Balkany, une baronnie comme beaucoup d’autres
Dune certaine manière, il n’est pas surprenant que se développent des baronnies à intérieur de la monarchie républicaine française. Cette monarchie républicaine repose en effet sur les piliers de certaines baronnies, sortes de charges accordées par le monarque à ses plus fidèles courtisans. On voit bien par exemple comment sont désignées les candidatures aux élections municipales. Pour les grandes villes, les charges sont attribuées aux oligarques et aux grands courtisans locaux. Cela vaut pour la plupart des grandes agglomérations y compris Paris. Certes ces candidats s’enracinent ensuite mais à l’origine ils sont pour la plupart étrangers à la circonscription transformée en principauté politique. C’était vrai pour Chirac, pour Juppé, pour Mitterrand, pour Hollande plus récemment Griveaux à Paris.
Certains détenteurs de ces charges se croient alors propriétaire de leurs terres électorales avec tous les privilèges y afférents. Des privilèges dont ils bénéficient le plus souvent de manière assez discrète mais des privilèges réels. D’autres sont moins discrets et se comportent comme des parvenus. Ce sont ceux-là que la justice est bien contrainte de punir car leur exhibitionnisme et leurs excès mettent en cause tout le système dont bénéficie de nombreux élus. Des élus qui ont transformé la fonction en carrière.
Patrick Balkany a sans doute poussé le bouchon un peu loin ; il faut dire qu’il ne respire pas l’intelligence contrairement à son épouse autrement plus stratège. Que reproche que reproche-t-on au prince de Levallois dit Isabelle Balkany sans complexe ? « La population nous soutient y compris lors des élections, dès leur la justice française n’a pas lieu d’intervenir dans cette baronnie » ! Pourtant les excès tout autant que la désinvolture de Patrick Balkany ont conduit quand même la justice à le condamner vendredi à quatre ans de prison ferme pour fraude fiscale et aussitôt envoyé en détention, au terme d’un procès qui sonne comme un premier revers judiciaire pour le maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), sous la menace d’une peine plus lourde encore dans une autre procédure.
Son épouse Isabelle, qui est également sa première adjointe à Levallois, a pour sa part été condamnée à trois ans ferme par le tribunal correctionnel de Paris mais elle a échappé au mandat de dépôt et donc à la prison, au moins pour le moment.
Celui qui s’est fait élire à la mairie pour la première fois en 1983 a également écopé d’une peine d’inéligibilité de dix ans – le maximum possible – tout comme son épouse.
Un deuxième jugement attend le couple, le 18 octobre, cette fois pour corruption et blanchiment de fraude fiscale aggravé. Dans ce deuxième volet de l’affaire Balkany, le parquet a demandé une peine de sept ans contre le maire.