Fillon : « chapeau l’artiste ! » (Presse étrangère )
La presse étrangère est toujours aussi sévère vis-à-vis de François Fillon et de la classe politique française. Après la conférence de presse de l’ancien Premier ministre, beaucoup ont cependant salué la prestation de François Fillon qui a réussi un extraordinaire numéro de claquettes pour écraser toute velléité de contestation dans son camp sans pour autant apporter la moindre preuve susceptible de le disculper. « Chapeau l’artiste » a dit un correspondant étranger. Mais pour la presse étrangère, une affaire Fillon serait impossible dans nombre de pays. «C’est à la fois très amusant et très intéressant, témoigne Nicole, journaliste à la chaîne allemande ARD. Une affaire d’une telle ampleur n’aurait pas été envisageable en Allemagne. Le candidat aurait dû se retirer immédiatement à la demande du parti.» Et la journaliste de citer le cas de l’ancien président, Christian Wulff, qui avait dû démissionner en 2012 pour un prêt de 500.000 euros contracté auprès de la femme d’un homme d’affaires. «En Allemagne, les salaires des hommes politiques sont plus modestes. Là, on parle de près d’un million d’euros quand même», renchérit un concurrent de Nicole, qui travaille pour la chaîne ZDF. En Grande-Bretagne, l’épisode est vu comme étant symptomatique de la classe politique française, régulièrement empêtrée dans des affaires de ce type. «Chez nous, il est interdit depuis quelques années d’employer sa famille en tant que parlementaire. Jusque-là, on n’avait pas traité cette affaire, mais là on attend de voir ce qu’il va dire parce qu’il était quand même le favori. C’est une catastrophe pour lui», témoigne la correspondante à Paris de la chaîne ITV News. La presse anglaise juge régulièrement que ce type de scandale est «totalement normal en France», jugeait The Independant . Pour le Daily Telegraph sept de conférence de Fillon et » un magnifique écran de fumée.” Comme le quotidien britannique conservateur, nombreux sont les journaux étrangers à s’interroger aussi sur le fond de l’affaire. Ainsi, The Times estime que “sa posture combative a été perçue comme une tentative désespérée pour sauver sa candidature après deux semaines de scandale qui l’ont conduit de grand favori pour la présidentielle à la troisième place”. Le journal suisse Le Temps a, lui, admiré la stratégie mise en place par l’équipe de François Fillon : Le présidentiable du camp conservateur a fait d’une pierre trois coups, éliminant définitivement tous ceux qui auraient pu songer à se présenter à sa place, mettant les médias au pied du mur en répétant qu’il ne sera pas candidat s’il est mis en examen, et affirmant qu’il a ‘la certitude qu’aucune décision de justice ne viendra désormais perturber son parcours’. La posture est béton.” “Fillon se voit comme l’homme chassé, il ne montre aucun signe d’une prise de conscience”, estime de son côté le journal allemand Zeit Online. The New York Times a également remarqué que, “de manière répétée, M. Fillon a exprimé son mépris et sa colère contre les médias”. Pour le quotidien espagnol La Vanguardia, l’exposé de François Fillon est la preuve qu’en France, “on peut expier ses péchés grâce à la confession, mais cela laisse des traces”. The Daily Telegraph conclut sur un sentiment partagé par de nombreux médias étrangers « Le problème (de Fillon) est qu’il décrit sa campagne comme une rupture avec le passé. Mais ce genre de scandale ne représente en rien cette intention. Au contraire, c’est juste une illustration supplémentaire de ce refrain bien connu : une règle pour l’élite, une autre pour le reste de la population. »”