ADP: privatisation reportée annonce Ndiaye
Des propos de bistrot de la part de l’inénarrable porte-parole du gouvernement pour justifier du report de la privatisation d’aéroports de Paris. La cause serait imputable au conditions du marché. La vérité est sans doute tout autre. Tout d’abord de plus en plus des interrogations naissent sur la pertinence de la privatisation d’un équipement aussi stratégique notamment par rapport à la régulation des flux de personnes surtout en période critique.
Le second élément c’est que n’a pas été intégrée la crise structurelle des marchés financiers bien antérieurs à l’apparition du virus chinois. Depuis maintenant bien plus d’une année les indices de la bourse sont montés au ciel en toute irresponsabilité, c’est-à-dire en contradiction aussi bien avec le niveau de l’activité qu’avec le résultat des entreprises.
On assiste donc à une triple correction. La première correction concerne les marchés financiers notamment le marché des actions. Faut-il rappeler que les cours ont enregistré une hausse de 25 % en 2019 alors que la croissance du PIB a tout juste atteint 1,3 %. Sans parler des dividendes particulièrement généreux distribués en France par rapport à ceux des autres pays. Il y aura aussi forcément après le Coronavirus, une remise en cause des processus internationaux de production et de distribution. Une remise en cause qui aura des conséquences aussi sur l’activité du transport aérien dans sa nature, dans son volume et sa distribution géographique.
Dernier élément, l’aberration qui consiste à vendre des actifs très juteux pour faire uniquement de la trésorerie qui sera absorbée dans le trou de plus en plus béant du budget. Bref la même erreur que pour les autoroutes. “En tout état de cause l’instabilité actuelle des marchés montre que les conditions de marché ne sont pas du tout favorables à une quelconque opération de privatisation et en particulier en ce qui concerne ADP”, a-t-elle dit lors du compte rendu du conseil des ministres.
“Actuellement, compte tenu des conditions de marché, nous serions un bien mauvais gestionnaire si nous faisions le choix immédiat de céder des actifs et notre participation dans ADP”, a-t-elle ajouté. L’Etat français détient actuellement 50,6% d’ADP. Le projet de privatisation, qui doit prendre la forme d’une concession limitée à 70 ans, figure au rang des cessions d’actifs publics prévues dans la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) adoptée au printemps.
Les opposants à ce projet, qui souhaitent la tenue d’un référendum d’initiative populaire (Rip) à ce sujet, doivent recueillir d’ici jeudi minuit les signatures d’un dixième des électeurs inscrits, soit 4.717.396 de personnes, pour organiser un vote.
Depuis le lancement de leur pétition et selon le dernier décompte publié par le Conseil constitutionnel le 4 mars, ils sont loin du compte avec quelque 1,12 million de signatures. En Bourse de Paris, l’action ADP cédait 4,11% à 116,60 euros à 15h20. Le titre a perdu plus de 30% de sa valeur par rapport à son niveau du 19 février, avant le début de la chute des marchés mondiaux.
La capitalisation boursière du groupe a ainsi été ramenée à 12,2 milliards d’euros selon les données Reuters-Refinitiv.
Cette chute est à peine moins brutale que celle de son grand concurrent allemand Fraport, qui a vu sa valeur boursière fondre de 37% sur la même période. Quant à l’italien Atlantia, il a perdu 40% en trois semaines. Le secteur du transport aérien est l’un des plus touchés par les retombées de l’épidémie qui a débuté en Chine en décembre et certaines compagnies aériennes ont annoncé des réductions de capacités allant jusqu’à 25% pour la saison estivale.
Cette crise tombe mal pour ADP qui a annoncé le 20 février le rachat de 49,01% du capital du groupe indien GMR Airports, qui exploite entre autres les aéroports internationaux de New Delhi et Hyderabad, une acquisition qui lui coûtera près de 1,4 milliard d’euros.
Son PDG, Augustin de Romanet, a été contaminé par le nouveau coronavirus, a annoncé le groupe lundi, et restera confiné à son domicile pendant 14 jours.