Archive pour le Tag 'américain'

Finances: Bourses en hausse après l’accord américain sur la dette

Bourses en hausse après l’accord américain sur la dette

Conséquence en particulier de l’accord américain sur le plafond de la dette, les bourses asiatiques sont en hausse et les autres bourses devraient sans doute suivre aujourd’hui.

L’indice Hang Seng de la Bourse de Hong Kong gagnait 80,16 points (+0,43%) dans les premiers échanges, à 18.827,08 points.

À Shanghai, l’indice composite était en hausse de 7,25 points (+0,23%) à 3.219,76 points. La Bourse de Shenzhen gagnait 4,87 points (+0,24%) à 2.017,36 points.’un accord sur le plafond de la dette semblait imminent aux États-Unis pour permettre d’éviter un défaut de paiement. L’indice vedette Nikkei grimpait de 1,53% à 31.389,65 points après 01H00 GMT et l’indice élargi Topix gagnait 1,02% à 2.167,64 points.

La Bourse de New York avait terminé en nette hausse avant le week-end malgré une accélération surprise de l’inflation en avril aux États-Unis, se réjouissant de la perspective d’un compromis entre la Maison Blanche et l’opposition républicaine sur la question de la dette américaine.

Le marché du pétrole était dans le vert: vers 01H00 GMT le baril de WTI américain gagnait 0,73% à 73,20 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord 0,6% à 77,41 dollars.

Bourses en hausse après l’accord américain sur la dette

Bourses en hausse après l’accord américain sur la dette

Conséquence en particulier de l’accord américain sur le plafond de la dette, les bourses asiatiques sont en hausse et les autres bourses devraient sans doute suivre aujourd’hui.

L’indice Hang Seng de la Bourse de Hong Kong gagnait 80,16 points (+0,43%) dans les premiers échanges, à 18.827,08 points.

À Shanghai, l’indice composite était en hausse de 7,25 points (+0,23%) à 3.219,76 points. La Bourse de Shenzhen gagnait 4,87 points (+0,24%) à 2.017,36 points.’un accord sur le plafond de la dette semblait imminent aux États-Unis pour permettre d’éviter un défaut de paiement. L’indice vedette Nikkei grimpait de 1,53% à 31.389,65 points après 01H00 GMT et l’indice élargi Topix gagnait 1,02% à 2.167,64 points.

La Bourse de New York avait terminé en nette hausse avant le week-end malgré une accélération surprise de l’inflation en avril aux États-Unis, se réjouissant de la perspective d’un compromis entre la Maison Blanche et l’opposition républicaine sur la question de la dette américaine.

Le marché du pétrole était dans le vert: vers 01H00 GMT le baril de WTI américain gagnait 0,73% à 73,20 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord 0,6% à 77,41 dollars.

Taux d’intérêt américain : nouvelle hausse décidée par la Fed

Taux d’intérêt américain : nouvelle hausse décidée par la Fed


La Banque centrale américaine (Fed) a relevé mercredi 3 mai son principal taux directeur pour la dixième fois d’affilée depuis mars 2022, d’un quart de point de pourcentage. La Fed s’est également décidée à juguler l’inflation malgré des signes d’essoufflement de l’économie et en dépit de la récente crise bancaire. Le principal taux directeur de la Fed se situe désormais dans une fourchette de 5,00 à 5,25%, au plus haut depuis 2006, une décision prise à l’unanimité, a annoncé l’institution dans un communiqué publié à l’issue de la réunion de son comité de politique monétaire (FOMC).

Le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué lors d’une conférence de presse qu’«aucune décision sur une pause» dans la hausse des taux «n’a été prise aujourd’hui». Il a toutefois souligné que la Fed n’indique plus dans son communiqué qu’elle anticipe des hausses supplémentaires. «On a ôté cette partie. C’est un changement significatif», a précisé Jerome Powell. Le président de la Fed a également exclu un abaissement cette année des taux d’intérêt malgré la possibilité d’une «légère» récession car l’inflation «ne va pas baisser rapidement». De son côté la banque centrale européenne devrait bientôt suivre cette hausse de taux d’intérêt

Le plan américain va plomber la production automobile hexagonale

Le plan américain va plomber la production automobile hexagonale

Pr Vincent Vicard
Économiste, adjoint au directeur, CEPII

L’Inflation reduction act (IRA), adopté en août 2022 par le Congrès américain, a rapidement suscité de vives réactions en Europe. Ce vaste plan de subventions dans le secteur des technologies vertes vise à enfin mettre les États-Unis en phase avec leurs engagements de décarbonation de leur économie. Mais il contient des mesures protectionnistes et discriminatoires, contraires aux règles du commerce international.

Les critiques européennes se sont en particulier concentrées sur les subventions à l’achat de véhicules électriques, jusqu’à 7500 dollars, aides assorties de règles de contenu local sur l’assemblage du véhicule et sur l’origine des minerais utilisés dans la production de la batterie. Ces règles excluent pour l’instant les producteurs sur le sol européen, faisant craindre une concurrence déloyale et l’attraction de grands projets automobile au détriment des investissements en Europe.

L’impact de l’ensemble de ces mesures reste difficile à évaluer, du fait notamment de leur concentration dans certains secteurs et de leur faible montant rapporté au PIB (0,2 % du PIB des États-Unis par an sur 10 ans). Mais la crainte d’annonces de délocalisations d’usines de véhicules électriques ou de production de batteries a déjà lancé un débat sur l’assouplissement des règles sur les aides publiques au niveau européen, permettant notamment de répondre aux propositions dont font l’objet les producteurs européens de la part de certains États américains, et donné lieu à des propositions de la Commission européenne en ce sens.

Quelle est l’ampleur de la menace pour la chaîne de production des véhicules électriques européens ? Pour que le risque de relocalisation de l’activité en Amérique du Nord se matérialise, il faudrait que pour ce type de biens les producteurs trouvent profitable de concentrer leur production dans certaines régions du monde et de servir les marchés lointains en y exportant leur production. Mais contrairement à d’autres types de marchandise, il est loin d’être acquis que cette stratégie de relocalisation soit rentable dans le secteur automobile.

L’analyse des échanges mondiaux de véhicules montre en effet que les ventes de l’ensemble des grands pays se concentrent sur des véhicules produits dans la même grande région continentale : 82 % des véhicules vendus en Allemagne, 83 % en Italie et 81 % en France proviennent du continent européen, y compris de Turquie (Tableau 1). En Asie, 82 % (Corée du Sud) à 97 % des véhicules (Chine) ont été assemblés en Asie, dont une large majorité dans le pays de consommation contrairement aux pays européens. En Amérique du Nord, près de 30 % des véhicules vendus au Canada et aux États-Unis proviennent d’en dehors de l’Amérique du Nord.

Pour la France en 2022, l’origine des véhicules vendus sur le territoire est d’abord locale et européenne (15 % de France, 16 % d’Espagne, 10 % d’Allemagne, 10 % de Slovaquie) et ensuite seulement extra-européenne (Tableau 2). En dehors de l’Union européenne (UE), on retrouve des véhicules originaires du Maroc (6,3 %) et de Turquie (5,5 %) et dans une moindre mesure du Royaume-Uni (3,5 %), pays dans le pourtour de l’UE et ayant des accords commerciaux avec celle-ci qui assurent des barrières aux échanges faibles. Viennent ensuite seulement la Corée du Sud (4,7 %), la Chine (3,7 %) et le Japon (2,4 %) aux neuvième, dixième et douzième places des pays d’origine.

Si l’augmentation de la part de la Chine depuis la crise sanitaire est impressionnante (et, nous y reviendrons, surtout en raison des véhicules électriques), le fait marquant des 15-20 dernières années est la forte chute de la part des véhicules produits localement dans les ventes françaises (50 % en 2005, encore 25 % en 2015 mais plus que 15 % en 2022), au profit de la production sur des territoires proches : en 2005, l’Espagne ne produisait que 11 % des véhicules vendus en France, la Slovaquie 0,2 % contre 16,5 % et près de 10 % en 2022 (Tableau 2). La France n’a jamais importé plus de 0,9 % de ses véhicules des États-Unis depuis 2005 (0,5 % en 2022).

Cette spécificité du marché automobile, qui est d’abord et avant tout un marché continental, traduit l’importance des coûts de transport dans le secteur et les droits de douane relativement élevés dans plusieurs régions, non seulement pour les véhicules assemblés mais également pour les principaux composants, qui incitent aux investissements directs étrangers (IDE) pour servir la demande régionale à partir d’usines locales.

Les exemples sont légions, de Toyota dans le Nord de la France à Nissan au Royaume-Uni ou, plus récemment, l’implantation de Tesla en Allemagne. Les différences de droits de douane sur les véhicules automobiles, qui vont de 2,5 % aux États-Unis à 10 % pour l’UE, et atteignent des niveaux encore plus élevés en Chine ou en Inde, permettent d’ailleurs d’expliquer une partie des différences de production nationale dans la consommation entre l’UE, l’Amérique du Nord ou la Chine.

La situation décrite jusque-là est celle où les véhicules thermiques dominent encore le marché automobile. Or ce secteur vit aujourd’hui un véritable tournant avec la percée des véhicules électriques et les règles environnementales qui prévoient la disparition des véhicules thermiques à l’horizon 2030 dans l’UE, ce qui pose la question des spécificités des véhicules électriques et de leur lieu de production.

Pour l’instant, des batteries et des voitures électriques voyagent sur de longues distances, à l’image des importations européennes en provenance de Chine largement constituées de véhicules électriques et qui ont fortement augmenté ces derniers mois. En France, ces importations sont pour un tiers des véhicules Tesla et un autre tiers des Dacia Spring. Cela a cependant toutes les chances d’être temporaire, car ce type de véhicules et les batteries sont encore plus compliqués à transporter par bateau du fait de leur poids et des régulations liées au caractère dangereux de ces marchandises.

Avec l’augmentation de la demande de véhicules électriques dans toutes les régions du monde, les incitations à s’en rapprocher devraient rapidement se matérialiser par des investissements en Europe et en Amérique du Nord. D’où les annonces qui se multiplient pour localiser des usines de batteries à côté de l’assemblage (BYD en Europe par exemple, Kia ou Hyundai aux États-Unis, etc.). Avec son usine à Berlin, Tesla devrait à terme servir directement le marché européen et français, et tarir en partie les importations françaises en provenance de Chine qui sont aujourd’hui pour près d’un tiers des Tesla (tableau 3).

Selon toute vraisemblance, avec l’arrivée à maturité du secteur, chacun des clusters continentaux servira sa région, comme cela est, dans une très large mesure, le cas pour les véhicules thermiques. Pour la France, l’enjeu est donc bien plus d’attirer les prochains investissements de Kia, Honda, MG (SAIC) ou BYD en Europe face à l’Espagne, l’Allemagne, les pays d’Europe centrale ou encore le Maroc, et de favoriser la transition des sites français des véhicules thermiques aux véhicules électriques, qu’une concurrence avec des sites en Amérique du Nord.

Dans le secteur automobile, si les marchés sont avant tout régionaux, un relâchement des aides d’État sans réel mécanisme coopératif au niveau européen pourrait s’avérer contre-productif en renforçant les concurrences fiscales intra-européennes pour attirer les mêmes usines.

Si les faibles échanges interrégionaux dans l’industrie automobile semblent limiter les risques de relocalisation de la production aux États-Unis à la suite de l’IRA, il n’en est pas nécessairement de même dans d’autres secteurs comme les panneaux solaires ou l’hydrogène, plus échangeables et pour lesquels des soutiens dédiés peuvent s’avérer pertinents. De telles mesures doivent cependant ressortir d’une véritable stratégie de politique industrielle prenant en compte les spécificités de chaque secteur et technologie.

La réponse européenne au protectionnisme américain: très insuffisante

La réponse européenne au protectionnisme américain: très insuffisante

Par Nicolas Ravailhe, Institut francophone de stratégies européennes, enseignant École de guerre économique et avocat au barreau de Bruxelles (droit européen).
Écoutez cet article dans la Tribune.

La réponse européenne à « l’Inflation Reduction Act » (IRA) n’est pas à la hauteur. Certes, les règles européennes en matière d’aides d’État – le droit des États membres et de leurs territoires d’utiliser de l’argent public pour aider des opérateurs économiques – devraient être aménagées. De même, le budget de l’Union européenne (UE) sera réorganisé pour mieux utiliser les programmes actuels. Le tout sera limité aux objectifs européens de croissance verte et numérique.

Dans le match économique USA-UE, qui est le plus fort ?
L’Europe n’est pas naïve. Victoire aux points depuis des décennies pour l’UE, qui connait des excédents commerciaux aux USA très importants, en augmentation de 10 milliards d’euros en moyenne tous les ans pour arriver à un chiffre de 155 milliards d’excédents européens en 2021.

Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, nous assistons à une correction économique significative des USA sur les Européens, par des achats d’armements et d’énergie aux entreprises américaines. Toutefois, elle est évaluée comme étant conjoncturelle quand les succès européens aux USA sont qualifiés de structurels.

Surtout, cette correction économique permet aux États européens qui la pratiquent – Allemagne en tête – de s’assurer de précieux alliés aux USA afin d’y protéger leurs exportations. Une forme de troc s’opère : armes et énergie Made in US contre une absence de représailles sur les exportations civiles germaniques outre-Atlantique. Et tant pis, voire pour certains tant mieux, si c’est au détriment de la défense européenne et en particulier des intérêts français très forts dans ce secteur.

L’Union européenne, sous contrôle de l’Europe du Nord, est forte et stratège. Tout est mesuré en Europe. À tous les sens du terme, c’est-à-dire évalué et contenu. « Tant que le protectionnisme américain ne remet pas en cause les succès européens aux USA, la réponse de l’Europe doit être bridée. » En effet, entrer dans une guerre frontale, coups pour coups, durcirait les relations et l’Europe étant gagnante actuellement, elle aurait plus à perdre.

Certes, la France n’a pas forcément les mêmes intérêts que les autres États européens même si elle semble aussi excédentaire aux USA (données à pondérer par les ré-importations en France de produits US en provenance d’autres pays comme les Pays-Bas. Ces derniers sont déficitaires avec les USA mais ils revendent ces importations pour avoir un énorme excédent de 229 milliards d’euros en 2021 dans le marché intérieur européen.

Donc, en Europe, on s’offusque, on aménage, mais on n’apporte aucune réponse directe. La guerre économique USA-UE n’est pas un concept nouveau. La modération de l’UE est constante depuis des années face à l’extra-territorialité du droit américain – qualifiée d’arme du faible qui ne produit pas et n’exporte pas -, au pillage des données par les GAFAM aussi objet de trocs… mais au final c’est l’Europe qui a des excédents commerciaux gigantesques.

Alors que faire face à « l’Inflation Reduction Act » ?

Quelques pistes juridiques seront brandies par l’UE, notamment le respect des règles de l’OMC : https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/video/key-debate-eu-response-to-the-us-inflation-reduction-act-meps-debate-part-1_I234795. L’Europe dispose de peu de moyens juridiques pour contrer les aides d’État étrangères. Le nouveau règlement concernant la lutte contre les subventions étrangères générant des distorsions dans le marché intérieur devrait être inopérant en l’espèce.

De plus, il est quand même compliqué pour les Européens de dénoncer la réindustrialisation des USA contre la Chine, principale visée par l’IRA. D’autant plus que les Américains encouragent les Européens à les rejoindre dans ce combat. L’Europe s’y refuse jusqu’alors afin protéger l’excédent commercial allemand en Chine et les importations néerlandaises revendues aux autres Européens via le marché intérieur (même logique qu’avec les USA cf. tableau Eurostat par États membres). Telle est une des principales causes de la désindustrialisation de la France. Notre pays a les mêmes intérêts que les Américains contre la Chine, mais nos gouvernants laissent faire la passivité européenne…

Une alliance France-USA aurait aussi du sens pour contrer les excédents commerciaux allemands dénoncés dans nos deux pays. Elle est rendue très compliquée en raison d’une concurrence franco-américaine dans les secteurs de la défense et ainsi que dans l’aéronautique civile. Le schéma est connu. L’Allemagne est protégée de mesures protectionnistes en France par le droit européen, la notion d’entrave, et elle achète des armes aux USA afin de s’offrir de puissants soutiens pour ses intérêts civils. Les USA étant une grande démocratie avec de nombreux contre-pouvoirs, les lobbyistes « pro made in Germany » en joueront à merveille pour diviser les Américains. Tant que le cadre actuel perdure, IRA compris, une seule devise « wait and see » et si possible profitons-en !

Ballon espion chinois dans le ciel américain : l’incroyable cynisme de la Chine !

Ballon espion chinois dans le ciel américain : l’incroyable cynisme de la Chine !

Il faut être d’un cynisme propre aux dictatures pour protester contre la destruction du ballon espion chinois. Ce ballon espion était évidemment destiné à observer certaines positions stratégiques militaires des États-Unis. Il a été détruit par un avion de chasse américain. Mais le pire c’est que la Chine a protesté « contre l’utilisation de la force par les États-Unis ».

C’est véritablement le retour de la dialectique mensongère des communistes chinois dont la politique de communication est essentiellement fondée sur l’intoxication la plus ridicule.

Cela démontre aussi la nature de ce régime et notamment la posture du dictateur chinois désormais élu à vie qui peut tout s’ autoriser sans rendre de compte à qui que ce soit ni aux autorités internationales et surtout pas à son peuple. Bref la mafia d’une dictature grotesque autant que criminelle, comme en Russie.

Le ministère des Affaires étrangères chinois a osé exprimer son «fort mécontentement» dimanche après que les États-Unis ont abattu le ballon chinois qui survolait leur sol depuis plusieurs jours.
Pékin a exprimé son «fort mécontentement» dimanche après que les États-Unis ont abattu le ballon chinois qui survolait leur sol depuis plusieurs jours, et a dit se «réserver le droit» de répliquer.
L’opération menée samedi par un avion de chasse F-22 a eu lieu «au-dessus de l’eau au large de la côte de Caroline du Sud, dans l’espace aérien américain», a déclaré dans un communiqué le ministre de la Défense américain, Lloyd Austin. Il a souligné qu’elle avait été menée en réponse à une «violation inacceptable» de la «souveraineté» américaine.

«La Chine exprime son fort mécontentement et proteste contre l’utilisation de la force par les États-Unis», a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué. Washington a «réagi de manière clairement excessive» et a «violé gravement les pratiques internationales», selon la même source.

Electricité: Nouveau développement du nucléaire américain

Electricité: Nouveau développement du nucléaire américain

D’après la lettre « Géopolitique de l’Electricité » , les États-Unis donne un nouveau développement à l’électricité nucléaire.

Une prise de conscience lucide, courageuse mais tardive « L’Amérique a perdu sa position de leader mondial de l’énergie nucléaire au profit d’entreprises étatiques, principalement de Russie et de Chine, et mais aussi d’autres nations, qui manœuvrent de façon agressive pour dépasser les Etats-Unis ». Ce texte tiré d’un Rapport du Department Of Energy daté d’avril 20201 , est lucide et courageux, mais excessif. Les industries nucléaires russes et chinoises ont, effectivement, dépassé les Etats-Unis. Par contre, stigmatiser une agressivité étrangère laisse dubitatif. La vérité est que les Etats-Unis ont négligé l’énergie nucléaire civile durant des années. Le Rapport précise que sur 107 nouveaux réacteurs qui pourraient être mis en service avant 2030 dans le monde, seuls 3 seraient de construction américaine.

Ce n’était pas le signe d’un intérêt majeur des Etats-Unis pour l’atome civil. Les avertissements n’avaient pourtant pas manqué. En 2013, le Center for Strategic and International Studies (CSIS), alors présidé par John J. Hamre, ancien Secrétaire Adjoint à la Défense des Etats-Unis d’Obama sonne l’alarme2 . Un de ses Rapports constate : « Aujourd’hui encore, une partie importante des technologies nucléaires mondiales et des compétences correspondantes reste issue des Etats-Unis. Mais les entreprises impliquées ont été rachetées par des firmes étrangères. Même pour les réacteurs à eau légère [les plus répandus], marché dominé durant des décennies par les Etats-Unis, toutes les entreprises américaines, sauf une, ont été acquises par des concurrents extérieurs».

Ainsi Westinghouse, une entreprise emblématique (oh combien !), du nucléaire américain, était à l’époque du Rapport du CSIS, et depuis des années, propriété du Japonais Toshiba. Cela pouvait s’admettre compte tenu des relations amicales entre les deux pays. Mais que Rosatom, conglomérat étatique de l’atome russe, ait réussi à acheter la compagnie canadienne « Uranium One », l’un des grands fournisseurs d’uranium mondiaux, et propriétaire de mines d’uranium américaine, relevait d’un aveuglement de l’administration américaine3 . La stratégie actuelle des Etats-Unis pour restaurer leur leadership mondial du nucléaire civil décrite en avril 20201 s’inscrit dans la politique générale initiée par le Président Donald Trump et bien souvent reprise par son successeur Joe Biden, et que l’on peut résumer par « Make America Great Again ». En fait, elle n’est pas seulement mise en place par les dirigeants politiques. L’ensemble de la société civile y contribue. Un nouvel intérêt pour le nucléaire a précédé la déclaration du Department Of Energy d’avril 2020. Au-delà du texte de 2020, la situation fin 2022 présente deux faits majeurs : La remise sur pied de Westinghouse, pôle industriel indispensable.•

La promotion des petits réacteurs modulaires (SMR) américains devenue l’un des axes de reconquête du leadership du nucléaire civil mondial. Le contexte actuel se caractérise par une certaine absence du nucléaire civil dans les sanctions imposées à la Russie à la suite du conflit en Ukraine. Souci de ne pas couper tous les ponts ou reflet de la complexité des liens entre Etats dans ce domaine ? Le climat général a considérablement changé, mais des ambigüités demeurent. .

Le fondateur de l’entreprise américaine Westinghouse, Georges Westinghouse, était un fournisseur d’engins agricoles visionnaire. Il fonda en 1885 la Westinghouse Electric Company (WEC) en optant pour le courant alternatif, choix décisif mais pas évident à l’époque, puisque le grand Thomas Edison lui-même préconisait le courant continu. Ses lointains successeurs eurent une même prescience en faisant fonctionner en 1957 à Shippingport le premier réacteur au monde destiné uniquement à produire de l’électricité. Il était déjà à eau pressurisée, technologie aujourd’hui dominante dans le monde entier. Ce sont les brevets Westinghouse qui permirent la construction des premiers réacteurs français du programme historique. Les perfectionnements apportés par les Français firent que leurs réacteurs relevèrent par la suite de la seule propriété intellectuelle française, celle de Framatome.

Ce qui autorisa cette entreprise à vendre ses réacteurs à la Chine sans avoir à demander l’autorisation à Westinghouse. Les Chinois, par la suite, perfectionnèrent ces réacteurs français ce qui leur permit de construire des réacteurs relevant de la seule propriété intellectuelle chinoise et d’en vendre. Ainsi va le monde du nucléaire civil, par des transferts de technologie. Les réacteurs actuels sont dits réacteurs de troisième génération. Ils sont tous à eau pressurisée. Une part notable du parc nucléaire mondial actuel comporte des gènes de Westinghouse. Cinq réacteurs sont aujourd’hui proposés au client éventuel : l’AP1000 de Westinghouse, le VVER 1200 russe, l’APR 1400 sud-coréen, l’EPR français et l’HTR1000 chinois dit également « Hualong One ». Ils comportent des évolutions et sous-modèles non traitées ici. Un Rapport de 2020 de l’OCDE4 , réalisé conjointement par les deux Agences de cette Institution (l’Agence Internationale de l’Energie et l’Agence de l’Energie Nucléaire), insiste sur les coûts élevés de construction des EPR et des AP1000 dans leurs pays d’origine (France et Etats-Unis). Ces coûts pour les têtes de série5 , exprimés en $/KWe sont très supérieurs à ceux des trois autres réacteurs de troisième génération construits également dans leur pays d’origine. 8 600 $/KWe pour l’EPR et l’AP1000 en France et aux Etats-Unis. Autour de 2 500 $/KWe pour les VVER1200, APR1400 et HTR1000 bâtis en Russie, Corée du Sud et Chine.

Un tel surcoût des AP1000 et EPR ne peut s’expliquer par des facteurs locaux , ni par des écarts significatifs de sûreté, car la conception des cinq réacteurs de troisième génération commercialisés actuellement « répond aux meilleurs standards de sûreté actuellement en vigueur au niveau européen et mondial » . Suivant l’OCDE les coûts élevés de l’AP1000 et de l’EPR construits aux Etats-Unis et en France proviennent de l’affaiblissement des industries nucléaires occidentales privées de commandes durant des décennies. Ces industries n’ayant plus de réacteurs à construire se sont étiolées. Les coûts de construction des réacteurs en France et aux Etats-Unis ne sont plus représentatifs du nucléaire. Le Rapport ajoute que le rétablissement des industries nucléaires occidentales par des commandes suffisantes de réacteurs en série permettraient d’obtenir des coûts bien plus bas, de l’ordre de ceux des réacteurs chinois, russes et sudcoréens qui produisent de l’électricité à des prix proches des renouvelables. Westinghouse, suivant l’agence de notation Fitch, a toujours continué à percevoir des revenus réguliers provenant de ses services liés au combustible nucléaire et d’exploitation des centrales gérés par des contrats à long terme indexé sur l’inflation et un remarquable taux de fidélisation de clientèle .

Le 4 janvier 2018, Brookfield Business Partners, annonça avoir trouvé un accord avec Toshiba pour acquérir 100% de Westinghouse. Un communiqué de Brookfield explique que l’entreprise en difficulté reste un leader dans son domaine, qu’elle possède une bonne base de clients dans le monde entier, qu’elle reçoit des revenus réguliers via des contrats à long terme, et que son personnel est compétent11 . Mais Brookfield ajoute des motivations bien plus profondes. Un texte du fonds d’investissement intitulé « Une nouvelle aube pour l’énergie nucléaire » 12 explique que le nucléaire s’imposera dans l’avenir : « Pour parvenir en 2050 à zéro-émissions [de gaz à effet de serre], un déploiement massif de toutes les technologies propres est nécessaire. Hydraulique, solaire, éolien… sont une partie de la solution, mais une source propre d’énergie de base, le nucléaire, jouera aussi un grand rôle. Il n’y a pas de scénario zéro émission sans une croissance du nucléaire ». Brookfield a-t-il anticipé, en plus, le renouveau nucléaire américain annoncé en avril 20201 ? Les dirigeants de Brookfield ont pu observer qu’une politique nouvelle se préparait. Il y eut l’alarme du CSIS (Cf. § I et note 2). Comme Canadiens, les dirigeants de Brookfield ont certainement suivi l’affaire « Uranium One », société canadienne et l’un des plus importants producteurs d’uranium mondiaux, devenue en 2013 propriété à 100% de Rosatom entreprise étatique russe. Le Kremlin avait réussi un joli coup en pénétrant un milieu américain sensible. « Uranium One » possédait des mines dans le Wyoming.
L’administration américaine se réveilla trop tard, mais l’affaire devint vite médiatique en opposant deux Présidents des Etats-Unis. Il apparut progressivement qu’Uranium One, aux mains de Moscou, avait généré « un archipel de sociétés-écrans aux quatre coins du monde » instruments d’une politique russe dangereuse13. Sentant le danger, Rosatom n’intégra jamais les mines du Wyoming dans sa filiale spécialisée ARMZ et les revendit trois mois avant l’invasion de l’Ukraine. Brookfield pouvait détecter avant 2020 des prémisses d’une politique américaine plus vigilante en matière nucléaire, voire nationaliste, favorisant la construction de réacteurs aux Etats-Unis et leur exportation. Brookfield finalisa l’achat de Westinghouse en août 201814 . L’entreprise clef du nucléaire américain était désormais adossée à un fonds d’investissement nord américain de près de 800 milliards de $. V. Westinghouse aujourd’hui Quatre ans pour redresser Westinghouse Le 11 octobre 2022, plus de quatre ans après son acquisition, Brookfield annonça la vente de Westinghouse à sa filiale Brookfield Renewable Partners et à Cameco Corp, une importante société canadienne de production d’uranium. Mais la filiale d’énergie renouvelable de Brookfield garde la 11 Communiqué de presse Brookfield-4/1/2018. 12 Brookfield : « A new dawn for nuclear power » 13 « Le Canada au cœur de la filière nucléaire de Moscou »-La Presse-11/3/2022 14 Nuclear Engineering International-6/8/2018. 6 majorité des parts (51%). Constatant que Brookfield restait la « maison mère ultime » l’Agence de notation Fitch estime que l’avenir de Westinghouse ne sera pas affecté par la vente de 49% du capital à Cameco.

En conséquence les notes « B » avec perspective positive de Westinghouse Electric sont maintenues15 . La filiale d’énergie renouvelable de Brookfield est devenue un fonds d’investissement pour les « énergies propres », c’est-à-dire non seulement dédié aux énergies renouvelables mais aussi au nucléaire. Ce dernier est susceptible de devenir une part importante de ses actifs. Depuis 2018, Brookfield « a nommé une nouvelle équipe de direction, de classe mondiale a réorganisé la structure de l’entreprise, recentré les offres de services et de produits, optimisé la chaîne d’approvisionnement mondiale, et investi dans les nouvelles technologies ». Le Westinghouse nouveau était arrivé. Un Français Directeur Commercial. Depuis juin 2022, « Jacques Besnainou est Vice-Président Exécutif, pour les marchés mondiaux de Westinghouse Electric Company. Dans ce rôle, il est le Directeur Général Commercial et dirige la stratégie commerciale mondiale de l’entreprise » 16 . Jacques Besnainou a occupé des postes de responsabilité chez Areva à partir de 2001. En particulier, il a dirigé Areva Inc., la filiale américaine de cette entreprise de 2008 à 2012. Il s’est fait remarquer par ses qualités de communicant lors de l’accident de Fukushima.

Il a présidé l’American Nuclear Society17 ayant probablement été le seul Français à occuper cette fonction. Succès commerciaux en Pologne et Chine. En Chine. Le 12 octobre 2022, Westinghouse « félicite la State Power Investment Corporation de Chine d’ajouter des réacteurs de la technologie AP1000 … à ses projets … Cette annonce vient après celle d’avril 2022 de construire quatre unités supplémentaires [de même technologie] sur les sites de Sanmen et d’Haiyang » 18 . Une fois construite, les deux tranches annoncées le 12 octobre seraient les neuvième et dixième réacteurs fonctionnant en Chine basés sur la technologie AP1000, génération III+. En Pologne. Le 2 novembre 2022, le conseil des ministres polonais annonça qu’il avait décidé une coopération avec les Etats-Unis et que Westinghouse avait été choisi pour construire une première centrale de 3 750 MWe (trois AP1000). L’ensemble du programme polonais serait de 6 000 à 9 000 MWe. Le pays reste ouvert pour la suite à la collaboration avec les industries nucléaires européennes et mondiales19 . Des coûts de construction susceptibles de baisses sensibles. En mars 2022, le Massachusetts Institute of Technology (MIT), via son institut spécialisé, publia un Rapport sur les coûts futur de construction du réacteur AP1000 de Westinghouse20 : « Le réacteur AP1000 est désormais une technologie éprouvée capable de produire près de 10 000 GWh d’énergie propre par an avec une durée de vie … facilement étendue à 80 ans et audelà ».
Les coûts seraient encore plus faibles si l’AP1000 était construit dans des pays où la main d’œuvre serait meilleur marché qu’aux Etats-Unis. Donc l’AP1000 pourra affronter ses concurrents russes et chinois et comme eux produire une électricité de coût comparable aux renouvelables. VI. Westinghouse – Pôle industriel du nucléaire américain. Les succès commerciaux de Westinghouse en Pologne et en Chine n’ont pas la même signification.

En Europe de l’Est, de la Finlande à la Bulgarie, l’armée américaine est considérée comme indispensable face à la politique actuelle russe. Les pays de cette région (sauf la Hongrie) se rapprochent des Etats-Unis et leurs choix s’en ressentent. Il est vraisemblable que l’achat de trois AP1000 ne restera pas seul, ni en Pologne, ni dans les pays voisins (dont l’Ukraine). Par contre en Chine, le recours abondant à la technologie AP1000, confirmée en octobre 2022, est de nature différente. Certes, il y a aux Etats-Unis des cercles qui préconisent le maintien d’un commerce important avec la Chine, comme le Center for Strategic and International Studies (CSIS). Probablement qu’à Pékin des gens pensent de même. Cela s’est senti au G20 de Bali. Néanmoins, la perspective de dix réacteurs de technologie AP1000 en Chine, alors que ce pays dispose de réacteurs Hualong One performants, indique qu’à Pékin la technologie américaine est considérée comme compétitive, sûre, importante à connaître et à pratiquer. L’industrie nucléaire chinoise connait fort bien quatre des cinq modèles actuels de réacteurs de troisième génération et est donc parfaitement informée. Ses décisions confortent les conclusions du Rapport du MIT20 et de celui de l’OCDE4 . Ce dernier indiquait que les réacteurs occidentaux comme l’AP1000 et l’EPR français pouvaient devenir compétitifs à condition d’être produits en série suffisante. Les premiers résultats commerciaux de l’AP1000 indiquent que cette condition a de grandes chances d’être réalisée. Après une première révolution industrielle du nucléaire, initiée par les Français il y a cinquante ans (la construction en série par paliers successifs), il semble que l’atome aborde une autre nouvelle stratégie industrielle : la préfabrication en usine d’éléments mis en place par des grues géantes. Les problèmes liés à cette nouvelle méthode de construction sur le chantier de Vogtle ont amené Westinghouse à de graves pertes financières qui ont contribué à la faillite en 201710.

Les Chinois semblent la maîtriser et les Français s’y emploient avec la plus grande grue du monde (Big Carl) sur leur chantier d’EPR à Hinkley Point. Six ans après sa faillite, Westinghouse a eu le temps d’étudier le problème et de trouver des solutions. L’industrie nucléaire américaine, avec Westinghouse, dispose du pôle industriel nécessaire à sa renaissance. VII. Les SMR. Une activité américaine intense Rappelons les définitions et les caractéristiques mentionnées par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique concernant les petits réacteurs modulaire (Small Modular Reactors ou SMR) : Les SMR sont des réacteurs modulaires avancés dont la puissance installée va jusqu’à• 300 MWe et dont les composants et systèmes peuvent être construits en usine, puis être transportés sous formes de modules sur le site de production. Les microréacteurs sont une sous-catégorie dont la puissance installée est inférieure à 10 MWe. Les SMR en développement aujourd’hui relèvent de diverses technologies : réacteurs refroidis• par eau, réacteurs à haute température refroidis par gaz, réacteurs à neutrons rapides refroidis par métaux liquides et gaz, réacteurs à sels fondus.

Le déploiement des SMR peut être prévu sous différentes formes d’installation, d’une seule• unité à plusieurs, fixe et mobile (barges ou autres navires). 8 Le nombre de projets de SMR explose à partir de 2015. Ils apparaissent dans une vingtaine de pays, donc bien au-delà des cinq nations qui commercialisent aujourd’hui les grands réacteurs. On en relève au Danemark et en Italie, qui ont pourtant officiellement renoncé à l’atome. Les technologies proposées sont très variées et ressuscitent d’anciens choix qui semblaient abandonnés. L’apparition des SMR, par le dynamisme et la créativité qui caractérisent ce mouvement, est un signe de la renaissance mondiale du nucléaire. L’Agence Internationale de l’Energie (AIEA) dénombre en 2021 plus de quatre-vingt projets, chiffre inférieur à la réalité21 . Dès l’annonce de leur programme de reconquête du leadership mondial de l’énergie nucléaire, les Etats-Unis indiquèrent que les SMR seront un des axes de leur stratégie (avril 2020)1. Mais Russes et Chinois ont acquis une avance. Deux SMR sont en fonctionnement, l’un chinois, l’autre russe, et deux en construction, l’un chinois, l’autre (pour mémoire) est argentin21 . Le démarrage américain est rapide. Parmi les projets mentionnés par l’AIEA, le quart est américain. Beaucoup sont menés en collaboration avec des pays alliés généralement, le Canada, le Japon, la Corée du Sud et le Royaume-Uni. Lorsque l’on examine les projets les plus avancés, on constate que plus du tiers sont soient uniquement américains, soient américains en collaboration avec ces pays alliés22.

A l’extérieur, les Etats-Unis déploient des efforts considérables pour la promotion de leurs futurs SMR en proposant une coopération avec les industries locales. Ils sont à l’origine du FIRST (Foundational Infrastructure for the Responsible Use of Small Modular Reactor Technology Cooperation)23, qui réunit, autour d’eux, le Japon, la Corée du Sud, le Royaume-Uni (ce qui n’est guère surprenant) mais aussi le Ghana et le Kazakhstan. Ils ont créé en 2019 un nouvel instrument financier, la DFC (Development Finance Corporation), qui investit « dans les marchés émergents » en particulier dans l’énergie, dont les SMR. Le Rapport déjà cité du Massachusetts Institute of Technology (MIT) 19 indique que la production d’électricité des SMR sera probablement plus chère que celle des grands réacteurs. « Les gouvernements qui souhaitent décarboner leur énergie ont intérêt à se tourner vers les grands réacteurs construits en série (plus de huit) qui est l’option économique à l’impact maximum ». Néanmoins les SMR ont leur place dans les réseaux électriques de petite taille et, sous conditions, pour l’alimentation de certains industriels. Ils peuvent intéresser les pays émergents. Les conclusions du Rapport du MIT sont à prendre en considération. L’utilisation des SMR aura des limites. C’est l’expérience sur le terrain qui les précisera.

D’ici cinq à dix ans, les Etats-Unis pourront présenter plusieurs SMR compétitifs. Dès à présent, il est possible de deviner les marchés où l’affrontement avec les modèles russes et surtout chinois aura lieu. Ainsi, en Afrique et en Asie du Sud. Les grandes manœuvres des uns et des autres ont déjà commencé en Indonésie, grande puissance industrielle en devenir, qui atteindra les trois cents millions d’âmes sur une myriade d’îles aux réseaux électriques isolés. Un certain nombre de réacteurs avancés, dont des SMR, nécessitent un combustible HALEU24. Il s’agit d’uranium plus enrichi que dans les réacteurs de grande taille, mais moins que pour les militaires (de 4,5% à 20%). La commercialisation de l’HALEU est aujourd’hui presque entièrement contrôlée par la Russie, situation héritée de l’époque d’insouciance. Le Department Of Energy (DOE) a lancé un programme national de production d’HALEU et a annoncé un premier contrat avec 21 Tous les projets français ne sont pas répertoriés. 22AIEA-« Small Modular Reactors : a new nuclear energy paradigm ».

L’entreprise Centrus Energy Corp25. Orano USA est également sur les rangs. Le problème qui se pose aussi en Europe sera résolu, mais il y aura une période délicate à passer. L’important programme de SMR des Etats-Unis et ses perspectives sont une autre face de la renaissance de l’énergie nucléaire Outre Atlantique. Conclusion Il a fallu quatre ans d’efforts à un puissant fonds d’investissement pour redresser Westinghouse, entreprise emblématique du nucléaire américain, amenée en 2017 à déposer son bilan après des chantiers calamiteux. La réorganisation et la mise en place d’une nouvelle gouvernance de niveau international sont maintenant achevées. On note la présence d’un Français dans le nouvel état-major. Il s’agit d’un ancien patron d’Areva Inc., nommé viceprésident exécutif en charge de « la stratégie commerciale mondiale de l’entreprise ». Plus significative que la vente de trois réacteurs vedettes AP1000 de Westinghouse à la Pologne, est la décision chinoise d’octobre 2022 de se tourner un peu plus vers cette technologie américaine.

La Chine pourrait disposer d’ici dix ans de dix réacteurs issus de l’AP1000. Ses ingénieurs, par ce choix, prennent acte que la technologie de Westinghouse est au premier rang du nucléaire mondial. Une étude du Massachusetts Institute of Technology confirme que la construction en série amènerait les futurs AP1000 (à partir du huitième réacteur) à diviser leurs coûts par plus de deux, les rapprochant de leurs homologues russes, chinois et sud-coréens. L’électricité produite serait compétitive avec les renouvelables, et en plus pilotable, ce qui compte tenu des objectifs climatiques, offrirait d’immenses débouchés. Les Etats-Unis disposent de nouveau avec Westinghouse d’un pôle industriel puissant indispensable à leur renouveau nucléaire. Un dernier point de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique indique que plus du tiers des projets mondiaux de SMR « les plus avancés » sont le fait d’entreprises américaines associées ou non à des sociétés de pays proches (Canada, Corée du Sud, Japon…). Partie en retard par rapport aux Russes et Chinois, l’industrie américaine et ses alliés seront en mesure dans quelques années de les concurrencer dans les pays émergents, tout en bénéficiant d’aides financières et d’appuis politiques. Les Etats-Unis ont repris le fil de leur grande aventure du nucléaire.

Taux d’intérêt américains : nouveau relèvement au risque d’une récession.

Taux d’intérêt américains : nouveau relèvement au risque d’une récession. 

Un troisième relèvement des taux aux États-Unis et d’autres qui devraient suivre d’ici la fin d’année. De quoi nourrir l’hypothèse d’une récession économique. » Selon la banque centrale, la croissance devrait tomber à + 0,2 % cette année et à + 1,2 % en 2023 (contre + 1,7 % chaque année lors de son estimation de juin), tandis que le taux de chômage devrait remonter à 4,4 % de la population active en 2023 et 2024, alors qu’il est proche des plus bas historiques (3,7 %).

 

La Fed a décidé de placer  le loyer de l’argent à court terme dans une fourchette comprise entre 3 % et 3,25 %. Il s’agit du plus haut niveau depuis 2008, au début de la grande crise financière.

Lors de ses réunions de novembre et décembre, l’institution monétaire devrait, selon ses propres prévisions, resserrer encore la vis du crédit de 1,25 point. In fine, en 2023, le loyer de l’argent devrait dépasser 4,5 %. L’envolée est spectaculaire : les taux étaient encore quasi nuls en mars, et ce depuis le début de la pandémie de Covid-19. Ce probable durcissement est de 1,2 point supérieur aux prévisions de juin.

 

La banque centrale reconnaît elle-même qu’elle se lance un peu dans l’inconnu et admet le risque de récession d’autant qu’au plan international l’activité s’inscrira dans une croissance très baissière . Selon la banque centrale, la croissance américaine devrait tomber à + 0,2 % cette année et à + 1,2 % en 2023 (contre + 1,7 % chaque année lors de son estimation de juin), tandis que le taux de chômage devrait remonter à 4,4 % de la population active en 2023 et 2024, alors qu’il est proche des plus bas historiques (3,7 %).

 

Le cyber parapluie américain percé !

Le cyber parapluie américain percé !

Le cyberparapluie américain protégeant les infrastructures européennes n’est pas éternel. Trois spécialistes en défense  Bernard Barbier, Jean-Louis Gergorin et Edouard Guillaud  soulignent, dans une tribune au « Monde », que la France a les moyens techniques et humains pour affirmer un leadership dans ce domaine essentiel en matière de sécurité.

 

Après cent vingt jours de guerre de la Russie contre l’Ukraine, le bilan des opérations cyber offensives russes est très contrasté. Des cyberattaques contre des ports pétroliers en Allemagne, en Belgique et aux Pays Bas ont été détectées à partir du 29 janvier. L’objectif de ces attaques attribuées par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’UE à des groupes criminels russes connus était de perturber l’approvisionnement énergétique de l’Europe.

Le 24 février, le service de communication par satellite de l’opérateur américain Viasat a été bloqué par une cyberattaque attribuée aussi à la Russie par les Européens et les Américains. Elle a fortement perturbé les communications militaires ukrainiennes en ce début du conflit jusqu’à ce qu’Elon Musk mette rapidement en œuvre une solution de remplacement grâce à sa constellation satellitaire Starlink.

L’Ukraine a subi de très nombreuses cyberattaques avant et depuis le 24 février. Cependant, ses infrastructures critiques semblent avoir plutôt résisté. Les Américains ont confirmé publiquement qu’ils avaient aidé les Ukrainiens à durcir le système d’information de leurs opérateurs critiques et aussi à supprimer les implants que les Russes avaient déposés avant leur invasion.

De son côté, la Russie a subi de nombreuses cyberattaques provoquées par des groupes activistes tel Anonymous, qui a réussi des opérations symboliques comme la perturbation de la retransmission télévisée du discours de Vladimir Poutine le 9 mai. Depuis février 2014, la Russie est en guerre hybride permanente avec l’Ukraine, soutenue, depuis lors, par des experts du cyber officiels et privés occidentaux, notamment américains.

A la suite de la mise en œuvre de sanctions occidentales contre la Russie, Vladimir Poutine a évoqué des ripostes « militaro-techniques » (comprendre « cyber »). En dépit des inquiétudes du président Joe Biden, aucune cyberattaque visible ne s’est produite contre des infrastructures critiques américaines et européennes.

L’explication se trouve dans un discours prononcé le 1er juin par le général Paul Nakasone, chef de l’US Cyber Command et directeur de la National Security Agency (NSA), au centre d’expertise du cyber de l’OTAN à Tallinn, en Estonie. Dans ce discours, puis dans une interview à [la chaîne britannique] Sky News, Nakasone révèle que son commandement conduit des opérations cyber défensives et offensives, et de lutte informationnelle, en soutien de l’Ukraine comme des alliés atlantiques.

SNCF veut racheter un logisticien américain

 

 

Le rachat de Pilot freight services, surtout positionné sur le transport routier pourrait aboutir d’ici le mois de mars selon la SNCF. 

 

Un achat qui permettrait de trouver des synergies avec la filiale Géodis très bien gérée et qui pourrait ainsi s’implanter aux États-Unis. Fin janvier, lors de son dernier conseil d’administration, la SNCF a ainsi indiqué être candidate pour racheter le commissionnaire de transport américain, Pilot Freight Services, positionné surtout sur le transport routier. Les informations de L’Humanité ont été confirmées par Le Figaro.

La SNCF serait prête à débourser de 1,3 à 1,5 milliard d’euros pour mettre la main sur cet opérateur, qui réalise plus de 800 millions de dollars de chiffre d’affaires et dispose d’une centaine d’agences aux États-Unis.  La SNCF pourrait ainsi devenir l’un des plus gros commissionnaires de transport au monde

Bolsonaro soutient Joe Rogan, le charlatan américain contre la vaccination

Bolsonaro soutient Joe Rogan, le charlatan américain contre la vaccination

 

Bolsonaro se singularise encore en soutenant le charlatan très connu à la télévision américaine qui combat la vaccination, pire qui recommande des traitements bidons. «Tiens le coup! Toute mon affection depuis le Brésil!», a déclaré Jair Bolsonaro, qui compte plus de 7,2 millions d’abonnés sur Twitter. Joe Rogan, 54 ans, est un animateur américain controversé dont le podcast était le numéro un des écoutes sur Spotify l’an dernier. Il est accusé d’avoir découragé la vaccination chez les jeunes et d’avoir poussé à l’utilisation d’un traitement non autorisé, l’ivermectine, contre le coronavirus. Son émission The Joe Rogan experience, diffusée exclusivement sur Spotify depuis 2020 en vertu d’un accord estimé à 100 millions de dollars, attire en moyenne 11 millions d’auditeurs par épisode.

Données et Cloud: Le loup américain dans la bergerie européenne et française

  • Données et Cloud: Le loup américain dans la bergerie européenne et française
  • Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio  dénonce dans la Tribune L’entrée du loup  américain pour la gestion des données dans le cloud. Dernier exemple en date, la SNCF qui confie aussi cette gestion aux Américains
  • Tribune

 

  • S’exprimant sur Malraux écrivain, le Général de Gaulle avait eu ces mots : « Brumeux, avec quelques belles éclaircies. » Pour prolonger cette métaphore météorologique, si l’on devait qualifier GAIA-X [1], projet européen visant à développer une infrastructure de données, nous pourrions ajouter qu’en plus de ces brumes, de gros nuages d’orage se sont accumulés à l’horizon. Un comble pour cette initiative liée au « cloud », (nuage, en anglais), technologie qui offre des services informatiques externalisés.

L’enjeu au centre de cette initiative européenne était de doter notre continent d’une force de frappe coordonnées capable de peser sur la collecte et le stockage de données qui, pour l’heure, atterrissent sur les serveurs des géants technologiques majoritairement américains ou chinois.

Loup dans la bergerie

Porté, mi-2020, sur les fonts baptismaux par la France et l’Allemagne, GAIA-X, société de droit belge, rassemble près de 850 membres (universités, laboratoires, grandes entreprises, start-up…) issus d’une vingtaine de pays, dont plus d’une dizaine de l’Union Européenne. Sorte « d’Airbus de la donnée », l’ambition initiale était de favoriser la coopération d’acteurs européens et, partant, d’aller dans le sens d’une souveraineté européenne de la donnée, le tout bien sûr dans le respect des règles européennes dont le fameux RGPD (règlement général sur la protection des données pour le respect de la vie privée) en vigueur depuis 2016.

GAIA-X est toujours en vie mais a essuyé sa première tempête. En cause, le fait que des acteurs non-européens du cloud (Amazon, Google, Palantir, Hewlett-Packard, VMware, Huawei, Alibaba…) aient été autorisés à faire partie de ce consortium des acteurs du cloud. Pour certains membres de GAIA-X (Scaleway [2], Outscale), une telle décision revient à faire « entrer le loup dans la bergerie », c’est-à-dire, implicitement, à renoncer à se doter d’un outil qui aille dans le sens d’une souveraineté numérique européenne.

La donnée, enjeu politique mondial

On le sait, à l’avenir, la valeur ajoutée se situera de plus en plus dans le stockage et le traitement de la donnée. « Pourrons-nous contrôler l’accès à nos propres données ainsi que leur confidentialité, ou serons-nous prisonniers d’une entreprise ou d’un État gardant jalousement le contrôle de l’accès à ces données? [3] », écrit Jean Tirole, Prix Nobel d’économie 2015. Tels sont quelques-uns des grands enjeux politiques de la donnée et de son hébergement dans un contexte de concurrence aiguë entre États et grandes entreprises pour dominer ce marché en plein essor [4].

Dans ce monde agrandi par le virtuel où la donnée massive (Big Data) devient une ressource stratégique, la capacité à drainer, traiter, stocker, voire capter de la donnée est devenue un attribut de la puissance des États.

Aux États-Unis, le « Cloud Act » adopté en 2018 (Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act, que l’on peut traduire par « loi clarifiant l’usage légal des données hébergées à l’étranger »), impose à toute société américaine d’aider les services de renseignement à accéder à des données qu’elle détiendrait ou administrerait ; que celles-ci se trouvent sur le sol américain où dans n’importe quel autre pays.

Dans le cadre d’une procédure judiciaire, cette réglementation s’apparente à une sorte de « droit de tirage » sur tous types de données, y compris celles qui se rapportent à l’activité économique ou industrielle d’entreprises ou d’institutions étatiques.

Cloud souverain

Dans notre monde où réel et virtuel s’entrelacent et où les données deviennent des « biens communs » qui composent le patrimoine d’un État, en ce compris les données personnelles des citoyens, des entreprises et des acteurs publics…, la réglementation de l’usage de ces données s’impose tant en matière d’utilisation, de stockage que de règles de partage. Sur un sujet à la fois si stratégique et si régalien, il revient à un « tiers de confiance » – les États, l’Union européenne – d’ancrer ces principes d’intérêt général en mettant en œuvre des initiatives publiques/privées qui vont dans le sens de l’émergence d’un cloud souverain, gage d’une plus grande indépendance technologique.

Sur ce sujet, les initiatives et projets existent. En France, et au titre du plan « France 2030″ présenté en octobre dernier, le président de la République a tracé les contours d’un plan d’investissement de près de 30 milliards d’euros, dont près de 2 milliards seraient consacrés à la création de ce cloud souverain du fait que les infrastructures techniques se doivent d’être situées en France.

Data Governance Act en Europe

À l’échelle européenne, le Parlement européen et les États membres se sont récemment accordés sur le futur espace européen de données en lien avec le futur Data Governance Act [5] (DGA), initiative législative adoptée dans le cadre de la stratégie européenne sur les données. Par ailleurs, Thierry Breton, le commissaire européen notamment en charge des sujets numériques, a annoncé un investissement de 2 milliards d’euros pour la mise en place d’un projet de cloud souverain, à l’image de GAIA-X, c’est-à-dire un cloud qui respecte les valeurs cardinales de transparence, de sécurité et de portabilité des données, gage d’une véritable confiance de la part des citoyens et de toutes les autres parties prenantes.

Exactement ce que l’écosystème numérique réclame, à l’instar d’Euclidia [6], qui fédère 26 entreprises fournissant des services de cloud basées en Europe, et qui demande aux États membres de l’Union européenne de revoir leurs stratégies cloud nationales pour aller vers une harmonisation des pratiques, dans le but de favoriser les entreprises européennes et de réduire la dépendance aux acteurs américains ou chinois. Bref, un appel à un volontarisme politique assumé, presque gaullien pourrait-on dire, pour qu’enfin ces nuages sur le « cloud » fassent place à un temps résolument dégagé.

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NOTES

1 What is Gaia-X?

2 Scaleway quitte Gaia-X : « Je n’ai plus de temps à perdre avec un projet gangrené de l’intérieur par les Gafam » (Yann Lechelle, CEO)

3 Économie du bien commun, Jean Tirole, PUF

4 https://home.kpmg/fr/fr/home/insights/2021/04/cloud-europeen-croissance-enjeux.html

5 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:52020PC0767&from=EN

6 Press Relase: EUCLIDIA calls for a moratorium on fragmented national cloud strategies to support sovereign European technologies

Le “wokisme” américain : à la mode en France

Le “wokisme” américain : à la mode en France

 

On se souvient peut-être que dans les années 70 80 le maoïsme était très en vogue dans les milieux intellos de gauche. Après la découverte des massacres, les mêmes intellos se sont recentrés sur le gauchisme de salon et maintenant sur le wokisme américain.  (tribune de François Jolivet dans l’Opinion)

 

Tribune

 

 

La mise au ban d’un professeur émérite de Sciences Po Grenoble pour avoir témoigné de son enfer au sein de l’établissement, après avoir été censuré au nom du « bien », met une nouvelle fois en lumière le « wokisme ». Un courant idéologique dont les adeptes se définissent comme « éveillés » ou « conscients » des injustices sociales.

Mais cette appellation est frauduleuse. Il s’agit plutôt d’une minorité bruyante qui fantasme un monde où le niveau de bonté de chacun dépendra directement de sa couleur de peau, de son origine, de son genre, de son orientation sexuelle, et non de ses propres actes. Un univers plus tout à fait parallèle, où accuser un professeur de racisme suffit à lui retirer le droit d’enseigner sans qu’il puisse se défendre. Un monde où l’histoire ne vaut rien, où la réalité ne vaut rien, où la contradiction constitue une faute morale. En cela, le « wokisme » réactive les pires techniques d’épuration de la pensée.

Ce qui caractérise alors ce courant, c’est d’abord l’arrogance compassionnelle de ceux qui pensent détenir la vérité. Ceux qui pensent être tellement irréprochables qu’ils peuvent tout reprocher aux autres, au passé, à l’histoire, à la langue. Le « wokisme » s’autoproclame comme sachant et expert des relations humaines. Ses promoteurs, souvent américanisés, ont fait de la France une cible car ils savent qu’elle fait encore barrage à leur pensée.

Alors au wokisme, il faut opposer la France.

D’abord, à ceux qui disent que la littérature française est une littérature « blanche », il faut rappeler qu’Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Alexandre Dumas ou encore Félix Eboué, n’ont pas eu besoin de ce courant pour que soit reconnu leur immense talent. Et quel regard sur notre époque porteraient Voltaire, Rousseau, Hugo, eux qui se sont battus pour la liberté et contre l’injustice ?

En quelques décennies, nous sommes passés de la lutte pour l’abolition de la peine de mort à la lutte pour l’abolition de Blanche-Neige. De la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne par Olympes de Gouges, nous sommes passés à la déclaration de « Jeannedu78 » sur Twitter en écriture dite « inclusive ». D’ailleurs, cette écriture n’est qu’un cérémonial, un signe de ralliement. Tous les systèmes sectaires, pour communiquer, ont toujours utilisé des codes qui leur sont propres. Créer les mots et les signes pour créer la pensée est une vieille technique, presque religieuse, où le révélé est plus important que le démontré.

Ensuite, à ceux qui disent que la France est le pays le plus injuste du monde. Doit-on rappeler que c’est la France qui a porté́ la première les valeurs universelles qui faisaient de la couleur de peau une banalité, contre tous ceux qui voulaient en faire une fatalité́ ? Que c’est elle qui a porté́ en première les valeurs qui deviendront celles de Martin Luther King, lorsqu’il déclara en 1967 : « Ce qui compte chez l’homme, ce n’est pas la couleur de sa peau ou la texture de ses cheveux mais la pureté́ de son âme ». Et d’ajouter : « L’obscurité́ ne peut pas chasser l’obscurité́. Seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine. Seul l’amour le peut ». C’est le même message que celui porté par les penseurs du siècle des Lumières, 200 ans avant que ce discours ne soit prononcé. Préférons donc l’histoire de notre pays qui a fait de Gaston Monnerville, « homme noir », le président du Sénat de 1958 à 1968 alors que, dans le même temps aux Etats-Unis, on séparait les noirs des blancs dans les lieux publics. C’est cela la France. C’est cela la République.

«Les «wokes» sont les fossoyeurs des libertés individuelles et donc de l’existence même de l’individu»

Enfin, ceux qui pensent que le progrès social revient à réduire l’autre à sa couleur de peau, à son origine, à son genre ou à son orientation sexuelle, n’ont pas compris le projet français et son universalisme. La vocation de notre pays est d’élever l’autre en individu libre de son destin. A l’inverse, les « wokes » veulent institutionnaliser le pardon d’exister. Ils préfèrent installer un modèle de société communautaire où chaque être est assigné. Ils ne célèbrent pas la différence, ils ne font que la stigmatiser. Ils sont les fossoyeurs des libertés individuelles et donc de l’existence même de l’individu.

Cette idée française de la liberté est insoutenable pour les « wokes ». C’est la raison pour laquelle ce mouvement colonise aujourd’hui des lycées, des universités, des médias. Nous devons résister à cette pensée rampante et sournoise.

Alors face au « wokisme », nous devons faire France. Le combat qui doit nous mobiliser sans relâche est la restauration de l’égalité de tous en dignité et en droits. En confondant les individus pour ce qu’ils sont plutôt que ce qu’ils font, les tenants de l’idéologique « woke » trahissent le combat pour la justice sociale que la France a érigé en valeur fondamentale. Nous n’avons pas d’autres privilèges à assumer que celui d’être Français.

Alors, face au vent d’obscurantisme qui traverse aujourd’hui Sciences Po Grenoble ainsi que de nombreux établissements Français d’enseignement supérieur, je demande la mise sous tutelle de l’établissement et l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur la situation des universités Françaises.

François Jolivet est député LREM de l’Indre.

Cloud : Le loup américain dans la bergerie européenne

 Cloud : Le loup américain dans la bergerie européenne 

 

  • par . Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio (dans la Tribune)
  • Tribune

 

  • S’exprimant sur Malraux écrivain, le Général de Gaulle avait eu ces mots : « Brumeux, avec quelques belles éclaircies. » Pour prolonger cette métaphore météorologique, si l’on devait qualifier GAIA-X [1], projet européen visant à développer une infrastructure de données, nous pourrions ajouter qu’en plus de ces brumes, de gros nuages d’orage se sont accumulés à l’horizon. Un comble pour cette initiative liée au « cloud », (nuage, en anglais), technologie qui offre des services informatiques externalisés.

L’enjeu au centre de cette initiative européenne était de doter notre continent d’une force de frappe coordonnées capable de peser sur la collecte et le stockage de données qui, pour l’heure, atterrissent sur les serveurs des géants technologiques majoritairement américains ou chinois.

Loup dans la bergerie

Porté, mi-2020, sur les fonts baptismaux par la France et l’Allemagne, GAIA-X, société de droit belge, rassemble près de 850 membres (universités, laboratoires, grandes entreprises, start-up…) issus d’une vingtaine de pays, dont plus d’une dizaine de l’Union Européenne. Sorte « d’Airbus de la donnée », l’ambition initiale était de favoriser la coopération d’acteurs européens et, partant, d’aller dans le sens d’une souveraineté européenne de la donnée, le tout bien sûr dans le respect des règles européennes dont le fameux RGPD (règlement général sur la protection des données pour le respect de la vie privée) en vigueur depuis 2016.

GAIA-X est toujours en vie mais a essuyé sa première tempête. En cause, le fait que des acteurs non-européens du cloud (Amazon, Google, Palantir, Hewlett-Packard, VMware, Huawei, Alibaba…) aient été autorisés à faire partie de ce consortium des acteurs du cloud. Pour certains membres de GAIA-X (Scaleway [2], Outscale), une telle décision revient à faire « entrer le loup dans la bergerie », c’est-à-dire, implicitement, à renoncer à se doter d’un outil qui aille dans le sens d’une souveraineté numérique européenne.

La donnée, enjeu politique mondial

On le sait, à l’avenir, la valeur ajoutée se situera de plus en plus dans le stockage et le traitement de la donnée. « Pourrons-nous contrôler l’accès à nos propres données ainsi que leur confidentialité, ou serons-nous prisonniers d’une entreprise ou d’un État gardant jalousement le contrôle de l’accès à ces données? [3] », écrit Jean Tirole, Prix Nobel d’économie 2015. Tels sont quelques-uns des grands enjeux politiques de la donnée et de son hébergement dans un contexte de concurrence aiguë entre États et grandes entreprises pour dominer ce marché en plein essor [4].

Dans ce monde agrandi par le virtuel où la donnée massive (Big Data) devient une ressource stratégique, la capacité à drainer, traiter, stocker, voire capter de la donnée est devenue un attribut de la puissance des États.

Aux États-Unis, le « Cloud Act » adopté en 2018 (Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act, que l’on peut traduire par « loi clarifiant l’usage légal des données hébergées à l’étranger »), impose à toute société américaine d’aider les services de renseignement à accéder à des données qu’elle détiendrait ou administrerait ; que celles-ci se trouvent sur le sol américain où dans n’importe quel autre pays.

Dans le cadre d’une procédure judiciaire, cette réglementation s’apparente à une sorte de « droit de tirage » sur tous types de données, y compris celles qui se rapportent à l’activité économique ou industrielle d’entreprises ou d’institutions étatiques.

Cloud souverain

Dans notre monde où réel et virtuel s’entrelacent et où les données deviennent des « biens communs » qui composent le patrimoine d’un État, en ce compris les données personnelles des citoyens, des entreprises et des acteurs publics…, la réglementation de l’usage de ces données s’impose tant en matière d’utilisation, de stockage que de règles de partage. Sur un sujet à la fois si stratégique et si régalien, il revient à un « tiers de confiance » – les États, l’Union européenne – d’ancrer ces principes d’intérêt général en mettant en œuvre des initiatives publiques/privées qui vont dans le sens de l’émergence d’un cloud souverain, gage d’une plus grande indépendance technologique.

Sur ce sujet, les initiatives et projets existent. En France, et au titre du plan « France 2030″ présenté en octobre dernier, le président de la République a tracé les contours d’un plan d’investissement de près de 30 milliards d’euros, dont près de 2 milliards seraient consacrés à la création de ce cloud souverain du fait que les infrastructures techniques se doivent d’être situées en France.

Data Governance Act en Europe

À l’échelle européenne, le Parlement européen et les États membres se sont récemment accordés sur le futur espace européen de données en lien avec le futur Data Governance Act [5] (DGA), initiative législative adoptée dans le cadre de la stratégie européenne sur les données. Par ailleurs, Thierry Breton, le commissaire européen notamment en charge des sujets numériques, a annoncé un investissement de 2 milliards d’euros pour la mise en place d’un projet de cloud souverain, à l’image de GAIA-X, c’est-à-dire un cloud qui respecte les valeurs cardinales de transparence, de sécurité et de portabilité des données, gage d’une véritable confiance de la part des citoyens et de toutes les autres parties prenantes.

Exactement ce que l’écosystème numérique réclame, à l’instar d’Euclidia [6], qui fédère 26 entreprises fournissant des services de cloud basées en Europe, et qui demande aux États membres de l’Union européenne de revoir leurs stratégies cloud nationales pour aller vers une harmonisation des pratiques, dans le but de favoriser les entreprises européennes et de réduire la dépendance aux acteurs américains ou chinois. Bref, un appel à un volontarisme politique assumé, presque gaullien pourrait-on dire, pour qu’enfin ces nuages sur le « cloud » fassent place à un temps résolument dégagé.

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NOTES

1 What is Gaia-X?

2 Scaleway quitte Gaia-X : « Je n’ai plus de temps à perdre avec un projet gangrené de l’intérieur par les Gafam » (Yann Lechelle, CEO)

3 Économie du bien commun, Jean Tirole, PUF

4 https://home.kpmg/fr/fr/home/insights/2021/04/cloud-europeen-croissance-enjeux.html

5 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:52020PC0767&from=EN

6 Press Relase: EUCLIDIA calls for a moratorium on fragmented national cloud strategies to support sovereign European technologies

Après la débâcle en Afghanistan, quel bouclier américain ?

Après la débâcle en Afghanistan, quel bouclier américain ?

 

Après la débâcle en Afghanistan, la présence américaine amène des pays notamment  d’Asie à s’interroger sur leur dépendance vis-à-vis des Etats-Unis.

(Article du monde, extrait)

 


L’onde de choc de la débâcle américaine amène pourtant des pays notamment d’Asie à s’interroger sur leur dépendance envers les Etats-Unis, qui s’avère une garantie de sécurité insuffisante s’ils ne disposent pas eux-mêmes de capacités pour se défendre et, surtout, s’ils ne se ménagent pas d’autres options que le suivisme. C’est moins la fiabilité de l’engagement américain que les décisions unilatérales de Washington qui inquiètent Séoul et Tokyo.

Des raisons durables à la présence américaine en Corée du Sud et au Japon écartent l’hypothèse d’un retrait : la guerre de Corée, suspendue à un simple armistice en 1953 – ce qui en fait le plus long conflit où sont impliqués les Etats-Unis –, et la menace nucléaire du Nord, qui dispose désormais de capacités intercontinentales. Le Japon, lui, reste la « clé du Pacifique » pour contenir la Chine, comme au moment de la guerre froide.

Vu de Séoul et de Tokyo, le retour des talibans à Kaboul ne suscite pas les mêmes inquiétudes qu’aux Etats-Unis et en Europe sur la résurgence d’un foyer terroriste : « Contrairement aux puissances occidentales, la Corée du Sud n’a pas d’intérêt stratégique en Afghanistan », estime Ku Mi-seon, de l’université de l’Ohio (Etats-Unis). Pour Masayuki Tadokoro, de l’université Keio, à Tokyo, « le Japon n’ayant jamais été une cible du terrorisme islamiste, le retour au pouvoir des talibans n’a pas d’implications géopolitiques pour Tokyo, sinon par son effet sur les relations entre la Chine et les Etats-Unis ».

Au lendemain d’une autre défaite des Etats-Unis – la chute de Saigon, en 1975, au terme de la guerre du Vietnam –, la Corée du Sud et le Japon, qui avaient été les bases arrière de l’offensive américaine, avaient cherché à rebattre les cartes. Le président sud-coréen, Park Chung-hee, avait lancé un programme clandestin d’armement nucléaire – auquel Washington mit le holà – et le Japon avait ouvert le spectre de sa diplomatie en signant, en 1978, un traité de paix et d’amitié avec la Chine, après avoir normalisé les relations entre les deux pays en 1972.

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