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Affaire Mélenchon : 70 policiers, 9 magistrats, c’est beaucoup (Larcher)

Affaire Mélenchon : 70 policiers, 9 magistrats, c’est beaucoup (Larcher)

 

Gérard Larcher, président du Sénat, condamne certaines outrances de Mélenchon notamment vis-à-vis de la presse. Cependant il s’étonne de l’importance des moyens déployés par la justice et la police pour l’enquête (soupçons de surfacturation de frais de campagne électorale). On peut ne pas être d’accord avec les journalistes mais la liberté de la presse est consubstantielle à notre état de droit et à la démocratie », a assuré Gérard Larcher. « Le président du Sénat avec un certain humour s’est  cependant interrogé sur le dispositif juridico-policier mis en œuvre dans cette enquête. Une allusion à caractère politique sur cette perquisition un peu surdimensionnée par rapport à l’objet quand on sait par ailleurs que la plupart des candidats à la présidentielle de 2017 (ou des précédentes) sont pour le moins aussi coupables que Mélenchon(. Gérard Larcher regrette que la présence d’un avocat ne soit pas nécessaire lors d’une perquisition judiciaire comme c’est le cas des perquisitions douanières ou administratives Il a indiqué que le Sénat avait proposé cette présence pour les enquêtes du type de celle concernant Mélenchon.

Macron téléphone beaucoup

Macron téléphone beaucoup

 

, Non seulement on médiatise beaucoup les rencontres et autres visites de Macon mais désormais on met aussi en scène les conversations téléphoniques de Macon du chef de l’État. Récemment, on a médiatisé le coup de téléphone de Macon à Poutine. Sans doute parce qu’il convenait de bien mettre en exergue l’intervention du président français en faveur d’un incident actuellement en prison et dont la santé est très précaire. Un sujet qui a sans doute été abordé mais sûrement de manière marginale par rapport aux autres préoccupations concernant les sanctions américaines vis-à-vis de l’Iran aussi vis-à-vis de la Russie sans parler de la question syrienne. Cette mise en scène médiatique des communications téléphoniques et nouvelles. Il faut montrer l’activisme du chef de l’État dont il est vrai l’action devient de plus en plus douteuse en tout cas peu efficace tant sur le plan intérieur qu’internationale. Voir à cet égard l’enterrement de première classe concernant le plan de réforme de l’union économique de Macon.  “Leur échange a notamment porté sur la situation en Syrie, la relation avec l’Iran, et le dossier israélo-palestinien”, dit ce communiqué qui indique qu’Emmanuel Macron était à l’initiative de cet échange.

Donald Trump a confirmé sur Twitter la tenue de cet entretien et précisé que les deux interlocuteurs avaient également abordé la question du commerce.

Diplomatie de Macron : beaucoup d’activisme et peu de résultats

Diplomatie de Macron : beaucoup d’activisme et peu de résultats 

Un sondage démontre que ce que disait récemment Claude Martin, ancien ambassadeur en Chine et en Allemagne : Macron fait beaucoup d’activisme. Claude Martin brosse un tableau contrasté, et attend du chef de l’État qu’il passe des paroles aux actes. En fait on a du mal à savoir si Macron œuvre pour conforter son image intérieure ou pour réellement peser sur la géopolitique. (Interview la Tribune)

 

 

Quels faits saillants peut-on mettre au crédit et au débit de la politique et des actes du nouveau président de la République ?

CLAUDE MARTIN - Emmanuel Macron a hérité d’une France peu visible et peu audible, affaiblie ces dix dernières années par sa situation économique - manque de compétitivité, instabilité politique et sociale -, par une vision erratique de sa politique à l’extérieur, par la santé vacillante de l’Europe. Ce contexte leste une autre réalité, elle, invariable : mener une action d’envergure est nettement plus difficile sur la scène internationale que sur le plan domestique. En politique étrangère, il faut faire preuve non seulement d’imagination et de volontarisme, mais aussi de clairvoyance, de compétence, de connaissance du terrain, et définir une stratégie. En la matière, il est encore trop tôt pour saisir les intentions et les dispositions du président de la République. Les premiers signes - discours à la Sorbonne et devant l’Acropole démontrant sa détermination européenne ; restauration du dialogue avec la Russie ; prises de position objectives à l’égard des États-Unis - ont été encourageants, car fondés sur le principe, essentiel en diplomatie, du réalisme. Il n’est pas dans le registre de ses deux prédécesseurs qui, en « choisissant » leurs interlocuteurs en fonction de leur degré de « fréquentabilité », ont affaibli l’influence internationale de la France. Dorénavant, l’heure est aux actes, et notamment dans le domaine de l’Europe. La France doit agir comme un guide. C’est véritablement « maintenant » que l’action d’Emmanuel Macron doit s’exprimer et va être jugée.

Vous avez exercé cinquante ans au Quai d’Orsay, et y avez cultivé une grande proximité avec la conception « gaulliste » de la politique internationale de la France. Les premiers pas diplomatiques d’Emmanuel Macron s’en inspirent-ils ?

Le général de Gaulle l’a parfaitement incarné - et cela demeure une règle immuable - : l’Europe, c’est avant tout et fondamentalement un contrat entre la France et l’Allemagne, mobilisant les autres pays moteurs sur une stratégie axée autour de trois objectifs : une politique d’intégration des économies européennes, une politique de défense de l’identité et des spécificités de l’Europe, enfin une politique d’organisation de l’ensemble européen, dont l’élargissement a affaibli la cohésion. Il faut à l’Europe des politiques communes volontaristes. Une Europe de l’action contre celle de l’abstraction.

L’Europe porte des valeurs qui lui sont propres. Les Européens ont en commun une certaine conception de la démocratie, de l’ordre juridique et de la cohésion sociale, ou de la justice. Ils se distinguent par un attachement commun très fort à la nature, à l’environnement, à un art de vivre, qui se reflète jusque dans leur relation à la nourriture. Dans les négociations extérieures de l’Union, avec le Canada ou avec le Mercosur, certains éléments de cette « identité européenne » sont mis en cause. Faut-il y renoncer, pour nous fondre doucement dans le moule mondialiste ? Ou préserver ce qui fait notre différence, une différence à laquelle les Français et les Allemands notamment restent, dans leur majorité, très attachés ? C’est la question qui nous est posée, et à laquelle Emmanuel Macron doit apporter une réponse.

Que doivent entreprendre Angela Merkel et Emmanuel Macron pour que l’axe franco-allemand exerce pleinement son rôle ? Outre-Rhin, la fragile coalition au pouvoir et ce qu’incarne l’impressionnante poussée de l’extrême droite (l’AFD est la troisième formation au Bundestag) peuvent-ils, paradoxalement, le consolider ?

Cette irruption de l’AFD au parlement allemand traduit une montée des peurs, mais surtout une frustration. Les citoyens de tous les pays craignent de perdre, au sein de l’Europe, leur identité. L’Union doit trouver la réponse appropriée à ces craintes, en permettant aux peuples européens de cultiver à la fois une fierté nationale et une fierté européenne, qui ne peut exister que si l’Union développe des politiques mettant en valeur une « identité européenne ». Identité nationale et identité européenne doivent pouvoir se compléter. Si l’Union ne parvient pas à créer un espace dans lequel les Européens éprouvent un sentiment d’appartenance à une même communauté de destin, c’est dans la seule revendication d’identité nationale que les citoyens chercheront refuge.

Le « moteur » franco-allemand a très mal fonctionné depuis dix ans, et il faudra sans doute beaucoup plus que des déclarations chaleureuses pour le relancer. La France doit reconquérir toute sa place dans un tandem où elle n’était plus qu’un partenaire secondaire. Le déséquilibre qui n’a cessé de se creuser cette dernière décennie au fur et à mesure que l’économie allemande prenait le dessus sur sa voisine nous a placés dans une position d’infériorité. Les réformes institutionnelles catastrophiques opérées par le traité de Lisbonne et le « grand élargissement » ont fait le reste : dans le jeu européen, la France pèse aujourd’hui bien moins lourd que l’Allemagne, adossée aux petits pays européens du Nord. Il faut revenir à la parité entre Paris et Berlin, et reconstituer - notamment en rétablissant une relation de confiance avec l’Italie - un équilibre Nord-Sud sans lequel l’Union se brisera tôt ou tard. On ne pourra le faire sans tensions avec l’Allemagne, et le président français devra, pour replacer notre pays au cœur du dispositif européen, aller si nécessaire jusqu’à la crise. Y est-il préparé ? Les mois qui viennent permettront de mesurer sa détermination.

Partout en Europe progressent des mouvements eurosceptiques voire europhobes. Ils ont obtenu la sécession en Grande-Bretagne, sont au pouvoir en Autriche, en Pologne, en Hongrie, possiblement en Italie, constituent respectivement les deuxième et troisième forces politiques en France et en Allemagne. La pensée politique « européenne » d’Emmanuel Macron semble singulièrement isolée…

La construction européenne a été imaginée en deux phases principales : celle d’abord de l’union économique, celle ensuite, à partir de 1973, d’une ouverture à des compétences nouvelles, notamment dans le domaine de la politique étrangère et de la défense. L’union économique peut se construire entre pays ayant, sur le plan politique intérieur, des sensibilités et des pratiques différentes, sous couvert d’un attachement de principe commun à la démocratie. L’union politique et diplomatique suppose un degré beaucoup plus élevé de convergence sur les « valeurs » et sur le fonctionnement concret du système constitutionnel des pays participants. On peut faire une union économique avec beaucoup de partenaires, mais une union politique ne peut s’envisager qu’avec peu de partenaires. L’erreur du traité de Maastricht a été de vouloir réunir les deux démarches dans une seule construction et de rassembler dans une seule maison des partenaires qui ne voulaient pas, selon les sujets, la même chose. L’élargissement aux pays de l’Est a encore aggravé la situation. On a admis au sein de l’Union, dans la précipitation, pour des raisons « morales », des pays qui n’étaient pas prêts à réaliser l’union économique telle que nous l’entendions, et qui étaient encore moins prêts à accepter les valeurs communes nécessaires à la construction de l’union politique. Il existe deux Europe, séparées par les différences d’histoires et de cultures politiques. Ce qui n’est pas pour arranger la vision et l’action européennes d’Emmanuel Macron.

Vous êtes un grand spécialiste de la diplomatie économique. Son passé professionnel, son ADN, sa pensée et ses inspirateurs politiques, enfin son passage à Bercy donnent d’Emmanuel Macron l’image d’un président en rupture avec ses prédécesseurs et plutôt pertinent dans ce domaine. La réalité correspond-elle à l’hypothèse ?

Qu’est-ce que la « diplomatie économique » ? Elle fait distinguer clairement le rôle de l’État et celui de l’entreprise. Le rôle de l’État (et donc de la diplomatie) est d’évaluer les intérêts politiques, économiques, culturels du pays dans le monde. Sur cette base, le ministère des Affaires étrangères et les ambassades apportent aux entreprises françaises un éclairage sur les situations et l’environnement des pays où elles ambitionnent d’investir ; mais ensuite, aux actionnaires et au management des entreprises - et à eux seuls - de décider de leur stratégie dans lesdits pays. Il est d’autant plus essentiel de respecter cette discipline qu’aujourd’hui la notion d’« intérêt national » est complexe à délimiter. Ainsi, ce dernier est-il de favoriser Renault, dont une partie des véhicules est fabriquée en Turquie, ou Toyota, qui investit massivement à Valenciennes ? Est-il de tout entreprendre pour aider au développement international de grandes marques « françaises » de luxe, dont les produits sont partiellement fabriqués hors de nos frontières et dont les propriétaires sont souvent installés à l’étranger ? Ce dilemme, entre la défense de l’emploi en France et la défense d’entreprises porteuses d’une image de la France mais ne participant pas à l’effort national, complique la réflexion. Tout concourt à la même conclusion. Plutôt que de se substituer aux entreprises, il faut les laisser agir. Nicolas Sarkozy et François Hollande ont commis l’un et l’autre l’erreur, pendant leurs déplacements en Chine, de bousculer les dirigeants d’entreprise qui les accompagnaient, pour que ceux-ci signent des contrats prématurés ou risqués. Lors de son voyage en Chine début janvier, Emmanuel Macron a heureusement rompu avec ces pratiques, s’abstenant d’interférer dans les négociations menées par les industriels.

Justement, son savoir-faire en matière nucléaire constitue un élément clé de la stratégie diplomatique de la France. Les vicissitudes financières, judiciaires et technologiques d’Orano (ex-Areva) - qui pénalisent l’ensemble de la filière nucléaire française - l’affectent-elles significativement ?

C’est incontestable. Pourquoi, à l’origine, la Finlande a-t-elle jeté son dévolu sur l’EPR plutôt que sur la technologie russe ? Parce qu’il s’agissait d’un projet franco-allemand. La technologie de l’EPR devait beaucoup aux ingénieurs de KWU, c’est-à-dire de Siemens, fort prisés à Helsinki. Nicolas Sarkozy a tout entrepris pour que Siemens sorte du capital d’Areva, et nous nous sommes retrouvés seuls à porter le projet, face à des Finlandais un peu surpris et certainement amers. Nos divisions internes ont fait le reste. La guerre entre Areva et EDF, notamment sur les projets chinois, s’est développée, et EDF a peu à peu conçu, contre Areva, une stratégie d’alliance avec les partenaires chinois, qu’elle a amenés avec elle sur les projets britanniques. L’éclatement d’Areva, qui a payé les erreurs de gestion d’Anne Lauvergeon, laisse la place libre à une EDF aujourd’hui fortement liée à la Chine. Et en même temps, sur la partie conventionnelle des centrales, Alstom, également démantelé, a cédé ses turbines à General Electric plutôt qu’à Siemens, Une grande ambition européenne s’est évanouie.

Au-delà du nucléaire, comment jugez-vous les premiers pas d’Emmanuel Macron dans cette Chine culturelle, politique, diplomatique que vous connaissez si bien ? La visite qu’il a effectuée en janvier dernier annonce-t-elle un changement profond ou simplement cosmétique des rapports de la France avec Pékin ?

Un simple souvenir. C’était lors du Sommet du G20 à Hangzhou, en 2016. Sur la photo officielle, qui posait aux côtés de Xi Jinping ? Le représentant de la France, qui fut avec éclat le premier grand pays occidental à tendre la main et à sortir la Chine de son isolement ? Non. Le président chinois était entouré d’Angela Merkel, de Recep Tayyip Erdogan et de Vladimir Poutine. François Hollande étant relégué plus loin. Le président français, m’a-t-on rapporté, en avait été blessé. Voilà la réalité dont hérite Emmanuel Macron. La France vue de Pékin pèse peu. Et elle est seule. Elle n’a pas su établir avec l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne (qui reste, malgré le Brexit, un membre important de notre famille) le « pacte européen » qui nous permettrait de peser, ensemble, dans ce très grand pays.

Emmanuel Macron peut-il rétablir la situation ? Pour l’heure, sa politique à l’égard de la Chine n’est pas lisible. Le voyage officiel qu’il a effectué en janvier était une prise de contact - généreusement couverte dans la presse française, au contraire de la presse chinoise. Il faudra de la part du nouveau président des paroles fortes, des actes concrets, des initiatives visibles, pour que les Chinois renouent avec la France un vrai dialogue stratégique.

Les propos d’Emmanuel Macron lors de ce premier déplacement laissent toutefois quelques raisons d’espérer : son attitude, donc, sur le dossier nucléaire ; son intention annoncée de mieux contrôler les investissements chinois dans les secteurs stratégiques ; sa prudence sur le projet des « nouvelles routes de la soie » dans lequel il a choisi, malgré les conseils de certains, de ne pas se précipiter, attendant que les modalités de mise en œuvre et les modalités de financement soient mieux connues. Tout cela reflète une lucidité, utile pour dialoguer sereinement avec Pékin.

Le tour de force constitutionnel de Xi Jinping, dorénavant « autorisé » à régner sans limite au-delà de son mandat actuel, peut-il modifier la stratégie diplomatique de la France à l’égard de la Chine et de ses autres partenaires ?

L’objet de la diplomatie est de servir l’intérêt du pays. La France ne peut définir son action extérieure en fonction des évolutions politiques ou constitutionnelles de ses partenaires. Elle doit considérer d’abord l’importance stratégique de chacun des États avec lesquels elle traite, son influence, ses poids économique, démographique, militaire, scientifique, culturel. Le Général de Gaulle s’est fixé cette règle de conduite dans les affaires internationales : la Chine est et restera, quel que soit son régime, un grand partenaire, parmi d’autres, dans un univers multipolaire.

Or si la France a vu son influence décliner au cours des dernières années, c’est parce qu’elle a cessé de pratiquer ce jeu multipolaire, pour se ranger, comme au temps de la guerre froide, dans « un » camp. En se laissant entraîner dans la douteuse opération de « pacification » en Afghanistan, en réintégrant les structures militaires de l’Otan, en suivant plus souvent que nécessaire les initiatives de Washington, en s’amarrant à des « coalitions occidentales » mal définies, la France a renoncé à faire jouer à l’Europe un rôle spécifique. Et la voici aujourd’hui, en Corée ou ailleurs, enchaînée aux initiatives erratiques du président américain… Le retour à une véritable détente sur la planète passe par la reconstitution d’un monde véritablement multipolaire, dont l’Europe doit être un pilier essentiel.

Diplomatie de Macron : beaucoup d’activisme (Joëlle Garriaud-Maylam)

Diplomatie de Macron : beaucoup d’activisme (Joëlle Garriaud-Maylam)

Joëlle Garriaud-Maylam, sénateur (LR) représentant les Français de l’étranger, secrétaire de la commission des Affaires étrangères, n’est pas la première à critiquer une diplomatie de nature activiste et peu cohérente du président de la république. En fait nombre de ces déplacements sont surtout à usage interne pour renforcer la position de grand chef d’Etat international de Macron, d’autres sont utiles mais beaucoup sont là pour satisfaire la com. du président de la république.  Dans le JDD, la sénatrice Les Républicains Joëlle Garriaud-Maylam attaque la politique étrangère du Président :

« Emmanuel Macron sait parfaitement que notre sécurité et notre développement se jouent à l’étranger. Il sait aussi que l’image joue un rôle fondamental, il en use et en abuse. Aussi travaillée soit-elle, celle-ci ne peut suffire à effacer la réalité des faits ou l’absence de résultats. C’est dans cette dichotomie entre le discours et la réalité que se trouvent la fragilité du ‘en même temps’ macronien et son manque de clarté stratégique. Ce qui risque de créer des questionnements et d’obérer non seulement la lisibilité de l’action de la France, mais aussi sa crédibilité. Même si l’on sait que la diplomatie est un art de la patience et du travail au long terme, les résultats restent minces, au-delà de quelques coups politiques habiles, comme l’exfiltration du Premier ministre libanais Saad Hariri de Riyad. Mais aussi quelques actions précipitées, comme les frappes en Syrie. Si celles-ci étaient justifiées moralement par le refus des armes chimiques, elles étaient trop hâtives pour ne pas donner un sentiment de malaise. Beaucoup pensent que Macron a trop misé sur la scène internationale, avec une boulimie de déplacements un peu désordonnés, pour occulter les difficultés sur le territoire national. À quoi bon une belle image sur papier glacé, quand les médias du monde entier montrent les voitures incendiées et les atteintes à la sécurité sur le territoire français? Pourtant, cette démarche internationale est indispensable à la France. C’est sur cette base que nous pourrons aussi progresser. Mais il faut qu’elle soit réfléchie et construite. Même si nous devons parler à tout le monde, le ‘en même temps’ ne doit pas s’assimiler à un grand écart et occulter des efforts réels. Nous avons beaucoup d’excellents spécialistes des affaires internationales au Quai d’Orsay et ailleurs. Il faudrait sans doute davantage les écouter. »

 

Diplomatie de Macron : beaucoup d’activisme :

Diplomatie de Macron : beaucoup d’activisme :

Claude Martin, ancien ambassadeur en Chine et en Allemagne, brosse un tableau contrasté, et attend du chef de l’État qu’il passe des paroles aux actes. En fait on a du mal à savoir si Macron œuvre pour conforter son image intérieure ou pour réellement peser sur la géopolitique. (Interview la Tribune)

 

 

Quels faits saillants peut-on mettre au crédit et au débit de la politique et des actes du nouveau président de la République ?

CLAUDE MARTIN - Emmanuel Macron a hérité d’une France peu visible et peu audible, affaiblie ces dix dernières années par sa situation économique - manque de compétitivité, instabilité politique et sociale -, par une vision erratique de sa politique à l’extérieur, par la santé vacillante de l’Europe. Ce contexte leste une autre réalité, elle, invariable : mener une action d’envergure est nettement plus difficile sur la scène internationale que sur le plan domestique. En politique étrangère, il faut faire preuve non seulement d’imagination et de volontarisme, mais aussi de clairvoyance, de compétence, de connaissance du terrain, et définir une stratégie. En la matière, il est encore trop tôt pour saisir les intentions et les dispositions du président de la République. Les premiers signes - discours à la Sorbonne et devant l’Acropole démontrant sa détermination européenne ; restauration du dialogue avec la Russie ; prises de position objectives à l’égard des États-Unis - ont été encourageants, car fondés sur le principe, essentiel en diplomatie, du réalisme. Il n’est pas dans le registre de ses deux prédécesseurs qui, en « choisissant » leurs interlocuteurs en fonction de leur degré de « fréquentabilité », ont affaibli l’influence internationale de la France. Dorénavant, l’heure est aux actes, et notamment dans le domaine de l’Europe. La France doit agir comme un guide. C’est véritablement « maintenant » que l’action d’Emmanuel Macron doit s’exprimer et va être jugée.

Vous avez exercé cinquante ans au Quai d’Orsay, et y avez cultivé une grande proximité avec la conception « gaulliste » de la politique internationale de la France. Les premiers pas diplomatiques d’Emmanuel Macron s’en inspirent-ils ?

Le général de Gaulle l’a parfaitement incarné - et cela demeure une règle immuable - : l’Europe, c’est avant tout et fondamentalement un contrat entre la France et l’Allemagne, mobilisant les autres pays moteurs sur une stratégie axée autour de trois objectifs : une politique d’intégration des économies européennes, une politique de défense de l’identité et des spécificités de l’Europe, enfin une politique d’organisation de l’ensemble européen, dont l’élargissement a affaibli la cohésion. Il faut à l’Europe des politiques communes volontaristes. Une Europe de l’action contre celle de l’abstraction.

L’Europe porte des valeurs qui lui sont propres. Les Européens ont en commun une certaine conception de la démocratie, de l’ordre juridique et de la cohésion sociale, ou de la justice. Ils se distinguent par un attachement commun très fort à la nature, à l’environnement, à un art de vivre, qui se reflète jusque dans leur relation à la nourriture. Dans les négociations extérieures de l’Union, avec le Canada ou avec le Mercosur, certains éléments de cette « identité européenne » sont mis en cause. Faut-il y renoncer, pour nous fondre doucement dans le moule mondialiste ? Ou préserver ce qui fait notre différence, une différence à laquelle les Français et les Allemands notamment restent, dans leur majorité, très attachés ? C’est la question qui nous est posée, et à laquelle Emmanuel Macron doit apporter une réponse.

Que doivent entreprendre Angela Merkel et Emmanuel Macron pour que l’axe franco-allemand exerce pleinement son rôle ? Outre-Rhin, la fragile coalition au pouvoir et ce qu’incarne l’impressionnante poussée de l’extrême droite (l’AFD est la troisième formation au Bundestag) peuvent-ils, paradoxalement, le consolider ?

Cette irruption de l’AFD au parlement allemand traduit une montée des peurs, mais surtout une frustration. Les citoyens de tous les pays craignent de perdre, au sein de l’Europe, leur identité. L’Union doit trouver la réponse appropriée à ces craintes, en permettant aux peuples européens de cultiver à la fois une fierté nationale et une fierté européenne, qui ne peut exister que si l’Union développe des politiques mettant en valeur une « identité européenne ». Identité nationale et identité européenne doivent pouvoir se compléter. Si l’Union ne parvient pas à créer un espace dans lequel les Européens éprouvent un sentiment d’appartenance à une même communauté de destin, c’est dans la seule revendication d’identité nationale que les citoyens chercheront refuge.

Le « moteur » franco-allemand a très mal fonctionné depuis dix ans, et il faudra sans doute beaucoup plus que des déclarations chaleureuses pour le relancer. La France doit reconquérir toute sa place dans un tandem où elle n’était plus qu’un partenaire secondaire. Le déséquilibre qui n’a cessé de se creuser cette dernière décennie au fur et à mesure que l’économie allemande prenait le dessus sur sa voisine nous a placés dans une position d’infériorité. Les réformes institutionnelles catastrophiques opérées par le traité de Lisbonne et le « grand élargissement » ont fait le reste : dans le jeu européen, la France pèse aujourd’hui bien moins lourd que l’Allemagne, adossée aux petits pays européens du Nord. Il faut revenir à la parité entre Paris et Berlin, et reconstituer - notamment en rétablissant une relation de confiance avec l’Italie - un équilibre Nord-Sud sans lequel l’Union se brisera tôt ou tard. On ne pourra le faire sans tensions avec l’Allemagne, et le président français devra, pour replacer notre pays au cœur du dispositif européen, aller si nécessaire jusqu’à la crise. Y est-il préparé ? Les mois qui viennent permettront de mesurer sa détermination.

Partout en Europe progressent des mouvements eurosceptiques voire europhobes. Ils ont obtenu la sécession en Grande-Bretagne, sont au pouvoir en Autriche, en Pologne, en Hongrie, possiblement en Italie, constituent respectivement les deuxième et troisième forces politiques en France et en Allemagne. La pensée politique « européenne » d’Emmanuel Macron semble singulièrement isolée…

La construction européenne a été imaginée en deux phases principales : celle d’abord de l’union économique, celle ensuite, à partir de 1973, d’une ouverture à des compétences nouvelles, notamment dans le domaine de la politique étrangère et de la défense. L’union économique peut se construire entre pays ayant, sur le plan politique intérieur, des sensibilités et des pratiques différentes, sous couvert d’un attachement de principe commun à la démocratie. L’union politique et diplomatique suppose un degré beaucoup plus élevé de convergence sur les « valeurs » et sur le fonctionnement concret du système constitutionnel des pays participants. On peut faire une union économique avec beaucoup de partenaires, mais une union politique ne peut s’envisager qu’avec peu de partenaires. L’erreur du traité de Maastricht a été de vouloir réunir les deux démarches dans une seule construction et de rassembler dans une seule maison des partenaires qui ne voulaient pas, selon les sujets, la même chose. L’élargissement aux pays de l’Est a encore aggravé la situation. On a admis au sein de l’Union, dans la précipitation, pour des raisons « morales », des pays qui n’étaient pas prêts à réaliser l’union économique telle que nous l’entendions, et qui étaient encore moins prêts à accepter les valeurs communes nécessaires à la construction de l’union politique. Il existe deux Europe, séparées par les différences d’histoires et de cultures politiques. Ce qui n’est pas pour arranger la vision et l’action européennes d’Emmanuel Macron.

Vous êtes un grand spécialiste de la diplomatie économique. Son passé professionnel, son ADN, sa pensée et ses inspirateurs politiques, enfin son passage à Bercy donnent d’Emmanuel Macron l’image d’un président en rupture avec ses prédécesseurs et plutôt pertinent dans ce domaine. La réalité correspond-elle à l’hypothèse ?

Qu’est-ce que la « diplomatie économique » ? Elle fait distinguer clairement le rôle de l’État et celui de l’entreprise. Le rôle de l’État (et donc de la diplomatie) est d’évaluer les intérêts politiques, économiques, culturels du pays dans le monde. Sur cette base, le ministère des Affaires étrangères et les ambassades apportent aux entreprises françaises un éclairage sur les situations et l’environnement des pays où elles ambitionnent d’investir ; mais ensuite, aux actionnaires et au management des entreprises - et à eux seuls - de décider de leur stratégie dans lesdits pays. Il est d’autant plus essentiel de respecter cette discipline qu’aujourd’hui la notion d’« intérêt national » est complexe à délimiter. Ainsi, ce dernier est-il de favoriser Renault, dont une partie des véhicules est fabriquée en Turquie, ou Toyota, qui investit massivement à Valenciennes ? Est-il de tout entreprendre pour aider au développement international de grandes marques « françaises » de luxe, dont les produits sont partiellement fabriqués hors de nos frontières et dont les propriétaires sont souvent installés à l’étranger ? Ce dilemme, entre la défense de l’emploi en France et la défense d’entreprises porteuses d’une image de la France mais ne participant pas à l’effort national, complique la réflexion. Tout concourt à la même conclusion. Plutôt que de se substituer aux entreprises, il faut les laisser agir. Nicolas Sarkozy et François Hollande ont commis l’un et l’autre l’erreur, pendant leurs déplacements en Chine, de bousculer les dirigeants d’entreprise qui les accompagnaient, pour que ceux-ci signent des contrats prématurés ou risqués. Lors de son voyage en Chine début janvier, Emmanuel Macron a heureusement rompu avec ces pratiques, s’abstenant d’interférer dans les négociations menées par les industriels.

Justement, son savoir-faire en matière nucléaire constitue un élément clé de la stratégie diplomatique de la France. Les vicissitudes financières, judiciaires et technologiques d’Orano (ex-Areva) - qui pénalisent l’ensemble de la filière nucléaire française - l’affectent-elles significativement ?

C’est incontestable. Pourquoi, à l’origine, la Finlande a-t-elle jeté son dévolu sur l’EPR plutôt que sur la technologie russe ? Parce qu’il s’agissait d’un projet franco-allemand. La technologie de l’EPR devait beaucoup aux ingénieurs de KWU, c’est-à-dire de Siemens, fort prisés à Helsinki. Nicolas Sarkozy a tout entrepris pour que Siemens sorte du capital d’Areva, et nous nous sommes retrouvés seuls à porter le projet, face à des Finlandais un peu surpris et certainement amers. Nos divisions internes ont fait le reste. La guerre entre Areva et EDF, notamment sur les projets chinois, s’est développée, et EDF a peu à peu conçu, contre Areva, une stratégie d’alliance avec les partenaires chinois, qu’elle a amenés avec elle sur les projets britanniques. L’éclatement d’Areva, qui a payé les erreurs de gestion d’Anne Lauvergeon, laisse la place libre à une EDF aujourd’hui fortement liée à la Chine. Et en même temps, sur la partie conventionnelle des centrales, Alstom, également démantelé, a cédé ses turbines à General Electric plutôt qu’à Siemens, Une grande ambition européenne s’est évanouie.

Au-delà du nucléaire, comment jugez-vous les premiers pas d’Emmanuel Macron dans cette Chine culturelle, politique, diplomatique que vous connaissez si bien ? La visite qu’il a effectuée en janvier dernier annonce-t-elle un changement profond ou simplement cosmétique des rapports de la France avec Pékin ?

Un simple souvenir. C’était lors du Sommet du G20 à Hangzhou, en 2016. Sur la photo officielle, qui posait aux côtés de Xi Jinping ? Le représentant de la France, qui fut avec éclat le premier grand pays occidental à tendre la main et à sortir la Chine de son isolement ? Non. Le président chinois était entouré d’Angela Merkel, de Recep Tayyip Erdoğan et de Vladimir Poutine. François Hollande étant relégué plus loin. Le président français, m’a-t-on rapporté, en avait été blessé. Voilà la réalité dont hérite Emmanuel Macron. La France vue de Pékin pèse peu. Et elle est seule. Elle n’a pas su établir avec l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne (qui reste, malgré le Brexit, un membre important de notre famille) le « pacte européen » qui nous permettrait de peser, ensemble, dans ce très grand pays.

Emmanuel Macron peut-il rétablir la situation ? Pour l’heure, sa politique à l’égard de la Chine n’est pas lisible. Le voyage officiel qu’il a effectué en janvier était une prise de contact - généreusement couverte dans la presse française, au contraire de la presse chinoise. Il faudra de la part du nouveau président des paroles fortes, des actes concrets, des initiatives visibles, pour que les Chinois renouent avec la France un vrai dialogue stratégique.

Les propos d’Emmanuel Macron lors de ce premier déplacement laissent toutefois quelques raisons d’espérer : son attitude, donc, sur le dossier nucléaire ; son intention annoncée de mieux contrôler les investissements chinois dans les secteurs stratégiques ; sa prudence sur le projet des « nouvelles routes de la soie » dans lequel il a choisi, malgré les conseils de certains, de ne pas se précipiter, attendant que les modalités de mise en œuvre et les modalités de financement soient mieux connues. Tout cela reflète une lucidité, utile pour dialoguer sereinement avec Pékin.

Le tour de force constitutionnel de Xi Jinping, dorénavant « autorisé » à régner sans limite au-delà de son mandat actuel, peut-il modifier la stratégie diplomatique de la France à l’égard de la Chine et de ses autres partenaires ?

L’objet de la diplomatie est de servir l’intérêt du pays. La France ne peut définir son action extérieure en fonction des évolutions politiques ou constitutionnelles de ses partenaires. Elle doit considérer d’abord l’importance stratégique de chacun des États avec lesquels elle traite, son influence, ses poids économique, démographique, militaire, scientifique, culturel. Le Général de Gaulle s’est fixé cette règle de conduite dans les affaires internationales : la Chine est et restera, quel que soit son régime, un grand partenaire, parmi d’autres, dans un univers multipolaire.

Or si la France a vu son influence décliner au cours des dernières années, c’est parce qu’elle a cessé de pratiquer ce jeu multipolaire, pour se ranger, comme au temps de la guerre froide, dans « un » camp. En se laissant entraîner dans la douteuse opération de « pacification » en Afghanistan, en réintégrant les structures militaires de l’Otan, en suivant plus souvent que nécessaire les initiatives de Washington, en s’amarrant à des « coalitions occidentales » mal définies, la France a renoncé à faire jouer à l’Europe un rôle spécifique. Et la voici aujourd’hui, en Corée ou ailleurs, enchaînée aux initiatives erratiques du président américain… Le retour à une véritable détente sur la planète passe par la reconstitution d’un monde véritablement multipolaire, dont l’Europe doit être un pilier essentiel.

 

Rapport Spinetta SNCF : beaucoup de réflexions de bistrot

Rapport Spinetta SNCF : beaucoup de  réflexions de bistrot

 

Pour justifier la réforme SNCF, l’Opinion sort quelques phrases significatives  contenues dans le rapport. Des évidences, des banalités, des lapalissades au surplus truffées de contradictions

 

L’immobilisme n’est plus une option pour la SNCF. Les sept points qui suivent permettent, si besoin était, de s’en convaincre définitivement dit l’Opinion :

« 1/ Le transport ferroviaire n’est pas en déclin. 
Pourtant, sa situation est préoccupante. Elle s’explique avant tout par les incohérences et les insuffisances de la gouvernance publique ».

 

Une évidence car ce sont surtout les pouvoirs publics qui ont imposé le développement de grands investissements notamment le TGV sans prévoir des modes de financement cohérents.

« 2/ Le redressement financier nécessite un effort considérable du groupe public ferroviaire dans un contexte où la masse salariale comme les coûts augmentent d’environ 2% par an. »

 

Encore uen évidence liée au coût  de l’endettement  et au vieillissement des effectifs lié aux suppressions d’emplois.

 

« 3/ L’ouverture à la concurrence a permis une augmentation des trafics, une amélioration de la qualité de service et une réduction des contributions publiques des pays pionniers. Elle apportera une partie de la réponse aux difficultés françaises. »

La concurrence a joué mais dans un environnement concurrentiel assaini.

4/ L’entrée de nouveaux opérateurs mettra en lumière un écart de « compétitivité important entre la SNCF et ses concurrents. Ne pas le prendre en compte serait condamner la SNCF à disparaître des services régionaux et à être gravement pénalisée pour ses autres activités. »

Encore une banalité ;  la SNCF continue de supporter une dette de 45 milliards grandement imputable à l’Etat (et aussi planquée là pour ne pas  alourdir déficit et dette de l’Etat).

 

 

« 5/ Le statut de cheminot est un sujet récurrent indissociable de la recherche d’un accroissement de la compétitivité. »

 

C’est moins le statut qui est en cause que la productivité. Notons que ce statut, qui évolue toujours, est placé sous l’autorité de l’Etat et non de la SNCF.

« 6/ L’entreprise subit le coût d’excédents d’effectifs. La SNCF doit pouvoir recourir pendant deux ans à des plans de départs volontaires. »

 

Ça c’est la recette de cuisine habituelle comme si la SNCF ne procédait  pas à des suppressions régulière d’emplois (il y a eu jusqu’à 500 000 cheminots, ils sont moins de 150 000). Pourquoi 5000 et pas 20 000 ?

« 7/ L’Etat et les régions consacrent plus de 2 milliards par an à des lignes qui ne supportent que 2% du trafic. C’est en redéployant les moyens là où ils sont les plus utiles que le transport ferroviaire pourra retrouver sa place et sa légitimité ; que l’on pourra renforcer et améliorer la desserte des territoires ruraux, avec des solutions adaptées »

Et combien consacre les collectivités à l’entretien et au développement des routes pour un trafic aussi très faible. Faut-il aussi supprimer ces routes ?

 

Voilà comment à coup de serpes et de banalités on pose la problématique ferroviaire. Certes la situation de la SNCF est grave  mis cela fait 50 ans au moins  que ça dure, certes la gestion de la SNCF est très approximative, certes la productivité est insuffisante mais les représentants de l’Etat au conseil d’administration ont toujours entériné avec servilité les décisions  y compris irresponsables et de l’Etat et de la SNCF.

 

Réseaux sociaux : beaucoup d’intox

Réseaux sociaux : beaucoup d’intox

Pour les Français c’est un peu comme à  la Samaritaine, on n’y trouve un peu tout,  le meilleur et le pire.  Pour preuve certains  sites et autres forums sont considérés comme des vecteurs d’intox. . Les réseaux sociaux sont particulièrement visés par les internautes, une critique justifiée dans la mesure où dominent souvent les avis partisans, les informations approximatives voire  la manipulation. Pas étonnant dans la mesure les sites constituent un véritable maquis de quelque 5 millions d’émetteurs. Sur ces 5 millions sans doute à peine quelques centaines présentent  sans doute un intérêt. Ceci étant les Français considère que globalement Internet constitue une source d’information utile.

Usage d’Internet en France

  • 85% des Français ont accès à Internet
  • 74% y accèdent tous les jours – 95% des 18-24 ans
  • En moyenne, on passe 18 heures par semaine sur Internet
  • 93% ont un mobile, 65% un smartphone, 82% un ordinateur, 40% une tablette
  • En moyenne, on passe 58 minutes par jour sur l’Internet mobile
  • 55% des Français utilisent un navigateur, 48% téléchargent des applications
  • 60% des Français ont effectué au moins un achat en ligne en 2016
  • 25% utilisent Internet pour leur recherche d’emploi
  • 56% sont inscrits sur au moins un réseau social
  • En moyenne, on passe 1h16 par jour sur les réseaux sociaux

 

Selon la 6e édition du baromètre publié lundi par l’Acsel (association de l’économie du numérique)  et La Poste, trois Français sur quatre n’ont pas confiance dans les informations qu’ils trouvent sur les réseaux sociaux. Si 75% des Français disent avoir confiance dans les informations des sites de médias en ligne traditionnels, ils ne sont plus que 32% pour celles trouvées sur les forums, et ce chiffre tombe à 25% pour les informations circulant sur les réseaux sociaux. Seule une minorité de personnes estime que les informations trouvées sur Facebook, Twitter ou encore LinkedIn sont neutres (27%) et fiables (29%). Près de neuf Français sur dix (86%) estiment cependant qu’Internet leur permet d’avoir accès à une diversité de points de vue. Au total, 85% des Français utilisent désormais Internet (contre 70% en 2009), et parmi eux, près de 9 sur 10 se connectent quotidiennement.

 

Retraites : beaucoup trop de régimes différents (Antoine Bozio)

Retraites : beaucoup trop de régimes différents (Antoine Bozio)

Dans une interview à la Tribune Antoine Bozio, 39 ans, professeur à la Paris School of Economics et directeur de l’Institut des politiques publiques, analyse les efforts d’économies que  veut réaliser le gouvernement.

Le gouvernement vient d’annoncer un effort d’économies de 13 milliards d’euros pour les collectivités locales d’ici à 2022. Est-ce leur demander beaucoup?

Antoine Bozio:  »Si on prend du recul on voit que sur les dernières 20 années on a eu une très forte hausse des dépenses publiques et que l’essentiel de ces hausses ne vient pas de l’État mais de la Sécurité sociale et des collectivités locales. Dans cette optique je ne trouve pas cette idée aberrante. Si on veut considérer l’efficacité de la dépense publique et la réduire de plusieurs points de PIB, on ne pourra pas mettre à contribution uniquement l’État. Et sur l’ensemble du quinquennat, l’effort de 13 milliards ou 0,6 point de PIB est assez proportionnel à la baisse globale de la dépense publique visée (de trois points du PIB, NDLR). L’ordre de grandeur de l’effort demandé n’est donc pas spécialement grand. »

Il y a-t-il des sources d’économies évidentes pour ces collectivités?

 

« Non. On ne les connaît pas très bien parce que ce sont des choses assez peu étudiées. L’ensemble des suivis d’évaluation des politiques publiques est concentré au niveau national. Du coup on s’est retrouvé à avoir une part plus importante des dépenses publiques au niveau des collectivités locales sans avoir consacré autant d’efforts à leur évaluation et à leur suivi. Nous n’avons ainsi pas une vision claire sur ces dépenses locales et nous avons du mal à identifier les sous-jacents de leur augmentation. »

Pensez-vous que l’exonération de la taxe d’habitation les prive d’un levier important?

« De fait, les marges de manœuvre qui existaient pour jouer sur la taxe d’habitation étaient quand même très faibles pour les collectivités. On ne peut pas dire qu’il y ait une énorme perte de souveraineté en matière locale avec ce retrait-là. Je ne suis pas tellement choqué par cela. Et d’un point de vue économique, il est faux de penser qu’il va y avoir des pertes d’efficacité. En revanche, quand vous avez 10 milliards d’euros de baisses de prélèvements à faire, il faut se demander quelle mesure est la plus efficace. Et pour le coup je ne suis pas sûr que l’exonération de la taxe d’habitation créée beaucoup d’effet sur l’activité et l’emploi. Si j’avais à baisser la fiscalité c’est plutôt sur les taxes sur la production et les cotisations sociales employeur que j’agirais. C’est là où il y a plus d’efficacité générale. »

Est-ce que la réforme du capital voulue par l’exécutif (transformation de l’ISF, prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital) peut avoir des impacts importants ?

« C’est une grande question qui est assez peu consensuelle. Mon point de vue est qu’on part d’une situation où il y a eu un important micmac fiscal lors du quinquennat précédent sur la taxation du capital.  Ainsi, essayer de redonner de la clarté et de la transparence à ce système avec un taux forfaitaire, je ne suis pas contre. Mais il paraît risqué de le faire en même temps que la baisse de l’ISF. À la fin, les seuls gains de cette réforme seront pour les 1% les plus riches et le gouvernement risque de ne pas être capable de justifier cette mesure économiquement. Car je pense que les effets en termes d’activité vont être faibles. Les travaux qui existent pour essayer de montrer l’impact de la fiscalité du capital sur la croissance et l’innovation n’ont pas réussi à mettre en évidence un lien de façon très forte. »

Il n’y a donc aucun bénéfice évident?

« Après, il peut y avoir un effet positif sur l’image de la France à l’étranger et auprès des investisseurs qui serait véhiculé par ce type de réforme. Mais il faudrait que cet effet soit suffisamment fort pour bénéficier aux 99% qui ne vont pas être touchés par ces baisses d’impôts. Si vous faites cela et qu’à la fin vous demandez des efforts qui ne profitent qu’aux 1% des plus riches, c’est difficile à justifier ».

Le gouvernement veut tenter à la fois de baisser les dépenses et les impôts? Cela vous semble-t-il être la bonne stratégie?

« J’y suis plutôt favorable. Le problème c’est que l’idée de faire des économies au sens où l’on fait la même chose 10% moins cher est en grande partie fausse. Le véritable choix c’est d’arrêter de faire des choses avec la dépense publique. Et cela demande d’assumer politiquement ces choix d’arrêter totalement des dépenses inefficaces. La question est donc de savoir comment arriver à réduire les dépenses publiques de façon structurelle. Cela prend du temps et nécessite de la mise en place. Et là il y a un problème avec le timing budgétaire. Si vous dites ‘je tiens à ce timing et à mes baisses d’impôts » et qu’en parallèle vos réductions de dépenses vont prendre plus de temps, vous êtes coincés. C’est pour cela que je pense que ce qui était la première réaction d’Édouard Philippe qui était de reporter un peu plus tard les baisses d’impôts était plutôt la bonne. Là on va probablement faire des coupes budgétaires pas durables et pas très efficaces mais qui permettront de donner le gage du redressement des finances publiques. »

En parlant de choix, vous êtes l’inspiration principale d’Emmanuel Macron pour sa future réforme des retraites

« J’ai été contacté par ses conseillers et leur ai parlé de la réforme que j’avais présentée il y a quelques années. C’est une réforme structurelle du système de retraite vers une réforme de type comptes notionnels et qui avait été mise en place en Suède dans les années 90. Nous avons eu des échanges puis je l’ai présentée à Emmanuel Macron et ils l’ont ensuite intégrée. »

Il s’agit donc d’un système par points?

« Si on veut. C’est un système d’euros crédités sur votre compte individuel et qui est converti en pension ou annuités au moment du départ. Ce système s’ajuste explicitement en fonction des évolutions démographiques, comme l’espérance de vie par génération. »

Mais du coup il semble donner peu de visibilité aux futurs retraités?

« Au contraire, avec ce système, quel que soit le taux de croissance ou l’évolution de la démographie, on peut vous garantir le taux de remplacement (le pourcentage de revenu qu’un salarié a lorsqu’il fait valoir ses droits à la retraite, NDLR). À l’heure actuelle, le système et son équilibre sont dépendants des évolutions économiques, c’est-à-dire la croissance, et démographiques. Avec ce système, on ne peut connaître le taux de remplacement car il faut savoir quelle sera la croissance des 30 prochaines années ce qu’absolument personne ne peut vous dire. Et çà c’est un problème que nous nous sommes nous-mêmes créés. Là, le calcul de votre pension va dépendre de façon explicite de ce que l’on peut vous promettre dans un système par répartition. Toutes les évolutions seront prises en compte pour calculer vos droits. Et cette réforme a un gain important: là le gouvernement pourra allez voir Bruxelles et leur dire ‘maintenant le système est à l’équilibre quelles que soient les conditions économiques’. »

Cela suppose quand même d’ajuster le niveau des cotisations…

« Là les cotisations deviennent l’instrument de politique. On va vous dire ‘voilà ce que vous devez cotiser pour avoir tel taux de remplacement dans un système à l’équilibre’. Si vous voulez plus de retraite, il faut cotiser plus. Mais là dans le système actuel on choisit de vous dire par défaut combien on peut vous offrir avec un petit astérisque qui dit « je ne peux le garantir, cela va nous faire du déficit ». Avec la réforme, il y a un choix politique de visibilité. »

Pourquoi ne pas l’avoir dès lors déjà mis en place?

« Le problème est qu’il faut convertir les droits passés dans le nouveau système en comptes notionnels. Vous pouvez ne mettre dans ce système que les gens qui rentrent sur le marché du travail mais à ce moment-là la transition est extrêmement longue, de l’ordre de 45 ans. Il faut arriver à la raccourcir en touchant les gens à 5 ans de la retraite pour convertir leurs cotisations passées et déterminer leurs droits. Il faut ainsi convertir chaque régime dans le nouveau système. Or la difficulté en France est que l’on a de nombreux régimes différents. Mais c’est aussi ce qui fait un autre intérêt de ce type de réforme. À la fois c’est plus compliqué mais c’est une raison supplémentaire pour aller dans ce sens-là. Il est très difficile de justifier d’avoir 35 régimes différents avec des types de droits différents. C’est quelque chose de perçu comme étant très inégalitaires alors qu’il n’est l’est pas tant que cela. Par exemple les primes dans le public ne sont pas prises en compte dans le calcul de la pension. Mais on a quand même le sentiment que les autres sont mieux traités. »

Mais les dernières prévisions du COR (conseil d’orientation des retraites) avec un équilibre d’ici les années 2040 et non plus 2020, n’appellent-elles pas à une réforme plus urgente et plus rapide à mettre en place?

« Sur les prévisions du COR, je trouve qu’on en fait trop sur chaque révision, dans un côté comme de l’autre. Les dernières prévisions étaient plus optimistes que les précédentes on a alors dit ‘il n’y a plus de problèmes’. Là on a un petit changement. En vérité on a aucune idée de ce qu’il en sera de ses chiffres en 2050, il y a plus que l’épaisseur du trait sur l’incertitude de ces projections. »

Il s’agit d’une réforme structurelle, une autre que veut mettre en œuvre le gouvernement est celle du marché du travail. Quels effets peut-elle produire?

« La réforme du marché du travail reste quelque chose de très compliqué, notamment parce qu’il y a énormément d’incertitudes autour du contenu de la réforme elle-même. Néanmoins, beaucoup d’analyses montrent que quand vous augmentez la flexibilité sur le marché du travail, à court terme cela fait monter le chômage et l’effet positif prend lui plus de temps. Il peut être fort donc, mais à long terme. C’est-à-dire autour de cinq ans. Mais quand on a un taux de chômage élevé on sait qu’à court terme, les effets seront négatifs. Même si le gouvernement peut peut-être tabler sur le fait que la conjoncture va aller mieux pour diminuer ces effets. »

Est-ce que vous n’avez pas parfois l’impression que la France est irréformable?

« Je ne crois pas à une quelconque explication culturaliste sur ce sujet. Je crois que les gens sont tout à fait capables de défendre ce qu’ils pensent être bon pour eux ou leur pays. Les Français seraient pour les réformes s’ils pensaient qu’elles étaient une bonne chose. Le problème est que l’on a du mal à faire émerger un consensus sur ces sujets économiques. En France on a tendance à penser qu’il suffit de convaincre une centaine d’énarques pour savoir quelle est la bonne politique à faire et qu’ensuite tout le monde doit être au garde-à-vous pour que cela marche. Or il faut que les gens bougent d’une façon plus large dans le grand public, dans les syndicats, les entreprises, que tout le monde soit convaincu que la politique c’est la bonne voie pour arriver à régler les problèmes. Personne ne pense que le chômage est une bonne chose. »

De plus en plus de jeunes chercheurs en économie partent aux États-Unis. Qu’est-ce qui explique cet exode?

« Ils partent aussi en Angleterre voire en Suisse et aux Pays-Bas. Même s’il est vrai que dans la recherche économique, il y a une domination très forte des États-Unis. Il y a aussi des raisons qui les motivent pour l’intérêt de leurs recherches: ils ont des assistants et sont dans des universités où ils sont aux côtés de trente des meilleurs spécialistes d’un domaine. Ce qui leur permet d’améliorer alors leur carrière et leurs travaux. C’est une bonne chose que nos chercheurs partent voir ce qu’il se fait dans les meilleurs endroits du monde en recherche. Ce serait dramatique s’ils ne le faisaient pas. Cela dit, les Français ont plutôt tendance à revenir. À la Paris School of Economics, nous essayons de nous mettre à niveau. Mais la concurrence avec les meilleures universités américaines est très difficile car elles ont des moyens qui sont colossaux. Et il ne s’agit pas seulement des États-Unis: la Chine investit des milliards dans ses universités pour le classer au meilleur niveau mondial. »

Voiture électrique : encore beaucoup trop chère

Voiture électrique : encore beaucoup trop chère

 

La décision du gouvernement exprimé par Nicolas Hulot d’interdire aussi bien la voiture à essence que la voiture diesel à partir de 2040 constitue à l’évidence une bonne mesure de régulation qui ne se limite pas comme trop souvent à des hausses de fiscalité. Reste qu’il conviendra de prévoir la conversion de l’appareil de production chez les constructeurs automobiles. Aussi de faire des progrès en matière de batteries électriques pour effectuer au-delà des 200 km réels qu’on peut faire avec un véhicule électrique.  des évolutions qui sont sans doute possible à échéance de 2040.  se posent cependant le problème plus délicat de l’accessibilité économique à ces nouveaux véhicules. Des véhicules aujourd’hui d’un prix de l’ordre de 40 000 € soient à peu près le double d’une voiture classique. la part consacrée au transport par les ménages est déjà considérable : autour de 15 % du revenu, c’est le deuxième poste après le logement. L’objectif devrait donc pour les industriels de l’automobile de mettre au point un véhicule dont le coût ne dépasse pas 20 000 €. Il faudra aussi prévoir un réseau de bornes de rechargement en particulier dans les grandes villes. L’automobile européenne devra être encouragée dans la mesure où les Chinois ont pris une certaine avance dans ce domaine à la fois en termes de technologie et de diffusion. Notamment grâce à un soutien des pouvoirs publics

Beaucoup de banques sans avenir » (Nicolas Véron)

Beaucoup de banques sans avenir » (Nicolas Véron)

Après les tests effectués par la BCE des inquiétudes se font jour quant à l’avenir de certaines banques ; pas forcément en France où le secteur est relativement solide. Nicolas Véron, économiste auprès du think tank Bruegel et du Peterson Institute à Washington, la santé des banques européennes, italiennes en tête, n’est pas encore au beau fixe.

 

Comment interprétez-vous les stress tests bancaires publiés vendredi par l’Autorité bancaire européenne ?
Les précédents, réalisés en 2014, portaient sur plus de cent grandes banques de l’Union ­européenne, contre 51 aujourd’hui. C’est un choix plus pragmatique, vu la lourdeur de l’exercice, et plus politique. La Banque centrale ­européenne (BCE) a stressé en parallèle des dizaines de banques plus petites et plus fragiles dont les résultats ne seront pas dévoilés. Les résultats de d vendredi ne contiennent pas d’éléments de couperet sur les seuils. Ils n’indiquent donc pas le niveau de capital nécessaire pour un établissement. C’est un signal d’inconfort et d’ambiguïté de la part des autorités de surveillance européennes. Nous sommes dans une séquence encore très politique. À la BCE de convaincre les marchés que les banques saines le sont vraiment.

 

 

Ces résultats risquent-ils de semer la panique sur les marchés lundi?
Je ne le crois pas. Pas plus que je ne pense qu’ils vont frapper les valeurs bancaires déjà déprimées. Il n’y a pas beaucoup de surprises. Le cas de Banca Monte dei Paschi di Siena, plus mauvais élève de ce classement, était largement anticipé. En outre, juste avant la publication des tests, la banque a annoncé un plan de sauvetage qui doit encore être approuvé par les autorités européennes. On a remis un jeton dans la machine. Le moment de vérité viendra après le référendum italien sur la révision constitutionnelle, qui sera crucial pour la carrière de Matteo Renzi. S’agissant de la douzaine d’autres banques révélant une certaine faiblesse, la plus grande surprise est venue de la britannique Royal Bank of Scotland et des deux grandes banques irlandaises, Allied et Bank of Ireland. Toutes ont été nationalisées après la crise de 2008. Cela indique qu’elles ont encore besoin d’être réparées et que leur privatisation n’est pas pour demain.

Les banques italiennes lestées de créances douteuses peuvent-elles engendrer un risque systémique?
Le problème est circonscrit. C’est le dernier problème bancaire national de la zone euro. La BCE a déjà fait beaucoup depuis six mois pour pousser les banques à nettoyer leur bilan et à reconstituer leurs fonds propres. Elle se heurte néanmoins à des blocages politico-administratifs. Recréer une zone de confiance va prendre du temps.

À quoi sont liés les problèmes des banques européennes dans leur globalité?
Il reste des questions de solvabilité au Portugal et dans certaines banques publiques allemandes. Et il y a un problème beaucoup plus diffus et général de rentabilité. Il est lié aux taux bas de la BCE, qui compriment les marges du secteur, et au fait que les acteurs bancaires européens ont des coûts très élevés et n’ont pas encore tiré toutes les leçons de la crise en matière de modèle économique et de restructuration. Beaucoup de banques sont viables mais n’ont plus d’avenir. On peut s’attendre à des mouvements de consolidation, mais même pour cela la confiance entre acteurs doit revenir.

 

Comment protéger les épargnants face aux cas de défaillance des banques?
Jusqu’à 100.000 euros de dépôt, les petits déposants sont protégés par l’État. Mais pour les autres produits d’épargne, comme les obligations ou actions, les cas de figure varient d’un État à un autre en fonction de sa législation. C’est une des leçons qu’il faut tirer de l’épisode italien, un scandale où des milliers d’épargnants ont acheté des produits à risques proposés comme sûrs par leurs banques. Nous devons faire évoluer nos habitudes d’épargne vers plus de clarté pour savoir.

Beaucoup de banques sans avenir » (Nicolas Véron)

Beaucoup de banques sans avenir » (Nicolas Véron)

Après les tests effectués par la BCE des inquiétudes se font jour quant à l’avenir de certaines banques ; pas forcément en France où le secteur est relativement solide. Nicolas Véron, économiste auprès du think tank Bruegel et du Peterson Institute à Washington, la santé des banques européennes, italiennes en tête, n’est pas encore au beau fixe.

 

Comment interprétez-vous les stress tests bancaires publiés vendredi par l’Autorité bancaire européenne ?
Les précédents, réalisés en 2014, portaient sur plus de cent grandes banques de l’Union ­européenne, contre 51 aujourd’hui. C’est un choix plus pragmatique, vu la lourdeur de l’exercice, et plus politique. La Banque centrale ­européenne (BCE) a stressé en parallèle des dizaines de banques plus petites et plus fragiles dont les résultats ne seront pas dévoilés. Les résultats de d vendredi ne contiennent pas d’éléments de couperet sur les seuils. Ils n’indiquent donc pas le niveau de capital nécessaire pour un établissement. C’est un signal d’inconfort et d’ambiguïté de la part des autorités de surveillance européennes. Nous sommes dans une séquence encore très politique. À la BCE de convaincre les marchés que les banques saines le sont vraiment.

 

 

Ces résultats risquent-ils de semer la panique sur les marchés lundi?
Je ne le crois pas. Pas plus que je ne pense qu’ils vont frapper les valeurs bancaires déjà déprimées. Il n’y a pas beaucoup de surprises. Le cas de Banca Monte dei Paschi di Siena, plus mauvais élève de ce classement, était largement anticipé. En outre, juste avant la publication des tests, la banque a annoncé un plan de sauvetage qui doit encore être approuvé par les autorités européennes. On a remis un jeton dans la machine. Le moment de vérité viendra après le référendum italien sur la révision constitutionnelle, qui sera crucial pour la carrière de Matteo Renzi. S’agissant de la douzaine d’autres banques révélant une certaine faiblesse, la plus grande surprise est venue de la britannique Royal Bank of Scotland et des deux grandes banques irlandaises, Allied et Bank of Ireland. Toutes ont été nationalisées après la crise de 2008. Cela indique qu’elles ont encore besoin d’être réparées et que leur privatisation n’est pas pour demain.

Les banques italiennes lestées de créances douteuses peuvent-elles engendrer un risque systémique?
Le problème est circonscrit. C’est le dernier problème bancaire national de la zone euro. La BCE a déjà fait beaucoup depuis six mois pour pousser les banques à nettoyer leur bilan et à reconstituer leurs fonds propres. Elle se heurte néanmoins à des blocages politico-administratifs. Recréer une zone de confiance va prendre du temps.

À quoi sont liés les problèmes des banques européennes dans leur globalité?
Il reste des questions de solvabilité au Portugal et dans certaines banques publiques allemandes. Et il y a un problème beaucoup plus diffus et général de rentabilité. Il est lié aux taux bas de la BCE, qui compriment les marges du secteur, et au fait que les acteurs bancaires européens ont des coûts très élevés et n’ont pas encore tiré toutes les leçons de la crise en matière de modèle économique et de restructuration. Beaucoup de banques sont viables mais n’ont plus d’avenir. On peut s’attendre à des mouvements de consolidation, mais même pour cela la confiance entre acteurs doit revenir.

 

Comment protéger les épargnants face aux cas de défaillance des banques?
Jusqu’à 100.000 euros de dépôt, les petits déposants sont protégés par l’État. Mais pour les autres produits d’épargne, comme les obligations ou actions, les cas de figure varient d’un État à un autre en fonction de sa législation. C’est une des leçons qu’il faut tirer de l’épisode italien, un scandale où des milliers d’épargnants ont acheté des produits à risques proposés comme sûrs par leurs banques. Nous devons faire évoluer nos habitudes d’épargne vers plus de clarté pour savoir.

Terrorisme : des critiques de la droite mais beaucoup de « yaka » !

Terrorisme : des critiques de la droite mais beaucoup de « yaka » !  

 

 

Au moment où les Français sont plus de 60 % à réclamer un gouvernement d’union nationale pour mieux lutter contre le terrorisme, la droite, elle a choisi la stratégie de la division et du yaka. En réalité chaque grand leader des républicains se positionne surtout dans la perspective des primaires de la droite. Du coup les propositions de l’opposition ressemblent assez à une auberge espagnole. Beaucoup de yaka à et de bla-bla qui démontrent  à la fois le climat de désarroi de la classe politique et la démagogie de certains de ses membres.  Jean-François Copé a ainsi très vite évoqué des « valeurs » et une « identité » « attaquées », ajoutant qu’un changement de stratégie était nécessaire : « Arrêtons de reculer! » Une demi-heure plus tard, son ancien adversaire pour la présidence de l’UMP et candidat lui aussi à la primaire de droite, François Fillon, parlait sur Twitter d’un « acte abominable, lâche et révoltant », mais appelait déjà à l’action, lui qui déclarait au JDD que la lutte contre l’Etat islamique revêtait la forme d’une « guerre mondiale« . Si deux tiers des Français se déclarent favorables à un gouvernement d’union nationale face au défi du terrorisme, selon un sondage Ifop pour le JDD, plusieurs membres des Républicains ont décidé de jouer la partition inverse, en avançant que l’opposition se devait d’être une sorte de contrepoids aux décisions de l’exécutif en matière de sécurité. Ainsi le député Georges Fenech, président de la commission d’enquête sur les attentats de 2015, renvoyait également sur Twitter l’union nationale à de la pure fiction : « L’unité nationale est à double sens! Le gouvernement doit écouter l’opposition solidaire. »  De son côté, Nicolas Sarkozy a insisté mardi en début d’après-midi sur la nécessité de se montrer « impitoyables » envers les terroristes : « Les arguties juridiques, les précautions [...] les prétextes à une action incomplète ne sont plus admissibles. » Le président du parti Les Républicains a exhorté François Hollande à appliquer « sans délai » les propositions de la droite en matière de lutte contre le terrorisme. Quelles sont-elles? En premier lieu, l’ancien chef de l’Etat préconise de faire de la consultation de sites Internet « djihadistes » un délit, une mesure que beaucoup soutiennent à droite. Il exige également la création de centres de déradicalisation, chose prévue par le gouvernement avec l’ouverture du premier bâtiment de ce type à Beaumont-en-Véron (Indre-et-Loire), en septembre, comme le relevait récemment France TV Info. L’un des agresseurs de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray était fiché « S ». Nicolas Sarkozy proposait récemment la construction d’un centre de rétention pour ces individus, rappelant sur certains points le centre de Guantanamo, à Cuba, qui accueille les personnes suspectées de terrorisme contre les Etats-Unis. Autre proposition choc du futur candidat à la primaire : la fermeture des lieux de culte salafistes avec l’expulsion des imams qui y prêchent. Rejoint par Nathalie Kosciusko-Morizet sur ce point, l’ancien président de la République veut apparaître comme le rempart de droite à la supposée dérive de la gauche en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Après l’attentat de Nice le 14 juillet, Nicolas Sarkozy avait attendu trois jours pour détailler les mesures nécessaires selon lui pour tenter d’éviter d’autres attentats. Ce mardi, le président des Républicains s’est exprimé moins de cinq heures après les faits.

(Avec le JDD)

iphone : beaucoup trop cher ?

iphone : beaucoup trop cher ?

 

Le patron d’Apple reconnait enfin que le prix de vente est trop élevé. Pas étonnant le coût de fabrication ne dépasse pas 200 dollars alors que le prix en Inde où Tim Cook s’est exprimé atteint presque 800 dollars. Alors que les ventes d’Iphone reculent et que la marque peine à s’imposer en Inde, Tim Cook vient pour la première fois de reconnaître que le prix du smartphone était peut-être trop élevé. C’est une première. Jamais un président d’Apple n’avait reconnu auparavant que ses produits étaient trop chers. Et pourtant c’est bel et bien ce que vient de faire Tim Cook au cours d’une émission de télé en Inde. « Je reconnais que les prix [de l'Iphone] sont élevés, a déclaré le patron d’Apple. Nous voulons essayer d’y remédier avec le temps mais dans la mesure du possible, sans abaisser notre niveau de qualité. » Le président d’Apple était notamment interrogé sur les écarts de prix de l’Iphone selon les pays. En Inde par exemple, le smartphone à la pomme débute à 784 dollars, soit 31% de plus qu’aux États-Unis. Alors que le PIB par habitant se situe aux alentours de 1.500 dollars, contre 54.000 aux États-Unis. Et il n’y a pas qu’en Inde. En France aussi, on avait pu constater de gros écarts de prix au moment du lancement du petit dernier iPhone SE au prix de 500 à .600euros   Du coup il ne fait pas s’étonner que les ventes stagnent et même diminuent en 2016 d’autant que le prix n’est pas justifié par une augmentation très notable de la performance.  La différence s’explique par les politiques fiscales qui diffèrent selon les pays. « Nous devons tenir compte des droits de douane et des taxes lorsque nous établissons un prix, reconnaît Tim Cook. Et celui-ci est souvent très élevé, mais notre rentabilité est moins élevée en Inde, sensiblement moins. »  Est-ce qu’Apple va revoir sa politique tarifaire et accepter d’entamer ses marges colossales pour concurrencer les appareils Android sur les prix? Certainement pas. Si Tim Cook reconnaît qu’il y a quelques ajustements à faire, pas question pour Apple de changer de stratégie. « Nous allons continuer à faire des produits avec un haut niveau de qualité et c’est pour cela que nous n’allons pas concurrencer les autres marques sur les prix. » Alors qu’Apple a enregistré pour la première fois en 2016 un recul de ses ventes d’iPhone, la firme est pressée de réagir. Mais se lancer dans une guerre des prix serait un revirement stratégique trop brutal pour Apple… et sans doute contre-productif. En dehors de quelques pays comme l’Inde où le prix est trop décalé par rapport au pouvoir d’achat moyen, le recul des ventes ne s’explique pas par un prix trop élevé mais par un manque d’innovation perçu par le consommateur. Aux États-Unis par exemple, les ventes sont moins flamboyantes qu’il y a un an et pourtant le prix est le même. Le problème vient du rythme de renouvellement qui s’allonge. Il est passé en 2015 de 24 à 28 mois, avant de grimper à 29 mois en ce début d’année selon Citigroup. La motivation pour changer d’iPhone n’a jamais été le prix attractif et Tim Cook le sait. Les seuls leviers de la firme à la pomme sont l’innovation et le design. Et les deux semblent un peu grippés depuis quelques mois maintenant…

 

(BFM)

Une centaine de Molenbeek : « beaucoup de responsables n’ont pas compris ce qui se passe dans les quartiers » (maire de Sarcelles)

Une centaine de Molenbeek : « beaucoup de responsables n’ont pas compris ce qui se passe dans les quartiers » (maire de Sarcelles)

 

 

 

Interview dans challenges du Député socialiste, maire de Sarcelles et président de l’Agence Nationale pour la rénovation Urbaine,

Patrick Kanner, le ministre de la ville, a déclaré qu’une centaine de quartiers présentaient des similitudes avec Molenbeek. A-t-il raison?

Oui, surtout quand je vois les réactions que cela suscite. Beaucoup de responsables politiques n’ont pas compris ce qui se passe dans ces quartiers. Ils sont incapables de conceptualiser la ghettoïsation. Dans ces cités déstructurées, il y des individus qui peuvent basculer de la délinquance au terrorisme. C’est ce qui s’est passé pour la quasi-totalité des terroristes en France.

En tant que maire de Sarcelles, comment vivez-vous cette radicalisation. Et comment réagir?

Notre plus grande difficulté, c’est que les islamistes ont identifié nos quartiers difficiles comme un terreau pour y recruter de potentiels terroristes. Nous sommes confrontés à une véritable entreprise de déstabilisation. L’Etat doit réagir mais il ne doit pas le faire seul. Il faut créer une task force associant les administrations centrales et les élus locaux afin d’échanger les informations de façon systématique. Par exemple, à Sarcelles, deux écoles coraniques viennent d’ouvrir, en toute légalité. Il faut que toutes les informations sur ces écoles, que certains soupçonnent d’abriter des réseaux salafistes, soient partagées. Les échanges existent mais ils sont liés aux relations amicales entre élus et responsables d’administrations. Il faut les systématiser.

Manuel Valls avait dénoncé l’apartheid « territorial, social et ethnique », il y a plus d’un an. Depuis, qu’est ce qui a changé?

Le premier ministre a défini une stratégie très offensive pour lutter contre les cités ghettos. Mais elle tarde à se mettre en place. Le Premier ministre a bien compris qu’il faut arrêter de concentrer les ménages les plus pauvres dans les villes en difficulté. Mais les préfets appliquent encore le Dalo, le droit au logement, et ils affectent les ménages les plus modestes dans les cités qui ont le plus de logements sociaux. La politique de peuplement, qui visait à casser les ghettos, n’est pas encore visible. On ne change pas des habitudes prises pendant 30 à 40 ans aussi vite.

Manuel Valls voulait aussi obliger les communes riches à construire des logements sociaux…

Oui, la pression est montée. Les préfets ont même réquisitionnés 70 terrains dans les communes qui refusaient d’appliquer la loi qui leur impose 25% de logements sociaux. Mais il faut faire très attention au type de logement social que vont construire les communes riches. Si ce sont des logements pour classes moyennes, cela risque de siphonner ces populations qui restent encore dans nos banlieues difficiles. Il faut imposer aux villes riches d’accueillir les ménages les plus en difficulté.

État d’urgence : pour trois mois ou beaucoup plus longtemps ?

 

État d’urgence : pour trois mois ou beaucoup plus longtemps ?

Dans un premier temps, l’état d’urgence devrait être prolongé de trois mois mais Manuel Valls a évoqué une poursuite «le temps qu’il faudra». Dans une interview à la BBC le premier ministre n’a pas exclu une très longue prolongation de cet état d’urgence qui pourrait même durer le temps d’une génération. Comme d’habitude la gauche de la gauche pousse des cris d’orfraie considérant que les droits fondamentaux sont remis en cause. Sur Twitter, l’ex-ministre du Logement Cécile Duflot y voyait «la fin de l’état de droit». D’autres déclarations à gauche vont dans le même sens. Pourtant l’opinion publique soutient à une très forte majorité l’ensemble des dispositions permettant aux forces de l’ordre et à la justice de mieux lutter contre un terrorisme dont il est difficile de prévoir la fin. En outre il faut bien convenir que les mesures permises par l’état d’urgence sont peu contraignantes pour la quasi totalité des personnes résidant en France. Le fait par exemple d’être obligé d’ouvrir le coffre de sa voiture aux fins de vérification ne saurait constituer  une atteinte fondamentale aux libertés. Sauf évidemment pour ceux  qui ont quelque chose à se reprocher. Certes il ira bien ici ou là quelques bavures mais l’environnement démocratique du pays permettra rapidement de les régler. L’état d’urgence en France, en vigueur depuis la nuit du 13 au 14 novembre dernier à la suite des attentats à Paris et Saint-Denis, sera donc prolongé après le 26 février. L’Elysée a en effet annoncé vendredi la prolongation de l’état d’urgence pour trois mois supplémentaires. «Le Président de la République a annoncé que, face à la menace terroriste, le gouvernement présenterait au Conseil des ministres du 3 février 2016 un projet de loi prolongeant l’état d’urgence pour une durée de trois mois», indique l’Elysée dans un communiqué. Par ailleurs, l’Elysée souligne que «le même Conseil des ministres délibérera sur le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et son financement, l’efficacité et les garanties de la procédure pénale. Enfin, le Président de la République a demandé au Premier ministre de présenter mercredi prochain lors de son audition par la Commission des Lois les avant-projets de loi d’application de la révision constitutionnelle». Un peu plus tôt dans la journée, le premier ministre avait déclaré, en marge du Forum de Davos, que la situation serait prolongée «le temps qu’il faudra». Il avait affirmé à la BBC que la France pouvait «utiliser tous les moyens» face au terrorisme «jusqu’à ce qu’on puisse en finir» avec le groupe Etat islamique (EI). «En Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, nous devons éliminer Daech, expliquait-il à la BBC. «La guerre, c’est utiliser tous les moyens dans notre démocratie pour protéger les Français. Donc, c’est en effet l’état d’urgence. Nous allons voir si nous allons le prolonger», avait ajouté le premier ministre.  «Jusqu’à quand?» avait demandé la journaliste. «Le temps nécessaire. Nous ne pouvons pas vivre tout le temps avec l’état d’urgence. Mais tant que la menace est là, nous pouvons utiliser tous les moyens», avait répondu Manuel Valls. «Est-ce que vous pouvez en finir? Beaucoup disent que c’est le combat d’une génération… 30 ans…», lui demandait alors la BBC. «Je le crois. Et il faut dire la vérité, pas seulement aux Français mais à tous ceux qui sont concernés par le terrorisme. C’est une génération qui peut être concernée par cette guerre», assurait le chef du gouvernement.

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