Election UMP : après le suicide, le ridicule
Après la guerre suicidaire entre Copé et Fillon, on va demander aux adhérents qu’ils votent pour ne pas revoter ; une curieuse conception de la démocratie qui ajoute le ridicule au discrédit de l’UMP. Les adhérents de l’UMP devraient donc enterrer le scénario d’une nouvelle élection à la présidence du parti, sept mois après le pugilat Copé-Fillon, un épilogue ironique pour une guerre qui a laissé des traces malgré les efforts de réconciliation. Un congrès extraordinaire « dématérialisé » est organisé de vendredi, 08h00, à dimanche, 18h00. Les adhérents à jour de cotisation au 31 décembre 2012 sont appelés à se prononcer par vote électronique sur les nouveaux statuts de l’UMP et sur l’opportunité de revoter en septembre après le congrès désastreux du 18 novembre dernier qui a vu Jean-François Copé prendre la direction du parti d’opposition au terme d’un scrutin entaché de fraude. L’armistice conclu le 7 décembre entre le député-maire de Meaux et son adversaire, l’ancien Premier ministre François Fillon qui revendique la victoire, prévoyait une nouvelle élection en septembre. Depuis, les esprits ont évolué et les ambitions se sont précisées. François Fillon, qui a entretenu un temps l’incertitude sur ses intentions, a finalement exclu de se représenter, se fixant pour seul objectif la primaire ouverte de 2016 à droite pour l’élection présidentielle de 2017. De toute manière, les militants ne veulent pas d’une nouvelle élection. Que ce soit dans les fédérations ‘fillonistes » ou ‘copéistes’, ils ne voient pas de raison d’en organiser une autre », relève un cadre du parti. Pour nombre de responsables de l’UMP, renouer avec les tensions de l’automne dernier, dans un climat plombé par la querelle idéologique entre « droitiers » et modérés, serait suicidaire pour le mouvement qui est confronté à la concurrence du Front national pour les élections municipales de 2014. Le parti s’est entouré de toutes les précautions pour éviter la moindre contestation et un nouveau psychodrame. Le scrutin est informatisé, les procurations sont interdites, et « de nombreux dispositifs anti-fraude sont prévus », a précisé l’instance chargée de veiller au bon déroulement du vote. « L’Autorité de supervision du congrès » est composée d’une spécialiste du droit constitutionnel, Anne Levade, du député Etienne Blanc et du sénateur Hugues Portelli. « Ce vote est très important pour l’UMP. Il doit tourner la page de querelles dépassées et préparer l’avenir en dotant notre mouvement d’institutions solides et démocratique », souligne Jean-François Copé dans une lettre aux adhérents. Anne Levade a aidé à la rédaction des questions arrêtées de concert par Jean-François Copé et François Fillon, une manière de faire qui a irrité au sein du parti où l’on dénonce un verrouillage et un arrangement de circonstance entre ex-ennemis. « Tout ça pour ça… », soupire un élu « filloniste » qui a bataillé aux côtés de son champion. La première question porte sur les nouveaux statuts de l’UMP, qui dataient de la création du parti en 2002 et dont l’obsolescence avait été mise en cause lors du grand désordre de l’automne 2012. Ce nouveau règlement définit notamment les règles de la primaire d’investiture de 2016, une première à droite. La première question est ainsi libellée: « Approuvez-vous les projets de statuts, de règlement intérieur et de charte de la primaire issus des travaux de la Commission ad hoc de révision des statuts? » La seconde question porte sur l’approbation d’un dispositif transitoire qui s’appliquera si le « oui » l’emporte à la première question. Si le « oui » est majoritaire, il n’y aura pas de nouvelle élection à la présidence en septembre 2013 et l’élection des instances locales de l’UMP sera reportée au lendemain des élections sénatoriales de 2014, notamment. La prochaine élection du président se déroulerait en conséquence au terme du mandat de Jean-François Copé, en novembre 2015. Si c’est le « non » qui l’emporte, une nouvelle élection à la présidence sera organisée en septembre prochain. Le dépouillement du scrutin aura lieu dès la clôture du vote, dimanche à 18h00. L’Autorité de supervision proclamera les résultats après l’examen d’éventuelles réclamations. Les adhérents peuvent voter de chez eux par internet ou se rendre dans les bureaux de vote installés dans chaque département.