Primaire gauche : le choix entre un apparatchik et un apparatchik
Pour nombre d’observateurs politiques il n’y a pas grand-chose de commun entre Benoît à mon et Manuel Valls. Il y a pourtant un point commun essentiel : ce sont tous les deux des apparatchiks. C’est-à-dire des oligarques entrés vers 20 ans en politique comme on entre en religion et qui œuvrent depuis une trentaine d’années au sein des structures socialisantes. Pas vraiment des perdreaux de l’année pour opérer le renouvellement qu’ils proposent. Bref, des pros de la politique qui n’ont jamais mis les pieds dans le système productif ou dans une entreprise, ce qui ne les empêche pas de parler à tort et à travers des grandes mutations qui s’y opèrent et de la misère des travailleurs. On pourrait objecter que nombre d’intellectuels n’ont pas non plus mis les pieds dans le monde réel du travail et pourtant ils théorisent sur les restructurations en cours non seulement sur le terrain économique mais aussi social et sociétal. Une différence de taille toutefois Benoît Hamon et Manuel Valls sont loin d’être des intellectuels. Pour deux raisons, d’abord ils sont peu diplômés puisqu’il dispose seulement d’une vague licence d’histoire. Deuxièmement parce que leur tempérament ne les incite pas au travail de réflexion et de théorisation. En fait ils récitent, l’un comme l’autre, le latin de leur paroisse politique sans savoir d’ailleurs de quoi il parle. Hamon, lui, va au plus court ; ne comprenant pas les évolutions structurelles et scientifiques liées au numérique il en déduit que le travail est condamné. Comme il faut bien vivre, on va taxer les robots pour assurer un revenu universel, un raccourci caricatural de paresseux. Manuel Valls, lui, est plus pertinent sur certaines orientations mais reste approximatif. Il a surtout le défaut de confondre démocratie et autoritarisme. De confondre chef de guerre avec responsable de gouvernement. Bref tout le contraire de Rocard auquel il se réfère pourtant. Idéologiquement il est encore plus perdu que Benoît Hamon .témoins, les contradictions entre sa campagne électorale et sa ligne politique comme Premier ministre. Manuel Valls slalome selon les circonstances entre un positionnement socialiste obsolète, une posture sociale démocrate et une attitude totalement libérale. Le slalom politique vaut aussi pour Hamon qui a commencé comme rocardien avant de devenir gauchiste (une évolution qui avait réussi à Mitterrand). Pour les deux apparatchiks, il s’agit surtout de continuer à exister politiquement. Ces professionnels de la politique en vivent depuis une trentaine d’années, on ne peut guère espérer de convictions autres que la conquête du pouvoir pour perpétuer leur situation.