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Réforme des Retraites :Insignifiante et inefficace pour l’économiste Patrick Artus

Réforme des Retraites :Insignifiante et inefficace pour l’économiste Patrick Artus


On ne peut pas dire que l’économiste et conseiller de la banque Natixis Patrick Artus soit très proche des gauchiste pourtant il n’hésite pas à condamner avec fermeté la réforme du gouvernement qualifiée « d’insignifiante » sur le plan économique et d’« inefficace » financièrement et socialement.

Patrick Artus, l’économiste très connu du groupe NATIXIS condamne sans appel la réforme du gouvernement. « C’est une réforme insignifiante sur son apport à l’économie [...] Il ne faut pas faire de réforme rejetée par la majorité des personnes concernées. La majorité des Français ne veulent pas travailler jusqu’à 64 ans [...] Cette réforme soulève des enjeux démocratiques », a déclaré Patrick Artus lors d’une réunion avec des journalistes jeudi 3 février.

Pour Patrick Artus, « c’est une réforme inefficace. Elle va augmenter le taux d’emploi des seniors de 6 points en huit ans, en passant, de 35% à 41%. Le taux d’emploi global en France augmenterait de seulement 0,6 point et l’emploi s’améliorerait de 0,9 point, c’est insignifiant. »

Il estime que « le vrai enjeu est l’employabilité des seniors dans les entreprises. De nombreuses personnes âgées vont se retrouver au chômage. » Sur ce point, le gouvernement a prévu de mettre en place un index des seniors, sur le même modèle que l’index de l’égalité présenté par l’ex-ministre du Travail Muriel Pénicaud. Du côté des syndicats interrogés récemment par La Tribune, cette annonce n’a pas vraiment convaincu. « Cet index n’est pas contraignant. La seule contrainte concerne les entreprises de plus de 1.000 salariés. Pour les autres entreprises, elles sont incitées à publier cet index mais elles ne seront pas pénalisées », a regretté Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens), en charge des négociations sur les retraites.

Afin d’améliorer le financement du système des retraites, Patrick Artus plaide pour un grand plan emploi pour les jeunes. « C’est dramatique de ne pas avoir de meilleur levier pour l’emploi des jeunes. Si la France avait le taux de chômage des jeunes allemands, cela pourrait rapporter 40 milliards d’euros sur huit ans. Je ne comprends pas que l’on ait pas de vraie politique de retour à l’emploi des jeunes et des NEETS ».

En France, près de 1,4 million de jeunes âgés de 15 ans à 29 ans seraient ni en emploi, ni en études, ni en formation selon de récents chiffres de l’Insee. Entre 2014 et 2022, la part des NEETS est en baisse de deux points (12,8%) mais reste à un niveau supérieur à l’Europe (13,6%) et à l’Allemagne (9,2%). « Si on normalisait le taux d’emploi des plus jeunes, cela serait beaucoup plus efficace pour les comptes de la Sécurité sociale, » a conclu l’économiste.

La répétition de cycles inflation récession (Patrick Artus)

Comme dans les années 1970 à 2000, la succession des épisodes inflation-récession-reprise pourrait dominer les années à venir, annonce l’économiste dans le Monde.

 

L’économie des pays de l’OCDE va, dans les prochaines années, ressembler davantage à celle des années 1980-1990 qu’à celle des années 2010. La première caractéristique de ce « retour vers le futur » est l’enchaînement des prix et des salaires. Le pouvoir de négociation des salariés se redresse en effet, pour deux raisons. D’abord, l’inflation forte va les pousser à demander une meilleure indexation des salaires sur les prix, la perte de pouvoir d’achat due à la faible indexation actuelle étant insupportable ; ensuite, les difficultés de recrutement des entreprises sont devenues, depuis 2021, extrêmement fortes, avec le changement des besoins des entreprises – elles doivent répondre à une demande de biens beaucoup plus forte – et avec le rejet des emplois pénibles et à horaires atypiques. On devrait donc observer dans le futur une plus grande capacité des salariés à obtenir des hausses de salaire quand la situation économique est bonne et une meilleure indexation des salaires aux prix.

La deuxième caractéristique est l’attitude des banques centrales. Depuis 2012, confrontées à une inflation faible de façon permanente, elles n’ont plus mené de politiques monétaires restrictives. On va voir réapparaître une politique monétaire contracyclique, expansionniste après les récessions, puis progressivement restrictive. Bien sûr, les banques centrales hésitent encore aujourd’hui à revenir à cette pratique monétaire du passé, mais elles devront s’y résoudre et recommencer à lutter contre l’inflation dans la seconde partie des périodes d’expansion.

 

Nous allons donc assister à la réapparition des cycles monétaires, comme dans les années 1970 à 2000, avant la crise des subprimes : après une récession, le chômage est élevé, l’inflation et les taux d’intérêt sont faibles ; progressivement, le chômage diminue, l’inflation augmente. A un certain stade, la banque centrale prend la décision de déclencher une récession pour casser l’inflation (c’est ce qui a été fait de 1980 à 1982, en 1990, en 2000 et en 2008). L’inflation recule, et la politique monétaire peut redevenir expansionniste, l’économie redémarre. Ces cycles monétaires, liés aux cycles de l’inflation, avaient disparu dans la décennie 2010.

Quelles sont les conséquences de ce retour aux cycles monétaires ? La première est que les contraintes de stabilisation de l’endettement à moyen terme réapparaissent. A la fin de la décennie 2010, comme les taux d’intérêt ne remontaient pas, il n’était pas véritablement nécessaire de désendetter les Etats ou les entreprises, et les déficits publics sont d’ailleurs restés élevés dans beaucoup de pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, France…). On parlait alors de « théorie de la surchauffe » : il s’agissait de continuer à soutenir la demande alors que l’économie était voisine du plein-emploi, pour forcer les entreprises à être plus productives et les inciter à embaucher des salariés peu qualifiés.

Patrick Artus : « Augmenter le taux d’emploi et de compétences

Patrick Artus : « Augmenter le taux d’emploi et de compétences 

, L’économiste Patrick Artus, estime que  part des Français âgés de 20 à 64 ans ayant un travail peut croître avec des politiques de formation et de baisse des impôts de production, et pas seulement grâce à la réforme des retraites, souligne l’économiste dans sa chronique.(Le Monde)

 

Après l’élection présidentielle, la priorité centrale de la politique économique du gouvernement devra être d’augmenter le taux d’emploi. En effet, cette augmentation serait à la fois le résultat de politiques économiques qui auront par ailleurs des effets bénéfiques, et aurait en elle-même des effets positifs sur les autres politiques publiques : finances publiques, réindustrialisation, commerce extérieur, inégalités de revenus, qualité des emplois, financement de la transition énergétique et de ses conséquences en matière d’inégalités.

Même s’il y a eu une amélioration récente, le taux d’emploi – c’est-à-dire la proportion des personnes âgées de 20 à 64 ans qui ont un emploi – est anormalement faible en France : il est au début de 2022 de 79 %, contre 91 % en Allemagne, 90 % en Suède, 84 % au Royaume-Uni, 96 % aux Pays-Bas. Une partie de cette faiblesse est due à l’organisation du système de retraite : un quart de l’écart de taux d’emploi entre l’Allemagne et la France vient de ce que le taux d’emploi des 60-64 ans est de 35 % en France, contre 62 % en Allemagne. Mais cela signifie également que les trois quarts de l’écart de taux d’emploi entre les deux pays viennent d’autres causes que l’âge du départ en retraite.

Comment expliquer la faiblesse du taux d’emploi en France ? Quand on compare les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il apparaît qu’une fraction très importante des écarts de taux d’emploi s’explique par deux facteurs, outre l’organisation du système de retraite : premièrement, les compétences de la population active ; deuxièmement, le poids des impôts sur les entreprises, qui les contraignent à des arbitrages aux dépens de l’emploi et de l’investissement. Les compétences de la population active expliquent 53 % des écarts à la moyenne entre les taux d’emploi des pays de l’OCDE ; le poids des cotisations des entreprises et des impôts de production en explique 35 %.

Or la France se situe dans le dernier quart du classement des pays de l’OCDE en ce qui concerne les compétences des adultes, et se trouve en dernière position en ce qui concerne les compétences des jeunes en sciences. La France a aussi, après la Suède, le poids des impôts de production et des cotisations sociales des entreprises le plus élevé de l’OCDE (13,5 % du produit intérieur brut, contre 8,3 % pour le reste de la zone euro). Cette faiblesse globale des compétences et cette lourdeur de la fiscalité expliquent très largement la faiblesse du taux d’emploi en France.

Environnement et financement: Des taux d’intérêt bas nécessaires pour la transition énergétique (Patrick Artus)

Environnement et financement: Des taux d’intérêt bas nécessaires pour la transition énergétique (Patrick Artus)

 

Le financement des investissements nécessaires à la transition énergétique, à faible rendement et de long terme, exige des banques centrales qu’elles persévèrent dans leur politique de taux bas, estime l’économiste,Patrick Artus  dans sa chronique au Monde .

 

Chronique. 

 

On connaît les problèmes sociaux que va faire apparaître la transition énergétique. Il est probable que les inégalités de revenu vont s’accroître avec la hausse des prix de l’énergie, car le poids de l’énergie dans la consommation est très élevé pour les ménages à faible revenu. De nombreux emplois vont être détruits dans les secteurs produisant ou utilisant les énergies fossiles – par exemple dans l’industrie automobile thermique ; des emplois vont certes être créés dans les énergies renouvelables, l’automobile électrique, la rénovation thermique des bâtiments. Mais ces emplois nouveaux nécessitent des qualifications différentes et se situent dans des localisations différentes que les emplois détruits : d’où un problème potentiel d’adaptation et de mobilité des compétences.

En revanche, on s’interroge assez peu sur les problèmes sociaux qui pourraient provenir du besoin massif d’investissement et de la politique monétaire que les banques centrales vont devoir mener face à ce besoin. La transition énergétique va en effet exiger un supplément d’investissements, que l’Agence internationale pour les énergies renouvelables estime à 4,2 % du PIB au niveau mondial pour les trente prochaines années (en France, 100 milliards d’euros par an pendant trente ans). Les activités concernées sont la production et le stockage d’énergies renouvelables, les réseaux électriques, la décarbonation des transports et de l’industrie, la capture du carbone, la rénovation thermique des bâtiments et logements.

Pour investir plus, il faut épargner plus, et puisque, au départ, cet investissement ne produit pas de revenu supplémentaire, il faut consommer moins. Or, faire baisser volontairement la consommation des ménages modestes est socialement inacceptable. De plus, les entreprises devront, pour investir davantage, accroître leurs marges bénéficiaires, et donc augmenter leurs prix, ce qui fera reculer le pouvoir d’achat. Et les Etats, pour investir eux aussi davantage, vont augmenter la pression fiscale, ce qui fera aussi reculer la consommation…

Transition ou inflation ?

L’action du troisième acteur de l’investissement que sont les banques centrales pose aussi des problèmes spécifiques. Les investissements nécessaires à la transition énergétique ont en effet deux caractéristiques : ils sont à horizon de très long terme et ils sont souvent peu rentables – c’est particulièrement le cas pour la rénovation thermique des logements. Pour qu’ils soient néanmoins réalisés, il faut que les taux d’intérêt à long terme restent faibles, sinon, leur coût de financement sera trop élevé par rapport à leur rentabilité. Si elles veulent favoriser la transition énergétique, les banques centrales doivent poursuivre leur politique de maintien de taux bas.

 

« L’économie de spéculation est inefficace » (Patrick Artus, économiste)

 « L’économie de spéculation est inefficace » (Patrick Artus, économiste)

 

 

 

Patrick Artus, économiste à Natixis considère que la spéculation est néfaste à l’économie productive

La faiblesse des rendements des actifs traditionnels pousse les investisseurs à choisir des actifs spéculatifs, au détriment de l’économie productive, observe l’économiste dans sa chronique.( Le Monde extrait)

tribune 

 

L’économie mondiale est agitée de mouvements violents sur les prix de toute une série d’actifs et de biens dont la caractéristique commune est de présenter une rareté. Ces prix ont, au cours du temps, montré une variabilité de plus en plus ample, avec des périodes de fortes hausses suivies de violentes corrections. C’est vrai pour les prix des matières premières : les prix des métaux non précieux, par exemple, ont été multipliés par deux et demi entre 2009 et 2011, puis divisés par deux entre 2011 et 2016, puis multipliés par trois entre 2016 et aujourd’hui. Ces mouvements des prix des matières premières sont très liés aux positions non commerciales (donc spéculatives) prises sur les marchés à terme : pour le bois de construction, par exemple, on est passé de zéro contrat net ouvert en 2019 et au début de 2020 à… 600 000 contrats ouverts à l’été 2021 ! Cela est vrai aussi pour les indices boursiers : ils ont été multipliés par quatre dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) depuis 2010, par dix en ce qui concerne les actions des sociétés des nouvelles technologies.

Idem pour les prix de l’immobilier : de 2002 à 2006, ils ont augmenté de 9 % par an dans les pays de l’OCDE ; en 2008, ils ont baissé de 13 % ; aujourd’hui, ils accélèrent violemment (+ 8 % sur un an pour l’ensemble de l’OCDE). Evolution spectaculaire également du bitcoin : 3 000 dollars (environ 2500 euros) au début de 2019, 63 000 dollars au début de 2021, avec ensuite une rechute à 30 000 dollars puis une remontée à 50 000 dollars.

 

De nouveaux acteurs financiers se sont spécialisés dans la spéculation. Les plates-formes de trading sur actions (Reddit, Robinhood…) concentrent les demandes des investisseurs institutionnels sur un petit nombre de titres dont les cours montent alors violemment – le cours du distributeur de jeux vidéo GameStop a ainsi été multiplié par 25 en janvier. Ou encore les Special Purpose Acquisition Company (SPAC), des sociétés qui lèvent des fonds en Bourse pour investir dans le futur : elles ont réalisé 200 levées de fonds au premier trimestre pour 95 milliards de dollars, les investisseurs ne sachant même pas ce qui sera fait de leur argent !

Nous sommes entrés clairement dans une économie de spéculation. Assez naturellement, la spéculation porte sur des actifs ou des biens qui montrent une rareté, une rigidité de l’offre, puisqu’alors une hausse de la demande fait fortement monter les prix. C’est le cas de tous les actifs et biens évoqués plus haut : immobilier, cryptomonnaies, actions (dont le nombre diminue avec les rachats d’actions par les entreprises), matières premières (dont la capacité de production prend beaucoup de temps pour être augmentée).

Le libéralisme n’est pas mort ! (Patrick Artus)

Le libéralisme n’est pas mort ! (Patrick Artus)

L’économiste Patrick Artus veut sans doute curieusement rassurer ou se rassurer lui-même et rejette, dans sa chronique au « Monde », l’idée que l’intervention massive des Etats dans le fonctionnement de l’économie soit le signe d’un retour à l’économie dirigée, il s’agit plutôt d’un réajustement des « incitations » visant à aider les acteurs économiques dans leurs choix.

Un argumentaire quand même un peu simpliste car le choix n’est sans doute pas entre un dirigisme étatique et un libéralisme sans régulation. NDLR

Chronique

La crise du Covid-19 a conduit, dans tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), à des interventions massives des banques centrales et des Etats dans le fonctionnement des économies et dans les choix des agents économiques. Il a donc été affirmé que la pandémie avait sonné la fin du libéralisme économique, c’est-à-dire d’un système où les ménages et les entreprises poursuivent librement leurs objectifs, et ne sont pas empêchés par les Etats de faire les choix qui leur paraissent opportuns.

Les banques centrales des pays développés ont choisi de maintenir des taux d’intérêt très bas (les taux d’intérêt à dix ans dans l’OCDE sont aujourd’hui en moyenne inférieurs à 1 %, alors que la croissance nominale va être d’au moins 7 % en 2021), en achetant des quantités massives d’obligations. Cela a permis aux Etats de générer des déficits publics (au moins 13 % du produit intérieur brut de l’OCDE en 2021) et des taux d’endettement publics très élevés, tout en assurant la solvabilité des emprunteurs publics et privés. Les banques centrales ont également décidé de participer à l’accélération de la transition énergétique en favorisant dans leurs financements les dettes « vertes » ou les dettes d’entreprises « vertes ».

L’intervention économique des Etats, au-delà de la définition des règles sanitaires, est tout aussi impressionnante. Les politiques budgétaires expansionnistes (transferts, subventions, financement du chômage partiel…) ont évité le recul du revenu des ménages malgré la récession : au contraire, le pouvoir d’achat du revenu des ménages de l’OCDE a progressé de 3 % en 2020. Ces aides ont également préservé les profits des entreprises.

Les Etats ont aussi garanti des crédits aux entreprises (pour près de 140 milliards d’euros en France) et ont, à travers les différents plans de relance, financé des investissements stratégiques (médicament, électronique, matériel médical), financé des relocalisations, affirmant ainsi leur volonté de moins dépendre des chaînes de valeur mondiales.

 

Enfin, aux Etats-Unis et en Europe, les gouvernements ont pris la décision d’accélérer la transition énergétique et de durcir les normes climatiques environnementales.

Banques centrales et Etats ont donc bel et bien fortement accru leurs interventions dans les décisions des ménages et des entreprises, et dans l’évolution générale de l’économie. Mais est-on passé pour autant à une économie dirigiste ?

Économie -Après covid : retour au années 1970 (Patrick Artus)

Économie -Après covid : retour au années 1970 (Patrick Artus)

 

 

Par Patrick Artus (chef économiste et membre du comité exécutif de Natixis) pose dans l’opinion la problématique d’une modification des processus de production voire d’un retour aux années 70

Tribune

 

 

Du milieu des années 1980 à aujourd’hui, l’économie des pays de l’OCDE a eu un fonctionnement assez particulier, qu’on a baptisé « grande modération ». Le point de départ de ce fonctionnement est le recul du pouvoir de négociation des salariés, avec la désyndicalisation (le taux de syndicalisation des pays de l’OCDE passe de 36 % au début des années 1980 à 18 % aujourd’hui) et les mesures de flexibilisation du marché du travail. Il en a résulté, à partir du milieu des années 1990, une forte déformation du partage des revenus au détriment des salariés, d’où la faiblesse des hausses de salaires.

L’autre cause de ce phénomène est la globalisation, c’est-à-dire l’ouverture des échanges commerciaux avec les pays émergents (le poids des importations dans le PIB de l’OCDE passe de 2,2 % en 1985 à 8 % en 2020), qui a permis d’importer les produits de prix bas fabriqués dans les pays émergents. Faiblesse des hausses des salaires et globalisation se conjuguent pour maintenir l’inflation à un niveau durablement faible de 1985 à 2020.

Ses effets ont été extrêmement puissants sur les pays de l’OCDE. Les politiques monétaires sont devenues de plus en plus expansionnistes ; ceci a favorisé la hausse des taux d’endettement, l’investissement des entreprises entre autres dans la production de matières premières. Il est clair, par exemple, que la forte hausse de la production de pétrole et de gaz de schiste aux Etats-Unis a été rendue possible par les taux d’intérêt bas et par la facilité à s’endetter, et elle a aussi contribué à la faiblesse de l’inflation en faisant baisser les prix de l’énergie.

Le prix à payer pour cette politique a été la répétition des bulles sur les prix des actifs et des crises financières qui suivent l’explosion de ces bulles : en 2000, explosion de la bulle sur les actions des nouvelles technologies ;en 2008, explosion de la bulle immobilière. De manière associée, le prix à payer a aussi été l’excès d’endettement des entreprises dans la seconde moitié des années 1980 jusqu’à la crise du Covid. Dans les pays de l’OCDE, le partage des revenus devient favorable aux profits.

Une économie… différente

L’après-Covid annonce-t-il un monde différent, qui pourrait ressembler à celui des années 1970 ? La progression des inégalités et de la pauvreté observée depuis les années 1990 pousse aujourd’hui les opinions à réclamer une hausse des plus bas salaires. Aux Etats-Unis, Joe Biden veut doubler le salaire minimum fédéral (même si l’obtenir pourra être compliqué) à 15 dollars de l’heure. S’il y a hausse des salaires dans des secteurs de services où il est difficile de faire des gains de productivité, cette hausse sera inflationniste.

La deuxième évolution importante est l’arrêt de la globalisation. Le poids des importations des pays de l’OCDE depuis les pays émergents recule légèrement depuis le début des années 2010. Cela résulte de la volonté de revenir à des chaînes de valeur régionales. L’influence désinflationniste de la globalisation est donc interrompue.

Le troisième mécanisme important est l’apparition de nombreux facteurs structurels d’une inflation plus forte. Il s’agit du vieillissement démographique (qui est inflationniste puisque les retraités sont des consommateurs non producteurs) et de la transition énergétique (puisque l’énergie renouvelable est chère en raison de l’intermittence de la production).

Enfin, quatrième mécanisme, on observe aujourd’hui l’apparition de nombreux goulots d’étranglement. Ils concernent le transport maritime (les porte-conteneurs), les composants électroniques (semi-conducteurs), le pétrole et le gaz naturel liquéfié ou encore les métaux industriels.

Un monde plus inflationniste

Au total, on voit apparaître une économie peut-être différente qui rappelle celle des années 1970 : partage des revenus plus favorables aux salariés, productions plus régionales et moins globales, facteurs structurels d’inflation, goulots d’étranglement. Cette économie serait plus inflationniste (l’inflation varie entre 5 % et 14 % dans les années 1970 et au début des années 1980).

S’il y a effectivement retour progressif à l’économie des années 1970, les conséquences sont très importantes. On peut se diriger vers un monde plus inflationniste et sans excès d’épargne. La conséquence de cela serait des taux d’intérêt plus élevés, mauvaise nouvelle évidemment compte tenu des taux d’endettement, privés et publics.

Patrick Artus est conseiller économique de Natixis.

Patrick Artus: « Comment augmenter les salaires »

Patrick Artus: « Comment augmenter les salaires »

 

Par Patrick Artus chef économiste de Natixis.

 

 

La question des bas salaires a été posée avec force avec la crise de la Covid-19. Pendant cette crise, de nombreuses professions mal payées ont joué un rôle central, social, sanitaire ou économique. Depuis, la pression de l’opinion et des politiques est très forte pour une revalorisation des salaires de ces professions. Mais comment faire pour éviter les effets négatifs d’une telle hausse sur l’emploi et l’investissement ? Il faut d’abord distinguer les salariés du secteur public (santé en particulier) et ceux du secteur privé. Dans le secteur public, il est difficile de se référer à la productivité pour juger du niveau des rémunérations. Le salaire d’une infirmière, par exemple, ne peut pas être défini à partir d’une mesure objective de sa productivité ; il doit refléter l’appréciation de son rôle social, que l’Etat doit rémunérer convenablement.

Dans le secteur privé, au contraire, la logique de rentabilité des entreprises est essentielle. A la différence d’une grande majorité des pays de l’OCDE, en France, les bas salaires ont progressé, en termes réels, un peu plus vite que la productivité. Ceci est cohérent avec le fait que le salaire minimum français est élevé (62 % du salaire médian, 35 % à 50 % dans la plupart des pays de l’OCDE). Une hausse des bas salaires (via celle du salaire minimum) aurait un effet négatif fort sur l’emploi peu qualifié en France. Ce ne serait pas le cas dans les pays où le salaire minimum est faible par rapport au salaire médian, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, et l’Allemagne jusqu’en 2015 et la mise en place du salaire minimum.

Augmenter les bas salaires en évitant les effets négatifs sur l’emploi peu qualifié ? Cette hausse pourrait prendre la forme d’une augmentation des salaires minima dans les branches concernées

Prime d’activité. Comment procéder en France ? Nous voyons trois pistes. La première consiste simplement à accroître la prime d’activité. Ce complément de revenu versé par l’Etat aux personnes ayant un emploi et un salaire inférieur à un seuil (1,5 smic pour une personne seule) coûte 10 milliards d’euros ; il est facile de l’augmenter, cela n’accroît pas le coût du travail, mais les difficultés sont de deux ordres : le coût pour les finances publiques ; le fait que pour un travailleur, une allocation publique n’apporte pas la même satisfaction qu’une hausse du salaire procurée par son travail.

La deuxième piste est celle des exonérations de charges sociales. Comme elles ont disparu au niveau du smic, l’idée est de passer à un taux de cotisations sociales négatif sur les bas salaires : l’Etat verserait de l’argent aux entreprises qui emploient des salariés peu qualifiés. Il faudrait un accord entre l’Etat et les entreprises pour répartir ces sommes entre l’augmentation des bas salaires et celle des profits. Cette politique serait coûteuse et elle a l’inconvénient de faire reposer les hausses de salaires sur l’effort de l’Etat et non sur celui des employeurs.

Avec la troisième piste, on changerait complètement de logique. Il s’agit d’augmenter les bas salaires en évitant les effets négatifs sur l’emploi peu qualifié. Cette hausse pourrait prendre la forme d’une augmentation des salaires minima dans les branches concernées. Il faudrait qu’elle s’accompagne d’une revalorisation des prix de vente des entreprises. Si toutes les entreprises d’une branche sont contraintes d’augmenter les bas salaires, on évite que certaines d’entre elles contournent cette hausse et en profitent pour maintenir leurs prix, gagnant ainsi des parts de marché. Il faut bien mesurer les conséquences de cette option : des hausses de prix dans la distribution, la sécurité, le nettoyage, les déchets, etc. Elles supposent que les consommateurs acceptent de payer plus cher un certain nombre de biens et services. Un même consentement est nécessaire pour les entreprises donneuses d’ordre qui achètent des services auprès de leurs sous-traitants (nettoyage, sécurité, transport…). Ce qui implique une baisse de leurs marges bénéficiaires.

En acceptant cette redistribution, la collectivité exprimerait sa solidarité au profit des salariés aux revenus les plus faibles. Faute de quoi, il ne resterait qu’à soutenir les bas salaires par de l’argent public.

Patrick Artus est chef économiste de Natixis et coauteur, avec Olivier Pastré, de L’économie post-Covid (Fayard, 128 pages, 14 euros). Il a aussi écrit 40 ans d’austérité salariale – comment en sortir? (Editions Odile Jacob, 170 pages, 20,90 euros)

Risque de bulle financière sur les actions et l’immobilier (Patrick Artus)

Risque de bulle financière sur les actions et l’immobilier  (Patrick Artus)

Pour Patrick Artus, directeur de la recherche et des études de Natixis, la reprise ne fait aucun doute mais les jeunes paieront le plus lourd de la facture de la crise avec la flambée du prix des actifs et un sous-emploi massif. Les politiques monétaires resteront expansionnistes longtemps car un retour en arrière pourrait s’avérer trop dangereux. L’économiste ne croit pas au retour de l’inflation ( de ce point de vue il a sans doute tort si l’on se fie à l’évolution des prix de l’essence, des prix agricoles, de ce des matières premières et des services NDLR, ) interview dans la Tribune.

 

 

- Quelles sont les principales leçons que nous pouvons tirer de cette crise sanitaire ?

PATRICK ARTUS - Cette crise a tout d’abord révélé un problème de couverture de la protection sociale en France. Toute une partie de la population – les jeunes, les intérimaires et les contrats précaires, les artisans et les indépendants – est beaucoup moins protégée que d’autres catégories. Des programmes d’urgence ont été mis en place. Mais, faut-il les pérenniser et étendre la protection sociale des salariés en CDI à l’ensemble de ces populations qui ont été fragilisées ? La seconde question que pose cette crise est le déclassement de la recherche en France, et pas seulement médicale. Il est indispensable d’inverser la tendance au risque d’accumuler un lourd handicap dans la compétition mondiale. Il existe clairement une insuffisance de moyens, une mauvaise articulation entre les laboratoires de recherche et le secteur privé et, enfin, un rejet presque culturel, de la prise de risque.

Quels seront les impact sur l’économie ?

Plusieurs questions font actuellement débat. Il existe un consensus chez les économistes sur la destruction de croissance à long terme d’une telle crise. Les entreprises ont sous-investi et toute une génération de jeunes semble sacrifiée, à la fois en termes de formation et d’emplois. Les chefs d’entreprises ne partagent pas cette vision et tablent sur une reprise forte, un retour « aux années folles », avec une consommation débridée et des nouvelles technologies. Certes, il y aura une envie de consommer mais ce phénomène risque d’être transitoire car nous avons détruit beaucoup de capital, notamment du capital humain.

Politique monétaire moderne : la fausse martingale (Patrick Artus)

Politique monétaire moderne : la fausse martingale (Patrick Artus)

 

 

Patrick Artus met en garde contre la fausse martingale que constituerait pour toujours la théorie monétaire moderne caractérisée par la création de monnaie sans limite.

 

La crise de la Covid a renforcé la tendance antérieure pour les politiques économiques des pays de l’OCDE. Tous utilisent un déficit public massif (14 % du PIB en 2020 pour l’ensemble de l’OCDE, probablement encore 8 % à 9 % en 2021) qui est monétisé, c’est-à-dire que les émissions obligataires des Etats destinées à financer ces déficits publics sont intégralement achetées par les Banques centrales. Celles-ci paient en créant de la monnaie. Tout se passe comme s’il y avait directement financement monétaire des déficits publics, ce qu’on appelle « monnaie hélicoptère » : des transferts publics aux agents économiques réalisés par une distribution de monnaie.

Cette pratique qu’on a appelée « théorie monétaire moderne » a l’avantage d’éviter les effets d’éviction, c’est-à-dire la hausse des taux d’intérêt à long terme, avec l’effet négatif induit sur la demande intérieure, qui aurait résulté d’un financement des déficits publics par émissions d’obligations par les Etats (le financement habituel par la dette). Elle évite aussi d’augmenter les impôts habituels : tant que les Banques centrales financent les déficits publics par la création monétaire, il n’apparaît aucune nécessité d’augmenter les impôts pour faire disparaître les déficits budgétaires.

On peut alors croire qu’on a découvert une politique miraculeuse : des déficits publics illimités qui ne génèrent ensuite aucun coût. Certains semblent croire que cette martingale existe, et préconisent d’aller beaucoup plus loin. Mais il faut comprendre qu’il faudra toujours, dans le futur, rétablir la solvabilité de l’Etat. Ceci ne se fera donc pas par la hausse des impôts traditionnels, ni par l’inflation.

Dans le passé, une croissance très rapide de la quantité de monnaie conduisait à moyen terme à l’inflation et à la « taxe inflationniste » (un prélèvement sur les détenteurs de monnaie, rémunéré à 0 %, réalisé par l’inflation). Mais il y a bien longtemps qu’il n’y a plus aucun lien entre création monétaire et inflation dans les pays de l’OCDE.

Malheureusement, la politique menée va faire apparaître deux nouvelles taxes. La première taxe vient du niveau très bas des taux d’intérêt à long terme qui résulte de l’achat d’obligations par la Banque centrale, et du maintien de taux d’intérêt à court terme très bas. Des taux longs anormalement bas (aujourd’hui – 0,2 % pour le taux à 10 ans en France) créent bien une taxe sur les épargnants, qui ne reçoivent pas les intérêts normalement dus sur leurs portefeuilles d’obligations ou contrats d’assurance-vie. La seconde taxe vient de ce que la forte croissance de la liquidité et les taux d’intérêt très bas vont pousser fortement à la hausse (comme on l’a déjà vu de 1986 à 2000, de 2002 à 2008, de 2014 à 2019) les cours boursiers et les prix de l’immobilier. Et il s’agit bien d’une taxe sur les jeunes, qui doivent acheter des actifs financiers et acheter des logements pour se constituer un patrimoine, et qui vont les payer anormalement cher.

Il y aura donc deux impôts nouveaux pour resolvabiliser les Etats : la taxation des épargnants et futurs retraités, la taxation des jeunes. Malheureusement, ils sont bien pires que les impôts normaux. Ils touchent les jeunes et les épargnants modestes (qui n’ont pas accès aux produits financiers sophistiqués) ; ils sont cachés, n’ayant jamais été démocratiquement débattus par les Parlements. Mais il s’agit bien d’impôts, qui vont affaiblir le niveau de vie de ceux qui vont les payer.

Patrick Artus est chef économiste de Natixis et coauteur, avec Olivier Pastré, de L’économie post-Covid (Fayard, 128 pages, 14 euros), à paraître le 30 septembre.

 

La dette perpétuelle ? (Patrick Artus)

La dette perpétuelle ? (Patrick Artus)

 

L’économiste Patrick Artus constate l’irréversibilité des politiques monétaires d’expansion des liquidités, même si la croissance revenait et admet finalement que les dettes pourraient n’être jamais remboursées puisque renouvelées par les banques centrales. Une sorte d’adhésion à cette nouvelle théorie de la dette perpétuelle sauf qu’un  pourraient éclater des crises remettant en cause la monnaie ou sa valeur ( crise immobilière, crises obligataires,  inflation, bouleversement des taux de change, cascade de faillites etc.). Bref une adhésion de plus d’un grand économiste aux vertus de la machine à billets sans aucune limite en volume et dans le temps. Bref quand les plus grands économistes jouent à l’apprenti sorcier.

Chronique. La crise du Covid va conduire à un recul considérable – de 7 % environ – du produit intérieur brut (PIB) des pays de l’OCDE en 2020. Comme on l’avait vu après la crise des subprimes de 2007, le niveau du PIB restera inférieur pendant très longtemps à celui qu’il aurait été sans la crise, en raison de ses effets rémanents : faillites d’entreprises, perte de capital humain en raison du chômage élevé, dégradation de la situation financière des entreprises, faiblesse de l’investissement…

Confrontés à cette perte de revenu importante et durable, les gouvernements ont tous décidé de protéger, autant que possible, les entreprises et les ménages par des baisses d’impôts, des subventions, le financement du chômage partiel, la garantie des crédits… Il en résulte un déficit public considérable. En 2020, il devrait atteindre dans l’OCDE 14 % du PIB (avant la crise, on prévoyait qu’il serait de 4 %…). La hausse du déficit public atteint ainsi 10 points de PIB, alors que la perte de PIB est de 9 points (7 % de baisse de PIB au lieu de 2 % de hausse attendue s’il n’y avait pas eu la pandémie).

Ces déficits vont certainement se poursuivre en 2021, 2022 et au-delà. D’une part, les besoins de dépenses publiques resteront très importants (soutien aux secteurs en difficulté, chômage élevé, plans de relance, hausse des dépenses de santé…) ; d’autre part, personne ne veut répéter l’erreur commise dans la zone euro à partir de 2011, lorsqu’une réduction trop rapide du déficit public avait contribué à faire rechuter la zone euro en récession : le pic du chômage n’avait été atteint qu’en 2013.

Même si certains économistes affirment qu’une forte réduction du déficit public par la baisse des dépenses publiques a peu d’effet négatif sur l’activité (« The Effects of Fiscal Consolidations : Theory and Evidence », A. Alesina, O. Barbiero, C. Favero, F. Giavazzi, M. Paradisi, NBER Working Paper n° 23385, novembre 2017), il faut s’attendre à une politique budgétaire durablement expansionniste : aucun pays de l’OCDE n’osera démarrer le premier une consolidation budgétaire.

Le retour des Etats à la solvabilité budgétaire ne pourra se faire que par l’intervention des banques centrales. Si une banque centrale achète de la dette publique sans la revendre et en la renouvelant indéfiniment, elle devient irréversible et se trouve de fait annulée : elle est gratuite (puisque les banques centrales reversent aux Etats leurs profits, qui incluent les intérêts reçus sur ces dettes publiques), et elle n’est jamais remboursée (puisque la banque centrale la conserve et la renouvelle à l’échéance). Si l’on ne veut pas passer à une politique budgétaire restrictive, utiliser la monétisation irréversible des déficits publics est la seule méthode utilisable pour rétablir la solvabilité des Etats. Depuis qu’elle a introduit le quantitative easing (facilité monétaire), en 2015, la Banque centrale européenne (BCE) n’a jamais réduit la taille de son bilan, et a donc bien rendu irréversible cette monétisation. La Réserve fédérale a essayé en 2018 de réduire la taille de son bilan, mais elle a dû y renoncer aussitôt en raison de l’effondrement des marchés financiers déclenché par cette tentative…

 

 

La baisse des taux d’intérêt ne sert pas l’économie (Patrick Artus)

La baisse des taux d’intérêt ne sert pas l’économie (Patrick Artus)

C’est en substance ce que dit Patrick Artus chef économiste ce chez Netaxis, en tout cas cela ne booste pas les investissements seuls moyens durables de développer la croissance. (Tribune dans le monde, extrait)

Chronique. La politique monétaire des pays de l’OCDE est devenue très expansionniste depuis la crise de 2008-2009. Les taux d’intérêt des banques centrales ont beaucoup baissé (2,25 % aux Etats-Unis aujourd’hui, 0 % dans la zone euro et au Japon) ; la liquidité offerte par les banques centrales a considérablement augmenté avec les politiques d’« assouplissement quantitatif » (« quantitative easing » aux Etats-Unis de 2008 à 2014, au Japon depuis 2013, dans la zone euro de 2015 à 2018). Le taux d’intérêt à 10 ans moyen sur l’ensemble des dettes publiques des pays de l’OCDE est passé de 3,9 % au deuxième semestre 2008 à 0,8 % aujourd’hui (1,5 % aux Etats-Unis, – 0,2 % dans la zone euro, – 0,3 % au Japon).

« La croissance est en train de ralentir ; le taux d’investissement des entreprises par rapport à la valeur ajoutée est plus bas en 2019 qu’en 2008 ou en 2000 »

Pourtant, on ne voit pas d’effets très positifs de cette politique monétaire extraordinairement expansionniste. La croissance est en train de ralentir ; le taux d’investissement des entreprises par rapport à la valeur ajoutée est plus bas en 2019 (11,5 %) qu’en 2008 (11,7 %) ou en 2000 (12,3 %), malgré les taux d’intérêt quasi nuls. On ne voit pas non plus d’effet visible sur les cours boursiers. Normalement, avec des taux d’intérêt à long terme nettement plus faibles que le taux de croissance (en valeur, autour de 3 %), on aurait dû avoir une hausse considérable des marchés d’actions. Or le PER (ratio des cours boursiers aux bénéfices des entreprises) est partout inférieur à la valeur historique. Certes, la solvabilité de tous les agents économiques endettés a été améliorée par la forte réduction des paiements d’intérêts, mais ni la croissance, ni l’investissement, ni les prix des actifs financiers n’en ont bénéficié. »

 




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