Archive pour le Tag 'arme'

L’intox : arme destruction des démocraties

L’intox : arme destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

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(*) Mouvement terroriste palestinien créée en 1987.

Société-L’intox ou « Sharp power » et désinformation : arme destruction des démocraties

Société-L’intox ou « Sharp power » et désinformation : arme destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

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(*) Mouvement terroriste palestinien créée en 1987.

Société -L’intox des théocraties : arme de destruction des démocraties

Société -L’intox des théocraties : arme de destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

Politique -L’intox des théocraties : arme de destruction des démocraties

Politique -L’intox des théocraties : arme de destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

Société -L’intox des théocraties : arme de destruction des démocraties

Société -L’intox des théocraties : arme de destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

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(*) Mouvement terroriste palestinien créée en 1987.

Arme nucléaire : la Chine pour une discussion

Arme nucléaire : la Chine pour une discussion

Alors que les tensions ont tendance à se développer sur le plan économique entre les États-Unis et la Chine, le pouvoir chinois par contre se dit favorable à l’ouverture de discussions avec l’Amérique sur le contrôle des armes nucléaires. Il faut sans doute voir là un signe d’apaisement de la part de la Chine empêtrée par ailleurs dans une sorte de stagnation économique et qui souffre aussi du protectionnisme américain.

Il y a sans doute également la prise en compte par la Chine d’inquiétude relatif aux menaces réitérées de la Russie d’utiliser l’arme nucléaire pour le cas le conflit en Ukraine tournerait nettement en sa défaveur.

La Chine qui officiellement soutient la Russie vis-à-vis du conflit ukrainien est plus que circonspecte vis-à-vis des annonces d’utilisation du nucléaire y compris par Poutine. En réalité et à juste titre, la Chine considère que cette menace est irresponsable et serait donc prête à cadenasser la problématique avec un accord incluant les États-Unis. La Chine a donc accepté de mener la semaine prochaine avec les Etats-Unis des discussions sur le contrôle des armes nucléaires, une première depuis l’administration de l’ancien président américain Barack Obama, a rapporté mercredi le Wall Street Journal.

Ces discussions ont pour but d’éviter une course à l’armement entre la Chine, les Etats-Unis et la Russie mais ne constituent pas le début de négociations formelles sur de possibles limites concernant les armes nucléaires, a précisé le Wall Street Journal.

Les deux plus grandes puissances économiques mondiales ont multiplié les échanges à haut niveau ministériel ces derniers mois, principalement à l’initiative des Etats-Unis, afin d’apaiser des tensions croissantes, alimentées en début d’année par la présence d’un présumé ballon espion chinois au-dessus du territoire américain.

Politique -L’intox des théocraties : arme destruction des démocraties

Politique -L’intox des théocraties : arme destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

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(*) Mouvement terroriste palestinien créée en 1987.

L’intox ou « Sharp power » : arme destruction des démocraties

L’intox ou « Sharp power » et désinformation : arme destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

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(*) Mouvement terroriste palestinien créée en 1987.

Arme nucléaire tactique ou stratégique ?

Arme nucléaire tactique ou stratégique ?

 

D’après les experts patentés, en général des retraités, il y aurait deux types d’armes nucléaires. L’arme nucléaire tactique destinée à détruire une zone géographique très limitée et l’arme stratégique qui pourrait détruire un pays entier voire la planète.

Un distinguo très théorique en fait dans la mesure où le premier qui utilisera l’arme tactique nucléaire pourrait provoquer une réplique du même type de l’adversaire avec des risques évidemment de fuite en avant pour viser des zones de plus en plus grandes.

En réalité ,l’arme nucléaire a surtout un caractère dissuasif. Son emploi lors d’un conflit entraînerait des conséquences aujourd’hui complètement imprévisibles dans une perspective de destruction d’affrontement, de terreur de plus en plus irréversibles

L’arme nucléaire tactique, plus petite en charge explosive que l’arme nucléaire stratégique, est en théorie destinée au champ de bataille et transportée par un vecteur ayant une portée inférieure à 5 500 kilomètres. L’arme tactique peut être utilisée à partir de chars, de batteries lance-missiles ou depuis des bâtiments de guerre navale.

 La Russie dispose de nombreuses armes nucléaires tactiques conformément à sa doctrine traditionnelle « escalade-désescalade » qui consisterait à faire usage en premier d’une arme nucléaire de faible puissance pour reprendre l’avantage en cas de conflit conventionnel avec les Occidentaux. Selon certains experts, la doctrine militaire russe également prévoit la possibilité de recourir à des frappes nucléaires si des territoires considérés comme russes par Moscou sont attaqués. Ce qui pourrait être le cas après l’annexion des territoires de Donetsk et de Lougansk dans le Donbass, ainsi que les zones occupées de Kherson et de Zaporijjia, dans le sud.

La Russie disposerait de 2 000 ogives nucléaires tactiques. Sa puissance peut varier de 1 à 100 kilotonnes. Par comparaison, la bombe lancée à Hiroshima était de 15 kilotonnes. Une utilisation d’une telle arme serait évidemment un événement qui changerait la face du monde alors que l’utilisation d’armes nucléaires dans les conflits armées est taboue depuis 1945 et le bombardement de Hiroshima et de Nagasaki par les États-Unis afin de faire capituler le Japon.

Arme atomique de l’ Iran : Nouveaux dangers de l’impérialisme

Arme atomique de l’ Iran : Nouveaux dangers de l’impérialisme

 

Les ambitions régionales iraniennes s’inscrivent dans un contexte plus global d’attaques contre les équilibres mondiaux, analyse, dans une tribune au « Monde », le chercheur en géopolitique Jean-Sylvestre Mongrenier. Ne pas freiner l’Iran, c’est laisser les mains libres à la Chine et à la Russie.

 

Si la guerre en Ukraine et les tensions sino-américaines avaient fait perdre de vue le Moyen-Orient, les prochains rebondissements de la crise nucléaire iranienne auront tôt fait de réactiver nos cartes mentales. Les agissements de Téhéran dans cette partie du monde requièrent un engagement ouvert et assumé auprès des Etats de la région qui joignent leurs forces pour endiguer et refouler l’Iran.

De fait, les agissements iraniens s’inscrivent dans un contexte bien plus large. L’Occident est confronté à la dynamique de formation d’une grande Eurasie sino-russe. Les revers militaires russes en Ukraine ont bien des conséquences délétères pour la « verticale du pouvoir » de Vladimir Poutine, mais ils ne remettent pas en cause l’alliance entre Pékin et Moscou. Simplement, le maître du Kremlin ne pourra plus arguer de son savoir-faire diplomatico-militaire pour prétendre compenser l’immense supériorité démographique et économique de la Chine populaire.

C’est donc Xi Jinping et l’Etat-parti chinois qui, dans l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) et au-dehors, tenteront d’organiser et de diriger un bloc de puissances révisionnistes, hostiles à l’Occident. Menaces et défis sont d’envergure planétaire : de l’Europe centrale aux « Méditerranées asiatiques » (les mers de Chine du Sud et de l’Est), de l’Arctique à la région Indo-Pacifique, les tensions s’accroissent dangereusement. C’est d’une nouvelle guerre froide qu’il s’agit, au sens d’un état hybride de paix-guerre. Bien évidemment, ledit conflit ne reproduit pas à l’identique la « guerre de cinquante ans » qui mit aux prises le bloc soviétique et le monde libre. « La guerre est un caméléon », écrivait Carl von Clausewitz (1780-1831) ; elle revêt des formes changeantes selon les époques et les contextes.

Susceptible de se transformer en une grande guerre hégémonique qui établirait un nouveau rapport de force, ce conflit nous remémore une vérité énoncée par l’amiral Raoul Castex (1878-1968) dans Théories stratégiques (Economica, 1997) : « Tous les siècles ou à peu près, il y a un perturbateur. Il y a une nation en plein épanouissement, débordante de sève, assoiffée d’ambition qui veut tout dominer… Ce perturbateur, puissant par le nombre, par ses ressources de tous ordres, par la politique, par les armes, manifeste ouvertement le dessein d’absorber et d’écraser ses voisins. »

Ces considérations sur l’alliance Pékin-Moscou et la dimension planétaire de la menace n’occulteront pas l’importance névralgique de zones plus réduites, comme le Moyen-Orient. Carrefour entre l’Europe et l’Asie du Sud et de l’Est, cette région occupe une place centrale dans le projet chinois de « nouvelles routes de la soie ». Vue de Moscou, elle constitue un boulevard géostratégique en avant de son « étranger intérieur », c’est-à-dire le Nord-Caucase et les « sujets » musulmans de la Fédération de Russie.

Ukraine : la famine une arme de Poutine

Ukraine :  la famine une arme de Poutine 

Irène Tolleret, eurodéputée (Renew Europe), souligne dans une tribune au « Monde » que le président russe, Vladimir Poutine, a décidé d’utiliser la famine pour renforcer le chaos créé par la guerre qu’il a lancée contre l’Ukraine. L’aide alimentaire pour l’Ukraine, mais aussi l’Afrique et le Moyen-Orient, est nécessaire. De même faut-il en Europe éviter les égoïsmes nationaux.

 

Tribune.

 

Après les images de Boutcha qui marquent le retour de l’horreur la plus totale en Europe ; après la destruction des stocks de blé, le minage des ports ukrainiens et la mise à mal de toutes les infrastructures logistiques d’expédition, Vladimir Poutine ordonne le bombardement des fermes laitières pendant que son ancien premier ministre, et ancien président, Dmitri Medvedev déclare vouloir limiter les exportations de blé russe uniquement vers « les pays amis », ceux qui n’ont pas dénoncé l’agression russe en Ukraine.

Giuliano da Empoli, écrivain et journaliste italien, disait récemment au micro de France Inter : « Quand vous n’êtes pas assez fort pour imposer votre ordre, vous n’avez pas d’autre choix que d’avoir recours au chaos. » Vladimir Poutine a décidé d’utiliser la famine pour semer chaos, émeutes et violence dans le monde et notamment chez les plus fragiles, très dépendants des céréales russes et ukrainiennes. Nous, européens, nous devons l’empêcher. Comment ?

Premièrement, nous devons être au rendez-vous de l’aide alimentaire pour les Ukrainiens afin de leur permettre de résister. Puis, à court terme, nous devons éviter la crise alimentaire qui menace, à échéance de quelques mois, certaines parties d’Afrique et du Moyen-Orient, en limitant les tensions sur le marché, en gardant les frontières ouvertes, en continuant à exporter, en évitant le surstockage, en étant transparents sur les stocks, en quelques mots : en empêchant les égoïsmes nationaux de prévaloir.

C’est l’objectif de l’initiative de la Food and Agriculture Resilience Mission, mission de résilience agricole et alimentaire (FARM) lancée par le président de la République, Emmanuel Macron, dans le cadre de la présidence française de l’UE et en partenariat avec les pays du G7.

Ensuite, nous devons nous préparer à une gestion de crise. Comme nous l’avons fait avec Covax sur les vaccins contre le Covid-19, nous devons mettre en place un mécanisme qui nous permette de répondre avec solidarité à la crise éventuelle à travers une réallocation de denrées alimentaires dans les pays les plus vulnérables.

Si l’Union européenne n’est pas concernée par le risque de famine grâce à la politique agricole commune (PAC), qui a su lui garantir la sécurité alimentaire, la réponse doit néanmoins être européenne. Il nous faut entendre les préoccupations de nos éleveurs, qui craignent de ne pas réussir à alimenter leur bétail, ainsi que les inquiétudes des ménages qui subissent l’inflation sur les biens de première nécessité.

La culture , meilleure arme contre contre l’islamisme

La culture , meilleure arme contre  contre l’islamisme

 

Par Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation pour l’islam de France (FIF) dans l’Opinion.

 

 

Si la prospérité révèle nos vices et l’adversité nos vertus, alors le beau et le bon qu’il y a en l’homme devront se manifester car des crises éprouvent notre humanité et notre nation. A la crise sanitaire qui nous endeuille et nous affaiblit s’ajoute une autre, sécuritaire, qui nous afflige, nous interroge et appelle notre dénonciation, notre engagement et notre union. La sécurité et le renseignement sont les premiers leviers par lesquels la nation répond et se protège assurément.

La République est également attendue sur le temps long, celui de l’éducation et de la culture, seules à même d’assécher le terreau du salafisme et de tarir les sources de l’islamisme radical. C’est la raison d’être de la Fondation de l’Islam de France (FIF), institution laïque, reconnue d’utilité publique, et de son ambitieux programme éducatif et culturel pour promouvoir un Islam d’intelligence, de beauté, de progrès arrimé à la République.

Face aux carapaces identitaires rivales qui, en chiens de faïence, tétanisent régulièrement médias et réseaux sociaux et fragmentent toujours plus l’opinion, l’action de la FIF doit être poursuivie et amplement développée. A la clé, l’édification d’un Islam bien ancré dans la société française et la déconstruction des préjugés, en montrant notamment les liens intimes et étroits qui lient la France et l’Islam. C’est la vocation de la FIF d’être le fer de lance de cette transformation humaniste et universelle face à toutes les dérives mettant à mal nos valeurs et notre unité nationale.

« Cause nationale ». Comment opérer cette transformation ? En déclarant la lutte contre l’idéologie djihadiste « cause nationale » tout en investissant massivement les champs de l’éducation et de la culture. Aussi, la Fondation met-elle toutes ses forces pour dirimer les « contre-projets de société » salafistes. Elle offre pour ce faire d’autres clés de lecture ainsi que des contenus positifs éveillant la raison et le sens critique. Ce travail de démantèlement des pièges fondamentalistes est complété et décuplé par une vision programmatique et une prospective stratégique.

Plusieurs chantiers d’envergure constituent le cœur de cette action :

— La mise en œuvre de l’institut académique d’islamologie appliquée, appelé de ses vœux par le Président Macron, se veut un espace d’études et d’innovation qui aiguiseront l’entendement et mettront en pratique la batterie de disciplines des sciences de l’homme et de la société. L’institut préparera, entre autres, à « l’intelligence de la laïcité et de la foi » des imams ; ils seront ainsi riches d’un savoir dual : théologique et civique. L’institut formera également les ministres du culte, les médiateurs du fait religieux et de la laïcité et les autres professionnels dont les acteurs sociaux et les services publics ont tant besoin.

— Le développement de l’« ingénierie éducative » initiée par la FIF via les multiples productions audiovisuelles destinées à disséquer les « contre-projets de société » de la sphère salafiste. Trois critères caractérisent cette palette didactique : aucune question n’est taboue ; un traitement direct clair et intelligible ; la connaissance comme arme de dissuasion massive. Au cœur du dispositif, des médias, fers de lance de l’offensive émancipatrice : Web TV et Web radios éducatives, voulues d’envergure, afin de porter et de faire résonner la gamme des contenus positifs élaborés par la FIF. Ces médias en appui au campus numérique, « Lumières d’Islam », président au perfectionnement continu de ces contenus confrontés au réel et à la mesure des résultats. Sur un autre plan, le projet d’édification de lycées dotés d’internats, sous contrat d’association avec l’Etat, offrira une issue à la jeunesse tentée par la délinquance ou l’islamisme.

— La réalisation d’expositions relatives à l’imprégnation civilisationnelle de l’Islam en Europe et en particulier en France.

Sédimentation. La France est une réalité stratifiée : des histoires, des rêves, des représentations et des politiques s’y sont déposés au fil du temps, y sont restés et se sont transfigurés. Cette grande sédimentation crée des proximités, souvent fructueuses, à l’origine d’hybridations créatrices et de mélanges interrogatifs. Ces rencontres ont quelquefois induit des oppositions et des confrontations, mais le génie du peuple français a su transcender ces frictions, les a surmontées et converties en gisements de possibles et chances nouvelles.

L’Islam comme réalité séculaire dans notre pays aura à se séculariser ; il fait partie depuis le second Empire de ces ferments venus catalyser l’alchimie nationale par les tributs du sang, de la sueur et des larmes. Ce faisant, il éprouve ses propres capacités à l’interaction positive et à la réactivation de ses humanités conjuguées avec l’humanisme des Lumières. L’Islam interroge aussi sa place dans la nation, cette « religion de France » aura à trouver dans la République un ciel clément pour se réinventer, libérer les consciences et entrer de plain-pied dans la modernité.

Ghaleb Bencheikh est islamologue, président de la Fondation pour l’Islam de France depuis décembre 2018, membre du Conseil des sages de la laïcité et président de la Conférence mondiale des religions pour la paix en France.

Politique : le vaccin, nouvelle arme diplomatique de la Chine

Politique : le vaccin,  nouvelle arme diplomatique de la Chine 

Un article du Wall Street Journal évoque la nouvelle arme diplomatique de la Chine avec sa diffusion massive de vaccins notamment dans les pays pauvres.

Un vaste terminal de fret récemment ouvert à l’aéroport d’Addis-Abeba (Ethiopie) est au cœur du réseau d’approvisionnement tentaculaire mis en place par la Chine pour accélérer la livraison de ses vaccins contre le coronavirus – et accroître dans le même temps son influence dans les pays en développement.

A l’une des extrémités du terminal se trouve une chambre froide de la taille d’un terrain de football destinée à accueillir les flacons de vaccins fabriqués par les laboratoires pharmaceutiques publics chinois. A l’autre extrémité, une salle de contrôle remplie d’écrans d’ordinateurs héberge des techniciens chinois et éthiopiens qui ont pour mission de surveiller la température de chaque lot de vaccins.

Cette semaine, plus d’un million de doses de nouveaux vaccins chinois contre la Covid-19 passeront par le terminal, ont expliqué des responsables d’Ethiopian Airlines. Des milliers de doses y ont déjà transité, ont précisé ces sources ainsi que des responsables du gouvernement. D’autres cargaisons de vaccins sont attendues dans le cadre d’un partenariat entre le géant chinois des technologies, Alibaba Group Holding, et la compagnie aérienne éthiopienne publique, ont affirmé des responsables de celle-ci.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que la Chine s’employait à fournir des vaccins à plus de 60 pays, et que 20 d’entre eux les utilisaient déjà. Il a précisé qu’en Afrique, la Chine avait envoyé des doses en Guinée équatoriale, au Zimbabwe et en Sierra Leone, et que seize autres pays devraient suivre

L’enjeu pour la Chine relève du « soft power » : il s’agit de s’assurer les bonnes grâces des responsables politiques des pays en développement qui ont besoin de vaccins à bas coût, et de jouir du prestige d’avoir été le pays capable de s’ériger en gardien de la santé publique mondiale.

Depuis des mois, le gouvernement chinois ainsi que les entreprises publiques et privées jettent les bases d’une offensive vaccinale allant de l’Afrique au Moyen-Orient, en passant par l’Amérique latine. Tous ces acteurs ont mis en place une chaîne d’approvisionnement permettant le contrôle de la température des vaccins depuis les sites de fabrication jusqu’à leur distribution – et de prolonger par la même occasion la « route de la soie sanitaire », selon l’appellation utilisée par Pékin.

« La Chine a là une réelle opportunité gagnant-gagnant si elle s’y prend bien », estime Ray Yip, expert en santé publique et ancien directeur de l’antenne chinoise de la fondation de Bill et Melinda Gates. A l’heure où les Etats-Unis et l’Europe se concentrent sur leurs propres populations, la Chine peut se présenter comme un « chevalier blanc », observe-t-il.

L’administration Trump avait accordé la priorité à la constitution de stocks de vaccins pour un usage national, refusant de participer à l’initiative multilatérale Covax, soutenue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et visant à fournir suffisamment de doses pour vacciner 20 % de la population des pays en développement d’ici à la fin 2021. L’équipe Biden a annoncé une contribution de 4 milliards de dollars en faveur de Covax, la moitié de la somme devant être déboursée immédiatement.

Dès le mois de juin, le président Xi Jinping avait affirmé que l’Afrique bénéficierait des vaccins chinois. Son ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, qui s’est rendu dans cinq pays africains en janvier, avait déclaré à l’occasion du Nouvel An que la distribution de vaccins en Afrique constituait une priorité pour Pékin cette année.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que la Chine s’employait à fournir des vaccins à plus de 60 pays, et que 20 d’entre eux les utilisaient déjà. Il a précisé qu’en Afrique, la Chine avait envoyé des doses en Guinée équatoriale, au Zimbabwe et en Sierra Leone, et que seize autres pays devraient suivre.

L’Afrique compte certains des endroits du monde les plus difficiles à desservir, nombre de pays ne disposant pas des infrastructures adéquates pour prendre livraison des vaccins et les transporter. Les deux vaccins à ARN messager développés par des entreprises occidentales et en cours d’utilisation, dont des études ont montré qu’ils étaient efficaces à plus de 90 %, nécessitent d’être stockés à des températures extrêmement basses. Selon de nouvelles recherches publiées ce mois-ci, l’un des deux, commercialisé par Pfizer et BioNTech, pourrait être conservé dans des congélateurs ordinaires plutôt que dans des « super-congélateurs ».

Trois vaccins mis au point en Chine, respectivement par Sinopharm, Sinovac Biotech et CanSino Biologics, et fondé sur des méthodes de fabrication plus classiques, peuvent être stockés dans des systèmes de réfrigération conventionnels et sont donc plus faciles à acheminer dans les pays en développement.

D’après les essais cliniques, l’efficacité des vaccins chinois est comprise entre 50,4 % et 86 % – 50 % environ au-dessus du seuil jugé nécessaire par l’OMS pour assurer une protection de la population. Néanmoins, les fabricants chinois ont communiqué peu de données quant à la manière dont leurs chercheurs ont évalué l’efficacité des vaccins. De nombreux experts en santé publique s’interrogent sur les données chinoises et ont lancé des mises en garde contre une utilisation trop précoce, notamment chez les populations âgées.

L’an dernier, les essais de Sinovac au Brésil ont été suspendus, avant d’être repris, après l’annonce selon laquelle un participant s’était suicidé. Depuis lors, aucun cas grave d’effet secondaire du vaccin n’a été rapporté.

Une porte-parole de CanSino n’a pas souhaité apporter de commentaire. Sinovac et Sinopharm n’ont pas répondu à une demande de commentaire. Le président de Sinopharm a affirmé dans un entretien à un journal du Parti communiste chinois qu’aucun effet secondaire grave n’avait été observé chez les patients vaccinés.

Diplomatie vaccinale

Selon certains analystes politiques, la Chine pourrait avoir fait des promesses difficiles à tenir dans un domaine où elle manque d’expérience. La survenue d’un problème sur un vaccin pourrait avoir un impact démesuré sur sa réputation. De son côté, Pékin n’a pour l’instant vacciné que 3 % des 1,4 milliard d’habitants que compte le pays, et les analystes affirment que les fabricants chinois atteignent leurs limites en termes de production.

En outre, la diplomatie vaccinale n’est pas une garantie de succès pour Pékin qui, en matière d’affaires étrangères, recourt aujourd’hui à des « loups combattants », des diplomates qui s’expriment sur les réseaux sociaux en attaquant leurs adversaires, petits et grands. Pour bien des capitales, Pékin gâche ainsi les résultats des initiatives lancées au début de la pandémie, lorsqu’elle cherchait à redorer son blason en distribuant des masques et d’autres équipements de protection personnelle.

Les premières livraisons de vaccins et les engagements pris par la Chine témoignent des relations que Pékin a nouées à travers le monde, notamment dans les pays concernés par sa nouvelle Route de la soie, un projet d’infrastructures qui se chiffre en milliers de milliards de dollars, et d’autres investissements allant de centrales hydrauliques à l’extraction minière

Mais « ceux qui bénéficient du vaccin chinois auront une autre image de la Chine », affirme Peng Nian, chercheur au National Institute for South China Sea Studies, un think tank chinois soutenu par l’Etat. « Ce type d’objectif est difficile à atteindre au travers de grands projets de construction, ou d’accords bilatéraux », souligne le chercheur.

Les premières livraisons de vaccins et les engagements pris par la Chine témoignent des relations que Pékin a nouées à travers le monde, notamment dans les pays concernés par sa nouvelle Route de la soie, un projet d’infrastructures qui se chiffre en milliers de milliards de dollars, et d’autres investissements allant de centrales hydrauliques à l’extraction minière. Les pays bénéficiant des vaccins chinois ont exprimé leur soutien aux intérêts de la Chine dans le monde.

Plus d’une douzaine de pays ont approuvé l’utilisation de ces vaccins et certains responsables européens ont indiqué qu’ils étaient prêts à l’envisager. Des doses ont notamment été livrées au Maroc, en Turquie et en Egypte. Parmi les chefs d’Etat ou de gouvernement s’étant fait injecter en public l’un des vaccins chinois figurent l’émir de Dubaï, Mohammed bin Rashid al Maktoum, le président indonésien, Joko Widodo, ou encore le président turc, Recep Tayyip Erdogan.

Les fabricants de vaccins chinois ont signé des contrats prévoyant la fourniture de plus de 500 millions de doses à l’étranger, selon la société de recherche Gavekal Dragonomics. L’Indonésie arrive en première place, avec 125 millions de doses du vaccin Sinovac, selon Gavekal Dragonomics.

Les Etats-Unis de leur côté ont commandé 600 millions de doses des vaccins Pfizer et Moderna, et ont signé des contrats avec d’autres laboratoires dont les vaccins doivent encore être autorisés.

Le 7 janvier, les Seychelles ont commencé à vacciner leurs résidents à l’aide de 50 000 doses du laboratoire Sinopharm données par les Emirats arabes unis, a indiqué le ministère de la Santé – une quantité suffisante pour vacciner la moitié de la population de cette nation de l’Océan indien stratégiquement positionnée, où Pékin cherche depuis des années à déjouer les efforts de l’Inde pour y établir une base militaire. Le 15 février, le Zimbabwe a reçu un don de 200 000 doses du vaccin Sinopharm de la part de la Chine, selon un tweet publié par le ministère de la santé. Le Sénégal avait lui aussi reçu 200 000 doses début février, selon un communiqué en ligne du ministère sénégalais de la Santé.

Chaîne du froid

Les premiers vaccins chinois transitant par le terminal de fret à Addis-Abeba étaient notamment adressés à l’Ouganda, ont indiqué des responsables éthiopiens et ougandais. Quelque 70 tonnes de vaccins Sinovac et Sinopharm sont arrivées à l’aéroport d’Entebbe la dernière semaine de décembre et étaient destinées aux travailleurs d’une zone industrielle du nord de Kampala, ainsi qu’à certains hauts responsables ougandais, selon des sources gouvernementales, des médecins et une note interne au ministère ougandais de la Santé que le Wall Street Journal a pu consulter.

A Kampala, sur le site de SinoAfrica Medicines & Health, filiale du conglomérat public chinois Northern International Group, des gardes de sécurité privés munis de scanner pour contrôler la température surveillent un entrepôt récemment reconverti, en compagnie d’agents de police armés.

Derrière une clôture de 3 mètres de haut, SinoAfrica stocke les vaccins chinois dans des bâtiments maintenus à la température requise avant leur distribution en Ouganda et à travers l’Afrique orientale. Des camions de livraison frigorifiques attendent d’être chargés. Dans les prochains jours, ils commenceront à distribuer les vaccins à l’intérieur et en dehors de la capitale.

L’Ethiopie est un pilier de la chaîne du froid chinoise en Afrique. En décembre, des responsables chinois et éthiopiens ont lancé les travaux de construction du siège des centres africains de contrôle et de prévention des maladies à Addis-Abeba, un bâtiment de 90 000 mètres carrés largement financé par la Chine et construit par des entreprises chinoises.

La Chine avait pu tester sa chaîne du froid en Éthiopie au début de la pandémie. Dans le cadre d’un accord conclu l’année dernière entre le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et le fondateur d’Alibaba, Jack Ma, Ethiopian Airlines avait distribué plus de 14 millions de masques chirurgicaux, gants et autres articles de protection personnelle fabriqués en Chine et donnés aux pays africains par les fondations de Jack Ma et d’Alibaba.

Ethiopian Airlines avait travaillé avec la division logistique d’Alibaba pour livrer à l’aide de ses avions un premier lot de matériels chinois à 52 des 54 pays d’Afrique en sept jours seulement, selon la compagnie.

Dans des pays à court d’argent comme le Zimbabwe, le Nigeria et le Soudan, où le personnel médical en première ligne travaille souvent pendant des mois sans être payé, les dons de M. Ma ont été accueillis avec reconnaissance. Des ministres de divers gouvernements africains étaient présents sur le tarmac pour assister au déchargement des équipements de protection. La télévision chinoise d’Etat avait diffusé une vidéo montrant le premier avion d’Ethiopian Airlines décollant de l’aéroport de Canton et communiquant avec le personnel de la tour de contrôle. « Merci à la Chine », déclarait le pilote. Et le contrôleur aérien répondait : « Longue vie à l’amitié sino-africaine ! »

La presse internationale avait salué l’initiative de M. Ma et de Pékin – alors que la Chine s’était vu reprocher pendant des semaines d’être à l’origine de la pandémie. Le partenariat s’étant révélé un succès, M. Ahmed a ensuite encouragé Ethiopian Airlines à approfondir ses relations avec les entreprises chinoises. La compagnie aérienne a ainsi réorienté son activité de transport de passagers, en perte de vitesse, en faveur du fret et de la logistique.

Début décembre, elle s’est associée avec Alibaba dans le transport de vaccins en vue d’effectuer des livraisons bihebdomadaires dans les pays d’Afrique et d’autres régions du monde. Une porte-parole d’Alibaba a précisé que l’entreprise avait procédé à un vol d’essai et était en pourparlers avec des « acteurs clés » pour assurer le bon déroulement des vols.

« Le vaccin est désormais la priorité de notre entreprise, a déclaré Fitsum Abady, responsable de la logistique chez Ethiopian Airlines. C’est la mission d’une vie. »

Selon des spécialistes de la logistique et des analystes, les deux entreprises feront probablement face à des difficultés auxquelles leur expérience passée ne les a pas préparées. Les conditions de transport de vaccins dépassent la chaîne du froid habituelle, soulignent-ils. En outre, la division logistique d’Alibaba sert d’intermédiaire entre les clients et les fournisseurs de service tiers, ce qui l’expose à des risques si elle peine à suivre l’intégralité du processus de livraison, ajoutent-ils.

Parallèlement, l’empire de M. Ma fait l’objet de pressions de la part des autorités chinoises depuis que l’homme d’affaires a prononcé un discours dans lequel il critiquait les autorités réglementaires chinoises, ce qui a conduit Xi Jinping à annuler l’introduction en Bourse de l’entreprise de technologie financière de M. Ma, Ant Group. Celle-ci a indiqué qu’elle respectait les exigences officielles et qu’elle était en train de passer en revue ses activités.

Le projet de distribution de vaccins suit cependant son cours. Les lots seront vérifiés dans le nouveau centre de suivi du terminal aéroportuaire, les boîtes de vaccins intégrant des capteurs de fabrication chinoise qui envoient en continu des informations concernant leur température. Le responsable de la logistique, Yibeltal Mariyam, indique que de nouvelles commandes arrivent en provenance de pays comme le Kenya et l’Afrique du Sud.

« Le déploiement des vaccins à travers l’Afrique ne prendra pas six mois mais plusieurs années – et peut-être même plus », estime Bisrat Mariyam, qui dirige l’équipe d’Ethiopian Airlines responsable des produits pharmaceutiques.

Nicholas Bariyo à Kampala et Raffaele Huang à Pékin ont contribué à cet article

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Anne Montanaro)

 

Vaccin : la nouvelle arme diplomatique de la Chine

Vaccin : la nouvelle arme diplomatique de la Chine 

Un article du Wall Street Journal évoque la nouvelle arme diplomatique de la Chine avec sa diffusion massive de vaccins notamment dans les pays pauvres.

Un vaste terminal de fret récemment ouvert à l’aéroport d’Addis-Abeba (Ethiopie) est au cœur du réseau d’approvisionnement tentaculaire mis en place par la Chine pour accélérer la livraison de ses vaccins contre le coronavirus – et accroître dans le même temps son influence dans les pays en développement.

A l’une des extrémités du terminal se trouve une chambre froide de la taille d’un terrain de football destinée à accueillir les flacons de vaccins fabriqués par les laboratoires pharmaceutiques publics chinois. A l’autre extrémité, une salle de contrôle remplie d’écrans d’ordinateurs héberge des techniciens chinois et éthiopiens qui ont pour mission de surveiller la température de chaque lot de vaccins.

Cette semaine, plus d’un million de doses de nouveaux vaccins chinois contre la Covid-19 passeront par le terminal, ont expliqué des responsables d’Ethiopian Airlines. Des milliers de doses y ont déjà transité, ont précisé ces sources ainsi que des responsables du gouvernement. D’autres cargaisons de vaccins sont attendues dans le cadre d’un partenariat entre le géant chinois des technologies, Alibaba Group Holding, et la compagnie aérienne éthiopienne publique, ont affirmé des responsables de celle-ci.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que la Chine s’employait à fournir des vaccins à plus de 60 pays, et que 20 d’entre eux les utilisaient déjà. Il a précisé qu’en Afrique, la Chine avait envoyé des doses en Guinée équatoriale, au Zimbabwe et en Sierra Leone, et que seize autres pays devraient suivre

L’enjeu pour la Chine relève du « soft power » : il s’agit de s’assurer les bonnes grâces des responsables politiques des pays en développement qui ont besoin de vaccins à bas coût, et de jouir du prestige d’avoir été le pays capable de s’ériger en gardien de la santé publique mondiale.

Depuis des mois, le gouvernement chinois ainsi que les entreprises publiques et privées jettent les bases d’une offensive vaccinale allant de l’Afrique au Moyen-Orient, en passant par l’Amérique latine. Tous ces acteurs ont mis en place une chaîne d’approvisionnement permettant le contrôle de la température des vaccins depuis les sites de fabrication jusqu’à leur distribution – et de prolonger par la même occasion la « route de la soie sanitaire », selon l’appellation utilisée par Pékin.

« La Chine a là une réelle opportunité gagnant-gagnant si elle s’y prend bien », estime Ray Yip, expert en santé publique et ancien directeur de l’antenne chinoise de la fondation de Bill et Melinda Gates. A l’heure où les Etats-Unis et l’Europe se concentrent sur leurs propres populations, la Chine peut se présenter comme un « chevalier blanc », observe-t-il.

L’administration Trump avait accordé la priorité à la constitution de stocks de vaccins pour un usage national, refusant de participer à l’initiative multilatérale Covax, soutenue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et visant à fournir suffisamment de doses pour vacciner 20 % de la population des pays en développement d’ici à la fin 2021. L’équipe Biden a annoncé une contribution de 4 milliards de dollars en faveur de Covax, la moitié de la somme devant être déboursée immédiatement.

Dès le mois de juin, le président Xi Jinping avait affirmé que l’Afrique bénéficierait des vaccins chinois. Son ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, qui s’est rendu dans cinq pays africains en janvier, avait déclaré à l’occasion du Nouvel An que la distribution de vaccins en Afrique constituait une priorité pour Pékin cette année.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que la Chine s’employait à fournir des vaccins à plus de 60 pays, et que 20 d’entre eux les utilisaient déjà. Il a précisé qu’en Afrique, la Chine avait envoyé des doses en Guinée équatoriale, au Zimbabwe et en Sierra Leone, et que seize autres pays devraient suivre.

L’Afrique compte certains des endroits du monde les plus difficiles à desservir, nombre de pays ne disposant pas des infrastructures adéquates pour prendre livraison des vaccins et les transporter. Les deux vaccins à ARN messager développés par des entreprises occidentales et en cours d’utilisation, dont des études ont montré qu’ils étaient efficaces à plus de 90 %, nécessitent d’être stockés à des températures extrêmement basses. Selon de nouvelles recherches publiées ce mois-ci, l’un des deux, commercialisé par Pfizer et BioNTech, pourrait être conservé dans des congélateurs ordinaires plutôt que dans des « super-congélateurs ».

Trois vaccins mis au point en Chine, respectivement par Sinopharm, Sinovac Biotech et CanSino Biologics, et fondé sur des méthodes de fabrication plus classiques, peuvent être stockés dans des systèmes de réfrigération conventionnels et sont donc plus faciles à acheminer dans les pays en développement.

D’après les essais cliniques, l’efficacité des vaccins chinois est comprise entre 50,4 % et 86 % – 50 % environ au-dessus du seuil jugé nécessaire par l’OMS pour assurer une protection de la population. Néanmoins, les fabricants chinois ont communiqué peu de données quant à la manière dont leurs chercheurs ont évalué l’efficacité des vaccins. De nombreux experts en santé publique s’interrogent sur les données chinoises et ont lancé des mises en garde contre une utilisation trop précoce, notamment chez les populations âgées.

L’an dernier, les essais de Sinovac au Brésil ont été suspendus, avant d’être repris, après l’annonce selon laquelle un participant s’était suicidé. Depuis lors, aucun cas grave d’effet secondaire du vaccin n’a été rapporté.

Une porte-parole de CanSino n’a pas souhaité apporter de commentaire. Sinovac et Sinopharm n’ont pas répondu à une demande de commentaire. Le président de Sinopharm a affirmé dans un entretien à un journal du Parti communiste chinois qu’aucun effet secondaire grave n’avait été observé chez les patients vaccinés.

Diplomatie vaccinale

Selon certains analystes politiques, la Chine pourrait avoir fait des promesses difficiles à tenir dans un domaine où elle manque d’expérience. La survenue d’un problème sur un vaccin pourrait avoir un impact démesuré sur sa réputation. De son côté, Pékin n’a pour l’instant vacciné que 3 % des 1,4 milliard d’habitants que compte le pays, et les analystes affirment que les fabricants chinois atteignent leurs limites en termes de production.

En outre, la diplomatie vaccinale n’est pas une garantie de succès pour Pékin qui, en matière d’affaires étrangères, recourt aujourd’hui à des « loups combattants », des diplomates qui s’expriment sur les réseaux sociaux en attaquant leurs adversaires, petits et grands. Pour bien des capitales, Pékin gâche ainsi les résultats des initiatives lancées au début de la pandémie, lorsqu’elle cherchait à redorer son blason en distribuant des masques et d’autres équipements de protection personnelle.

Les premières livraisons de vaccins et les engagements pris par la Chine témoignent des relations que Pékin a nouées à travers le monde, notamment dans les pays concernés par sa nouvelle Route de la soie, un projet d’infrastructures qui se chiffre en milliers de milliards de dollars, et d’autres investissements allant de centrales hydrauliques à l’extraction minière

Mais « ceux qui bénéficient du vaccin chinois auront une autre image de la Chine », affirme Peng Nian, chercheur au National Institute for South China Sea Studies, un think tank chinois soutenu par l’Etat. « Ce type d’objectif est difficile à atteindre au travers de grands projets de construction, ou d’accords bilatéraux », souligne le chercheur.

Les premières livraisons de vaccins et les engagements pris par la Chine témoignent des relations que Pékin a nouées à travers le monde, notamment dans les pays concernés par sa nouvelle Route de la soie, un projet d’infrastructures qui se chiffre en milliers de milliards de dollars, et d’autres investissements allant de centrales hydrauliques à l’extraction minière. Les pays bénéficiant des vaccins chinois ont exprimé leur soutien aux intérêts de la Chine dans le monde.

Plus d’une douzaine de pays ont approuvé l’utilisation de ces vaccins et certains responsables européens ont indiqué qu’ils étaient prêts à l’envisager. Des doses ont notamment été livrées au Maroc, en Turquie et en Egypte. Parmi les chefs d’Etat ou de gouvernement s’étant fait injecter en public l’un des vaccins chinois figurent l’émir de Dubaï, Mohammed bin Rashid al Maktoum, le président indonésien, Joko Widodo, ou encore le président turc, Recep Tayyip Erdogan.

Les fabricants de vaccins chinois ont signé des contrats prévoyant la fourniture de plus de 500 millions de doses à l’étranger, selon la société de recherche Gavekal Dragonomics. L’Indonésie arrive en première place, avec 125 millions de doses du vaccin Sinovac, selon Gavekal Dragonomics.

Les Etats-Unis de leur côté ont commandé 600 millions de doses des vaccins Pfizer et Moderna, et ont signé des contrats avec d’autres laboratoires dont les vaccins doivent encore être autorisés.

Le 7 janvier, les Seychelles ont commencé à vacciner leurs résidents à l’aide de 50 000 doses du laboratoire Sinopharm données par les Emirats arabes unis, a indiqué le ministère de la Santé – une quantité suffisante pour vacciner la moitié de la population de cette nation de l’Océan indien stratégiquement positionnée, où Pékin cherche depuis des années à déjouer les efforts de l’Inde pour y établir une base militaire. Le 15 février, le Zimbabwe a reçu un don de 200 000 doses du vaccin Sinopharm de la part de la Chine, selon un tweet publié par le ministère de la santé. Le Sénégal avait lui aussi reçu 200 000 doses début février, selon un communiqué en ligne du ministère sénégalais de la Santé.

Chaîne du froid

Les premiers vaccins chinois transitant par le terminal de fret à Addis-Abeba étaient notamment adressés à l’Ouganda, ont indiqué des responsables éthiopiens et ougandais. Quelque 70 tonnes de vaccins Sinovac et Sinopharm sont arrivées à l’aéroport d’Entebbe la dernière semaine de décembre et étaient destinées aux travailleurs d’une zone industrielle du nord de Kampala, ainsi qu’à certains hauts responsables ougandais, selon des sources gouvernementales, des médecins et une note interne au ministère ougandais de la Santé que le Wall Street Journal a pu consulter.

A Kampala, sur le site de SinoAfrica Medicines & Health, filiale du conglomérat public chinois Northern International Group, des gardes de sécurité privés munis de scanner pour contrôler la température surveillent un entrepôt récemment reconverti, en compagnie d’agents de police armés.

Derrière une clôture de 3 mètres de haut, SinoAfrica stocke les vaccins chinois dans des bâtiments maintenus à la température requise avant leur distribution en Ouganda et à travers l’Afrique orientale. Des camions de livraison frigorifiques attendent d’être chargés. Dans les prochains jours, ils commenceront à distribuer les vaccins à l’intérieur et en dehors de la capitale.

L’Ethiopie est un pilier de la chaîne du froid chinoise en Afrique. En décembre, des responsables chinois et éthiopiens ont lancé les travaux de construction du siège des centres africains de contrôle et de prévention des maladies à Addis-Abeba, un bâtiment de 90 000 mètres carrés largement financé par la Chine et construit par des entreprises chinoises.

La Chine avait pu tester sa chaîne du froid en Éthiopie au début de la pandémie. Dans le cadre d’un accord conclu l’année dernière entre le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et le fondateur d’Alibaba, Jack Ma, Ethiopian Airlines avait distribué plus de 14 millions de masques chirurgicaux, gants et autres articles de protection personnelle fabriqués en Chine et donnés aux pays africains par les fondations de Jack Ma et d’Alibaba.

Ethiopian Airlines avait travaillé avec la division logistique d’Alibaba pour livrer à l’aide de ses avions un premier lot de matériels chinois à 52 des 54 pays d’Afrique en sept jours seulement, selon la compagnie.

Dans des pays à court d’argent comme le Zimbabwe, le Nigeria et le Soudan, où le personnel médical en première ligne travaille souvent pendant des mois sans être payé, les dons de M. Ma ont été accueillis avec reconnaissance. Des ministres de divers gouvernements africains étaient présents sur le tarmac pour assister au déchargement des équipements de protection. La télévision chinoise d’Etat avait diffusé une vidéo montrant le premier avion d’Ethiopian Airlines décollant de l’aéroport de Canton et communiquant avec le personnel de la tour de contrôle. « Merci à la Chine », déclarait le pilote. Et le contrôleur aérien répondait : « Longue vie à l’amitié sino-africaine ! »

La presse internationale avait salué l’initiative de M. Ma et de Pékin – alors que la Chine s’était vu reprocher pendant des semaines d’être à l’origine de la pandémie. Le partenariat s’étant révélé un succès, M. Ahmed a ensuite encouragé Ethiopian Airlines à approfondir ses relations avec les entreprises chinoises. La compagnie aérienne a ainsi réorienté son activité de transport de passagers, en perte de vitesse, en faveur du fret et de la logistique.

Début décembre, elle s’est associée avec Alibaba dans le transport de vaccins en vue d’effectuer des livraisons bihebdomadaires dans les pays d’Afrique et d’autres régions du monde. Une porte-parole d’Alibaba a précisé que l’entreprise avait procédé à un vol d’essai et était en pourparlers avec des « acteurs clés » pour assurer le bon déroulement des vols.

« Le vaccin est désormais la priorité de notre entreprise, a déclaré Fitsum Abady, responsable de la logistique chez Ethiopian Airlines. C’est la mission d’une vie. »

Selon des spécialistes de la logistique et des analystes, les deux entreprises feront probablement face à des difficultés auxquelles leur expérience passée ne les a pas préparées. Les conditions de transport de vaccins dépassent la chaîne du froid habituelle, soulignent-ils. En outre, la division logistique d’Alibaba sert d’intermédiaire entre les clients et les fournisseurs de service tiers, ce qui l’expose à des risques si elle peine à suivre l’intégralité du processus de livraison, ajoutent-ils.

Parallèlement, l’empire de M. Ma fait l’objet de pressions de la part des autorités chinoises depuis que l’homme d’affaires a prononcé un discours dans lequel il critiquait les autorités réglementaires chinoises, ce qui a conduit Xi Jinping à annuler l’introduction en Bourse de l’entreprise de technologie financière de M. Ma, Ant Group. Celle-ci a indiqué qu’elle respectait les exigences officielles et qu’elle était en train de passer en revue ses activités.

Le projet de distribution de vaccins suit cependant son cours. Les lots seront vérifiés dans le nouveau centre de suivi du terminal aéroportuaire, les boîtes de vaccins intégrant des capteurs de fabrication chinoise qui envoient en continu des informations concernant leur température. Le responsable de la logistique, Yibeltal Mariyam, indique que de nouvelles commandes arrivent en provenance de pays comme le Kenya et l’Afrique du Sud.

« Le déploiement des vaccins à travers l’Afrique ne prendra pas six mois mais plusieurs années – et peut-être même plus », estime Bisrat Mariyam, qui dirige l’équipe d’Ethiopian Airlines responsable des produits pharmaceutiques.

Nicholas Bariyo à Kampala et Raffaele Huang à Pékin ont contribué à cet article

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Anne Montanaro)

Un islamiste afghan armé arrêté à Lyon

Un islamiste afghan armé arrêté à Lyon

Un individu connu des services de renseignements et armé d’un couteau a été interpellé ce jeudi matin à Lyon. Repéré aux abords d’une station de tramway dans le 2ème arrondissement de la ville, l’individu brandissait un couteau, vêtu d’une djellaba et d’une veste de treillis. Après plusieurs appels au 17 de la part de riverains, la police est arrivée sur les lieux et arrêté l’individu menaçant, à l’angle de la rue des Remparts d’Ainay et de la rue Victor Hugo selon Le Progrès de Lyon.

Il  s’agit d’un ressortissant afghan né en 1994, connu des services de renseignement pour islamisme radical, et dont l’interpellation a semble-t-il évité une nouvelle tragédie.

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