François Chérèque: un artisan du nouveau syndicalisme
L’annonce du décès de François Chérèque donne l’occasion de souligner que les derniers responsables de la CFDT ont été particulièrement critiqués du fait de leur positionnement résolument réformiste. Ainsi Nicole Notat d’abord, François Chérèque ensuite, Laurent Berger actuel secrétaire général de la CFDT ont souvent fait l’objet de critiques injustifiées de la part d’autres syndicats crypto communistes, anarchos ou corpos. (avant ces responsables il faut citer Jacques Chéréque, le père de Jacques, secrétaire condédéral qui avec dautres a amorcé le virage réformiste de la CFDT dans les annéeés 80 ). Dernier exemple en date celui de la loi travail qui sans doute à terme montrera aussi son efficacité à la fois pour renforcer la compétitivité et pour réanimer le dialogue social au plan des entreprises. Mais il aura fallu du temps pour reconnaître la pertinence du positionnement de la CFDT, son courage aussi. Ainsi il est vraisemblable que la CFDT sera récompensée de ses efforts de lucidité et de détermination en devenant en 2017 la première organisation syndicale. Un tournant évidemment dans le paysage syndical français dont la culture contestataire pas principe a toujours constitué l’essentiel de la ligne stratégique. La CFDT a fait preuve d’une grande lucidité contre la plupart des autres organisations pour commencer à s’attaquer au financement de la protection sociale notamment celle du chômage ou des retraites et dernièrement cette réforme fondamentale de la loi travail. Sur de nombreux dossiers il conviendra d’amplifier les réformes car le financement de la protection sociale est très menacé. Deux conceptions du syndicalisme vont certainement encore s’affronter. Celle qui fait des avantages acquis un préalable, un tabou qui s’oppose à toute évolution quitte a ne protéger que ceux qui ont un emploi. De l’autre une conception qui tente d’articuler la problématique sociale et la problématique économique. De ce point de vue la loi qui va permettre de décentraliser le dialogue social au niveau de l’entreprise notamment sur le temps de travail risque aussi de contribuer à opérer une modification du rapport de force entre les organisations qui développent des stratégies étatistes figées et les organisations réformistes qui militent pour la transformation des relations sociales en tenant compte des réalités économiques mais aussi aux évolutions sociologiques des salariés. L’hommage quasi unanime rendu à François Chérèque est d’autant plus justifié qu’il a permis le départ des gauchistes vers sud, organisation corpo marxiste. Cette clarification a rendu possible la définition d’une ligne stratégique plus claire et plus efficace. «Le syndicalisme perd une grande figure, la CFDT un responsable déterminant et moi un ami très cher», a immédiatement réagi Laurent Berger, qui a rendu hommage à «l’homme exceptionnel d’engagement et d’humanité» qu’était son prédécesseur, pendant 10 ans (2002-2012), à la tête de la centrale syndicale réformiste. . Un syndicaliste droit et honnête qui faisait ce qu’il disait, n’était aucunement adepte -pratiques pourtant très répandues dans le syndicalisme- du double discours et du coup bas, et avait la franchise chevillée au corps. Tous les journalistes sociaux, qui ont eu l’honneur et le plaisir de le côtoyer pendant et après son règne à la CFDT, le confirmeront. Tout comme ils pourront aussi témoigner des colères mémorables qui allaient de pair avec son franc-parler… François Chérèque était plus qu’un syndicaliste. C’était un vrai homme engagé à gauche qui combattait avec force tous les types de conservatisme, d’injustice et d’extrémisme. Un «ours», comme il se définissait lui-même, fervent partisan du compromis et capable de passer des «deals» avec un gouvernement de droit si c’était dans l’intérêt des salariés