Archive pour le Tag 'Blockchain ?'

Environnement-Blockchain et énergie

Blockchain et énergie

lors qu’une canicule historiquement précoce touche la France, il devient de plus en plus évident que si nous ne changeons pas nos habitudes, il sera bientôt impossible d’endiguer le réchauffement climatique. Parfois rassurés par nos gestes du quotidien pour réduire notre consommation d’énergie, nous oublions souvent l’impact de nos usages en matière de nouvelles technologies. Par Dominique Chabot, entrepreneur récidiviste, ingénieur en intelligence artificielle et Président d’Ocode.(La Tribune)

 

Au-delà de l’achat de terminaux et de la consommation de flux de données, les experts pointent de plus en plus du doigt les blockchains utilisées pour les transactions en crypto-monnaies. En effet, Bitcoin, la plus connue d’entre elles, est extrêmement énergivore et sa consommation énergétique équivalente à celle d’un pays comme l’Argentine.

Pourtant, toutes les blockchains ne sont pas à mettre dans le même panier. Si certaines utilisent une quantité astronomique d’énergie, à des fins essentiellement spéculatives, d’autres blockchains sont infiniment moins énergivores, et leurs finalités beaucoup plus vertueuses.

Il existe deux principales familles de moteurs de Blockchain permettant de valider et de sécuriser les transactions  : celle de la « Proof of Work » (ou PoW), aujourd’hui utilisée par le Bitcoin et l’Ethereum, et la « Proof of Stake » (ou PoS).

La première famille (celle de la Proof of Work) fait appel à des « mineurs » pour valider les transactions. Elle est plus facile à mettre en œuvre, moins coûteuse mais est extrêmement énergivore. Chaque validation d’une transaction consomme environ 700 kilowatts-heure (kWh). En effectuant trois transactions en Bitcoin, un utilisateur dépense l’équivalent de sa consommation annuelle d’électricité (environ 2200 kwh).

En outre, le mineur ayant le plus de puissance – et donc consommant le plus d’énergie – sera le plus rapide à valider l’équation et recevra une récompense. Selon les données du Cambridge Bitcoin Electricity Network, la consommation électrique globale du Bitcoin serait de l’ordre de 125 térawatts-heure (TW/h), soit plus que des pays comme la Belgique ou la Finlande au cours d’une année.

La seconde technologie, dite de « Proof of Stake » (PoS), fonctionne selon un mécanisme de preuve d’enjeu. Concrètement, elle est basée sur l’utilisation active de son capital pour sécuriser et valider les transactions. Plus complexe à utiliser, elle est infiniment moins énergivore puisqu’elle consomme, selon les blockchains, entre 0,03 et 10 watts-heure par transaction (soit l’équivalent d’une recherche sur le Web via Google).

Ce sont généralement les crypto-monnaies et leur volatilité qui retiennent l’attention du public et des médias. Pourtant, la technologie qu’elles utilisent, la blockchain, est vouée à bien d’autres usages que la spéculation. En tout premier lieu, elle permet de transmettre et d’enregistrer de l’information dans un registre infalsifiable et partagé de façon publique ou privée.

Grâce à cette traçabilité, ses applications et cas d’usages sont – ou seront bientôt utilisés – dans de nombreux secteurs : juridique pour la certification de documents ou de preuves, sociaux pour vérifier une identité numérique, ou que les dons à des associations sont bien versés au bon bénéficiaire, ou encore industriels pour authentifier ou identifier des objets trouvés, de valeur, transférer une propriété dans le cas d’une vente de seconde main, etc.

La blockchain apporte aux échanges de la confiance. Elle garantit la véracité des informations liées à un objet physique ou numérique, à une action ou à une personne. Elle est déjà utilisée pour, par exemple, prouver la provenance de certains produits alimentaires et leur sourçage équitable, pour identifier des objets retrouvés, ou partager des recherches scientifiques à travers le monde et accélérer le progrès tout en enregistrant les contributions de chacun.

Affirmer que la blockchain a un impact négatif pour la planète sans différencier leur consommation d’énergie équivaudrait à dire qu’un voyage a le même impact environnemental quel que soit le moyen de transport. La blockchain est un choix technologique et n’est pertinent qu’en fonction de l’usage qui en est fait. Est-il indispensable de miner pour spéculer sur la valeur d’une monnaie digitale ? Peut-elle permettre d’accélérer la recherche médicale ?

Bien utilisée, la blockchain peut avoir de multiples utilités sociétales ou environnementales. Il ne tient qu’à ses utilisateurs de s’engager et de soutenir des projets qui allient faible consommation énergétique et fort impact sociétal. Et pour ce faire, commencer par comprendre le fonctionnement de cette technologie et les conséquences de son utilisation. Il conviendra ensuite de faire le bon choix quant à l’usage qui en est fait.

Dominique Chabot

Avenir de la Blockchain après la chute des cryptos ?

Avenir de la Blockchain après la chute des cryptos  ?

 

 

La chute des cryptomonnaies ne remet pas en cause l’utilité de la technologie blockchain mais met l’accent sur les dérives spéculatives de ces actifs et la nécessité de passer à une phase plus mature pour le développement du Web3, comme ce fut le cas pour l’internet première version. Par Gilles Babinet. ( La Tribune)

 

Le krach des cryptomonnaies remet-il en question les blockchains en général ?

Il y a deux formes d’usages des blockchains, il me semble. D’une part, ce que j’appellerais les cryptocasinos, c’est à dire tout ce mouvement spéculatif qui existe autour des cryptomonnaies et qui a abouti au krach que l’on continue à voir évoluer sous nos yeux. Une partie significative de ses acteurs n’ont pas grand chose à voir avec le monde de la technologie. Des échanges que j’ai eus avec certains, ils ont souvent une approche très sectaire, sur le thème « les monnaies souveraines ne valent rien » ou encore « ce n’est pas grave si les blockchains consomment de l’énergie car elle n’est pas carbonée (!) et le service rendu est immense », etc.

Et il existe d’autre part une autre forme représentée par le monde des innovateurs, qui développent parfois des crypto-actifs fongibles ou pas, et surtout qui sont sur des enjeux de smart contracts parfois complexes, qui représente à mon sens la partie la plus intéressante. Ces smart contracts permettent d’envisager tout un tas de choses, comme créer de la traçabilité des émissions de CO2, faire de la certification de pièces détachées, des NFT, etc. C’est un univers passionnant.

Quels sont les défis de ces univers ?

Les défis sont non seulement très nombreux mais ils sont aussi très difficiles à résoudre. Le premier est la vitesse de traitement et la consommation (qui sont des facteurs liés). S’il existe des pistes vraiment intéressantes – celle d’Ethereum par exemple est vraiment passionnante – pour solutionner ce problème, je doute qu’il disparaisse avant de longues années. En gros avec le Bitcoin, vous êtes limités entre 3 et 6 transactions par seconde avec un coût énergétique et carbone délirant, de l’ordre d’une centaine d’euros par transaction. Par comparaison, un réseau comme Mastercard peut théoriquement monter à 100.000 transactions par seconde (dans la réalité, ils en font plutôt 1500 à 5000) pour un coût énergétique difficile à évaluer mais vraisemblablement très inférieur en centimes d’euro.

Autre défi, l’interopérabilité entre crypto-actifs. Si on doit passer systématiquement par des acteurs de trading de type Coinbase on Binance, on perd une grande partie de l’intérêt du système, avec des frais de transactions et une centralisation de la donnée. Si l’on fait une comparaison avec le web 1.0, à la fin des années 90, il y avait tout un tas de standards qui s’affrontaient et certains sites n’étaient compatibles qu’avec certains types de navigateurs. Il aura fallu un immense effort de normalisation pour assurer une compatibilité d’ensemble.

Enfin, n’en déplaise aux ultras, il reste le défi de la régulation. Le nombre d’arnaques dans cet univers est quand même bien au-delà de ce qui est acceptable. Sans parler des pertes d’identifiants. Je discutais il y a quelques jours avec Changpeng Zhao, le fondateur de Binance. Il me disait qu’il estimait à quelques pourcents ( 3à 5%, peut être plus…) le nombre de gens qui se retrouvaient dans cette situation. C’est d’ailleurs son premier enjeu. Des solutions comme Ledger permettent de résoudre partiellement cela, mais l’expérience utilisateur reste vraiment rédhibitoire.

Non pas une mode mais simplement, ça va prendre beaucoup de temps. Le web est né en 1989, et les standards qui le sous-tendent n’ont été réellement stabilisés qu’au milieu des années 2000. La raison pour laquelle j’y crois c’est que les principaux freins économiques et sociaux à une société plus inclusive, ce sont les situations de rente, la bureaucratie, etc. Or, ces technologies sont par nature capables de répondre à une grande partie de ces défis. simplement tout reste à écrire : la technologie, mais aussi la régulation. C’est peut être une route de plusieurs décennies qui se présente à nous.

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Gilles Babinet est un entrepreneur dans le domaine digital. Il est contributeur de l’institut Montaigne sur les questions numériques et travaille actuellement sur les enjeux liés au numérique et aux émissions de CO2.

Blockchain et énergie

Blockchain et énergie

lors qu’une canicule historiquement précoce touche la France, il devient de plus en plus évident que si nous ne changeons pas nos habitudes, il sera bientôt impossible d’endiguer le réchauffement climatique. Parfois rassurés par nos gestes du quotidien pour réduire notre consommation d’énergie, nous oublions souvent l’impact de nos usages en matière de nouvelles technologies. Par Dominique Chabot, entrepreneur récidiviste, ingénieur en intelligence artificielle et Président d’Ocode.(La Tribune)

 

Au-delà de l’achat de terminaux et de la consommation de flux de données, les experts pointent de plus en plus du doigt les blockchains utilisées pour les transactions en crypto-monnaies. En effet, Bitcoin, la plus connue d’entre elles, est extrêmement énergivore et sa consommation énergétique équivalente à celle d’un pays comme l’Argentine.

Pourtant, toutes les blockchains ne sont pas à mettre dans le même panier. Si certaines utilisent une quantité astronomique d’énergie, à des fins essentiellement spéculatives, d’autres blockchains sont infiniment moins énergivores, et leurs finalités beaucoup plus vertueuses.

Il existe deux principales familles de moteurs de Blockchain permettant de valider et de sécuriser les transactions  : celle de la « Proof of Work » (ou PoW), aujourd’hui utilisée par le Bitcoin et l’Ethereum, et la « Proof of Stake » (ou PoS).

La première famille (celle de la Proof of Work) fait appel à des « mineurs » pour valider les transactions. Elle est plus facile à mettre en œuvre, moins coûteuse mais est extrêmement énergivore. Chaque validation d’une transaction consomme environ 700 kilowatts-heure (kWh). En effectuant trois transactions en Bitcoin, un utilisateur dépense l’équivalent de sa consommation annuelle d’électricité (environ 2200 kwh).

En outre, le mineur ayant le plus de puissance – et donc consommant le plus d’énergie – sera le plus rapide à valider l’équation et recevra une récompense. Selon les données du Cambridge Bitcoin Electricity Network, la consommation électrique globale du Bitcoin serait de l’ordre de 125 térawatts-heure (TW/h), soit plus que des pays comme la Belgique ou la Finlande au cours d’une année.

La seconde technologie, dite de « Proof of Stake » (PoS), fonctionne selon un mécanisme de preuve d’enjeu. Concrètement, elle est basée sur l’utilisation active de son capital pour sécuriser et valider les transactions. Plus complexe à utiliser, elle est infiniment moins énergivore puisqu’elle consomme, selon les blockchains, entre 0,03 et 10 watts-heure par transaction (soit l’équivalent d’une recherche sur le Web via Google).

Ce sont généralement les crypto-monnaies et leur volatilité qui retiennent l’attention du public et des médias. Pourtant, la technologie qu’elles utilisent, la blockchain, est vouée à bien d’autres usages que la spéculation. En tout premier lieu, elle permet de transmettre et d’enregistrer de l’information dans un registre infalsifiable et partagé de façon publique ou privée.

Grâce à cette traçabilité, ses applications et cas d’usages sont – ou seront bientôt utilisés – dans de nombreux secteurs : juridique pour la certification de documents ou de preuves, sociaux pour vérifier une identité numérique, ou que les dons à des associations sont bien versés au bon bénéficiaire, ou encore industriels pour authentifier ou identifier des objets trouvés, de valeur, transférer une propriété dans le cas d’une vente de seconde main, etc.

La blockchain apporte aux échanges de la confiance. Elle garantit la véracité des informations liées à un objet physique ou numérique, à une action ou à une personne. Elle est déjà utilisée pour, par exemple, prouver la provenance de certains produits alimentaires et leur sourçage équitable, pour identifier des objets retrouvés, ou partager des recherches scientifiques à travers le monde et accélérer le progrès tout en enregistrant les contributions de chacun.

Affirmer que la blockchain a un impact négatif pour la planète sans différencier leur consommation d’énergie équivaudrait à dire qu’un voyage a le même impact environnemental quel que soit le moyen de transport. La blockchain est un choix technologique et n’est pertinent qu’en fonction de l’usage qui en est fait. Est-il indispensable de miner pour spéculer sur la valeur d’une monnaie digitale ? Peut-elle permettre d’accélérer la recherche médicale ?

Bien utilisée, la blockchain peut avoir de multiples utilités sociétales ou environnementales. Il ne tient qu’à ses utilisateurs de s’engager et de soutenir des projets qui allient faible consommation énergétique et fort impact sociétal. Et pour ce faire, commencer par comprendre le fonctionnement de cette technologie et les conséquences de son utilisation. Il conviendra ensuite de faire le bon choix quant à l’usage qui en est fait.

Dominique Chabot

Un dollar numérique sans blockchain ?

Un dollar numérique sans blockchain ?

Menés par Stephen Lynch, élu du Massachusetts à la Chambre des représentants,Les députés démocratesviennent d’introduire une proposition de loi, le Electronic Currency and Secure Hardware (ECASH) Act, qui conduirait le Département du Trésor à tester l’usage d’une « version électronique » du dollar.

Si la loi est votée (ce qui reste très incertain, les démocrates n’ayant qu’une très courte majorité législative, face à un parti républicain peu coopératif), elle entraînerait la mise en œuvre par le Département du Trésor d’un Electronic Currency Innovation Program (ECIP). Celui-ci serait ensuite chargé de superviser une série de projets pilotes expérimentant l’usage d’un « e-cash », une monnaie virtuelle émise par le Département du Trésor, qui pourrait être utilisée sans passer par l’intermédiaire des banques. Les tests seraient déployés au maximum 90 jours après le passage de la loi, et la monnaie virtuelle devrait être rendue accessible au public sous un délai de quatre ans.

Le e-cash sera conçu pour être facile d’utilisation, afin d’être le plus inclusif possible, les soutiens démocrates de la loi ayant à cœur d’en faire une monnaie accessible à tous. Deux personnes pourraient ainsi s’échanger facilement des e-cash en tapant leur téléphone l’un contre l’autre, et la monnaie devra également être facilement utilisable dans le commerce de détail, sur le modèle offert par le paiement sans contact. L’idée est aussi de permettre d’envoyer des e-cash à distance par messages sécurisés.

L’originalité du e-cash tient en partie au fait qu’il ne s’agirait pas d’une cryptomonnaie, comme le bitcoin. Ainsi, la loi stipule que le dispositif doit permettre des échanges monétaires de pair à pair « sans passer par un registre commun ou distribué »  et générer « un minimum de données transactionnelles » (là où la blockchain Bitcoin rend toutes les transactions publiques). L’idée est de conserver la confidentialité, la facilité d’utilisation et l’absence de frais de transaction qui caractérisent l’argent liquide, mais en s’affranchissant simplement du billet physique.

 

Blockchain et crytomonnaies: perspectives

  Blockchain et crytomonnaies: perspectives 

« La blockchain représente un registre transparent et distribué, donc décentralisé, capable d’enregistrer les transactions entre deux utilisateurs de manière efficace, vérifiable, permanente et irréversible »

Tribune dans l’opinion deBertrand Jacquillat  vice-président du Cercle des économistes et senior advisor de J. de Demandolx Gestion.

 

Le commerce mondial a accouché d’un étrange paradoxe. Les consommateurs peuvent s’envoyer des données à la vitesse de l’éclair et à moindre coût, alors que le transfert d’argent n’a pas évolué, il est resté coûteux et lent. Ces outils essentiels que sont les contrats, les transactions et leur enregistrement, et qui représentent les éléments déterminants de l’écosystème financier, n’ont pas suivi la transformation digitale de l’économie.

C’est ce à quoi la blockchain peut contribuer. Cette technologie représente un registre transparent et distribué, donc décentralisé, capable d’enregistrer les transactions entre deux utilisateurs de manière efficace, vérifiable, permanente et irréversible. Dans un tel environnement, chaque accord, chaque process, chaque tâche et chaque paiement sont enregistrés et pourvus d’une signature numérique susceptible d’être identifiée, validée, stockée et partagée. Les individus, les entreprises, les machines et les algorithmes y procèdent librement à des transactions et à des interactions avec le minimum de frictions.

Le bitcoin constitue la toute première application de la technologie de la blockchain. Il est la plus médiatisée des cryptomonnaies (depuis sa création en 2008, plus de 1 700 ayant une valeur supérieure à un million de dollars sont apparues). Son usage répond à des motivations diverses. Pour certains, il constitue un divertissement, pour d’autres un objet de spéculation qui peut rapporter gros et vite (l’inverse est tout aussi vrai). Mais pour la communauté de ses croyants, qui forment une véritable secte, c’est tout un mode de vie, notamment à cause de son côté anarchique, débarrassé de tout contrôle, indépendant des gouvernements, des grandes banques, de la politique monétaire, dans lesquels ils n’ont plus confiance.

Le bitcoin a une empreinte carbone très élevée à cause de l’électricité nécessaire aux «mineurs» pour sa production longue et complexe. Son fonctionnement selon son protocole actuel requiert une consommation d’électricité équivalente à celle du Pakistan

Avec la généralisation des cryptomonnaies, c’est Ayn Rand et ses épigones libertariens qui prennent le pouvoir. Mais un certain nombre d’évènements récents ont ébranlé la marche en avant du bitcoin. D’abord la chute instantanée de sa valeur de 30 % la semaine dernière, de même que la directive de la Banque centrale chinoise enjoignant aux banques de ne pas accepter de virements en cryptomonnaies, déniant ainsi à ces dernières le statut de monnaie réelle. Le coup de grâce leur fut porté à la fois par la banque centrale américaine et par la Banque centrale européenne, lorsqu’elles ont souligné que ces crypto-actifs ne représentaient aucun risque systémique du fait que les banques placées sous leur juridiction n’y étaient que très peu exposées. Elles étaient donc indifférentes à leur extrême volatilité, et par conséquent n’interviendraient pas en cas de krach provoqué par ceux-ci.

Abus de langage. Dernier coup de pied de l’âne à leur encontre, l’avertissement des banques centrales que les cryptomonnaies n’avaient aucune valeur fondamentale (mais quelle est celle du dollar ou celle de l’euro ?), voire une valeur négative, si on leur appliquait la taxe carbone qu’elles devraient supporter. D’aucuns estiment que les cryptomonnaies, et notamment la plus médiatisée, le bitcoin, n’ont aucun des attributs classiques conférés à une monnaie, et que l’accolement des deux termes constitue un abus de langage trompeur.

Le bitcoin n’est pas une unité de compte dans la mesure où aucun prix n’est exprimé en bitcoin. Il n’est pas non plus un moyen de paiement (sauf dans l’usage illicite qu’en font certains pour le blanchiment d’argent sale), ne serait-ce que parce que seulement quelques transactions par seconde sont possibles avec le bitcoin, à comparer à plus de 24 000 au travers du réseau Visa, et que quasiment aucune entreprise ne les accepte en paiement de ses produits et services (ni même Tesla qui vient de se rétracter de cette possibilité). Le bitcoin est encore moins une réserve de valeur compte tenu de l’extrême volatilité de son prix. Il n’appartient même pas à la catégorie des actifs, dans la mesure où la plupart d’entre eux génèrent des flux de revenus. Il ne représente pas plus de l’or digital, comme l’affirment ses promoteurs, car il n’a aucun usage industriel.

Enfin, last but not least pour son avenir, le bitcoin a une empreinte carbone très élevée à cause de l’électricité nécessaire aux « mineurs » pour sa production longue et complexe. Le fonctionnement du bitcoin selon son protocole actuel requiert une consommation d’électricité équivalente à celle du Pakistan.

Tiers garant. Il n’empêche, l’installation des cryptomonnaies dans le paysage financier mondial a amené les banques centrales à réfléchir à la création de leur propre monnaie digitale, des stablecoins, qui pourraient précisément servir au règlement des transactions en offrant la sécurité d’un tiers garant, et qui leur permettrait de garder leur pouvoir de contrôle sur l’écosystème financier. La fonction principale de la finance étant d’enregistrer de manière continue énormément de transactions, ces nouvelles technologies innovantes concernent tous ses acteurs : les banques, les compagnies d’assurances, les gestionnaires d’actifs, les infrastructures de marché, etc.

La blockchain a le potentiel pour devenir le système d’enregistrement de toutes les transactions financières, ce qui devrait entraîner des économies opérationnelles dans le fonctionnement de la planète finance évaluées à plusieurs milliers de milliards de dollars

Le rapprochement des transactions entre registres individuels et privés prend beaucoup de temps parce qu’il présente à la fois un risque d’erreurs et de fraude. Par exemple, une transaction boursière courante peut être exécutée en quelques microsecondes, et souvent sans intervention humaine. Mais le règlement et le transfert de propriété des espèces et des titres peuvent nécessiter plusieurs jours ouvrables car les parties concernées, n’ayant pas accès à leurs registres respectifs, n’ont donc aucune possibilité de vérification directe de leur existence et de leur transférabilité.

Au lieu de quoi, une série d’intermédiaires servent de caution pendant que les organisations concernées enregistrent la transaction en mettant à jour un par un et séparément leurs registres. Les plateformes de marché traditionnelles sont particulièrement visées, et devraient basculer sur cette technologie, aussi bien en matière de compensation, de conservation et de négociation (trading) des titres.

En effet, si une transaction boursière est effectuée sur un système fondé sur la blockchain, elle sera réglée en quelques secondes, en toute sécurité et de façon vérifiable. Ainsi, cette technologie a le potentiel pour devenir le système d’enregistrement de toutes les transactions financières, ce qui devrait entraîner des économies opérationnelles dans le fonctionnement de la planète finance évaluées à plusieurs milliers de milliards de dollars. Ainsi les cryptomonnaies ne sont que la partie immergée des nouvelles technologies appliquées à la finance susceptibles de bouleverser son fonctionnement. L’arbre ne doit pas cacher la forêt, mais la route sera longue et accidentée pour qu’ils n’atteignent l’âge de la maturité.

Bertrand Jacquillat est vice-président du Cercle des économistes et senior advisor de J. de Demandolx Gestion.

Blockchain: vecteur de croissance mondiale

Blockchain: vecteur de croissance mondiale

Giulia Mazzolini, directrice France de Bitpanda, une plateforme d’investissement explique l’intérêt de cette nouvelle technologie et son potentiel de vecteur de croissance mondiale ( Opinions dans la Tribune

La technologie blockchain est en train de se généraliser, c’est un fait. Elle rend possible la tokenisation – procédé permettant de remplacer une donnée critique par un élément équivalent qui n’a aucune valeur intrinsèque une fois sortie du système – et permet ainsi l’échange de biens numériques. La blockchain crée également un environnement propice à la prise de décisions dans les organisations et à leur mise en œuvre, cela sans avoir recours à une autorité extérieure. Selon une étude PwC du mois d’octobre dernier, cette technologie a la capacité d’augmenter le PIB mondial de 1,5 trillion d’euros d’ici 2030. Elle a même le potentiel de transformer la façon dont les individus interagissent avec les données et la manière dont les transactions sont effectuées.

Beaucoup d’acteurs économiques n’ont pas encore pleinement saisi le potentiel de la blockchain parce qu’ils peinent souvent à voir les nombreuses applications dans le monde réel et dans la vie quotidienne. Cette nouvelle technologie offre notamment une plus grande transparence en rendant visible l’historique des transactions. L’efficacité est donc accrue, la traçabilité améliorée ainsi que la rapidité elle-même des transactions. En un mot la blockchain est plus sûre que les autres systèmes d’enregistrement de données, et ce à un coût réduit.

Actuellement, des secteurs comme la banque et les paiements ainsi que la cybersécurité en bénéficient directement. Pour le secteur bancaire, la chaîne d’approvisionnement est un énorme avantage pour apporter à un public plus large un meilleur accès aux services financiers ; on peut même comparer cette révolution à la façon dont les médias ont changé avec l’essor d’Internet. La cryptomonnaie n’est qu’un exemple de son application dans le domaine de la finance. Il y a bien sûr également l’envoi d’argent en ligne, que la technologie rend incroyablement plus simple. Il en va de même pour la cybersécurité : la blockchain fournit un registre décentralisé qui permet plus de sécurité et de transparence.

Un tournant pour 2025…

Aussi important qu’il soit pour toute entreprise de s’ouvrir à la blockchain afin de capitaliser sur les gains d’efficacité apportés par cette technologie, certains secteurs comme la santé, l’administration avec la gestion des identités et la résolution des litiges, l’éducation mais aussi le traçage et le suivi des produits et des services, vont plus particulièrement en bénéficier dans les prochaines années. Le tournant devrait avoir lieu en 2025, une fois les technologies de blockchain adoptées à grande échelle dans l’économie mondiale.

On peut d’ores et déjà mesurer l’optimisme que suscite la blockchain dans les différents pays européens et notamment en France. Selon PwC, son impact économique devrait être de l’ordre de plus de 40 milliards d’euros dans l’Hexagone. On comprend alors pourquoi la Commission européenne soutient cette nouvelle technologie, à la fois en lui donnant un cadre réglementaire et en lui permettant de trouver les financements nécessaires à son essor.

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(*) Par Giulia Mazzolini, directrice France de Bitpanda, une plateforme d’investissement qui revendique plus de 1,3 million d’utilisateurs en Europe.

Blockchain à la place de la monnaie ? ou un hold-up de souveraineté !

 

Blockchain à la place de la monnaie ? ou un hold-up de souveraineté !

 

Un article intéressant  sur les potentialités du rôle de la technologie Blockchain  et derrière des cryptomonnaies . Le problème, c’est que cet article chronique paru dans la Tribune émane d’une responsable d’un fonds  d’investissement  luxembourgeois dont l’activité est d’investir dans les cryptomonnaies. Il y a d’abord une confusion , en tout cas une réduction du rôle de la technologie Blockchain à la cryptomonnaie . En effet la dite technologie Blockchain pourra servir à bien d’autres applications qu’à la monnaie pour sécuriser les données. Ensuite, c’est un plaidoyer pro domo pour faire sauter la souveraineté des Etats en matière de monnaie et soumettre ces derniers au marché des crypto monnaies. Il s’agit en fait d’un enjeu considérable, celui de soustraire la monnaie à la souveraineté des Etats pour la transférer à la finance mondialisée. Une sorte de hold-up démocratique en quelque sorte.

 

 Sadry Bouhejba, CIO de Archery Blockchain. (*) veut démontrer que  L’émergence de nombreuses cryptomonnaies ces dernières années remet en cause la vision de la monnaie conventionnelle, souveraine et centralisée. Dans ce contexte, la technologie Blockchain, transparente, sécurisée et sans organe de contrôle, apparaitrait  être un moyen de repenser le système financier traditionnel.

 

Tribune

 

« Pendant longtemps, nous échangions à l’aide d’une monnaie fiduciaire (pièces
et billets de banque). Mais alors, un devoir s’est vite imposé : comment pallier les risques de fraudes et ses falsifications en tous genres ? Aujourd’hui, une monnaie scripturale est apparue via un simple jeu d’écriture et une inscription sur les comptes bancaires. Cette monnaie domine largement les échanges de valeur. Son évolution a d’ailleurs explosé notamment avec l’arrivée de la carte bancaire et du smartphone.

Aujourd’hui, la monnaie est grandement dématérialisée et les nombreuses innovations technologiques relatives à la sécurité révolutionnent le paiement de nos achats quotidiens : reconnaissance vocale et faciale, empreinte digitale, etc. Bien que ces évolutions technologiques aient fortement sécurisé les moyens de paiement, il n’en demeure pas moins qu’une quantité relativement importante d’argent sort du circuit classique pour être utilisée à des fins illégales.

Et si dans un futur proche, les monnaies nationales traditionnelles reposaient sur une Blockchain nationale, qui enregistrerait les transactions ?

Le principal avantage d’un système monétaire reposant sur une Blockchain s’inscrit dans la suppression d’intermédiaires lors de transactions financières. Par exemple, lorsque des sommes importantes sont transférées d’un compte à un autre, il est
obligatoire d’en prouver la provenance ainsi que de respecter des protocoles stricts imposés par les banques et leurs régulateurs.

Si cet argent reposait sur un système gouverné par la Blockchain, il serait beaucoup plus simple de retracer l’origine de l’argent transféré et de contrôler l’identité du donneur d’ordre. Outil redoutable de lutte contre les fraudes, le registre de la Blockchain enregistre chaque entrée d’argent, les attribue de manière unique à un intervenant rendant impossible toute modification ultérieure. L’historique de toutes les transactions apparaît ainsi sur une base de données décentralisée sans intermédiaires permettant à chaque membre du réseau de constater la validité des transactions.

Il est difficile d’imaginer que les monnaies fiat puissent être complètement remplacées par des cryptomonnaies. En effet, le système monétaire traditionnel offre aux utilisateurs la liberté de pouvoir disposer d’argent sans être obligé de se connecter à un réseau. Imprimée, portative et échangeable, cette monnaie simplifie les échanges. À l’heure actuelle, aucun État ne peut pousser la technologie à un tel niveau que cela ait pour conséquence de marginaliser les personnes n’ayant pas accès à Internet.

Cependant, le système monétaire actuel pourrait évoluer vers un modèle hybride. Concrètement, des comptes en banque disposeraient à la fois d’une monnaie classique et d’un solde en monnaie digitale. Certaines transactions majeures ne pourraient être réalisées qu’avec la monnaie digitale, charge donc aux banques de faire la conversion de l’euro classique vers la Blockchain sans même que l’utilisateur final s’en aperçoive. Une future administration ou un service auprès des banques serait ainsi en mesure de valider la chaîne de transfert en fournissant un rapport Blockchain attestant de la traçabilité de l’argent. Ce système aurait l’avantage d’être non seulement sécurisé, mais permettrait également de réduire les coûts de stockage, la Blockchain n’ayant pas besoin de banque de dépôt et de manutention des billets ou pièces. Ces dernières années, la cryptomonnaie, et plus largement la Blockchain, ont fait couler beaucoup d’encre, mettant en avant de nombreux scandales et blanchiments d’argent. Cette technologie apparue il y a plus de dix ans a fait l’objet de vives critiques et de nombreux détracteurs ont tenté de la faire échouer. Pourtant, elle a prouvé son efficacité au gré du temps et se démocratise de plus en plus. À tel point que de nombreux États étudient de façon approfondie le potentiel d’un système monétaire qui reposerait sur une Blockchain nationale. La BCE a récemment ouvert un groupe de réflexion sur la possibilité de créer un euro digital basé sur une Blockchain. ……i représente une véritable innovation dans la manière d’échanger et de transférer de façon traçable de la valeur. C’est finalement la blockchain - longtemps décriée et accusée d’évasion fiscale ou de blanchiment – qui parviendra à mettre fin à ces détournements d’argent. »

(*) Archery Blockchain est un fonds d’investissement luxembourgeois dont l’activité est d’investir dans les cryptomonnaies.

Blockchain à la place de la monnaie ?

 Blockchain à la place de la monnaie ?

Un article intéressant  sur les potentialités du rôle de la technologie Blockchain  et derrière des cryptomonnaies . Le problème, c’est que cet article chronique paru dans la Tribune émane d’une responsable d’un fonds  d’investissement  luxembourgeois dont l’activité est d’investir dans les cryptomonnaies. Il y a d’abord une confusion en tout cas une réduction du rôle de la technologie Blockchain à la cryptomonnaie . En effet la dite technologie Blockchain pourra servir à bien d’autres applications qu’à la monnaie pour sécuriser les données. Ensuite c’était un plaidoyer pro domo pour faire sauter la souveraineté des Etats en matière de monnaie et soumettre ces derniers au marché des crypto monnaies.

 Sadry Bouhejba, CIO de Archery Blockchain. (*) veut démontrer que  L’émergence de nombreuses cryptomonnaies ces dernières années remet en cause la vision de la monnaie conventionnelle, souveraine et centralisée. Dans ce contexte, la technologie Blockchain, transparente, sécurisée et sans organe de contrôle, apparaîttrait  être un moyen de repenser le système financier traditionnel.

« Pendant longtemps, nous échangions à l’aide d’une monnaie fiduciaire (pièces
et billets de banque). Mais alors, un devoir s’est vite imposé : comment pallier les risques de fraudes et ses falsifications en tous genres ? Aujourd’hui, une monnaie scripturale est apparue via un simple jeu d’écriture et une inscription sur les comptes bancaires. Cette monnaie domine largement les échanges de valeur. Son évolution a d’ailleurs explosé notamment avec l’arrivée de la carte bancaire et du smartphone.

Aujourd’hui, la monnaie est grandement dématérialisée et les nombreuses innovations technologiques relatives à la sécurité révolutionnent le paiement de nos achats quotidiens : reconnaissance vocale et faciale, empreinte digitale, etc. Bien que ces évolutions technologiques aient fortement sécurisé les moyens de paiement, il n’en demeure pas moins qu’une quantité relativement importante d’argent sort du circuit classique pour être utilisée à des fins illégales.

Et si dans un futur proche, les monnaies nationales traditionnelles reposaient sur une Blockchain nationale, qui enregistrerait les transactions ?

Le principal avantage d’un système monétaire reposant sur une Blockchain s’inscrit dans la suppression d’intermédiaires lors de transactions financières. Par exemple, lorsque des sommes importantes sont transférées d’un compte à un autre, il est
obligatoire d’en prouver la provenance ainsi que de respecter des protocoles stricts imposés par les banques et leurs régulateurs.

Si cet argent reposait sur un système gouverné par la Blockchain, il serait beaucoup plus simple de retracer l’origine de l’argent transféré et de contrôler l’identité du donneur d’ordre. Outil redoutable de lutte contre les fraudes, le registre de la Blockchain enregistre chaque entrée d’argent, les attribue de manière unique à un intervenant rendant impossible toute modification ultérieure. L’historique de toutes les transactions apparaît ainsi sur une base de données décentralisée sans intermédiaires permettant à chaque membre du réseau de constater la validité des transactions.

Il est difficile d’imaginer que les monnaies fiat puissent être complètement remplacées par des cryptomonnaies. En effet, le système monétaire traditionnel offre aux utilisateurs la liberté de pouvoir disposer d’argent sans être obligé de se connecter à un réseau. Imprimée, portative et échangeable, cette monnaie simplifie les échanges. À l’heure actuelle, aucun État ne peut pousser la technologie à un tel niveau que cela ait pour conséquence de marginaliser les personnes n’ayant pas accès à Internet.

Cependant, le système monétaire actuel pourrait évoluer vers un modèle hybride. Concrètement, des comptes en banque disposeraient à la fois d’une monnaie classique et d’un solde en monnaie digitale. Certaines transactions majeures ne pourraient être réalisées qu’avec la monnaie digitale, charge donc aux banques de faire la conversion de l’euro classique vers la Blockchain sans même que l’utilisateur final s’en aperçoive. Une future administration ou un service auprès des banques serait ainsi en mesure de valider la chaîne de transfert en fournissant un rapport Blockchain attestant de la traçabilité de l’argent. Ce système aurait l’avantage d’être non seulement sécurisé, mais permettrait également de réduire les coûts de stockage, la Blockchain n’ayant pas besoin de banque de dépôt et de manutention des billets ou pièces. Ces dernières années, la cryptomonnaie, et plus largement la Blockchain, ont fait couler beaucoup d’encre, mettant en avant de nombreux scandales et blanchiments d’argent. Cette technologie apparue il y a plus de dix ans a fait l’objet de vives critiques et de nombreux détracteurs ont tenté de la faire échouer. Pourtant, elle a prouvé son efficacité au gré du temps et se démocratise de plus en plus. À tel point que de nombreux États étudient de façon approfondie le potentiel d’un système monétaire qui reposerait sur une Blockchain nationale. La BCE a récemment ouvert un groupe de réflexion sur la possibilité de créer un euro digital basé sur une Blockchain. ……i représente une véritable innovation dans la manière d’échanger et de transférer de façon traçable de la valeur. C’est finalement la blockchain - longtemps décriée et accusée d’évasion fiscale ou de blanchiment – qui parviendra à mettre fin à ces détournements d’argent. »

(*) Archery Blockchain est un fonds d’investissement luxembourgeois dont l’activité est d’investir dans les crypto-monnaies.

La monnaie nationale ou Blockchain ?

La monnaie nationale  ou Blockchain ?

Un article intéressant  sur les potentialités du rôle de la technologie Blockchain  est derrière des cryptomonnaies . Le problème, c’est que cet article chronique paru dans la Tribune émane d’une responsable d’un fonds  d’investissement  luxembourgeois dont l’activité est d’investir dans les cryptomonnaies. Il y a d’abord une confusion en tout cas une réduction du rôle de la technologie Blockchain à la cryptomonnaie . En effet la dite technologie Blockchain pourra servir à bien d’autres applications qu’à la monnaie pour sécuriser les données. Ensuite c’était un plaidoyer pro domo pour faire sauter la souveraineté des Etats en matière de monnaie et soumettre ces derniers au marché des crypto monnaies.

 Sadry Bouhejba, CIO de Archery Blockchain. (*) Veut démontrer que  L’émergence de nombreuses cryptomonnaies ces dernières années remet en cause la vision de la monnaie conventionnelle, souveraine et centralisée. Dans ce contexte, la technologie Blockchain, transparente, sécurisée et sans organe de contrôle, apparaît être un moyen de repenser le système financier traditionnel.

« Pendant longtemps, nous échangions à l’aide d’une monnaie fiduciaire (pièces
et billets de banque). Mais alors, un devoir s’est vite imposé : comment pallier les risques de fraudes et ses falsifications en tous genres ? Aujourd’hui, une monnaie scripturale est apparue via un simple jeu d’écriture et une inscription sur les comptes bancaires. Cette monnaie domine largement les échanges de valeur. Son évolution a d’ailleurs explosé notamment avec l’arrivée de la carte bancaire et du smartphone.

Aujourd’hui, la monnaie est grandement dématérialisée et les nombreuses innovations technologiques relatives à la sécurité révolutionnent le paiement de nos achats quotidiens : reconnaissance vocale et faciale, empreinte digitale, etc. Bien que ces évolutions technologiques aient fortement sécurisé les moyens de paiement, il n’en demeure pas moins qu’une quantité relativement importante d’argent sort du circuit classique pour être utilisée à des fins illégales.

Et si dans un futur proche, les monnaies nationales traditionnelles reposaient sur une Blockchain nationale, qui enregistrerait les transactions ?

Le principal avantage d’un système monétaire reposant sur une Blockchain s’inscrit dans la suppression d’intermédiaires lors de transactions financières. Par exemple, lorsque des sommes importantes sont transférées d’un compte à un autre, il est
obligatoire d’en prouver la provenance ainsi que de respecter des protocoles stricts imposés par les banques et leurs régulateurs.

Si cet argent reposait sur un système gouverné par la Blockchain, il serait beaucoup plus simple de retracer l’origine de l’argent transféré et de contrôler l’identité du donneur d’ordre. Outil redoutable de lutte contre les fraudes, le registre de la Blockchain enregistre chaque entrée d’argent, les attribue de manière unique à un intervenant rendant impossible toute modification ultérieure. L’historique de toutes les transactions apparaît ainsi sur une base de données décentralisée sans intermédiaires permettant à chaque membre du réseau de constater la validité des transactions.

Il est difficile d’imaginer que les monnaies fiat puissent être complètement remplacées par des cryptomonnaies. En effet, le système monétaire traditionnel offre aux utilisateurs la liberté de pouvoir disposer d’argent sans être obligé de se connecter à un réseau. Imprimée, portative et échangeable, cette monnaie simplifie les échanges. À l’heure actuelle, aucun État ne peut pousser la technologie à un tel niveau que cela ait pour conséquence de marginaliser les personnes n’ayant pas accès à Internet.

Cependant, le système monétaire actuel pourrait évoluer vers un modèle hybride. Concrètement, des comptes en banque disposeraient à la fois d’une monnaie classique et d’un solde en monnaie digitale. Certaines transactions majeures ne pourraient être réalisées qu’avec la monnaie digitale, charge donc aux banques de faire la conversion de l’euro classique vers la Blockchain sans même que l’utilisateur final s’en aperçoive. Une future administration ou un service auprès des banques serait ainsi en mesure de valider la chaîne de transfert en fournissant un rapport Blockchain attestant de la traçabilité de l’argent. Ce système aurait l’avantage d’être non seulement sécurisé, mais permettrait également de réduire les coûts de stockage, la Blockchain n’ayant pas besoin de banque de dépôt et de manutention des billets ou pièces. Ces dernières années, la cryptomonnaie, et plus largement la Blockchain, ont fait couler beaucoup d’encre, mettant en avant de nombreux scandales et blanchiments d’argent. Cette technologie apparue il y a plus de dix ans a fait l’objet de vives critiques et de nombreux détracteurs ont tenté de la faire échouer. Pourtant, elle a prouvé son efficacité au gré du temps et se démocratise de plus en plus. À tel point que de nombreux États étudient de façon approfondie le potentiel d’un système monétaire qui reposerait sur une Blockchain nationale. La BCE a récemment ouvert un groupe de réflexion sur la possibilité de créer un euro digital basé sur une Blockchain. ……i représente une véritable innovation dans la manière d’échanger et de transférer de façon traçable de la valeur. C’est finalement la blockchain - longtemps décriée et accusée d’évasion fiscale ou de blanchiment – qui parviendra à mettre fin à ces détournements d’argent. »

(*) Archery Blockchain est un fonds d’investissement luxembourgeois dont l’activité est d’investir dans les crypto-monnaies.

Blockchain – Cryptomonnaie : la fin des banques ?

Blockchain – Cryptomonnaie : la fin des banques ?

Ce qui est en cause avec la Blockchain c’est l’existence même des monnaies classiques aussi l’intermédiation bancaire actuelle. Pas étonnant d’ailleurs si les grandes banques commencent à s’inquiéter du développement du phénomène. Ce pourrait être à terme la fin des monnaies ou leur affaiblissement quand les grands opérateurs commerciaux (des plateformes numériques) auront décidé de créer leurs propres monnaies. Ce que vient de décider Facebook ; Si Amazon par exemple en faisait autant rapidement,  sa cryptomonnaie serait plus puissante que la plupart des autres valeurs. Or la régulation des cryptomonnaies échappent aux banques centrales et  peuvent fluctuer de manière très irrégulière voire de manière spéculatrice. Le système blockchain (système de gestion d’informations financières ou autres) est à distinguer des cryptomonnaies (qui sont, elles liées à la  blockchain). Sans régulation, nombre de cryptomonnaies seront plus fortes que les banques classiques ou les banques centrales ; sans aucun contrôle elles pourront fluctuer, faire des émissions, fixer des taux d’intérêt sans parler des fraudes (blanchiment du banditisme ou détournements de cryptomonnaie). Il est vraiment curieux que les organisations internationales (le FMI par exemple) ne se soit pas saisi de la régulation de ces cryptomonnaie. Un article intéressant

 

Georges Nahon, de l’Institut Orange à San Francisco. (Article paru dans Challenges) éclaire le sujet, même s’il amalgame un peu trop le succès respectifs des cryptomonnaies et de la  blockchain (qui lui peut servir à bien d’autres chose que le compte de valeurs monétaires).

«  Longtemps les hommes se sont satisfaits de système monétaire simple, les paléo monnaies, le troc par exemple.  Les monnaies sont apparues avec le développement des échanges et les ont grandement facilitées. Les monnaies classiques servent d’unités de compte, d’intermédiaire des échanges et de réserve de valeur. Avec le développement du numérique on pourrait assister à une simplification et à une unification des monnaies, les crypto monnaies numériques se substituant aux monnaies actuelles. Les monnaies nationales et l’intermédiation bancaire disparaîtrait alors. C’est le système Blockchain qui est une sorte de registre virtuel géant qui est distribué dans de nombreux ordinateurs interconnectés par internet y compris ceux des utilisateurs.  Toutes les transactions y sont enregistrées de façon indélébile à commencer par les transactions financières qui utiliseraient ce système »

« Tout tourne autour du Blockchain » pouvait-on lire sur un panneau d’une  conférence à Las Vegas en octobre. Une façon de détourner l’attention portée à Bitcoin qui a mauvaise réputation vers une technologie présentée comme plus honnête et sérieuse. Les deux sont en réalité intimement liées. …..La cryptomonnaie numérique décentralisée appelée bitcoin est en effet controversée du fait de graves détournements malhonnêtes de son utilisation qui n’ont rien à voir avec la puissance et la sophistication intrinsèque de cette technologie, le bitcoin/blockchain. Et pendant un temps les graves accidents de parcours de bitcoin ont fait du tort à la technologie sous-jacente, le blockchain, qui est prometteuse, pleine d’ingénuité et un peu mystérieux. Elle dispose dans le monde entier de partisans missionnaires zélés, ce qui rappelle les premiers promoteurs du logiciel open source et des protocoles internet contre les logiciels et les réseaux commerciaux « centralisés ». Il y a une tonalité libertarienne anti-centralisation qui vise à ce que plus personne ne puisse mentir ni sur le passé ni sur  les événements actuels. Blockchain est une nouvelle vague  technologique bâtie au-dessus de l’internet mondial qui peut en être la prochaine étape.  Elle a le potentiel de faire éclore toute une série de nouveaux services et d’applications. Et avec de nouvelles entreprises innovantes.

Blockchain, c’est quoi?

Blockchain est une sorte de registre virtuel géant qui est distribué dans de nombreux ordinateurs interconnectés par internet y compris ceux des utilisateurs.  Toutes les transactions y sont enregistrées de façon indélébile à commencer par les transactions financières qui utiliseraient ce système. Par analogie avec l’email, il faut un logiciel client dans son ordinateur comme on en a pour pouvoir utiliser l’email sans navigateur. Blockchain c’est ni gestionnaire ni contrôle centralisé. De même qu’il n’y pas de président de l’internet, il n’y a pas de président du blockchain. Mais comme pour internet, les règles de  fonctionnement sont régies par des protocoles techniques et non par des êtres humains  ni  par des organisations spécifiques, gouvernementales ou autres.

Qui est Satoshi Nakamoto?

Les algorithmes astucieux et solides ont été inventés par un mystérieux personnage Satoshi Nakamoto que personne ne dit avoir jamais rencontré et qui est peut être un avatar pour un groupe de développeurs. Ces algorithmes se débrouillent entre eux pour décider si un consensus de confiance est atteint pour garantir une transaction qui se traduit par une écriture irrévocable dans ce grand registre dont tous les participants ont une copie encryptée bien sûr ! Il y a une chaîne de votes qui s’ajoutent à la « chaîne » et qui finissent par converger sur ce consensus dominant qui permet l’enregistrement.

Comment ça fonctionne?

Son fonctionnement est anonyme et ses décisions irrévocables. Cela ressemble aux premiers réseaux peer-to-peer ou proche en proche sur internet comme Skype, Napster, Kazaa etc. où chaque utilisateur (son ordinateur)  devient d’une certaine façon un acteur proactif du bon fonctionnement du service et du réseau coopératif ainsi créé qui n’a pas de contrôle ni de fonctionnement centralisé.

Le blockchain permet donc à des personnes qui ne se connaissent pas, et qui donc ne peuvent pas avoir confiance entre elles à priori, de faire des transactions sécurisées par le réseau de confiance distribué de blockchain et contrôlé par des algorithmes. Sans intervention d’une puissance centrale de contrôle. On peut vérifier tout le cheminement de toutes les transactions en continu.

Le blockchain est-il lié au bitcoin?

 

Pour que ce système sans grand chef unique fonctionne, il faut que des gens se chargent de calculer les preuves de confiance. Cela repose sur le principe de  la preuve de travail ou proof-of-work qui en informatique demande aux participants de prouver leur puissance en étant capables de faire tourner des programmes informatiques compliqués  très  consommateurs d’énergie informatique et d’énergie tout court. Ces participants qui sont anonymes sont encouragés à le faire car ils sont rémunérés par l’octroi de bitcoins (des éléments de valeur) par l’algorithme conçu pour blockhaus par Satoshi Nakamoto. Ces bitcoins (des pièces numériques d’une certaine valeur)  peuvent être ensuite échangés dans des monnaies comme l’Euro ou le dollar via des places de marché ad-hoc et son cours varie en fonction de l’offre et de la demande, un peu comme pour l’or. Les gens qui font ce travail sont des  »mineurs » et construisent des sortes de data center géants spécifiques au bitcoin.  Sans eux, et sans les bitcoins, la technologie du blockchain sera vraisemblablement handicapée voire caduque. C’est pourquoi  les tentatives intéressantes de déployer des blockchain secondaires, sans bitcoins pour des usages plus fermés et privés parait une entreprise contre-intuitive vue la fraternité importante de bitcoin et du blockchain.

De façon générale, le blockchain est aussi susceptible de simplifier et de baisser les coûts en augmentant les vitesses des transactions et peut ainsi  transformer la façon dont les acteurs de l’économie interagissent  y compris avec les puissances publiques. Et ce si bien sûr la technologie peut passer à l’échelle et gérer de très  grands nombres de transactions plus   rapidement qu’aujourd’hui. Certains travaillent sur des nouvelles versions comme Bitcoin XT qui pourraient augmenter grandement la puissance de ce protocole contraint dès ces débuts et tel que voulu par son créateur.  Mais cela  créerait une filière technologique  peut-être incompatible ou sans cohérence mutuelle qui ne plait pas aux puristes du bitcoin originel.

Les banques et les établissements financiers ont naturellement été les premiers à s’intéresser au blockchain avec les organismes publiques et on voit de plus en plus émerger de nouveaux usages et de nouvelles idées d’usages qui seront testées grâce notamment à un nombre grandissant de start-up dans ce domaine.  En effet, d’autres applications intéressantes de blockchain émergent comme la transmission de contrats sans autorité centrale de confiance (smart contracts)…. »

 

Blockchain, monnaie virtuelle : la fin des banques ?

Blockchain, monnaie virtuelle : la fin des banques ?

Les banques sont bousculées par de nombreux phénomènes. Il y a d’abord la rationalisation des réseaux qui conduit nombre de banques à supprimer des succursales. Dans l’activité des marchés, les banques généralistes taillent aussi à coups de serpe dans les effectifs. La conjoncture n’est guère favorable en ce moment à la croissance des profits compte tenu de l’évolution des taux, des taux qui sont même négatifs et portent atteinte évidemment à la profitabilité de l’activité bancaire. Parallèlement se développe évidemment l’informatisation accélérée des procédures de gestion des flux d’information et des flux financiers. Le dernier élément et non des moindres est celui de la menace de nouveaux circuits bancaires voir de nouvelles monnaies avec en particulier le système du blockchain et même de monnaie virtuelle. Des monnaies virtuelles qui ne seraient pas seulement des moyens de paiement mais aussi de véritable monnaie d’échange et de réserve. Pour nombre d’acteurs, notamment les grands plates-formes, l’objectif est de mettre la main sur l’argent de ses millions et milliards d’utilisateurs afin bien sûr d’influencer leur manière de penser, d’agir et de dépenser. De les rendre en quelque sorte encore un peu plus captif des réseaux -l’annonce d’une monnaie digitale par Facebook, Libra, avec 27 partenaires, qui n’est pas sans rapport : le slogan de Ripple est « une expérience sans friction pour envoyer de l’argent dans le monde entier« . Une promesse identique à celle de la cryptomonnaie Libra. MoneyGram opère sur le marché des « remittances », les virements de migrants vers leurs pays d’origine, estimé à plus de 600 millions de dollars, et précisément cité comme un des cas d’usage de Libra par Facebook. « Aujourd’hui, MoneyGram s’appuie sur les marchés des changes traditionnels pour faire face à ses obligations de règlement, qui nécessitent des achats à l’avance de la plupart des devises. Grâce à ce partenariat stratégique, MoneyGram sera en mesure de régler les principales devises et d’aligner le calendrier de financement sur ses exigences de règlement, réduisant ainsi les coûts d’exploitation et le besoin en fonds de roulement, améliorant les bénéfices et le free cash-flow » explique l’entreprise texane.

Blockchain : quel champ d’application prioritaire

Blockchain : quel champ d’application prioritaire

 

Une tribune intéressante sur le développement la blockchain de Clément Jeanneau, Cofondateur Blockchain Partner, VP Etudes & Prospective qui demande une clarification des priorités après la déclaration du ministre de l’économie sur le sujet. Peut-être cependant, l’application hors fiances de la blockchain est-telle cependant un peu sous-estimée (application dans l’industrie, les services, voire l’agriculture).  

 (Papier de la Tribune)

« A l’heure où le gouvernement prépare une stratégie nationale en matière de blockchain, il devient urgent de s’interroger (ou se réinterroger) sur ce qu’on entend par blockchain.
Comme l’intelligence artificielle, la blockchain est en effet devenue un terme fourre-tout dans lequel chacun y voit ce qu’il veut y voir. Il ne s’agit pas tant de s’accorder sur une définition : l’enjeu n’est pas de savoir si la blockchain se définit avant tout comme base de données, technologie ou mouvement sociétal. La blockchain est devenue une métonymie : lorsqu’il en est question, il faut considérer tout ce que le terme englobe, c’est-à-dire un ensemble d’innovations qui vont bien au-delà d’un simple registre, aussi incorruptible et transparent soit-il. L’essentiel est de définir ce pourquoi cet ensemble d’innovations nous parait important, a fortiori pour la France. Ne pas poser cette vision, c’est se condamner à dresser un ensemble sans cohérence qui échouera à nous mener en position de « leader en matière de blockchain » - l’objectif annoncé par le gouvernement.

Pour ma part ma conviction est claire : les blockchains ouvrent la voie à une nouvelle économie numérique, fondée sur les cryptoactifs. D’autres réponses pourraient être faites. Certains voient les blockchains avant tout comme un outil puissant pour optimiser et sécuriser les processus d’acteurs financiers existants. D’autres valorisent surtout les usages déjà fonctionnels dans différentes industries, notamment en supply chain. Ces bénéfices sont réels, et sont d’ailleurs complémentaires : il ne s’agit pas d’en choisir un au détriment d’autres. Il s’agit de se donner un cap pour savoir vers où nous voulons tendre. Ne pas établir de priorités, c’est déjà faire un choix. En l’occurrence, les pistes qui viennent d’être citées relèvent d’innovation incrémentale (souvent fondée sur des blockchains privées), et non de rupture (fondée sur des blockchains publiques).

Clarifier la vision, dérouler les actions

Or soyons clairs : en très large majorité, les futures licornes de la blockchain s’appuieront sur les blockchains publiques et les crypto-actifs, et non les blockchains privées. C’est du reste déjà le cas pour les licornes du secteur ayant émergées (plateformes d’échange et acteurs du minage). De cette vision découlent cinq points importants.

1/ L’objectif prioritaire devrait être de positionner la France parmi les leaders de cette économie numérique émergente, parfois appelée « crypto-économie » ou « token économie » – ce qui est très différent de « blockchainiser » des activités existantes sans lien avec les cryptoactifs.

2/ Comme Internet avant elle, la blockchain créera de nouvelles verticales. La France ne deviendra pas plus « leader de la blockchain » qu’elle n’est devenue « leader de l’Internet ». Cette expression fera sourire (au mieux…) lorsque l’on s’y repenchera dans dix ans. Ces verticales restent encore à inventer mais certaines sont déjà identifiables, comme l’Open Finance (services financiers décentralisés, ouverts à tous) ou les actifs numériques non-fongibles (au potentiel majeur dans les industries du jeu vidéo et du sport par exemple).

3/ Cette économie numérique s’accompagne de nouveaux modèles d’affaires et fera émerger de nouveaux champions. Ces acteurs pourront être des entreprises classiques (telle que Ledger, en sécurité) comme des organisations d’un nouveau type (réseaux décentralisés, ouverts, dont le business model reposent sur la « token économie »).

4/ Les ICO (…ou les STO) ne sont qu’un pan du sujet. Vouloir devenir leader dans les ICO ou les STO n’a pas vraiment de sens : c’est le leadership dans la crypto-économie qu’il faut viser. Rappelons qu’une entreprise du secteur peut tout à fait réussir sans réaliser d’ICO.

5/ Gare aux fausses bonnes idées sur le sujet environnemental. Croire que l’on pourra devenir leader dans cette économie numérique en évitant de soutenir des projets fondés sur les protocoles aujourd’hui énergivores comme Bitcoin et Ethereum est une chimère. Ce point est fondamental, or la position du gouvernement est ambiguë sur le sujet.

Dès lors, que faire ? D’abord, donc, clarifier la vision. Ensuite, dérouler les actions. Elles pourront s’inspirer du très bon travail réalisé par les députés Person, Mis et La Raudière, synthétisé dans leurs rapports récents. L’une des propositions se distingue : ériger la blockchain en filière prioritaire du fonds pour l’innovation de rupture, et non simplement comme pouvant « faire partie de la deeptech » – ce qui exclurait tout un champ du sujet. Si la blockchain est véritablement considérée comme une priorité, comme le gouvernement l’affirme, alors la cohérence s’impose : il faut aligner les paroles et les actes. »

 

Blockchain et cryptomonnaies : une régulation européenne pour quoi faire ?

Blockchain et cryptomonnaies : une régulation européenne pour quoi faire ?

 

 

La blockchain est une technique sans intermédiaires qui permet de transmettre des informations par blocs et qui normalement est inviolable. Une technique uniquement régulée par sa propre loi (code algorithmique). Les informations peuvent être de différentes natures et pratiquement concerner la totalité des  espaces économiques ou sociaux. Évidemment sont concernées les cryptomonnaies et les crypto actif comme le bitcoin. La France voudrait intervenir pour une régulation à l’échelle européenne voir au-delà d’après le ministre de l’économie “Je vais (…) proposer à mes homologues européens la mise en place d’un cadre unique de régulation des cryptoactifs inspiré de l’expérience française (…) au niveau européen”, a précisé le ministre français de l’Economie et des Finances lors d’une conférence sur la “blockchain” à Bercy. Cela permettrait d’aboutir à “un marché unique de la ‘blockchain’ comme il existe d’autres marchés uniques dans d’autres domaines”, a-t-il estimé. Finalement la technique de scène est un peu comme la technique Internet elle n’a guère de frontières et on voit mal l’intérêt et l’efficience d’une régulation seulement nationale ou même européenne. Par ailleurs le ministre vise sans doute essentiellement le secteur financier afin de distinguer l’usage de la blockchain à usage à des fins de transactions financières, des cryptoactifs. La loi Pacte, adoptée définitivement la semaine dernière, met en place un cadre juridique pour les émissions de cryptomonnaies (ICO, ou offres initiales de jetons). Ce système, visant à protéger les épargnants et rassurer les investisseurs, repose sur la délivrance d’un agrément par l’Autorité des marchés financiers (AMF), pour les émetteurs volontaires. Il est cependant vraisemblable que les crypto menées ne vont pas demeurer dans l’espace marginal qu’elles occupent aujourd’hui et qu’une ou plusieurs d’entre elles pourraient un jour concurrencer les grands menés comme le dollar ou l’euro. La récente chute du bitcoin ne discrédite pas les crypto menées par l’avantage que le dollar ou d’autres qui reposent pour une grande partie sur du vent et de l’endettement. On peut leur reprocher leur cale caractère énergie énergivore mais pas la confiance qui constitue la base du système. Contrairement à d’autres monnaies qu’on prête curieusement par exemple à des taux négatifs  et qui constitue en fait des monnaies de singe.

La Blockchain : une vraie révolution (Joseph Lubin)

 La Blockchain : une vraie révolution   (Joseph Lubin)

, le Canadien Joseph Lubin, expert en blockchain, aussi  des premiers milliardaires en cryptomonnaies au monde explique le potentiel révolutionnaire de la Blockchain, (interview la Tribune

 

Comment êtes-vous arrivé dans l’univers de la Blockchain ?

JOSEPH LUBIN - Début 2011, j’ai commencé à beaucoup m’intéresser au livre blanc de Satoshi Nakamoto sur le Bitcoin [paru fin 2008 sous le titre « Un système pair-à-pair de cash électronique »]. Il décrit à la fois la création d’un « jeton de valeur », le Bitcoin, une technologie de base de données de nouvelle génération, la Blockchain, et la « crypto-économie », qui est devenue un sujet d’études. J’ai réalisé que cette technologie pouvait nous aider à tout réinventer, tout reconstruire. J’ai commencé dans la robotique et les réseaux neuronaux, j’ai travaillé pendant 20 ans dans la tech et les logiciels, notamment chez Goldman Sachs, à l’informatique, puis dans un hedge fund, jusqu’à ce que le monde financier commence à s’effondrer. J’étais désenchanté, déçu. J’ai lu tout ce qui existait sur le Bitcoin et la Blockchain, je suis devenu une sorte d’expert. Je n’ai pas pensé lancer une activité dans ce domaine à l’époque, il était clair que cette technologie était encore très immature et allait le rester un moment.

En décembre 2013, à Toronto, j’ai rencontré Anthony Di Iorio, qui travaillait sur un projet de Bitcoin Global Alliance et avait ouvert un lieu, Decentral, où se réunissaient des passionnés pour réfléchir au Bitcoin 2.0. Beaucoup de gens avaient réalisé que la technologie Blockchain devrait servir à de multiples applications au-delà du seul cas d’usage étroit de la monnaie. Anthony m’a fait rencontrer Vitalik Buterin [un jeune programmeur surdoué russo-canadien, ndlr], qui avait cofondé Bitcoin Magazine, et savait expliquer clairement, à seulement 19 ans, des choses très techniques. Il avait écrit une ébauche de livre blanc. Sa vision consistait à séparer cette technologie très compliquée en deux couches, le protocole qui nécessite ce que j’appelle des « prêtres du protocole », des experts très spécialisés capables d’ajouter de nouvelles fonctionnalités, et la couche des applications, où des ingénieurs ordinaires peuvent concevoir et faire tourner toutes sortes de programmes. Trois semaines plus tard, Vitalik avait formalisé le projet Ethereum.

Quel a été votre rôle dans la création d’Ethereum ?

Je suis un des huit cofondateurs d’Ethereum. En janvier 2014, nous avons loué une maison juste avant la grande conférence sur le Bitcoin en Amérique du Nord à Miami, où Vitalik devait présenter publiquement son livre blanc [sous le titre « Une nouvelle génération de plateforme pour les ‘smart contracts’ et les applications décentralisées« , ndlr]. Il y avait déjà beaucoup de buzz sur le projet. Deux codaient, Gavin Woods et Jeff Wilcke, tandis que les autres s’occupaient de toute la documentation et de décisions de conception. Je me suis notamment chargé de la définition de ce que serait le « jeton » d’Ethereum et la vente de ce « token », l’Ether. Nous ne considérions pas cet actif numérique, et ne le considérons toujours pas, comme une crypto-monnaie.

Le réseau Bitcoin a été créé uniquement pour le jeton Bitcoin, alors que nous étions un groupe d’ingénieurs en logiciels qui voulait apporter cette nouvelle sorte de base de données à d’autres ingénieurs. Notre projet consistait à créer une plateforme pour des applications décentralisées et une façon d’indemniser ceux qui allaient partager leurs ressources pour la créer, et aussi leur donner une incitation à sécuriser le réseau.

Il fallait aussi déterminer l’algorithme de consensus [pour valider les transactions], « preuve d’enjeu » ou « preuve de travail », ce dernier a été choisi en l’améliorant. J’ai été aussi impliqué dans la définition de l’écosystème. Ce n’était pas vraiment un business plan, plutôt des lignes directrices. Initialement, nous voulions créer une entreprise, avec une partie à but lucratif et l’autre non. Mais pour des questions de personne, c’est devenu impossible, ce n’était pas viable.

Nous avons créé à Zoug une société Ethereum Switzerland GmbH, pour réaliser la vente de « tokens », et établi également à Zoug la Fondation Ethereum (Stiftung Ethereum), dont la mission est de guider les développements de la plateforme et d’assurer sa maintenance. Nous avons donné 100% du contrôle d’Ethereum GmbH à la Fondation Ethereum. Nous voulions rester hors des États-Unis car nous n’étions pas sûrs de la façon dont notre jeton serait traité là-bas, il risquait d’être perçu comme une nouvelle crypto-monnaie. La Suisse est un pays qui défend la liberté, le vote, la vie privée, son gouvernement est ouvert à la discussion.

Vous êtes parti créer ConsenSys avec quelle vision ?

Je me suis proposé d’être l’avant-poste d’Ethereum à New York : je suis Canadien, mais j’ai passé pas mal de temps là-bas, après mes études à Princeton. J’ai rassemblé des gens pour construire un site d’applications décentralisées, un « DAppStore ». Nous avons commencé à développer des outils comme la suite Truffle [kit pour déployer un "smart contract", un contrat intelligent qui se déclenche automatiquement, sur la Blockchain] et une solution de gestion d’identité numérique, uPort Identity, qui soit meilleure que les mots de passe. L’objectif est d’aider à transformer le Web 2.0 vers un Web 3.0 à l’architecture bien moins centralisée et dont les individus récupèrent le contrôle. Nous croyons beaucoup dans la Blockchain et nous voulons être un catalyseur de cette technologie.

Nous avons dû créer notre propre écosystème, ce qui fait que notre société a une configuration assez insolite et un mode de fonctionnement décentralisé. Nous aimons appeler cela un « maillage » de projets, d’entreprises, qui ont une grande part d’ADN commun. Nous avons démarré un « venture production studio », où l’on incube des projets, que des gens font grandir à l’intérieur de ConsenSys, dont certains sont ensuite scindés et deviennent des startups indépendantes. Nous créons aussi toutes sortes de solutions et d’outils pour faciliter la vie des développeurs qui veulent connecter leurs applications au réseau Ethereum, comme Infura [Infrastructure-as-a-service, solution de dimensionnement pour gérer les pics à l'émission de jetons, par exemple].

Nous avons une division Consulting, qui fait du conseil et du développement logiciel. Nous avons réalisé des pilotes, des « proofs of concept » (PoC) pour des entreprises dans des secteurs variés, l’énergie, la banque, la logistique, la santé, le sport, le secteur public, et dans de nombreux pays, à Dubaï, aux États-Unis, en France. Par exemple, nous avons développé la plateforme de Komgo [entreprise fondée par une quinzaine de groupes, notamment des banques, dont Société Générale, BNP Paribas, et Crédit Agricole, ndlr], dans le financement du commerce international de matières premières. Nous avons aussi travaillé avec des banques centrales, à Singapour et en Afrique du Sud. Cette division, que nous avons dû scinder, a enregistré une croissance très significative.

Nous avons monté la ConsenSys Academy, car nous disposions de beaucoup de matériel de formation de notre activité de conseil et nous avions besoin d’accroître nos capacités en développement : 1.500 personnes sont devenues des développeurs Blockchain grâce à nous.

Nous avons aussi une division Marchés de capitaux qui conçoit notamment une solution de conservation (« custody ») pour les crypto-actifs, Trustology, afin que les institutions financières soient plus à l’aise avec les jetons, les actifs numériques lorsqu’elles décideront d’aller sur ce marché. Nous avons une équipe très solide, dont l’ancien responsable de la technologie chez UBS, Alex Batlin, à Londres, qui annoncera bientôt un partenariat très important.

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Enfin, nous avons aussi créé ConsenSys Ventures, notre bras de capital-risque, doté de 50 millions de dollars. Nous avons investi dans 30 entreprises, de petits tickets, de 75.000 à 100.000 dollars en moyenne, parfois ce sont des subventions. Nous avons ouvert en septembre un accélérateur, Tachyon, qui a sélectionné 16 projets qui seront mentorés par des superstars de la Blockchain et du Web 2.0. Il y a un projet français parmi eux, Quidli, un projet génial d’émission dynamique du capital, pour distribuer des parts aux employés.

Vous avez remporté l’appel d’offres de la Commission européenne pour réaliser son observatoire de la Blockchain. Que répondez-vous aux parlementaires français critiquant ce choix d’une « entreprise américaine spécialisée dans la Blockchain Ethereum«  ?

Nous ne sommes pas une société américaine. ConsenSys Inc n’est pas la maison-mère, elle emploie 300 à 400 personnes sur 1.100 employés : c’est ConsenSys AG à Zoug qui chapeaute le tout, elle possède le contrôle de nombreuses entités régionales. Juridiquement, nous sommes une société suisse mais nous sommes en fait une startup internationale, avec des bureaux un peu partout dans le monde : 50 personnes à Paris, autant à Londres, 250 à Dublin, etc. Nous n’extrayons pas de la valeur d’un pays vers un autre.

L’équipe de ConsenSys France a mené la candidature à l’appel d’offres de la Commission européenne pour son observatoire de la Blockchain, je n’étais pas au courant au départ. C’est un projet français avec l’appui des meilleurs experts mondiaux, à travers le maillage de ConsenSys. Il est réalisé en partenariat avec trois universités [Lucerne, Londres et Southampton].

Quant à l’étroitesse éventuelle de notre expertise, nous utilisons Ethereum parce que c’est la Blockchain à l’écosystème le plus puissant et de loin le plus largement utilisé, alors que Bitcoin est une technologie très étroite. Nous sommes convaincus que l’avenir sera un monde de registres interopérables. Nous disposons d’énormément d’expertises car nous avons recruté ces deux dernières années des gens de Deloitte, d’EY, et un des fondateurs de la division Blockchain d’IBM et de la plateforme Hyperledger Fabric, John Wolpert. Nous avons aussi des gens ayant travaillé sur Corda [la plateforme opensource de la startup R3, issue d'un consortium de banques, ndlr]Il n’y a probablement aucune entreprise dans le monde qui dispose d’une expertise aussi large sur la Blockchain que Consensys, à part peut-être Accenture ou l’un des Big Four. Je pense que nous avons l’expertise la plus étendue.

Est-ce vous qui financez seul le développement de ConsenSys sur votre fortune personnelle en ethers ?

ConsenSys est financé en partie par moi, mais aussi par les revenus désormais importants que génèrent certaines de nos activités. Nous ne publions pas de chiffres pour le moment. Nous ne dégageons pas de bénéfice mais si l’on prend en compte les émissions de « jetons », les Initial Coin Offerings (ICO) réalisées par certaines de nos entités, nous sommes en situation de cash-flow positif. Plusieurs activités rapportent des revenus significatifs, des dizaines de millions de dollars pour notre pôle solutions par exemple. Notre équipe « Diligence », qui réalise des audits de sécurité des « smart contracts », est très demandée et obligée de décliner 99% des demandes, ce qui permet de facturer ce travail à des montants élevés.

ConsenSys elle-même pourrait-elle réaliser une ICO, une levée de fonds en crypto-actifs ?

Il n’y a pas d’investisseurs extérieurs, en revanche un bon nombre d’employés ont des parts de capital. Nous préparons déjà la prochaine allocation, notre idée est que tout le monde à ConsenSys devrait en avoir. Nous avons beaucoup réfléchi à l’émission d’un jeton ConsenSys, qu’il s’agisse d’un jeton d’investissement ou d’usage ["utility token" donnant un droit d'usage à des biens ou services à venir] : nous pensons que ce serait probablement un titre financier (« security token »). Mais nous n’avons aucun calendrier arrêté. Nous sommes très occupés sur de nombreux sujets, notre entreprise enregistre une très forte croissance. Avant de pouvoir envisager sérieusement d’émettre notre propre token, il faut que tout soit bien ficelé, que le cadre juridique soit bien stabilisé aussi.

Quelles applications vous semblent les plus convaincantes, les plus adaptées à la Blockchain ?

On pourrait poser la même question au sujet d’Internet : dans quel champ est-ce le plus utilisé ? La Blockchain va pénétrer partout, là où il est nécessaire d’améliorer la confiance, c’est-à-dire à peu près n’importe où et tous les secteurs. Cela peut être pour partager des infrastructures de confiance entre concurrents de manière collaborative. Nous aidons des entreprises établies à bâtir des systèmes plus efficaces pour partager des données de référence, par exemple dans les activités de taux entre institutions financières, ou aussi pour explorer de nouveaux modèles d’affaires. En France, nous connaissons une importante institution financière qui envisage d’entrer dans l’univers des ventes de tokens, Goldman Sachs et Morgan Stanley songent à ouvrir un desk de trading en crypto-actifs. Aux États-Unis, nous allons bientôt sortir une application avec une grande marque de biens de consommation traçant l’origine de différentes matières.

Dans la finance, les infrastructures vont finir par basculer sur la Blockchain. Nous avons aidé Santander à construire un système interbancaire de paiements transfrontaliers s’appuyant sur la technologie Blockchain, qui effectue les règlements en dix secondes. Le responsable de la Blockchain chez Santander, Julio Faura, est parti pour diriger ce projet,Adhara, que nous avons intégré [ConsenSys vient d’y investir 15 millions de dollars, ndlr] : nous utilisons cette infrastructure pour bâtir un système de règlements en temps réel qui « tokenise » [convertit les droits liés à un actif en jetons numériques] de l’argent réel par le biais d’un registre distribué fonctionnant avec des « smart contracts » : les règlements interbancaires, entre établissements qui se font déjà confiance, pourraient ainsi avoir lieu non pas tous les jours mais une fois par semaine ou par mois.

La volatilité des crypto-monnaies, y compris de l’ether, nuit-elle au développement de la Blockchain ?

Vous savez, il y aura tellement de crypto-actifs différents à l’avenir. Cela nous va très bien que l’ether soit utilisé comme une crypto-commodité ou un crypto-actif. Comme tout actif, comme le pétrole par exemple, l’Ether fait l’objet d’échanges, de trading. C’est vrai que son cours est plus volatil mais l’industrie pétrolière est là depuis un moment ! Nous avons de la chance qu’Ethereum ait suscité autant d’engouement dans le monde. Il y a eu des flambées, suivies de corrections, et cela se reproduira encore et encore : c’est ainsi que fonctionne le cycle humain de cupidité et de peur que l’on observe sur les marchés. L’horloge de cette technologie fonctionne beaucoup plus vite qu’en 1999 avec la bulle Internet. Je pense que nous verrons un de ces cycles tous les un ou deux ans.
A chaque fois qu’il se produit une explosion puis un plongeon, cela attire l’attention sur ce que nous faisons. Cela fait plancher des spécialistes ou des étudiants en cybersécurité sur Ethereum. Nous sommes un an après le début du boom sur les crypto et le cours de l’Ether est revenu grosso modo au même niveau [en repli de 20%, ndlr]. Et aujourd’hui, du fait de cette agitation, il y a dix à quinze fois plus de gens dans notre écosystème. Rien n’a ralenti du tout : l’écosystème Ethereum connaît une croissance exponentielle.

Quel est le principal défi posé à la Blockchain ? Sa consommation énergétique?

Non, je pense que ce point sera résolu très vite, d’ici 18 mois à deux ans. Je suis optimiste. Le plus grand problème posé à Ethereum est le passage à l’échelle (« scalability ») d’une part et la facilité d’utilisation pour le grand public d’autre part. La montée en charge d’Ethereum [qui peut traiter actuellement entre 7 et 15 transactions par seconde contre plusieurs milliers pour les systèmes Visa et Mastercard, ndlr], progresse à mesure que l’on avance vers des solutions de nouvelle génération, comme Sharding ["fragmentation" en anglais, processus de vérification des transactions s'appuyant sur une division de la Blockchain en plusieurs fragments, des groupes d'ordinateurs du réseau et non pas tous les nœuds du réseau, ndlr], le protocole Casper et le mécanisme de consensus de « preuve d’enjeu », le projet Plasma qui va créer des réseaux Blockchains au sein d’Ethereum, etc. Tout cela devrait permettre à Ethereum de pouvoir traiter des centaines, des milliers de transactions par seconde. C’est une affaire de semaines, de mois.

Il faut que nous travaillions aussi sur la facilité d’utilisation. Si on vous avait donné un smartphone il y a 15 ans, vous n’auriez pas su quoi en faire, les gestes vous seraient étrangers, pour zoomer, balayer l’écran, etc : Apple a fait un job incroyable en apportant progressivement des innovations. Il faut que nous fassions la même chose : les clés publiques et privées, les adresses des comptes en Ether, sont aujourd’hui utilisables par un public technophile. On doit pouvoir faire en sorte que l’utilisateur non initié ne prenne pas le risque de perdre son identité, il faut des mécanismes de récupération des clés, nous travaillons dessus. La France, un futur leader de la « Blockchain » ?

Quelle est votre vision du marché français, en termes de maturité ?

Aucun marché n’est mature ! En Suisse, beaucoup de projets ont démarré dans sa Crypto-Valley, mais je ne dirais pas qu’elle est en avance sur Paris, Berlin, New York, ou que Zoug est le leader de la Blockchain. C’est un phénomène décentralisé. Curieusement, le bitcoin n’a pas vraiment pris dans la Silicon Valley au départ. Au lancement d’Ethereum, il n’y a eu aucun intérêt là-bas, tellement plus à Berlin, Londres, Paris, New York et Toronto. La Silicon Valley rattrape son retard : il y a désormais une grande vague d’intérêt pour la Blockchain, de nombreux ingénieurs du Web 2.0 s’interrogent sur le tour que prennent les choses et rejoignent des entreprises qui veulent bâtir le Web 3.0, comme nous à ConsenSys.

En France, on trouve beaucoup de gens très solides en technologie. Notre équipe ici à Paris a joué un rôle fondateur depuis plusieurs années. Nos projets, comme la startup Variabl, une plateforme de trading de dérivés, font partie de l’écosystème français de la Blockchain.

Que doit faire la France pour devenir un leader de la Blockchain, comme l’ambitionne le gouvernement ?

Éduquer, former, observer la technologie, autant que possible ne pas se mêler de la technologie et ne pas étouffer l’innovation. Cette technologie va tellement loin, elle va permettre la collaboration et créer la confiance dans des domaines où c’est difficile. Cela va rendre le commerce beaucoup plus fluide. La Blockchain va permettre de tout basculer en version numérique, les certificats et diplômes, le capital, l’identité, etc : ce sera un moteur de croissance important. Les gouvernements devraient créer des programmes pour entrepreneurs, peut-être financer certains projets, subventionner des accélérateurs.

Il n’y a pas vraiment besoin de réglementations nouvelles, elles existent pour la plupart, il faut juste une meilleure compréhension. Par exemple, aux Etats-Unis, la SEC [le gendarme des marchés, ndlr] a décidé que les jetons des ICO sont des titres financiers et va appliquer la réglementation comme elle le fait depuis des décennies. William Hinman le directeur de la division Corporation Finance à la SEC, a déclaré il y a quelques mois qu’il considère l’Ether comme un jeton utilitaire (« utility token »), qu’Ethereum n’est pas une entreprise mais un réseau. Il faut de l’ouverture d’esprit et beaucoup de dialogue.

La Blockchain pourrait rendre la collecte d’impôts beaucoup plus fluide, on pourrait avoir des nœuds de régulation sur le réseau qui surveilleraient les flux, la valeur des transactions et pourraient même en aiguiller une partie directement vers les coffres du gouvernement. Plusieurs pays d’Afrique sont très enthousiasmés par cette idée.

Enjeux et mythes de la Blockchain (Sébastien Meunier)

Enjeux et mythes de la Blockchain (Sébastien Meunier

Sébastien Meunier, directeur au cabinet de conseil en management Chappuis Halder & Cie démonte le fantasme de la  Blockchain et recentre le débat sur ses véritables bénéfices et enjeux dans un article de la Tribune

« La Blockchain est un système distribué s’appuyant sur la cryptographie pour fournir à des acteurs indépendants un contrôle décentralisé de l’accès, en lecture et écriture, à un registre partagé de données. Ce concept comprend deux catégories : les blockchains publiques basées sur une validation par « preuve de travail » (toute personne peut joindre le réseau et participer au consensus) et les pseudo-blockchains (systèmes publics à gouvernance centrale, systèmes privés ou toute autre variante).

Les discours à propos de la Blockchain restent souvent confinés au stéréotype « la Blockchain va révolutionner le monde ». Or, cet idéal éthéré ne résiste pas aux assauts de la réalité. La plupart des exemples cités dans l’article se réfèrent à l’industrie de la finance mais peuvent être généralisés à d’autres industries.

Réalité 1 : la Blockchain ne supprime pas les intermédiaires

Des intermédiaires sont nécessaires pour organiser les marchés dès qu’ils dépassent une taille de quelques dizaines d’individus. Cette réalité humaine reste vraie dans le monde de la Blockchain : remplacer l’opérateur de paiements internationaux Swift par une version décentralisée basée sur une blockchain ne ferait que remplacer une
équipe de développement et de maintenance par une autre équipe de développement et de maintenance, un logiciel par un autre logiciel, et des frais de service par d’autres frais de service.

Le véritable paramètre de la désintermédiation est le degré de décentralisation de la gouvernance des intermédiaires. Une blockchain dont la gouvernance est véritablement décentralisée limite le pouvoir des intermédiaires en transférant certaines responsabilités aux utilisateurs finaux. Par exemple, Bitcoin offre la possibilité aux utilisateurs de conserver leurs propres bitcoins. Mais toute responsabilité vient avec des risques. Beaucoup d’utilisateurs, par confort (pour la même raison que l’on ne garde pas son argent sous son matelas), préfèrent déléguer la garde de leurs cryptomonnaies à des plateformes en ligne, recréant des intermédiaires similaires à des banques.

Réalité 2 : la Blockchain ne supprime pas le besoin de confiance

Tout système, y compris la plus décentralisée des blockchains, nécessite la confiance humaine basée sur la réputation pour fonctionner. En effet, l’utilisateur moyen n’est pas en mesure d’auditer le code d’Amazon ou de la blockchain Ethereum, son seul choix est « d’espérer » que le système se comporte comme attendu.

D’un point de vue technique, une blockchain publique ne fait que déplacer le besoin de confiance du cœur du système vers ses extrémités. Ainsi, le système Bitcoin lui-même n’a jamais été piraté, mais des plateformes et portefeuilles permettant d’échanger et de stocker des bitcoins ont été piratés. Quant aux pseudo-blockchains, elles offrent de simples fonctions de responsabilisation tels que des signatures et un horodatage numériques, en complément de mécanismes de confiance externes au système (confiance institutionnelle « contractuelle » liée à une entreprise ou un consortium d’entreprises).

Réalité 3 : le monde physique détruit les propriétés de la Blockchain

La confiance que l’on peut avoir dans une blockchain est brisée dès que l’on y interface le monde physique. En effet, si une blockchain garantit l’intégrité des données une fois stockées, elle ne peut garantir que la donnée numérique saisie corresponde réellement à la donnée physique externe. Un intermédiaire de confiance est nécessaire pour certifier son authenticité, neutralisant le principal intérêt de la Blockchain. Stocker un appartement, un poulet ou une feuille de salade sur une blockchain n’a pas de sens. Un opérateur centralisé ferait mieux l’affaire.

Réalité 4 : la Blockchain ne permet pas de réduire les coûts

Une erreur répandue est de penser que la Blockchain peut améliorer l’efficacité des processus métiers. Cela ne fait pas de sens car par nature, les systèmes distribués sont plus complexes et plus coûteux en ressources que les systèmes centralisés. Même dans l’utopie de la comptabilité universelle fondée sur la Blockchain, on ne pourra
jamais se débarrasser de tous les contrôles et rapprochements. Les organisations devront toujours faire face à la mauvaise qualité des données et aux humains, qui comme on le sait trichent, mentent ou simplement font des erreurs.

Certaines activités de rapprochement bancaires sont inévitables, en particulier en interne, où les visions « front » (office), « back » (office) et comptables sont différentes par nature. Par ailleurs les produits financiers sont tellement différents qu’il faudrait interfacer plusieurs blockchains.

Réalité 5 : les contrats intelligents portent très mal leur nom

Les contrats intelligents (« smart contracts ») ne sont pas des contrats au sens légal du terme, mais simplement des programmes informatiques. Ils ne sont pas intelligents car ils ne font qu’exécuter mécaniquement leur programme. Ils doivent être très simples, car s’ils contenaient une anomalie, elle continuerait d’être exécutée froidement comme cela est arrivé avec « Le DAO » par le passé.

Réalité 6 : la blockchain d’entreprise ou pseudo-blockchain est une innovation incrémentale, pas une révolution

La blockchain d’entreprise est un oxymore, car toute entreprise est créée dans un but de centraliser du savoir et du capital pour « contrôler » la distribution de produits ou de services afin d’en extraire une rente. Dans un cadre institutionnel, la pseudo-blockchain n’est pas une technologie révolutionnaire, mais une innovation incrémentale dont l’utilité reste limitée par rapport aux technologies digitales traditionnelles. Les bases de données distribuées, les signatures et l’horodatage électroniques sont des technologies certes utiles, mais qui datent de plusieurs décennies.

Un paradoxe est que, pour implémenter une pseudo-blockchain, des entreprises rassemblées en consortium doivent d’abord se mettre d’accord sur une gouvernance et des standards, mais lorsque c’est fait, une pseudo-blockchain n’est plus nécessaire car un opérateur centralisé ferait mieux l’affaire. Finalement, la recherche montre que les pseudo-blockchains jouent dans la même catégorie que les systèmes centralisés. En essayant de combiner le meilleur de deux mondes, la pseudo-blockchain renonce à la puissance de chacun des deux mondes.

 

Conclusion : quand la Blockchain a du sens

La Blockchain n’est pas une nouvelle technologie mais une nouvelle « conception ». Les deux apports de la Blockchain sont la résistance à la censure et le transfert de responsabilité aux utilisateurs, permettant la gestion des ressources numériques rares entre des acteurs indépendants. Cela vient avec des désavantages : une complexité et des coûts supérieurs, et un nouveau risque porté par les utilisateurs.

D’une manière générale, lorsque des mécanismes de confiance existent sur un marché, la Blockchain n’a pas de sens, sauf si le but est précisément de contourner ces mécanismes (ex : le but de Bitcoin était précisément de s’affranchir des institutions financières, mais son adoption reste limitée car le public ne craint pas la « censure » des banques traditionnelles).

Dans un marché sans tiers de confiance, une blockchain a du sens si cinq autres conditions sont respectées :

  • Les transactions sont simples
  • La quantité de données à stocker est limitée
  • La performance n’a pas d’importance
  • L’ensemble du processus est numérique
  • La gouvernance du système est décentralisée

Ainsi les contrats intelligents ne remplaceront pas les avocats, mais ils pourraient servir dans des domaines du droit désertés par les avocats. Les cryptomonnaies ne remplaceront pas la monnaie fiduciaire, mais elles pourraient permettre aux personnes non bancarisées d’accéder aux services financiers. La Blockchain n’est pas une
solution universelle à tous les problèmes humains, mais elle reste une solution fascinante. »

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Sébastien Meunier est directeur au cabinet de conseil en management Chappuis Halder & Cie. Il conseille les institutions financières sur leur stratégie d’innovation et de cyber-sécurité.

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