 2018, une année marquée par des turbulences économiques similaires.
Pourtant, 2019 avait surpris par un rebond spectaculaire de 28,9 %. Faut-il s’attendre à un scénario comparable en 2025, ou bien les dynamiques de marché ont-elles changé ?
Un marché sous tension, entre inflation et incertitude
Trois forces macroéconomiques pèsent sur le S&P 500 et brouillent les perspectives.
L’économie américaine ralentit sous l’effet de taux d’intérêt élevés. La consommation fléchit, le crédit se renchérit et l’immobilier marque le pas, signe que la politique restrictive de la Fed produit ses effets.
L’inflation reste au-dessus de 2 %, contraignant la banque centrale à un arbitrage délicat : assouplir trop tôt risquerait de relancer la hausse des prix, mais maintenir des taux élevés prolongerait le freinage économique.
Enfin, la montée du protectionnisme, avec de nouveaux tarifs douaniers américains, alimente l’incertitude et fragilise les chaînes d’approvisionnement. Les investisseurs scrutent la politique monétaire et les tensions commerciales, déterminants majeurs de la trajectoire des marchés en 2025.
Trois trajectoires possibles pour 2025
L’année pourrait suivre trois grands scénarios, en fonction de l’évolution des politiques monétaires et des dynamiques macroéconomiques.
Le scénario central, jugé le plus probable, est celui d’une correction modérée suivie d’une stabilisation progressive. Le S&P 500 pourrait reculer entre 5 100 et 5 400 points, soit une baisse de 10 à 15 % par rapport à son niveau actuel, avant d’amorcer un rebond porté par une détente monétaire. Si la Fed parvient à réduire ses taux sans raviver l’inflation, les investisseurs retrouveront progressivement confiance, favorisant une reprise ordonnée des marchés.
Dans une hypothèse plus optimiste, un rebond express pourrait se produire. Une accalmie sur le front des tensions commerciales et un assouplissement plus rapide de la politique monétaire américaine pourraient propulser le S&P 500 au-delà de 6 500 points, soit une hausse de 15 % ou plus. L’essor des valeurs technologiques, toujours moteur des indices américains, jouerait un rôle clé dans cette dynamique haussière.
À l’inverse, un scénario pessimiste, bien que moins probable, ne peut être écarté. Si l’économie mondiale bascule dans la récession tout en maintenant une inflation persistante, le marché pourrait connaître une chute brutale, ramenant le S&P 500 entre 4 000 et 4 500 points, soit une correction de 20 à 30 %. Un tel contexte, combinant contraction économique et politique monétaire rigide, rappellerait les épisodes de stress financier les plus marquants de la dernière décennie.
Comme en 2018, les incertitudes macroéconomiques pèsent sur le marché, et les investisseurs avancent avec prudence. Pourtant, l’histoire récente a prouvé que les marchés sont capables de résilience. Après une année 2018 difficile, 2019 avait enregistré un spectaculaire rebond. La clé de la reprise tiendra à la capacité des autorités monétaires à ajuster leur politique sans créer de déséquilibre majeur.
Dans un marché où l’incertitude règne, les investisseurs avisés privilégieront une approche diversifiée, en se tournant vers des valeurs défensives et des secteurs capables de résister aux cycles économiques. 2025 pourrait bien être une année charnière, où l’agilité et la prudence feront la différence.