Boillon ancien conseiller de Sarkozy arrêté avec 350 000 euros en cash
Gare du Nord, le 31 juillet à 16 h 30, Boris Boillon s’apprête, selon les révélations de Mediapart, à monter dans le Thalys pour Bruxelles. Incognito, en jean et polo. Contrôle des passagers : les douanes lui demandent s’il transporte des devises. Il nie. Fouille. Son bagage recèle 350 000 euros et 40 000 dollars en cash. Cet éminent voyageur qui n’ignore rien de la loi sur les transferts de fonds en Europe – limités à 10 000 euros sans déclaration préalable -, n’a étrangement emporté avec lui ni papier d’identité ni téléphone portable. Mais il possède en revanche trois cartes bancaires à son nom. «Avisé de ce manquement aux obligations déclaratives», le parquet de Paris, intrigué par ces micmacs d’argent liquide, a saisi le service national de douane judiciaire (SNDJ) d’une enquête préliminaire pour en «déterminer la provenance». Dans son procès-verbal d’audition cité par Mediapart, Boris Boillon assure que ces liasses proviennent de ses «prestations» de consultant pour «des sociétés irakiennnes». «En l’absence de système bancaire développé en Irak, ces entreprises m’ont réglé à Paris en numéraires», soutient celui qui fut ambassadeur de France en Irak en 2009. Dépêché à Tunis en février 2011 après la chute de Ben Ali pour dégonfler les critiques sur les accointances de la France avec le régime, Boris Boillon a tellement joué au «Sarkoboy» – insultant des journalistes à Tunis – qu’il a été démissionné l’an passé. Depuis, il a monté à Paris la société de conseils Spartago, puis French Group avec un ancien consul irakien. Désormais résident belge, Boris Boillon soutient aux enquêteurs que les 350 000 euros et 40 000 dollars devaient servir à monter à Bruxelles une filiale de Spartago. Il pensait soi-disant qu’il était «plus facile depuis la Belgique de régulariser la situation de ces fonds» irakiens. Il ne se sentait, dit-il, «pas à l’aise avec cet argent qui était stocké en partie dans [son] bureau et une autre partie dans une malette enterrée à côté de [sa] cave». «Par réflexe».Pour régler «au plus vite» cette situation inconfortable, Boris Boillon serait parti de Bruxelles le matin du 31 juillet, les mains dans les poches, oubliant ses papiers, pour récupérer à Paris sa malette de billets pas nets et les remonter illico en Belgique. Mais les douanes l’ont contrôlé. «Surpris et effrayé», l’ancien diplomate aurait menti «par réflexe». Une fois trouvée la source de cet argent confisqué, la justice risque de s’intéresser à un hypothétique blanchiment de fonds par ce très proche des anciens chefs de l’Etat français et libyen – Nicolas Sarkozy étant suspecté d’avoir bénéficié des largesses de Muammar al-Kadhafi pour financer sa campagne présidentielle en 2007. Trait d’union entre ces personnages, le diplomate Boillon était paterné par les deux, le colonel Kadhafi l’appelant «mon fils» et le président Sarkozy «mon petit Arabe».