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Premier ministre–Bayrou encore plus fragile que Barnier ?

Premier ministre–Bayrou encore plus  fragile que Barnier ?

 

 Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou premier ministre, suite à la censure du gouvernement Barnier du 4 décembre. Mais François Bayrou peut-il « durer » plus longtemps que son prédécesseur à Matignon ? Quelle sera la position du PS, des écologistes et des communistes, désormais ouverts à la possibilité d’une négociation ? Entretien avec le politiste Rémi Lefebvre. (dans « The Conversation »).  

 

Quelle est votre réaction à la nomination de François Bayrou ?

Rémi Lefebvre : On a pu avoir qu’Emmanuel Macron avait amorcé un changement de méthode en convoquant les partis politiques à l’Élysée. C’était tout à fait inédit avec un président de la République qui animait directement la réunion. Or, finalement, Emmanuel Macron est revenu finalement à la méthode traditionnelle : il a nommé quelqu’un de son camp, François Bayrou.

Le MoDem de François Bayrou a un groupe parlementaire encore plus faible que les LR de Michel Barnier. Au fond, Emmanuel Macron réitère donc la formule d’un premier ministre issu d’une majorité largement battue aux législatives 2024 et censurée il y a quelques jours. On ne voit pas bien du tout l’issue, on ne voit pas en quoi cette solution pourrait amener plus de stabilité et plus d’ouverture.

La base de la légitimité de François Bayrou est encore plus fragile que celle de Michel Barnier. Ce dernier avait constitué son gouvernement avec l’accord implicite de non-censure, au moins provisoire, du Rassemblement National. C’est clairement, qui avait pesé sur les négociations. Bayrou lui, n’a aucun accord de non-censure pour l’instant, même s’il faut être prudent car les choses peuvent bouger.

Dans l’immédiat, on peut penser que les socialistes ne vont pas le censurer, mais que leur soutien sera négocié au cas par cas, de manière très sourcilleuse. Par ailleurs, les relations entre François Bayrou et Les Républicains sont exécrables – Nicolas Sarkozy a d’ailleurs tout fait pour saborder sa candidature. Cela veut dire qu’aujourd’hui, la base de légitimité de Bayrou, c’est en gros 150 députés, ce qui est extrêmement faible.

Finalement Emmanuel Macron n’a pas pris en compte le scrutin législatif, ni la censure, et en plus, il ne veut pas du tout remettre en cause de sa politique.

Avec Michel Barnier, Emmanuel Macron avait construit un attelage qui s’appuyait sur sur le RN et désormais, il propose une méthode qui exclut le RN et qui remet la barre un peu plus à plus à gauche. Quelle est la cohérence politique ?

R.L : Emmanuel Macron, fait penser à un bateau ivre. En fait, il est complètement aux abois, avec très peu de marges de manœuvre. Cette impasse stratégique est aussi liée à son erreur de ne pas nommer un premier ministre issu de la gauche. Ce choix aurait « purgé » l’hypothèse de gauche et lui aurait permis de retrouver de la légitimité en nommant dans un second temps un premier ministre de son camp. Désormais, il apparaît comme coincé dans la logique de son choix initial.

Du côté de la gauche, il y a eu un bougé important : le PS, les écologistes et les communistes ont accepté d’entrer dans le jeu de la négociation en participant à la réunion des partis « républicains » voulue par Emmanuel Macron. Ils ne sont donc plus sur une posture de censure a priori comme c’était le cas vis-à-vis de Michel Barnier. Que pensez-vous de ce choix ?

Ce « bougé » est important. Le PS ne veut pas apparaître comme responsable d’une crise qui s’approfondit. Il se détache aussi de la France Insoumise qui, elle, fait le choix de l’obstruction et de chaos avec l’objectif de précipiter une élection présidentielle. Ce choix est en phase avec l’identité politique du PS, qui a une culture de responsabilité et il répond aussi à une demande de l’opinion publique veut que les partis trouvent des solutions.

Par ailleurs, ce choix est habile de la part d’Olivier Faure. Rappelons qu’un congrès du Parti socialiste a lieu dans six mois. Tout le monde disait que Faure était fini mais il a réussi à créer du mouvement en désarçonnant ses opposants qui lui demandaient une prise de distance à l’égard de LFI. L’occasion était parfaite et si on regarde les enquêtes d’opinion, le PS en bénéficie.

Par ailleurs, les socialistes ont été prudents, ouvrant la porte aux compromis tout en posant des conditions. Ils gagnent sur les deux tableaux : donnant l’impression de l’ouverture et de la responsabilité, mais sans donner de blanc-seing à François Bayrou. Depuis ce choix, la gauche et du PS sont sortis de l’ombre, depuis quinze jours les médias ne parlent que d’eux. Le PS redevient un parti charnière qui joue un rôle stratégique, c’est nouveau.

Ensuite, évidemment, il ne faut pas croire que la position du PS sera facile. Si par exemple, François Bayrou accepte de « suspendre la loi sur les retraites », comment se positionneront les socialistes ? Accepteront-ils d’apparaître comme co-responsables des choix budgétaires du gouvernement ? Le point d’équilibre sera complexe à trouver.

LFI dénonce la traîtrise du PS, demande la démission de Macron, reste sur la logique de censure. Est-ce une stratégie gagnante pour Jean-Luc Mélenchon en vue d’une future présidentielle ou est-il cornérisé ?

R.L : Jean-Luc Mélenchon a une capacité à rebondir très surprenante, c’est un phénix qui renaît de ses cendres. Notons qu’il avait disparu, qu’il n’était plus candidat il y a quelques mois, et depuis peu, il est à nouveau au centre du jeu, incontournable pour les prochaines présidentielles. Son calcul est que les choses vont se dégrader, que Macron ne va pas tenir, que les socialistes vont s’abîmer en compromissions et que le reste de la gauche n’arrivera pas à mettre un candidat unique face à lui. Bref, son calcul, c’est que le duel se jouera entre Marine Le Pen et lui, puisqu’il y aura sans doute plusieurs candidats issus de la Macronie. Mélenchon est très abîmé dans les sondages d’opinion, mais la capacité de la gauche non mélenchoniste à ne pas se structurer est également très forte…

Est-ce que le spectacle de partis qui passent leur temps à poser des lignes rouges et à jouer leurs intérêts particuliers en vue des prochaines présidentielles contribue à approfondir la crise démocratique ?

R.L : Ce que nous vivons n’est pas une crise conjoncturelle : nous sommes au bout d’un processus de décomposition de la vie politique accumulé depuis des années. Il y a un profond discrédit de la parole politique et des partis. L’absence de majorité au parlement et la censure ne sont que la partie immergée de l’iceberg. L’accumulation de dysfonctionnements démocratiques, les logiques de fragmentation, de protestation, de populisme, de brutalisation, expliquent ce que nous vivons actuellement. Il ne faut pas croire qu’une négociation entre « partis de gouvernement » peut suffire à résoudre la crise. Cela peut même favoriser le vote RN qui parlera de collusion des élites et des partis.

Nous vivons la fin d’un cycle démocratique et institutionnel qui se soldera par un effondrement démocratique avec l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir ou par une refondation démocratique. Pour cela, il faudrait beaucoup plus qu’une réforme instituant la proportionnelle, c’est bien mais pas suffisant. Il faudrait repenser complètement les règles du jeu, avec une constituante, comme a pu le faire l’Islande. Il faudrait aussi une recomposition partisane. Ce qui se passe à gauche avec quatre forces politiques n’a aucun sens.

Censure de Barnier : Macron risque d’ajouter du chaos au chaos

Censure de Barnier :  Macron risque d’ajouter du chaos au chaos
Quel bilan tirer de la séquence qui va des législatives anticipées de juin à la chute du gouvernement Barnier ? Pour le politiste Thomas Ehrhard, la censure ne traduit pas une « crise » des institutions démocratiques, mais un défaut dans le processus de nomination du premier ministre et dans la méthode de construction d’une coalition majoritaire. Entretien dans The Conversation .

Comment interpréter la séquence qui va des législatives anticipées à la chute du gouvernement Barnier ? Est-ce le symptôme d’une crise institutionnelle ou démocratique ?

Thomas Ehrhard : La censure vis-à-vis du gouvernement de Michel Barnier s’explique par deux facteurs principaux : un processus de formation du gouvernement mal conçu et des raisons stratégiques liées aux élections législatives anticipées de 2025, le RN souhaitant empêcher la gauche de monopoliser l’incarnation de l’opposition.

On beaucoup dit que le RN n’était pas dans l’opposition, qu’il soutenait Michel Barnier : cela est faux. À l’Assemblée nationale, le groupe s’est clairement déclaré dans l’opposition, n’a jamais passé d’accord officiel : il était évident qu’ils allaient censurer, la seule question était celle du moment. Tout est donc très logique dans cette censure.

Je m’inscris en faux contre l’idée que la censure traduirait une « crise institutionnelle ». Les institutions fonctionnent, contrairement à la situation, par exemple, de la IIIe République qui a connu 104 gouvernements entre 1871 et 1940.

Les commissions mixtes paritaires conclusives sur le projet de loi de finances de la sécurité sociale et sur le projet de loi de fin de gestion du budget 2024 sont le fruit d’un accord entre sénateurs et députés de différents groupes : le système parlementaire a bien fonctionné.

Le vrai problème vient du fait que les groupes, tous minoritaires, sont déjà tournés vers les échéances électorales à venir : probables élections législatives de juillet 2025, élections municipales de 2026 et élection présidentielle de 2027 qui achèveront la fin du macronisme.

Vous avez évoqué « un mauvais processus de formation du gouvernement ». Que voulez-vous dire ? Quels mécanismes devraient inspirer les gouvernants pour la prochaine séquence ?

T.E : Regardons ce qui se passe en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas et en Belgique. Ces exemples mettent en évidence un problème de méthode, particulièrement manifeste après les élections de juillet 2024 en France, et permettent de comprendre pourquoi la censure est arrivée.

D’abord, le chef de l’État n’aurait pas dû décider du choix de Michel Barnier et il ne doit pas choisir un nouveau premier ministre après la démission de ce dernier. Le premier ministre doit émaner de l’Assemblée nationale.

Dans les autres régimes parlementaires, le chef de l’Etat charge le chef du parti arrivé en tête aux élections législatives de former un gouvernement. Celui-ci doit, ensuite, démontrer qu’il est en capacité d’obtenir une majorité. Mais cela ne se fait pas dans le cadre des déclarations médiatiques, ni d’intentions supposées, contrairement à ce que l’on a vu en France. Cela doit se faire dans le cadre d’un « contrat de coalition », consistant en un accord sur la formation du gouvernement (identifiant les partis participants et la répartition des responsabilités ministérielles) et sur le programme de gouvernement (énumérant les projets de loi, mesures spécifiques, exclusions éventuelles, et calendrier, etc.). L’objectif est d’obtenir l’accord le plus précis possible pour réduire les aléas politiques et, ainsi, de produire une stabilité gouvernementale.

En France, rien de tel n’a été fait, ce qui explique la fragilité du gouvernement de Michel Barnier. Celui-ci ne disposait donc pas des fondements nécessaires à sa stabilité. Il n’y avait même pas d’un accord entre les partis le soutenant, tout juste un « socle commun », dont seules les divergences visibles étaient connues.

Pourquoi Michel Barnier n’a-t-il pu construire une coalition majoritaire ?

T.E : C’est le second enseignement des exemples étrangers : la formation du gouvernement nécessite du temps. Ce n’est pas une option mais une exigence, face à la complexité d’obtenir un « contrat de coalition ».

Pour ne citer que quelques exemples, dix-huit mois ont été nécessaires en Belgique en 2010, sept mois aux Pays-Bas en 2017, puis neuf mois avant qu’un accord de gouvernement soit trouvé en 2021. Six mois ont également été nécessaires à Angela Merkel, en Allemagne, en septembre 2017, et quatre mois à Olaf Scholz, en 2021.

En Espagne, huit mois en 2016 et quatre mois en 2023, après les élections de juillet 2023, avec Pedro Sanchez leader du PSOE, arrivé deuxième, a réussi là où le leader du parti conservateur, arrivé en tête, avait échoué à former un gouvernement.

On constate donc que le délai entre les élections législatives et la formation du gouvernement est inévitablement long. Cette temporalité est inéluctable dans le cas d’une assemblée nationale fragmentée et polarisée, avec des extrêmes forts mais minoritaires, et des partis de gouvernement affaiblis et minoritaires.

Emmanuel Macron chercherait déjà un premier ministre. Cette démarche du président de la République, a parasité le processus de construction d’une majorité selon vous. S’il recommence, les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets ?

T.E : Si le président de la République prend, de nouveau, le risque de choisir un premier ministre, et s’il le fait dans la précipitation, cette double erreur produira inévitablement les mêmes conséquences.

La démission d’Emmanuel Macron, réclamée par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon est-elle une bonne solution ou une solution légitime ?

T.E : Les appels à la démission ne constituent pas une solution à la situation politique actuelle et n’évitera pas la censure d’un prochain gouvernement si le processus de construction d’une coalition majoritaire n’est pas respecté.

Ces appels à la démission sont révélateurs de la manière dont les acteurs politiques appréhendent les enjeux. Au moment – presque inédit depuis 1958 – où le président de la République a perdu toute influence, même au sein de son propre parti (Renaissance), et où le pouvoir exécutif est subordonné au Parlement, les acteurs politiques et commentateurs se focalisent sur le président de la République.

Cela montre que la lecture présidentialiste des institutions parlementaires continue d’influencer le comportement des acteurs politiques. L’échéance électorale vers laquelle les principaux chefs de partis sont tournées est l’élection présidentielle, pas les prochaines élections législatives. Leur objectif n’est pas d’être premier ministre. Si tel était le cas, les discussions ne porteraient pas sur Lucie Castets, Michel Barnier ou autres.

Après les législatives, certains commentateurs avaient placé beaucoup d’espoir dans un renouveau du parlementarisme, de la culture du consensus face à un pouvoir présidentiel vertical. Cet espoir est-il définitivement éteint ?

T.E : Ce renouveau du parlementarisme n’est pas survenu depuis juillet dernier sauf, peut-être, dans la manière dont le gouvernement s’est appuyé sur le Sénat et les commissions mixtes paritaires pour légiférer.

Plus fondamentalement, le parlementarisme reste mal compris en France par de nombreux acteurs politiques et par une majorité de commentateurs. Il est souvent réduit à une opposition entre le pouvoir exécutif et le Parlement, ce qui est erroné. Bien sûr, la collaboration entre les pouvoirs est le préalable, avec un déséquilibre en faveur du pouvoir exécutif pour gouverner, comme c’est le cas dans tous les régimes parlementaires contemporains. Mais l’essence du régime parlementaire réside dans le fait que le gouvernement procède de l’Assemblée nationale.

Ce n’est pas donc pas une quelconque « culture du consensus » qui fait défaut en France – culture que l’on ne trouve pas plus naturellement dans d’autres pays. Le vrai problème réside dans la prédominance de la lecture présidentialiste de nos institutions qui s’est manifestée dès la formation du gouvernement Barnier.

Le gouvernement Barnier censuré

Le gouvernement Barnier censuré
En dépit de nouvelles concessions au RN, Michel Barnier a finalement décidé de dégainer l’article 49.3.  Réponse immédiate du Rassemblement National :une motion de censure sera votée et le gouvernement Barnier condamné à disparaître.

Il est peu probable que les partis d’opposition ( et même certains élus de la majorité) tiennent compte de l’avertissement du premier ministre

« C’est maintenant à vous, députés, parlementaires de la Nation, de décider si notre pays se dote de textes financiers responsables, indispensables et utiles à nos concitoyens. Ou alors si nous entrons en territoire inconnu. (…) Les Français ne nous pardonneraient pas de préférer les intérêts particuliers à l’avenir de la Nation », a notamment ajouté Michel Barnier.

La motion de censure devrait être votée par le Rassemblement National et la gauche.

Prix Electricité : Barnier renonce à augmenter davantage les tarifs

Prix Electricité : Barnier renonce à augmenter davantage les tarifs

Il est bien difficile de s’y retrouver à travers les différentes déclarations des uns et des autres, celle du gouvernement, celle des oppositions et même celle des experts. Barnier déclare qu’il renonce à augmenter les tarifs de l’électricité. En réalité ces tarifs vont augmenter mais moins que prévu pour revenir au niveau d’avant Covid. 

« J’ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l’électricité dans le projet de loi de finances 2025″, « cela permettra une baisse des prix de l’électricité de 14%, qui ira donc bien au-delà de la baisse de 9% prévue initialement », affirme le Premier ministre dans un entretien au Figaro(Nouvelle fenêtre).

Concrètement, il s’agit d’un  »retour au tarif avant bouclier tarifaire », précise Matignon. Instaurée en octobre 2021 face à la flambée des prix liée à la crise du Covid, cette mesure devait prendre fin au 1er février. Mais le gouvernement souhaitait initialement aller au-delà, et relever la fiscalité sur l’électricité à un niveau supérieur, pour engranger au total 3,4 milliards d’euros. Mardi, Michel Barnier avait cependant ouvert la porte à des « concessions ».

Electricité : Barnier renonce à augmenter davantage les tarifs

Electricité : Barnier renonce à augmenter davantage les tarifs

Il est bien difficile de s’y retrouver à travers les différentes déclarations des uns et des autres, celle du gouvernement, celle des oppositions et même celle des experts. Barnier déclare qu’il renonce à augmenter les tarifs de l’électricité. En réalité ces tarifs vont augmenter mais moins que prévu pour revenir au niveau d’avant Covid. 

« J’ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l’électricité dans le projet de loi de finances 2025″, « cela permettra une baisse des prix de l’électricité de 14%, qui ira donc bien au-delà de la baisse de 9% prévue initialement », affirme le Premier ministre dans un entretien au Figaro(Nouvelle fenêtre).

Concrètement, il s’agit d’un  »retour au tarif avant bouclier tarifaire », précise Matignon. Instaurée en octobre 2021 face à la flambée des prix liée à la crise du Covid, cette mesure devait prendre fin au 1er février. Mais le gouvernement souhaitait initialement aller au-delà, et relever la fiscalité sur l’électricité à un niveau supérieur, pour engranger au total 3,4 milliards d’euros. Mardi, Michel Barnier avait cependant ouvert la porte à des « concessions ».

Popularité des ministres du gouvernement Barnier : surtout des inconnus !

Popularité des ministres du gouvernement Barnier : surtout des inconnus !

  Selon un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro. Une grande majorité de Français (64 %) n’ont  jamais entendu parler de l’un des dix-neuf ministres de plein exercice, deux mois après leur nomination. À rebours de son équipe, le premier ministre est, lui, identifié par près des deux tiers (65 %) du pays.

D’une manière générale à part le premier ministre les Français pour le plus grand nombre ignore le nom même des ministres. En cause sans doute d’abord un nombre pléthorique de 42 ministres ; aussi le fait que la plupart étaient à peu près inconnu avant leur nomination.

Le débat sur le budget 2025 n’aura guère éclairé les Français sur les orientations de ce gouvernement qui fait un pas en avant et deux pas en arrière. Et de toute façon un débat incompréhensible puisqu’au final la discussion au gouvernement n’aura servi à peu près à rien et que le budget 2025 sera adopté en force avec adoption par l’article 49–3 de la constitution.

Au  regard des menaces de censure de Marine Le Pen, ce gouvernement d’inconnus risque de ne pas passer l’hiver. Et pourrait aussitôt tomber dans l’oubli. 

Budget : comme de bien entendu Barnier utilisera le 49-3

Budget : comme de bien entendu Barnier utilisera le 49-3

Ce gouvernement bancal sans aucune majorité et même sans soutien dans le fameux bloc du centre va recourir aux 49–3 pour l’adoption du budget.

En cause, le fait que le débat à l’assemblée nationale n’aura servie strictement à rien et même contribué à rendre complètement incohérent un budget déjà très critiquable. L’objectif initial de ce budget était de réduire le déficit. L’Assemblée nationale a fait le contraire en ajoutant des impôts aux impôts et des dépenses aux dépenses.

Dans l’opération tout le monde est perdant; le premier ministre bien sûr et son gouvernement qui n’ont pas réussi à affirmer une certaine crédibilité technique et politique. Mais aussi ce qui reste de la majorité et qu’on appelle le « bloc central »qui a affiché ses oppositions publiquement. ( Attal contre Wauquiez notamment).

Ne parlons pas de la gauche qui a bien tenu son rôle de clown dans ce véritable cirque à l’irresponsabilité.

Pour l’instant le rassemblement national qui détient les véritables clés de la vie de ce très fragile gouvernement se fait très discret sachant qu’une dissolution de l’Assemblée nationale ne pourra pas intervenir avant l’été 2025.

Pour autant, les dernières orientations de la justice dans le procès fait au rassemblement national concernant les assistants parlementaires européens pourraient amener le parti à durcir sa position et à se montrer moins complaisant vis-à-vis du gouvernement

Au vu des rapports de force à l’Assemblée nationale, «il semble difficile» pour le premier ministre «de faire autrement au bout de la discussion» parlementaire.

Michel Barnier annonce dans Ouest-France qu’il engagera «probablement» la responsabilité de son gouvernement sur le budget par l’article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption du texte sans vote. «Quand je vois ce qu’il s’est passé à l’Assemblée», où ses soutiens de la droite et du centre ont rejeté le projet de budget pour 2025 qui avait été profondément modifié par la gauche, «il me semble difficile de faire autrement au bout de la discussion», a affirmé le premier ministre dans un entretien au quotidien régional mis en ligne jeudi soir.

 

Foot France Israël sous protection avec Macron et Barnier

Foot France Israël sous protection avec Macron et Barnier

En dépit des menaces des islamistes, la France a sans doute eu raison de maintenir le match de foot contre Israël à Paris. Une manière de refuser la politisation dans les enceintes sportives et plus généralement de dénoncer l’antisémitisme. Le dispositif de sécurité sera particulièrement renforcé

Dommage seulement que Israël est conseillé à ses ressortissants de ne pas participer à l’événement comme spectateur.

À l’occasion de la rencontre la France veut aussi affirmer ses valeurs républicaines et démocratiques.

Le président et le premier ministre iront soutenir l’équipe de France jeudi face à Israël, alors que ce match de Ligue des nations s’annonce à haut risque en raison du climat sous tension après des violences survenues à Amsterdam cette semaine.

Pour l’heure, un faible nombre de billets a été vendu, «entre 15.000 et 20.000» sur les 80.000 places disponibles du Stade de France.

Barnier: Un gouvernement de technocrates incompétents

Barnier: Un gouvernement de technocrates incompétents

Paradoxalement plus les membres du gouvernement sont diplômés en économie et en école de commerce et plus ils semblent démontrer leur incompétence en matière de gestion. La preuve sans doute que le diplôme n’est pas un brevet de capacité politique et que les sciences molles se heurtent facilement aux réalités. Témoin ce budget de 2025 complètement incohérent.

par , Enseignant-chercheur en stratégie et en sciences politiques, INSEEC Grande École dans the Conversation

Jamais un gouvernement n’avait compté en son sein autant d’économistes et de diplômés d’écoles de commerce. Sur les 39 ministres et secrétaires d’État du gouvernement Barnier, 16 appartiennent à la première catégorie et 14 à la seconde. C’est Luc Rouban, chercheur au CEVIPOF (le Centre de Recherche de Sciences Po) qui a mis en lumière ce phénomène en comparant la composition du nouveau gouvernement (41 % d’économistes, 36 % de diplômés d’école de commerce) aux gouvernements Fillon (23 % d’économistes, 6 % de diplômés d’écoles de commerce) et Philippe (respectivement 21 % et 13 %).

Si l’on analyse tous les gouvernements, du second gouvernement Philippe en remontant jusqu’au gouvernement Jospin, ce contraste est encore plus marqué. Sur cette période, les parcours prédominants des ministres étaient droit et sciences politiques (32 %), Sciences Po Paris (30 %) et l’ENA (19 %). Les sciences économiques et de gestion représentaient seulement 10 % des profils et les écoles de commerce 9 %. Avec 41 % d’économistes et 36 % de diplômés d’écoles de commerce, le gouvernement Barnier se distingue donc par une augmentation notable de ces profils. Comment expliquer et interpréter une telle évolution ?

Dès le début de son aventure politique et surtout présidentielle, Emmanuel Macron va apparaître comme un « politicien manager » et afficher un positionnement pro-entreprise qui va se concrétiser par la mise en avant des start-up ou la mise en place d’une fiscalité favorisant l’investissement financier.

En plus d’une hyper-présidentialisation pouvant donner l’image d’un « grand patron » régnant sur son entreprise, ses mandats vont être marqués par des pratiques inspirées du monde des affaires : organisation de séminaires de team-building, recours aux cabinets de conseils privés, mise de côté des personnes n’atteignant pas leurs objectifs.

La présence accrue de diplômés d’études économiques et d’écoles de commerce dans le gouvernement semble s’inscrire naturellement dans cette philosophie macroniste assimilant la gestion de l’État à celle d’une entreprise. Mais alors, pourquoi cette évolution n’est pas intervenue plus tôt, alors qu’Emmanuel Macron est au pouvoir depuis 2017 ?

Malgré une image de serviteur de l’État et de représentant de la haute fonction publique, Michel Barnier possède un profil plus managérial que ne le laisse entendre sa réputation. Il est ainsi diplômé de l’ESCP Business School (Paris), l’une des trois plus prestigieuses écoles de commerce française. Au regard de sa formation et des recherches portant sur ce sujet, il a pu être naturellement enclin à choisir des profils proches du sien lors de la constitution de son équipe gouvernementale.

La présence de ces profils fait aussi écho à son étiquette politique de membre des Républicains et du poids important de la droite au sein de ce nouveau gouvernement. En moyenne, la proportion de diplômés d’écoles de commerce est 3 fois plus importante au sein des gouvernements de droite que dans ceux de gauche (12 % à droite et 4,2 % à gauche pour l’ensemble des gouvernements de 2000 à 2020).

Mais au delà de l’influence du macronisme ou du profil de Michel Barnier, l’équilibre « sociologique » du nouveau gouvernement s’inscrit aussi dans une tendance historique plus profonde, et dans le contexte économique actuel.

Depuis les années 1980 et l’émergence du New Public Management (“nouvelle gestion publique”), de nombreuses réformes inspirées de la culture managériale du secteur privé ont été appliquées aux organisations publiques, y compris en France. Leur but ? Améliorer l’efficacité des structures en charge de missions d’intérêt général, comme les hôpitaux ou les écoles, en leur assignant des objectifs de performance. En dépit de limites et de résultats parfois mitigés, cette stratégie est allée de pair avec un contrôle accru des équilibres financiers et des performances économiques des services publics. L’augmentation de profils issus de formations en lien avec l’économie et la gestion symbolise l’avènement progressif de cette approche.

Dans le cas du gouvernement de Michel Barnier, qui préconise lui-même le renforcement d’une culture de l’évaluation dans l’administration, cette présence est probablement accentuée par l’urgence des problèmes de budget et de déficit auxquels la France fait face actuellement.

Au-delà de ces éléments, la composition du gouvernement Barnier traduit aussi une évolution de la perception des formations publiques et privées en France.

Si on prend le cas des écoles de commerce, leur présence dans les classements internationaux, comme celui du Financial Times, a augmenté la visibilité des plus prestigieuses d’entre elles. Dans le même temps, l’image de Sciences Po Paris était ternie par des problèmes de gouvernance et des tensions internes alors que les critiques dont faisait l’objet l’ENA aboutissaient, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, à son remplacement par un institut dédié au service public.

Les exemples d’Arnaud Montebourg et de Marlène Schiappa, étudiants en école de commerce après leurs fonctions ministérielles, ainsi que le choix de ministres, notamment de l’Education nationale comme Pap Ndiaye ou Amélie Oudéa-Castera, d’inscrire leurs enfants dans le privé, ont aussi renforcé cette impression.

De ce point de vue, la sociologie du gouvernement Barnier reflète la valorisation par le personnel politique actuel des filières « d’excellence » privées au détriment des formations publiques et de l’université.

Cette évolution signe-t-elle “la disparition d’une certaine culture de l’État” comme le redoute le politiste Luc Rouban ? Selon lui, l’augmentation des profils de type économiste et école de commerce montre que l’État et l’action politique se « privatisent ». L’action étatique perd de sa spécificité vis-à-vis de l’action privée dans la mesure où services publics et entreprises privées tendent à être gérés de la même façon. Il y voit un changement culturel et craint que la puissance publique se concentre désormais sur ses missions régaliennes et laisse de côté sa mission sociale. Si la question reste posée, ce glissement interroge en tous cas l’évolution des rapports entre services publics et secteur privé en France.

D’un côté, les difficultés financières et le manque de moyens alloués à la puissance publique poussent à la prise d’initiatives individuelles et ouvrent la porte à l’intervention d’acteurs « privés » dans le cadre de missions autrefois prises en charge par l’État.

De l’autre, les entreprises sont de plus en plus sollicitées pour jouer un rôle dans le bon fonctionnement de la société, comme en témoigne l’essor des concepts de parties prenantes, de responsabilité sociétale des entreprises ou d’entreprises à mission.

Au regard de l’intensité des défis sociaux et environnementaux actuels, le rapprochement et la coopération public/privé semblent donc nécessaires. Mais ceux-ci souffrent souvent d’une mauvaise connaissance et d’une compréhension limitée du secteur public par certains acteurs du secteur privé et de certaines personnes du secteur publics vis-à-vis du secteur privé. Les à-priori et les biais idéologiques associés à chacune des deux sphères constituent souvent des freins à leur coopération. Cette question demeurera stratégique bien au-delà des mandats d’Emmanuel Macron, de Michel Barnier et de la composition des prochains gouvernements.

Barnier: Un gouvernement de technocrates incompétents

Barnier: Un gouvernement de technocrates incompétents

Paradoxalement plus les membres du gouvernement sont diplômés en économie et en école de commerce et plus ils semblent démontrer leur incompétence en matière de gestion. La preuve sans doute que le diplôme n’est pas un brevet de capacité politique et que les sciences molles se heurtent facilement aux réalités. Témoin ce budget de 2025 complètement incohérent.

par , Enseignant-chercheur en stratégie et en sciences politiques, INSEEC Grande École dans the Conversation

Jamais un gouvernement n’avait compté en son sein autant d’économistes et de diplômés d’écoles de commerce. Sur les 39 ministres et secrétaires d’État du gouvernement Barnier, 16 appartiennent à la première catégorie et 14 à la seconde. C’est Luc Rouban, chercheur au CEVIPOF (le Centre de Recherche de Sciences Po) qui a mis en lumière ce phénomène en comparant la composition du nouveau gouvernement (41 % d’économistes, 36 % de diplômés d’école de commerce) aux gouvernements Fillon (23 % d’économistes, 6 % de diplômés d’écoles de commerce) et Philippe (respectivement 21 % et 13 %).

Si l’on analyse tous les gouvernements, du second gouvernement Philippe en remontant jusqu’au gouvernement Jospin, ce contraste est encore plus marqué. Sur cette période, les parcours prédominants des ministres étaient droit et sciences politiques (32 %), Sciences Po Paris (30 %) et l’ENA (19 %). Les sciences économiques et de gestion représentaient seulement 10 % des profils et les écoles de commerce 9 %. Avec 41 % d’économistes et 36 % de diplômés d’écoles de commerce, le gouvernement Barnier se distingue donc par une augmentation notable de ces profils. Comment expliquer et interpréter une telle évolution ?

Dès le début de son aventure politique et surtout présidentielle, Emmanuel Macron va apparaître comme un « politicien manager » et afficher un positionnement pro-entreprise qui va se concrétiser par la mise en avant des start-up ou la mise en place d’une fiscalité favorisant l’investissement financier.

En plus d’une hyper-présidentialisation pouvant donner l’image d’un « grand patron » régnant sur son entreprise, ses mandats vont être marqués par des pratiques inspirées du monde des affaires : organisation de séminaires de team-building, recours aux cabinets de conseils privés, mise de côté des personnes n’atteignant pas leurs objectifs.

La présence accrue de diplômés d’études économiques et d’écoles de commerce dans le gouvernement semble s’inscrire naturellement dans cette philosophie macroniste assimilant la gestion de l’État à celle d’une entreprise. Mais alors, pourquoi cette évolution n’est pas intervenue plus tôt, alors qu’Emmanuel Macron est au pouvoir depuis 2017 ?

Malgré une image de serviteur de l’État et de représentant de la haute fonction publique, Michel Barnier possède un profil plus managérial que ne le laisse entendre sa réputation. Il est ainsi diplômé de l’ESCP Business School (Paris), l’une des trois plus prestigieuses écoles de commerce française. Au regard de sa formation et des recherches portant sur ce sujet, il a pu être naturellement enclin à choisir des profils proches du sien lors de la constitution de son équipe gouvernementale.

La présence de ces profils fait aussi écho à son étiquette politique de membre des Républicains et du poids important de la droite au sein de ce nouveau gouvernement. En moyenne, la proportion de diplômés d’écoles de commerce est 3 fois plus importante au sein des gouvernements de droite que dans ceux de gauche (12 % à droite et 4,2 % à gauche pour l’ensemble des gouvernements de 2000 à 2020).

Mais au delà de l’influence du macronisme ou du profil de Michel Barnier, l’équilibre « sociologique » du nouveau gouvernement s’inscrit aussi dans une tendance historique plus profonde, et dans le contexte économique actuel.

Depuis les années 1980 et l’émergence du New Public Management (“nouvelle gestion publique”), de nombreuses réformes inspirées de la culture managériale du secteur privé ont été appliquées aux organisations publiques, y compris en France. Leur but ? Améliorer l’efficacité des structures en charge de missions d’intérêt général, comme les hôpitaux ou les écoles, en leur assignant des objectifs de performance. En dépit de limites et de résultats parfois mitigés, cette stratégie est allée de pair avec un contrôle accru des équilibres financiers et des performances économiques des services publics. L’augmentation de profils issus de formations en lien avec l’économie et la gestion symbolise l’avènement progressif de cette approche.

Dans le cas du gouvernement de Michel Barnier, qui préconise lui-même le renforcement d’une culture de l’évaluation dans l’administration, cette présence est probablement accentuée par l’urgence des problèmes de budget et de déficit auxquels la France fait face actuellement.

Au-delà de ces éléments, la composition du gouvernement Barnier traduit aussi une évolution de la perception des formations publiques et privées en France.

Si on prend le cas des écoles de commerce, leur présence dans les classements internationaux, comme celui du Financial Times, a augmenté la visibilité des plus prestigieuses d’entre elles. Dans le même temps, l’image de Sciences Po Paris était ternie par des problèmes de gouvernance et des tensions internes alors que les critiques dont faisait l’objet l’ENA aboutissaient, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, à son remplacement par un institut dédié au service public.

Les exemples d’Arnaud Montebourg et de Marlène Schiappa, étudiants en école de commerce après leurs fonctions ministérielles, ainsi que le choix de ministres, notamment de l’Education nationale comme Pap Ndiaye ou Amélie Oudéa-Castera, d’inscrire leurs enfants dans le privé, ont aussi renforcé cette impression.

De ce point de vue, la sociologie du gouvernement Barnier reflète la valorisation par le personnel politique actuel des filières « d’excellence » privées au détriment des formations publiques et de l’université.

Cette évolution signe-t-elle “la disparition d’une certaine culture de l’État” comme le redoute le politiste Luc Rouban ? Selon lui, l’augmentation des profils de type économiste et école de commerce montre que l’État et l’action politique se « privatisent ». L’action étatique perd de sa spécificité vis-à-vis de l’action privée dans la mesure où services publics et entreprises privées tendent à être gérés de la même façon. Il y voit un changement culturel et craint que la puissance publique se concentre désormais sur ses missions régaliennes et laisse de côté sa mission sociale. Si la question reste posée, ce glissement interroge en tous cas l’évolution des rapports entre services publics et secteur privé en France.

D’un côté, les difficultés financières et le manque de moyens alloués à la puissance publique poussent à la prise d’initiatives individuelles et ouvrent la porte à l’intervention d’acteurs « privés » dans le cadre de missions autrefois prises en charge par l’État.

De l’autre, les entreprises sont de plus en plus sollicitées pour jouer un rôle dans le bon fonctionnement de la société, comme en témoigne l’essor des concepts de parties prenantes, de responsabilité sociétale des entreprises ou d’entreprises à mission.

Au regard de l’intensité des défis sociaux et environnementaux actuels, le rapprochement et la coopération public/privé semblent donc nécessaires. Mais ceux-ci souffrent souvent d’une mauvaise connaissance et d’une compréhension limitée du secteur public par certains acteurs du secteur privé et de certaines personnes du secteur publics vis-à-vis du secteur privé. Les à-priori et les biais idéologiques associés à chacune des deux sphères constituent souvent des freins à leur coopération. Cette question demeurera stratégique bien au-delà des mandats d’Emmanuel Macron, de Michel Barnier et de la composition des prochains gouvernements.

Barnier: Un gouvernement de technocrates incompétents

Barnier: Un gouvernement de technocrates incompétents

Paradoxalement plus les membres du gouvernement sont diplômés en économie et en école de commerce est plus ils semblent démontrer leur incompétence en matière de gestion. La preuve sans doute que le diplôme n’est pas un brevet de capacité politique et que les sciences molles se heurtent facilement aux réalités. Témoin ce budget de 2025 complètement incohérent.

par , Enseignant-chercheur en stratégie et en sciences politiques, INSEEC Grande École dans the Conversation 

Jamais un gouvernement n’avait compté en son sein autant d’économistes et de diplômés d’écoles de commerce. Sur les 39 ministres et secrétaires d’État du gouvernement Barnier, 16 appartiennent à la première catégorie et 14 à la seconde. C’est Luc Rouban, chercheur au CEVIPOF (le Centre de Recherche de Sciences Po) qui a mis en lumière ce phénomène en comparant la composition du nouveau gouvernement (41 % d’économistes, 36 % de diplômés d’école de commerce) aux gouvernements Fillon (23 % d’économistes, 6 % de diplômés d’écoles de commerce) et Philippe (respectivement 21 % et 13 %).

Si l’on analyse tous les gouvernements, du second gouvernement Philippe en remontant jusqu’au gouvernement Jospin, ce contraste est encore plus marqué. Sur cette période, les parcours prédominants des ministres étaient droit et sciences politiques (32 %), Sciences Po Paris (30 %) et l’ENA (19 %). Les sciences économiques et de gestion représentaient seulement 10 % des profils et les écoles de commerce 9 %. Avec 41 % d’économistes et 36 % de diplômés d’écoles de commerce, le gouvernement Barnier se distingue donc par une augmentation notable de ces profils. Comment expliquer et interpréter une telle évolution ?

Dès le début de son aventure politique et surtout présidentielle, Emmanuel Macron va apparaître comme un « politicien manager » et afficher un positionnement pro-entreprise qui va se concrétiser par la mise en avant des start-up ou la mise en place d’une fiscalité favorisant l’investissement financier.

En plus d’une hyper-présidentialisation pouvant donner l’image d’un « grand patron » régnant sur son entreprise, ses mandats vont être marqués par des pratiques inspirées du monde des affaires : organisation de séminaires de team-building, recours aux cabinets de conseils privés, mise de côté des personnes n’atteignant pas leurs objectifs.

La présence accrue de diplômés d’études économiques et d’écoles de commerce dans le gouvernement semble s’inscrire naturellement dans cette philosophie macroniste assimilant la gestion de l’État à celle d’une entreprise. Mais alors, pourquoi cette évolution n’est pas intervenue plus tôt, alors qu’Emmanuel Macron est au pouvoir depuis 2017 ?

Malgré une image de serviteur de l’État et de représentant de la haute fonction publique, Michel Barnier possède un profil plus managérial que ne le laisse entendre sa réputation. Il est ainsi diplômé de l’ESCP Business School (Paris), l’une des trois plus prestigieuses écoles de commerce française. Au regard de sa formation et des recherches portant sur ce sujet, il a pu être naturellement enclin à choisir des profils proches du sien lors de la constitution de son équipe gouvernementale.

La présence de ces profils fait aussi écho à son étiquette politique de membre des Républicains et du poids important de la droite au sein de ce nouveau gouvernement. En moyenne, la proportion de diplômés d’écoles de commerce est 3 fois plus importante au sein des gouvernements de droite que dans ceux de gauche (12 % à droite et 4,2 % à gauche pour l’ensemble des gouvernements de 2000 à 2020).

Mais au delà de l’influence du macronisme ou du profil de Michel Barnier, l’équilibre « sociologique » du nouveau gouvernement s’inscrit aussi dans une tendance historique plus profonde, et dans le contexte économique actuel.

Depuis les années 1980 et l’émergence du New Public Management (“nouvelle gestion publique”), de nombreuses réformes inspirées de la culture managériale du secteur privé ont été appliquées aux organisations publiques, y compris en France. Leur but ? Améliorer l’efficacité des structures en charge de missions d’intérêt général, comme les hôpitaux ou les écoles, en leur assignant des objectifs de performance. En dépit de limites et de résultats parfois mitigés, cette stratégie est allée de pair avec un contrôle accru des équilibres financiers et des performances économiques des services publics. L’augmentation de profils issus de formations en lien avec l’économie et la gestion symbolise l’avènement progressif de cette approche.

Dans le cas du gouvernement de Michel Barnier, qui préconise lui-même le renforcement d’une culture de l’évaluation dans l’administration, cette présence est probablement accentuée par l’urgence des problèmes de budget et de déficit auxquels la France fait face actuellement.

Au-delà de ces éléments, la composition du gouvernement Barnier traduit aussi une évolution de la perception des formations publiques et privées en France.

Si on prend le cas des écoles de commerce, leur présence dans les classements internationaux, comme celui du Financial Times, a augmenté la visibilité des plus prestigieuses d’entre elles. Dans le même temps, l’image de Sciences Po Paris était ternie par des problèmes de gouvernance et des tensions internes alors que les critiques dont faisait l’objet l’ENA aboutissaient, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, à son remplacement par un institut dédié au service public.

Les exemples d’Arnaud Montebourg et de Marlène Schiappa, étudiants en école de commerce après leurs fonctions ministérielles, ainsi que le choix de ministres, notamment de l’Education nationale comme Pap Ndiaye ou Amélie Oudéa-Castera, d’inscrire leurs enfants dans le privé, ont aussi renforcé cette impression.

De ce point de vue, la sociologie du gouvernement Barnier reflète la valorisation par le personnel politique actuel des filières « d’excellence » privées au détriment des formations publiques et de l’université.

Cette évolution signe-t-elle “la disparition d’une certaine culture de l’État” comme le redoute le politiste Luc Rouban ? Selon lui, l’augmentation des profils de type économiste et école de commerce montre que l’État et l’action politique se « privatisent ». L’action étatique perd de sa spécificité vis-à-vis de l’action privée dans la mesure où services publics et entreprises privées tendent à être gérés de la même façon. Il y voit un changement culturel et craint que la puissance publique se concentre désormais sur ses missions régaliennes et laisse de côté sa mission sociale. Si la question reste posée, ce glissement interroge en tous cas l’évolution des rapports entre services publics et secteur privé en France.

D’un côté, les difficultés financières et le manque de moyens alloués à la puissance publique poussent à la prise d’initiatives individuelles et ouvrent la porte à l’intervention d’acteurs « privés » dans le cadre de missions autrefois prises en charge par l’État.

De l’autre, les entreprises sont de plus en plus sollicitées pour jouer un rôle dans le bon fonctionnement de la société, comme en témoigne l’essor des concepts de parties prenantes, de responsabilité sociétale des entreprises ou d’entreprises à mission.

Au regard de l’intensité des défis sociaux et environnementaux actuels, le rapprochement et la coopération public/privé semblent donc nécessaires. Mais ceux-ci souffrent souvent d’une mauvaise connaissance et d’une compréhension limitée du secteur public par certains acteurs du secteur privé et de certaines personnes du secteur publics vis-à-vis du secteur privé. Les à-priori et les biais idéologiques associés à chacune des deux sphères constituent souvent des freins à leur coopération. Cette question demeurera stratégique bien au-delà des mandats d’Emmanuel Macron, de Michel Barnier et de la composition des prochains gouvernements.

Politique- Sondage Popularité : les politiques s’écroulent Macron à 20 % et Barnier à 33 %

Politique- Sondage Popularité : les politiques s’écroulent Macron à 20 % et Barnier à 33 %

 Dans le baromètre mensuel réalisé par l’institut Ipsos pour  » la Tribune », , Barnier compte 46% d’avis défavorables parmi les Français sondés les 9 et 10 octobre. Cela fait 13 points de plus que son lot d’avis favorables, évalué à 33%. Macron , lui ,tombe à 20 %
 Le phénomène touche aussi bien François Ruffin que Marine Le Pen, Édouard Philippe ou Raphaël Glucksmann. La palme de la baisse revient à Gabriel Attal et Bernard Cazeneuve. Le premier est passé de 31 à 23% de satisfaits, le second de 19 à 11%.

 Quant à Emmanuel Macron, sa dégringolade ne fait que se poursuivre. Seuls 25% des Français interrogés le soutiennent. Un niveau proche de son plancher de 20%, atteint à l’époque des Gilets jaunes. Plus alarmant pour lui, c’est dans son propre camp que le soutien s’effrite : chez les sympathisants de Renaissance, du MoDem et d’Horizons, il perd 13 points. Pour eux, l’après-Macron a bel et bien commencé. « Globalement, les Français estiment que leurs représentants ont failli, sans pour autant préserver les divers opposants, développe Brice Teinturier. Ce qui se passe autour du budget sonne, dans l’opinion, comme un désaveu massif de la politique menée par Emmanuel Macron. C’est comme si on réalisait que dans son bilan, il y a un énorme trou, à savoir la dette, qu’on va devoir régler dans la douleur parce que ça n’a pas été traité avant. »

 

Le pessimisme général des citoyens a, en conséquence, fait un bond spectaculaire. D’abord, s’agissant des hausses d’impôts annoncées, 62% des Français sondés pressentent qu’elles ne toucheront pas uniquement les plus fortunés et les grandes entreprises, contrairement aux engagements pris par l’exécutif.

Sondage Popularité : les politiques s’écroulent Macron à 20 % et Barnier à 33

Sondage Popularité : les politiques s’écroulent Macron à 20 % et Barnier à 33 

 Dans le baromètre mensuel réalisé par l’institut Ipsos pour  » la Tribune », , Barnier compte 46% d’avis défavorables parmi les Français sondés les 9 et 10 octobre. Cela fait 13 points de plus que son lot d’avis favorables, évalué à 33%. Macron , lui ,tombe à 20 %
 Le phénomène touche aussi bien François Ruffin que Marine Le Pen, Édouard Philippe ou Raphaël Glucksmann. La palme de la baisse revient à Gabriel Attal et Bernard Cazeneuve. Le premier est passé de 31 à 23% de satisfaits, le second de 19 à 11%.

 Quant à Emmanuel Macron, sa dégringolade ne fait que se poursuivre. Seuls 25% des Français interrogés le soutiennent. Un niveau proche de son plancher de 20%, atteint à l’époque des Gilets jaunes. Plus alarmant pour lui, c’est dans son propre camp que le soutien s’effrite : chez les sympathisants de Renaissance, du MoDem et d’Horizons, il perd 13 points. Pour eux, l’après-Macron a bel et bien commencé. « Globalement, les Français estiment que leurs représentants ont failli, sans pour autant préserver les divers opposants, développe Brice Teinturier. Ce qui se passe autour du budget sonne, dans l’opinion, comme un désaveu massif de la politique menée par Emmanuel Macron. C’est comme si on réalisait que dans son bilan, il y a un énorme trou, à savoir la dette, qu’on va devoir régler dans la douleur parce que ça n’a pas été traité avant. »

 

Le pessimisme général des citoyens a, en conséquence, fait un bond spectaculaire. D’abord, s’agissant des hausses d’impôts annoncées, 62% des Français sondés pressentent qu’elles ne toucheront pas uniquement les plus fortunés et les grandes entreprises, contrairement aux engagements pris par l’exécutif.

7-Octobre : Macron hué devant Barnier

 

Après la proposition scandaleuse de Macron d’arrêter de fournir des armes à Israël, il fallait évidemment s’attendre à une réaction vive des juifs de France. Alors qu’Israël et le monde ont commémoré ce lundi l’attaque terroriste du 7-Octobre, Emmanuel Macron a appelé à arrêter de livrer à l’État hébreu des armes. Immédiatement, cette déclaration surprise a été saluée par les Insoumis. 

Après la proposition scandaleuse de macro d’arrêter de fournir des armes à Israël, il fallait évidemment s’attendre à une réaction vive des juifs de FranceLa simple évocation d’Emmanuel Macron a été vivement sifflée lors d’une cérémonie organisée lundi par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), en mémoire des victimes et en soutien de la centaine d’otages, dont deux Franco-Israéliens, retenus depuis un an par le Hamas.

«Vous pouvez compter sur le président de la République, sur le premier ministre (…) sur tous les membres du gouvernement pour protéger nos compatriotes de confession juive», a lancé notamment le Savoyard, sous les huées du public du Dôme de Paris. En référence aux propos polémiques du chef de l’État, certains spectateurs dans la salle ont même crié «des armes». Le nom du chef de l’État a été une nouvelle fois conspué lorsque Michel Barnier a assuré qu’Emmanuel Macron «mettait en tout œuvre» pour «faire libérer les otages».

Déficits-Michel Barnier : « Nous devons tous faire un effort »

Déficits-Michel Barnier : « Nous devons tous faire un effort »

Michel Barnier détaille les économies à venir Dans une interview à la » Tribune »

 La crise financière « est devant nous », avez-vous déclaré vendredi en déplacement à Cournon-d’Auvergne. À  vos yeux, est-elle donc inéluctable  ?

MICHEL BARNIER - Non, certainement pas. La crise, si on ne fait rien, est probable. Notre devoir est donc de la prévenir. Et comme on va agir, on va l’empêcher. Quand on a une situation budgétaire comme la nôtre avec une dette de 3 228,4  milliards d’euros, des intérêts qui coûtent aux Français près de 55  milliards par an, c’est un devoir de responsabilité de freiner le déficit public. Je ne sais pas combien de temps je serai là. Cela dépendra de l’Assemblée nationale et, dans tous les cas, cela s’arrêtera en 2027. Mais tant que je serai ici, je me suis fixé deux ambitions : tenter de réduire les dettes budgétaire et écologique et trouver avec le gouvernement des solutions concrètes pour améliorer la vie des Français.

 

Diriez-vous être à la tête d’un État en faillite  ?

Non. D’abord je ne suis pas à la tête de l’État, c’est le président de la République qui l’est. Pour ma part, je suis à la tête d’un gouvernement qui doit gérer une situation très dégradée et sauvegarder la crédibilité de la signature française. Et, très franchement, cette dégradation ne date pas de six mois, ni même de sept ans. Je veux, pour être objectif, dire que Gabriel Attal a commencé à réduire la dépense publique et à faire des efforts.

Avez-vous l’impression de faire le sale boulot que les autres n’ont pas voulu faire  ?

Non. Je suis chargé à coup sûr d’un travail difficile. Mais je l’ai accepté en connaissance de cause quand le chef de l’État me l’a proposé. Je suis là pour servir. Je n’ai pas d’ambition pour l’après. J’ai 73 ans. Je ne me suis pas roulé par terre pour devenir Premier ministre. Ma seule préoccupation est d’être utile. Je suis à un moment de ma vie où je vais utiliser tout ce que j’ai appris depuis quarante ans. Et j’apprends encore beaucoup aujourd’hui.

Gabriel Attal a commencé à réduire la dépense publique et à faire des efforts

 

Vous imposez 60  milliards d’euros d’économies, dont 20  milliards de hausses d’impôts. Pour l’homme de droite que vous êtes, n’est-ce pas renier vos principes
et faire fausse route  ?

Nous ne faisons pas fausse route. Je veux que l’effort soit juste. Les hausses d’impôts seront exceptionnelles et ciblées sur les grandes entreprises et les très hauts revenus. Leur durée maximale sera de deux ans et elle sera inscrite dans la loi. Ce n’est pas cela qui va empêcher les entrepreneurs d’investir. Ce qui est susceptible de les décourager serait que l’État continue à créer des postes et à dépenser l’argent public alors qu’ils triment. Nous devons tous faire un effort et nous retrousser les manches. Un pays est mieux géré quand on lui donne une perspective et quand on dit la vérité.

La revalorisation des pensions de retraite est reportée du 1er  janvier au 1er  juillet. Qu’en est-il des autres prestations sociales  ?

Elles seront bien revalorisées aux dates prévues. Ce sera aussi le cas du minimum vieillesse, au 1er  janvier. Je vois bien que le gel provisoire des pensions de retraite génère du mécontentement. Laurent Wauquiez l’a fait remarquer. Cela reste néanmoins un effort raisonnable qui traduit cet effort collectif, partagé. Les parlementaires ont la possibilité, comme sur d’autres sujets, de faire évoluer le texte, à condition de trouver des économies équivalentes, à hauteur de 4 milliards d’euros. De manière générale, il est essentiel que les efforts votés au Parlement atteignent 60 milliards d’euros. Aux parlementaires, s’ils le souhaitent, de proposer d’autres économies que celles qui seront mises sur la table cette semaine.

 

Les 40  milliards d’économies sur la dépense publique restent extrêmement flous…

Nous allons demander un effort à tous les ministres. Nous allons regrouper des structures qui exercent des activités proches. Est-ce vraiment nécessaire d’avoir trois dispositifs différents pour accompagner la transition vers les voitures électriques  ? Nous avons aussi deux agences pour promouvoir l’économie française à l’étranger [Business France et Atout France], il n’y en aura plus qu’une. Nous pouvons également rapprocher les agences du sport et le ministère des Sports. Nous allons simplifier le fonctionnement de l’État  : nous pouvons gagner 1 ou 2 points de PIB en quelques années si nous simplifions nos structures. Je refuse que l’on ajoute de nouvelles normes à celles qui existent déjà. Il faut que ce pays soit géré au plus près des gens. Il faut que nous déconcentrions des pouvoirs à l’échelle des préfets. Il faut leur donner une capacité d’expérimentation, de dérogation et de flexibilité. Ce travail est long, il va s’étaler sur deux ou trois ans. Nous allons aussi engager un travail avec les collectivités locales. Partout où il y a des doublons, ils doivent être supprimés.

Les lois de programmation ont fixé des hausses budgétaires sur cinq ans
pour la défense, la justice et la recherche. Sont-elles remises en question  ?

Il y a plusieurs lois de programmation. De manière générale, accroître les moyens sur ces secteurs est essentiel pour notre justice, notre sécurité au quotidien et notre défense. Ces ministères devront néanmoins fournir leur part d’efforts, notamment par redéploiement, même si les lois de programmation seront dans l’ensemble préservées.

Les partenaires sociaux vont reprendre la main sur l’assurance chômage et rouvrir la négociation. Leur demandez-vous de dégager de nouvelles économies  ?

La négociation doit aboutir à mieux utiliser l’argent des contribuables. Il faut surtout que cette réforme encourage le travail. C’est aussi l’objectif de l’allocation sociale unique que nous comptons mettre en œuvre dans les prochaines années. Elle fusionnera plusieurs prestations sociales et garantira que les personnes au travail gagnent systématiquement plus que les autres. Il faut que le travail paie davantage.

S’agissant de la fonction publique, combien de postes seront supprimés  ?

Il n’y aura pas de coup de rabot. Je sais que l’on a besoin de fonctionnaires pour un service public de qualité dans la santé, à l’hôpital, à l’Éducation nationale, pour la sécurité.

 

Vous appliquerez le ratio d’un départ sur deux non remplacé, comme sous Nicolas Sarkozy  ?

Je le répète, nous ne voulons pas de coup de rabot. S’agissant des administrations centrales et des opérateurs, nous allons passer des contrats avec leurs responsables, qui doivent avoir une forte latitude de gestion. Une partie de leurs efforts pourraient être redistribués en interne, comme cela se pratique dans les entreprises.

 

Les collectivités locales sont pointées du doigt pour leurs dépenses excessives. Que leur demandez-vous  ?

Nous allons travailler avec les collectivités locales. Je ne veux pas les mettre en accusation. J’ai moi-même dirigé un département, la Savoie, pendant dix-sept ans. Certes, il y a beaucoup de dépenses d’investissement et de fonctionnement. Mais nous allons signer un contrat de responsabilité avec les mairies, départements et Régions. Catherine Vautrin, ministre que j’ai chargée du Partenariat avec les territoires, a engagé cette mission avec détermination.

L’apprentissage est une belle réussite, mais cela a pu créer des effets d’aubaine coûteux

 

Selon Bercy, les aides à l’apprentissage sont trop généreuses. Est-ce un gisement d’économies pour vous  ?

L’apprentissage est une belle réussite. Mais cela a pu créer des effets d’aubaine coûteux. Faut-il baisser l’aide forfaitairement, limiter le dispositif en fonction du niveau de diplôme  ? Cela fait partie des sujets pour lesquels la discussion est possible à l’Assemblée nationale et au Sénat. De manière générale, nous allons co-construire le budget avec les parlementaires. On discutera de leurs amendements, j’en déposerai au nom du gouvernement. Je vous rappelle que nous n’avons eu que quinze jours pour préparer ce budget  !

Les arrêts de travail coûtent de plus en plus cher, allez-vous limiter leur prise en charge  ?

Il y a plusieurs sujets, celui de la prise en charge, des indemnités journalières, du jour de carence, et de la prévention… Il faut en effet limiter le coût des arrêts de travail, et nous en discuterons avec les parlementaires.

Le récent rapport des économistes Bozio et Wasmer préconise une refonte des allègements de charges, avec 4  milliards d’euros d’économies à la clé. Allez-vous appliquer leur recommandation  ?

J’ai reçu ce rapport il y a quatre jours  ! Je souscris à l’idée de revoir les aides, afin d’éviter le phénomène de trappe à bas salaires dont tous les syndicats que j’ai rencontrés m’ont parlé. Il existe 80  milliards d’allégements de charges pour les entreprises, nous souhaitons en retirer quatre et favoriser une meilleure dynamique salariale au-dessus du smic avec les 76  milliards restants.

 

En matière de lutte contre la fraude, quels sont vos objectifs  ?

S’agissant de la fraude fiscale, nous renforcerons la lutte contre les réseaux mafieux et les trafiquants. Certains effets d’optimisation peuvent aussi être limités. S’agissant de la fraude sociale, nous voulons sécuriser les cartes Vitale en les adossant aux cartes d’identité numériques. Il y a, en France, trop de fraude sociale. Il faut redire cette vérité.

Votre ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, estime qu’il ne faut pas toucher à l’aide médicale d’État (AME) tandis que votre ministre de l’Intérieur veut la réformer. Dans quel sens allez-vous arbitrer  ?

Je ne ferai pas d’idéologie. Je vais être pragmatique. Je veux vérifier qui utilise l’AME et qui ne l’utilise pas. Nous verrons comment cette aide peut faire l’objet d’abus ou de détournements, et nous tiendrons compte avec les ministres des travaux d’évaluation précédents.

En matière d’OQTF (obligation de quitter le territoire français), la politique de restriction des visas vis-à-vis des pays du Maghreb a peu porté ses fruits. Pourquoi cela marcherait-il mieux avec vous  ?

Les Français ne le supportent plus. Les expulsions seront rendues plus effectives par le ministre de l’Intérieur. Il y est déterminé. Les pays d’origine doivent reprendre leurs nationaux. Cela n’a pas bien marché jusqu’à présent. On doit utiliser tous les moyens, y compris la renégociation de traités bilatéraux, pour améliorer le dialogue avec le Maroc, l’Algérie, le Sénégal et d’autres pays. J’en parlerai avec le chef de l’État pour que nous trouvions les meilleures solutions. On doit aussi aller vers une mise en œuvre des procédures d’asile dans les pays de transit en utilisant mieux nos consulats et ambassades.

Y a-t-il eu du laxisme en matière de politique migratoire  ?

Cela n’a pas fonctionné, depuis quinze ou vingt ans. On doit pouvoir rétablir des contrôles à nos frontières, comme le fait l’Allemagne. Au niveau européen, les frontières extérieures ne sont pas assez contrôlées. Le nouveau pacte européen asile et immigration, sur lequel Gérald Darmanin a beaucoup travaillé, nous donne de nouveaux moyens d’action. Frontex doit retrouver sa mission de garde-frontière. On doit pouvoir savoir qui entre dans l’Union européenne et qui en sort. Il faut y mettre les moyens.

 

Mardi, Marine Le  Pen a réclamé un projet de loi sur l’immigration reprenant les mesures censurées par le Conseil constitutionnel en janvier. Avez-vous l’intention d’y donner suite  ?

Bruno Retailleau a dit qu’il faudrait changer certaines lois, pas l’État de droit mais certaines lois  quand elles ne fonctionnent pas. On le fera. Mais nous allons d’abord utiliser tous les moyens que nous donnent aujourd’hui les textes européens et les lois qui ont déjà été votées pour mieux sécuriser les frontières et expulser ceux qui doivent l’être. Si on veut agir le plus efficacement et le plus rapidement pour les Français, il faut d’abord effectivement mettre en œuvre tout l’arsenal qui existe et rendre effective l’application des lois. Proposer de nouvelles lois et les faire voter, ça prend du temps. Je ne dis pas qu’on ne le fera pas, mais l’agenda est déjà chargé cet automne avec les textes budgétaires puis la loi d’orientation agricole, qu’il faut reprendre après les travaux très importants conduits par Marc Fesneau. À des lois qui auront des effets lointains, je préfère des progrès concrets. Je veux être le Premier ministre d’un gouvernement qui apporte des solutions concrètes, visibles sur le terrain.

 

J’irai moi-même en Nouvelle-Calédonie le moment venu parce que je pense que c’est la responsabilité d’un Premier ministre

Irez-vous bientôt en Nouvelle-Calédonie  ?

C’est un dossier dont je me suis occupé dès le lendemain de ma nomination. J’ai tout de suite consulté l’ensemble des élus de toutes sensibilités pour essayer de reconstruire un chemin d’apaisement, de discussion et de considération. Je pense que nous pouvons y parvenir avec les deux mesures que j’ai annoncées, d’un commun accord avec le chef de l’État, lors de ma déclaration de politique générale : un report des élections qui étaient prévues et la non-saisine du Congrès pour entériner le dégel initialement prévu du corps électoral. Nous prendrons le temps, au moins une année, pour en rediscuter et trouver un nouvel équilibre. Nous pouvons reconstruire un dialogue entre toutes les communautés. Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, que je remercie, vont aller en Nouvelle-Calédonie pour une mission de dialogue de très haut niveau. J’irai moi-même en Nouvelle-Calédonie le moment venu parce que je pense que c’est la responsabilité d’un Premier ministre. À côté de ce chemin d’apaisement que nous devons trouver, avec le ministre des Outre-Mer, il faudra s’atteler aussi à la reconstruction économique et sociale, puisque 20 % du capital productif a été détruit par les émeutiers durant la crise.

Sur la proportionnelle, quelle sera votre méthode  ?

Nous ouvrirons la discussion en début d’année prochaine. Faut-il faire appel à une personnalité extérieure pour éclairer le chantier ou repartir des travaux qui ont déjà été conduits à l’Assemblée nationale  ? Je prendrai le temps d’écouter tous les partis politiques.

Mais, depuis votre nomination, on vous sent personnellement plutôt réticent sur ce sujet…

Ce n’est pas le cas. J’ai moi-même été élu à la proportionnelle en 1986 et aux européennes en 2009. Ce sont d’ailleurs des modalités de scrutin proportionnel différentes.

Vous ne ménagez pas beaucoup vos alliés, comme par exemple Gabriel Attal. Êtes-vous sûr que cela va tenir  ?

Je suis comme je suis, c’est-à-dire assez spontané parfois. Mais, j’apprécie et j’ai confiance en mes alliés. Pour être clair, la dette que j’ai trouvée n’est pas seulement celle de mes prédécesseurs immédiats. Elle est le fruit de vingt ans de laisser-aller. Mon état d’esprit n’est pas celui de faire un inventaire, ni de distribuer des bons et des mauvais points. Je n’ai pas le temps pour ça. J’ai beaucoup d’estime pour Gabriel Attal. C’est un élu de grande qualité qui a un avenir. J’entends bien ce qui se dit, mais il n’y a entre nous aucune difficulté, même si nous avons un tempérament et un style différents. Nous nous parlons régulièrement. Il est à la tête d’un groupe parlementaire important. J’ai besoin de lui. Comme j’ai besoin en particulier de Laurent Wauquiez, de François Bayrou, d’Édouard Philippe et de tous les présidents de groupe et des parlementaires au Sénat et à l’Assemblée, et évidemment, des deux présidents des chambres, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher. L’expérience que nous vivons est inédite. Nous sommes des « inventeurs ». Le gouvernement a besoin de tout le monde.

Mardi, vous affronterez votre première motion de censure. Dans quel état d’esprit l’abordez-vous  ?

Je sais que je suis dans la main du Parlement. S’il y a conjonction de la gauche et du Rassemblement national, je quitterai mon poste. Je sais ça. Quand je suis arrivé ici, j’ai passé des coups de fil à Boris Vallaud, à Olivier Faure que je connais bien, à François Hollande… Tous m’ont dit, avant même que je présente un programme de gouvernement, qu’ils déposeraient une censure tout simplement parce que j’ai été nommé. Je leur rappellerai simplement que si la majorité qui soutient mon gouvernement est relative, c’est bien la plus importante à l’Assemblée.

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