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La Finance sous assistance respiratoire publique

 La Finance sous assistance respiratoire publique

L’intervention massive des banques centrales et les sanctions financières contre la Russie semblent signifier le retour de la puissance publique sur les marchés. Mais une véritable « définanciarisation » n’est pas à l’ordre du jour, regrette l’économiste Jézabel Couppey-Soubeyran dans sa chronique au Monde.

 

 

Chronique.

 

 La finance globale a du plomb dans l’aile. Elle n’est plus libéralisée, mais sous assistance. Elle n’est plus intégrée, décloisonnée, mais en voie de balkanisation. Est-on sur la voie d’une déglobalisation financière ? Peut-être. Mais seulement d’une « déglobalisation » de sauvegarde, du fait de la gestion des crises financière puis sanitaire. D’une déglobalisation guerrière, en raison des sanctions financières prises à l’encontre de la Russie. A quand une déglobalisation de transformation, celle qui permettra à nos sociétés d’aller mieux ?

Il ne faut pas oublier que l’apparente complexité technique des mutations de la finance dissimule mal l’exercice d’une volonté politique ! La globalisation financière, ce processus d’expansion de marchés, de produits et d’acteurs interconnectés, intégrés et internationalisés, a largement procédé d’une volonté politique de libéralisation qui s’est affirmée au tournant des années 1970-1980, d’abord dans les pays anglo-saxons, puis sur le continent européen, avant de gagner les pays émergents. La puissance publique s’est alors volontairement effacée, les Etats allant jusqu’à sacrifier leur accès direct au guichet de leur banque centrale et accepter l’indépendance de ces dernières. Elle a placé sa confiance dans le libre jeu du marché, avec pour dessein tacite l’essor du capitalisme financier. Avec les conséquences que l’on sait en matière d’inégalités, d’instabilité financière et de dégâts environnementaux.

La déréglementation des banques a été l’une des forces motrices de ce processus. Ce ne sont pas les timides reréglementations des années 1990-2000, issues des accords de Bâle, qui ont ralenti le pas de la finance globalisée. Car elles ont été conçues pour accompagner, préserver le jeu du marché et protéger de ses à-coups quelques-uns de ses acteurs – surtout les banques –, et non pour reprendre la main sur l’allocation des capitaux, la création et la circulation de la monnaie. Logiquement, ces reréglementations, dites « prudentielles », n’ont pas empêché la crise financière de 2007-2008.

C’est à ce moment-là que le retour de la puissance publique s’est fait beaucoup plus pressant, mais surtout pour empêcher le capitalisme financier de s’autodétruire et assurer sa survie, voire son approfondissement, cette fois par la voie monétaire. La monnaie publique, celle que crée la banque centrale, a été mise à l’entière disposition des banques et des marchés financiers. L’intervention d’urgence, décidée au moment de la crise financière de 2008, est devenue une assistance prolongée. A chaque fois qu’il a été envisagé de débrancher la perfusion de liquidité centrale, une source plus ou moins forte de déstabilisation est venue l’empêcher : la crise du marché monétaire américain à l’automne 2019, la crise sanitaire à partir de janvier 2020, et aujourd’hui la guerre en Ukraine, qui fait envisager aux banques centrales une relance de leurs achats d’actifs en cas de récession, comme le suggère une déclaration d’Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque centrale européenne, le 24 mars.

 » Non-assistance à nature en danger »

  »Non-assistance à nature en danger » 

Deux chercheurs du CNRS, Vincent Devictor et Laurent Godet dénoncent l’hypocrisie politique vis-à-vis de environnement et de la biodiversité. Dans une tribune sur France Info :

« Hécatombe, annihilation. C’est ainsi que les chercheurs qualifient la trajectoire de la diversité biologique. Non seulement des espèces disparaissent à jamais, mais les populations d’oiseaux, de poissons ou d’insectes s’effondrent. Aucun doute : notre mode de développement destructeur est responsable. La solution à la crise environnementale viendra-t-elle de la science ? La réponse est non. Nous avons étudié 12 971 publications scientifiques consacrées au sujet depuis 15 ans. Le constat est sans appel. Depuis près d’un siècle, nous connaissons les causes de la crise de la biodiversité : destructions d’habitat, surexploitation, introductions d’espèces invasives dans les îles et les milieux fermés, extinctions en chaînes, changement climatique. Nous ne pouvons plus nous cacher derrière l’ignorance ou la complexité de la situation. Faut-il toujours plus de compromis entre protection de la nature et développement économique ? La réponse est non. Le modèle du développement durable cache des incompatibilités fondamentales. Il faut être capable d’engager des mesures de protection fortes, qui n’ont pas pour objectif de faire, en même temps, une chose et son contraire. On ne peut protéger les habitats et favoriser l’urbanisation. On ne peut protéger des espèces et encourager leur chasse. Tout n’est pas toujours possible quand il est question d’écologie. Des espèces et des espaces imposent des contraintes à nos activités. Le retour spontané du loup est un bon exemple. Il signe la dynamique positive d’une espèce protégée mais que l’on s’empresse de détruire en autorisant les « prélèvements ». Penser que tout est compatible est infantilisant. Cela ignore plusieurs décennies de recherches scientifiques dans le domaine. Les dynamiques écologiques ne s’alignent pas sur les projets d’aménagements.  La recherche sur la crise de la biodiversité est-elle condamnée à apporter des mauvaises nouvelles ? La réponse est non. Des tendances très positives d’amélioration de la qualité de certains milieux ou d’effectifs de certaines espèces sont observées, dès lors que des mesures de bon sens sont appliquées : certains carnivores reviennent alors spontanément en Europe, la création d’aires protégées dans les milieux marins sur les poissons a des effets spectaculaires. La recherche est avide de bonnes nouvelles de ce type. Elle n’a pas vocation à être optimiste ou pessimiste. Elle est tout simplement réaliste. L’écologie est-elle seulement préoccupée par des pays lointains et les animaux dignes d’apparaître dans les albums photos ? La réponse est non. Tous les pays sont désormais scrutés de près par les chercheurs et font l’objet des mêmes constats alarmants sur la biodiversité, les causes de son déclin et les solutions à sa protection. Le diagnostic est clair. L’écologie n’est plus un luxe ou une opportunité, c’est une nécessité qui porte sur un état de fait. Les décisions politiques en matière d’écologie sont-elles suffisantes ? La réponse est non. Le modèle utilitariste d’exploitation de la nature est la cause de la crise de la biodiversité, pas la solution. Notre étude sur ce que la science propose dans le domaine montre ce que nous savons déjà : il y a une limite écologique fondamentale à la croissance effrénée. Les décisions politiques sont reportées, amendées, ou contrées par des lobbys qui ne représentent ni l’intérêt général ni des solutions concrètes à la crise de la biodiversité. Le modèle agricole dominant est devenu industriel, hors-sol. Il ne correspond plus à un savoir-faire mais à l’expression d’intérêts qui écrasent les alternatives écologiques, moins destructrices, moins polluantes et tout aussi efficaces. Il est devenu irresponsable de ne pas prendre la mesure des problèmes écologiques. C’est une non-assistance à nature en danger. «




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