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Transition écologique : Une facture très approximative 100 à 200 milliards d’euros par an

Transition écologique: Une facture très approximative 100 à 200 milliards d’euros par an

À l’occasion des « rendez-vous de Bercy » qui réunissait de nombreuses personnalités mondiales, on a chiffré le coût de la facture de la transition énergétique de 100 à 200 milliards d’euros par an à partir de 2030. Des coûts résultant de la perte de certaines productions, des dégâts à l’environnement et à la santé. Cependant un chiffrage tout à fait approximatif car on est très loin de mesurer avec précision les conséquences négatives mais aussi positives de la mutation écologique de la vie économique et sociale.

Il s’agit aussi vraisemblablement pour le ministre de l’économie de reverdir un peu son image un peu affectée par les nouvelles orientations du très prochain budget de 2025 finalement assez peu écologiques.

Il faut sans doute aussi préparer les esprits à une plus grande rigueur budgétaire et donc un nouvel accroissement de la fiscalité.

« L’écologie n’est pas un choix politique. C’est une obligation humaine [...] Elle peut contrarier notre liberté et contrevient parfois nos habitudes. C’est pourtant avec ces habitudes de consommation et de production qu’il faut rompre. L’écologie amène nécessairement une rupture », a-t-il poursuivi dans le centre de conférences Pierre Mendès France, qui pour l’occasion était bondé.

Lors de son discours, il a fustigé « le déni » sur l’accélération du dérèglement climatique. Mais aussi « le catastrophisme qui confine souvent à l’inaction ». Le locataire de Bercy a plaidé pour « le volontarisme ». Responsable du budget du pays, Bruno Le Maire a également évoqué « les coûts » de cette rupture pour « les finances publiques », « les intérêts privés » et « les ménages ».

Actuellement sous la surveillance des agences de notation, l’exécutif ne cesse de vouloir donner des gages de « sérieux budgétaire ». Mais sa stratégie de rétablissement des finances publiques pourrait bien buter sur les besoins vertigineux d’investissements dans la transition écologique.

L’économiste Jean Pisani-Ferry s’est dit « optimiste » sur les coûts.

« Il n’y a pas de raison de penser que le coût des énergies renouvelables sur le long terme sera plus élevé que le coût des énergies fossiles », a-t-il déclaré. « Comme on est très en retard, il va falloir faire beaucoup d’investissement en très peu de temps », a-t-il prévenu. L’ancien conseiller d’Emmanuel Macron n’a pas écarté les difficultés à court terme. « Il va y a voir des pertes en capacités de production et en capital ».

Outre les destructions d’emplois et les fermetures d’usines, l’expert a également tiré la sonnette d’alarme sur « le capital naturel ».

Les dommages d’un réchauffement planétaire à +3°C sur la France pourraient faire grimper la facture à un niveau stratosphérique. Les économistes de Bercy évoquent notamment un coût de 8 points de produit intérieur brut (PIB), soit plus de 210 milliards d’euros dans un scénario noir.

Science « approximative »: la retraite à 70 ou 80 ans à l’horizon 2070 ?

Science « approximative »: la retraite à 70 ou 80ans à l’horizon 2070 ?

Un curieux papier de la Tribune qui évoque la possibilité de pousser la retraite jusqu’à 72 ans voir 80 ans.

Un papier surtout fondé sur une approche comptable et qui fait abstraction de la problématique sociétale, une réflexion bâtie sur des fondements davantage scientistes que scientifiques. En effet, l’absence de maladie par exemple ne garantit pas forcément un état de bien-être physique, moral et social. NDLR

Alors que les débats font rage en France autour du relèvement de l’âge de départ à la retraite à 64 ans et sur l’allongement de la durée de cotisation, il existerait, du point de vue de la science, un tout autre scénario. « Si les recherches sur la lutte contre le vieillissement tiennent leurs promesses, en 2070, l’âge de départ à la retraite pourrait être porté à 72 ans », voire 80 ans pronostique ainsi dans une récente note le cabinet d’études Astérès. Celui-ci s’appuie sur les dernières recherches scientifiques qui anticipent un allongement de l’espérance de vie, jusqu’à +41%, suite à des tests menés sur des animaux en laboratoires. Ainsi, – selon une projection très optimiste du cabinet -, les maladies liées à la vieillesse (tumeurs, maladies endocriniennes, du système nerveux, cardio-vasculaires, ou de l’appareil digestif) disparaîtront ou, du moins, seront repoussées d’une trentaine d’années.

Dans ce scénario qui semble inspiré d’un film de science-fiction, il faudrait ainsi travailler jusqu’à 72 ans « pour que le ratio cotisants / retraités soit égal à celui anticipé par le scénario de référence », soit amené à 1,3, le ratio qui aurait été obtenu dans le scénario central de l’Insee avec un départ à la retraite à 64 ans, selon les calculs d’Asterès.

Cette hypothèse de la vieillesse tardive est d’autant plus incongrue qu’actuellement en France, à partir de 70 ans, l’employeur peut, s’il le souhaite, décider de mettre à la retraite d’office un salarié. Autre paradoxe, si partout en Europe la tendance est à l’allongement de la vie de salarié, en 2070, la moyenne européenne demeure toutefois à 67 ans, selon un rapport de la Commission européenne. Dans les deux cas, on est donc encore loin d’envisager 72 ans et plus.

Une certitude toutefois, l’Europe vieillit à vitesse grand V. En 1950, pour une personne âgée de 65 ans, il y avait 11,7 travailleurs actifs. Or, en 2022, ce ratio est tombé à 7 en moyenne dans le monde. Pire, des pays « super âgés » tels que l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, vont connaître un fossé « dramatique », prévient une autre étude de McKinsey. Résultat, « le nombre de centenaires en 2070 serait multiplié par 10, déséquilibrant le régime des retraites (…) Pour conserver le ratio actuel, soit 1,722, il faudrait porter l’âge de départ à la retraite à 78 ans. Ce ratio serait amené à baisser à mesure que la population vieillit », justifie Asterès.

Mais la théorie du vivre longtemps est-elle toujours aussi crédible ? En France, en dehors des effets de la crise Covid, l’espérance de vie est en effet en pleine stagnation, selon l’Insee début 2023. Les hommes gagnent en effet seulement 0,1 an d’espérance de vie et celle des femmes ne progresse pas et baisse de 0,4 an par rapport à 2019, année de référence avec la pandémie.

Face à ces tensions sur l’équilibre des comptes des caisses de retraite, une solution émerge pour faire accepter potentiellement de travailler plus longtemps. Selon Asterès, la science prouve en effet qu’il sera possible de « réinitialiser » à multiples reprises l’âge du corps.

« Maladies cardio-neurovasculaires, cancers, maladies neurologiques, diabète de type 2 ou arthrose (…) certains scientifiques pensent pouvoir s’attaquer simultanément à toutes ces maladies et améliorer significativement l’espérance de vie en bonne santé », justifie le cabinet.

« Asterès fait l’hypothèse que ces expériences (menées sur des animaux) sont transposables aux êtres humains et qu’un traitement anti-vieillesse sûr sera disponible », assume ce cabinet privé qui a notamment indiqué avoir compilé plusieurs publications scientifiques d’un professeur de génétique de Harvard.

Mais si on estime que le nombre de seniors (âgés de 65 ans et plus) va doubler pour atteindre 1,6 milliard d’individus d’ici 2050, selon les Nations Unies, il n’est pour autant pas certain que tous le soit en parfaite santé. D’autres publications montrent en effet que la vie peut être certes allongée bien au-delà de 80 ans, mais pas forcément en bonne santé; note une étude du cabinet McKinsey de novembre 2022.

Aussi, seuls 9% des hommes nés aujourd’hui et 16% des femmes peuvent espérer atteindre l’âge de la retraite en bonne santé, selon un étude britannique de The Institute for Public Policy Research (IPPR) de 2022. Outre-Manche, l’âge de départ à la retraite a été repoussé à 67 ans en 2028.

En creux, se pose enfin la question de la pénibilité d’un emploi. En France le débat s’enflamme depuis que le gouvernement a refusé de réintégrer dans sa réforme les trois facteurs de pénibilité dits « ergonomiques » (ports de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques) exclus du compte en 2017. Ces critères sont « extrêmement difficiles à mesurer individuellement », a fait valoir le ministre du Travail, Olivier Dussopt.

A cela s’ajoute en plus la catégorie dite des « carrières longues » caractérisées par un une entrée très précoce dans la vie active pour un salarié. Le gouvernement tente là aussi de prendre en compte un individu qui aurait sollicité ses capacités jeunes, plutôt qu’un autre qui aurait commencé plus tardivement. Là dessus, la science devra aussi répondre au cas par cas. Face au travail, la ligne de vie d’un actif en bonne santé semble encore aléatoire.

Les débats sur l’âge de départ à la retraite en Europe soulèvent de nouveaux débats autour du « bien vieillir ». Dans une étude publiée en novembre 2022, la branche santé du cabinet de conseil McKinsey (The McKinsey Health Institute) a identifié six changements pour « permettre aux gouvernements, aux entreprises de tous les secteurs, aux organismes sans but lucratif, aux intervenants en santé et en bien-être et aux particuliers d’améliorer le vieillissement en santé ».

D’abord, il faut « investir dans la promotion d’un vieillissement sain ». Par exemple, les pays européens investissent, en moyenne, 2,8 % de leur budget de santé dans la prévention. Si le chemin vers un vieillissement sain commence à l’âge adulte, il y a beaucoup à faire pour les personnes âgées. Il convient de concentrer davantage d’efforts de prévention sur les pathologies liées à l’âge, telles que la démence et les déficiences sensorielles, précise McKinsey. Les cinq autres leviers du bien vieillir sont :« améliorer les mesures de la santé et obtenir de meilleures données, étendre les interventions dont il est prouvé qu’elles favorisent le vieillissement en bonne santé, accélérer l’innovation dans l’écosystème du vieillissement en bonne santé, libérer le potentiel de toutes les industries pour favoriser le vieillissement en santé, et enfin, donner aux personnes âgées les moyens et la motivation nécessaires pour vivre pleinement leur potentiel. »

Finances -Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

Finances -Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

 

 

. Par Eric Séverin, Université de Lille et David Veganzones, ESCE International Business School estime Dansla « Tribune » qu’il est trop tôt pour procéder à une évaluation précise du quoi qu’il en coûte.

 

Face à la crise économique liée aux mesures sanitaires, le gouvernement a mis en place différents dispositifs d’aides, dont l’objectif est de permettre aux entreprises (viables ou non) de faire face à leurs échéances. Un an demi après leur instauration, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la levée de ces aides. « Le « quoi qu’il en coûte », c’est fini », a-t-il déclaré à l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France du Medef, le 25 août.

La fin des aides de l’État laisse donc craindre une recrudescence des faillites qui avaient été jusqu’alors limitées. En effet, selon le rapport Altares 2021, celles-ci ont augmenté de 14,2 %, mais ce chiffre reste en recul de 48 % par rapport à la période 2017-2019.

Certes, il est difficile de prévoir le nombre de défaillances qui surviendront après la levée des mesures d’aides. Pour l’année 2021, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’attend à un chiffre de 60 000 à 100 000 alors qu’Altares prévoit entre 33000 et 35000 défaillances.

Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que ces défaillances vont être coûteuses. Mais quels sont ces coûts ? Et sommes-nous réellement capables de les mesurer ?

Les coûts sont à la fois directs et indirects. En ce qui concerne les coûts directs, ils sont constitués par les frais des mandataires de justice. D’autres éléments sont à incorporer à ces coûts tels que ceux perçus par le commissaire à l’exécution du plan. Quel est l’ordre de grandeur de ces coûts ? Plusieurs études apportent des éléments de réponse.

Premièrement, leur étendue est variable selon les pays et représente entre 1 et 10 % de la valeur de la firme. Deuxièmement, ils sont inversement proportionnels à la taille de l’entreprise (plus lourds pour les PME comparativement aux grandes entreprises). Troisièmement, ils ne sont pas supportés de façon identique par tous les acteurs en fonction de la règle de priorité et de la législation en vigueur.

En revanche, contrairement aux coûts directs, les coûts indirects restent d’une extrême complexité, non pas à définir mais à mesurer. On peut circonscrire cinq types de coûts indirects.

Le premier est celui de la perte du chiffre d’affaires faisant suite à la perte de clients. Devant l’incertitude d’être approvisionné et de ne pas bénéficier d’un service après vente, un client se détournera d’une entreprise en redressement judiciaire, augmentant conséquemment ses difficultés.

Le deuxième se porte de l’autre côté du spectre avec les fournisseurs. Percevant la difficulté d’un client, les fournisseurs infèrent la possibilité de perdre leurs créances en raison de l’ordre de priorité des créanciers dans le redressement judiciaire. Par conséquent, ils vont exiger des délais de paiement plus rapides.

Le troisième tient dans l’attitude du personnel. En effet, dans un redressement judiciaire, on assiste très souvent à des licenciements qui traduisent un double coût : celui d’une perte de compétence et de formation financée par l’entreprise et celui de la démotivation des salariés restants qui sont dans la crainte de perdre leurs emplois si la situation venait à empirer encore. Le coût pour la firme est d’autant plus important que les meilleurs de ses salariés partent car ces derniers sont les plus employables et recherchés par les compétiteurs.

Le quatrième coût est appelé par les Américains fire sale (vente précipitée). Pour résoudre leurs problèmes de cash, les firmes vont chercher à désinvestir de façon sous optimale en vendant leurs actifs à vil prix.

 

Le cinquième coût est lié à l’asymétrie d’information et au risque. En effet, les dirigeants, qui ont un meilleur accès à l’information que les actionnaires, peuvent soit retarder la faillite pour préserver leurs avantages, soit extraire des avantages importants avant leur mise à l’écart. Un exemple célèbre met en évidence que plus de 50 % de la valeur de la compagnie aérienne Eastern Airline a été détruite pendant le redressement judiciaire en raison du comportement opportuniste du dirigeant dans les années 1990.

Qu’y a-t-il derrière le « quoiqu’il en coûte » ?

Dans les années 1980, une étude avait tenté d’évaluer plus précisément ces coûts indirects en mesurant d’une part, le différentiel de la baisse du chiffre d’affaires des entreprises ayant fait faillite comparativement à la moyenne des ventes du secteur et d’autre part, l’écart entre le montant réel des ventes et les prévisions réalisées trois ans avant la faillite. Ces coûts pourraient ainsi représenter de 6,6 à 8,1 % de la valeur de la firme. La difficulté d’une telle approche reste toutefois l’accès aux données.

Une seconde méthode consiste à mesurer les coûts indirects en utilisant les données boursières au travers des coûts de réputation et des effets de contagion. On mesure les variations de cours boursier des clients et fournisseurs des sociétés ayant fait faillite. On capte ainsi la perte de valeur subie par les partenaires des entreprises ayant fait faillite (effet contagion). Les résultats font ressortir des pertes de l’ordre de 1 à 3 % de la valeur boursière des fournisseurs et des clients.

S’il reste difficile de prévoir le nombre exact des faillites en 2021, il n’en reste pas moins vrai qu’il serait très utile de pouvoir mesurer les coûts de ces faillites pour l’ensemble des acteurs. Cela aurait deux mérites. Le premier serait de savoir ce qu’il convient de mettre derrière le « quoiqu’il en coûte ». Le second serait de permettre des comparaisons avec nos partenaires pour savoir où nous situer au sein de cette crise mondiale.

______

(*) Par Eric Séverin, Professeur des Universités Finance – Comptabilité, Université de Lille et David Veganzones, Assistant professor, management & finance, ESCE International Business School.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Finances- Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

Finances- Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

 

 

. Par Eric Séverin, Université de Lille et David Veganzones, ESCE International Business School estime Dansla « Tribune » qu’il est trop tôt pour procéder à une évaluation précise du quoi qu’il en coûte.

 

Face à la crise économique liée aux mesures sanitaires, le gouvernement a mis en place différents dispositifs d’aides, dont l’objectif est de permettre aux entreprises (viables ou non) de faire face à leurs échéances. Un an demi après leur instauration, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la levée de ces aides. « Le « quoi qu’il en coûte », c’est fini », a-t-il déclaré à l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France du Medef, le 25 août.

La fin des aides de l’État laisse donc craindre une recrudescence des faillites qui avaient été jusqu’alors limitées. En effet, selon le rapport Altares 2021, celles-ci ont augmenté de 14,2 %, mais ce chiffre reste en recul de 48 % par rapport à la période 2017-2019.

Certes, il est difficile de prévoir le nombre de défaillances qui surviendront après la levée des mesures d’aides. Pour l’année 2021, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’attend à un chiffre de 60 000 à 100 000 alors qu’Altares prévoit entre 33000 et 35000 défaillances.

Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que ces défaillances vont être coûteuses. Mais quels sont ces coûts ? Et sommes-nous réellement capables de les mesurer ?

Les coûts sont à la fois directs et indirects. En ce qui concerne les coûts directs, ils sont constitués par les frais des mandataires de justice. D’autres éléments sont à incorporer à ces coûts tels que ceux perçus par le commissaire à l’exécution du plan. Quel est l’ordre de grandeur de ces coûts ? Plusieurs études apportent des éléments de réponse.

Premièrement, leur étendue est variable selon les pays et représente entre 1 et 10 % de la valeur de la firme. Deuxièmement, ils sont inversement proportionnels à la taille de l’entreprise (plus lourds pour les PME comparativement aux grandes entreprises). Troisièmement, ils ne sont pas supportés de façon identique par tous les acteurs en fonction de la règle de priorité et de la législation en vigueur.

En revanche, contrairement aux coûts directs, les coûts indirects restent d’une extrême complexité, non pas à définir mais à mesurer. On peut circonscrire cinq types de coûts indirects.

Le premier est celui de la perte du chiffre d’affaires faisant suite à la perte de clients. Devant l’incertitude d’être approvisionné et de ne pas bénéficier d’un service après vente, un client se détournera d’une entreprise en redressement judiciaire, augmentant conséquemment ses difficultés.

Le deuxième se porte de l’autre côté du spectre avec les fournisseurs. Percevant la difficulté d’un client, les fournisseurs infèrent la possibilité de perdre leurs créances en raison de l’ordre de priorité des créanciers dans le redressement judiciaire. Par conséquent, ils vont exiger des délais de paiement plus rapides.

Le troisième tient dans l’attitude du personnel. En effet, dans un redressement judiciaire, on assiste très souvent à des licenciements qui traduisent un double coût : celui d’une perte de compétence et de formation financée par l’entreprise et celui de la démotivation des salariés restants qui sont dans la crainte de perdre leurs emplois si la situation venait à empirer encore. Le coût pour la firme est d’autant plus important que les meilleurs de ses salariés partent car ces derniers sont les plus employables et recherchés par les compétiteurs.

Le quatrième coût est appelé par les Américains fire sale (vente précipitée). Pour résoudre leurs problèmes de cash, les firmes vont chercher à désinvestir de façon sous optimale en vendant leurs actifs à vil prix.

 

Le cinquième coût est lié à l’asymétrie d’information et au risque. En effet, les dirigeants, qui ont un meilleur accès à l’information que les actionnaires, peuvent soit retarder la faillite pour préserver leurs avantages, soit extraire des avantages importants avant leur mise à l’écart. Un exemple célèbre met en évidence que plus de 50 % de la valeur de la compagnie aérienne Eastern Airline a été détruite pendant le redressement judiciaire en raison du comportement opportuniste du dirigeant dans les années 1990.

Qu’y a-t-il derrière le « quoiqu’il en coûte » ?

Dans les années 1980, une étude avait tenté d’évaluer plus précisément ces coûts indirects en mesurant d’une part, le différentiel de la baisse du chiffre d’affaires des entreprises ayant fait faillite comparativement à la moyenne des ventes du secteur et d’autre part, l’écart entre le montant réel des ventes et les prévisions réalisées trois ans avant la faillite. Ces coûts pourraient ainsi représenter de 6,6 à 8,1 % de la valeur de la firme. La difficulté d’une telle approche reste toutefois l’accès aux données.

Une seconde méthode consiste à mesurer les coûts indirects en utilisant les données boursières au travers des coûts de réputation et des effets de contagion. On mesure les variations de cours boursier des clients et fournisseurs des sociétés ayant fait faillite. On capte ainsi la perte de valeur subie par les partenaires des entreprises ayant fait faillite (effet contagion). Les résultats font ressortir des pertes de l’ordre de 1 à 3 % de la valeur boursière des fournisseurs et des clients.

S’il reste difficile de prévoir le nombre exact des faillites en 2021, il n’en reste pas moins vrai qu’il serait très utile de pouvoir mesurer les coûts de ces faillites pour l’ensemble des acteurs. Cela aurait deux mérites. Le premier serait de savoir ce qu’il convient de mettre derrière le « quoiqu’il en coûte ». Le second serait de permettre des comparaisons avec nos partenaires pour savoir où nous situer au sein de cette crise mondiale.

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(*) Par Eric Séverin, Professeur des Universités Finance – Comptabilité, Université de Lille et David Veganzones, Assistant professor, management & finance, ESCE International Business School.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

 

 

. Par Eric Séverin, Université de Lille et David Veganzones, ESCE International Business School estime Dansla « Tribune » qu’il est trop tôt pour procéder à une évaluation précise du quoi qu’il en coûte.

 

Face à la crise économique liée aux mesures sanitaires, le gouvernement a mis en place différents dispositifs d’aides, dont l’objectif est de permettre aux entreprises (viables ou non) de faire face à leurs échéances. Un an demi après leur instauration, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la levée de ces aides. « Le « quoi qu’il en coûte », c’est fini », a-t-il déclaré à l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France du Medef, le 25 août.

La fin des aides de l’État laisse donc craindre une recrudescence des faillites qui avaient été jusqu’alors limitées. En effet, selon le rapport Altares 2021, celles-ci ont augmenté de 14,2 %, mais ce chiffre reste en recul de 48 % par rapport à la période 2017-2019.

Certes, il est difficile de prévoir le nombre de défaillances qui surviendront après la levée des mesures d’aides. Pour l’année 2021, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’attend à un chiffre de 60 000 à 100 000 alors qu’Altares prévoit entre 33000 et 35000 défaillances.

Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que ces défaillances vont être coûteuses. Mais quels sont ces coûts ? Et sommes-nous réellement capables de les mesurer ?

Les coûts sont à la fois directs et indirects. En ce qui concerne les coûts directs, ils sont constitués par les frais des mandataires de justice. D’autres éléments sont à incorporer à ces coûts tels que ceux perçus par le commissaire à l’exécution du plan. Quel est l’ordre de grandeur de ces coûts ? Plusieurs études apportent des éléments de réponse.

Premièrement, leur étendue est variable selon les pays et représente entre 1 et 10 % de la valeur de la firme. Deuxièmement, ils sont inversement proportionnels à la taille de l’entreprise (plus lourds pour les PME comparativement aux grandes entreprises). Troisièmement, ils ne sont pas supportés de façon identique par tous les acteurs en fonction de la règle de priorité et de la législation en vigueur.

En revanche, contrairement aux coûts directs, les coûts indirects restent d’une extrême complexité, non pas à définir mais à mesurer. On peut circonscrire cinq types de coûts indirects.

Le premier est celui de la perte du chiffre d’affaires faisant suite à la perte de clients. Devant l’incertitude d’être approvisionné et de ne pas bénéficier d’un service après vente, un client se détournera d’une entreprise en redressement judiciaire, augmentant conséquemment ses difficultés.

Le deuxième se porte de l’autre côté du spectre avec les fournisseurs. Percevant la difficulté d’un client, les fournisseurs infèrent la possibilité de perdre leurs créances en raison de l’ordre de priorité des créanciers dans le redressement judiciaire. Par conséquent, ils vont exiger des délais de paiement plus rapides.

Le troisième tient dans l’attitude du personnel. En effet, dans un redressement judiciaire, on assiste très souvent à des licenciements qui traduisent un double coût : celui d’une perte de compétence et de formation financée par l’entreprise et celui de la démotivation des salariés restants qui sont dans la crainte de perdre leurs emplois si la situation venait à empirer encore. Le coût pour la firme est d’autant plus important que les meilleurs de ses salariés partent car ces derniers sont les plus employables et recherchés par les compétiteurs.

Le quatrième coût est appelé par les Américains fire sale (vente précipitée). Pour résoudre leurs problèmes de cash, les firmes vont chercher à désinvestir de façon sous optimale en vendant leurs actifs à vil prix.

 

Le cinquième coût est lié à l’asymétrie d’information et au risque. En effet, les dirigeants, qui ont un meilleur accès à l’information que les actionnaires, peuvent soit retarder la faillite pour préserver leurs avantages, soit extraire des avantages importants avant leur mise à l’écart. Un exemple célèbre met en évidence que plus de 50 % de la valeur de la compagnie aérienne Eastern Airline a été détruite pendant le redressement judiciaire en raison du comportement opportuniste du dirigeant dans les années 1990.

Qu’y a-t-il derrière le « quoiqu’il en coûte » ?

Dans les années 1980, une étude avait tenté d’évaluer plus précisément ces coûts indirects en mesurant d’une part, le différentiel de la baisse du chiffre d’affaires des entreprises ayant fait faillite comparativement à la moyenne des ventes du secteur et d’autre part, l’écart entre le montant réel des ventes et les prévisions réalisées trois ans avant la faillite. Ces coûts pourraient ainsi représenter de 6,6 à 8,1 % de la valeur de la firme. La difficulté d’une telle approche reste toutefois l’accès aux données.

Une seconde méthode consiste à mesurer les coûts indirects en utilisant les données boursières au travers des coûts de réputation et des effets de contagion. On mesure les variations de cours boursier des clients et fournisseurs des sociétés ayant fait faillite. On capte ainsi la perte de valeur subie par les partenaires des entreprises ayant fait faillite (effet contagion). Les résultats font ressortir des pertes de l’ordre de 1 à 3 % de la valeur boursière des fournisseurs et des clients.

S’il reste difficile de prévoir le nombre exact des faillites en 2021, il n’en reste pas moins vrai qu’il serait très utile de pouvoir mesurer les coûts de ces faillites pour l’ensemble des acteurs. Cela aurait deux mérites. Le premier serait de savoir ce qu’il convient de mettre derrière le « quoiqu’il en coûte ». Le second serait de permettre des comparaisons avec nos partenaires pour savoir où nous situer au sein de cette crise mondiale.

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(*) Par Eric Séverin, Professeur des Universités Finance – Comptabilité, Université de Lille et David Veganzones, Assistant professor, management & finance, ESCE International Business School.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

COVID-19 : un rapport officiel critique la gestion très approximative

COVID-19 : un rapport officiel critique la gestion très approximative

 

 

Le rapport qu’avait commandé Macon pour faire un bilan de la gestion gouvernementale revient comme un boomerang puisque le document critique sévèrement la politique sanitaire française et en particulier sa communication. Pour résumer , la France a mal géré la situation si l’on s’en tient notamment au nombre de décès. Le plus grave c’est que les injonctions contradictoires ont fortement hypothéqué le climat de confiance et d’une certaine manière favorisé la venue d’une seconde vague.

D’une façon générale,  le discours officiel est contesté par l’opinion et est même considéré  comme mensonger. Peut-être aussi que les avis très contradictoires et même polémiques de certains experts médicaux ont contribué à brouiller le message gouvernemental officiel. Le  rapport dirigé par le professeur de médecine Didier Pittet, commandé fin juin par Emmanuel Macron, examine certaines données en France, en termes sanitaires et économiques notamment, en les comparant avec d’autres pays.

Ses auteurs ont ainsi mesuré le nombre de jours passés au-dessus du seuil d’un décès lié au COVID-19 par million d’habitants. Il a été dépassé pendant 44 jours en Allemagne, 56 en Suisse, 68 en France, plus de 90 jours au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne et en Suède et plus de 180 jours aux Etats-Unis.

Le rapport note un “déploiement heurté du processus de gestion de crise notamment au niveau interministériel” ainsi que “des difficultés d’articulation” entre les agences régionales de santé et les préfectures.

Il relève la mauvaise communication qui a entamé la confiance des Français dans les autorités médicales, scientifiques et politiques.

“La confiance a été ébranlée au début de la crise par les polémiques sur les masques et, dans une moindre mesure, sur les tests”, écrivent les auteurs. Les discours officiels “sont apparus contradictoires au point d’être perçus par une partie de la population comme mensongers”.

Sont pointés “un manque de pédagogie sur la pertinence des mesures mises en oeuvre, un appel réduit à la responsabilité des citoyens et une communication insuffisamment tournée vers les jeunes”.




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