Arrêter Poutine et armer l’Ukraine
Le cinéaste Romain Goupil a écrit, le 6 avril, cette lettre de Kiev, où il réside depuis un mois. Il exhorte, dans cette tribune au « Monde », les Européens à ne pas laisser impunis les crimes commis par l’autocrate russe.
Tribune.
L’état-major russe, après sa grande défaite dans la bataille de Kiev, vient de faire la démonstration de la raison pour laquelle il était interdit de parler de « guerre » en Russie, parce qu’il commet en ce moment un CRIME.
Les mensonges sur les mouvements de troupes qui se massaient tout autour de l’Ukraine étaient estimés par les Européens comme un bluff et un double bluff des Américains.
La première défaite de l’Europe est de ne pas avoir vu, de ne pas avoir compris la logique d’assaut.
Cette invasion planifiée, cet immense mouvement de guerre en plusieurs points de l’Ukraine libre et indépendante devait mettre à bas le gouvernement et l’Etat de droit dans les trois jours. C’est devenu la première défaite de Poutine.
Après cet échec, la campagne de terreur, accompagnée de missiles, de bombardements aériens et de pilonnages de l’artillerie, devait permettre la conquête de Kiev et de toute l’Ukraine. Et c’est devenu la deuxième défaite de Poutine.
Le massacre de la ville martyre de Marioupol annonce désormais le prix sanglant de la suite. Cette pratique du rouleau compresseur, de la guerre « classique », de la terre brûlée a montré aux yeux du monde entier ces véritables pratiques. Prises en otage de civils comme bouclier humain. Puis, lors de leur « retraite rapide », assassinats, tortures, viols, pillages, saccages des villages qui avaient opposé une lutte héroïque en infligeant de lourdes pertes aux soldats, officiers et généraux. Une perte d’environ un tiers de tout le matériel déployé.
Poutine a annoncé la suite des événements : se concentrer sur le Donbass. Poutine revendique le massacre à venir.
Nous devons tout faire cette fois pour empêcher la deuxième défaite de l’Europe. Non, il ne doit pas réduire en cendres les villes et les villages, non il ne doit pas assassiner les civils comme il le pratique à longueur d’offensives. Nous devons résister aux côtés du peuple ukrainien. Plus un seul achat de gaz, de pétrole ou de charbon russes. Embargo total.
Le président lituanien, Gitanas Nauseda, vient de décider le boycott total : « Si nous pouvons le faire, l’Europe le peut aussi. » Le coût pour la Lituanie va être d’environ 2 000 euros par an et par habitant, ce qui est colossal, mais assumé. Il serait pour les Français de 54 euros par an et pour le reste de l’Europe d’environ 100 euros, et on bavasse et on tergiverse. Il nous suffirait d’ouvrir une agence européenne de l’énergie pour mutualiser l’aide aux pays européens qui seraient en grande difficulté, comme nous avons su le faire face au Covid.