Diplomatie : Tintin Hollande au Congo
Avant on avait Sarko qui sauvait le monde tous les mois, maintenant on a Hollande, Tintin au Congo qui veut sauver la démocratie en Afrique.dur, dur, l’apprentissage du métier. Fabius, dit Milou, avait les oreilles basses. A force de multiplier les rencontres, Hollande s’est sans doute rendu compte de la complexité de la politique en RDC. A voir la froideur de son hôte à l’ouverture du sommet de la francophonie, l’énervement de Kabila ne lui a sans doute pas échappé non plus La diplomatie est un exercice d’équilibriste. Surtout en terrain miné. Arrivé en République démocratique du Congo (RDC) samedi matin, François Hollande a été accueilli par Joseph Kabila, chef de l’Etat en exercice. Dans une ambiance plutôt froide après les déclarations françaises de la semaine sur les «manquements de la démocratie en RDC». Au fil d’une journée menée au pas de charge, François Hollande a également rencontré les principaux opposants au président congolais contesté depuis sa réélection de 2011, notamment Etienne Tshisekedi, figure emblématique de cette opposition. «Je n’attendais rien du président Hollande sur la situation au Congo. Il n’y a que les Congolais qui savent ce qu’il se passe ici. Et personne d’autres. Mais nous croyons toujours dans les valeurs pour lesquels il est là, de bonne gouvernance et de démocratie», a lâché le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) à la sortie de sa rencontre avec le président français. Opération réussie pour le Quai d’Orsay qui organise depuis des semaines cette rencontre avec Etienne Tshisekedi, qui conteste toujours les résultats de la présidentielle. «On s’est retrouvé avec le dossier RDC sur les bras cet été », témoigne une source du Quai d’Orsay. Difficile en effet pour Hollande de faire ses premiers pas en Afrique dans un pays où la la réélection de Joseph Kabila a été «entâchée d’irrégularités», selon les rapports de l’ONU et suivie de violences qui avaient provoqué 33 morts. D’où la première étape au Sénégal, vendredi, mais aussi la volonté élyséenne d’organiser les rencontres avec les principaux membres de l’opposition. Les premiers contacts avaient en fait été pris par le cabinet de Yamina Benguigui lors de sa venue en juillet. Elle trouve alors une oreille attentive. «A l’époque, le régime de Kabila dérivait», témoigne un ancien collaborateur de Tshisekedi. Les contacts se sont ensuite accélérés mi-septembre. Avec de nombreux opposants. Samedi, avant de s’entretenir avec Etienne Tshisekedi, Hollande a rencontré les six chefs des groupes parlementaires. «Il nous a d’abord demandé de nous exprimer librement», explique Samy Badibanga. «Je lui ai donc dit que nous subissions deux crises, une externe à nos frontières et une interne avec le régime. Il est important que les Nations Unies soient les maitres d’œuvre de la paix en RDC et qu’un émissaire permette le retour du dialogue entre Kabila et l’opposition», poursuit le député, radié de l’UDPS depuis qu’il a choisi de siéger à l’assemblée nationale alors que Tshisekedi avait demandé à ses troupes de pratiquer la politique de la chaise vide dans cette assemblée qu’il juge «illégitime». «Ils ont préféré prendre le salaire», ironise un journaliste congolais. Face à cette opposition divisée, l’Elysée a dû organiser ses rencontres en deux temps. «Je comprends bien qu’ils aient été obligés de le faire de cette façon mais d’une certaine façon, Hollande officialise la rupture entre les deux clans», analyse Medard Mulungala Lwakabluanga, président de l’Union national pour la majorité républicaine, une formation qui appartient à la vingtaine de partis d’opposition (sur les quelques 80 que compte la galaxie politique congolaise).