Grosse manif de beaufs pro-Trump
La démocratie autorise évidemment des rassemblements de manifestants y compris quand les causes sont discutables. C’est le cas aux États-Unis où les sélecteurs républicains manipulés par Trump participaient samedi à un énorme rassemblement autour de la Maison-Blanche. Sans doute ce rassemblement sera-t-il rééquilibré dans les jours qui viennent par des manifestations en faveur au président élu Joe Biden. La caractéristique des manifestants de Trump est cependant à 70 % de contester le processus démocratique considérant que les élections ont été truquées.
D’une certaine façon, cette attitude est assez proche de ce qu’on rencontre dans nombre de pays africains où le moins que l’on puisse dire c’est que la maturité politique et démocratique doit encore progresser. Il faut constater que le camp de Trump rassemble à peu près tout ce que les États-Unis comptent de beaufs c’est-à-dire d’individus certes respectables mais qui n’auront jamais le prix Nobel. Ce sont les couches moyennes apeurées qui adhèrent aux théories caricaturales de leur président. Bref des sortes de beaufs prêts à avaler n’importe quel discours qui les confortent dans leur conviction simpliste et souvent aussi raciste.
Ce danger menace nombre de pays la France compris. D’abord et peut-être parce que les intellectuels généralistes se font rares. Il se réfugie dans leur discipline respective alors que la crise est caractérisée par une complexification des facteurs explicatifs, certains économiques, d’autres sociaux, culturels, environnementaux et technologiques. Du coup, il est plus facile de croire que la crise peut être imputée à un seul facteur responsable, un pays, une race . De ce point de vue, les intellectuels de par leur frilosité portent une responsabilité dans cette caricature de la crise utilisée par les candidats populistes.
Ce qui globalement est en cause c’est la crédibilité de la parole publique. Dans nombre de pays pour faire face à tous les dangers qui menacent l’économie comme la démocratie, on attend l’homme fort qui viendrait résoudre tous les problèmes car la classe politique classique a perdu le contact avec les réalités socioéconomiques depuis qu’elle a transformé le mandat électoral en métier. Une sorte de clergé politique s’est accaparée la démocratie dans laquelle les électeurs ne croient plus beaucoup. D’une certaine façon, Trump est le produit de ces différents phénomènes et la France comme bien d’autres pays pourraient se livrer un homme providentiel (ou une femme), aussi incompétent que déséquilibré, du moment qu’il fait office de thérapie anxiolytique.