Mario Draghi pour le maintien de l’austérité
Un coup à droite, un coup à gauche, c’est la ligne très slalomante de l’Europe. Juste après Barroso critiqué pour avoir autorisé un report des échéances de rétablissement budgétaire, Draghi, le président de la BCE, lui dit le contraire ou presque ; sans doute pour plaire à l’Allemagne ! Les pays de la zone euro doivent garder la maîtrise de leurs finances publiques, et tout particulièrement les plus endettés d’entre eux qui ne doivent pas chercher à relancer la croissance en tournant le dos aux efforts budgétaires, a déclaré lundi Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne. Lors d’un discours prononcé à Rome, Mario Draghi a dit comprendre les inquiétudes de plus en plus exprimées par les gouvernements européens sur les conséquences sociales des efforts pour contenir la crise de la dette. Mais, a-t-il dit, une croissance durable est impossible sans des finances publiques saines. « Notamment pour les pays avec un endettement public structurellement élevé, autrement dit pas juste augmenté temporairement par la crise, cela signifie qu’il ne faut pas se détourner des objectifs qui ont déjà été atteints », a-t-il déclaré en faisant allusion à l’Italie, son pays natal dont le nouveau gouvernement prône une croissance sans dette. Rome, dont la dette publique représente environ 130% du produit intérieur brut, envisage des milliards d’euros de réductions d’impôts pour stimuler l’activité économique et le nouveau président du Conseil, Enrico Letta, s’inquiète ouvertement des conséquences du chômage élevé, notamment chez les jeunes. Mario Draghi a convenu que le chômage des jeunes « entame la confiance dans la perspective d’un niveau de vie décent et risque de causer des formes de protestations extrêmes et destructrices ». Le président de la BCE a aussi relevé que les inégalités et disparités de richesse avaient augmenté en Europe ces dernières années. « Une répartition plus équitable des fruits de la richesse nationale contribue à répandre une culture de l’épargne et un sens commun de l’appartenance », qui à son tour conduit à des « comportements économiques individuels favorisant la réussite économique collective », a-t-il fait valoir. La BCE a réduit jeudi dernier son taux directeur à 0,5%, un plus bas historique, pour aider les économies en récession et Mario Draghi a assuré qu’elle était prête à « agir encore ». Mais il a demandé aux gouvernements nationaux de faire leur part également. « Des initiatives nationales, qui ont déjà été testées dans certains pays, pourraient être efficaces avec la participation de gouvernements, de banques publiques et d’agences de développement », a-t-il dit.
G7: comment équilibrer austérité et croissance
G7: comment équilibrer austérité et croissance
Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7 – qui réunit l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon – , ont entamé leur réunion vers 14h00 GMT à Aylesbury, à une soixantaine de kilomètres au nord de Londres. La patronne du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, et le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, étaient également présents. »Notre tâche est d’entretenir la reprise (…) Notre réunion a lieu durant une période de plus grande stabilité économique grâce aux mesures prises (…) Mais nous ne pouvons pas considérer la reprise économique mondiale comme acquise », a déclaré le ministre britannique George Osborne en ouvrant la réunion. Freinée notamment par le décrochage de la zone euro, la reprise mondiale patine et le FMI a révisé à la baisse mi-avril sa prévision de croissance mondiale à 3,3% pour cette année, contre 3,5% prévus en janvier. »Nous sommes tous d’accord sur l’importance de la consolidation (budgétaire) à moyen terme », a ajouté le Chancelier de l’Echiquier, lui-même artisan d’un plan d’austérité drastique. Mais les avis divergent toutefois fortement sur le rythme adéquat de la réduction des déficits, les Etats-Unis accusant les plans d’austérité européens de plomber la croissance mondiale. Le gouvernement slovène a adopté jeudi à son tour un plan d’assainissement afin d’éviter un recours à l’aide internationale, tandis que le Portugal a annoncé la semaine dernière de nouvelles coupes sévères pour tenir ses engagements. Le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew profitera donc de l’occasion pour appeler ses homologues européens à changer de cap lors de ce G7 qui fait suite à deux réunions des grands argentiers du G20, en avril et en février. La rencontre précède par ailleurs la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement du G8 mi-juin en Irlande du Nord. »Nous pensons fortement qu’il faut trouver le bon équilibre entre austérité et croissance », a déclaré M. Lew vendredi sur CNBC. Saluant la décision de Bruxelles qui a accordé un délai à certains pays, dont la France, pour réduire leur déficit, le secrétaire américain au Trésor a indiqué « espérer continuer à faire des progrès au cours de ces conversations ». »Il n’y aura aucun sujet tabou », a assuré en arrivant Christine Lagarde, dont l’institution a appelé récemment Londres à relâcher un peu l’austérité face à une croissance atone. »Il ne s’agit pas de plus ou moins d’austérité. Je pense que nous avons décidé d’une voie, et il est important de tenir nos promesses », a toutefois insisté le patron de la banque centrale allemande, Jens Weidmann. La question sensible des changes a également rattrapé les responsables du G7, le dollar ayant passé jeudi soir la barre symbolique des 100 yens pour la première fois en quatre ans. Vers 15h15 GMT, il s’inscrivait à 101,93 yens. »Nous n’allons pas parler de guerre des monnaies », a cependant tenu à rassurer le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn. Avant de s’envoler pour la Grande-Bretagne, le ministre japonais des Finances Taro Aso avait de nouveau affirmé que Tokyo n’était « pas en train de manipuler le marché des changes mais plutôt d’essayer de sortir de la déflation ». Le G7 se penchera enfin également sur la question de la lutte contre l’évasion fiscale, priorité de la présidence britannique du G8, et revenue sur le devant de la scène à la faveur des révélations de l’ »Offshore leaks ». En avril, le G20 avait de son côté « exhorté » la communauté internationale à s’attaquer aux racines du secret bancaire.