La BCE devrait rester dans l’immobilisme
La BCE toucher à son arsenal de mesures anti-crise -rachat d’obligations publiques et prêts généreux aux banques-, malgré la dégradation de la situation économique en zone euro et le regain de la crise de la dette. Alors que depuis le début de l’année, le président de la BCE Mario Draghi se montrait confiant dans une « reprise graduelle » de l’économie, il devrait être plus prudent cette fois dans son analyse de la situation, estime Annalisa Piazza, du courtier Newedge. »Le réalisme a supplanté l’espoir », renchérit son confrère d’ING Carsten Brzeski, alors que les chiffres publiés mercredi par la société Markit montrent que l’activité dans l’industrie manufacturière s’est fortement contractée en avril dans la zone euro, retombant à son plus bas niveau en près de trois ans. Le chômage atteint par ailleurs des sommets dans certains pays, la récession guette tandis que l’Espagne, qui cumule déjà récession et chômage record de 24,4%, est dans la ligne de mire des marchés obligataires. Pour autant, la BCE « va résister aux pressions l’appelant à adopter des mesures plus audacieuses », juge Jennifer McKeown, de Capital Economics. L’institution monétaire de Francfort estime en avoir déjà beaucoup fait pour tenter de sortir la région de la crise, en prêtant des montants illimités de liquidités bon marché aux banques pour des périodes allant jusqu’à trois ans, et en adoptant un programme de rachat d’obligations publiques sur le marché secondaire qui a soulagé les pays confrontés à l’envol de leurs taux d’emprunt. Elle commence aussi à s’inquiéter des critiques formulées par des responsables politiques européens à l’égard de l’austérité prônée à Berlin, Bruxelles et Francfort, pour sortir de la crise et qui réclament qu’on en fasse plus pour la croissance. M. Draghi en a pris acte la semaine dernière, évoquant devant le Parlement européen la nécessité d’un « pacte de croissance » à côté du « pacte budgétaire ». Mais selon lui, cela passe par des mesures structurelles et non la relance des dépenses réclamée par certains. Les économistes attendent qu’il précise sa pensée à ce sujet lors de la conférence de presse qui suit la décision sur les taux. Présence en Espagne oblige, il devra sans doute aussi affronter un feu de questions sur ce pays tandis qu’à l’extérieur du centre de conférence un dispositif policier exceptionnel sera déployé par crainte des violences. Les « indignés » espagnols ont en effet annoncé qu’ils organiseraient un « sommet alternatif ».