Loi travail : « quelques améliorations » ? (Valls)
Au JDD, Manuel Valls laisse entendre qu’il serait prêt à faire quelques modifications concernant la loi travail. Il propose d’intégrer « les amendements nécessaires » mais sans autre précision. Pas sûr que cette légère ouverture puisse satisfaire les opposants qui sont nombreux. En effet 70 à 80 % des Français sont opposés au texte actuel mais une majorité souhaite un rééquilibrage significatif de la loi ; il est vraisemblable que l’ampleur des modifications sera proportionnelle à la mobilisation car à moins de démissionner Valls sera contraint de composer. Au-delà de l’enjeu concernant le droit du travail, il y a aussi la posture de Valls qui veut apparaître comme le leader incontesté de la réforme à gauche. Or cette position lui est disputée par Emmanuel Macron d’où sans doute la mise à l’écart de ce dernier pour la gestion de ce projet de loi. (Interview JDD)
Envisagez-vous d’utiliser, le cas échéant, l’arme politique du 49-3 sur la loi El Khomri?
Nous n’avons jamais évoqué l’idée de mettre en œuvre le 49-3. Myriam El Khomri a simplement rappelé que nous assumerions nos responsabilités. Et notre responsabilité, c’est de mener à bien ce texte avec les amendements nécessaires. Moi, je veux convaincre les socialistes, les radicaux de gauche, les écologistes d’approuver cette loi mais je veux que la loi recueille aussi l’assentiment de tous ceux qui veulent réformer le pays. Au lendemain des élections régionales, marquées par la progression de l’extrême droite, tout le monde a dit qu’il fallait sortir d’un certain nombre de postures, et ne pas approfondir les fractures. Je n’attends pas qu’on gomme les clivages entre la gauche et la droite, mais qu’on se retrouve sur la question essentielle de la lutte contre le chômage.
On murmure que vous êtes prêt à mettre en jeu votre responsabilité de Premier ministre…
Mon énergie, mon dynamisme, je les mets au service de cette réforme déterminante. Et je n’oublie pas les autres défis : la menace terroriste, la crise migratoire, le risque de dislocation de l’Europe… Dans de telles circonstances, il y aurait une forme d’indécence à poser le débat autour de ma personne. Le seul sujet qui m’occupe, c’est l’efficacité de cette réforme. Oui, j’insiste, c’est difficile mais moi, je suis passionné par ce que je fais. Je suis fier d’être le Premier ministre de la France, et d’agir. C’est pourquoi je suis serein et en même temps très déterminé. Jamais je n’ai fait et je ne ferai de chantage à la démission. Le narcissisme, l’égotisme et les caprices, je laisse cela à d’autres. Mon rapport avec le président de la République est empreint de loyauté personnelle et de respect des institutions. [...]
Souhaitez-vous l’organisation d’une primaire à gauche?
Il y a un grand appétit de débats et de démocratie dans notre pays. Et il faut évidemment l’entendre. Mais, vous savez, moi, je crois beaucoup aux institutions de la Ve République. Et je ne veux pas d’une VIe République qui mettrait en cause les responsabilités essentielles qui sont celles du chef de l’État et de son rapport au peuple. La VIe République, qu’on invoque souvent, c’est en fait le retour à la IVe République sans les talents d’alors. Alors, je dis : attention! Ce débat sur la primaire, je le suis avec intérêt mais si c’est pour s’en prendre à la légitimité du président et des institutions, alors je ne suis pas d’accord!