Environnement-Arctique et antarctique : Accélération de la fonte des banquises
L’océan Arctique se réchauffe bien plus vite que prévu par les modèles climatiques retenus par les experts des Nations unies, accélérant la fonte de la banquise, avertissent deux études suédoises parues mardi.
Le rôle des eaux profondes circulant sous l’Arctique en provenance de l’Atlantique est sous-évalué par les modèles de l’ONU, concluent-ils. «On est sûrs que ce qui se passe dans l’Arctique en vrai ne se passe pas comme dans les modèles», a affirmé Céline Heuzé à l’AFP. «Les prévisions qui sont partagées par le GIEC sont un petit peu trop optimistes. Ça va être encore pire et plus rapide que prévu».
Le décalage entre ces conclusions et les prévisions est dû au manque d’expéditions et d’observations sur place.
La surface de la banquise a déjà été réduite en moyenne de 9% en hiver et de 48% en été depuis les premières photographies satellites en 1979, quand son épaisseur a diminué de 66%, rappelle l’une des études. Une carence aggravée par le manque d’accès aux données russes, plus encore avec l’annulation des expéditions en Russie depuis l’invasion de l’Ukraine.
Déjà l’année dernière, une étude avait révélé que l’atmosphère de l’Arctique s’était réchauffé quatre fois plus vite qu’ailleurs au cours des quarante dernières années, soit le double par rapport aux modélisations retenues par le GIEC.
Contrairement à l’atmosphère qui ne réchauffe la surface de l’Arctique qu’au printemps et en été, le réchauffement de l’océan provoque une fonte de la banquise toute l’année et notamment en hiver.
La disparition de la banquise accélère le réchauffement du fait d’un phénomène appelé «amplification arctique». Celui-ci se produit lorsque la banquise, qui réfléchit naturellement la chaleur du soleil, fond et redevient de l’eau de mer sombre qui absorbe plus de rayonnements solaires et se réchauffe.
Si la banquise de l’océan arctique (pôle nord) connaît une diminution continue et impressionnante depuis plus de 40 ans de relevés, il est plus difficile de statuer sur la glace de mer présente au pôle sud, en Antarctique. Cependant, les dernières années montrent une réduction record de sa superficie
Dans l’hémisphère sud, les saisons sont opposées, c’est à dire que le printemps débute lorsque l’automne arrive dans l’hémisphère nord. Autrement dit, mi-septembre correspond au maximum d’étendue de glace de mer dans l’hémisphère sud et en février pour le minimum.
De plus, contrairement à l’Arctique, les vents et les courants océaniques spécifiquement liés à l’océan Austral et à l’Antarctique ont une forte influence sur l’étendue de la banquise. En effet, la glace de mer dans l’Arctique est entourée de terres, tandis que la glace de mer dans l’Antarctique n’est entourée que d’océan et peut donc s’étaler plus librement.
Dans certaines régions, la banquise antarctique fond complètement en été. En hiver, le climat froid dans tout l’Antarctique favorise la formation rapide de nouvelle banquise. À son maximum, la couverture de glace de mer dans l’Antarctique est généralement comprise entre 18 et 20 millions de kilomètres carrés. En été, elle diminue à environ 3 millions de kilomètres carrés, affichant une variabilité annuelle beaucoup plus naturelle que la glace dans l’Arctique.
De plus, la banquise antarctique est beaucoup plus mince que son homologue arctique et n’apparaît que de façon saisonnière – ce qui explique pourquoi, pendant très longtemps, son évolution a été considérée comme impossible à prévoir au-delà de quelques jours. Ces dernières années, cependant, la science a découvert plusieurs mécanismes permettant de prédire le développement de la glace de mer à des échelles de temps saisonnières, une information précieuse pour la navigation.