Vaccins français : un fiasco dû à la bureaucratie anti-Covid-19
Enjeu diplomatique et économique, la course au vaccin n’est pas sans rappeler la course aux armements d’une autre époque, ou encore celle de l’espace. Et pour le moment, la France est hors jeu, relève la chercheuse de l’INREST Carine Milcent dans une tribune au « Monde ».
La France, l’un des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine) est le seul à ne pas avoir encore mis au point de vaccin contre le Covid-19. Elle apparaît aujourd’hui comme en marge des grandes puissances, développant puis proposant leur(s) vaccin(s) à l’ensemble de la planète.
Le point d’orgue de cet échec médiatisé fut, il y a quelques semaines, lorsque le laboratoire Pasteur annonça jeter l’éponge et abandonner ses recherches sur le vaccin anti-Covid-19. Au-delà du fait qu’il s’agisse d’une entreprise française, le nom même de cette firme évoque un homme emblématique du dynamisme de la recherche médicale française.
Si, pour certains, il s’agit des risques associés à tout processus de recherche, on est en droit de s’interroger sur les facteurs de réussite des autres pays. Comment expliquer les causes de ce qui est lu comme un retard industriel français ?
Fragilité humaine et limites scientifiques
La crise sanitaire a ébranlé l’idée que l’espèce humaine était en passe de contrôler son environnement. Elle a fait ressurgir notre peur des aléas climatiques et environnementaux. Elle nous a amenés à reconsidérer notre fragilité face à la nature. Elle a souligné nos limites scientifiques à anticiper les catastrophes naturelles et à les prévenir.
Chaque jour, depuis plus d’un an, les médias égrènent les cas de contamination et de décès dus à ce virus. Ainsi, l’arrivée sur le marché des vaccins, tant attendue par tous, est devenue une arme de puissance économique et diplomatique sans précédent. La course au vaccin n’est pas sans rappeler la course aux armements d’une autre époque, ou encore celle de l’espace.
La Chine, à travers ses laboratoires pharmaceutiques, développe cinq vaccins dont deux ont obtenu un accord (pour l’un conditionnel) par l’autorité chinoise de régulation des médicaments. Les résultats en termes d’efficacité et de sécurité ne sont pas encore confirmés, tandis que les doses de vaccin sont inoculées, et cela avant même les homologations officielles. Cette décision doit en partie son explication à un arbitrage lié aux risques de diffusion du virus inhérents au Nouvel An chinois (mi-février).
En Russie, le vaccin Spoutnik V, dont le nom évoque le satellite de la course spatiale au temps de la guerre froide, a également été utilisé avant la fin des essais cliniques. L’Inde fait de même avec son vaccin local. Dans la ligne d’une politique de diplomatie sanitaire, le vaccin Sinovac, promu à l’étranger, bénéficie déjà de commandes comme en Asie et en Américaine latine, voire a déjà été acheté et inoculé, comme pour le vaccin russe