EDF: À 450 000 € par an on ne trouve que des incompétents comme PDG ?
Un curieux papier de la « Tribune » estime qu’il sera pratiquement impossible de trouver un PDG compétent pour EDF avec une limitation du salaire à 450 000 € par an. Ou quand le fric devient la seule motivation des serviteurs de l’entreprise publique. Un bel aveu d’évolution des valeurs pour un journal économique qualifié de gauche ! Une sorte de plaidoyer pour justifier des salaires de plus en plus démentiels de très grands patrons qui en plus de leur folle rémunération se gavent d’actions de leur entreprise dans des conditions fort discutables Ou alors l’aveu de l’insignifiance de la formation de nos plus grandes écoles incapables de fournir les managers et techniciens face aux enjeux actuels. Il paraît pour le moins incompréhensible que parmi les milliers et les milliers de dirigeants potentiels français on ne puisse pas trouver un futur PDG animé seulement par le désir de servir les intérêts du pays et disposant des compétences techniques et les qualités de gestionnaire nécessaire. NDLR
le papier de la Tribune
Alors que l’Etat recherche un nouveau PDG pour EDF, la question d’un déplafonnement de la rémunération du poste est aujourd’hui posée. Fixée à 450.000 euros par an comme pour toutes les entreprises publiques, cette rémunération, largement en dessous des niveaux observés dans les entreprises privées, peut constituer un obstacle de taille au recrutement du futur patron de l’énergéticien. D’autant plus que la tâche qui attend ce dernier est colossale.
Le futur patron d’EDF aura en effet pour mission de reprendre en main la production d’électricité à court terme et de réussir à plus long terme la relance de l’atome tricolore, qui passe par la construction d’ici à 20 ans de 6 nouveaux EPR. Autrement dit, mener à bien le plus gros programme nucléaire civil jamais observé dans le monde occidental depuis 40 ans. Certes, œuvrer pour l’indépendance énergétique de la France est assurément un défi excitant à relever, mais pas sûr que le sens de l’Etat soit un argument suffisant pour convaincre les plus indécis. « On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre », confie un connaisseur du dossier.
Tout le monde n’est pas Jean-Bernard Lévy, le patron actuel d’EDF, qui avait accepté, lors de sa nomination en 2014, de réduire de moitié la rémunération qu’il percevait chez Thales. Cette question du niveau de la rémunération est cruciale pour l’avenir des entreprises publiques. Même si Air France-KLM est un groupe privé, l’exemple de la rémunération du directeur général actuel, Ben Smith, en témoigne. En 2018, quand l’Etat, actionnaire à 14,6% à l’époque, a cherché un successeur à Jean-Marc Janaillac, il a dû accepter que le groupe quadruple la rémunération du nouveau dirigeant canadien, à 4 millions d’euros. Et encore, à ce prix, Air France-KLM n’a pu recruter que le numéro 2 d’Air Canada, une entreprise de taille inférieure à celle de KLM. Les numéros 1 des entreprises comparables, comme Lufthansa ou IAG, étaient payés beaucoup plus cher.