Bayrou: large exposé dans une ambiance de maternelle
Dette
Le Premier ministre a entamé son discours par la situation de la dette, qui atteint aujourd’hui 3 228 milliards d’euros, « une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social ».
François Bayrou a souligné l’urgence de faire adopter un budget. « Est-il nécessaire que plus de 1 000 agences, organes ou opérateurs exercent l’action publique ? », s’est-il également interrogé. . Il a maintenu « l’objectif de 3% de déficit public en 2029″, avec un objectif de « déficit public pour 2025 à 5,4% du PIB [produit intérieur brut]« .
Le Premier ministre a annoncé la « création d’un fonds spécial entièrement dédié à la réforme de l’Etat, financé en réalisant une partie des actifs en particulier immobiliers qui appartiennent à la puissance publique ». Celui-ci devra permettre « des investissements, par exemple, dans le déploiement de l’intelligence artificielle dans nos services publics ».
Dans sa réponse aux groupes politiques, François Bayrou a fait d’autres annonces en matière budgétaire. Il entend ainsi travailler sur « une taxe anti-optimisation pour les hauts patrimoines », qui pourrait figurer dans le budget 2025, comme le demande le Parti socialiste. Il a également affirmé que les dépenses de santé augmenteront de 3,3% en 2025, dans la reprise du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), au lieu des 2,8% prévus par Michel Barnier.
« Notre bureaucratie est trop lourde », a dénoncé François Bayrou, affirmant que le poids des normes coûtait en moyenne 4% de PIB chaque année à la France. Il souhaite un »puissant mouvement de débureaucratisation » , réclamant »l’adoption rapide du projet de loi de simplification de la vie économique ».
Retraites
Le Premier ministre a annoncé « remettre ce sujet en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref, et dans des conditions transparentes », en se basant sur des chiffres fournis prochainement par la Cour des comptes.
Concrètement, afin de trouver « des voies de progrès » pour une « réforme plus juste », « une délégation permanente sera donc créée » dès vendredi, avec les représentants des partenaires sociaux.
Mode de scrutin
Sur le plan des institutions, François Bayrou a remis sur la table la question de la réforme du mode de scrutin aux législatives, avec « l’adoption du principe proportionnel pour la représentation du peuple », une de ses demandes de très longue date.
François Bayrou a aussi abordé la question de « la démocratie » durant son discours, avec pour objectif « la reconnaissance du pluralisme ». « Je souhaite proposer que les partis politiques, comme les syndicats, puissent être reconnus comme des mouvements d’utilité publique. Je souhaite aussi la création de la banque de la démocratie », a-t-il lancé, « pour que le financement des partis politiques et des campagnes ne dépende plus de choix de banque privées ».
Immigration
« J’ai la conviction profonde que l’immigration est une question de proportions », a déclaré François Bayrou, en prenant l’exemple de Mayotte. « Il est donc de notre devoir de conduire une politique de contrôle, de régulation et de renvoi dans leur pays de ceux dont la présence met en péril, par leur nombre, la cohésion de la nation. »
Écologie
« L’écologie, au contraire de ce que certains pensent, ce n’est pas le problème, c’est la solution », a défendu François Bayrou après une heure de discours. Le Premier ministre n’a pas manqué de mettre en avant l’énergie nucléaire, « essentielle », pour produire « de façon décarbonée », « accessible à tous ». « La question de l’eau, nous devons la saisir à bras-le-corps à travers une grande conférence nationale déclinée dans les régions », a-t-il ajouté, tout en déclarant vouloir poursuivre le plan vélo lancé par Elisabeth Borne « avec les moyens qui lui sont nécessaires ».
Enseignement
« Comment accepter que l’école française, qui était la première du monde, se voit classée au rang qui est le sien aujourd’hui, en mathématiques comme en lecture ? », s’est interrogé François Bayrou.
En début de soirée, après les prises de parole des groupes parlementaires, le Premier ministre a assuré aux députés socialistes qu’il n’y aurait pas 4 000 suppressions de postes d’enseignants, comme il était prévu dans le projet de budget pour 2025. Il a néanmoins évoqué des difficultés pour recruter de nouveaux professeurs.
Nouvelle-Calédonie
François Bayrou et son gouvernement reprennent en main le dossier néo-calédonien, après des mois de tergiversations en raison d’une situation politique chamboulée. « Je souhaite que le processus politique reprenne avec des négociations qui devront aboutir à la fin du trimestre. J’inviterai fin janvier les forces politiques à venir à Paris pour ouvrir ces négociations », a avancé le Premier ministre. C’était le souhait de Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, en visite dans ce territoire en novembre(Nouvelle fenêtre). Manuel Valls, ministre des Outre-mer, sera « particulièrement » chargé de cette question institutionnelle.
Le logement
« Nous avons besoin d’une politique de logement repensée et de grande ampleur », a insisté François Bayrou, alors qu’une crise du logement et de l’immobilier est régulièrement évoquée. « Nous pouvons aller plus loin en réduisant encore les délais, alléger les demandes d’autorisation, favoriser la densification, faciliter les changements d’usage… Cela suppose aussi de relancer l’investissement locatif et l’accession à la propriété, et de soutenir les maires bâtisseurs par un système d’encouragement à l’investissement, y compris à l’investissement privé », a-t-il précisé, sans détailler les mesures particulières qui seraient mises en œuvre par la ministre du Logement, Valérie Létard.
Santé
François Bayrou a réclamé que les hôpitaux passent d’une »logique budgétaire annuelle à une logique de financement pluriannuel ». Il a confirmé que la santé mentale sera la « grande cause nationale » cette année, comme l’avait décidé son prédécesseur Michel Barnier.
Le Premier ministre a également promis que « la mesure de déremboursement de certains médicaments et des consultations ne sera pas reprise » et réitéré l’engagement de remboursement intégral des fauteuils roulants en 2025. Enfin, François Bayrou a confirmé la création du haut-commissariat à l’Enfance, annoncé par Emmanuel Macron fin décembre.