« L’Alzheimer spirituel » menace les cardinaux (le pape François)
D’après le pape François «L’Alzheimer spirituel », « la fossilisation mentale et spirituelle », « le cœur de pierre », « le terrorisme des bavardages », « la schizophrénie existentielle » menacent les cardinaux. Mais aussi « l’exhibitionnisme mondain », « la planification d’expert-comptable », « les cercles fermés », « les têtes d’enterrement »… « La guérison est le fruit de la prise de conscience de la maladie », a plaidé le pape en appelant les cardinaux à laisser « l’Esprit saint » inspirer leurs actions, sans se reposer sur leurs dons intellectuels ou d’organisation. Depuis son élection en mars 2013, François avait déjà souvent tempêté contre des attitudes mondaines, carriéristes voire dissolues, mais jamais en des termes aussi virulents. Il a appelé chacun à ne pas tomber dans les différents pièges que tend le pouvoir clérical. « Facétieux, le pape argentin a évoqué la tentation de « se sentir immortel » et a invité les prélats à se rendre dans les cimetières où reposent « tant de gens qui se considéraient comme indispensables ». La double vie est un des fléaux les plus graves dénoncés : certains « créent leur monde parallèle, dans lequel ils mettent de côté ce qu’ils enseignent avec sévérité aux autres et mènent une vie cachée et souvent dissolue ». Certains prélats « sont totalement prisonniers de leurs passions, leurs caprices et leurs manies », a insisté Jorge Bergoglio. Fustigeant la calomnie, il a fait état du cas d’un prêtre du Vatican « qui appelait les journalistes pour raconter et inventer des choses sur la vie privée de ses confrères » afin d’être « à la une des journaux ». Il a aussi dénoncé implicitement la lutte de pouvoirs qui se poursuit aujourd’hui dans le petit Etat, parfois entre pro et anti-Bergoglio: « Certains sont capables de calomnier, diffamer et discréditer les autres, jusque dans les journaux ». Des cardinaux se sont ainsi querellés par médias interposés autour du synode d’octobre sur la famille, en particulier sur la question des divorcés remariés et des homosexuels. Le « pape de l’autre bout du monde », qui a expliqué qu’il se sentait parfois « anticlérical », a engagé une profonde réforme de la curie, qui devrait se traduire par des fusions de « ministères » et une ouverture aux laïcs, mais pas avant 2016.