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Plan de soutien à l’industrie américaine: La réplique de l’Union européenne pas à la hauteur

Plan de soutien à l’industrie américaine: La réplique de l’Union européenne pas à la hauteur

Pour faire face à l’inflation et surtout protéger son industrie, les États-Unis ont décidé d’un plan à 400 milliards ( IRA) qui va évidemment fausser la concurrence en particulier avec l’Europe. Pour l’instant les Européens mégotent pour répliquer par un plan à la hauteur du différentiel de concurrence. Le risque évidemment et que l’Union européenne prennent un retard considérable sur les industries américaines et chinoises.

Mais Commission européenne réplique très mollement face au plan américain en raison des divergences au sein de l’union . Les oppositions tournent surtout autour de la question des subventions en Europe.

« Comme d’habitude, l’Europe est divisée et les logiques nationales prévalent. Les pays du Nord refusent tout protectionnisme pour garder des marchés ouverts à l’export. La France, partisane d’un protectionnisme intelligent et de subventions équivalentes à l’IRA, se retrouve isolée », observe Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du cabinet d’audit BDO France.

On repousse aussi la décision d’un emprunt commun auxquels les pays du Nord sont opposés .

A défaut, la Commission européenne compte mobiliser les fonds européens déjà disponibles dans le cadre du plan de relance et de la transition énergétique dont RepowerEU dont les 250 milliards d’euros pourraient être réaffectés au financement de projets industriels zéro-émissions.

Les sommes évoquées s’approchent des ordres de grandeur de l’IRA ou des 350 milliards d’euros que le commissaire au marché intérieur Thierry Breton croit nécessaire pour une riposte efficace.

« Pour construire un écosystème industriel sur les secteurs d’avenir, les Américains s’assurent surtout que l’argent est fléché vers le made in USA, aussi bien sous forme de subventions à la production qu’à l’achat », décrypte-t-elle. Anne-Sophie Alsif déplore que les aides européennes à la transition écologique ne soient conditionnées à rien, au risque « de financer des panneaux solaires et des voitures électriques fabriquées en Chine » mais surtout les lenteurs coupables de l’UE.

Le retour de l’hyperpuissance américaine

Le retour de l’hyperpuissance américaine

Le Dollar se fait rare, car le monde entier en veut et en manque. Cette problématique – récurrente depuis les années 1960 – de raréfaction de la monnaie américaine constitue un incroyable casse-tête pour les pays endettés en cette devise dès lors que celle-ci est amenée à s’apprécier, car leurs endettements et leurs intérêts débiteurs renchérissent selon la même proportion. Par Michel Santi, économiste (*) dans la Tribune

Nous revivons ce type de quadrature du cercle depuis quelques mois, car le dollar atteint désormais des paliers de hausse historiques contre une multitude de devises et non des moindres comme le Yen japonais, la Livre Sterling et bien sûr vis-à-vis contre quasiment toutes les monnaies des pays émergents. L’Histoire est cependant à même d’aider notre compréhension de ces mécanismes qui embrassent, dans une même étreinte étouffante, les taux d’intérêt, la dette publique, les crédits aux privés, le tout par la courroie de transmission du dollar.
À cet égard, l’abrogation du système mis en place en 1944 à Bretton Woods eut pour conséquence (intentionnelle ou pas de la part des autorités américaines de l’époque ?) que ce soient, en réalité, les non-américains qui financent le train de vie des citoyens américains ! L’abandon de Bretton Woods ouvrit ainsi la voie à une asymétrie aberrante de la finance universelle s’exprimant en un principe simple mais cruel : il en coûte à peine quelques cents à l’administration américaine d’imprimer un billet de 100 dollars quand tous les autres pays – sans exception – doivent mériter ces mêmes 100 dollars, les gagner soit par leur travail, soit par leurs exportations, etc. (formule de Barry Eichengreen).

Du point de vue de la chronologie, c’est la clairvoyance de Charles De Gaulle qui devait accélérer la fin de Bretton Woods lorsqu’il décida, en 1965, d’échanger tous les dollars en réserve en France contre de l’or au cours officiel de 35 dollars l’once. Ce coup d’éclat sonna en effet le glas de Bretton Woods, car le Président français craignait (à juste titre) ne plus être en mesure dans un avenir proche d’échanger ses billets verts contre l’or. Et pour cause, car les réserves américaines dans ce métal précieux se montaient à environ 13,3 milliards alors que les banques centrales étrangères détenaient…14 milliards de dollars en réserves !

La volte-face américaine fut toutefois spectaculaire et unilatérale puisque – à l’issue d’un séjour historique à Camp David dans le plus grand secret autour de ses collaborateurs principaux – Nixon annonça le 15 août 1971 la rupture de ces accords internationaux vieux de 25 ans qui consistaient en une conversion automatique d’une once d’or contre le prix fixe 35 dollars. Ce pilier de Bretton Woods unanimement adopté à l’époque en fin de Seconde Guerre mondiale fut balayé par les Etats-Unis qui donnèrent ainsi au système monétaire mondial une orientation révolutionnaire aux conséquences tout aussi lourdes qu’impossibles de prévoir : à savoir l’imposition des taux de change flottants.

L’Histoire permet, une fois de plus, de comprendre cette décision qui fut certes de portée universelle, mais qui fut en fait motivée par de considérations intérieures américaines, car le pays souffrait d’une forte inflation, d’un déséquilibre naissant de sa balance commerciale et d’un gel des prix et des salaires. Incapables d’honorer leurs engagements de payer 35 dollars toute once d’or qui leur était présentée, les Etats-Unis tuèrent donc ce régime et purent ainsi continuer à dépenser, à s’endetter, bref à croître, de manière illimitée car l’épée de Damoclès de la convertibilité automatique avait disparu. L’appétit de consommation américain put dès lors s’exprimer dans toute sa splendeur et fut même la locomotive de la production et de la prospérité mondiales. Dès lors, les déficits tant commerciaux que de la balance des paiements des Etats-Unis ne comptaient plus, ce dans un contexte où les actifs financiers US devinrent le refuge ultime ainsi que les grands pourvoyeurs de liquidités mondiales. Les fluctuations de la monnaie américaine sur les marchés des Changes ne furent donc plus conditionnées par leur situation économique intérieure, mais par la boulimie de toutes les autres nations en direction des actifs américains et des rendements que ceux-ci offraient.
Ce «choc de Nixon», comme il fut qualifié en 1971, permit donc d’asseoir la toute-puissance américaine grâce à ce formidable levier qu’est leur dollar, dont la flambée ces mois derniers pose des problèmes quasi-existentiels à nombre de pays dont la dette publique en est libellée. Qu’à cela ne tienne : les Etats-Unis et leur monnaie sont aujourd’hui et plus que jamais une destination refuge, même si cette confiance encore et toujours accordée à ce pays si dynamique et entreprenant est souvent chèrement payée.
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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d’Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l’auteur d’un nouvel ouvrage : « Le testament d’un économiste désabusé ».

Taux d’intérêt : La politique monétaire américaine en avance

Taux d’intérêt : La politique monétaire américaine en avance

. Par Vincent Manuel, Chief Investment Officer, Indosuez Wealth Management (la Tribune)

 

 

Le dollar toujours aussi solide. Celui-ci a atteint de nouveaux sommets en août, la Fed ayant balayé les espoirs du marché en confirmant le maintien de sa politique monétaire ultra-agressive.

Propulsé par la remontée des taux d’intérêt, le dollar a également été soutenu par l’environnement d’aversion au risque accompagnant cette hausse des taux, les investisseurs recherchant la sécurité de la monnaie de réserve mondiale – qui se trouve être la devise des marchés développés offrant le meilleur rendement. Nous restons positifs sur le dollar face aux incertitudes des troisième et quatrième trimestres, tout en observant que les gains des rallyes successifs sont de plus en plus faibles.

En Chine, le scénario de ralentissement potentiel de la croissance a été jugé prioritaire par rapport à la lutte contre l’inflation des prix à la consommation, contenue à ce stade. La Banque centrale a donc continué d’assouplir les taux d’emprunt à court terme et les taux hypothécaires, afin d’amortir le ralentissement en cours et de soutenir le secteur immobilier. Ce soutien monétaire contraste avec la situation de la quasi-totalité des autres banques centrales, qui s’efforcent de regagner la crédibilité perdue en luttant contre une inflation galopante.

La PBoC complète ses efforts de relance en laissant filer le yuan par rapport aux devises de ses principaux partenaires commer-ciaux, qui reculent également vis-à-vis du dollar. Nous ne pouvons donc exclure une nouvelle baisse du yuan vers 7,00 et au-delà, tandis que le FOMC continue de durcir sa politique monétaire et que les écarts de taux d’intérêt se creusent. Les poli- tiques de relance mises en œuvre devraient toutefois limiter les sorties de devises.

Le dollar australien (qui bénéficie de la notation AAA) peine à résister à l’envolée du billet vert. En situation de plein emploi, le marché du travail reste extrêmement robuste, tandis que l’IPC dépasse largement le seuil de tolérance de la Banque centrale d’Australie (RBA).

La RBA a procédé à des hausses de taux rapides et devrait poursuivre dans cette voie. Ce « retour » au statut de devise à haut rendement est associé à un excédent commercial record. Les exportations nettes de blé, de charbon, de minerai de fer et même de gaz naturel liquide continueront à soutenir la balance courante, freinant tout recul du dollar australien.

La devise australienne possède cependant deux points faibles : les sanctions de son principal partenaire commercial – la Chine – et le secteur immobilier, fortement endetté et vulnérable à de nouvelles hausses des taux domestiques. Nous restons globalement positifs et profiterons de tout recul par rapport aux grandes devises internationales .

Malgré la reprise de l’inflation au Japon, le marché doute de la capacité de la Banque du Japon (BoJ) à modifier sa politique dans un avenir proche, ce qui se comprend aisément au vu des expériences passées. Les précédentes tentatives de relance de l’inflation ont été si timides que les autorités monétaires attendront de voir une inflation bien ancrée avant d’envisager de mettre fin à leur politique ultra-accommodante.

Les investisseurs devront surveiller de près l’attitude de la BoJ et du gouvernement japonais pour déceler les signes avant-coureurs de ce revirement, mais avec une inflation nettement inférieure à celle des autres marchés développés, ceux-ci ne seront pas visibles avant quelques mois.

En raison de la vigueur du dollar, l’argent est repassé sous la barre des 20 dollars/once. Le cours de l’argent a accompagné la baisse générale des métaux précieux, les prix de l’or, du platine et du palladium ayant également chuté en août.

La vigueur du dollar repose sur la politique monétaire de la Fed, de plus en plus ferme dans sa lutte contre l’inflation, alors que les marchés envisagent désormais des taux d’intérêt proches de 4% aux États-Unis à la fin de 2022. Les coûts d’emprunts de l’argent ont également augmenté, ce qui permet aux détenteurs du métal de générer jusqu’à 2% par an sur leurs avoirs. Cela pourrait signifier que le marché anticipe une poursuite de la baisse, même si les besoins demeurent importants à court terme, car les participants préfèrent emprunter le métal à un coût élevé plutôt que de procéder directement à des achats.

Un cloud souverain : Pour se libérer enfin de la domination américaine ?

Un cloud  souverain : Pour se libérer enfin de la domination américaine ?

Présents à Strasbourg à l’occasion de l’inauguration du nouveau datacenter d’OVHCloud, Thierry Breton, Bruno Le Maire et Jean-Noël Barrot ont annoncé une série de mesures de soutien à l’écosystème français du cloud, et désavoué les Gafam américains. (papier de la Tribune)

Exactement le contraire de la stratégie numérique qui avait été décidé jusqu’à la fière aux Gafam  le soin de gérer les données européennes ! NDLR

 

Changer de braquet sans avoir l’air de se renier : tel est l’exercice d’équilibriste hautement périlleux -pour ne pas dire impossible- auquel s’attèle le gouvernement dans le dossier très sensible de la stratégie cloud de l’Etat. Lundi 12 septembre, un trio de choc composé du commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, et du ministre délégué au Numérique et aux Télécommunications, Jean-Noël Barrot, s’est invité à l’inauguration du datacenter flambant neuf -sans mauvais jeu de mots- d’OVHCloud à Strasbourg. Ce même datacenter qui avait brûlé en février 2021, cramant avec lui une partie de la crédibilité médiatique de l’écosystème français du cloud. Quelques mois plus tard, en mai 2021, l’Etat annonçait sa doctrine cloud et sa stratégie Cloud de confiance, dans laquelle les acteurs américains dominants du marché, notamment Microsoft et Google, avaient pignon sur rue. Depuis, la fracture était profonde entre la macronie et les champions tricolores du cloud.

 

Dix-huit mois plus tard, changement drastique d’ambiance sous le ciel bleu de Strasbourg. Unie derrière OVHCloud, l’ensemble de la filière française tient enfin sa revanche. Devant un parterre d’élus (le député Philippe Latombe, la sénatrice Catherine Morin-Dessailly, le président de la Région Grand Est Jean Rottner…), d’entreprises du secteur (Jamespot, Wallix, Clever Cloud…) et de personnalités (le directeur de l’Anssi Guillaume Poupard, celui de la Direction générale des entreprises Thomas Courbe…), Bruno Le Maire, Thierry Breton et Jean-Noël Barrot ont affiché un soutien clair, massif et sans ambiguïté à la filière française du cloud. Une première. L’objectif : les mettre enfin au cœur de la stratégie nationale, et leur lever un certain nombre de freins.

Au-delà de son potentiel économique -le chiffre d’affaires du secteur est estimé à plus de 560 milliards d’euros en Europe en 2030 d’après une étude de KPMG-, impossible de rêver de souveraineté numérique et d’indépendance technologique sans maîtriser les clouds, à la fois au niveau des infrastructures et des logiciels, par lesquels passent toutes nos données.

Alors que l’Etat encourageait jusqu’à récemment le marché à souscrire aux offres Cloud de confiance avec les Gafam -qui n’arriveront pas avant 2024 et ne sont pas encore labellisées SecNumCloud par l’Anssi-, il pousse désormais les acteurs français à obtenir cette certification de sécurité, qui leur paraissait auparavant inaccessible en raison du coût nécessaire pour l’obtenir. Pour lever ce frein, Bruno Le Maire a annoncé que l’Anssi va mettre en œuvre un dispositif d’accompagnement à la qualification de 2,5 millions d’euros, dédié aux startups et aux PME « qui proposent des services de plateformes ou de logiciels pouvant contribuer à la modernisation et à la résilience des entreprises et des administrations ». L’objectif officieux : créer d’autres offres Cloud de confiance que celles actuellement dans les tuyaux avec les Gafam, donc corriger le choix politique effectué en 2021.

Autre annonce : la « clarification » de la doctrine cloud de l’Etat, qui passe par une définition plus fine de la notion de données sensibles qui doivent impérativement être traitées dans un cloud souverain. « Une circulaire sera publiée dans les semaines qui viennent pour clarifier le niveau de protection des données et garantir leur protection face à l’extraterritorialité américaine », a précisé Bruno Le Maire.

Les deux ministres ont aussi annoncé la création d’un Comité stratégique de filière (CSF) provisoirement intitulé « numérique de confiance »Cette « enceinte commune d’échanges avec l’Etat », qui sera présidée par le directeur général d’OVHCloud Michel Paulin, devra « encourager la coopération et participer à l’émergence d’une offre française compétitive dans les prochaines années », dixit Bercy. Autrement dit, unifier les acteurs français aujourd’hui éparpillés, pour qu’ils créent ensemble des offres communes aptes à rivaliser en nombre de services proposés avec celles des Gafam. Au nom de la souveraineté numérique, ce comité stratégique sera exclu aux Gafam. « Seuls les acteurs français du cloud pourront y être », nous confirme la Direction générale des entreprises (DGE). Orange, Capgemini et Thales, qui sont aussi des distributeurs et revendeurs de technologies, pourront y participer. De son côté, Michel Paulin devra rendre des comptes au gouvernement tous les six mois sur la composition, la gouvernance et les objectifs de ce nouveau CSF, en veillant à la bonne articulation avec les CSF existants (Industries de sécurité et Industrie du futur notamment).

Enfin, le gouvernement compte sur les réglementations en cours à Bruxelles pour « rééquilibrer le marché du cloud ». Il compte notamment sur le schéma européen de cybersécurité pour le cloud, sur le Data Act qui va règlementer les données industrielles, ou encore sur le Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC) Cloud, un projet européen d’envergure de 5 milliards d’euros, impliquant plus de 180 entreprises pour que le cloud de demain soit inventé en Europe.

Si le gouvernement présente ces annonces comme la « réaffirmation » de la stratégie nationale pour le cloud, et revendique donc une forme de cohérence depuis l’annonce de la stratégie cloud en mai 2021, en réalité il n’en est rien.

L’inflexion stratégique annoncée par Bruno Le Maire et Jean-Noël Barrot est majeure et spectaculaire. En mai 2021, Bruno Le Maire et le secrétaire d’Etat au Numérique de l’époque, Cédric O, n’avaient pas un mot pour la filière française du cloud, sinon pour la dénigrer. Cédric O affirmait même que les Gafam proposent « les meilleurs services cloud » et assumait le discours selon lequel les Français ne sont « pas au niveau » et « ne proposent pas toutes les briques cloud indispensables à la transformation numérique des entreprises et de l’Etat ».

Dix-huit mois plus tard, son successeur, Jean-Noël Barrot, dit exactement l’inverse. « Les acteurs français du cloud et de la donnée maîtrisent toutes les briques technologiques essentielles pour proposer des solutions souveraines pour tous les acteurs stratégiques », affirme-t-il.  Le nouveau ministre du Numérique appelle même l’Etat à « s’appuyer sur eux » pour « gagner la bataille de la souveraineté numérique » face à des champions américains -Amazon, Microsoft, Google- dont il dresse un portrait peu flatteur. Selon lui, la force des Américains a été de proposer des « solutions globales », répondant à tous les besoins des clients sur une seule et même plateforme, ce qui leur a permis d’obtenir une « domination économique qui entraîne une dépendance technologique », avec son lot de « risques extraterritoriaux sur la sécurité de nos données ».

De son côté, le même Bruno Le Maire qui affirmait que les offres américaines peuvent être souveraines si elles sont vendues par des coentreprises de droit français (Bleu pour Microsoft avec Orange et CapgeminiS3ns pour Google avec Thales), dit aujourd’hui : « Je suis opposé au principe d’extraterritorialité américaine. Je ne vois pas au nom de quoi ils pourraient se saisir de données essentielles pour notre souveraineté et notre  indépendance. Personne, même nos alliés, ne peut avoir de droit de saisir nos données ». Pourtant, de plus en plus d’experts juridiques alertent sur le fait que les offres Cloud de confiance avec les Gafam seront soumises à la loi extraterritoriale FISA et que les Américains peuvent aussi estimer qu’elles tombent sous le coup du Cloud Act, nécessitant de créer une véritable barrière juridique à la fois coûteuse et incertaine que le label SecNumCloud est censé valider.

Il y a un an, les Gafam américains étaient présentés comme des « partenaires » indispensables, mais aujourd’hui ils n’ont été mentionnés que comme des prédateurs de données, bras armés d’un Etat, les Etats-Unis, qui s’arroge, grâce à ses lois extraterritoriales -Cloud Act et loi FISA-, l’accès à nos données stratégiques. Signe frappant du revirement gouvernemental, pas une seule fois les deux ministres n’ont ne serait-ce que nommé la stratégie Cloud de confiance dans leur discours. Celle-ci est également absente du communiqué de presse du gouvernement, comme si elle n’avait jamais existé. Bruno Le Maire et Jean-Noël Barrot n’ont pas non plus cité une seule fois le nom des acteurs français -Orange, Capgemini, Thales- au cœur de la stratégie présentée l’an dernier, ni celui de son artisan, Cédric O.

Ils semblent aussi avoir oublié qu’Emmanuel Macron lui-même disait, lors de la présentation de France 2030 : « Aurons-nous un cloud totalement souverain à 5 ans ? Je crois que ce n’est pas vrai de se le dire, parce qu’on a pris beaucoup de retard ». Mais le gouvernement aujourd’hui estime qu’il est possible de créer rapidement des solutions souveraines françaises.

Chose impensable il y a un an : Thierry Breton, Bruno Le Maire et Jean-Noël Barrot ont été chaleureusement applaudis par l’écosystème français du cloud réuni à Strasbourg.

« Cela arrive avec trois ans de retard mais c’est un véritable réajustement stratégique qui est extrêmement positif », estime le député (Modem), Philippe Latombe, tout en relativisant : « il manque toujours des engagements sur la commande publique, qui est un levier essentiel pour développer des champions français du cloud ». Et de conclure, un peu rapidement : « la stratégie Cloud de confiance est discrètement enterrée ».

De leur côté, les entrepreneurs du cloud sont ravis sur la forme et attendent de voir venir sur le fond. « Jean-Noël Barrot a pris le temps de nous recevoir, de nous écouter et de comprendre que la stratégie de 2021 allait droit dans le mur. Juste ça, ça change et c’est énorme. Rectifier le tir demande du courage politique, le gouvernement doit assumer de bifurquer mais il ne peut pas se renier, ce n’est pas une position facile, il vaut mieux avancer et oublier les divergences du passé », ajoute Alain Garnier, le président de l’entreprise Jamespot (logiciels collaboratifs).

Si tout indique que désormais le gouvernement va aider à construire des offres vraiment souveraines plutôt que de pousser le marché dans les bras des Gafam, reste désormais à voir comment Bruno Le Maire et Jean-Noël Barrot gèreront l’inévitable riposte de Bleu, de S3ns, et des Gafam, qui, sans être publiquement désavoués, ont tout de même reçu une sacrée claque à Strasbourg.

Vers la fin de la toute puissance américaine

Vers  la fin de la toute puissance américaine

Les États-Unis se présentent encore comme la première puissance mondiale… La réalité est désormais toute autre : depuis plusieurs années, le pays subit un déclin relatif – lent mais inévitable. Par Manlio Graziano, Sciences Po dans the conversation 

 

Depuis des décennies, les États-Unis connaissent un déclin relatif, politique, intellectuel et économique, avec la perspective d’être un jour dépassés par une puissance rivale. Leur principal problème, cependant, n’est pas ce déclin relatif en lui-même, qui est un phénomène naturel, mais bien l’incapacité à le reconnaître, que ce soit par orgueil, par calcul électoral ou par simple ignorance.

En 1986, dans son ouvrage magistral The Rise and Fall of the Great Powers, Paul Kennedy expliquait que les grandes puissances émergent et tombent précisément à cause de leur croissance inégale : c’est donc la relation entre leurs différents taux de croissance qui, « à long terme », est déterminante.

À l’exception de quelques brèves périodes de récession, les États-Unis n’ont jamais cessé de croître. Depuis les années 1950 cependant, leur croissance est plus lente que celle de la plupart des autres pays du monde : ils connaissent donc un déclin relatif.

Entre 1960 et 2020, leur PIB réel (c’est-à-dire en dollars constants) a été multiplié par cinq et demi, mais, au cours de la même période, le PIB du reste du monde a été multiplié par huit et demi : ainsi, alors que l’économie américaine a continué à croître en termes absolus, celles de ses rivales ont progressé plus rapidement. De plus, si on la compare à son principal rival, la Chine, l’écart de croissance est abyssal : alors que l’économie américaine connaissait une croissance multipliée de cinq fois et demi, celle de la Chine était multipliée par 92 fois. En d’autres termes, en 1960, l’économie américaine équivalait à celle de 22 fois la Chine or, en 2020, elle ne « pèsera » que 1,3 fois la Chine.

Ce déclin relatif du poids économique et productif des États-Unis se traduit finalement par un rétrécissement des marges d’action politique, en raison du phénomène dit d’« overstretching », qui est à l’origine de la chute de certains grands empires (de l’Empire romain à l’Empire russe). La surextension (overstretching) a lieu quand les ressources à disposition ne permettent plus de tenir les engagements pris lorsque les ressources étaient supérieures.

En d’autres termes, les intérêts et obligations mondiales que les États-Unis pouvaient se permettre de défendre avec un PIB de près de 3,46 trillions de dollars en 1960, ne pouvaient pas tous être défendus simultanément en 1986 avec un PIB de 8,6 trillions de dollars, et encore moins aujourd’hui, malgré un PIB approchant les 22,9 trillions de dollars en 2021. Ce paradoxe n’est qu’apparent : alors que le PIB américain en 1960 représentait presque la moitié (46,7 %) du PIB du reste du monde, en 2020, il était devenu moins d’un tiers (30,8 %).

L’analyse prémonitoire de Paul Kennedy a malheureusement souffert d’un mauvais calendrier. Trois ans après la sortie de son livre, les régimes prorusses en Europe se sont effondrés. Quatre ans plus tard, la première des « décennies perdues » du Japon et cinq ans plus tard, la guerre du Golfe (pour laquelle Washington a réuni l’une des plus grandes coalitions militaires de l’histoire) a éclaté. À la fin de cette même année 1991, l’Union soviétique, a implosé.

La deuxième puissance économique mondiale (le Japon) connaissant un fort ralentissement, et avec la disparition de l’Union soviétique, le déclin relatif du PIB américain a bénéficié d’un (léger et bref) renversement de tendance.

En conséquence, le livre de Paul Kennedy fut oublié.

Commença alors une période où les États-Unis étaient persuadés d’être la « seule superpuissance » dans un monde unipolaire, croyant pouvoir remodeler le monde à leur image alors qu’ils n’en avaient plus la force et que de nouveaux concurrents commençaient à montrer leurs muscles. Le déclin relatif des États-Unis ne dépendait pas uniquement du Japon, et certainement pas de l’URSS, mais de la tendance inéluctable à un développement inégal. Ainsi, alors que Kennedy montrait la lune, le monde se contentait de regarder son doigt.

Certains dirigeants américains, comme George Bush et Bill Clinton, ont profité de l’accident pour s’attaquer à la substance : la guerre du Golfe fut le premier épisode, l’intervention en Bosnie fut le suivant et l’élargissement de l’OTAN à l’est en fut un autre, pour ne mentionner qu’eux.

Il faut également mentionner ici la réouverture progressive à la Chine après la crise de Tian’anmen – aujourd’hui critiquée par tout le monde en Amérique, mais largement célébrée à l’époque, ne serait-ce que pour éviter de laisser la Chine s’ouvrir aux seuls investisseurs Européens et Japonais.

L’élargissement de l’OTAN dans les années 1990 a de nouveau été propulsé au centre du débat international à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine. Pour les Russes et leurs alliés, cet élargissement est le « péché originel » dont tout a découlé, faisant porter, disent-ils, l’entière responsabilité de « l’opération militaire spéciale » de Vladimir Poutine sur les épaules de Washington.

Comme dans toutes les idéologies, il y a, dans la version russe, une pincée de vérité (qui les rend plausibles). Il s’agit là de la décision unilatérale de Washington de se positionner, par le biais de l’OTAN, dans les nations d’Europe centrale et orientale nouvellement libérées du joug russe.

Afin de remettre les choses dans leur contexte, nous devons rappeler l’expansion de l’Union européenne dans ces mêmes territoires. L’expansion de l’OTAN a toujours précédé celle de l’UE. Aux yeux des Américains, les États tampons entre la Russie et le cœur de l’Europe, qui étaient au centre des préoccupations américaines après les deux guerres mondiales et qui sont à nouveau d’une actualité brûlante, ne peuvent être laissés au contrôle exclusif de l’Union européenne car sinon ils cesseraient d’être un tampon.

Si les États-Unis ont un objectif stratégique incontestable, c’est précisément d’empêcher l’Europe (ou, pour être réaliste, l’Allemagne et/ou tout groupe de pays centrés sur l’Allemagne) d’établir une quelconque coopération avec la Russie.

Depuis qu’ils ont remplacé le Royaume-Uni en tant que puissance hégémonique mondiale, les Américains ont hérité de l’une de ses théories les plus célèbres : la théorie du « heartland » formulée par Sir Halford Mackinder, selon laquelle si l’Europe de l’Est (donc l’Allemagne) prend le contrôle du « heartland » (donc la Russie), elle dominera l’Eurasie, et donc le monde.

La thèse de Mackinder a été reprise pendant la Seconde Guerre mondiale par Nicholas Spykman, un politologue de Yale d’origine néerlandaise, qui l’a transformée en théorie du « rimland », c’est-à-dire d’un « anneau » de pays qui pourrait entourer le « heartland ».

Dans la formulation de Spykman, le contrôle de cet anneau devient crucial pour le contrôle du monde. Cette thèse a été traduite plus tard dans la politique d’endiguement formulée par George Kennan.

Après la guerre, la préoccupation concernant une éventuelle union continentale eurasienne capable de défier, et finalement de renverser, leur hégémonie mondiale était donc passée des Britanniques aux Américains. Comme Henry Kissinger l’a ouvertement confirmé :

« Dans la première moitié du XXe siècle, les États-Unis ont mené deux guerres pour empêcher la domination de l’Europe par un adversaire potentiel… Dans la seconde moitié du XXe siècle (en fait, à partir de 1941), les États-Unis ont ensuite mené trois guerres pour revendiquer le même principe en Asie – contre le Japon, en Corée et au Vietnam ».

Adieu les notions de « mission civilisatrice » de « défense de la liberté », « d’arsenal de la démocratie », ou de guerre contre le militarisme, le fascisme ou le communisme…

Lorsqu’en 2011, Vladimir Poutine a lancé sa proposition d’Union eurasienne (l’une des nombreuses tentatives de recomposition de l’empire russe), destinée à devenir une « composante essentielle de la Grande Europe… de Lisbonne à Vladivostok », la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, a réagi promptement et franchement :

« Il y a un mouvement de résoviétisation de la région. On ne va pas l’appeler comme ça. Cela va s’appeler une union douanière, cela va s’appeler Union eurasienne et tout ça… Mais ne nous y trompons pas. Nous savons quel est l’objectif, et nous essayons de trouver des moyens efficaces de le ralentir ou de l’empêcher. »

Si le risque, redouté par Mackinder, Spykman, Kennan, Kissinger, et Clinton, est celui d’une possible union des forces entre une grande puissance industrielle et le « cœur » russe, il est évident que la menace pour les États-Unis vient aujourd’hui davantage de la Chine que de l’Europe ou du Japon.

Ainsi, la tentative de creuser un fossé entre la Chine et la Russie est sans aucun doute l’une des priorités stratégiques des États-Unis, sinon LA priorité stratégique.

Avec la guerre qui a commencé le 24 février, la Russie a rendu deux grands services aux États-Unis : elle a réunifié, élargi et réarmé l’OTAN, supprimant la possibilité d’un accord avec l’Europe ou même avec seulement quelques pays européens et elle a renforcé la méfiance de Pékin envers Moscou.

Les Américains en profitent, mais une stratégie ne peut être construite sur les bévues d’un adversaire. Le fait qu’il existe une stratégie imposée par les circonstances (éviter « la deuxième place pour les États-Unis d’Amérique », selon les mots d’Obama) ne signifie pas pour autant qu’il y ait une stratégie consciente et clairement définie.

« Il n’y a pas de vent favorable pour le marin qui ne sait pas où aller », disait sagement Sénèque, et les États-Unis ressemblent à ce marin : leur déclin relatif n’a pas encore été identifié comme tel, et sa fracture politique interne signifie que toute hypothèse stratégique possible risque d’être modifiée – voire renversée – tous les quatre ans.

En outre, une grande partie de la classe politique du pays se nourrit encore de la fable racontée par Karl Rove, conseiller de G.W. Bush, il y a près de vingt ans :

« Lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité » et pendant que les spécialistes se démènent pour étudier ou déchiffrer cette réalité, « nous agirons à nouveau (au gré du contexte NDLR), créant d’autres nouvelles réalités. »

Aujourd’hui, les quelques milliers de « Rove » présents dans la classe politique américaine rendent à leur pays le même service que les conseillers de Poutine rendent au leur : avec leurs bonnes intentions et leur ignorance des contraintes géopolitiques, ils pavent la voie vers ce qui pourrait très vite devenir un enfer.

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Par Manlio Graziano, Assistant professor, geopolitics and geopolitics of religions, Sciences Po

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

« The voice »: Ras-le-bol des chansons américainess (Souchon)

The voice: Ras-le-bol des chansons américaines (Souchon)

 

Souchon a donné nettement son sentiment à propos de l’émission The Voice et des chansons américaines : ras le bol des musiques américaines quand la France compte tellement de talents. Lors d’une interview donnée sur RTL, le chanteur de 77 ans a partagé ses réserves sur le concept du télécrochet de TF1.

 

L’acolyte de Laurent Voulzy a étayé sa théorie : . Ce qui est intéressant dans la chanson française, c’est Alain Bashung, c’est Véronique Samson. Qu’on trouve des gens qui chantent des chansons américaines de manière puissante, on s’en fout!», a-t-il tancé. «Ces émissions-là, je m’en fiche», a ajouté l’auteur-compositeur de 77 ans, précisant qu’il n’avait jamais été approché par la production pour faire partie du jury.

Alain Souchon préfèrerait regarder un concours où les artistes interprètent leurs propres compositions. Exactement le concept qu’avait imaginé Nagui dans «The Artist» il y a quelques mois sur France 2 mais qui n’a pas rencontré le succès escompté en termes d’audience. «Ça, c’est intéressant, les chansons françaises écrites en français avec le soin qu’apportait Claude Nougaro ou Serge Gainsbourg à être très originaux dans les textes», a-t-il conclu.

La banque centrale américaine sous la pression de l’opinion publique

La banque centrale américaine sous la pression de l’opinion publique 

L’économiste Raghuram Rajan dénonce, dans sa chronique au « Monde « , la politique d’aide indiscriminée menée aux Etats-Unis aux dépens des finances publiques.

 

 

. L’opinion publique américaine reconnaît en majorité que la pandémie a rendu nécessaires des dépenses de soutien ciblées (par exemple la prolongation de la durée des allocations-chômage) pour protéger les ménages les plus durement touchés. Or, le Congrès a adopté des projets de loi de plusieurs milliers de milliards de dollars proposant une aide indiscriminée, donc tout sauf ciblée.

Ainsi, l’ensemble des petites entreprises a reçu une aide de 800 milliards de dollars dans le cadre du programme d’aide qui leur est destiné. Elle a permis de sauvegarder 2 à 3 millions d’emplois en quatorze mois pour le coût exorbitant de 170 000 à 257 000 dollars par emploi. Pire, seulement 23 à 34 % du budget de ce programme est allé directement aux travailleurs qui auraient autrement perdu leur emploi. Le reste est allé aux créanciers, aux propriétaires d’entreprises et aux actionnaires. Au total, 20 % des salariés les mieux payés auraient touché 75 % de l’aide (The $800 Billion Paycheck Protection Program : Where Did the Money Go and Why Did It Go There ?, David Autor et alii, NBER, janvier 2022).

L’idée qu’une situation sans précédent appelle des mesures sans précédent justifierait ces dépenses illimitées. En réalité, c’est la réponse à la crise financière de 2008 qui a brisé le consensus en faveur de mesures plus prudentes. Le ressentiment persistant de l’opinion publique à l’égard du secteur financier, qui a été davantage aidé que les autres à ce moment-là, a incité les dirigeants des deux grands partis américains à dépenser sans compter lorsque la pandémie a frappé. Mais les allocations de chômage ciblées étaient associées aux démocrates, tandis que les républicains cherchaient à avantager leur propre électorat, les petites entreprises.

Les fractures politiques ont, ainsi, entraîné une augmentation des dépenses non ciblées. Pourtant, les partisans de la rigueur sont restés introuvables : les économistes n’ont eu de cesse d’étouffer leurs voix. De plus en plus d’économistes classiques ont souligné que la faiblesse des taux d’intérêt donnait une marge de manœuvre pour accroître le déficit budgétaire. Ils ajoutaient cependant que si les taux d’intérêt devaient rester bas, les dépenses devaient être raisonnables. Désireux de justifier leur choix, les dirigeants politiques ont ignoré cette mise en garde. Pour eux, seul comptait le début du message…

Dans le passé, la Réserve fédérale (Fed) mettait fin à son soutien monétaire avant que la situation ne dérape, et le Congrès freinait le déficit budgétaire et l’endettement. Mais le désir de la Fed d’éviter des difficultés sur les marchés a suscité davantage de prises de risque. La politique de la Fed a également renforcé la pression sur le Congrès pour qu’il adopte des mesures en faveur des entreprises et des ménages. C’est ce qui a conduit à l’inflation et à la conviction que la Fed ne relèvera pas ses taux.

Finances: La baisse de la bourse américaine contamine Paris

Finances: La baisse de la bourse américaine contamine Paris

 La toute dernière analyse de Jeremy Grantham, Let the wild rumpus begin – littéralement, « Que le chahut sauvage commence » – fait un tabac dans les médias. Gourou de Wall Street, fondateur de la société de gestion GMO (65 milliards de dollars d’actifs), l’octogénaire a vu venir un paquet de krachs et de faillites depuis plus de trente ans.( un papier  de Murielle Motte dans l’Opinion, conforté par le fait que la baisse de la bourse américaine contamine aussi Paris et d’autres bourses dans le monde affectées elles aussi par des bulles extravagantes)

Il juge la bulle actuelle « extravagante » aux Etats-Unis. Il s’agit d’ailleurs de la quatrième « superbulle » en cent ans, après 1929, 2000 et 2007. Avec quelques caractéristiques communes : en fin de cycle, les marchés s’emballent, en l’occurrence le Nasdaq a gagné 50% en un an, hors effet confinement du printemps 2020. Et les investisseurs deviennent complètement irrationnels, en témoigne l’hystérie autour des cryptomonnaies, des NFT ou des « meme stocks », ces actions subitement en vogue sur les réseaux sociaux et dont les cours s’envolent sans raison valable, énumère-t-il.

La spécificité du moment, c’est la simultanéité de bulles, souligne aussi Jeremy Grantham. Aux États-Unis, les prix immobiliers ont bondi de 20% l’an dernier, plus qu’en 2006. En proportion du revenu, c’est encore davantage au Canada, en Australie et en Chine. Par ailleurs, les prix de la dette (inverses des taux d’intérêt) n’ont jamais été aussi élevés, etles cours des matières premières(énergie, métaux, agricoles) volent de record en record. L’expert prédit un appauvrissement des Américains de 35 000 milliards de dollars si les marchés retracent ne serait-ce que les deux tiers de leur emballement par rapport à leur valorisation historique.

Pourquoi cette analyse aujourd’hui ? Parce que la Bourse ignore totalement l’inflation, alors que les valorisations (les PER) y sont théoriquement sensibles, rappelle-t-il. Comme les banquiers centraux, les investisseurs veulent croire qu’elle est transitoire. Mais les banquiers centraux sont en train de changer d’avis.

Boeing 737 MAX: la justice américaine veut faire porter le chapeau un ancien pilote !

Boeing 737 MAX: la justice américaine veut faire porter le chapeau un ancien pilote !

 

 

Aux États-Unis, c’est un peu comme en France lors des grandes catastrophes aériennes,on essaye de faire tant elles chapeau à des pilotes quand on a des difficultés à trouver les facteurs explicatifs de la catastrophe. Cette fois États-Unis ont poussé le bouchon un peu loin en voulant inculper un ancien pilote d’essai qui serait responsable des nouveaux systèmes de contrôle de commande du 737 Max. On sait que les difficultés récurrentes du 737 Max constituent une véritable catastrophe économique et technique pour Boeing qui a du interrompre très longtemps la livraison de son appareil fétiche. Les industriels en général et les gouvernements tentent donc assez souvent de reporter la responsabilité sur des lampistes.

La justice américaine a donc inculpé jeudi 14 octobre un ancien pilote d’essai de Boeing, accusé d’avoir induit en erreur le régulateur américain de l’aviation au cours du processus de certification du 737 MAX, dont deux appareils se sont écrasés en 2018 et 2019 faisant 346 morts. Mark Forkner «a fourni à l’agence des informations fausses, inexactes et incomplètes sur un nouveau système de contrôle des commandes de vol du Boeing 737 MAX», appelé MCAS, à l’origine des deux accidents, explique le ministère de la Justice dans un communiqué. Certes on peut peut-être imputer des fautes au pilote d’essai (Au bénéfice toutefois de Boeing) mais ce qui est en cause, c’est la pertinence des avis de l’institution américaine en charge d’homologuer les appareils.

Des insuffisances de l’institution réglementaire qui a été soulignée par de nombreux parlementaires.

Banque centrale américaine (Fed) la menace d’une politique moins accommodante

Banque centrale américaine (Fed) la menace d’une politique moins accommodante

 

 

Au sein de la banque fédérale américaine , on discute d’une possible réduction des rachats d’actifs à partir du milieu de l’année prochaine Les responsables de la Fed ont envisagé de la possibilité de réduire de 10 milliards de dollars par mois les achats de bons du Trésor américain, montre le document interne à la BCE, même si « plusieurs » participants à la réunion ont exprimé leur préférence pour un resserrement plus rapide des programmes d’achats.

Contrairement à leurs espérances, les experts de la banque centrale ne content plus sur de caractère provisoire de l’inflation. Au lieu de cela, le compte-rendu de la réunion de septembre suggère des inquiétudes croissantes dans les rangs de la Fed à propos de l’inflation, la « plupart » des responsables voyant des risques accrus tandis que « certains » s’inquiètent d’une forte répercussion sur les prix.

Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont augmenté de 0,4% le mois dernier, portant l’inflation sur un an à 5,4%, selon les chiffres publiées en début de journée mercredi. Hors énergie et alimentation, la hausse est toutefois ramenée à 0,2% d’un mois sur l’autre et à 4,0% en rythme annuel.

La Fed s’est fixé un objectif d’inflation « flexible » de 2%.

Dette américaine : Yellen veut encore crever le plafond

Dette américaine : Yellen veut encore crever le plafond

 

La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen veut relever encore le plafond de la dette pour  financer les énormes plans de soutien à l’économie.Or depuis 1960, le Congrès a autorisé à 78 reprises ce relèvement;  De sorte qu’aujourd’hui la dette environ 28 000 milliards de dollars.

Un endettement proportionnellement au moins trois fois supérieur à celui de la France qui figure aussi en tête dans le palmarès des pays endettés. La dette et le déficit des Etats-Unis ont grimpé en flèche pendant la pandémie de Covid-19 car le gouvernement a adopté trois plans massifs de dépenses face à la crise économique.

La dette et le déficit des Etats-Unis ont grimpé en flèche pendant la pandémie de Covid-19 car le gouvernement a adopté trois plans massifs de dépenses face à la crise économique. Un défaut de paiement des Etats-Unis provoquerait également une déflagration financière. En 2011, l’agence de notation Standard and Poor’s avait ainsi retiré au pays sa note «AAA», qui leur permettait en principe d’emprunter sur les marchés au coût minimum, sanctionnant de longs mois de blocage politique sur le relèvement du plafond de la dette. Le problème aujourd’hui c’est que les agences de notation ne réagissent plus face à la montée de l’endettement dans de nombreux pays. Cela d’autant plus que les banques centrales continuent de délivrer des masses de liquidités à taux proches de zéro. Mais pour les États-Unis la forte inflation déjà constatée va comme par le passé constituer une manière d’amortir une partie de l’endettement.

Un détournement des données par l’armée américaine

Un détournement des données par l’armée américaine

Un article de Byron Tau Dans le Wall Street Journal

 Des personnes habitant dans le monde entier fournissent à leur insu des renseignements basiques à l’armée américaine, en utilisant simplement une application grand public sur leurs smartphones.

Premise, une société de San Francisco, paie des utilisateurs, dont beaucoup habitent dans des pays émergents, afin qu’ils accomplissent des petites tâches en échange d’un peu d’argent. Ces missions consistent souvent à prendre des photos, à répondre à des enquêtes ou à effectuer d’autres collectes de données simples ou des relevés d’observation, par exemple compter des distributeurs automatiques de billets ou pointer des prix de biens de consommation comme les denrées alimentaires.

Environ la moitié des clients de la société sont des entreprises privées à la recherche d’informations commerciales, indique Premise. Ces dernières peuvent vouloir obtenir des données sur l’implantation de leurs concurrents, faire du repérage pour des emplacements et effectuer d’autres tâches élémentaires d’observation dans les lieux publics. Ces dernières années, Premise a également commencé à travailler avec l’armée américaine et des gouvernements étrangers, en mettant en avant les possibilités offertes par sa main-d’œuvre flexible, internationale et travaillant à la tâche capable de faire des missions de repérage basiques et de sonder les opinions publiques.

Premise fait partie de ses entreprises, dont le nombre augmente, qui se situent à cheval entre les services aux consommateurs et la surveillance pour le compte de gouvernements. Ces sociétés s’appuient sur la prolifération des téléphones portables pour transformer des milliards d’appareils en capteurs recueillant des informations d’origine source ouverte (OSINT) utiles aux services de sécurité gouvernementaux du monde entier.

« Les données obtenues grâce à nos collaborateurs ont permis d’informer les décideurs politiques sur la meilleure façon de gérer l’hésitation à se faire vacciner, les risques liés à l’ingérence étrangère et à la désinformation lors des élections, ainsi que, par exemple, la localisation et la nature des activités des gangs au Honduras »

L’entreprise affirme que 90 % de son travail consiste à évaluer le ressenti des opinions publiques et à étudier la géographie humaine en rémunérant les utilisateurs pour qu’ils répondent à des enquêtes. Elle obtient ainsi des données qui, selon elle, peuvent servir aux entreprises commerciales, aux organisations à but non lucratif et aux gouvernements. Certains de ses projets, moins nombreux, consistent à demander aux utilisateurs de se déplacer sur le terrain pour accomplir des missions, par exemple prendre des photos ou suivre un itinéraire prédéterminé. Parfois, ces opérations impliquent la collecte de données concernant les réseaux mobiles situés à proximité ou d’autres téléphones portables, explique la société, comparant cette pratique à la façon dont Google et Apple cartographient les réseaux Wi-Fi avec les smartphones utilisant leurs systèmes d’exploitation.

« Les données obtenues grâce à nos collaborateurs ont permis d’informer les décideurs politiques sur la meilleure façon de gérer l’hésitation à se faire vacciner, les risques liés à l’ingérence étrangère et à la désinformation lors des élections, ainsi que, par exemple, la localisation et la nature des activités des gangs au Honduras », détaille Maury Blackman, directeur général de Premise. La société refuse de révéler l’identité de ses clients, invoquant sa politique de confidentialité.

Premise a été lancé en 2013 comme outil destiné à recueillir des données que les gouvernements et les ONG étaient susceptibles d’utiliser dans le cadre de leurs activités de développement international. Ces dernières années, il a également tissé des liens avec l’establishment de l’appareil sécuritaire américain et mis en avant sa capacité à servir d’outil de surveillance, selon des documents et des témoignages d’anciens employés. En 2019, les documents marketing de l’entreprise indiquaient qu’elle comptait 600 000 contributeurs opérant dans 43 pays à travers le monde, dont des zones sensibles comme l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie et le Yémen.

Selon les registres de dépenses fédérales, Premise a reçu au moins 5 millions de dollars depuis 2017 dans le cadre de projets militaires — notamment des contrats avec les armées de l’air et de terre et en tant que sous-traitant d’autres entités du secteur de la défense. Lors d’un argumentaire présentant sa technologie, préparé en 2019 pour la Combined Joint Special Operations Task Force-Afghanistan, Premise présentait trois utilisations potentielles susceptibles de « répondre aux besoins d’information du commandement » : jauger l’efficacité des opérations d’information américaines ; repérer et cartographier les lieux d’interaction sociale clés telles que les mosquées, les banques et les cybercafés ; surveiller secrètement les signaux des antennes-relais et du Wi-Fi dans une zone de 100 km2. Selon cette présentation, les missions doivent être conçues de manière à « masquer leur intention véritable » vis-à-vis des participants qui ne sont pas nécessairement conscients de travailler pour une opération gouvernementale.

La société assure que le document ne décrivait que des fonctionnalités potentielles et ne dépeignait pas exactement le travail effectué pour ses clients militaires. Un porte-parole des forces de la coalition en Afghanistan n’a pas réagi à notre demande de commentaire destinée à savoir si elles avaient eu connaissance de la note de synthèse ou avaient fait appel aux services de Premise.

Un deuxième document, soumis à l’armée de l’air en vue d’obtenir une subvention que la société a finalement reçue, évoque des fonctionnalités similaires. Premise y indique qu’elle peut envoyer des collaborateurs effectuer des « missions d’observations suivant des instructions, recueillir leur impression sur celles-ci, et cartographiers de réseaux mobiles ». Un autre document produit par Premise indique que la société peut concevoir des « activités réalisés par des mandataires », comme le comptage d’arrêts de bus, de lignes électriques ou de distributeurs automatiques de billets, afin d’inciter les contributeurs à se déplacer pendant la collecte de ces données basiques.

Les données provenant des réseaux Wi-Fi, des antennes-relais de téléphonie cellulaire et des appareils mobiles peuvent être précieuses pour l’armée notamment en termes de connaissance de la situation, et de suivi des cibles. Le fait de disposer d’un réseau distribué de téléphones faisant office de capteurs offre également une capacité en matière de géolocalisation. Connaître la puissance du signal des antennes-relais et des points d’accès Wi-Fi situés à proximité peut être utile pour tenter de brouiller les communications lors d’opérations militaires. Selon les experts en la matière, les noms des réseaux sans fil existants peuvent également aider à identifier l’emplacement d’un appareil, même si le GPS est désactivé.

En juillet dernier, Premise a soumis au gouvernement britannique un document détaillant ses capacités. La société y affirme qu’elle peut récupérer plus de 100 types de métadonnées à partir des téléphones de ses contributeurs et les fournir à ses clients — notamment la localisation d’un téléphone, son modèle, le niveau de la batterie et les applications installées dessus

M. Blackman affirme que la collecte de ce genre de données open source ne constitue pas un travail de renseignement. « Elles sont disponibles pour quiconque possède un téléphone portable, dit-il. Elles ne sont pas uniques ou secrètes. »

«  Si certaines de nos données sont utilisées par les agences gouvernementales pour élaborer des politiques et protéger nos citoyens, nous en sommes fiers », ajoute M. Blackman.

En juillet dernier, Premise a soumis au gouvernement britannique un document détaillant ses capacités. La société y affirme qu’elle peut récupérer plus de 100 types de métadonnées à partir des téléphones de ses contributeurs et les fournir à ses clients — notamment la localisation d’un téléphone, son modèle, le niveau de la batterie et les applications installées dessus. Un porte-parole de l’ambassade britannique à Washington n’a pas voulu dire si des structures gouvernementales de son pays avaient recours à ce service.

Les utilisateurs de l’application Premise ne sont pas informés de l’entité qui a passé un contrat avec la société pour les informations qu’ils sont chargés de recueillir. La politique de confidentialité de la société indique que certains clients peuvent être des gouvernements et qu’elle peut collecter certains types de données à partir du téléphone, selon un porte-parole.

« Tous ceux qui collectent pour le compte de Premise et l’utilisent sont pleinement informés grâce aux conditions générales d’utilisation — disponibles sur l’application et le site web de Premise — que les données open source, collectées par des “contributeurs” locaux rémunérés à partir de leurs téléphones portables, peuvent être partagées avec n’importe quel client de Premise, y compris les agences gouvernementales », indique M. Blackman.

Actuellement, l’application assigne environ cinq tâches par jour à ses utilisateurs en Afghanistan, selon des témoignages d’utilisateurs sur place. Ils doivent, par exemple, prendre des photos de distributeurs automatiques de billets, de bureaux de change, de supermarchés et d’hôpitaux.

Selon Premise, photographier des sites religieux tels que des mosquées, des temples, des synagogues et des églises est une tâche classique confiée à des contributeurs du monde entier pour aider les clients à comprendre la géographie physique et sociale d’un lieu. Elle affirme qu’elle ne demande aux contributeurs que des photos d’extérieur et pas d’entrer dans les sites

Un utilisateur afghan explique qu’il est, comme les autres personnes sur place, généralement payé 20 Afghani par tâche, soit environ 25 centimes — ce qui leur permet de financer leur forfait téléphonique. Il y a quelques mois, certaines des missions proposées sur le site lui ont paru potentiellement risquées. Selon lui, l’application a proposé plusieurs missions consistant à identifier et à photographier des mosquées chiites dans un quartier de l’ouest de Kaboul, en grande partie peuplé de membres de la minorité chiite Hazara. Le quartier a été attaqué à plusieurs reprises par l’Etat islamique au cours des cinq dernières années, et au moins 50 personnes y ont été tuées en mai lors de trois explosions visant une école de filles — une attaque qu’aucune organisation n’a revendiquée. En raison de la nature et de l’emplacement des missions dans une zone ciblée par le terrorisme, l’utilisateur indique qu’il pense que ces missions pouvaient être liées à de l’espionnage et ne les a pas acceptées.

Selon Premise, photographier des sites religieux tels que des mosquées, des temples, des synagogues et des églises est une tâche classique confiée à des contributeurs du monde entier pour aider les clients à comprendre la géographie physique et sociale d’un lieu. Elle affirme qu’elle ne demande aux contributeurs que des photos d’extérieur et pas d’entrer dans les sites.

Aucune des plus de trois millions de personnes qui ont travaillé avec Premise au cours des cinq dernières années n’a subi de préjudice, alors qu’elles ont accompli plus de 100 millions de tâches ou d’enquêtes, déclare la société.

A l’origine, Premise était un outil conçu pour relever les prix dans les pays en développement et aider ses clients à mieux comprendre les besoins de leur population. Mais la société a eu du mal à dégager des bénéfices sur ces marchés, et la demande pour ses services était irrégulière, selon d’anciens employés.

En 2018, le conseil d’administration a nommé M. Blackman CEO, en espérant qu’il pourrait stabiliser les finances de l’entreprise et élargir ses activités, selon des employés actuels et anciens. M. Blackman disposait d’une expérience en matière de contrats publics. Il avait auparavant fondé Accela, une entreprise qui développait des logiciels destinés aux administrations. Selon les employés, il a poussé pour obtenir davantage de contrats dans les domaines militaire et du renseignement, ce qui a provoqué un choc culturel au sein de la société. Beaucoup de développeurs expérimentés se sont opposés à certaines utilisations à caractère militaire et de renseignement envisagées par la plateforme. Un porte-parole de la société réfute ces témoignages, expliquant qu’ils proviennent d’anciens employés mécontents et affirme que la société ne s’est jamais écartée de sa mission initiale. David Soloff, le cofondateur de Premise, auquel M. Blackman a succédé au poste de CEO, n’a pas répondu à notre demande de réaction.

Ces dernières années, les données collectées par Premise ont été achetées par de nombreux fournisseurs de la défense ou par des agences gouvernementales travaillant sur des programmes de défense, comme le montrent les dossiers fédéraux. En 2019, l’Air Force a versé 1,4 million de dollars à l’entreprise pour faire de l’« ISR terrestre régulier » — une abréviation militaire qui signifie intelligence, surveillance et reconnaissance. L’Air Force Research Laboratory indique que le contrat était axé sur la science des données et le travail d’apprentissage automatique pour les unités militaires, mais refuse de fournir plus de détails.

Au moins cinq autres fournisseurs du secteur de la défense ou des services de renseignement ont acheté des données à Premise, selon les documents répertoriant les dépenses fédérales. Premise a renforcé sa présence à Washington ces dernières années, comme le montrent des offres d’emploi, publiées sur LinkedIn, exigeant d’avoir des habitations de sécurité, et le recrutement d’employés disposant d’une grande expérience dans le monde du renseignement, selon leurs profils sur ce même réseau social.

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Grégoire Arnould)

Traduit à partir de la version originale en anglais

Balance commerciale américaine : un trou de 74 milliards sur le seul mois de mars

Balance commerciale américaine : un trou de 74 milliards sur le seul mois de mars

Un record en mars. L’écart entre les importations et les exportations de biens et de services s’est établi à 74,4 milliards de dollars en mars , soit 3,9 milliards de dollars de plus que le mois précédent et 25 milliards de plus qu’en mars il y a deux ans, selon les chiffres publiés mardi par le BEA, l’office statistique du département du Commerce.

Depuis l’an dernier, les plans de relance successifs dopent la consommation et par ricochet les importations de biens, à leur plus haut historique. « Les achats de biens durables - une catégorie qui comprend notamment les véhicules à moteur, l’équipement ménager et l’ameublement – ont augmenté de 41,4 % au premier trimestre, grâce à deux séries de paiements fédéraux au titre de l’impact économique », a listé pour s’en féliciter Catherine Wolfram, chargée des questions de politique économique au Trésor. Fin décembre, les ménages ont reçu un premier chèque de 600 dollars. Et Joe Biden a indiqué ces derniers jours que l’administration avait déjà envoyé « 160 millions de chèques » de 1.400 dollars depuis la mi-mars, dans le cadre du « American Rescue Plan » .

L’économie américaine : un redressement rapide

L’économie américaine : un redressement rapide

Conséquence sans doute des plans massifs de soutien à l’économie, la croissance va sortir du rouge nettement dès cette année aux États-Unis. Plusieurs milliers de dollars sont venus alimenter et soutenir l’économie plein un plan d’abord de 2900 milliards puis un autre plan de l’art de 2000 milliards consacrés aux infrastructures.

Le redressement aux États-Unis va sans doute connaître un redressement très rapide avec une perspective de plantation du PIB de 7 % cette année entraînant la création de presque 10 millions d’emplois sur l’année. Une différence avec l’Europe qui aura bien du mal à atteindre une croissance de 4 % du PIB en 2021. Les États-Unis connaissent en effet une rapide phase de reprise économique à mesure que le programme de vaccination à grande échelle suit son cours. Alors que les États-Unis viennent de passer le cap symbolique des 100 millions de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin, 916 000 emplois ont été créés en mars, battant largement les prédictions des économistes, qui tablaient sur 675 000. Ces emplois viennent s’ajouter aux 468 000 postes créés en février et aux 233 000 de janvier, portant à 1,6 million le nombre d’emplois créés au premier trimestre.

À l’heure où les Etats lèvent les uns après les autres la plupart des restrictions mises en place pour lutter contre le virus, les gains les plus importants concernent naturellement les secteurs qui bénéficient particulièrement de la réouverture. En mars, celui des loisirs et du tourisme a ainsi généré la création de 280 000 emplois, auxquels viennent s’ajouter les 176 000 créés par la restauration. Le taux de chômage fédéral est par conséquent descendu à 6%, ce qui reste plus élevé qu’avant la pandémie (3,5%), mais beaucoup moins que le pic de près de 15% qu’a connu le pays en avril 2019.

Relance américaine : une enveloppe financière trop massive ?

Relance américaine : une enveloppe financière trop massive ?

 

 

Nicholas Sargen est maître de conférences à la Darden School of Business (University of Virginia) et consultant en économie, il procède à une évaluation du plan de soutien de Biden à l’économie qu’il juge trop importante (article du Wall Street Journal)

Que pensez-vous du plan de relance de Joe Biden ?

Sa taille est une source potentielle d’inquiétude. La pandémie a provoqué, l’an dernier, une sévère récession aux Etats-Unis, mais le second semestre 2020 a vu un rebond de l’activité du fait de la réouverture de l’économie et de plans de relance qui, en cumulé, ont avoisiné les 4 000 milliards de dollars. La reprise est là. Au début de l’année, les prévisions de croissance pour 2021 tournaient en moyenne autour de 4 %. Avec le paquet proposé par Joe Biden, on pourrait atteindre les 5-6 %, voire 7 % selon certains.

Mais certains Américains ont réellement besoin d’aides…

Oui, l’impact de la Covid-19 est très dur pour ceux qui sont en bas de l’échelle, pour les oubliés de l’économie numérique. Il faut aussi étendre l’assurance chômage à ceux qui n’ont pas de travail. Mais tout le monde n’est pas dans cette situation et je pense qu’il faudrait aider ceux qui en ont vraiment besoin. Il aurait fallu être plus sélectif. Même si l’idée d’envoyer un chèque de 1 400 dollars à tout le monde est très populaire dans l’opinion publique, on a vu, qu’en avril dernier, quand Donald Trump a eu recours à ce même dispositif, les gens les plus aisés ont épargné les sommes reçues pour les dépenser plus tard. Je n’ai rien contre l’idée, mais ce plan aurait dû être mieux calibré. Il est prévu aussi d’aider massivement les Etats. Certains en ont vraiment besoin. Mais c’est un peu comme l’Europe avec l’Italie, faut-il subventionner l’Illinois qui accumule les déficits ?

« La Réserve fédérale se dit plus inquiète de l’état du marché du travail que d’une flambée des prix. Mais il y a des chiffres inquiétants »

Craignez-vous, comme les marchés financiers ces derniers jours, que ce plan puisse provoquer un réveil de l’inflation ?

Pas dans l’immédiat. Mais il y a un risque comme le considère, aujourd’hui, Larry Summers, l’ex-secrétaire au Trésor de Bill Clinton et président du conseil économique national des Etats-Unis sous Barack Obama. C’est pourtant un démocrate et un économiste qui estime que le plan de relance de 2008 avait été trop timide face à l’ampleur de la crise financière de l’époque. Je suis moins catégorique concernant l’impact du plan Biden. Le taux de chômage actuel est très important et la population active a baissé. Donc, même si l’économie repart rapidement et fortement, une fois enregistré l’effet vaccinal, je ne vois pas de menace inflationniste immédiate. Il y a encore des surcapacités. Ce n’est donc pas un problème pour 2021. La Réserve fédérale se dit plus inquiète de l’état du marché du travail que d’une flambée des prix. Mais il y a des chiffres inquiétants. L’an dernier, le déficit budgétaire a dépassé les 15 % du produit intérieur brut — c’était le plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale — et celui de cette année pourrait atteindre les mêmes niveaux. Si on continue à ce rythme, on pourrait être surpris par une flambée inflationniste dans les deux à trois ans qui viennent.

Même s’il ne figure plus dans le plan de relance, que pensez-vous du projet de Joe Biden d’augmenter le salaire minimum à 15 dollars de l’heure ?

A 7,25 dollars de l’heure, il est sûr qu’il a besoin d’être augmenté. Le problème c’est que le faire passer à 15 dollars va toucher ceux qui ont le plus souffert de la pandémie, à savoir les petits commerçants, les petites entreprises familiales. Pas les grands groupes. Cela pourrait donc augmenter le chômage. Il faudrait plutôt peser sur les entreprises qui peuvent augmenter les salaires.

Comment définiriez-vous la politique économique de Joe Biden ? Progressiste ?

Durant toute sa carrière politique, il a été un démocrate modéré, pas un progressiste. A mon avis, il a plutôt bien entamé son mandat en se concentrant sur le sujet le plus important aujourd’hui, à savoir arrêter la pandémie. A l’inverse de Donald Trump, qui après avoir facilité la découverte de vaccins, ne s’est absolument pas préoccupé de l’organisation des vaccinations, il prend l’affaire très au sérieux. Il faut lui en attribuer le crédit. Autre différence, contrairement à Donald Trump qui se focalisait sur le taux de croissance de l’économie américaine, Joe Biden ambitionne de réduire les inégalités. La grosse incertitude pour moi concerne ses autres grands projets en matière d’environnement, de climat et d’infrastructures. Comme le dit Larry Summers, où va-t-il trouver l’argent pour les financer s’il dépense trop pour son plan de relance ?

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