Enseignement–Nicole Belloubet : Pour enterrer la réforme de l’éducation nationale
On peut légitimement se demander pourquoi Macron a retenu la candidature d’une femme de gauche au ministère de l’éducation nationale. Certes l’intéressé ne manque pas de pedigree. C’est à la fois une professionnelle de l’enseignement et une politique chevronnée. La vérité est évidente, elle connaît parfaitement les arcanes et le corporatisme du milieu. Elle vient d’être nommée pour enterrer toutes les réformes un moment envisagé pour relever le niveau lamentable de l’enseignement en France. Elle va donc négocier, négocier de concert avec les syndicats corporatistes. En clair, la France va prendre encore un retard de 10 ans dans l’enseignement et le pire est que ce retard est constaté dès l’enseignement primaire et se prolonge jusqu’à l’université avec nombre de diplômes bidons.
Dans un article de 2016 pour la revue Après-demain de la Fondation Seligmann, intitulé « Supprimer le ministère de l’Éducation nationale ? », Belloubet défendait principalement la réforme du collège initiée par la ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem, malgré les critiques des syndicats d’enseignants.
Elle y critiquait les idées reçues sur le renforcement de l’autorité ou le port de la blouse, préconisant plutôt une sortie du modèle traditionnel du cours magistral, en favorisant l’autonomie et le droit à l’erreur dans l’apprentissage. Elle appréciait en fait l’essence de la « pédagogie de projet » de cette réforme socialiste. Les initiatives récentes de Gabriel Attal, comme les groupes de niveaux au collège ou l’instauration de l’uniforme, semblent en contradiction directe avec ses opinions antérieures.
De plus, certaines de ses déclarations antérieures commencent à refaire surface, notamment celles concernant l’affaire Mila, une jeune fille qui avait été menacée de mort pour avoir critiqué l’islam sur les réseaux sociaux. Belloubet avait semblé initialement confondre « l’insulte à la religion » avec une « violation de la liberté de conscience », déclenchant ainsi une vague d’indignation.