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Un nouveau bloc maghrébin sans le Maroc et la Mauritanie

Un nouveau bloc maghrébin sans le Maroc et la Mauritanie

Il est clair qu’un renforcement de la coopération économique au sein du Maghreb servirait le progrès des pays concernés. Pour cela un projet vise à la formation éventuelle d’un nouveau bloc maghrébin va se tenir lundi prochain à Tunis. Organisée par le président tunisien Kais Saied, elle réunira le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le président du conseil présidentiel libyen Mohamed al-Menfi. Le problème c’est que le Maroc et la Mauritanie seront exclus de ce projet. Dommage évidemment car le Maroc est sans doute le pays le plus dynamique et le plus structuré. 

Dans un communiqué, les trois pays ont  souligné « la nécessité d’unifier et intensifier les efforts pour relever les défis économiques et sécuritaires, au service des intérêts » de leurs peuples.

 

Pour sa part, le chef de la diplomatie algérienne Ahmed Attaf a défendu ces initiatives comme destinées à combler un vide, alors que l’Union du Maghreb arabe (UMA), créée il y a 35 ans, est « dans le coma », qu’elle « n’a aucune activité ».

Au vu de cette « première réunion consultative entre les dirigeants des trois pays frères », selon un communiqué officiel, le futur bloc maghrébin comptera deux absents par rapport à l’UMA : la Mauritanie et le Maroc n’ont pas été conviés.

Des médias marocains comme Hespress et Le360 ont accusé l’Algérie de vouloir « former une alliance maghrébine contre le Maroc », son grand rival régional, et dénoncé une « manœuvre destinée à faire croire que l’Algérie n’est pas isolée dans son voisinage ». Toujours selon Le360, le président algérien se serait vu opposer une fin de non-recevoir début mars de la part de son homologue mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui aurait ainsi refusé catégoriquement de participer à une telle initiative sans le Maroc.

 

2022 : bloc élitaire contre bloc populaire ? ( Jérôme Sainte-Marie)

2022 : bloc  élitaire contre bloc populaire ? ( Jérôme Sainte-Marie)

 

Jérôme Sainte-Marie, président de la société d’études et de conseil Polling Vox : « Est-ce que Zemmour peut attirer durablement le vote populaire ? Il s’intéresse à l’économie pour les catégories bourgeoises, il leur promet beaucoup, et il ne promet rien aux catégories populaires, sauf d’arrêter l’immigration. »(L’opinion , extrait)

 

Marine Le Pen est passée en dessous de la barre des 20 % ces derniers jours dans les sondages, tandis qu’Eric Zemmour s’est hissé entre 10 % et 13 %. Est-ce le début du délitement du « bloc contre bloc » que vous avez théorisé, bloc élitaire contre bloc populaire ?

Dans les derniers sondages, Marine Le Pen conserve un soutien très fort parmi les classes populaires, et notamment chez les ouvriers : plus de 40 % d’entre eux votent Le Pen au premier tour, contre seulement 3 % des cadres. Cette baisse très sensible de Marine Le Pen chez les cadres, correspond à leur départ chez Eric Zemmour. L’initiative de ce dernier vise à ressusciter le clivage gauche-droite à la place du clivage bloc élitaire/bloc populaire qui a structuré le quinquennat jusqu’à présent. Cette tentative peut-elle réussir ? On n’a pas encore abordé les thèmes économiques et sociaux, Eric Zemmour s’en tient à grande distance. Par ailleurs, les classes populaires se politisent plus tard que les autres, généralement en février. On est donc dans un moment où on a l’impression que ces lignes-là sont troublées et que la gauche et la droite retrouvent droit de cité. Je ne suis pas sûr du tout que cela se confirme.

Eric Zemmour prend aussi des voix chez LR, parmi l’électorat de François Fillon en 2017…

Bien sûr. Il emprunte au lepénisme père et fille sur l’immigration, et il emprunte beaucoup, pour ce qui est de la vision de la société, à François Fillon. Il parle à une droite patrimoniale. A terme, on ne sait pas très bien à qui il va prendre. Une poussée dans les sondages durant une période d’exposition médiatique extraordinaire ne signifie pas forcément un renversement culturel ou politique durable. Eric Zemmour bénéficie d’une exposition médiatique inouïe et massive, qui ne s’est jamais vue, même à l’époque de Nicolas Sarkozy. Donc, vous avez un phénomène de saturation médiatique, dont les effets sont impressionnants, mais nul ne sait s’ils sont durables. A terme, je pense que le destin d’Eric Zemmour sera de contenir le score de la droite classique, puisqu’il a un programme économique, social et identitaire qui correspond à la frange de la droite qui a voté Villiers ou Fillon.

Peut-il séduire une partie de l’électorat populaire de Marine Le Pen ?

A part celle d’Emmanuel Macron, les grandes victoires électorales ont eu lieu grâce à des promesses très fortes aux catégories populaires, qui n’étaient pas uniquement des promesses culturelles ou identitaires. Est-ce que Zemmour peut attirer durablement le vote populaire ? Il s’intéresse à l’économie pour les catégories bourgeoises, il leur promet beaucoup, et il ne promet rien aux catégories populaires, sauf d’arrêter l’immigration. Il y a une vraie dissymétrie dans son offre économique et sociale. Comme si on devait payer d’argent les catégories supérieures et payer de valeurs ou de symboles les catégories populaires…

Peut-il gagner davantage encore sur l’électorat de droite ?

Pour l’instant, comme LR n’est pas en position de combat, la droite a libéré un espace. Les choses changeront quand elle aura un candidat. L’essentiel du parti sera derrière ce candidat, cela va immédiatement comprimer l’espace politique et médiatique d’Eric Zemmour. Mécaniquement, le débat sera plus difficile pour lui. Sa dimension très fortement transgressive plaît à la droite « hors les murs », mais pourra-t-elle plaire à l’électorat classique de LR ? Je n’en suis pas sûr du tout. L’épreuve du feu pour lui, ce sera les propositions hors immigration, car tout n’est pas réductible à l’immigration.

S’il va au bout, sa candidature serait donc une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron ?

Oui, car elle renforce mécaniquement Emmanuel Macron. Elle contribue à réduire le bloc populaire et a priori ne touche pas au bloc élitaire, dont l’idéologie est le progressisme, c’est-à-dire exactement l’opposé de la pensée d’Eric Zemmour. Par ailleurs, Zemmour rend Macron plus sympathique aux yeux de la gauche, car il est un repoussoir absolu pour la gauche. De plus, comme il a des propositions assez proches de celles de Marine Le Pen, il ne peut faire campagne que sur le dénigrement de la candidate qui était pour l’instant la mieux placée face à Macron. C’est tout bénéfice pour Macron pour le second tour : pendant qu’ils se taperont les uns sur les autres, il pourra se livrer à un travail de rassemblement de ses électeurs.

Je ne le lui conseille pas. C’est toujours dangereux, parce qu’il y a une dimension passionnelle dans le choix politique. A travers le vote, les gens expriment aussi des peurs, des espérances, et donc des émotions. Se mettre en surplomb, comme un instituteur par rapport à ses élèves, ce serait suicidaire. En revanche, il peut être le candidat des solutions, et surtout des garanties. Il a réussi à garantir le versement des retraites, de la plupart des salaires, et la survie économique du pays pendant la crise de la Covid. Il y avait une promesse de changement très forte chez Macron en 2017, il devrait plutôt être le candidat des garanties en 2022.

Eric Zemmour est donc l’allié objectif d’Emmanuel Macron aujourd’hui ?

Oui, c’est évident. Il a des traits d’image qui correspondent à une niche de 20-25 % au premier tour, ce qui est déjà énorme. Mais il clive énormément : 47 % des Français ont une très mauvaise opinion de lui. Donc la marche pour l’emporter au second tour est très élevée, au moins autant que pour Marine Le Pen. Cela va être un obstacle, car à un moment, on va commencer à parler second tour. Aujourd’hui, tout est fondé sur l’idée que Marine Le Pen n’a aucune chance de gagner la présidentielle. Il y a un grand silence sur les chances qu’aurait Zemmour de l’emporter, mais elles sont très faibles. Pour l’instant on s’amuse, on se fait plaisir, mais au moment du choix réel, mais quand le téléspectateur va se transformer en électeur, on raisonnera beaucoup moins selon le principe de plaisir et davantage selon le principe de responsabilité ou de rationalité. On est tous en train de suivre les courbes, mais les courbes ne montent pas jusqu’au ciel

«Gilets jaunes» : un bloc politique en gestation (Jérôme Sainte-Marie)

 

«Gilets jaunes» : un bloc politique en gestation (Jérôme Sainte-Marie)Jérôme Sainte-Marie, politologue, estimait il y a quelques jours que le mouvement des gilets jaunes est une rupture politique décisive (Jérôme Sainte-Marie). Interview le Figaro.

 

Quelle appréciation portez-vous sur la capacité de mobilisation des «gilets jaunes» le 17 novembre?

Jérôme SAINTE-MARIE.- Si l’on considère dans leur originalité radicale l’émergence de ce mouvement d’opinion puis la mise en place de modalités d’action déconcertantes, force est d’admettre la réussite de cette mobilisation. Il y avait un doute énorme avant le 17 novembre sur la concrétisation de ce mécontentement virtuel, il est désormais levé. Rappelons que ceux qui sont allés sur les ronds-points, les péages autoroutiers et autres lieux de rassemblement, ne savaient pas très bien qui ils allaient y trouver et comment les choses se dérouleraient. Ils étaient donc dans un contexte plutôt anxiogène, à l’inverse du confort qu’offrent les manifestations habituelles, depuis longtemps assujetties à un rituel bien connu de tous, organisateurs, participants et forces de l’ordre. Bien entendu, il existe un hiatus gigantesque entre le soutien déclaré au mouvement, de l’ordre de trois Français sur quatre, et la participation effective à celui-ci, mais comment pourrait-il en être autrement? Nous sommes donc confrontés à une mobilisation dont l’importance quantitative constitue un message encourageant pour tous ceux qui s’y sont peu ou prou reconnus.

 

Comment caractériser les manifestants? Quel est leur profil socioprofessionnel ?

Les gilets jaunes sont avant tout des salariés, travailleurs indépendants ou retraités aux revenus situés autour ou en-deçà du revenu mensuel médian.

Partons déjà des soutiens déclarés au mouvement, que l’on connaît bien grâce aux études d’opinion. Je ne vois pas comment décrire cela autrement que comme un puissant révélateur des clivages sociaux. Le soutien au mouvement, avant qu’il ait lieu, était trente points supérieurs chez les employés et ouvriers que chez les cadres. Plus nettement encore, il y avait une corrélation étroite entre la modestie des revenus du foyer et la sympathie pour les «gilets jaunes». L’orientation politique des individus joue beaucoup moins, à l’exception des sympathisants de La République en Marche, désormais isolés dans leur hostilité massive à cette protestation. Quant aux participants eux-mêmes, les témoignages disponibles et les échanges que j’ai pu avoir avec certains d’entre eux attestent du caractère populaire, à tous les sens du terme, de la mobilisation. Rassemblés par des mots d’ordre portant sur des questions d’argent, ils sont avant tout des salariés, travailleurs indépendants ou retraités aux revenus situés autour ou en-deçà du revenu mensuel médian, qui se situe autour de 1700 euros après impôts. Ce n’est pas la France de la misère ou de l’exclusion, sans doute, mais bien celle dont le travail s’accompagne d’une insécurité financière permanente. Ajoutons que dans la circonstance les clivages sociaux supplantent les autres, et que se mobilisent ensemble des personnes aux origines variées.

 

Peut-on dire que c’est la France des villes petites et moyennes ainsi que des zones rurales qui s’est mobilisée?

Cela ferait déjà beaucoup de monde! Visiblement, les habitants des villes-centre, qui concentrent les activités tertiaires les plus prospères et dont les propriétaires bénéficient de la hausse des prix de l’immobilier, sont moins sensibles à la cause des «gilets jaunes», ce qui est bien naturel. On constate par exemple que les habitants de la région parisienne sont plus réservés à son égard, mais il faut rappeler ici que bien des trajets s’y font grâce à une offre abondante en transports en commun. Ceci posé, la dimension géographique doit être maniée avec prudence, comme le fait par exemple mon confrère Jérôme Fourquet, sinon on risque de tomber dans des formules piégeuses. Ainsi lorsque l’on proclame que la «lutte des territoires» a remplacé la «lutte des classes»: que la seconde existe fait débat, mais la réalité de la première me semble brumeuse. Les résultats des élections et des sondages montrent bien des différences géographiques, mais une fois que l’on a pris en compte la dimension sociologique de la répartition de la population selon les territoires, ces contrastes s’estompent. Donc, au sujet du mouvement des «gilets jaunes» aussi, la dimension horizontale, celle du territoire, me paraît fille de la dimension verticale, celle de la situation sociale.

 

Outre la question du prix des carburants, à quoi attribuer la véhémence d’une partie des manifestants?

Nous sommes dans ce type de moments où les données d’opinion deviennent des principes actifs de la vie sociale. Si j’ose dire, le chiffre se fait chair. En effet, non seulement l’exécutif est impopulaire – nous apprenons aujourd’hui par l’IFOP que 73% des Français se disent mécontents d’Emmanuel Macron comme président de la République, dont 39% «très» mécontents -, mais tout le monde le sait, du fait des sondages publiés. Nous sommes donc dans une spirale d’opinion qui favorise l’expression du mécontentement dans des mouvements sociaux tels que les «gilets jaunes». Il y a un autre élément, propre à l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron. À tort ou à raison, les Français l’identifient à une forme d’arrogance sociale, à quelqu’un qui voit le monde comme le combat de la «réussite» et du néant. Si l’univers des cadres supérieurs, le biotope du macronisme, adhère sans mal à cette vision, la plupart des Français recherchent plutôt le bonheur dans la stabilité. Le ressentiment qui s’exprime à l’égard du chef de l’État va donc au-delà de la seule contestation de sa politique.

 

Le mouvement des « gilets jaunes » peut constituer une rupture décisive.

Quelles conséquences politiques et électorales peuvent entraîner ce mouvement?

Rappelons un instant que l’accession au pouvoir par Emmanuel Macron s’est faite par la réconciliation d’électeurs issus du centre, de la gauche et de droite, mais que cette diversité politique s’est accompagnée d’une certaine homogénéité sociale. Il me semble que ce soit alors créé un «bloc élitaire», rassemblant l’élite proprement dite, ceux qui aspirent à en faire partie, et enfin, ceux qui lui délèguent volontiers la gestion des affaires publiques. Cette polarisation a mis en difficulté et le Parti socialiste et le parti Les Républicains, supplantés dans leur vocation gouvernementale. En face, le «bloc populaire» n’existait que sous une forme négative, partagé de manière irréconciliable entre lepénistes et mélenchonistes. L’existence de ces quatre oppositions sans aucune formule d’alliance concevable est la meilleure garantie de pérennité du macronisme. Cependant, le mouvement des «gilets jaunes» peut constituer une rupture décisive. Mobilisation surgie de la base même du pays, ignorant les identités politiques ou syndicales, elle produit sans même s’en soucier une forme de réunification sociale. De ce fait, la polarisation que tente Emmanuel Macron entre «progressistes» et «populistes» prend une dimension sociologique de plus en plus visible. Avec un bloc élitaire bien en place et représenté prioritairement par LREM et un bloc populaire en gestation, la transformation de l’ordre politique français se poursuit et s’accélère.

 




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