Archive pour le Tag 'Barkhane'

Politique-Redéploiement“Barkhane” : Une stratégie condamnée à l’échec

Politique-Redéploiement“Barkhane” : Une stratégie condamnée à l’échec

 

Alors que son objectif majeur en Afrique était d’affirmer son statut de puissance internationale, la France se trouve aujourd’hui réduite à élaborer une stratégie d’« invisibilisation » de sa présence militaire au Sahel, analyse un papier du « Monde ».

 

Tribune.

La question n’est plus aujourd’hui de savoir si la France restera engagée militairement au Mali, puisque la détérioration de sa relation avec les autorités maliennes la contraint à quitter le pays. La question est plutôt désormais de déterminer si et comment elle pourra rester engagée au Sahel.

Le retrait du Mali est devenu inéluctable à force d’avoir, aussi désespérément que déraisonnablement, cherché à dissocier l’intervention militaire française du contexte politique et de la relation diplomatique. A cet égard, il est important de rappeler que, si les tensions entre les autorités françaises et maliennes ont atteint leur paroxysme à la suite du second coup d’Etat en mai 2021, les divergences d’ordre politique n’ont, en réalité, cessé de s’accumuler depuis le début de la crise. Ces désaccords majeurs se sont conjugués à l’impossibilité pour l’opération « Barkhane » de convertir ses succès tactiques en victoire stratégique, révélant son incapacité, tout comme celle des autres acteurs nationaux et internationaux, à endiguer une inexorable dégradation de la situation sécuritaire du Sahel.

Le retrait militaire de la France à travers le départ de « Barkhane » du Mali, ainsi que de ses partenaires européens engagés dans le cadre de la « Task Force Takuba », laissera à l’évidence un vide sécuritaire, qui pèsera notamment sur l’avenir de la Minusma [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali] et sa mission de protection des civils. Il fragilisera aussi durablement la zone des trois frontières : la fermeture des bases de Gao et de Ménaka sera un grave motif de préoccupation, notamment pour le Niger.

Plus largement, l’évolution de la situation du Mali dépendra de trois paramètres essentiels : tout d’abord, les résultats obtenus par l’offensive engagée par les FAMa (Forces armées maliennes) avec l’appui de leurs partenaires russes ; ensuite, l’issue des affrontements violents entre les deux principaux groupes djihadistes actifs sur le territoire malien (le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans [GSIM, affilié à Al-Qaida] et l’Etat islamique au Grand Sahara) ; enfin, l’avenir des négociations avec les chefs djihadistes envisagées par les autorités maliennes successives depuis les recommandations formulées fin 2019 dans le cadre du dialogue national inclusif.

Si le désengagement stratégique du Mali est devenu inévitable, la France n’en affirme pas moins sa détermination à demeurer profondément investie au Sahel. Les conditions pour y prolonger sa présence militaire selon les options initialement envisagées – basculement du dispositif vers le Niger, maintien d’un fort contingent de 2 500 à 3 000 hommes jusqu’en 2023, poursuite des missions européennes de formation EUTM et Eucap Sahel – ne sont plus réunies.

Redéploiement“Barkhane” : Une stratégie condamnée à l’échec

 Redéploiement“Barkhane” : Une stratégie condamnée à l’échec

 

Alors que son objectif majeur en Afrique était d’affirmer son statut de puissance internationale, la France se trouve aujourd’hui réduite à élaborer une stratégie d’« invisibilisation » de sa présence militaire au Sahel, analyse la politiste dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

La question n’est plus aujourd’hui de savoir si la France restera engagée militairement au Mali, puisque la détérioration de sa relation avec les autorités maliennes la contraint à quitter le pays. La question est plutôt désormais de déterminer si et comment elle pourra rester engagée au Sahel.

Le retrait du Mali est devenu inéluctable à force d’avoir, aussi désespérément que déraisonnablement, cherché à dissocier l’intervention militaire française du contexte politique et de la relation diplomatique. A cet égard, il est important de rappeler que, si les tensions entre les autorités françaises et maliennes ont atteint leur paroxysme à la suite du second coup d’Etat en mai 2021, les divergences d’ordre politique n’ont, en réalité, cessé de s’accumuler depuis le début de la crise. Ces désaccords majeurs se sont conjugués à l’impossibilité pour l’opération « Barkhane » de convertir ses succès tactiques en victoire stratégique, révélant son incapacité, tout comme celle des autres acteurs nationaux et internationaux, à endiguer une inexorable dégradation de la situation sécuritaire du Sahel.

Le retrait militaire de la France à travers le départ de « Barkhane » du Mali, ainsi que de ses partenaires européens engagés dans le cadre de la « Task Force Takuba », laissera à l’évidence un vide sécuritaire, qui pèsera notamment sur l’avenir de la Minusma [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali] et sa mission de protection des civils. Il fragilisera aussi durablement la zone des trois frontières : la fermeture des bases de Gao et de Ménaka sera un grave motif de préoccupation, notamment pour le Niger.

Plus largement, l’évolution de la situation du Mali dépendra de trois paramètres essentiels : tout d’abord, les résultats obtenus par l’offensive engagée par les FAMa (Forces armées maliennes) avec l’appui de leurs partenaires russes ; ensuite, l’issue des affrontements violents entre les deux principaux groupes djihadistes actifs sur le territoire malien (le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans [GSIM, affilié à Al-Qaida] et l’Etat islamique au Grand Sahara) ; enfin, l’avenir des négociations avec les chefs djihadistes envisagées par les autorités maliennes successives depuis les recommandations formulées fin 2019 dans le cadre du dialogue national inclusif.

Si le désengagement stratégique du Mali est devenu inévitable, la France n’en affirme pas moins sa détermination à demeurer profondément investie au Sahel. Les conditions pour y prolonger sa présence militaire selon les options initialement envisagées – basculement du dispositif vers le Niger, maintien d’un fort contingent de 2 500 à 3 000 hommes jusqu’en 2023, poursuite des missions européennes de formation EUTM et Eucap Sahel – ne sont plus réunies.

Barkhane Mali: Partir rapidement ou finir comme en Afghanistan ?

Barkhane Mali: Partir rapidement ou finir comme en Afghanistan ?

À moins de trouver un nouveau modèle d’intervention avec l’appui de l’Europe, l’intervention française au Sahel pourrait bien finir comme en Afghanistan estime un papier de Sylvie Kaufman du Monde.

 
Il est sans doute urgent que la France se replie sur des territoires plus sûrs comme en Côte d’Ivoire avant que la gangrène djihadiste ne contamine toute l’Afrique de l’Ouest. Une contamination aidée en sous-main par des pays comme la Russie, la Chine et d’autres qui veulent pousser la France en dehors de l’Afrique. NDLR
Partir ou rester ? Sans demander ouvertement son départ mais en poussant les mauvaises manières jusqu’à l’humiliation, la junte au pouvoir à Bamako force la France à se poser la question de sa présence militaire au Mali, où elle est arrivée en janvier 2013, à la demande des autorités de l’époque, pour repousser une offensive djihadiste. 

Dans un contexte de plus en plus difficile, aggravé par un premier coup d’Etat en 2020 puis un second en 2021, trois événements récents précipitent la rupture : l’implantation, à l’invitation de Bamako, des mercenaires russes du groupe Wagner, aujourd’hui au nombre d’un millier d’hommes selon deux sources françaises ; l’expulsion du contingent danois, à peine arrivé, membre de la force européenne sous commandement français « Takuba » ; et celle, lundi 31 janvier, de l’ambassadeur de France. Pour un pays dont l’engagement aux côtés des forces armées maliennes a coûté la vie à 53 de ses soldats, ça fait beaucoup.

Partir ou rester ? « La question ne se pose pas dans ces termes », veut-on croire à l’Elysée. Partir ? Se faire mettre dehors par des colonels putschistes, abandonner le terrain aux groupes djihadistes et laisser la Russie s’installer, comme elle l’a fait en République centrafricaine ? Hors de question. La France pense avoir de bonnes raisons de rester engagée au Sahel : la menace sécuritaire ; les liens entre sa population et la diaspora ; l’enjeu stratégique avec l’activisme croissant de la Russie et de la Turquie.

 

Mais poser la question, même dans des termes plus nuancés, c’est déjà reconnaître l’échec d’une stratégie qui, si elle a pu produire des résultats les premières années avec l’opération « Serval », n’est plus adaptée à la situation au Sahel. La menace djihadiste s’étend maintenant au nord des pays côtiers du golfe de Guinée. Les Etats y sont de plus en plus fragiles, comme le montre le putsch qui vient de se produire au Burkina Faso. La désillusion des populations à l’égard de la démocratie est profonde. La France, du coup, reste associée à des dirigeants défaillants qui ne manquent pas, lorsque cela sert leur intérêt, de faire dériver la colère populaire vers l’ancienne puissance coloniale : les ressentiments du passé n’ont pas été effacés par un coup d’ardoise magique.

A Paris – ça peut se comprendre – on préfère parler de « fin d’un cycle » qu’il « faut gérer », plutôt que d’échec. Comme en Afghanistan, on plaide la fin d’un modèle d’intervention extérieure, trop lourd, trop visible. Mais contrairement à l’Afghanistan, assure l’Elysée, le bilan n’est pas totalement négatif : la Mauritanie, première nation sahélienne visée par le terrorisme djihadiste à la fin de la décennie 2000, et le Niger ont, jusqu’ici, mieux tenu que le Mali et le Burkina Faso.

 

Sahel : une fin comme en Afghanistan ?

 

Barkhane Sahel : une fin comme en Afghanistan ?

À moins de trouver un nouveau modèle d’intervention avec l’appui de l’Europe, l’intervention française au Sahel pourrait bien finir comme en Afghanistan estime un papier de Sylvie Kaufman du Monde.
 

Partir ou rester ? Sans demander ouvertement son départ mais en poussant les mauvaises manières jusqu’à l’humiliation, la junte au pouvoir à Bamako force la France à se poser la question de sa présence militaire au Mali, où elle est arrivée en janvier 2013, à la demande des autorités de l’époque, pour repousser une offensive djihadiste.

Dans un contexte de plus en plus difficile, aggravé par un premier coup d’Etat en 2020 puis un second en 2021, trois événements récents précipitent la rupture : l’implantation, à l’invitation de Bamako, des mercenaires russes du groupe Wagner, aujourd’hui au nombre d’un millier d’hommes selon deux sources françaises ; l’expulsion du contingent danois, à peine arrivé, membre de la force européenne sous commandement français « Takuba » ; et celle, lundi 31 janvier, de l’ambassadeur de France. Pour un pays dont l’engagement aux côtés des forces armées maliennes a coûté la vie à 53 de ses soldats, ça fait beaucoup.

Partir ou rester ? « La question ne se pose pas dans ces termes », veut-on croire à l’Elysée. Partir ? Se faire mettre dehors par des colonels putschistes, abandonner le terrain aux groupes djihadistes et laisser la Russie s’installer, comme elle l’a fait en République centrafricaine ? Hors de question. La France pense avoir de bonnes raisons de rester engagée au Sahel : la menace sécuritaire ; les liens entre sa population et la diaspora ; l’enjeu stratégique avec l’activisme croissant de la Russie et de la Turquie.

Mais poser la question, même dans des termes plus nuancés, c’est déjà reconnaître l’échec d’une stratégie qui, si elle a pu produire des résultats les premières années avec l’opération « Serval », n’est plus adaptée à la situation au Sahel. La menace djihadiste s’étend maintenant au nord des pays côtiers du golfe de Guinée. Les Etats y sont de plus en plus fragiles, comme le montre le putsch qui vient de se produire au Burkina Faso. La désillusion des populations à l’égard de la démocratie est profonde. La France, du coup, reste associée à des dirigeants défaillants qui ne manquent pas, lorsque cela sert leur intérêt, de faire dériver la colère populaire vers l’ancienne puissance coloniale : les ressentiments du passé n’ont pas été effacés par un coup d’ardoise magique.

A Paris – ça peut se comprendre – on préfère parler de « fin d’un cycle » qu’il « faut gérer », plutôt que d’échec. Comme en Afghanistan, on plaide la fin d’un modèle d’intervention extérieure, trop lourd, trop visible. Mais contrairement à l’Afghanistan, assure l’Elysée, le bilan n’est pas totalement négatif : la Mauritanie, première nation sahélienne visée par le terrorisme djihadiste à la fin de la décennie 2000, et le Niger ont, jusqu’ici, mieux tenu que le Mali et le Burkina Faso.

 

Renvoi de l’ambassadeur français au Mali: L’échec complet de Barkhane au Sahel

Renvoi de l’ambassadeur français au Mali: L’échec  complet de Barkhane au Sahel

C’est le dernier affront subi par la France avec le renvoi de l’ambassadeur français au Mali par les dictateurs militaires. Un grave échec diplomatique et militaire pour Macron et la force Barkhane. À la décharge des militaires, Barkhane a toujours été sous dimensionnée par rapport à l’immensité du territoire  (5000 militaires quand il en faudrait 150 000 sur un territoire 10 fois plus grand que que la France). Les putschistes au Mali veulent pousser vers la France dehors et maintenant, c’est le Burkina Faso qui est à son tour victime d’un putsch militaire. Reste le Niger, un pays aussi particulièrement fragile et qui aussi pourrait basculer d’un jour à l’autre. Bref, il va falloir décider rapidement du rôle de la force Barkhane avec les Européens qui en réalité ne se sont vraiment jamais totalement investis dans le conflit du Sahel.

Il n’y a sans doute pas grand-chose à espérer des discussions avec les putschistes tant du Mali que du Burkina. Des militaires plus compétents pour faire des coups d’Etat que pour maintenir l’ordre dans leur pays et qui accessoirement se partagent les maigres ressources locales.

La France et ses alliés européens se sont donné deux semaines, vendredi 28 janvier, pour décider de l’évolution de leur engagement militaire contre les groupes djihadistes au Mali alors que la junte au pouvoir à Bamako manifeste une hostilité croissante à leur égard.

La situation au Mali devient « intenable », a estimé vendredi le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, sur RTL au lendemain de la décision du Danemark de retirer ses forces spéciales dont les autorités maliennes avaient jugé la présence indésirable. Samedi, la ministre des Armées Florence Parly a déclaré, sur France Inter : « Nous devons constater que les conditions de notre intervention, qu’elle soit militaire, économique et politique sont rendues de plus en plus difficiles, bref, on ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix. »Alors que tout indique que les militaires maliens cherchent à pousser vers la sortie leurs partenaires occidentaux au profit d’une alliance avec la Russie, qui ne s’offusquerait pas de leur maintien au pouvoir, la ministre de la Défense danoise, Trine Bramsen, a déclaré à Reuters que les Européens s’étaient laissé 14 jours pour décider « à quoi devrait ressembler la future mission contre-terroriste dans la région du Sahel ».

Les autorités maliennes, qui ont multiplié les accusations de néocolonialisme à l’égard de la France, ne donnent de leur côté aucun signe de volonté d’apaiser la situation. Le Premier ministre Abdoulaye Diop a ainsi estimé vendredi sur France 24 que les propos de Jean-Yves Le Drian étaient « plein de mépris » et que Paris devait respecter la souveraineté du Mali.

Sahel: L’échec complet de Barkhane au Sahel

Sahel: L’échec  complet de Barkhane au Sahel

Un grave échec diplomatique et militaire pour Macron et la force Barkhane. À la décharge des militaires, Barkhane a toujours été sous dimensionnée par rapport à l’immensité du territoire  (5000 militaires quand il en faudrait 150 000 sur un territoire 10 fois plus grand que que la France). Les putschistes au Mali veulent pousser vers la France dehors et maintenant, c’est le Burkina Faso qui est à son tour victime d’un putsch militaire. Reste le Niger, un pays aussi particulièrement fragile et qui aussi pourrait basculer d’un jour à l’autre. Bref, il va falloir décider rapidement du rôle de la force Barkhane avec les Européens qui en réalité ne se sont vraiment jamais totalement investis dans le conflit du Sahel.

Il n’y a sans doute pas grand-chose à espérer des discussions avec les putschistes tant du Mali que du Burkina. Des militaires plus compétents pour faire des coups d’Etat que pour maintenir l’ordre dans leur pays et qui accessoirement se partagent les maigres ressources locales.

La France et ses alliés européens se sont donné deux semaines, vendredi 28 janvier, pour décider de l’évolution de leur engagement militaire contre les groupes djihadistes au Mali alors que la junte au pouvoir à Bamako manifeste une hostilité croissante à leur égard.

La situation au Mali devient « intenable », a estimé vendredi le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, sur RTL au lendemain de la décision du Danemark de retirer ses forces spéciales dont les autorités maliennes avaient jugé la présence indésirable. Samedi, la ministre des Armées Florence Parly a déclaré, sur France Inter : « Nous devons constater que les conditions de notre intervention, qu’elle soit militaire, économique et politique sont rendues de plus en plus difficiles, bref, on ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix. »Alors que tout indique que les militaires maliens cherchent à pousser vers la sortie leurs partenaires occidentaux au profit d’une alliance avec la Russie, qui ne s’offusquerait pas de leur maintien au pouvoir, la ministre de la Défense danoise, Trine Bramsen, a déclaré à Reuters que les Européens s’étaient laissé 14 jours pour décider « à quoi devrait ressembler la future mission contre-terroriste dans la région du Sahel ».

Les autorités maliennes, qui ont multiplié les accusations de néocolonialisme à l’égard de la France, ne donnent de leur côté aucun signe de volonté d’apaiser la situation. Le Premier ministre Abdoulaye Diop a ainsi estimé vendredi sur France 24 que les propos de Jean-Yves Le Drian étaient « plein de mépris » et que Paris devait respecter la souveraineté du Mali.

L’échec complet de barkhane au Sahel

L’échec  complet de barkhane au Sahel

Un grave échec diplomatique et militaire pour Macron et la force barkhane. À la décharge des militaires, barkhane a toujours été sous dimensionné par rapport à l’immensité du territoire  (5000 militaires quand il en faudrait 150 000 sur un territoire 10 fois plus grand que que la France). Les putschistes au Mali veulent pousser vers la France dehors et maintenant, c’est le Burkina Faso qui est à son tour victime d’un putsch militaire. Reste le Niger, un pays aussi particulièrement fragile et qui aussi pourrait basculer d’un jour à l’autre. Bref il va falloir décider rapidement du rôle de la force barkhane avec les Européens qui en réalité ne se sont vraiment jamais totalement investis dans le conflit du Sahel.

Il n’y a sans doute pas grand-chose à espérer des discussions avec les putschistes tant du Mali que du Burkina. Des militaires plus compétents pour faire des coups d’Etat que pour maintenir l’ordre dans leur pays et qui accessoirement se partagent les maigres ressources locales.

La France et ses alliés européens se sont donné deux semaines, vendredi 28 janvier, pour décider de l’évolution de leur engagement militaire contre les groupes djihadistes au Mali alors que la junte au pouvoir à Bamako manifeste une hostilité croissante à leur égard.

La situation au Mali devient « intenable », a estimé vendredi le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, sur RTL au lendemain de la décision du Danemark de retirer ses forces spéciales dont les autorités maliennes avaient jugé la présence indésirable. Samedi, la ministre des Armées Florence Parly a déclaré, sur France Inter : « Nous devons constater que les conditions de notre intervention, qu’elle soit militaire, économique et politique sont rendues de plus en plus difficiles, bref, on ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix. »Alors que tout indique que les militaires maliens cherchent à pousser vers la sortie leurs partenaires occidentaux au profit d’une alliance avec la Russie, qui ne s’offusquerait pas de leur maintien au pouvoir, la ministre de la Défense danoise, Trine Bramsen, a déclaré à Reuters que les Européens s’étaient laissé 14 jours pour décider « à quoi devrait ressembler la future mission contre-terroriste dans la région du Sahel ».

 

Les autorités maliennes, qui ont multiplié les accusations de néocolonialisme à l’égard de la France, ne donnent de leur côté aucun signe de volonté d’apaiser la situation. Le Premier ministre Abdoulaye Diop a ainsi estimé vendredi sur France 24 que les propos de Jean-Yves Le Drian étaient « plein de mépris » et que Paris devait respecter la souveraineté du Mali.

Sahel-Barkhane: Vers la fin de l’opération  ?

Sahel-Barkhane: Vers la fin de l’opération  ?

Signe notamment des incertitudes sur l’avenir de l’opération Barkhane, Emmanuel Macron vient de reculer la visite prévue au Mali où il devait rencontrer des militaires putschistes. La question se pose de la fin de l’opération Barkhane du fait de la réduction relativement drastique d’effectifs déjà complètement inadaptés à la situation. Ainsi la force Barkhane comprenait environ 5000 hommes pour couvrir un territoire 10 fois grand comme la France. Désormais ,on a décidé de réduire la voilure et de ramener les effectifs à autour de 3000 en abandonnant par exemple la zone de Tombouctou.
La fin de l’opération Bakhane -ou sa  réduction à pas grand-chose- devrait interroger sur la stratégie militaire française capable seulement de déployer 5000 militaires là où il en faudrait 150 000. De ce point de vue la suppression du service militaire a constitué une grave erreur stratégique dans la mesure où  les conflits futurs ne seront pas limités à la « guerre des étoiles » ou des drones  mais à la guerre sur le terrain tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Bref l’opération Barkhane telle qu’elle est dans sa nature tout autant que dans son volume n’a plus guère de sens. En outre, elle rencontre de plus en plus d’hostilité  d’une population manœuvrée par des pays extérieurs comme la Chine ou la Russie sans parler des manipulateurs extrémistes locaux qui pensent récupérer à leur compte leur pouvoir. Un article  l’Opinion dJean-Dominique Merchet (extrait)
Depuis les annonces présidentielles du 11 juin dernier, on sait que Barkhane va réduire la voilure et se reconfigurer. Ce mardi 14 décembre, a marqué une étape symbolique avec le départ des troupes françaises de Tombouctou : après Kidal et Tessalit, Barkhane a quitté le Nord malien pour se concentrer uniquement dans le centre-Nord (Gao, Gossi, Menaka). Les bases quittées sont transférées aux forces armées maliennes (Fama) et aux casques bleus de la Minusma. Les effectifs français redéployés depuis les trois bases du Nord ne sont pas très importants, de l’ordre de 425.

La mission de Barkhane (ou de son futur nom de baptême) va évoluer : «Nous allons passés du combat direct contre les groupes armés terroristes (GAT) à un partenariat militaire de combat avec les armées locales» indique l’état-major des armées. «Il n’y aura plus de gros déploiement de bataillons français, de groupements tactiques, sur le terrain. Nous accompagnerons les armées partenaires», notamment avec la task force européenne Takuba, qui reste au sein de Barkhane. Toutefois, les opérations de contre-terrorisme visant à l’élimination des chefs des GAT se poursuivront en national.
Barkhane a deux «axes» : «la lutte contre les GAT et la montée en puissance des armées partenaires», indique l’état-major.
«La France reste au Sahel, la France n’abandonne pas le Sahel», martèle l’armée française, qui «n’a pas observé de déploiement de Wagner», la société militaire privée russe, au Mali.
Actuellement, Barkhane, c’est 4800 hommes, une quarantaine d’aéronefs (dont six drones Reapers) et 780 véhicules. La base de Niamey, au Niger, prend une importance de plus en plus grande, de part sa proximité avec la zone d’opérations «des trois frontières», mais aussi parce que c’est au Niger, un pays politiquement plus proche de la France que ne l’est désormais le Mali.
Quels seront demain les effectifs français de Barkhane ? «L’objectif est d’être à 3000 à l’été ou à la fin 2023» entend-on à l’EMA où l’on reconnaît que «la décrue est moins rapide qu’annoncée». D’autres chiffres et d’autres dates, rapportés par l’AFP, circulent. En réalité, ils semblent que les armées avancent en marchant… «Cela dépend beaucoup de la contribution des Européens à Takuba», indique l’EMA. «Par exemple, si les Suédois maintiennent leurs 150 hommes avec leurs trois hélicoptères, nous ne serons pas obligés de mettre 150 Français».

Barkhane: Vers la fin de l’opération  ?

Barkhane: Vers la fin de l’opération  ?

Signe notamment des incertitudes sur l’avenir de l’opération Barkhane, Emmanuel Macron vient de reculer la visite prévue au Mali où il devait rencontrer des militaires putschistes. La question se pose de la fin de l’opération Barkhane du fait de la réduction relativement drastique d’effectifs déjà complètement inadaptés à la situation. Ainsi la force Barkhane comprenait environ 5000 hommes pour couvrir un territoire 10 fois grand comme la France. Désormais ,on a décidé de réduire la voilure et de ramener les effectifs à autour de 3000 en abandonnant par exemple la zone de Tombouctou.
La fin de l’opération Bakhane -ou sa  réduction à pas grand-chose- devrait interroger sur la stratégie militaire française capable seulement de déployer 5000 militaires là où il en faudrait 150 000. De ce point de vue la suppression du service militaire a constitué une grave erreur stratégique dans la mesure où  les conflits futurs ne seront pas limités à la « guerre des étoiles » ou des drones  mais à la guerre sur le terrain tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Bref l’opération Barkhane telle qu’elle est dans sa nature tout autant que dans son volume n’a plus guère de sens. En outre, elle rencontre de plus en plus d’hostilité  d’une population manœuvrée par des pays extérieurs comme la Chine ou la Russie sans parler des manipulateurs extrémistes locaux qui pensent récupérer à leur compte leur pouvoir. Un article  l’Opinion dJean-Dominique Merchet (extrait)
Depuis les annonces présidentielles du 11 juin dernier, on sait que Barkhane va réduire la voilure et se reconfigurer. Ce mardi 14 décembre, a marqué une étape symbolique avec le départ des troupes françaises de Tombouctou : après Kidal et Tessalit, Barkhane a quitté le Nord malien pour se concentrer uniquement dans le centre-Nord (Gao, Gossi, Menaka). Les bases quittées sont transférées aux forces armées maliennes (Fama) et aux casques bleus de la Minusma. Les effectifs français redéployés depuis les trois bases du Nord ne sont pas très importants, de l’ordre de 425.

La mission de Barkhane (ou de son futur nom de baptême) va évoluer : «Nous allons passés du combat direct contre les groupes armés terroristes (GAT) à un partenariat militaire de combat avec les armées locales» indique l’état-major des armées. «Il n’y aura plus de gros déploiement de bataillons français, de groupements tactiques, sur le terrain. Nous accompagnerons les armées partenaires», notamment avec la task force européenne Takuba, qui reste au sein de Barkhane. Toutefois, les opérations de contre-terrorisme visant à l’élimination des chefs des GAT se poursuivront en national.
Barkhane a deux «axes» : «la lutte contre les GAT et la montée en puissance des armées partenaires», indique l’état-major.
«La France reste au Sahel, la France n’abandonne pas le Sahel», martèle l’armée française, qui «n’a pas observé de déploiement de Wagner», la société militaire privée russe, au Mali.
Actuellement, Barkhane, c’est 4800 hommes, une quarantaine d’aéronefs (dont six drones Reapers) et 780 véhicules. La base de Niamey, au Niger, prend une importance de plus en plus grande, de part sa proximité avec la zone d’opérations «des trois frontières», mais aussi parce que c’est au Niger, un pays politiquement plus proche de la France que ne l’est désormais le Mali.
Quels seront demain les effectifs français de Barkhane ? «L’objectif est d’être à 3000 à l’été ou à la fin 2023» entend-on à l’EMA où l’on reconnaît que «la décrue est moins rapide qu’annoncée». D’autres chiffres et d’autres dates, rapportés par l’AFP, circulent. En réalité, ils semblent que les armées avancent en marchant… «Cela dépend beaucoup de la contribution des Européens à Takuba», indique l’EMA. «Par exemple, si les Suédois maintiennent leurs 150 hommes avec leurs trois hélicoptères, nous ne serons pas obligés de mettre 150 Français».

Barkhane: la mutation du dispositif militaire en dispositif de coopération !

Barkhane: la mutation du dispositif militaire en dispositif de coopération !

Pour masquer l’échec total de l’opération Barkhane qui non seulement n’a pas réussi à contenir le terrorisme mais a plutôt favorisé le sentiment antifrançais ( il est vrai encouragé par des puissances étrangères et des apprentis sorciers locaux), le chef de l’État devrait procéder à la fermeture de plusieurs bases militaires

En gros les effectifs ( Déjà insignifiants) devraient être divisés par deux. On explique ce recul par la conversion du dispositif actuel en dispositif de coopération. De quoi s’interroger car nombre de chefs militaires ne sont pas d’accord avec cette mission de coopération.

Deuxièmement ce ne sont pas les mêmes profils qui peuvent intervenir selon qu’il s’agit d’une action militaire ou d’une action de coopération.

Pour résumer ce serait plutôt un recul en rase campagne de la France pour laisser les pays comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso se dépatouiller avec leurs positions contradictoires sur le terrorisme.

Mali- Barkhane: l’échec d’une stratégie

Mali- Barkhane: l’échec d’une stratégie

C’est fait, le gouvernement vient de décider de réduire environ par deux les effectifs de l’opération Barkhane. Un cruel échec pour la France qui n’a pas réussi davantage dans son opération militaire que dans son opération de coopération ( Coopération contestée par certains chefs militaires eux-mêmes !). Après l’annonce du retrait de la force militaire de lutte contre les groupes armés djihadistes, cinquante chercheurs, représentants d’ONG, de syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent, dans une tribune pour « Le Monde », à ouvrir le débat pour refonder, en concertation avec les populations, la politique française dans la région.

 

 

Tribune. Huit ans. Huit longues années d’opérations militaires au Sahel sans que la paix et la sécurité aient été au rendez-vous, et avec elles le décompte macabre par milliers des morts civils et militaires. En huit ans, l’opération « Barkhane », qui aura coûté la vie à 55 militaires français, aura fait l’objet de bien peu de débat public. Pas plus que l’ensemble de la politique étrangère française au Sahel, qui reste largement dominée par une approche sécuritaire au détriment notamment des efforts de développement, comme le souligne la Cour des comptes, dans un récent rapport.

Convaincus qu’une autre approche est possible et nécessaire, cinquante associations, ONG, chercheurs, représentants de diasporas sahéliennes, syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent à préparer l’après-« Barkhane » de manière plus inclusive et à ouvrir le débat aux vues d’une refondation de la politique sahélienne de la France.

 

Ce débat est urgent car la militarisation du Sahel – à l’initiative notamment de la France – n’a rien réglé sur le plan sécuritaire ; on assiste même à une dégradation continue de la situation. Les « neutralisations » de quelques chefs de groupes armés que revendiquait régulièrement l’état-major français ne cachaient plus l’effroyable réalité : les incidents violents liés à ces mêmes groupes ont doublé chaque année depuis 2015. L’impact sur les populations civiles est dramatique : près de 2 millions de personnes ont dû fuir les violences au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et 13,2 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire.

Cette spirale de la violence interroge d’autant plus quand elle est le fait des forces de sécurité étatiques avec lesquelles l’armée française collabore. Au Mali, en 2020, davantage de civils ont été tués par des militaires (35 %) que par des groupes dits djihadistes (24 %). La Minusma [la force de maintien de la paix de l’ONU] a également conclu à la responsabilité de l’armée française dans la mort de 19 civils lors d’une opération au Mali le 3 janvier 2021.

Terrible signal

Mais, en rejetant ces conclusions et en s’opposant à l’ouverture d’une enquête indépendante, la France a envoyé un terrible signal qui contribue à normaliser l’impunité. Dans un contexte sahélien profondément marqué par la défiance des populations envers les autorités et alors qu’elle ferme déjà trop souvent les yeux sur les déviances autoritaires dans la région, la France doit se montrer intransigeante face aux abus et violations des droits humains. Sans cela, elle ne peut qu’alimenter le sentiment anti-français dans la région.

Politique–Barkhane: l’échec d’une stratégie

Politique–Barkhane: l’échec d’une stratégie

Après l’annonce du retrait de la force militaire de lutte contre les groupes armés djihadistes, cinquante chercheurs, représentants d’ONG, de syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent, dans une tribune pour « Le Monde », à ouvrir le débat pour refonder, en concertation avec les populations, la politique française dans la région.

 

 

Tribune. Huit ans. Huit longues années d’opérations militaires au Sahel sans que la paix et la sécurité aient été au rendez-vous, et avec elles le décompte macabre par milliers des morts civils et militaires. En huit ans, l’opération « Barkhane », qui aura coûté la vie à 55 militaires français, aura fait l’objet de bien peu de débat public. Pas plus que l’ensemble de la politique étrangère française au Sahel, qui reste largement dominée par une approche sécuritaire au détriment notamment des efforts de développement, comme le souligne la Cour des comptes, dans un récent rapport. 

Convaincus qu’une autre approche est possible et nécessaire, cinquante associations, ONG, chercheurs, représentants de diasporas sahéliennes, syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent à préparer l’après-« Barkhane » de manière plus inclusive et à ouvrir le débat aux vues d’une refondation de la politique sahélienne de la France.

 

Ce débat est urgent car la militarisation du Sahel – à l’initiative notamment de la France – n’a rien réglé sur le plan sécuritaire ; on assiste même à une dégradation continue de la situation. Les « neutralisations » de quelques chefs de groupes armés que revendiquait régulièrement l’état-major français ne cachaient plus l’effroyable réalité : les incidents violents liés à ces mêmes groupes ont doublé chaque année depuis 2015. L’impact sur les populations civiles est dramatique : près de 2 millions de personnes ont dû fuir les violences au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et 13,2 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire.

Cette spirale de la violence interroge d’autant plus quand elle est le fait des forces de sécurité étatiques avec lesquelles l’armée française collabore. Au Mali, en 2020, davantage de civils ont été tués par des militaires (35 %) que par des groupes dits djihadistes (24 %). La Minusma [la force de maintien de la paix de l’ONU] a également conclu à la responsabilité de l’armée française dans la mort de 19 civils lors d’une opération au Mali le 3 janvier 2021.

Terrible signal

Mais, en rejetant ces conclusions et en s’opposant à l’ouverture d’une enquête indépendante, la France a envoyé un terrible signal qui contribue à normaliser l’impunité. Dans un contexte sahélien profondément marqué par la défiance des populations envers les autorités et alors qu’elle ferme déjà trop souvent les yeux sur les déviances autoritaires dans la région, la France doit se montrer intransigeante face aux abus et violations des droits humains. Sans cela, elle ne peut qu’alimenter le sentiment anti-français dans la région.

Barkhane: l’échec d’une stratégie

Barkhane: l’échec d’une stratégie

Après l’annonce du retrait de la force militaire de lutte contre les groupes armés djihadistes, cinquante chercheurs, représentants d’ONG, de syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent, dans une tribune pour « Le Monde », à ouvrir le débat pour refonder, en concertation avec les populations, la politique française dans la région.

 

 

Tribune. Huit ans. Huit longues années d’opérations militaires au Sahel sans que la paix et la sécurité aient été au rendez-vous, et avec elles le décompte macabre par milliers des morts civils et militaires. En huit ans, l’opération « Barkhane », qui aura coûté la vie à 55 militaires français, aura fait l’objet de bien peu de débat public. Pas plus que l’ensemble de la politique étrangère française au Sahel, qui reste largement dominée par une approche sécuritaire au détriment notamment des efforts de développement, comme le souligne la Cour des comptes, dans un récent rapport. 

Convaincus qu’une autre approche est possible et nécessaire, cinquante associations, ONG, chercheurs, représentants de diasporas sahéliennes, syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent à préparer l’après-« Barkhane » de manière plus inclusive et à ouvrir le débat aux vues d’une refondation de la politique sahélienne de la France.

 

Ce débat est urgent car la militarisation du Sahel – à l’initiative notamment de la France – n’a rien réglé sur le plan sécuritaire ; on assiste même à une dégradation continue de la situation. Les « neutralisations » de quelques chefs de groupes armés que revendiquait régulièrement l’état-major français ne cachaient plus l’effroyable réalité : les incidents violents liés à ces mêmes groupes ont doublé chaque année depuis 2015. L’impact sur les populations civiles est dramatique : près de 2 millions de personnes ont dû fuir les violences au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et 13,2 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire.

Cette spirale de la violence interroge d’autant plus quand elle est le fait des forces de sécurité étatiques avec lesquelles l’armée française collabore. Au Mali, en 2020, davantage de civils ont été tués par des militaires (35 %) que par des groupes dits djihadistes (24 %). La Minusma [la force de maintien de la paix de l’ONU] a également conclu à la responsabilité de l’armée française dans la mort de 19 civils lors d’une opération au Mali le 3 janvier 2021.

Terrible signal

Mais, en rejetant ces conclusions et en s’opposant à l’ouverture d’une enquête indépendante, la France a envoyé un terrible signal qui contribue à normaliser l’impunité. Dans un contexte sahélien profondément marqué par la défiance des populations envers les autorités et alors qu’elle ferme déjà trop souvent les yeux sur les déviances autoritaires dans la région, la France doit se montrer intransigeante face aux abus et violations des droits humains. Sans cela, elle ne peut qu’alimenter le sentiment anti-français dans la région.

Barkhane: l’échec d’une stratégie

Barkhane: l’échec d’une stratégie

Après l’annonce du retrait de la force militaire de lutte contre les groupes armés djihadistes, cinquante chercheurs, représentants d’ONG, de syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent, dans une tribune pour « Le Monde », à ouvrir le débat pour refonder, en concertation avec les populations, la politique française dans la région.

 

 

Tribune. 
Huit ans. Huit longues années d’opérations militaires au Sahel sans que la paix et la sécurité aient été au rendez-vous, et avec elles le décompte macabre par milliers des morts civils et militaires. En huit ans, l’opération « Barkhane », qui aura coûté la vie à 55 militaires français, aura fait l’objet de bien peu de débat public. Pas plus que l’ensemble de la politique étrangère française au Sahel, qui reste largement dominée par une approche sécuritaire au détriment notamment des efforts de développement, comme le souligne la Cour des comptes, dans un récent rapport. 

Convaincus qu’une autre approche est possible et nécessaire, cinquante associations, ONG, chercheurs, représentants de diasporas sahéliennes, syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent à préparer l’après-« Barkhane » de manière plus inclusive et à ouvrir le débat aux vues d’une refondation de la politique sahélienne de la France.

 

Ce débat est urgent car la militarisation du Sahel – à l’initiative notamment de la France – n’a rien réglé sur le plan sécuritaire ; on assiste même à une dégradation continue de la situation. Les « neutralisations » de quelques chefs de groupes armés que revendiquait régulièrement l’état-major français ne cachaient plus l’effroyable réalité : les incidents violents liés à ces mêmes groupes ont doublé chaque année depuis 2015. L’impact sur les populations civiles est dramatique : près de 2 millions de personnes ont dû fuir les violences au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et 13,2 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire.

Cette spirale de la violence interroge d’autant plus quand elle est le fait des forces de sécurité étatiques avec lesquelles l’armée française collabore. Au Mali, en 2020, davantage de civils ont été tués par des militaires (35 %) que par des groupes dits djihadistes (24 %). La Minusma [la force de maintien de la paix de l’ONU] a également conclu à la responsabilité de l’armée française dans la mort de 19 civils lors d’une opération au Mali le 3 janvier 2021.

Terrible signal

Mais, en rejetant ces conclusions et en s’opposant à l’ouverture d’une enquête indépendante, la France a envoyé un terrible signal qui contribue à normaliser l’impunité. Dans un contexte sahélien profondément marqué par la défiance des populations envers les autorités et alors qu’elle ferme déjà trop souvent les yeux sur les déviances autoritaires dans la région, la France doit se montrer intransigeante face aux abus et violations des droits humains. Sans cela, elle ne peut qu’alimenter le sentiment anti-français dans la région.

« Barkhane » au Mali :L’échec total

« Barkhane » au Mali :L’échec total

L’annonce très politique de Macon de la fin de l’opération Barkhane  officialise l’échec total de la France qui a réussi l’exploit de se mettre un peu tout le monde à dos même si les opposants à la France sont nettement travaillés par des puissances étrangères  et les arrivistes locaux ( militaires ou civils)

Un papier du « Monde »

 

L’annonce par le président, Emmanuel Macron, jeudi 10 juin, de la fin de l’opération extérieure « Barkhane » dans sa forme actuelle a le mérite de la clarté. Elle met fin à l’illusion de moins en moins partagée d’une victoire militaire possible contre un mouvement insurrectionnel protéiforme, désormais solidement ancré dans les populations locales.

Si le chef des armées promet une réduction du dispositif militaire français et un « changement de modèle » de cet engagement, selon un calendrier qui reste à préciser – mais qui devrait impliquer le départ d’ici à début 2023 de la moitié des 5 100 militaires actuellement déployés –, c’est que le bilan de huit ans d’intervention française au Sahel n’est pas brillant. Certes, le déploiement de « Serval » au début de 2013, sous la présidence de François Hollande, à la demande des autorités maliennes, avait stoppé net l’avancée des groupes djihadistes et même sans doute évité l’effondrement de l’Etat malien.


Mais, depuis, les groupes djihadistes ont repris leur progression. Non seulement le Sahel est devenu l’« épicentre du terrorisme international », selon les mots d’Emmanuel Macron, mais les pays du golfe de Guinée que l’on pensait à l’abri sont maintenant visés. Les Etats locaux n’ont pas été capables de prendre le relais pour sécuriser les zones libérées. Le bilan humain ne cesse de s’alourdir. Selon l’ONG Acled, plus de 8 000 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées au Mali, au Niger et au Burkina Faso depuis 2013. Deux millions d’habitants ont été déplacés par les combats. Cinquante soldats français sont morts en service

Accusations de néocolonialisme

Par ailleurs, le soutien à l’opération « Barkhane » s’est sérieusement érodé dans l’opinion publique, en France et au Sahel. Les Français comprennent de moins en moins pourquoi des soldats meurent pour défendre une armée malienne qui s’est surtout distinguée par sa capacité à conduire deux coups d’Etat en l’espace de neuf mois. Les habitants du Sahel – parfois inspirés par une Russie aux aguets de tous les faux pas français en Afrique – accusent Paris de néocolonialisme. Ils constatent aussi que la présence française n’a pas mis un terme aux massacres de civils et qu’elle n’est pas exempte de bavures.

Le temps serait donc venu de siffler la fin de « Barkhane ». Cela ne signifie pas pour autant que la France va déserter la région. Des forces spéciales, a précisé M. Macron, resteront déployées pour mener des opérations strictement antiterroristes. C’est sans doute là que le bilan de l’intervention française est le plus probant, avec l’élimination de plusieurs chefs djihadistes. Mais ces victoires, de courte durée, n’ont jamais porté de coups fatals aux groupes armés liés à Al-Qaida ou à l’organisation Etat islamique.

 

Le deuxième pilier de la présence française concerne la formation des armées locales censées prendre le relais sécuritaire sur le terrain. Ce volet fera l’objet d’un effort supplémentaire porté par la France et ses partenaires européens. Mais, pour l’heure, l’efficacité de cette approche laisse plus d’un observateur dubitatif : des centaines de millions d’euros ont déjà été dépensées ces dernières années pour tenter d’améliorer l’organisation et les capacités de combat de l’armée malienne, sans guère de succès.

Quant à la force conjointe du G5 Sahel, regroupant des unités des armées de Mauritanie, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad, Emmanuel Macron n’y a même pas fait référence. Paris a pourtant porté à bout de bras cette architecture sécuritaire régionale depuis sa création, en 2014. Une autre illusion perdue.

12



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol