Bretagne : nouvelle manif des bonnets rouges
Une semaine après les défilés des syndicats au cours desquels leur leader, Christian Troadec, a été parfois conspué, les Bonnets rouges organisent leur deuxième rassemblement, samedi, à Carhaix (Finistère), avec la volonté d’affirmer leurs revendications « pour l’emploi et la Bretagne » face à « tous ceux qui les traitent par le mépris ». Sans faire de pronostic sur le nombre des manifestants, Christian Troadec, par ailleurs maire DVG de cette ville de centre-Bretagne, parie que « samedi, il y aura du monde » sur le site où est organisé chaque année le festival des Vieilles Charrues. « Ce sera la réponse qu’on pourra donner à ceux qui continuent à nous traiter par le mépris », dit le porte-parole du collectif Vivre, décider et travailler en Bretagne, initiateur des Bonnets rouges. Dans le match les ayant opposés ce mois-ci aux syndicats – qui s’estiment mieux à même de défendre les salariés bretons touchés par une avalanche de restructurations et de plans sociaux dans l’agroalimentaire (Doux, Gad, Tilly-Sabco, Marine-Harvest), les Télécoms ou l’automobile -, les Bonnets rouges ont remporté la première manche. Début novembre, ils ont mobilisé entre 15 000 et 30 000 personnes à Quimper pour la défense de l’emploi, la décentralisation et la suppression définitive de l’écotaxe. Taxé de « poujadiste », de « populiste », le mouvement est pointé du doigt pour avoir rassemblé, dans ce que les syndicats appellent « une confusion des genres », transporteurs, chefs d’entreprise, salariés, travailleurs licenciés, agriculteurs, artisans… Des syndicats qui espéraient reprendre la main, avec leurs propres défilés, samedi dernier, dans quatre villes de Bretagne. Mais ils n’ont remporté qu’un succès en demi-teinte : entre 6 500 et 13 000 personnes seulement ont battu le pavé malgré la présence du numéro un de la CFDT, Laurent Berger, et de son homologue de la CGT, Thierry Lepaon. Présent à deux de ces rassemblements et chahuté par des manifestants, Christian Troadec assure ne pas être animé par un esprit de revanche. « Tout doit être oublié », dit-il, assurant en outre qu’il « n’y a pas de bras de fer avec les syndicats ». « Nous, on souhaite que l’on se rassemble sur une préoccupation majeure et partagée, l’emploi et la Bretagne », dit-il. Le rassemblement de samedi, auquel ont aussi appelé le Parti breton (fédéraliste) ou l’Union démocratique bretonne (autonomiste) notamment, sera « familial » et « festif », avec des concerts : « Que les casseurs (présents à Quimper) restent chez eux », clame Christian Troadec en faisant référence aux violences qui avaient marqué la manifestation de Quimper. Et il sera bien sûr revendicatif. Car « les gens ne voient toujours pas de réponse concrète et réelle à leur souffrance ». À ce titre, les Bonnets rouges rappellent la promesse du candidat Hollande d’obliger une entreprise à céder les unités de production dont elle ne veut plus. « On voit bien avec l’exemple de Gad que rien n’est fait et que la promesse est oubliée », commente Christian Troadec, en référence à la fermeture de l’abattoir de Lampaul-Guimiliau et le licenciement de plus de 800 salariés. « On gèle un abattoir ultra-performant alors qu’il pourrait être repris très rapidement pour une nouvelle activité », déplore-t-il. rouges. « La Bretagne est lâchée », résume Christian Troadec, partisan de la décentralisation et farouche opposant au « carcan administratif » qui est à ses yeux un « frein à toute évolution, toute innovation, toute création ». Quant à la suppression de l’écotaxe poids lourds, elle fait toujours partie des revendications malgré sa suspension fin octobre.