Démocratie : solidarité avec le peuple birman
A l’initiative d’Alain David, président du groupe d’amitié France-Birmanie à l’Assemblée nationale, et de Joëlle Garriaud-Maylam, présidente déléguée pour la Birmanie du groupe France-Asie du Sud-Est au Sénat, plus de quarante parlementaires français appellent dans une tribune au « Monde » les autorités françaises à un soutien au gouvernement parallèle birman et à une pression accentuée sur le groupe Total.
Tribune.
Alors qu’en Birmanie la répression continue de s’abattre sur la population, que les tués se comptent par centaines et que le spectre d’une guerre civile généralisée se fait chaque jour plus menaçant, nous, élus de la République, demandons urgemment au gouvernement français de mieux s’impliquer dans le soutien au peuple birman et à la démocratie.
Cela implique qu’il reconnaisse le gouvernement parallèle – National Unity Government (NUG) – établi le 16 avril, qu’il appuie au niveau de l’Union européenne (UE) l’adoption de sanctions mieux ciblées contre la junte, tout en faisant pression sur le groupe Total.
Rappelons que le NUG est le gouvernement d’unité nationale constitué par le Comité représentatif du Pyidaungsu Hluttaw (CRPH) – le nom du Parlement bicaméral birman –, assemblée parallèle majoritairement composée de parlementaires de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi qui a gagné 83,2 % des sièges lors des élections de novembre 2020 mais qui n’a pas pu siéger suite au coup d’Etat militaire.
Aujourd’hui, la junte veut dissoudre la LND, qu’elle accuse sans preuve de fraudes électorales. Il est donc indispensable d’agir au plus vite et d’appuyer les autorités légitimes en résistance qui ont adopté une charte pour une démocratie fédérale, porteuse d’espoirs pour l’unité du pays.
Nous nous félicitons de l’inclusion par l’Union européenne de vingt et un individus sur sa liste noire et de la mise sous sanction, le 19 avril, des deux conglomérats contrôlés par l’armée que sont la Myanmar Economic Holdings Limited (MEHL) et la Myanmar Economic Corporation (MEC). Mais l’UE doit aller plus loin, en particulier en ciblant le secteur gazier et pétrolier.
Devant l’Assemblée nationale, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre des affaires étrangères, a récemment fait valoir que si les discussions engagées au niveau de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) ne progressaient pas, un « troisième train de mesures de sanctions » serait mis à l’étude au niveau de l’UE, évoquant une éventuelle remise en cause des préférences commerciales avec la Birmanie. Or tout n’a pas encore été entrepris pour viser les vastes intérêts économiques et les sources de revenus de la junte.