Archive pour le Tag 'bancaire'

Fusion bancaire : une menace pour la stabilité du système

Fusion bancaire : une menace pour la stabilité du système

Par 

Jean-Marie Harribey

Maître de conférences d’économie à l’université Bordeaux-IV

Esther Jeffers

Professeure d’économie à l’université de Picardie

Dominique Plihon

Professeur d’économie à l’université Sorbonne-Paris-Nord

Les trois économistes Jean-Marie Harribey, Esther Jeffers et Dominique Plihon critiquent, dans une tribune au « Monde », l’idée de fusions bancaires européennes avancée le 13 mai par Emmanuel Macron.
Lors du récent événement Choose France, présenté comme le Davos français, Emmanuel Macron a plaidé, le 13 mai, pour une fusion des grandes banques françaises avec des homologues européennes. Le président s’est ainsi déclaré favorable au rachat de Société générale par la banque espagnole Santander. Deux arguments sont avancés en faveur d’une consolidation – euphémisme pour désigner la concentration – du secteur bancaire européen.

D’une part, de grandes banques paneuropéennes seraient nécessaires pour faire avancer le projet d’Union européenne des marchés de capitaux. D’autre part, les banques françaises et européennes sont sous-dimensionnées par rapport à leurs concurrentes états-uniennes, telles que J.P. Morgan. Macron demande également que soient abaissées les exigences prudentielles de fonds propres appliquées aux banques européennes, afin de renforcer leur compétitivité face à leurs concurrentes d’outre-Atlantique, soumises à des règles moins contraignantes.

Les propositions du président de la République, pourtant ancien banquier, sont inadaptées et dangereuses. Il semble que les leçons de la grande crise financière de 2007-2008 sont déjà oubliées. Deux leçons avaient pourtant été tirées par les autorités : le rapport Larosière (2009) avait conclu que l’importance prise par la crise était due à un déficit de régulation bancaire, et qu’un renforcement de celle-ci, qu’Emmanuel Macron veut remettre en cause aujourd’hui, était nécessaire.

Par ailleurs, le Conseil de stabilité financière (CSF), mis en place par le G20 en 2009, avait conclu que les acteurs les plus menaçants pour la stabilité financière internationale sont les banques systémiques, c’est-à-dire susceptibles d’engendrer une crise bancaire globale, car elles ont la double caractéristique d’avoir une taille importante et d’être étroitement interconnectées, ce qui peut être un facteur important de propagation de la crise.

Les banques systémiques étaient, et sont toujours, « too big to fail » (« trop grosses pour faire faillite »). Or il faut rappeler que le système bancaire français, l’un des plus concentrés dans le monde, est contrôlé par quatre banques – BPCE, BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale – qui sont toutes présentes dans la liste .

Finances : Crise bancaire ou pas ?

Finances : Crise bancaire ou pas ?

Par
Aurore Burietz
Professeur de Finance, LEM-CNRS 9221, IÉSEG School of Management

Loredana Ureche-Rangau
Professeur des Universités en Sciences de Gestion, spécialisation Finance, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
dans the Conversation


En octobre 2009, quelques mois après le déclenchement de la crise des subprimes et la faillite de Lehman Brothers, Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, deux des économistes les plus influents dans le monde, publiaient un ouvrage intitulé Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière. Ils y défendaient l’idée qu’avant chaque crise financière émergeait, face à des risques pourtant visibles, une tendance à se rassurer en se disant que les leçons du passé avaient été tirées et que rien de catastrophique ne se produirait. Pourtant, à chaque fois, ce fut chômage et endettement élevés.

Quelques heures après la faillite de la SVB, le ministre de l’Économie, Bruno le Maire se disait tranquille, sûr de la solidité du système français dont les établissements agissent de manière diversifiée. « Ce qui s’est passé aux États-Unis est très singulier » affirmait-il. Au-delà de ces propos, au moment où le cours de l’or, valeur refuge, atteint des sommets, des similitudes avec les crises passées invitent à la prudence et à ne pas affirmer trop rapidement que « cette fois, c’est différent ».

De manière générale, une crise financière se caractérise par un cycle en deux phases : une période d’expansion puis une récession, le point de départ étant la résolution de la crise précédente. À ce moment, les cartes semblent avoir été redistribuées afin de réduire la probabilité qu’un tel évènement ne se reproduise à l’avenir.

Cela passe souvent, et ce fut le cas lors de la dernière décennie, par un ajustement des politiques fiscale, via une hausse des dépenses du gouvernement par exemple, et monétaire avec un assouplissement des conditions d’emprunts et une baisse des taux d’intérêt directeurs. L’objectif premier est de réduire au maximum les conséquences de la crise financière (Wall Street) sur le reste de l’économie (Main Street). Néanmoins, l’abondance de liquidités combinée avec un accès au crédit plus facile alimente une nouvelle bulle de crédit, première cause d’une crise financière.
S’y associe généralement un engouement des marchés financiers pour un actif spécifique, qui commence à capter une grande majorité des liquidités nouvellement disponibles. Cela favorise le développement d’une bulle de prix sur cet actif en particulier et une spécialisation des acteurs du marché (institutions financières et investisseurs). Les investissements se concentrent alors dans un secteur au détriment d’autres opportunités d’investissement. Il s’agissait de l’immobilier en 2008 lors de la crise des subprimes, des nouvelles technologies en 2000 lors de la bulle Internet. En 1637, l’attention des investisseurs s’est portée sur le bulbe d’une tulipe, un épisode que l’on a nommé « tulipomania ». À cette époque, l’engouement était tel qu’un bulbe a pu valoir jusque l’équivalent de deux belles maisons bourgeoises à Amsterdam.

En se focalisant sur un seul actif, les portefeuilles se trouvent de moins en moins diversifiés. C’est pourtant la première des sécurités face au risque qu’un problème survienne sur un marché en particulier.

La mise en place de nouvelles réglementations ou la suppression de celles existantes compte parmi les autres outils destinés à diminuer les risques et à éviter la reproduction des erreurs du passé. Dans un contexte de ruée aux guichets, une solution mise en avant est la garantie des dépôts : pas besoin de se précipiter pour retirer ses fonds quand on les sait protégés et cela évite aux établissements bancaires de s’effondrer dans un mouvement de panique.

Actuellement plafonnée, certains ont proposé de la rendre illimitée. Une telle garantie réduirait cependant la vigilance des épargnants quant à l’utilisation de leurs fonds par la banque, qui peut ainsi être incitée à prendre davantage de risques. Changer les règles peut ainsi s’avérer contre-productif.

La dérèglementation dans les années 1980 aux États-Unis avait permis aux caisses d’épargne, dont le cœur de métier était les dépôts, les crédits et les hypothèques, d’investir dans des actifs assez éloignés de leur cœur de métier. L’objectif était de rendre les activités de ces institutions plus flexibles que ce que le cadre réglementaire instauré après la Grande dépression des années 1930 le permettait. La course à la recherche de rendements de plus en plus élevés, issus d’activités de plus en plus risquées, était lancée. La fin fut cruelle : sur les 4 000 établissements recensés en 1980, 563 ont fait faillite à la fin de la décennie.

Ce n’est pas sans rappeler la situation actuelle : le Economic Growth, Regulatory Relief and Consumer Protection Act de 2018 a relâché les réglementations introduites après la crise des subprimes en faisant grimper le seuil définissant ce qu’est une banque systémique, et les exigences qu’il implique, de 50 à 250 milliards de dollars.

Parmi les soutiens de la mesure on retrouvait Greg Backer, CEO de la Silicon Valley Bank, concerné par le changement de ces règles, qui lui offrait plus de souplesse dans ses activités.

On remarque également que les crises surviennent souvent après une période de forte innovation, technologique et financière. Toute phase de croissance s’accompagne d’une phase propice au développement des innovations financières entre autres. Il y a eu l’essor des produits dérivés et le début de la titrisation à la fin des années 1970, ou le développement massif du trading à haute fréquence grâce aux avancées technologiques du début du XXe siècle.

Certes, l’innovation conduit à des progrès notables à tous les niveaux mais elle apporte aussi son lot d’incertitudes quant à l’évolution de l’économie, de la réglementation, des comportements des opérateurs et de ce qu’elle implique sur les marchés.

En 2023, les progrès exceptionnels des technologies numériques, surtout après la crise sanitaire, apportent autant d’opportunités nouvelles que de risques. Elles ont attiré des capitaux énormes de la part des financeurs divers, une manne de liquidités qui a trouvé une niche profitable et nouvelle, peut-être aussi moins régulée que d’autres.

La digitalisation contribue cependant aussi à accélérer la transmission des informations, qu’elles soient vraies ou fausses, avec pour conséquence non seulement d’augmenter la volatilité sur les marchés financiers pour les professionnels mais aussi de générer des paniques parmi les particuliers. Ces phénomènes de panique, couplés aux possibilités de retrait instantané en ligne dans une base de clients très concentrée comme celle des investisseurs de la SVB ont conduit au swipe crash de cette dernière.

Le scénario final de ces phénomènes est écrit d’avance : dans un système de plus en plus complexe et opaque où l’information circule, où les acteurs du marché manquent d’expertise ou de temps pour évaluer correctement les situations, le risque systémique s’accroît à cause de la concentration des investissements dans un secteur particulier et la perte de confiance de l’ensemble des acteurs conduit à des faillites.

La suite semble, elle aussi, assez classique : intervention des banques centrales et des gouvernements pour ajuster les politiques fiscale et monétaire et tenter d’enrayer la crise avant qu’elle ne se propage en dehors de la sphère financière…

Dans la littérature économique et financière, on évoque régulièrement la mémoire courte des marchés. La mise en place de nouvelles règles, des opportunités économiques nouvelles créées par l’innovation donnent l’illusion que le présent est différent du passé. On en vient à oublier les leçons du passé, et à penser que cette fois le cadre est tellement bien défini qu’il ne pourra pas craquer, voire à sous-estimer les risques, surtout dans une période d’euphorie où l’optimisme des investisseurs affecte leur vigilance. Aujourd’hui aussi, il semble bien délicat d’affirmer : « Cette fois c’est différent ».

Faillite bancaire : « aucun risque » en France

Faillite bancaire : « aucun risque » en France ?

Évidemment comme d’habitude les élites économiques et financières se veulent très rassurants à propos d’une éventuelle contagion de la crise bancaire constatée au États-Unis ( dautres banques seront touchées) et en Suisse. Un peu le même raisonnement que lors du nuage de Tchernobyl qui a pollué toute l’Europe sauf la France !.

Certes, personne ne souhaite que le système financier éclate car les déposants seraient les principales victimes sans parler des autres conséquences sur l’inflation et les changes. Il est vrai que les règles de gouvernance des banques sont particulièrement sévères en France et les risques donc minimisés.

Reste que la finance est largement mondialisée et que la situation de chaque pays dépend bien entendu des politiques économiques, budgétaires mais aussi monétaires internationales. Les capitaux eux-mêmes sont largement interdépendants et s’insèrent dans une organisation systémique à l’échelle mondiale.

Dans les circonstances actuelles. On peut effectivement affirmer que le risque de contagion de la crise vers la France est peu crédible. Cependant tout est question d’ampleur et de nature de la crise. D’une certaine manière la crise a déjà commencé avec l’explosion de l’inflation qui en quelque sorte n’est que le rétablissement de l’équilibre entre la masse monétaire et la richesse réelle qu’on fait payer surtout aux consommateurs finaux. Contrairement aux affirmations des experts patentés, l’inflation va continuer et même si elle devait légèrement se tasser le niveau des prix ne va pas diminuer sauf dramatique récession.

Si la conjoncture économique et sociale devait brutalement et très fortement se dégrader, le système français bien que protégé ne pourrait résister à un mouvement de panique. Les banques seraient bien dans l’incapacité de rembourser la totalité des avoirs déposés par les clients. D’ailleurs la garantie de remboursement en cas de crise n’est que très partielle et vise surtout les comptes courants.

Tout dépendra de la persistance de l’inflation qui de fait a dévalorisé nombreux d’actifs des banques mais aussi des particuliers. Tout dépendra aussi de la gestion des équilibres entre actions monétaires et actions budgétaires. Une action budgétaire brutale- conjuguée avec la montée actuelle des taux d’intérêt- pourrait provoquer une récession grave et nourrir un climat de défiance voire de panique.

De ce point de vue les conditions d’une confiance inébranlable dans le système financier n’est sans doute pas totale en France compte tenu de la crise et de la chienlit qui s’installent. affirme le président de la Fédération bancaire française

Pour Philippe Brassac, Président de la fédération des banques également directeur général de Crédit agricole, affirme qu’en France les banques sont solides du fait de leur régulation et il n’y a pas de mécanisme, comme par le passé, de propagation. »

Crise bancaire : « aucun risque » en France ?

Crise bancaire : « aucun risque » en France ?

Évidemment comme d’habitude les élites économiques et financières se veulent très rassurants à propos d’une éventuelle contagion de la crise bancaire constatée au États-Unis ( dautres banques seront touchées) et en Suisse. Un peu le même raisonnement que lors du nuage de Tchernobyl qui a pollué toute l’Europe sauf la France !.

Certes, personne ne souhaite que le système financier éclate car les déposants seraient les principales victimes sans parler des autres conséquences sur l’inflation et les changes. Il est vrai que les règles de gouvernance des banques sont particulièrement sévères en France et les risques donc minimisés.

Reste que la finance est largement mondialisée et que la situation de chaque pays dépend bien entendu des politiques économiques, budgétaires mais aussi monétaires internationales. Les capitaux eux-mêmes sont largement interdépendants et s’insèrent dans une organisation systémique à l’échelle mondiale.

Dans les circonstances actuelles. On peut effectivement affirmer que le risque de contagion de la crise vers la France est peu crédible. Cependant tout est question d’ampleur et de nature de la crise. D’une certaine manière la crise a déjà commencé avec l’explosion de l’inflation qui en quelque sorte n’est que le rétablissement de l’équilibre entre la masse monétaire et la richesse réelle qu’on fait payer surtout aux consommateurs finaux. Contrairement aux affirmations des experts patentés, l’inflation va continuer et même si elle devait légèrement se tasser le niveau des prix ne va pas diminuer sauf dramatique récession.

Si la conjoncture économique et sociale devait brutalement et très fortement se dégrader, le système français bien que protégé ne pourrait résister à un mouvement de panique. Les banques seraient bien dans l’incapacité de rembourser la totalité des avoirs déposés par les clients. D’ailleurs la garantie de remboursement en cas de crise n’est que très partielle et vise surtout les comptes courants.

Tout dépendra de la persistance de l’inflation qui de fait a dévalorisé nombreux d’actifs des banques mais aussi des particuliers. Tout dépendra aussi de la gestion des équilibres entre actions monétaires et actions budgétaires. Une action budgétaire brutale- conjuguée avec la montée actuelle des taux d’intérêt- pourrait provoquer une récession grave et nourrir un climat de défiance voire de panique.

De ce point de vue les conditions d’une confiance inébranlable dans le système financier n’est sans doute pas totale en France compte tenu de la crise et de la chienlit qui s’installent. affirme le président de la Fédération bancaire française

Pour Philippe Brassac, Président de la fédération des banques également directeur général de Crédit agricole, affirme qu’en France les banques sont solides du fait de leur régulation et il n’y a pas de mécanisme, comme par le passé, de propagation. »

L ‘innovation bancaire en retard

L ‘innovation bancaire en retard 

 

 Les résultats en matière d’innovation sont mitigés et les banques traditionnelles ont eu du mal à tirer profit de ce nouvel environnement, comparativement à ceux observés en Asie dont l’Europe pourrait s’inspirer. Par Matilde Guilhon, doctorante à ESCP Business School et chercheuse chez Square Management (Square Research Center)*.

 

Alors que le moteur de l’Open Banking en Europe est principalement réglementaire, dans la plupart des pays asiatiques, la motivation est surtout commerciale. L’illustration la plus extrême est la Chine, où les régulateurs ont laissé le champ ouvert au développement des « BATX », comme Alibaba et Tencent, dans le secteur financier. Ces plateformes ont pu créer des « superapps » qui fonctionnent comme des écosystèmes offrant solutions financières et extra-financières à leurs utilisateurs.

Dans les pays où les systèmes bancaires sont plus proches des pays européens, comme Hong Kong ou Singapour, les réglementations sont moins contraignantes que celles de DSP2 et de la CMA. A Singapour, les réglementations prennent la forme de recommandations sur la mise en place de modèles Banking-as-a-Service et d’API. Malgré le caractère non obligatoire de ces règlementations, les banques singapouriennes ont été diligentes dans la collaboration avec les nouveaux entrants. Par exemple, DBS Bank a développé la plus grande plateforme d’API bancaire au monde, avec plus de 200 APIs couvrant une diversité de services bancaires et extra-bancaires.

Les réglementations européennes exhortent les banques à ouvrir leurs données à des tierces parties. Cela correspond à une situation d’innovation imposée, où la pression des institutions réglementaires est forte tandis que les incitations économiques à mettre en œuvre l’innovation sont relativement faibles. Le discours des régulateurs était orienté vers la promotion de l’innovation et de la concurrence en faisant pression sur les banques en position dominante.

Or, la capacité des acteurs en place à développer une réponse efficace à une innovation imposée dépend fortement de la perception de l’innovation, à la fois comme une menace pour leur secteur, mais aussi et surtout comme une opportunité de créer un avantage concurrentiel. Cela a conduit les banques traditionnelles à adopter une attitude défiante vis-à-vis des Fintechs et des start-ups lors de l’introduction des réglementations, plutôt que d’explorer les opportunités de collaboration.

Dans la mesure où elles ont précédé l’innovation, les réglementations européennes ont manqué de clarté et de précision dans le traitement de questions clés telles que la responsabilité légale dans la collaboration entre les banques et les tiers. Au sein de l’UE, il a fallu près de trois ans entre l’adoption de la DSP2 et son entrée en vigueur – années que les acteurs en place ont davantage passées à décrypter des réglementations lourdes et à initier la mise en conformité, plutôt qu’à développer des stratégies d’innovation appropriées. En outre, la volonté d’introduire un standard de normes au niveau européen sans tenir compte des spécificités bancaires nationales a entraîné une mise en œuvre hétérogène des directives.

La réglementation constitue un catalyseur pour l’innovation en Open Banking. Toutefois, tout en reconnaissant les spécificités culturelles, politiques et économiques de chaque pays qui conditionnent le potentiel d’innovation, on constate que les pays adoptant des réglementations flexibles favorisent davantage l’innovation au sein du secteur bancaire. De plus, l’ouverture forcée d’un secteur à forte inertie risque de servir involontairement les « Big Tech », recréant ainsi une situation de monopole à long terme.

Comment établir un environnement propice à l’innovation tout en maintenant la stabilité du secteur bancaire de détail ? Une plus grande coordination entre les régulateurs et une approche réglementaire progressive et flexible sont bienvenues. Il n’est évidemment pas question de maintenir des positions dominantes au détriment du consommateur. Néanmoins, avec leurs décennies d’expérience en matière de sécurité des données et leur expertise, les banques traditionnelles doivent rester au centre du système financier pour assurer sa stabilité et garantir la protection de leurs clients.

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(*) Membre du Square Research Center de Square Management

L’opacité du système bancaire et financier

L’opacité du système bancaire et financier

 

Par Michel Santi, économiste (*) ( La Tribune)

 

C’est le principe de la loi de Gresham, du nom du conseiller financier d’Elizabeth Ière au XVIe siècle. À l’époque, en Angleterre et ailleurs, des pièces d’argent étaient en circulation présentant une pureté inégale. Les consommateurs et commerçants d’alors conservaient jalousement celles qui contenaient une proportion supérieure d’argent pour se dessaisir en priorité de celles au titre moins favorable.

Ce rouleau compresseur des escroqueries et des malversations fut récemment décrit par George Akerlof :

«Les transactions malhonnêtes tendent à faire disparaître du marché les transactions honnêtes. Voilà pourquoi le coût lié à la malhonnêteté est supérieur au montant de la tricherie».

Cette contre-dynamique de Gresham – devenue aujourd’hui une constante sur les marchés financiers – a donc pour conséquence une volatilisation de l’éthique au profit de la fraude, qui devient dès lors endémique. Ceux qui respectent la loi et la morale sont appelés à disparaître – en tout cas à perdre en compétitivité – tandis que leurs rivaux peu scrupuleux se maintiennent grâce à des artifices et à des manipulations qui compriment leurs coûts, qui gonflent leurs bénéfices. En d’autres termes, aujourd’hui, il devient trop cher d’être honnête ou, pour s’interroger avec Amartya Sen:

«Comment est-il possible qu’une activité aussi utile, comme la finance, soit devenue si immorale ?»

Il est vrai aussi que les gagnants ne sont rien sans les perdants : les gagnants dépendent toujours de l’existence des perdants. Amazon n’aurait, par exemple, jamais joui de sa réussite spectaculaire sans la croissance et sans la faillite de nombre d’entreprises ayant jalonné son parcours. Dans le monde réel, entreprendre est dangereux et nombre d’individus ne se lancent par conséquent jamais dans ce type d’aventure. En outre, l’action d’investir ne peut être totalement transparente, car les risques et les coûts inhérents à toute entreprise doivent être, en partie au moins, masqués.

En effet, les chances de succès d’un projet sont intimement corrélées au degré d’avancement d’autres projets qui évoluent – ou pas – au même moment. Ainsi, investir, concrétiser, placer, agir sont autant d’actes couronnés de succès par des vagues successives suscitées et portées par des optimistes accomplissant de grandes choses pour eux et pour l’Humanité, lesquelles vagues charrient en même temps leurs lots de ceux qui se sont plantés.

Voilà précisément pourquoi les systèmes et les marchés financiers existent : afin d’assurer à tous que la dynamique des investissements est favorable, afin d’aider à surmonter ces appréhensions légitimes de l’échec. Telle est donc la mission première de la finance : penser collectif, car chaque projet considéré isolément serait peu susceptible de réussir.

Le mimétisme est un sentiment fondamental en finance et dans l’entreprise, car on ne réussit jamais seul, quel que soit le profil de risque de notre plan, si nous ne sommes pas accompagnés -de près ou de loin – par d’autres investisseurs. Intuitivement, tous se disent que leur propre projet aura nettement plus de chances d’aboutir si plus de monde s’y met simultanément. Sachant que, à l’inverse, le déséquilibre apparaît dès lors que peu d’individus osent, que l’écrasante majorité thésaurise du fait d’un contexte pessimiste. Voilà également pourquoi les banques existent, car elles ont pu et su régler dans les grandes lignes cette problématique en proposant une alternative favorable à tous, aussi bien à ceux enclins aux risques qu’aux plus conservateurs.

Pour qui sait se montrer lucide, le système bancaire est un amalgame de fraude et d’ingéniosité, qui sert de tampon entre le monde de l’entreprise et le monde de l’investissement. Les banquiers nous promettent un monde prospère alors même qu’ils ont conscience de ne pas toujours être en mesure de tenir leurs engagements. De leur côté, les investisseurs savent bien que les banquiers n’ont pas la science infuse et qu’ils font bien souvent des promesses qu’ils ne pourront pas honorer. Ils se laissent néanmoins abuser par leurs banquiers qui les assurent – et les rassurent – que ce n’est pas eux qui subiront (toutes) les pertes en cas de pépin, mais les actionnaires, la maison mère, l’État, les fonds de garantie…

Que la récupération de leur placement, de leur investissement, de leur épargne est certaine, car c’est d’autres qui trinqueront. Les angoisses épisodiques des actionnaires eux-mêmes, en théorie aux premières loges pour essuyer les pertes, sont également tranquillisés, car ils sont assurés par les banquiers de bénéficier de la protection et du parapluie d’un organisme quelconque qui les couvrira en cas de besoin. L’innovation financière, l’interdépendance des banques, la réassurance, les swaps, les hedge, les garanties agiront tous dans un sens et vers un objectif communs consistant à ce que – le jour fatidique venu – nul ne sache vraiment qui a perdu ni combien il a perdu.

Voilà pourquoi l’opacité inhérente au monde de la banque lui est vitale ainsi qu’à toute la chaîne alimentaire qui gravite autour. Voilà pourquoi cet univers nébuleux ne pourra jamais être vraiment réformé, encore moins éradiqué. Son opacité autorise précisément de faire porter le risque à ceux qui ne l’auraient jamais toléré, si bien sûr ils en avaient été informés… Dit autrement – brutalement – les entreprises qui n’entretiennent pas une certaine dose d’opacité voire de comportements frauduleux, ne peuvent se développer ni prospérer. En finance, la complexité n’est donc pas le fruit de l’intelligence évolutive des banquiers, et les financiers ne représentent pas une caste plus intelligente qui brille par un niveau intellectuel qui se démarquerait du commun des mortels. Cette complexité et cette opacité sont cruciales à la finance moderne qui excelle à persuader toute la chaîne des intervenants à une prise de risques que nombre d’entre eux n’auraient jamais toléré. Quoi que l’on dise, quoique l’on fasse, il n’y a pas d’alternative à un monde de la banque et de la finance semi-frauduleux.

Les abus de la finance sont donc passés dans nos mœurs, car les banquiers et financiers honnêtes ne sont pas de taille à entrer en compétition avec leurs collègues fraudeurs. C’est simple : une banque qui ne chercherait pas à masquer des pertes, à vendre des actifs pourris, à blanchir de l’argent, à influencer le cours d’un produit dérivé… ne serait plus compétitive et serait vouée à terme à faire faillite, ou à voir son titre sévèrement décroché en bourse. Dans la nature, la sélection darwinienne nous apprend que les plus forts survivent aux plus faibles. Dans l’univers de la finance et de l’investissement, ce sont les malhonnêtes qui ont tendance à rester et à prospérer quand sont damnés ceux qui se conforment aux règles du jeu.

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d’Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l’auteur d’un nouvel ouvrage : « Le testament d’un économiste désabusé ».
Sa page Facebook et son fil Twitter.

Suisse : la corruption derrière le secret bancaire (Joseph Stiglitz)

Suisse : la corruption derrière le secret bancaire (Joseph Stiglitz)

Le Prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz,  salue  dans le Monde l’effet provoqué par les « Suisse Secrets » et souligne que les principales victimes de l’argent sale caché chez Credit Suisse sont les populations de pays pauvres ayant des dirigeants corrompus.

 

Tribune.

 

« Suisse Secrets », la dernière bombe lâchée par un groupe de médias internationaux, est la continuation du travail commencé avec les « Panama Papers » et les « Paradise Papers ». Il s’agit de la même vieille histoire qui se répète, à l’infini. Chaque fois que des journalistes lèvent le voile sur ce qui se passe dans le secteur financier, nous comprenons mieux l’importance du secret bancaire : chaque fois apparaît un réseau de corruption et d’activités sordides derrière lesquels se cachent sans surprise une armée de clients douteux et de familles de dictateurs, mais aussi une poignée de responsables politiques, apparemment respectables, de pays démocratiques.

Mais cette fois-ci, cela semble différent. Il ne s’agit pas d’une petite île obscure située dans des eaux reculées, ni d’un pays en développement en quête d’un autre modèle économique que celui de la drogue. Non, il s’agit d’une grande banque, Credit Suisse, implantée au cœur de l’Europe, dans l’un des pays les plus prospères du monde, un pays où l’État de droit est censé primer. Ces révélations sont d’autant plus désolantes que le pays et la banque impliqués ont promis transparence et amendement – après avoir, des décennies durant, facilité l’évasion fiscale sans que cela paraisse poser le moindre problème. Or le problème se trouve précisément là : il ne saurait y avoir de responsabilité financière des États et des banques en l’absence de transparence accrue.

La position de la Suisse, dont la loi sanctionne ceux qui tentent de percer son secret, semble de plus en plus double. Dans le monde entier, des pays adoptent des lois sur les lanceurs d’alerte, exposés à l’extrême difficulté de faire la lumière sur des comportements nuisibles. Aux Etats-Unis, les révélations de Frances Haugen sur les méfaits de Facebook n’auraient sans doute pas été possibles sans les solides lois américaines sur les lanceurs d’alerte. A l’inverse, la Suisse semble s’arc-bouter sur la défense du secret bancaire, en dépit de ses conséquences néfastes, et sanctionne les journalistes et autres personnes qui parviennent à accéder à des données sur ce qui se passe à l’ombre de son système financier.

Il est regrettable, mais hélas pas surprenant, qu’aucun média suisse n’ait pu participer à cette enquête collaborative mondiale, étant donné les lourdes conséquences légales prévues par les lois suisses sur le secret bancaire. Nous ne pouvons donc que saluer l’action de ces journalistes non suisses qui risquent des poursuites des autorités helvétiques. Sans aucun doute, la Suisse sait l’effet dissuasif de sa législation : sans aucun doute ou presque, son but est de préserver aussi longtemps que possible son modèle économique, pour empocher une petite part des biens illicites ou mal acquis, en échange d’un refuge sûr et secret où amasser et stocker leurs lingots.

 

Finances–« Des risques de crise bancaire? »

Finances–« Des risques de crise bancaire? »

 

Le danger est que la crise sanitaire se transmette non seulement à l’économie mais aussi au milieu bancaire. En effet, l’Etat fait porter aux banques une part de risque et de responsabilité conséquente, prévient l’avocate Pauline Bournoville dans une interview à l’Opinion.

 

 

L’économie française a détruit plus de 502 000 emplois nets au premier trimestre, a annoncé l’Insee en fin de semaine. L’impact du coronavirus ne s’arrêtera malheureusement pas là car les faillites sont à venir, prévient Pauline Bournoville, avocate associée en restructuration de dette et entreprises en difficulté chez Herbert Smith Freehills.

Redoutez-vous un tsunami de faillites ?

On peut effectivement s’y attendre. La vague n’est pas encore là car les entreprises sont aujourd’hui extrêmement soutenues par les aides gouvernementales, notamment le prêt garanti par l’Etat (PGE). Tous les acteurs s’accordent à dire que les défaillances devraient arriver entre l’automne et le début de l’année prochaine. Les sociétés qui n’ont pas eu accès au PGE ont tenu en payant les salaires avec leur trésorerie existante, mais la situation devient très tendue : c’est dans cette catégorie que l’on devrait constater les premières chutes à l’automne. Puis la distribution de PGE se termine à la fin de l’année, ce qui devrait générer une nouvelle vague de défaillances début 2021. Ce calendrier concerne les entreprises en bonne santé. Il existe par ailleurs une série de dossiers déjà très fragiles avant la crise, dont le confinement a précipité la chute ou va le faire. Je pense à la Halle, André ou Camaïeu qui avait surmonté plusieurs plans de restructuration et qui, cette fois, a subi le coup de grâce. Des sociétés affaiblies ont parfois obtenu un PGE, mais cela ne fait que rajouter de la dette à la dette déjà existante. Dans tous les cas, la pandémie a perturbé les négociations en cours et amplifié les difficultés.

Cette crise est néanmoins très spécifique, elle pourrait être aussi violente que brève…

Certains secteurs vont pouvoir se reprendre. Des Français profitent des mesures d’aide pour changer leur voiture ou rattrapent leur retard dans l’achat d’autres biens. En revanche, dans le tourisme, ceux qui ne sont pas partis au printemps ne sont pas partis… L’Etat adapte d’ailleurs ses aides à cette situation : des outils spéciaux ont été mis en place comme le « PGE saison », destiné aux opérateurs du tourisme. Il va leur permettre de prendre comme référence de calcul leurs trois meilleurs mois de chiffre d’affaires de l’année, afin d’obtenir un montant de prêt suffisant pour passer l’obstacle. Mais dans un autre secteur, Technicolor qui opère dans l’industrie du cinéma subit cette crise de plein fouet et vient d’entamer une procédure de conciliation. Nous vivons, c’est vrai, une crise d’une nature très différente des précédentes, mais un certain nombre d’entreprises n’y survivront pas.

Les mesures du plan de soutien à l’économie sont-elles adaptées ?

Il faut d’abord saluer la réactivité de l’Etat et sa mobilisation au service des entreprises. Dès le confinement, les professionnels du droit que nous sommes avons été submergés par des décisions prises dans l’urgence, qui ont souvent été améliorées dans la foulée. Sur le fond, la mesure phare qu’est le PGE a permis d’ouvrir le robinet financier et de combler les besoins de liquidités de très nombreuses entreprises. Mais ce n’est pas une subvention. La question est de savoir si l’on n’a pas reporté le problème de six ans – ce qui correspond à la maturité maximum du PGE. Seul l’avenir dira si les entreprises sont capables de rembourser les prêts obtenus. Par ailleurs, l’Etat fait porter aux banques une part de risque et de responsabilité conséquente. Ces PGE sont garantis à hauteur de 90% maximum. Les 10 % potentiels à leur charge ne sont pas neutres puisque 100 milliards d’euros de PGE ont déjà été distribués, et qu’on anticipe un total de 150 milliards de prêts. En outre, la garantie de l’Etat est certes inconditionnelle et irrévocable. Mais toute l’analyse de l’éligibilité au PGE, notamment le fait de savoir si les demandeurs ne sont pas des entreprises en difficulté au regard des normes européennes, incombe aux banques. Elles doivent donc gérer une double problématique, économique (l’entreprise pourra-t-elle rembourser, in fine ?) et juridique (l’entreprise est-elle bien éligible au PGE et la garantie pourra-t-elle effectivement jouer ?).

Prêter est le métier des banques…

Personne n’a intérêt à ce qu’une crise sanitaire et économique se transforme en crise bancaire. Or si l’on découvre par exemple qu’une société n’était finalement pas éligible au PGE pour telle ou telle raison, la totalité du risque financier incomberait aux banques. Sans aller jusque-là, ajouter potentiellement 15 milliards d’euros de risque supplémentaires à leur bilan, ce n’est pas rien. Les banques sont des entreprises privées qui doivent aussi défendre les intérêts de leurs parties prenantes. C’est pourquoi elles jouent leur rôle tout en étant très vigilantes au respect des instructions qu’elles ont reçues.

Des économistes suggèrent de leur déléguer la décision de la continuation d’activité de PME en difficulté. C’est une bonne idée ?

C’est encore leur rajouter un degré de responsabilité sur les épaules. Et je suis assez perturbée par le fait que les banques pourraient décider la faillite d’une société. Un créancier peut, certes, assigner une entreprise en redressement ou en liquidation judiciaire, mais dans les faits c’est extrêmement rare. Il ne faut pas mélanger les rôles. Décider la faillite est un quasi-monopole du dirigeant. C’est à lui d’analyser sa situation financière, et de déterminer s’il est ou non en état de cessation des paiements. Par ailleurs, si les banques sont acteurs de la (sur)vie d’une entreprise, en lui prêtant ou non l’argent qui l’aidera à surmonter ses difficultés, elles ne veulent pas être seules en jeu. En premier lieu il y a les actionnaires, ce que les banques ne manquent d’ailleurs pas de rappeler lorsque l’entreprise négocie un PGE.

Comment aider davantage les entreprises à passer la crise ?

L’ordonnance du 20 mai prévoit des mesures intéressantes. Elle facilite, par exemple, la reprise d’une société en plan de cession par son propre dirigeant. Sauf exception, c’était interdit jusqu’à présent car c’était la porte ouverte aux abus : le plan de cession prévoit en effet la reprise de tous les actifs, sans les dettes. Cette nouvelle disposition donne un nouveau rôle au dirigeant. Autre innovation : les apporteurs d’argent frais à une entreprise en phase d’observation lors d’une procédure collective bénéficient dorénavant d’un rang privilégié de remboursement. Ce que nous appelons déjà entre praticiens le « privilège de post money ». Cela permettra de diversifier les sources de financement, notamment lors d’une période extrêmement délicate. Cette nouvelle ordonnance va par ailleurs perturber les équilibres de négociation en phase de conciliation, mais tout ce qui peut faciliter les apports de capitaux par différents acteurs va dans le bon sens.

 

« Des risques de crise bancaire? »

« Des risques de crise bancaire? »

 

Le danger est que la crise sanitaire se transmette non seulement à l’économie mais aussi au milieu bancaire. En effet, l’Etat fait porter aux banques une part de risque et de responsabilité conséquente, prévient l’avocate Pauline Bournoville dans une interview à l’Opinion.

 

 

L’économie française a détruit plus de 502 000 emplois nets au premier trimestre, a annoncé l’Insee en fin de semaine. L’impact du coronavirus ne s’arrêtera malheureusement pas là car les faillites sont à venir, prévient Pauline Bournoville, avocate associée en restructuration de dette et entreprises en difficulté chez Herbert Smith Freehills.

Redoutez-vous un tsunami de faillites ?

On peut effectivement s’y attendre. La vague n’est pas encore là car les entreprises sont aujourd’hui extrêmement soutenues par les aides gouvernementales, notamment le prêt garanti par l’Etat (PGE). Tous les acteurs s’accordent à dire que les défaillances devraient arriver entre l’automne et le début de l’année prochaine. Les sociétés qui n’ont pas eu accès au PGE ont tenu en payant les salaires avec leur trésorerie existante, mais la situation devient très tendue : c’est dans cette catégorie que l’on devrait constater les premières chutes à l’automne. Puis la distribution de PGE se termine à la fin de l’année, ce qui devrait générer une nouvelle vague de défaillances début 2021. Ce calendrier concerne les entreprises en bonne santé. Il existe par ailleurs une série de dossiers déjà très fragiles avant la crise, dont le confinement a précipité la chute ou va le faire. Je pense à la Halle, André ou Camaïeu qui avait surmonté plusieurs plans de restructuration et qui, cette fois, a subi le coup de grâce. Des sociétés affaiblies ont parfois obtenu un PGE, mais cela ne fait que rajouter de la dette à la dette déjà existante. Dans tous les cas, la pandémie a perturbé les négociations en cours et amplifié les difficultés.

Cette crise est néanmoins très spécifique, elle pourrait être aussi violente que brève…

Certains secteurs vont pouvoir se reprendre. Des Français profitent des mesures d’aide pour changer leur voiture ou rattrapent leur retard dans l’achat d’autres biens. En revanche, dans le tourisme, ceux qui ne sont pas partis au printemps ne sont pas partis… L’Etat adapte d’ailleurs ses aides à cette situation : des outils spéciaux ont été mis en place comme le « PGE saison », destiné aux opérateurs du tourisme. Il va leur permettre de prendre comme référence de calcul leurs trois meilleurs mois de chiffre d’affaires de l’année, afin d’obtenir un montant de prêt suffisant pour passer l’obstacle. Mais dans un autre secteur, Technicolor qui opère dans l’industrie du cinéma subit cette crise de plein fouet et vient d’entamer une procédure de conciliation. Nous vivons, c’est vrai, une crise d’une nature très différente des précédentes, mais un certain nombre d’entreprises n’y survivront pas.

Les mesures du plan de soutien à l’économie sont-elles adaptées ?

Il faut d’abord saluer la réactivité de l’Etat et sa mobilisation au service des entreprises. Dès le confinement, les professionnels du droit que nous sommes avons été submergés par des décisions prises dans l’urgence, qui ont souvent été améliorées dans la foulée. Sur le fond, la mesure phare qu’est le PGE a permis d’ouvrir le robinet financier et de combler les besoins de liquidités de très nombreuses entreprises. Mais ce n’est pas une subvention. La question est de savoir si l’on n’a pas reporté le problème de six ans – ce qui correspond à la maturité maximum du PGE. Seul l’avenir dira si les entreprises sont capables de rembourser les prêts obtenus. Par ailleurs, l’Etat fait porter aux banques une part de risque et de responsabilité conséquente. Ces PGE sont garantis à hauteur de 90% maximum. Les 10 % potentiels à leur charge ne sont pas neutres puisque 100 milliards d’euros de PGE ont déjà été distribués, et qu’on anticipe un total de 150 milliards de prêts. En outre, la garantie de l’Etat est certes inconditionnelle et irrévocable. Mais toute l’analyse de l’éligibilité au PGE, notamment le fait de savoir si les demandeurs ne sont pas des entreprises en difficulté au regard des normes européennes, incombe aux banques. Elles doivent donc gérer une double problématique, économique (l’entreprise pourra-t-elle rembourser, in fine ?) et juridique (l’entreprise est-elle bien éligible au PGE et la garantie pourra-t-elle effectivement jouer ?).

Prêter est le métier des banques…

Personne n’a intérêt à ce qu’une crise sanitaire et économique se transforme en crise bancaire. Or si l’on découvre par exemple qu’une société n’était finalement pas éligible au PGE pour telle ou telle raison, la totalité du risque financier incomberait aux banques. Sans aller jusque-là, ajouter potentiellement 15 milliards d’euros de risque supplémentaires à leur bilan, ce n’est pas rien. Les banques sont des entreprises privées qui doivent aussi défendre les intérêts de leurs parties prenantes. C’est pourquoi elles jouent leur rôle tout en étant très vigilantes au respect des instructions qu’elles ont reçues.

Des économistes suggèrent de leur déléguer la décision de la continuation d’activité de PME en difficulté. C’est une bonne idée ?

C’est encore leur rajouter un degré de responsabilité sur les épaules. Et je suis assez perturbée par le fait que les banques pourraient décider la faillite d’une société. Un créancier peut, certes, assigner une entreprise en redressement ou en liquidation judiciaire, mais dans les faits c’est extrêmement rare. Il ne faut pas mélanger les rôles. Décider la faillite est un quasi-monopole du dirigeant. C’est à lui d’analyser sa situation financière, et de déterminer s’il est ou non en état de cessation des paiements. Par ailleurs, si les banques sont acteurs de la (sur)vie d’une entreprise, en lui prêtant ou non l’argent qui l’aidera à surmonter ses difficultés, elles ne veulent pas être seules en jeu. En premier lieu il y a les actionnaires, ce que les banques ne manquent d’ailleurs pas de rappeler lorsque l’entreprise négocie un PGE.

Comment aider davantage les entreprises à passer la crise ?

L’ordonnance du 20 mai prévoit des mesures intéressantes. Elle facilite, par exemple, la reprise d’une société en plan de cession par son propre dirigeant. Sauf exception, c’était interdit jusqu’à présent car c’était la porte ouverte aux abus : le plan de cession prévoit en effet la reprise de tous les actifs, sans les dettes. Cette nouvelle disposition donne un nouveau rôle au dirigeant. Autre innovation : les apporteurs d’argent frais à une entreprise en phase d’observation lors d’une procédure collective bénéficient dorénavant d’un rang privilégié de remboursement. Ce que nous appelons déjà entre praticiens le « privilège de post money ». Cela permettra de diversifier les sources de financement, notamment lors d’une période extrêmement délicate. Cette nouvelle ordonnance va par ailleurs perturber les équilibres de négociation en phase de conciliation, mais tout ce qui peut faciliter les apports de capitaux par différents acteurs va dans le bon sens.

 

871 milliards d’euros de prêts (union européenne), risque de krach bancaire

871 milliards d’euros de prêts (union européenne), risque de krach bancaire

L’autorité bancaire européenne indique que 871 milliards de prêts bancaires ont été accordés jusqu’à maintenant notamment pour financer des moratoires, des reports d’échéances et des garanties publiques.

 

Le problème est de savoir si les emprunteurs auront la solvabilité nécessaire pour faire face à leurs obligations financières. En clair, il faut s’attendre à des défauts de paiement de nombre d’entreprises qui auront sollicité ces prêts. En même temps, les banques vont se retrouver avec des montagnes d’actifs plus ou moins pourris à moins évidemment que les Etats et l’Union européenne ne prennent  à leur charge partie des remboursements  .

Le secteur bancaire se trouve aujourd’hui très fragilisé d’une part parce que les taux d’intérêt rendent difficile toute perspective de rentabilité d’autre part et surtout parce qu’il faut s’attendre à une vague de faillites et donc de défauts de la part d’entreprises les plus fragilisés. La situation est tellement explosive qu’on s’attend à des restructurations dans le secteur bancaire avec des regroupements et évidemment des disparitions de certaines trop exposés au risques.

L’ABE évoque le risque d’un effet de “falaise” (“cliff edge”) à l’expiration de ces moratoires, qui pourrait se traduire par une augmentation marquée du niveau des créances à risque.

Elle note aussi que la deuxième vague de la pandémie a déjà conduit certains pays à prolonger des moratoires au-delà de la fin de l’année, mais elle avertit que “la poursuite ou la persistance des moratoires peut aussi avoir pour effet secondaire un risque systémique potentiel pour la stabilité financière” en favorisant chez les emprunteurs “une culture du non-remboursement”.

L’ABE doit publier le 11 décembre les résultats de son “exercice de transparence”, qui incluront des données détaillées banque par banque.

Une carte bancaire et un système de paiement européen pour 2022

Une carte bancaire et un système de paiement européen pour 2022

 

Pour faciliter les transactions dont beaucoup ont encore recours aux espèces 16 banques européennes ont décidé d’envisager de créer un nouveau système européen de paiement avec notamment une carte bancaire permettant les achats, les transferts et les retraits d’espèces. Une initiative en fait  pour se libérer aussi de la concurrence de Visa ou de MasterCard. Une sorte de nouveau système de paiement numérique valable dans toute l’Europe au moins. Un groupe de seize banques de cinq pays de la zone euro a annoncé jeudi avoir entamé un processus visant à créer un “nouveau système de paiement européen unifié” (EPI) appelé à voir le jour en 2022 dans une région du globe où la moitié des paiements de détail s’effectuent encore en espèces.

“L’ambition d’EPI est de créer une solution de paiement paneuropéenne unifiée s’appuyant sur les paiements instantanés/SEPA Instant Credit Transfer (SCT Inst), proposant une carte bancaire aux consommateurs et commerçants à travers l’Europe, un portefeuille numérique et des solutions de paiement ‘peer-to-peer’”, disent ces seize banques dans un communiqué.

Parmi ces banques, figurent les établissements français BNP Paribas, Crédit agricole, la Société générale, les groupes Crédit mutuel et BPCE ainsi que la Banque Postale.

Le dispositif que ces groupes ambitionnent de créer correspond à une volonté exprimée par l’Europe de voir se développer sur son sol des concurrents aux américains Visa et MasterCard.

“La solution vise à devenir un nouveau standard de paiement pour les consommateurs et les commerçants européens pour tous les types de transactions, y compris en magasin, en ligne, pour les retraits d’espèces et le ‘peer-to-peer’ en plus des solutions des schémas de paiement internationaux”, soulignent les seize banques associées.

Le début de la phase de mise en oeuvre va se concrétiser dans les prochaines semaines par la création d’une société intérimaire établie à Bruxelles.

D’autres sociétés de services de paiement sont invitées à rejoindre cette initiative.

L’objectif est de proposer une solution de paiement numérique utilisable partout en Europe et “ainsi redessiner le paysage fragmenté actuel” poursuit le communiqué.

Outre les six établissements français, on retrouve aussi BBVA, la Commerzbank, la Deutsche Bank, Santander, ING, UniCredit, la CaixaBank, KBC, la DZ Bank et la Stadtsparkasse de Munich.

L’autorité bancaire aussi pour la suppression de dividendes

L’autorité bancaire aussi pour la suppression de dividendes

comme l’avait suggéré en France Bruno Lemaire et la CFDT, les dividendes pourraient être suspendus cette année. Comme nombre d’entreprises vont profiter des liquidités massives distribuées par la banque centrale européenne, il paraissait évident de faire participer les entreprises à l’effort de solidarité. Une solidarité qui à terme sera payée par les salariés et les consommateurs dont forcément le pouvoir d’achat sera amputé d’une part par la fiscalité avenir d’autre part par l’inflation.

L’autorité de tutelle du secteur bancaire en France a donc invité lundi, conformément aux directives données vendredi par la Banque centrale européenne, les établissements financiers à ne verser aucun dividende avant octobre prochain et à ne prendre aucun engagement pour les exercices 2019 et 2020 en raison de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus.

“La préservation des ressources en capital pour pouvoir soutenir l’économie réelle et/ou absorber les pertes devrait être prioritaire à l’heure actuelle sur les distributions de dividendes et les rachats d’actions”, déclare l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) dans un communiqué.

“L’ACPR invite donc les établissements de crédit relevant de sa supervision directe et les sociétés de financement, à veiller, au moins jusqu’au 1er octobre 2020 à ce qu’aucun dividende ne soit versé et qu’aucun engagement irrévocable de verser des dividendes ne soit pris pour les exercices 2019 et 2020 (et) à ce qu’aucun rachat d’actions destiné à rémunérer les actionnaires n’ait lieu”, ajoute-t-elle, en avertissant qu’elle exigera des explications en cas de non respect de ces instructions.

Secteur bancaire : l’emploi bientôt dans la situation de la sidérurgie ?

Secteur bancaire : l’emploi bientôt dans la situation de la sidérurgie ?

Nombre d’experts considèrent  qu’en Europe et en France en particulier les effectifs  devraient être réduits de la moitié dans les 10 ans ;  un phénomène qui touche d’ailleurs l’ensemble du monde. En cause l’amplification de la digitalisation, le développement des banques en ligne et le nouveau développement de moyens de paiement (par mobile notamment). Un secteur qui pourrait connaître le sort de la sidérurgie ou presque. 150 000 emplois ont déjà été supprimés en six mois et les restructurations devraient encore s’accélérer pour les banques européennes. En cause suffisance de rentabilité des activités bancaires. Le taux de rentabilité des activités de dépôt est plombé par le coût de main-d’œuvre (notamment nombre  d’agences et personnel) Il est par ailleurs menacé par la future existence de nouveaux moyens de paiement et la dématérialisation de certaines opérations mais le second volet de l’activité des banques, l’activité d’investissement souffre aussi d’un manque de retour financier lui aussi très gourmand en personnel. Dans un premier temps est donc probable que les banques européennes devront s’aligner si les critères de gestion des banques américaines qui ont supprimé près de 7 % des postes quand les banques européennes n’ont supprimé que quatre %. À plus long terme c’est peut-être l’existence même des les activités bancaires en tout cas leur structure actuelle qui pourrait être en cause et engendrer jusqu’à la moitié des emplois existants d’ici 10 ans. Malgré le poids grandissant de la finance dans nos sociétés, le secteur bancaire n’est pas épargné par les baisses d’effectifs. L’agence Bloomberg observe dans un article que les banques ont supprimé environ 600.000 postes à travers le monde depuis la crise économique de 2008. Parmi les institutions aux coupes les plus sévères, l’américaine Citigroup, présente dans plus de 100 pays, a supprimé plus d’un tiers de ses effectifs, soit près de 140.000 salariés. Comme dans beaucoup d’autres banques, les plans sociaux se sont enchaînés, aussi bien en salle de marché qu’en agence. La crise des subprimes a touché de plein fouet le secteur financier et les taux d’intérêt durablement bas affectent la rentabilité globale des banques. Mais les évolutions en œuvre sont aussi la marque d’une tendance plus profonde: la digitalisation en cours dans le milieu bancaire. De nombreuses opérations historiquement réalisées par des salariés sont désormais automatisées. En salle de marchés, les achats/ventes d’actions d’entreprises, de devises ou encore de «credit default swap» (produits dérivés financiers par lequel le vendeur garantit l’acheteur en cas de défaillance d’une tierce partie) sont de plus en plus dévolus aux ordinateurs.  En outre, l’utilisation du «Big Data» (traitement informatique de données massives) en banque d’investissement permet de mieux identifier les besoins des clients.  D’après une étude publiée par la Fédération bancaire française (FBF), plus de la moitié (52%) des Français se rendaient dans leur banque plusieurs fois par mois en 2010. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 21%, soit une personne sur cinq

Soc Gen, BNP : la purge dans le secteur bancaire

Soc Gen, BNP : la purge dans le secteur bancaire

Plan de réduction du personnel à Société Générale, aussi à la BNP. Les réductions d’effectifs ne sont pas nouvelles  dans le secteur bancaire mais vont s’amplifier. La Société Générale prévoient 1.600 départs dans le monde entier : en France, en Europe, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Asie. Ce qui représente 7,5% de la masse salariale de la banque de financement et d’investissement. La France serait dans les deux cas la plus touchée avec plus de 700 suppressions d’emploi ». De son côté, BNP Paribas, qui envisage aussi de sortir de certaines activités de marché représentant « des revenus de l’ordre de 200 à 300 millions d’euros », n’avait pas précisé l’impact en termes d’emplois, assurant qu’il y aurait « beaucoup de mobilités internes. ».  BNP Paribas est notamment parvenue à un accord avec les organisations syndicales sur un plan visant à supprimer jusqu’à 2.500 postes dans sa banque de détail en Belgique d’ici 2021 afin de réduire ses coûts. La banque française, qui emploie 13.000 personnes en Belgique, souhaite que la plupart de ces suppressions de postes viennent de départs naturels non remplacés et va proposer des départs à la retraite anticipés à 800 salariés âgés d’au moins 58 ans, a dit à Reuters un porte-parole de BNP Paribas Fortis, la filiale belge de BNP Paribas. Le secteur bancaire pourrait connaître le sort de la sidérurgie ou presque du fait des restructurations en cours mais aussi et surtout des nouveaux moyens de paiement et des banques 100 % mobile. En cause, la rentabilité des activités bancaires. Le taux de rentabilité des activités de dépôt est plombé par le coût de main-d’œuvre (notamment nombre  d’agences et personnel) Il est par ailleurs menacé par la future existence de nouveaux moyens de paiement et la dématérialisation de certaines opérations mais le second volet de l’activité des banques, l’activité d’investissement souffre aussi d’un manque de retour financier lui aussi très gourmand en personnel. Dans un premier temps est donc probable que les banques européennes devront s’aligner si les critères de gestion des banques américaines qui ont supprimé près de 7 % des postes quand les banques européennes n’ont supprimé que 4 %. À plus long terme c’est peut-être l’existence même des les activités bancaires en tout cas leur structure actuelle qui pourrait être en cause et engendrer jusqu’à la moitié des emplois existants d’ici 10 ans. Les réductions d’effectifs vont devoir encore s’accentuer et s’accélérer si le secteur bancaire européen veut améliorer sa rentabilité et se rapprocher des niveaux atteints par les banques américaines, estiment des investisseurs. Moins d’un tiers des banques de la zone euro présentaient une structure leur permettant d’espérer dégager une rentabilité satisfaisante sur la durée contre 80% des banques américaines, selon une étude sur 300 grandes banques internationales publiée par le Fonds monétaire international. « Les banques américaines ont presque toutes fait ce qu’il y avait à faire et sont sur une pente ascendante », dit Chris Wheeler, analyste sur le secteur bancaire chez Atlantic Equities. La baisse des effectifs peut certes résulter de cessions d’activités en bloc sans se traduire nécessairement pas des destructions d’emploi. Mais les changements technologiques poussent les banques à fermer des agences ou à migrer vers des systèmes moins intensifs en main-d’œuvre. « Nous sommes dans un marché durablement baissier pour l’emploi dans le secteur bancaire parce que nous voyons que la technologie et l’automation détruisent finalement des postes dans la banque de détail », dit à Reuters Xavier VanHove, associé de la société de gestion THS Partners. De nombreuses banques européennes sont en pleine réflexion sur le sort de leurs activités de banque d’investissement avec des activités de marché particulièrement sur la sellette car gourmandes en fonds propres et aux marges comprimées par les évolutions technologiques.

 

« Ces suppressions de postes à la Société Générale doivent se faire dans le cadre d’une rupture conventionnelle collective (RCC), c’est-à-dire via des départs volontaires » a précisé un représentant de la CFDT Société Générale, Khalid Bel Hadaoui, à l’AFP.

Le plan de réorganisation doit être présenté aux élus du personnel ce mardi matin. Le groupe Soc Gen emploie 148.000 personnes dans le monde, dont 20.000 dans la BFI.

BNP, Soc Gen : la purge dans le secteur bancaire

BNP, Soc Gen : la purge dans le secteur bancaire

Plan de réduction du personnel à Société Générale, aussi à la BNP. Les réductions d’effectifs ne sont pas nouvelles  dans le secteur bancaire mais vont s’amplifier. La Société Générale prévoient 1.500 départs dans le monde entier : en France, en Europe, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Asie. Ce qui représente 7,5% de la masse salariale de la banque de financement et d’investissement. Selon un document interne, la France serait dans les deux cas la plus touchée avec plus de 700 suppressions d’emploi » écrit le Figaro. De son côté, BNP Paribas, qui envisage aussi de sortir de certaines activités de marché représentant « des revenus de l’ordre de 200 à 300 millions d’euros », n’avait pas précisé l’impact en termes d’emplois, assurant qu’il y aurait « beaucoup de mobilités internes. ».  BNP Paribas est notamment parvenue à un accord avec les organisations syndicales sur un plan visant à supprimer jusqu’à 2.500 postes dans sa banque de détail en Belgique d’ici 2021 afin de réduire ses coûts. La banque française, qui emploie 13.000 personnes en Belgique, souhaite que la plupart de ces suppressions de postes viennent de départs naturels non remplacés et va proposer des départs à la retraite anticipés à 800 salariés âgés d’au moins 58 ans, a dit à Reuters un porte-parole de BNP Paribas Fortis, la filiale belge de BNP Paribas. Le secteur bancaire pourrait connaître le sort de la sidérurgie ou presque du fait des restructurations en cours mais aussi et surtout des nouveaux moyens de paiement et des banques 100 % mobile. En cause, la rentabilité des activités bancaires. Le taux de rentabilité des activités de dépôt est plombé par le coût de main-d’œuvre (notamment nombre  d’agences et personnel) Il est par ailleurs menacé par la future existence de nouveaux moyens de paiement et la dématérialisation de certaines opérations mais le second volet de l’activité des banques, l’activité d’investissement souffre aussi d’un manque de retour financier lui aussi très gourmand en personnel. Dans un premier temps est donc probable que les banques européennes devront s’aligner si les critères de gestion des banques américaines qui ont supprimé près de 7 % des postes quand les banques européennes n’ont supprimé que 4 %. À plus long terme c’est peut-être l’existence même des les activités bancaires en tout cas leur structure actuelle qui pourrait être en cause et engendrer jusqu’à la moitié des emplois existants d’ici 10 ans. Les réductions d’effectifs vont devoir encore s’accentuer et s’accélérer si le secteur bancaire européen veut améliorer sa rentabilité et se rapprocher des niveaux atteints par les banques américaines, estiment des investisseurs. Moins d’un tiers des banques de la zone euro présentaient une structure leur permettant d’espérer dégager une rentabilité satisfaisante sur la durée contre 80% des banques américaines, selon une étude sur 300 grandes banques internationales publiée par le Fonds monétaire international. « Les banques américaines ont presque toutes fait ce qu’il y avait à faire et sont sur une pente ascendante », dit Chris Wheeler, analyste sur le secteur bancaire chez Atlantic Equities. La baisse des effectifs peut certes résulter de cessions d’activités en bloc sans se traduire nécessairement pas des destructions d’emploi. Mais les changements technologiques poussent les banques à fermer des agences ou à migrer vers des systèmes moins intensifs en main-d’œuvre. « Nous sommes dans un marché durablement baissier pour l’emploi dans le secteur bancaire parce que nous voyons que la technologie et l’automation détruisent finalement des postes dans la banque de détail », dit à Reuters Xavier VanHove, associé de la société de gestion THS Partners. De nombreuses banques européennes sont en pleine réflexion sur le sort de leurs activités de banque d’investissement avec des activités de marché particulièrement sur la sellette car gourmandes en fonds propres et aux marges comprimées par les évolutions technologiques.

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