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La défense de l’ENA Par Bernard Attali

La défense de l’ENA Par Bernard Attali

 

tribune dans le Monde

 

Une cohorte d’envieux et de mal informés a donc eu gain de cause : l’ENA serait supprimée ! Je soutiens que c’est une faute lourde. S’attaquer à la haute fonction publique pour plaire à la rue ne peut que nourrir la bête populiste. Au moment où les Français ne croient plus en grand-chose, il est stupide d’en rajouter en les faisant douter de l’engagement et du savoir-faire de ceux qui les servent et qui, à l’épreuve des crises majeures que nous connaissons, du terrorisme aux pandémies, assurent le maintien de notre vivre ensemble.

Il s’agit, nous dit-on, de faciliter la mixité sociale. Certes, une réforme des grands corps et une démocratisation des grandes écoles sont souhaitables. Je l’ai moi-même écrit dans un rapport sur l’école Polytechnique que m’avait demandé naguère le Premier ministre. Mais cet effort d’ouverture devrait commencer en amont du système scolaire et non en aval ! L’ascenseur social démarre au rez-de-chaussée pas au dixième étage. Ne pas reconnaître cette évidence c’est essayer de cacher l’incapacité des pouvoirs publics à traiter le problème de fond.

«C’est aussi céder à l’air du temps qui tolère le mépris de la compétence, prône l’équivalence des points de vue, qui accepte l’irrévérence à l’égard des maîtres et le nivellement par le bas. La critique poujadiste des experts est dangereuse»

C’est aussi céder à l’air du temps qui tolère le mépris de la compétence, prône l’équivalence des points de vue, qui accepte l’irrévérence à l’égard des maîtres et le nivellement par le bas. La critique poujadiste des experts est dangereuse. En tant qu’ancien patron d’Air France, il ne me serait pas venu à l’esprit de faire de l’origine sociale un critère de recrutement des pilotes. Répéter que « la révolution n’a pas besoin de savants » conduit au déclin. Alors que tous nos concurrents, à commencer par la Chine, font de la sélection des talents une priorité politique majeure, nous enclenchons la marche arrière.

Parisianisme. Certes, l’Ecole nationale d’administration n’est pas exempte de toute critique. Mais elle n’est pas restée inerte, contrairement à ce que certains racontent. Le plan adopté par le conseil d’administration en octobre 2018, en plein accord avec le gouvernement, prévoyait un projet pédagogique tourné vers une plus forte professionnalisation et un recentrage sur des priorités clés. Ce plan a été mis en œuvre avec détermination. La scolarité a fait une place grandissante à la transformation numérique et à la formation continue. Les modalités du concours d’entrée et de sortie ont été revues pour être moins élitistes. Les stages, déjà nombreux, ont été réorientés vers les PME. Enfin les deux dernières promotions de l’ENA comptent près de 30% d’élèves boursiers, 40 % des femmes et 50% d’élèves de province.

L’ENA est critiqué pour le parisianisme de sa formation. Allons donc ! Combien d’autres grandes écoles se sont localisées en province ? Personnellement, j’ai été grâce à elle à moins de 25 ans, chef de cabinet d’un préfet en Haute-Loire, directeur d’une succursale de banque en Lorraine et mes premières enquêtes à la Cour des comptes m’ont conduit… à Saint-Omer et à Bar-le-Duc. Quinze ans à peine après avoir été rapatrié d’Algérie, sans code et sans réseau !

Enfin, il faut être bien mal informé pour ne pas connaître la dimension internationale du sujet. Au total au cours des dernières années, l’école a conclu 130 partenariats à l’étranger, a formé près de 10 000 hauts fonctionnaires de l’Union européenne, et la marque « ENA » y est devenue irremplaçable.

Regardons les choses de façon concrète. Ouvrir l’accès aux grands corps seulement après quelques années de terrain part d’une bonne intention. Mais selon quelles modalités ? Un débat confus agite actuellement ceux qui sont chargés de mettre en œuvre la décision présidentielle. Comment se fera l’admission à ces grands corps ? Par un nouveau concours ? Par le passage devant une énième commission ? Aux dernières nouvelles, ce serait solution retenue : une nouvelle commission dont on ignore tout, sauf qu’elle sera présidée par les chefs de corps ! Exactement ce qu’on a voulu éviter en 1945.

Doublon. Quel étudiant sera motivé par une telle perspective : trois concours, de cinq à dix ans d’études et de travail dans une fonction indéterminée, sans connaître ses chances d’accéder un jour aux plus hauts échelons de la hiérarchie ? Et sous la houlette d’une nouvelle structure (encore une !), la délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’Etat, dont on ignore tout. Qui garantira que cette délégation ne fera pas doublon avec l’actuelle direction générale de l’administration et de la fonction publique et qu’elle ne sera pas contaminée par le népotisme ou par la politisation ? Je rappelle que certains, récemment encore, prônaient le « spoil system » à l’américaine.

«Un bel exemple de cette haine de soi qui caractérise trop de nos compatriotes!»

La France, par son histoire, avait réussi ce miracle de rendre prestigieux le service de l’Etat, bien que très peu rémunérateur. Elle avait su, aussi, le protéger des interférences politiciennes. Au cours de ma carrière, j’ai rencontré toutes les opinions politiques mais rares furent les occasions où ces opinions ont entamé la réserve et la neutralité des hauts fonctionnaires que j’ai côtoyés. Voilà ce qui est mis en danger aujourd’hui. Un bel exemple de cette haine de soi qui caractérise trop de nos compatriotes !

Le décret créant l’ENA a été signé du Général de Gaulle et de Maurice Thorez après un long cheminement qui remonte à Jean Zay. Au lieu d’être fiers de cette histoire, ceux qui veulent supprimer l’école d’un trait de plume portent à mes yeux une lourde responsabilité. Je gage que cette prétendue réforme va éloigner du service de l’Etat une génération de jeunes gens de qualité et qu’ils vont durablement manquer à la bonne gouvernance de la République.

Bernard Attali est conseiller maître honoraire à la Cour des comptes, ancien élève de l’ENA.

G7: « café du commerce international » ( Attali)

G7:   »café du commerce international »  ( Attali)

On sait que Jacques Attali n’a jamais été tendre avec le G7 dont il considère que c’est une institution inutile. D’ailleurs le G7 n’a aucune existence juridique et décide rarement ou presque jamais de choses très concrètes. Sur Europe 1 dimanche, Jacques Attali a raconté sa première expérience du sommet du G7 en 1981. Le problème c’est que cela n’a guère changé depuis. Le G7 ( et autres formules qui ajoutent certains grands pays) se borne souvent à un échange d’évidence, de fausses promesses et de déclarations d’intention sans lendemain.

L’écrivain et économiste Jacques Attali a été Conseiller spécial de François Mitterrand de 1981 à 1991, fonction qui lui a permis de solidifier ses liens amicaux avec l’ancien président, décédé en 1996. C’est aux côtés du leader socialiste qu’il a effectué ses premiers pas en politique et acquis une expérience dans l’arène diplomatique. Appréciant l’évolution des relations internationales depuis la fin de la Guerre Froide, Jacques Attali livrait dimanche au micro d’Europe 1 une anecdote insolite sur le premier sommet du G7, réunissant les dirigeants des plus grandes puissances mondiales, auquel il a participé en 1981.

 

« J’étais dans la salle, je vois encore autour de la table sept chefs d’État. » François Mitterrand, fraîchement élu président de la République participe lui aussi à son premier sommet du G7, se déroulant en ce mois de juillet à Montebello au Canada. Face à lui, raconte Jacques Attali, le président américain Ronald Reagan prend la parole pour défendre sa vision de l’aide aux pays en développement : « Il explique que la meilleure façon d’aider les pays du Sud, c’est de leur donner les objets dont on n’a plus envie, plus l’usage. » L’ancien acteur, chef de file du parti républicain, explique même qu’il a donné les tuyaux d’arrosage usagés de sa maison à des paysans guatémaltèques.

Ce plan un brin bancal du président américain pour remédier aux problèmes de développement du monde ne semble pas susciter une adhésion inconditionnelle de la part ses homologues. Mais outre leur manque d’entrain, c’est leur relative léthargie qui surprend le jeune conseiller diplomatique. En regardant un à un les leaders mondiaux, il constate : « Je vois madame Thatcher en train de se poudrer. Le Premier ministre japonais [Zenko Suzuki] dormant littéralement… ou en tout cas les yeux fermés et la bouche ouverte. Et Trudeau père [Pierre] en train d’arranger l’œillet à sa boutonnière. »

François Mitterrand ne compte pas non plus parmi les bons élèves : « [Il était] en train de remplir des cartes postales », lâche Jacques Attali, mi-amusé, mi-désespéré. Ces premières expériences le confrontent aux lenteurs des négociations internationales et aux petites avancées, obtenues à force de conviction. « Ça m’a donné une idée assez précise de ce qu’est le café du commerce international », conclut-il dans un sourire.

« Le mandat de Macron , une réussite » !!! (Attali)

« Le mandat de Macron , une réussite » !!! (Attali)

 

On sait qu’Attali et quelques influenceurs comme Alain Minc  ont grandement facilité l’accès de Macron au pouvoir notamment en obtenant le soutien des grands financiers. Ensuite sans doute mécontent de n’avoir qu’une place marginale au sein du pouvoir, Jacques Attali s’est montré très critique vis-à-vis de la politique de Macron. Soudainement dans le Figaro il vante dans le Figaro  les mérites à Macron et explique : «Globalement, c’est une réussite. Il a fait de grandes et importantes réformes, il a porté le projet européen au plus haut, il a redonné confiance dans le pays aux investisseurs et il a véritablement créé une mentalité d’entrepreneurs».

Sans doute une réflexion effectuée avant la prise de conscience des conséquences de la crise sanitaire. Car la plupart des réformes de Macron vont être abandonnées. En outre la stratégie de lutte contre Coronavirus aura été particulièrement floue et contradictoire en France. Elle est en tout cas peut apprécier par l’opinion publique. Toujours aussi soudainement dithyrambique Attali explique explique: « l’Europe est admirée. Le nombre de pays qui veulent y adhérer n’a jamais été aussi élevé. Pas un seul pays ne veut quitter l’euro, sauf le Royaume-Uni qui veut quitter l’Europe ! (…) Notre Europe de la défense est en train de naître. Si on regarde tous les sondages à l’échelle européenne, l’Europe est incroyablement populaire».
Attali sans doute tente une opération de charme auprès de Macron pour tenter de se réinsérer dans les cercles du pouvoir. Il fait parti de ce genre de prospectivistes qui ,comme  MINC  par exemple, disent à peu près tout et le contraire. Une manière de satisfaire tout le monde ! Comme disait le célèbre humoriste Pierre Dac : » la difficulté en prospective, c’est de prévoir l’avenir ! »

 

Retraites : « un calendrier loufoque » (Jacques Attali )

Retraites :  « un calendrier loufoque » (Jacques Attali )

A juste titre , L’économiste Jacques Attali dénonce le calendrier complètement surréaliste et même loufoque de la réforme des retraites  (samedi 14 décembre sur franceinfo) . Il propose par ailleurs d’inscrire cette réforme dans la constitution pour en garantir la stabilité. . « On est dans une situation complètement surréaliste, juge-t-il, parce qu’on a un Premier ministre qui le 11 décembre annonce qu’il va déposer un projet de loi le 22 janvier, pour une réforme qui entrerait en vigueur au plus tôt en 2024. C’est-à-dire après la fin du mandat du président de la République. Donc le calendrier est loufoque », a affirmé Jacques Attali.

D’après l’ancien conseiller de François Mitterrand, ce calendrier n’est pas adapté au sujet spécifique des retraites, qui est « un sujet de très long terme. On a pris deux ans pour réfléchir, on aurait pu prendre un peu plus, ne pas créer les conditions pour que ceci se passe au pire moment de l’année [la période des fêtes de fin d'année]. Je pense que le timing est absurde ».

Comment un président de la République qui, par définition, n’est que de passage, peut décider sur des sujets de très long terme ? C’est un problème profond de nos sociétés, qui renvoie à la confiance en quelqu’un aujourd’hui pour décider ce qu’il va se passer dans 40 ans.

Jacques Attali a jugé que la réforme des retraites devrait faire l’objet « d’une réforme de la Constitution ». Cela permettrait de garantir la valeur du point d’indice qui va mesurer la valeur de la retraite selon lui. « La définition de ce point, si elle n’est pas gravée dans le marbre, qui empêchera quelqu’un dans 5 ou 10 ans de le diviser par quatre ? Si on prend cette réforme vraiment au sérieux, il faut que ses principes fondamentaux soient inscrits dans la Constitution. »

Le gouvernement promet toutefois une règle d’or dans la loi, qui permettrait de stabiliser la valeur de ce point fixée par les partenaires sociaux. C’est insuffisant pour Jacques Attali :  » Une loi peut être modifiée par une autre loi. Et qui sait ce que serait la majorité parlementaire dans dix ans ? Je propose que les principes de sujets de très long terme, qui engagent notre collectivité nationale sur des décennies, soient mis dans la Constitution ».

« Macron c’est du vide »(Attali)

« Macron c’est du  vide »(Attali)

 

Sans doute un peu aigri d’être marginalisé sur la scène politique, Jacques Attali règle ses comptes avec la classe politique notamment avec Macron qui pour lui n’incarne que du vide. Notons quand même qu’Attali alterne quand même les plus appréciations contradictoires concernant Macron qui un jour pour lui représente la gauche moderne, un autre  jour représente le vide. Ceci étant le propos d’Attali mérite quand même d’être entendu concernant Macron. Ce dernier a en effet fait davantage parler de lui par ses propos décapants que par ses actes politiques comme ministre de l’économie. La loi Macon 1 un est en effet une sorte de patchwork, véritable auberge espagnole qui ne saurait constituer une loi de modernisation de l’économie. Ensuite Valls l’a privé de la loi Macron2  pour s’en attribuer les mérites (et les risques). Macron c’est effectivement l’image de la nouveauté et de la modernité mais il lui reste cependant à définir une orientation un peu plus élaborée qu’actuellement dans le domaine économique bien sûr mais aussi social et sociétal. De ce point de vue la critique d’Attali n’est pas complètement infondée.

(Interview de Jacques Attali dans Challenges)

De quoi Emmanuel Macron est-il le nom?

Du vide. Du vide de la politique française. Il n’incarne que le vide, que cette gauche qui veut à la fois être au pouvoir et ne pas y être parce qu’elle déteste la gauche de gouvernement. Il est le nom de ceux qui rêvent que la gauche ne soit pas au pouvoir. Emmanuel Macron a un talent fou. Je l’ai repéré tout de suite, présenté au candidat Hollande, je l’accompagne toujours, je lui ai d’ailleurs dit ce que je pensais. Si seulement, il se saisissait d’un programme…

N’incarne-t-il pas la volonté de renouveau qu’attendent les Français?

Les Français rêvent d’être représentés par un inconnu: nous sommes le dernier pays dont la classe politique n’a pas explosé. Ca va sauter. Si seulement quelqu’un, Emmanuel Macron, Nicolas Hulot ou moi disait avec sincérité: « Il y en a assez, la France peut faire des choses », il gagnerait les élections présidentielles. Les Français veulent être gouvernés par quelqu’un qui sait ce qu’il veut. Mais les hommes politiques ont en tête l’image du DRH d’Air France à la chemise déchirée: ils pensent que c’est ce qui leur arrivera s’ils entreprennent quelque chose.

Votre livre programme France 2022 a été construit avec des hommes de gauche comme de droite. Est-ce la solution ?

D’abord, quelqu’un qui ne se dit ni de gauche, ni de droite, c’est qu’il est de droite! Moi je préfère dire « de gauche et de droite ». Et 80% des mesures qui sont avancées dans notre programme, les hommes de gauche et de droite s’y retrouvent: quand nous proposons de rémunérer les chômeurs qui se forment, de transférer les droits sur les personnes, de nationaliser la Sécurité sociale, de remplacer l’ISF par un impôt sur l’immobilier… Ce ne sont pas des mesures d’un camp.

Quel est votre jugement sur l’offre de la droite?

Je trouve que les médias ne sont pas assez attentifs aux programmes. Et qu’à la fin des fins, tout se résume à la fiscalité, qui est un peu le marronnier des hommes politiques. A gauche, on augmente les impôts, à droite, on les diminue. Ce qui manque partout, c’est la volonté d’écrire un grand récit national, en dehors du « c’était mieux avant » que ressassent les extrêmes. Or, la France a la capacité de devenir la première puissance européenne si on engage le mouvement. Nous en avons les atouts: la géographie, l’art de vivre, l’éducation, les industries de la santé, l’innovation, le tourisme, le luxe…

Hollande est-il un bon président ?

C’est d’abord un homme et un président tout à fait honorable. Dans le domaine des affaires étrangères, il décide très bien, avec une grande lucidité. Deuxièmement, c’est un honnête homme et dans la classe politique française, ils sont peu nombreux… Enfin, il n’a pas pété les plombs et c’est encore plus rare. Il n’avait pas beaucoup de programme mais il l’a fait. Cela dit, il ne peut être réélu que s’il lance des réformes maintenant, sans quoi on lui demandera durant toute la campagne pourquoi il n’a pas agi avant. Mais quoi qu’il en soit, il n’aura rien fait de déshonorant.

Crise :  » la France est paralysée depuis… 1986″ ! ( Attali)

Crise :   » la France est paralysée depuis… 1986″ ! ( Attali)

Gonflé et pertinent à la fois Jacques Attali qui considère que la France est paralysée depuis 19 86 seulement.  La faute au manque  de vision des grands responsables politiques. Jacques Attali est pertinent quand il évoque certains aspects de l’immobilisme français, il est quand même particulièrement gonflé quand il considère que François Mitterrand, lui, avait une grande vision pour le pays. Faut-il rappeler que la gauche en 81  pris des mesures étatistes vite remises en cause en 83 pour éviter le marasme économique. Faut-il aussi rappeler que François Mitterrand se désintéressait totalement de l’économie en dépit des conseils sans doute avisés de Jacques Attali. L’ancien conseiller de François Mitterrand est cependant souvent assez pertinent même s’il agace par son taux ton un peu professoral et son absence totale de doute. Une interview dans le JDD qui mérite toutefois d’être lu

Le débat sur la déchéance de nationalité est-il le symbole d’une France bloquée?
Nous sommes dans un régime parlementaire. Le président n’est pas Zeus! Il est donc normal que le sujet soit maintenant débattu devant le Parlement. Il y a déjà dans les oubliettes de l’Assemblée une foule de réformes constitutionnelles et j’espère bien que celle-là les y rejoindra. Non seulement la déchéance de nationalité n’est pas l’arme fatale contre le terrorisme, mais en stigmatisant les binationaux elle pousse certains jeunes, humiliés, à plonger dans la radicalité. Cette réforme, qui est au départ une idée du Front national, peut tout à fait conduire au but inverse! Il serait donc habile de la retirer. Ce serait alors la victoire de la morale, la victoire de l’éthique sur la tactique. De plus, et c’est le plus important à mes yeux, ce qui explique tout le reste : comme toutes les mesures uniquement tactiques, elle ne s’inscrit dans aucune vision du monde de demain.

C’est-à-dire?
Sans vision du monde, on ne réforme rien… Le grand blocage dans lequel nous sommes est dû à cela : les partis dits « de gouvernement » n’ont absolument aucune idée de ce que doit être la France dans vingt ans. Faute de vision, c’est toujours la paralysie, parce que nul n’accepte de remettre en cause ses acquis de peur de ne rien gagner en échange. Aujourd’hui, tout le monde est pour l’environnement et pour la sécurité. Entre ces deux projets sectoriels, celui des écologistes et du Front national, il y a un vide. Un grand vide… Les deux partis de gouvernement ne réfléchissent plus à l’avenir. Au lieu d’avoir une réflexion à long terme et une stratégie, ils ne sont plus capables que de tactique.

Quels sont les principaux facteurs de paralysie?
Un pays est bloqué quand il pense que c’était mieux hier. Alors chacun se crispe sur ses avantages acquis, sa rente, ses privilèges. Si les politiques disaient « voilà ce que sera la France de 2025, voilà ce que chacun y gagnera… », alors les Français accepteraient de perdre un peu aujourd’hui de leurs avantages. Or nous sommes un pays aveugle face à l’avenir, avec un Front national qui n’a d’autre projet que celui d’une France imaginaire des années 1950. Le pessimisme français qui en découle est à la mesure de la conscience que nous avons de nos privilèges actuels : on se crispe et on met les chariots en cercle.

À quand situez-vous le blocage?
En 1981, François Mitterrand avait une vision du monde. Il était préparé à gouverner. Depuis 1986, la France n’a plus de projet. Autour de nous, les Allemands ont le projet de rester la première nation industrielle d’Europe, les Anglais d’être la place forte financière, entre les deux continents. En Europe, d’autres pays avancent. Regardez les Italiens, ils sont en train de se réformer et de supprimer leur Sénat! En France, parmi les forces de blocage principales il y a malheureusement les privilèges du Parlement. Pour faire avancer les choses, il faudrait d’abord que les élus français acceptent de réduire leur nombre et leurs propres privilèges… Il nous faudrait une sorte de nuit du 4-Août.

François Hollande avait une chance historique en 2012…
Jacques Chirac avant lui, élu à plus de 80%, avait cette chance historique, mais a commencé par donner l’ordre à son Premier ­ministre de ne rien faire. Puis Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir sans programme et m’a demandé d’en faire un (ce que nous avons fait, en lui élaborant un programme bipartisan). Mais il s’est empressé de l’enterrer prétextant la crise alors que la crise au contraire aurait dû le faire avancer. François Hollande a tenté d’agir, mais trop timidement a mon goût… en passant à côté de la fenêtre de tir des premiers cent jours. En France, il n’y a que durant ces cent jours, avec l’élan, la légitimité de l’élection présidentielle, que tout est possible. Après, c’est trop tard. Une foule d’exemples le montre.

Lesquels?
On sait depuis toujours que le magot des 32 milliards d’euros annuels de la formation permanente, abandonné aux syndicats et au patronat, ne sert pas à former les chômeurs, ce qui est une aberration française. La crise des migrants, c’est pareil. On sait très bien ce qu’il faudrait faire : mettre aux frontières de l’Europe des gardes-côtes comme ceux des Américains. Aujourd’hui, le budget européen de Frontex et de 500 millions d’euros, soit vingt fois moins que le budget américain! Comme on ne met pas cet argent sur la table, alors chaque pays redresse ses propres frontières et on détricote l’Europe. Là, on va vers le pire. C’est d’autant plus absurde que si on mettait l’argent nécessaire, cela ferait tourner notre industrie et créerait des emplois. Mais là aussi, il n’y a absolument aucune vision! La vision sur les migrants serait de se demander comment former, accueillir, intégrer ceux qu’on reçoit. Et aider ailleurs ceux qu’on ne reçoit pas. Faute de volonté, on les laisse s’incruster dans la misère des camps comme celui de Calais.

Vous semblez très pessimiste…
Le monde change à très grande vitesse. Nous sommes à l’orée d’une nouvelle crise financière mondiale, des secousses en Chine, au Brésil, en Russie, et la zone euro est menacée par la crise portugaise, puis espagnole, qui risque d’être plus graves encore que la crise grecque. Le temps presse et pendant ce temps, notre système est à bout de souffle. Si la France doit changer d’ici à 2025, c’est cette année que cela se joue. Maintenant. Avant la primaire des partis, il faudrait faire la primaire des programmes, pour justement élaborer le cap, la vision qui portera un homme ou une femme, en 2017. Je ne vois nulle part que ce soit le cas. Pour ma part, je travaille à un programme, qui sera prêt très bientôt, avec des milliers de Français.

Comment expliquez-vous cette immobilisme d’en haut?
Depuis François Mitterrand, j’ai connu trois présidents, Chirac, Sarkozy et Hollande, qui m’ont tous les trois dit, d’une façon ou d’une autre, la même chose : « Si je mets en œuvre ce que tu proposes, ils vont me couper la tête. » Comme si à deux pas de la Concorde, la tête de Louis XVI les hantait encore. C’est très surprenant de sentir cette peur. Aucun homme politique récent n’a su développer une vision du monde et de la grandeur de la France. Ils veulent juste survivre, être réélus. Pourtant, la France est un grand pays, nous sommes un grand peuple, admiré, envié, jalousé. Le seul hymne chanté dans le monde entier, le soir des attentats, c’était La Marseillaise. C’est son souffle qui manque à tous ceux qui nous dirigent ou aspirent à le faire.

Crise en France : un manque de vision (Jacques Attali)

Crise en France : un manque de vision (Jacques Attali)

 

Jacques Attali n’a sans doute pas tort  de déplorer l’immobilisme qui se nourrit du manque de vision concernant l’avenir. Jacques Attali est souvent pertinent dans ses analyses et dans certaines de ces propositions. Ceci étant comme tous ceux qui font métier de prospective il s’est aussi souvent trompé. Il a cependant le mérite d’ouvrir le champ des possibles st d’inviter à la réflexion. On peut cependant regretter ce ton professoral et cette manie d’avoir une réponse à tout là où parfois il faudrait autoriser l’interrogation. En conclusion intéressant certes mais un peu agaçant).

Interview de Jacques Attali dans le JDD

Un manque de vision ?
Sans vision du monde, on ne réforme rien… Le grand blocage dans lequel nous sommes est dû à cela : les partis dits de gouvernement n’ont absolument aucune idée de ce que doit être la France dans 20 ans. Faute de vision, c’est toujours la paralysie, parce que nul n’accepte de remettre en cause ses acquis de peur de ne rien gagner en échange. Aujourd’hui tout le monde est pour l’environnement et pour la sécurité. Entre ces deux projets sectoriels, celui des écologistes et du Front National, il y a un vide. Un grand vide… Les deux partis de gouvernement ne réfléchissent plus à l’avenir. Au lieu d’avoir une réflexion à long terme et une stratégie, ils ne sont plus capables que de tactique.

Quels sont les principaux facteurs de paralysie?
Un pays est bloqué quand il pense que c’était mieux hier. Alors chacun se crispe sur ses avantages acquis, sa rente, ses privilèges. Si les politiques disaient voilà ce que sera la France de 2025, voilà ce que chacun y gagnera, alors les Français accepteraient de perdre un peu aujourd’hui de leurs avantages. Or nous sommes un pays aveugle face à l’avenir, avec un Front national qui n’a d’autre projet que celui d’une France imaginaire des années 50… Le pessimisme français qui en découle est à la mesure de la conscience que nous avons de nos privilèges actuels : on se crispe et on met les chariots en cercle…

Formation permanente : une réforme pour sortir 500 à 700 000 chômeurs en 2016 (Attali)

Formation permanente : une réforme pour sortir 500 à 700 000 chômeurs en 2016 (Attali)

 

 

 

Attali qui agace souvent par son ton professoral n’a sans doute pas tort  quand il  considère qu’il est possible de sortir cinq à 700 000 personnes du chômage pour les mettre en formation des 2016. En effet l’utilisation des fonds de la formation permanente constitue un véritable scandale et ne profite qu’à la marge à ceux  qui en ont le plus besoin, à savoir les chômeurs. Or les ressources (via les cotisations patronales) de la formation représentent de l’ordre de 35 milliards par an. L’idée d’Attali est aussi de  shunter en partie les organismes de formation pour mettre les chômeurs directement en formation dans l’entreprise. Une idée également intéressante mais qui va se heurter au corporatisme des caciques de l’éducation. Des ressources gaspillées par les super structures de formation, les organismes de collectes et les partenaires sociaux. Un véritable fromage dont la Cour des Comptes a dénoncé à plusieurs reprises le manque total de transparence. Les pouvoirs publics ont bien tenté de rationaliser un peu le fonctionnement de la formation permanente mais le poids des superstructures à étouffé  les velléités de restructuration d’ampleur. L’économiste et essayiste Attali était l’invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC ce jeudi matin. Selon lui, une réforme de la formation professionnelle permettrait de « sortir 500.000, 600.000, 700.000 personnes du chômage en 2016″.  Invité de BFMTV et RMC ce jeudi matin, l’économiste et essayiste Jacques Attali a affirmé que « le problème du chômage peut être réglé en 2016″, simplement en réformant la formation professionnelle. Pour y parvenir, l’ancien conseiller spécial de François Mitterrand – qui publiera « en février » 2016 un « programme présidentiel d’intérêt général » et « n’exclut » toujours pas, à ce jour, de se présenter en 2017 « si les circonstances l’exigeaient » – préconise d’appliquer deux propositions.  « Premièrement, il faut former professionnellement les chômeurs. Un chômeur en formation n’est plus un chômeur, il est en formation », a expliqué Jacques Attali au micro de Jean-Jacques Bourdin. « Si on les forme, en particulier les chômeurs de longue durée, soit à un métier soit à la création d’entreprise, on peut sortir 500.000, 600.000, 700.000 personnes du chômage en 2016″, a-t-il estimé.  « Deuxièmement, si un chômeur est engagé par une entreprise, il doit avoir au moins le salaire légal, c’est à dire le Smic », a encore détaillé Jacques Attali. « Mais l’entreprise elle-même doit être reconnue comme faisant une activité de formation. Donc elle ne doit payer que 80% du Smic et les 20% doivent être pris dans les fonds aujourd’hui gaspillés par les partenaires sociaux de la formation permanente. Je rappelle qu’il s’agit de prendre deux milliards » d’euros. Mais pour Jacques Attali, ces mesures doivent être mises en place très rapidement pour pouvoir produire leurs effets d’ici à la fin de l’année.  »Si on fait ça avec autorité, fermeté en janvier 2016, le chômage aura baissé massivement à la fin de l’année », a-t-il assuré. « Je répète ça depuis 10 ans et même plus, mais la collusion des partenaires sociaux et de l’inaction globale font qu’on a laissé ce cancer se propager. »Alors que la réforme de la formation professionnelle devrait être au menu des vœux présidentiels de François Hollande ce soir, l’auteur de Peut-on prévoir l’avenir? S’est interrogé sur la teneur que lui donnera l’exécutif. « J’ai l’impression que le gouvernement a entendu », a-t-il dit, « mais pourra-t-il le mettre en œuvre à la même hauteur que celle que je souhaite? » 

Logement: il faut des mesures fiscales urgentes pour sauver le logement (Attali)

Logement:  il faut des mesures fiscales urgentes pour sauver le logement (Attali)

 

 

. Jacques Attali, économiste et ancien conseiller de François Mitterrand, préconise un geste fiscal pour encourager l’achat de logements neufs et in fine relancer la croissance. «Je pense qu’il y aurait une réforme très simple, qui serait de dire: si vous achetez un logement neuf, que ce logement neuf, acheté pour habiter ou pour louer dans les deux prochaines années, puisse être légué sans droits de succession, et ce tout au long de la vie», dévoile-t-il avant d’ajoute r que «cela aurait un impact énorme en termes de relance». Les mises en chantier de logements neufs ont en effet encore chuté de près de 19% au deuxième trimestre et le nombre de permis de construire délivrés ne cesse de chuter.  Il n’est pas le seul: le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), le fraîchement nommé Jacques Chanut, prône également la défiscalisation pour le logement. «Même Jacques Attali reconnaît que s’il n’y a pas d’incitation fiscale, l’investissement locatif ne repartira pas», commente-t-il. Mais pour lui, ce geste fiscal prend une autre voie «Il faudrait bénéficier d’une défiscalisation lorsqu’on loue à ses ascendants/descendants, contrairement à ce que préconise la loi Duflot», explique-t-il. «Le logement est une réelle problématique pour les familles, autant pour les jeunes que les seniors et grands seniors», ajoute-t-il.  L’idée de solidarité intergénérationnelle fait l’unanimité chez l’une et l’autre de ces propositions pour un geste fiscal de l’État. Toutefois, Jacques Chanut soulève une problématique très présente dans le contexte actuel: «Pour la proposition de Monsieur Attali, l’avantage fiscal n’est pas immédiat, cela pose donc le problème de la parole de l’État, dans le climat actuel de méfiance vis à vis de l’engagement de l’État». Le président de la FFB encourage donc une défiscalisation à l’entrée plutôt qu’à la sortie de l’investissement dans le logement neuf.  Dans ses récentes interviews Jacques Attali préconise la mise en place de mesures «urgentes et importantes» dès ce mois d’août pour relancer la croissance. «Il faut réduire les dépenses et créer les conditions de la croissance qui permet des recettes nouvelles sans impôts nouveaux», explique-t-il. Outre des mesures sur le logement, l’économiste évoque d’indispensables mesures sur la formation professionnelle, l’accord passé entre les partenaires sociaux est «une catastrophe» selon lui, «parce que les partenaires sociaux se sont entendus pour préserver leur magot», poursuit-il. «Il est urgent de ne pas mettre en œuvre cet accord et de le reprendre». Il prône en outre des mesures pour inciter l’investissement dans les PME, et une hausse de la TVA car selon lui «les prix n’augmentent pas, nous sommes en déflation, c’est le moment absolument formidable et unique pour augmenter la TVA. Il faudrait l’augmenter massivement, de trois points…».

 

« La France ne parvient pas à se réformer »(Attali)

« La France ne parvient pas à se réformer »(Attali)

Il a raison Attali, la France est impossible à reformer du fait des corporatismes, des rentiers mais aussi (il oublie, normal il en faiat partie) du fait de l’oligarchie en place. Visiteur du soir de Nicolas Sarkozy et François Hollande, Jacques Attali a multiplié les rapports pour libérer la France de ses blocages. Interrogé par le JDD, alors que huit organisations patronales adressent un appel au gouvernement, l’économiste dénonce l’attitude des entreprises : « Nos entreprises sont aussi conservatrices que l’État, les syndicats, les régions et les autres détenteurs de rente. Trop d’entre eux s’accrochent encore à leurs rentes. Depuis trente ans, ce repli a énormément abîmé la marque de la France. » Jacques Attali est aussi sévère envers la classe politique : « La France ne parvient pas à se réformer parce que notre pays est une juxtaposition de corporatismes et de rentiers. C’est dans son ADN : elle a choisi la terre et le foncier. » « Parce que la réforme territoriale va supprimer certaines instances locales porteuses de mandats, les sénateurs, gauche et droite confondues, vont tout faire pour la torpiller », commente-t-il à propos du report, au Sénat, de la réforme territoriale.

 

Attali : 45 propositions sur l’ »économie positive

Attali :  45 propositions sur l’ »économie positive »

« L’absence de prise en compte du long terme est la cause principale de la crise actuelle. Il est très inquiétant de voir les sociétés, les Nations de plus en plus focalisées sur le court terme », a expliqué devant la presse l’ancien conseiller de François Mitterrand.  Il venait de s’entretenir et de débattre à l’Elysée avec le président Hollande, auquel il a remis le rapport « Pour une économie positive » (ed. La Documentation française et Fayard), fruit d’une année de réflexions de différents experts (économistes, sociologues, scientifiques, entrepreneurs, etc…).  Le document présente 45 propositions susceptibles de pouvoir s’appliquer à l’échelon national ou bien européen, voire à l’échelle du G8 ou du G20. « L’économie positive est une économie qui réoriente le capitalisme vers la prise en compte des enjeux du long terme (…) Elle vise (…) à rendre compatibles l’urgence du court terme et l’importance du long terme », explique l’ouvrage. L’un des préalables est de « bâtir un capitalisme patient, à travers une finance positive, qui retrouve son rôle de support de l’économie réelle », souligne en particulier le rapport.   »La finance est à si court terme. C’est parce qu’il y a une tyrannie du court terme dans toutes les dimensions de nos sociétés qu’on a eu la crise de 2007-2008″, a insisté Jacques Attali devant François Hollande.  C’est pourquoi plusieurs des propositions portent sur les questions financières: « rediriger l’épargne et les investissements vers les activités positives » (portant sur le long terme), « favoriser le développement de la microfinance », « poursuivre et amplifier la lutte contre les paradis fiscaux », « indexer la rémunération des dirigeants sur la positivité de l’entreprise ».  A ce dernier sujet, le document remarque que « les stock-options et modes de rémunération annexés au cours de la Bourse alignent les incitations des dirigeants sur celles des actionnaires. Ils freinent les stratégies de long terme des entreprises ».  Rendre des comptes pas uniquement aux actionnaires  Le rapport préconise aussi que la France milite au niveau européen ou du G20 en faveur du renforcement des actionnaires de long terme, dont les droits de vote « pourraient être proportionnels » aux titres détenus mais aussi à la durée de détention. L’objectif étant de « mettre fin à la myopie actionnariale ».  Jacques Attali considère d’ailleurs que la définition même de l’entreprise dans le Code civil doit être modifiée, étant actuellement tournée vers « l’intérêt de ses associés capitalistes ».  Un tel amendement « forcera les dirigeants d’entreprises (…) à avoir des comptes à rendre à d’autres qu’aux actionnaires et à faire en sorte que d’autres indicateurs se développent et à la finance d’être responsable », a-t-il relevé.   »La finance, on ne lui demande pas d’être vertueuse, on lui demande d’être fructueuse », a commenté François Hollande.  Le document préconise la création d’un « Conseil du long terme », qui prendrait en compte les intérêts des générations futures et qui pourrait voir le jour « à partir du Conseil économique, social et environnemental » (Cése), une institution controversée. Jacques Attali a indiqué que les experts du rapport avaient travaillé aussi à l’élaboration d’un indicateur sur le « caractère plus ou moins positif d’une économie ». Sur les 34 pays de l’OCDE, la France, « plutôt moyenne en tout, pas catastrophique dans aucun secteur », était 19e au début de 2012, la Suède première, les Etats-Unis 12e, l’Allemagne 13e. Saluant le travail accompli, François Hollande a invité ses auteurs à définir d’ici un an, avec le Cése, une « feuille de route de l’économie positive » dans le cadre des perspectives de la France dans dix ans.  Il a souhaité aussi la promotion d’un grand « débat participatif sur l’économie positive, qui pourrait faire, a-t-il dit, l’objet de propositions françaises au niveau de l’UE. Aujourd’hui, a dit le chef de l’Etat, j’ai voulu que nous puissions réfléchir à la France dans dix ans ». Si « les prétentions » des gouvernements portent sur le long terme, « toutes leurs actions néanmoins sont souvent de court terme ». « L’économie positive doit les obliger à lever la tête », a-t-il conclu.

 

« Parler de 2025 sans agir maintenant n’est pas une solution »(Attali)

« Parler de 2025 sans agir maintenant  n’est pas une solution »(Attali)

Jacques Attali est le président de PlaNet Finance et l’ancien conseiller de François Mitterrand. Il réagit sur RTL à la rentrée politique du gouvernement, qui s’apprête, ce lundi, à plancher sur « la France en 2025″.  Le ministre de l’économie, Pierre Moscovici, a jugé lundi matin que le plein emploi est une hypothèse réaliste dans 12 ans. Pour Jacques Attali, il ne s’agit-là, non pas d’optimiste, mais « d’une volonté » : « Dire que le plein-emploi est possible, c’est dire ‘je vais créer les conditions pour qu’il soit réaliste’ », explique-t-il.  Il précise que ce plein-emploi est possible en « prenant en compte, dans toutes les décisions que l’on prend aujourd’hui, leur impact sur l’emploi dans 25 ans ». « Quand on parle de la France de 2025, le plus important, c’est de parler des conséquences de l’action qu’on mène aujourd’hui. »   »Le plein-emploi est possible à condition de transformer l’éducation pour qu’elle forme à des métiers qui seront utiles en 2025. C’est possible à condition de transformer radicalement la formation professionnelle, et faire en sorte que l’argent qui est gaspillé serve à former les chômeurs – c’est 32 milliards qu’il faut réorienter et ça va prendre du temps, c’est pour cela que parler de long terme sans parler de court terme n’est pas une solution », affirme encore Jacques Attali.

 

 

Attali : « Mittal , un prédateur »

 

Attali : « Mittal , un prédateur » 

 

L’économiste, Jacques Attali a estimé jeudi que « ne pas vouloir de Mittal » en France « c’était une erreur énorme ». « On peut très bien décider qu’on nationalise (l’usine de Florange) mais ça suppose un vrai débat démocratique assez profond. Même si on peut avoir des doutes sur le caractère loyal de ce monsieur (Mittal) qui est un prédateur et pas un industriel », a-t-il affirmé.Quant à la méthode employée dans ce dossier par Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, Jacques Attali estime qu’elle « consiste à arbitrer après et pas avant ». « C’est une méthode assez particulière », a-t-il ajouté.

Attali : « Florange, c’est fini »

Attali : « Florange, c’est fini »

Le propos est direct, technocratique un  peu méprisant, Jacques Attali, économiste et ancien conseiller de François Mitterrand, s’est exprimé sur la situation des hauts fourneaux de Florange. Il a assuré, mercredi soir sur BFMTV, que « Florange, ça n’a aucune importance. Il y a 50.000 chômeurs de plus tous les mois. Ces gens [les salariés de Florange] ne sont pas du tout menacés, ni par le chômage, ni par quoi que ce soit ».   »Tout le monde sait que les hauts fourneaux ne redémarront pas, a-t-il poursuivi. « Tout le monde sait que la sidérurgie, quand on la regarde globalement, n’a un avenir que sur les ports. Cela ne peut plus être là, tout le monde le sait depuis longtemps. C’est fini », a-t-il conclu. Les syndicats ont été reçus mercredi par Jean-Marc Ayrault pour évoquer l’accord passé par l’Etat avec Lakhsmi Mittal sur les hauts fourneaux de Florange. Ils en sont sortis en colère et se sont dit « trahis », surtout depuis l’annonce de Mittal de se retirer du projet Ulcos..

 




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