Difficultés de recrutement : Après les 30 glorieuses, les 30 paresseuses
Il est loin le temps des 30 glorieuses caractérisées schématiquement par un taux de croissance assez exceptionnel de l’ordre de 5 % en France. Avec un taux de chômage quasi inexistant inférieur à 2 % et surtout ce dynamisme et cet optimisme de la population active décidée à accéder au progrès tout autant qu’à le produire.
Pour tout dire ce qui sépare les deux périodes, c’est surtout en dehors des chiffres macro économiques : la perte de la valeur travail. De ce point de vue, on peut considérer qu’ aux 30 glorieuses des années 45 à 75 succède la période des 30 paresseuses des années 80 à 2010-2020.
A partir des années 80 et jusqu’à maintenant, les pouvoirs public n’ont cessé de construire une immense cathédrale sociale qui finalement s’applique sans distinction à ceux qui en ont besoin et à ceux qui en profitent indûment. Pourquoi dès lors travailler s’il est possible de vivre aussi bien et même mieux en choisissant d’être chômeur. Bien entendu le raisonnement ne s’applique pas à l’ensemble des personnes en recherche d’emploi mais un nombre suffisant pour qu’on considère que la France est engluée dans une crise de recrutement.
Très grossièrement , on constate qu’il y a encore malheureusement 3 millions de chômeurs mais que 3 millions d’emplois restent vacants. On ne peut évidemment combler le manque global de manière mécanique. Se pose aussi des problèmes de formation, de compétences mais aussi de motivation. Et dans la plupart des cas et dans toutes les catégories sociaux professionnelles, la France est contrainte de recourir à la main-d’œuvre étrangère ( du médecin au cueilleur de pommes).
Les valeurs du travail se sont progressivement étiolées et la responsabilité en incombe aux familles, à l’école, aux politiques, à la société tout entière. Le travail a en effet une triple fonction. Certes il permet d’obtenir une rémunération qui finance les conditions de vie. Mais c’est aussi une nécessité pour une insertion sociale harmonieuse de la population. C’est enfin le moyen d’assurer des richesses au pays qui peuvent alors être redistribuées. Bref le travail est aussi une valeur citoyenne.
Or par démagogie, on n’a cessé de porter atteinte à cette valeur et l’un des derniers coups a été la mise en place brutale des 35 heures qui a contribué à tuer un peu plus la compétitivité en France et surtout à favorisé la culture RTT puis la distance voire l’indifférence et même le rejet du travail.
La principale faiblesse économique de la France c’est précisément ce manque de travail de la population active ( sur la journée, le mois, l’année et toute la vie). Pendant les 30 glorieuses beaucoup travaillaient le double de temps de ceux d’aujourdhui.
Le problème évidemment c’est que des pays en développement notamment devenus concurrents ne peuvent se payer cette faiblesse des pays développés comme la France où la question devient dramatique d’un point de vue économique et sociétal..