Il faut vraiment que le pouvoir algérien aux mains des militaires soient fragilisés pour qu’un écrivain de 80 ans soit désormais considéré par le président algérien comme un bouc-émissaire politique. C’est pourtant la manœuvre à laquelle s’est livré de façon assez lamentable le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Ce dernier s’en est ouvertement pris au romancier, le qualifiant d’«imposteur» envoyé par la France. «Vous envoyez un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l’Algérie appartient à un autre État», a notamment déclaré le chef de l’État dans un extrait d’un discours officiel, rapporté par TSA.
Pour les soutiens de Boualem Sansal, pas de doute : ce discours laisse «peu d’illusions» quant au «sort réservé à notre ami et compatriote». «Les propos du chef de l’État algérien confirment s’il le fallait le statut de prisonnier politique de celui qui est l’otage d’un pouvoir arbitraire et policier», ont-ils asséné. Le président a pourtant annoncé le 25 décembre la grâce de 2400 prisonniers, une mesure qui pouvait laisser imaginer une clémence envers l’auteur de 2084: la fin du monde. «Bien au contraire et délibérément, les autorités algériennes semblent avoir opté pour porter à leur comble les tensions entre nos deux pays», ont regretté les membres du comité.