Réinventer le capitalisme » (Thibaut Béchetoille , Croissance +)
Thibaut Béchetoille patron d’Ozon, spécialisé dans les solutions de cybersécurité pour les PME, le président de Croissance Plus, propose une stratégie plus offensive de l’économie française dans une interview à Europe 1
« Le capitalisme doit se réinventer. Il doit permettre un meilleur partage des richesses, de la valeur« , plaide Thibaut Béchetoille. Et pour « avoir de l’impact, il faut de la croissance« .
Parmi les sujets, figure celui de la Bourse. Un outil qui n’est pas toujours perçu à sa juste valeur par les entreprises. La Bourse interroge, effraie… C’est précisément cette perception que Thibaut Béchetoille aimerait renverser, s’appuyant pour étayer son propos, sur ce qu’il se passe de l’autre côté de l’Atlantique. « Peu de personnes comprennent que l’écosystème de l’innovation aux Etats-Unis tient beaucoup au rôle du NASDAQ« . Le NASDAQ qui permet de valoriser les entreprises technologiques. Disposer du même outil en Europe aiderait considérablement les entreprises à « risquer » l’innovation. « Il existe une fluidité dans la rotation du capital aux Etats-Unis qui explique le succès des jeunes entreprises. Ce sujet d’un marché boursier fort nous intéresse à Croissance Plus car nous pensons qu’il est déterminant« , appuie Thibaut Béchetoille. Des discussions avec Euronext sur la meilleure façon de stimuler le marché boursier sont menées afin de rendre ce dernier appétant pour les midcaps et les smallcaps.
Serait-ce une façon de produire davantage d’ETI ? « La Bourse a un impact mais nous n’allons pas inventer un NASDAQ européen demain matin« , souligne Thibaut Béchetoille, qui exhorte les PME au potentiel de croissance fort, de ne pas hésiter à emprunter les mêmes armes et la même stratégie que les Américains du Nord, ce qui inclut notamment de faire fi des réflexes culturels quasi pavloviens et de ne pas hésiter à utiliser les armes marketing et communication, comme d’envisager de prendre place sur le marché mondial.
Autre recommandation, celle qui concerne l’ouverture du capital, cette étape tant redoutée. « Les Français sont frileux sur ce sujet« , reconnaît Thibaut Béchetoille qui encourage également les entreprises à avoir très tôt une gouvernance avec laquelle partager les questionnements stratégiques de long terme. « La stratégie c’est l’art de l’allocation des ressources » et c’est aussi être capable de déterminer les valeurs différenciantes par rapport aux concurrents. C’est également savoir chasser en meute, « c’est un poncif, mais il faut s’inspirer de l’Allemagne, qui fait cela très bien« .
Et quand on évoque des particularités françaises, comme celles des impôts de production, 7 fois plus élevées dans l’Hexagone qu’en Allemagne justement, Croissance Plus dit réfléchir avec l’Institut Sapiens sur des propositions qui permettraient une baisse de 24 Mds€ sur 5 ans. IA, robotisation, nouvelles technologies sont aussi des thématiques qui angoissent. « Nous somme dans une société très anxiogène, qui craint la destruction d’emplois« , reconnaît Thibaut Béchetoille. « Mais nous voulons nous placer dans une prospective positive, projeter les entreprises vers l’avenir« .