Archive pour le Tag 'Amazon'

Salaire: Hausse de près de 5 % chez Amazon

Salaires: Hausse de près de 5 % chez Amazon

 

Accord une augmentation salariale de 4,8% en moyenne, a annoncé jeudi la direction. 

Chez Amazon,  accord prévoyant une augmentation salariale de 4,8% en moyenne pour les salariés des centres de distribution. Pour les agences de tri et de livraison (29 sites), un accord avait été trouvé en début de semaine. Pour rappel, Amazon France emploie plus de 20.000 salariés en CDI, dont une partie travaille pour Amazon France Logistique, qui gère les entrepôts de grande taille dont huit centres de distribution.

Dans les faits, l’accord majoritaire a été signé pour les centres de distribution par la CFDT (19,5%), l’Unsa (16%) et la CAT (19%), a indiqué Amazon auprès de l’AFP. De leur côté, la CGT (20,5%), Sud Solidaires (18%) et la CFE-CGC (7%) ont refusé de signer l’accord.

L’accord signé prévoit les mêmes évolutions que celui des agences de livraison et de tri à l’exception du congé pour enfant malade, qui existait déjà pour les personnels des centres de distribution, a expliqué à l’AFP le directeur des ressources humaines. « Cet accord représente bien nos préoccupations (…) du bien-être des salariés », s’est-il réjoui.

Au-delà de la hausse du salaire de base de 4,8% en moyenne (hors cadres), il prévoit une prime de partage de la valeur de 1.000 euros pour les agents logistiques ayant au moins un an d’ancienneté.

Amazon : un « petit » profit de 10 milliards au troisième trimestre

Amazon : un « petit » profit de 10 milliards au troisième trimestre

Amazon qui se contente de distribuer (Plutôt de faire distribuer la plupart du temps !) engrange de nouveaux profits records grâce à la puissance de sa plate-forme et aura encore réalisé un « petit » Bénéfice de 10 milliards au troisième trimestre. Finalement la crise n’est pas pour les grandes sociétés qui au contraire profitent largement de l’environnement inflationniste.

Amazon a ainsi présenté un bénéfice net au troisième trimestre de près de 9,9 milliards de dollars. C’est trois fois plus que lors de l’été 2022 et 3 milliards de plus que les attentes des marchés.

Amazon, comme les autres géants de la tech, a vécu une année 2022 mouvementée avec le retour des consommateurs dans les magasins physiques après la pandémie, n’hésitant pas à licencier massivement début 2023. Depuis, la plateforme « a lentement retrouvé son élan », a commenté Andrew Lipsman, analyste d’Insider Intelligence. « Les résultats du troisième trimestre constituent un test important de la rapidité avec laquelle l’entreprise redresse la barre », dans un contexte économique défini par l’inflation.

Amazon en France: pour tuer l’agriculture ?

Amazon en France: pour tuer l’agriculture ?

Il pourrait bien se passer dans l’agriculture et la filière agro alimentaire ce qui s’est produit dans l’industrie et la distribution. À savoir l’installation d’un intermédiaire entre production et consommation de dimension mondiale capable de peser sur l’origine des produits et leur prix. Au départ on propose de commercialiser les produits locaux et progressivement on leur substitue comme par exemple dans l’agriculture des produits en provenance en particulier d’Amérique du Sud.

Le géant américain du e-commerce expose pour la première fois au Salon de l’agriculture à Paris, pour y présenter son espace de vente dédié aux petits producteurs.

« Nous avons un double objectif: faire connaître notre ‘Boutique des producteurs’ aux visiteurs, et montrer aux producteurs les opportunités offertes par le numérique », explique Patrick Labarre, directeur de la marketplace Amazon France.
Lancée en 2018, la « Boutique des producteurs » propose de la charcuterie, des fromages, des chocolats, des confiseries ou encore des vins et des liqueurs. Elle revendique 400 producteurs et environ 13.000 références à l’heure actuelle. « On a l’ambition de proposer le choix de produits le plus large possible », assure Patrick Labarre. Amazon s’attaque aussi à la viande et aux paniers de fruits et légumes, au travers de boucheries et de coopératives.

Peu connu pour son offre alimentaire, le géant du e-commerce veut convaincre des petites entreprises de passer par sa marketplace plutôt que d’ouvrir un site web en direct, pariant notamment sur l’attrait que peut susciter sa large clientèle. Outre l’abonnement mensuel de 39 euros, il faut s’acquitter d’une commission de 10% à 15% sur les ventes pour y vendre ses produits. S’y ajoute aussi le coût de la prestation logistique si on la confie à Amazon.

Amazon en France pour étouffer un peu plus l’agriculture ?

Amazon en France pour étouffer l’agriculture ?

Il pourrait bien se passer dans l’agriculture et la filière agro alimentaire ce qui s’est produit dans l’industrie et la distribution. À savoir l’installation d’un intermédiaire entre production et consommation de dimension mondiale capable de peser sur l’origine des produits et leur prix. Au départ on propose de commercialiser les produits locaux et progressivement on leur substitue comme par exemple dans l’agriculture des produits en provenance en particulier d’Amérique du Sud..

Le géant américain du e-commerce expose pour la première fois au Salon de l’agriculture à Paris, pour y présenter son espace de vente dédié aux petits producteurs.

« Nous avons un double objectif: faire connaître notre ‘Boutique des producteurs’ aux visiteurs, et montrer aux producteurs les opportunités offertes par le numérique », explique Patrick Labarre, directeur de la marketplace Amazon France.
Lancée en 2018, la « Boutique des producteurs » propose de la charcuterie, des fromages, des chocolats, des confiseries ou encore des vins et des liqueurs. Elle revendique 400 producteurs et environ 13.000 références à l’heure actuelle. « On a l’ambition de proposer le choix de produits le plus large possible », assure Patrick Labarre. Amazon s’attaque aussi à la viande et aux paniers de fruits et légumes, au travers de boucheries et de coopératives.

Peu connu pour son offre alimentaire, le géant du e-commerce veut convaincre des petites entreprises de passer par sa marketplace plutôt que d’ouvrir un site web en direct, pariant notamment sur l’attrait que peut susciter sa large clientèle. Outre l’abonnement mensuel de 39 euros, il faut s’acquitter d’une commission de 10% à 15% sur les ventes pour y vendre ses produits. S’y ajoute aussi le coût de la prestation logistique si on la confie à Amazon.

Amazon dans l’agriculture ?

Amazon dans l’agriculture ?

Il pourrait bien se passer dans l’agriculture et la filière agro alimentaire ce qui s’est produit dans l’industrie et la distribution. À savoir l’installation d’un intermédiaire entre production et consommation de dimension mondiale capable de peser sur l’origine des produits et leur prix. Au départ on propose de commercialiser les produits locaux et progressivement on leur substitue comme par exemple dans l’agriculture des produits en provenance en particulier d’Amérique du Sud..

Le géant américain du e-commerce expose pour la première fois au Salon de l’agriculture à Paris, pour y présenter son espace de vente dédié aux petits producteurs.

« Nous avons un double objectif: faire connaître notre ‘Boutique des producteurs’ aux visiteurs, et montrer aux producteurs les opportunités offertes par le numérique », explique Patrick Labarre, directeur de la marketplace Amazon France.
Lancée en 2018, la « Boutique des producteurs » propose de la charcuterie, des fromages, des chocolats, des confiseries ou encore des vins et des liqueurs. Elle revendique 400 producteurs et environ 13.000 références à l’heure actuelle. « On a l’ambition de proposer le choix de produits le plus large possible », assure Patrick Labarre. Amazon s’attaque aussi à la viande et aux paniers de fruits et légumes, au travers de boucheries et de coopératives.

Peu connu pour son offre alimentaire, le géant du e-commerce veut convaincre des petites entreprises de passer par sa marketplace plutôt que d’ouvrir un site web en direct, pariant notamment sur l’attrait que peut susciter sa large clientèle. Outre l’abonnement mensuel de 39 euros, il faut s’acquitter d’une commission de 10% à 15% sur les ventes pour y vendre ses produits. S’y ajoute aussi le coût de la prestation logistique si on la confie à Amazon.

Amazon : Énorme vague aussi de licenciement de 10.000 employés

Amazon : Énorme vague aussi de licenciement de 10.000 employés

Comme de nouveaux grands de la tech, Amazon ce prépareà licencier de nombreux salariés. En cause , évidemment la crise générale et l’inflation qui affecte le pouvoir d’achat des consommateurs. Sans parler de la question environnementale qui devrait nuit encore davantage à Amazon compte tenu de la longueur exceptionnelle des déplacements des marchandises commandées.

Amazon se prépare à licencier environ 10.000 employés d’après le New York Times. La plateforme de vente en ligne deviendrait ainsi le dernier géant américain de la tech en date à répondre à la crise économique avec un plan social de grande envergure. Cela représenterait un peu moins de 1% de la masse salariale du groupe, qui comptait 1,6 million d’employés dans le monde fin 2021.
Une part importante de ces effectifs est constituée de travailleurs saisonniers, recrutés en période d’activité accrue, notamment pour les fêtes de fin d’année. Selon le New York Times, les postes concernés seront situés dans le département Amazon Devices (les appareils électroniques équipés de l’assistant vocal Alexa ou encore les liseuses Kindle), dans la division de vente au détail ainsi que dans les ressources humaines. La répartition par pays n’est en revanche pas spécifiée.

Mercredi dernier, Meta, la maison mère de Facebook, a annoncé la suppression de 11.000 emplois, soit environ 13% de ses effectifs. Deux sociétés de la Silicon Valley, le spécialiste des services de paiement en ligne Stripe et la plateforme de réservation de voitures avec chauffeur Lyft, ont aussi récemment fait part de licenciements de grande ampleur. Twitter, fraîchement racheté par Elon Musk, a pour sa part congédié environ la moitié de ses 7500 salariés.

Diffusion tennis Nadal-Djokovic: La France se couche devant Amazon

Diffusion tennis Nadal-Djokovic: La France se couche devant Amazon

 

De toute évidence , la nouvelle dirigeante du tournoi de tennis de Roland-Garros confond sport et business sans parler de ses propres intérêts. Certes l’influence de l’argent dans le sport n’est pas nouvelle, il y a longtemps qu’elle a dépassé les limites de la décence. Mais se plier aux exigences d’Amazon laisse songeur sur l’évolution de l’éthique sportive.

Lundi, Amélie Mauresmo, la nouvelle directrice du tournoi de Roland-Garros, a donc tranché. L’ancienne championne de tennis, longtemps consultante pour France Télévisions avant d’être débauchée la saison dernière par Amazon Prime Vidéo, a choisi ce dernier au détriment des antennes du service public pour diffuser le quart de finale opposant Rafael Nadal et Novak Djokovic. Et cette configuration ne plaît pas du tout à Delphine Ernotte, la présidente du groupe audiovisuel public. Selon nos informations, la dirigeante a clairement exprimé son mécontentement mardi matin lors d’un conseil d’administration auquel siégeaient des représentants du Parlement, des ministères du Budget et de la Culture. « Cette décision de la Fédération française de tennis me choque profondément », a-t-elle indiqué.

Dette : amortissement par l’inflation et la baisse de l’euro

Dette : amortissement par l’inflation et la baisse de l’euro

Comme c’était prévisible, la dette va progressivement s’amortir en Europe par l’inflation et la baisse de l’euro. En effet, l’euro s’est de nouveau replié vendredi 1er avril face au dollar américain.

Les deux phénomènes conjoints constitue de fait une sorte de fiscalité qui vient pomper le pouvoir d’achat des ménages, des entreprises et des épargnants.

Précédemment avant l’euro les crises financières ce régulaient surtout par des processus de désolation. Avec l’euro, les dettes des membres de l’union européenne sont mutualisées et se régulent par les taux de change et l’inflation

Vers 21H00 en France, la monnaie unique abandonnait 0,17% face au «greenback», à 1,1048 dollar pour un euro. Le dollar gagnait aussi du terrain sur le franc suisse, le yen ou la livre sterling. 

L’euro n’a, lui, pas profité de la publication d’un indicateur d’inflation en zone euro, qui s’est inscrit à 7,5% en mars, sur un an, un record. «L’inflation élevée va encore augmenter la pression sur la BCE (Banque centrale européenne) pour qu’elle intervienne et monte ses taux», a réagi, dans une note, Joe Manimbo, de Western Union, «mais les prévisions de croissance en zone euro sont en train de mal tourner avec la guerre en Ukraine.»

Un syndicat chez Amazon aux États-Unis: Biden approuve

Un syndicat chez Amazon aux États-Unis: Biden approuve

 

Ce n’est pas en France où les syndicats sont plutôt marginalisés pour ne pas dire discrédités non seulement par certaines directions entreprises mais tout autant par pouvoir politique, les médias, les technocrates voir les intellos. ( À leur décharge certains syndicats par leur radicalité et leur simplisme ont aussi contribué à la baisse de leur audience ). Non, c’est curieusement aux États-Unis que le président américain se félicite de la première création d’un syndicat chez Amazon. Le président américain Joe Biden est «heureux» de la création du tout premier syndicat chez Amazon aux Etats-Unis, a dit vendredi 1er avril sa porte-parole Jen Psaki. Le démocrate, qui ne manque jamais une occasion de louer l’action des organisations syndicales dans le pays, est «heureux que des salariés s’assurent d’être entendus pour les décisions importantes» qui les concernent, a-t-elle déclaré.

En France on reparle parfois du concept de participation gaulliste mais souvent réduite à l’accord d’une petite prime financière loin de la participation réelle à l’allemande par exemple. On voit mal Macron compte tenu de ses orientations politiques se féliciter de la création d’un syndicat,  lui qui a plutôt tendance à shunter toutes les organisations intermédiaires. Notons que précédemment des socialistes avec Mitterrand et la suite n’ont guère manifesté d’intérêt pour la fonction syndicale.

Amazon diffuse le foot français !

Amazon diffuse le foot français !

 

On peut considérer que la diffusion du foot français connaît aujourd’hui la pire pagaille. Difficile en effet pour le supporter moyen de savoir et comment suivre les matchs diffusés à la télévision. Selon les cas et les compétitions, il faut s’adresser à Canal+, à Being, , à RMC, à Free ou encore à Amazon.

 

La multinationale américaine qui impose déjà sa puissance pour la diffusion de produits de consommation intervient donc aussi dans le sport et le foot français. Pas forcement un investissement financier très rentable mais une opération marketing pour que les Français s’habituent encore davantage à la marque justement qui se vante de diffuser aussi les produits hexagonaux.

 

Le paradoxe, c’est que plus il y a de canaux de diffusion, plus il y a de concurrence et moins les matchs sont accessibles. Le résultat sans doute aussi d’une politique complètement incohérente de la ligne nationale de football qui cumule le triste bilan d’un championnat le moins attrayant d’Europe et une politique de diffusion complètement anachronique. On estime que le chiffre d’affaires du service Amazon Ligue 1 devrait s’élever entre 170 et 200 millions d’euros hors taxe cette année. «Compte tenu des 250 millions d’euros payés pour l’acquisition des droits, et des coûts supplémentaires de production, évalués à 25 millions d’euros, les pertes d’Amazon seront comprises entre 75 et 100 millions d’euros». Le géant avait pourtant récupéré les droits TV du Championnat laissés vacants par Mediapro à la casse. Il a payé 70% moins cher que le groupe sino-espagnol. «Cela pose la question de la réelle valeur de la Ligue 1», estiment les experts. À noter face à une situation ubuesque la montée en flèche du piratage qui pourrait devenir le premier diffuseur !

Amazon: du taylorisme au « bezosisme

Amazon: du taylorisme au   »bezosisme « 

Un article de Christopher Mims Dans le Wall Street Journal

Le géant du commerce électronique invente le « bezosisme », mode de management associant surveillance des employés, utilisation d’algorithmes et exploitation des données

 

Si elle s’avère aussi prisée et durable que les systèmes d’organisation dont elle s’inspire – du fordisme jusqu’au système de production de Toyota –, la méthode de management de Jeff Bezos pourrait constituer, aux côtés du commerce électronique et des activités spatiales de l’entrepreneur, son héritage le plus important.

 

Austin Morreale avait été embauché pour ranger les marchandises dans les étagères d’un entrepôt d’Amazon. Si cette tâche éprouvante s’est révélée insupportable physiquement, M. Morreale en retient quand même des aspects positifs. Le travail était éreintant et les nuits, bien longues – M. Morreale se rendait à l’entrepôt après sa journée de travail dans un organisme à but non lucratif. Ce cumul n’était pas durable, mais M. Morreale ne comptait pas s’y plier plus d’un été de toute façon. Il avait besoin d’un revenu supplémentaire, de l’accès immédiat à une assurance maladie, et d’un changement de rythme. Finalement, il a tenu six semaines.

M. Morreale, 50 ans, travaillait au centre de traitement des commandes d’Edison, dans le New Jersey, et affirme que si bon nombre d’employés avec lesquels il était formé ne sont pas restés plus de deux semaines, « [son] expérience a été positive ». La tâche était rude, lui rappelant d’une certaine manière ses entraînements sportifs lorsqu’il était lycéen. « C’était dix heures de boulot d’un ennui mortel, à rester presque tout le temps dans la même position, raconte-t-il. Je terminais en nage, avec des douleurs comme je n’en avais pas eues depuis l’époque où je participais à des tournois de football. »

M. Morreale explique qu’il était lent, et qu’il peinait à suivre la méthode qu’on lui avait apprise pour ranger efficacement les marchandises sur les étagères robotisées. Il n’arrivait pas à tenir la cadence exigée des employés d’Amazon. Il précise toutefois que ses managers étaient bienveillants et « s’investissaient un maximum » pour aider chaque membre de son équipe à s’améliorer.

On imagine la satisfaction de Taylor, inventeur de l’organisation scientifique du travail au début du XXe siècle, ou de Ford, s’ils avaient pu savoir, à la milliseconde près, combien il fallait à chaque travailleur pour mener sa tâche à bien, chaque jour, quelle que soit l’usine où il se trouvait

A l’entrepôt, personne n’a jamais été derrière M. Morreale, à lui hurler d’aller plus vite. Cela n’était pas nécessaire. Deux fois par jour, les chefs d’équipe réunissaient les employés pour les tenir informés de leurs performances : un logiciel d’Amazon et une panoplie de capteurs disséminés dans l’entrepôt suivaient tous les faits et gestes du personnel. « Vous gardez ces chiffres en permanence à l’esprit », observe M. Morreale.

Le témoignage de M. Morreale est représentatif de l’expérience moyenne des employés de centres de traitement des commandes que j’ai interrogés. D’un côté, il y avait ceux pour qui le travail s’était avéré insupportable, et qui n’avaient pas tenu plus de deux semaines. De l’autre, il y avait des employés qui appréciaient leur tâche et toléraient bien les longues heures de travail, ainsi que l’isolement et la répétition des mêmes gestes auxquels il était associé.

Il y a plus d’un siècle, Frederick Winslow Taylor et Henry Ford ont mis au point des systèmes visant à accélérer le rythme de travail, que nous considérons aujourd’hui comme acquis. M. Morreale a fait l’expérience du taylorisme et du fordisme adaptés pour le XXIe siècle par Amazon au moyen d’algorithmes. C’est un mélange de surveillance, de mesures des performances, d’incitations psychologiques, d’objectifs, de slogans, de « l’esprit Jeff Bezos » incitant à travailler dur, et d’une série de dispositifs technologiques intelligents, toujours plus nombreux et souvent développés par le groupe lui-même. Inédit dans l’histoire du travail, ce système global peut être qualifié de « bezosisme ».

Actuellement, le bezosisme connaît une diffusion dans l’univers du travail, réécrivant le code source du fonctionnement industriel mondial. S’il s’avère aussi prisé et durable que les systèmes d’organisation dont il s’inspire – du fordisme jusqu’au système de production de Toyota –, il pourrait constituer, aux côtés du commerce électronique et des activités spatiales de l’entrepreneur, l’héritage le plus important de M. Bezos.

Selon la manière dont une entreprise applique le bezosisme, cette technique de management fondée sur l’exploitation des technologies peut se révéler bienveillante, impitoyable, ou les deux à la fois.

Prenons l’exemple de l’indicateur de performance bien connu d’Amazon – la fameuse cadence que M. Morreale n’était pas capable de tenir.

Dans les centres de traitement des commandes, la productivité humaine est mesurée à l’aide d’un taux global calculé pour chaque travailleur effectuant sur un poste robotisé la mise en stock et le prélèvement des articles dans les stocks.

On imagine la satisfaction de Taylor, inventeur de l’organisation scientifique du travail au début du XXe siècle, ou de Ford, s’ils avaient pu savoir, à la milliseconde près, combien il fallait à chaque travailleur pour mener sa tâche à bien, chaque jour, quelle que soit l’usine où il se trouvait. On imagine aussi ce que Frank et Lillian Gilbreth, pionniers du « time and motion », auraient pu faire s’ils avaient pu remplacer leurs propres caméras par les millions d’heures d’enregistrement vidéo que capturent les caméras numériques installées sur les postes de travail des centres Amazon. On imagine enfin le degré d’efficacité supplémentaire du processus juste-à-temps appliqué à la gestion des stocks, à l’affectation des capitaux et au réapprovisionnement automatisé qu’auraient obtenu Taiichi Ohno et Eiji Toyoda, les créateurs du système de production de Toyota dans le Japon de l’après-guerre, grâce à un dispositif permettant de déterminer le moment précis auquel un ouvrier prélève un article sur une étagère avant de l’envoyer à l’étape suivante.

Le fait qu’Amazon possède toutes ces données, et puisse gérer son personnel, faire évoluer ses systèmes automatisés, et créer de nouveaux robots sur cette base, est l’une des raisons pour lesquelles le groupe est le distributeur le mieux valorisé au monde.

Le rythme global auquel les employés doivent accomplir une tâche dans un entrepôt Amazon, qu’il s’agisse de ranger des articles sur les étagères, les y prélever, ou emballer les marchandises dans des cartons, est calculé à partir de la performance agrégée de chaque personne effectuant cette tâche dans un centre donné, précise une porte-parole d’Amazon. Amazon affirme que ce taux variable montre qu’aucun employé n’est poussé à tenir un rythme au-delà du raisonnable, dans la mesure où la cadence retenue est en quelque sorte une moyenne de ce chacun réalise déjà.

« Nous ne fixons pas d’objectifs de performances déraisonnables », affirmait en avril M. Bezos, désormais président du groupe, dans une lettre aux actionnaires.

Ce n’est cependant pas la façon dont nombre d’employés d’Amazon voient les choses, y compris ceux qui dépassent régulièrement le rythme de leur propre centre. Chacun peut avoir une mauvaise semaine – être malade, épuisé parce qu’il doit s’occuper d’un enfant ou d’un proche, ou souffrir de blessures dues aux gestes répétitifs, lesquelles ne sont pas rares chez des employés devant effectuer la même tâche pendant dix heures, ponctuées seulement d’une demi-heure de pause déjeuner et de deux autres pauses de quinze minutes chacune.

Mercredi dernier, les parlementaires californiens ont proposé un projet de loi visant à réglementer les entreprises qui, comme Amazon, recourent à des quotas et à d’autres pratiques fondées sur des algorithmes dans leurs entrepôts.

Savoir que vous aurez un avertissement, émis par algorithme, si vous ne tenez pas la cadence, et que si cela se produit trop souvent vous risquez de perdre votre emploi, peut constituer une incitation psychologique puissante à travailler plus dur, voire à dépasser vos limites physiques, comme M. Morreale s’en est rendu compte.

Un jour où il travaillait à l’entrepôt Amazon, il a trop poussé ses limites. En sueur et pris d’un étourdissement, il est tombé à genoux – un incident que l’algorithme d’Amazon classe comme une « période hors tâche ». Les employés ne sont pas autorisés à s’asseoir pendant qu’ils travaillent, sauf pour déjeuner et lors des pauses de quinze minutes.

« Je ne sais si c’était de l’épuisement ou autre chose, raconte M. Morreale. Mes supérieurs ne m’ont jamais mis de pression. Je l’ai fait moi-même, en me disant, « Je dois atteindre ces objectifs, je ne suis pas à la hauteur ». »

Au cours des six semaines qu’il a passées chez Amazon, M. Morreale a développé un syndrome du canal carpien, qui ne s’est atténué que lorsqu’il a quitté son poste, explique-t-il.

Il n’est pas facile de mesurer l’impact du bezosisme sur les travailleurs, même si certains s’y sont essayés. En 2019, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, Amazon a fait état de 5,6 blessures pour 100 employés. Le taux moyen pour les entrepôts aux Etats-Unis la même année était de 4,8 %, selon les statistiques des entreprises et des autorités fédérales

Tyler Hamilton, employé d’un centre Amazon à Shakopee dans le Minnesota, et qui avait 22 ans lorsque j’ai parlé avec lui la première fois en 2019, note que le rythme cible à atteindre dans les entrepôts met les employés en concurrence les uns avec les autres.

« Si certains prennent des raccourcis, avalent des litres de café ou de boisson énergisante pour aller plus vite, cela a un impact sur le taux agrégé, souligne-t-il. Donc, si vous ne voulez pas être à la traîne, vous devez prendre des raccourcis et boire des litres de café ou de boisson énergisante à chaque pause. »

Ces comportements ne s’observent pas seulement lors du « Prime Day » ou en haute saison. Pour nombre d’employés, il s’agit de leur régime quotidien. « Vous savez, le café est gratuit au distributeur », indique M. Hamilton. L’aspirine aussi est gratuite dans les entrepôts Amazon – disponible dans des distributeurs installés aux quatre coins des centres.

Il n’est pas facile de mesurer l’impact du bezosisme sur les travailleurs, même si certains s’y sont essayés. En 2019, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, Amazon a fait état de 5,6 blessures pour 100 employés. Le taux moyen pour les entrepôts aux Etats-Unis la même année était de 4,8 %, selon les statistiques des entreprises et des autorités fédérales.

Amazon affirme que son taux de blessures paraît élevé uniquement parce que sa culture d’entreprise en matière de sécurité le conduit à documenter les incidents plus rigoureusement que ses concurrents.

Le groupe a pris un certain nombre d’initiatives pour réduire les blessures au travail ces derniers mois. Il a ainsi mis en place un programme baptisé « Working Well » dans 1 000 des quelque 2 000 sites qu’il compte dans le monde, indique Heather MacDougall, vice-présidente responsable de la santé et de la sécurité. (Amazon compte plus de 750 000 employés à des postes impliquant un travail physique ou encadrant du personnel de ce type.) Le groupe a également ajouté à la liste de ses principes de direction le fait de « viser à être le meilleur employeur au monde » et a annoncé un partenariat avec le National Safety Council, une institution à but non lucratif, pour trouver des moyens de diminuer l’incidence des troubles musculosquelettiques, pathologie la plus fréquente dans l’entreposage et la logistique. (Elle inclut par exemple les blessures dues aux gestes répétitifs.) Amazon s’est aussi engagé à consacrer 300 millions de dollars en 2021 au renforcement de la sécurité au travail.

S’il peut sembler inévitable que les technologies utilisées par Amazon conduisent à accélérer le rythme et les exigences du travail dans ces entrepôts, d’anciens cadres du groupe ayant conçu ces systèmes m’ont assuré que leurs effets sur le personnel dépendaient entièrement des dirigeants de l’entreprise.

Kiva Systems, l’entreprise de robotique qu’Amazon a achetée en 2012 et qu’il a rebaptisée Amazon Robotics, a mis au point le mécanisme permettant le déplacement des étagères dans les centres Amazon et travaillait auparavant pour d’autres clients. Lorsque ses techniciens et managers ont commencé à déployer leurs robots dans des entrepôts d’entreprises comme Walgreens, les employés s’en sont félicités, affirme le fondateur de Kiva, Mick Mountz, qui était devenu cadre chez Amazon après le rapprochement et a quitté le groupe en 2015. De fait, les employés en question, qui étaient auparavant obligés de parcourir plus de dix kilomètres par jour pour récupérer les marchandises à livrer, n’avaient désormais quasiment plus à marcher, les produits arrivant jusqu’à eux grâce aux robots.

Chez Amazon, le rythme de travail exigé des employés est la plus pure expression des objectifs de l’entreprise. Les dirigeants et porte-parole d’Amazon se plaisent à expliquer à quel point l’automatisation simplifie la tâche des employés. Toutefois, jusqu’à très récemment, ils ne semblaient pas aptes, ou disposés, à envisager que les exigences accrues que cette automatisation fait peser sur le personnel pourraient aboutir à un épuisement physique ou psychologique des employés

Mais imaginer qu’une nouvelle technologie capable d’augmenter la productivité d’un travailleur signifie que celui-ci aura finalement moins à faire est une erreur classique. L’histoire du travail montre que chaque fois qu’une tâche est automatisée, nous tendons à utiliser davantage le produit ou le service nécessitant cette tâche, en association avec d’autres, pour accomplir autre chose, ou quelque chose de plus compliqué ou difficile.

Comme le déclare publiquement Amazon, « les centres de traitement qui utilisent des robots ont souvent des effectifs supérieurs parce que les stocks circulent plus vite, ce qui nécessite des employés en plus ».

Un travailleur utilisant le système de Kiva dans ses premières formes pouvait tripler environ son rendement, explique M. Mountz. Mais cela ne signifie pas que les entreprises recourant à ce système aient réduit des deux tiers les heures de travail de leurs employés tout en leur versant le même salaire. En fait, Staples et Walgreens, deux des premiers clients de Kiva, ont profité de la meilleure productivité de leurs employés pour accroître la capacité de production de leurs entrepôts, stocker et expédier un plus large éventail de produits, raccourcir les délais de traitement des commandes, et finalement réduire le coût de leurs services, augmenter leurs profits, voire les deux à la fois. Autant de raisons pour lesquelles Amazon, client de Kiva lui-aussi, a décidé d’acheter l’entreprise.

Chez Amazon, le rythme de travail exigé des employés est la plus pure expression des objectifs de l’entreprise. Les dirigeants et porte-parole d’Amazon se plaisent à expliquer à quel point l’automatisation simplifie la tâche des employés. Toutefois, jusqu’à très récemment, ils ne semblaient pas aptes, ou disposés, à envisager que les exigences accrues que cette automatisation fait peser sur le personnel pourraient aboutir à un épuisement physique ou psychologique des employés.

« Nous établissons ces objectifs [en termes de cadence de travail] sur une période prolongée, en nous fondant sur les performances effectives des employés, souligne Mme MacDougall, la responsable de la santé et de la sécurité chez Amazon. Nous tenons compte de très nombreux facteurs, et tout tourne autour de la sécurité et du bien-être des employés. »

J’ai demandé à M. Mountz de me parler du taux de blessures sur les sites utilisant des robots que lui-même et ses techniciens avaient mis au point chez Kiva. Dans le système conçu à l’origine, a-t-il répondu, « nous mettions toujours l’accent sur le fait que l’être humain avait le contrôle de la machine, et non pas l’inverse. Il ne s’agissait pas de rejouer l’épisode de I Love Lucy (NDLR : célèbre série américaine des années 1950) dans la chocolaterie. »

Autrement dit, dans le système d’Amazon, les employés décideraient du rythme auquel ils prélèvent, rangent ou emballent des marchandises, l’automatisation s’adaptant à leur cadence. « Qu’un client, Amazon ou Walgreens, dise qu’il faut manipuler 800 articles par heure ou 300, est fonction du type de stocks géré et de la philosophie de management », indique M. Mountz.

D’anciens et actuels cadres d’Amazon m’ont décrit cette philosophie comme exigeante et axée sur la performance, fondée sur l’idée que chacun doit être poussé jusqu’à ses limites et que la sous-performance doit conduire au renvoi des employés. Amazon veut manifestement changer cette perception. Reste à savoir si les changements auront un impact sensible sur la vie de centaines de milliers d’employés de base, dont le travail est régi par des capteurs et des algorithmes, qui effectuent les tâches physiquement pénibles dont dépend l’empire du commerce électronique d’Amazon, et pour qui la cadence et la nature du travail sont fonction des décisions prises par les dirigeants du groupe autant que des technologies utilisées.

Adapté de Arriving Today : From Factory to Front Door—Why Everything Has Changed About How and What We Buy, par Christopher Mims, éditorialiste du Wall Street Journal spécialisé dans les technologies, à paraître le 14 septembre chez HarperBusiness. Copyright © 2021 Christopher Mims.

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Anne Montanaro)

Amazon revend les produits volés

Amazon revend les produits volés

D’après un article du Wall Street Journal, le vol de produits (souvent revendus sur Amazon) coûte chaque année 45 milliards de dollars aux géants américains de la distribution, qui dépensent sans compter pour lutter ce fléau.

 Que faisait Ben Dugan, homme dont le nom vous est (logiquement) inconnu, fin septembre 2020 ? Il attendait, dans une voiture banalisée, le braquage d’un CVS dans le quartier de Tenderloin, à San Francisco.

Il avait suivi l’homme qui était entré dans la pharmacie et avait discrètement jeté pour plus de 1 000 dollars de médicaments contre les allergies dans un sac poubelle, avant de sortir et répéter l’opération dans deux autres magasins. Une fois le tour du quartier terminé, il avait chargé ses emplettes dans une camionnette, se souvient Ben Dugan.

Mais cet homme n’était pas un voleur ordinaire : il faisait partie d’un réseau de professionnels parfaitement organisés, des « boosters », que CVS faisait suivre depuis plusieurs semaines. Pour le groupe, ces as de la fauche sévissant dans des dizaines de magasins du nord de la Californie sont responsables de la disparation de près de 50 millions de dollars de produits sur cinq ans. La mission de Ben Dugan, enquêteur en chef de CVS Health : les arrêter.

Chaque année, les distributeurs dépensent des millions de dollars pour lutter contre les bandes organisées qui volent des produits dans les magasins avant de les écouler en ligne, souvent sur Amazon, ont révélé des entretiens avec des enquêteurs privés et des policiers ainsi que des documents judiciaires. Le phénomène a explosé avec la pandémie et l’essor du commerce en ligne qui l’a accompagnée.

« On essaie de le maîtriser comme on peut, mais ça augmente tous les jours », soupire Ben Dugan.

La Coalition of Law Enforcement and Retail, une organisation dirigée par Ben Dugan, estime que le vol organisé ciblant les distributeurs entraîne chaque année 45 milliards de dollars de pertes, contre 30 milliards il y a dix ans. Chez CVS, les vols ont bondi de 30% depuis le début de la pandémie.

« Le monde numérique est un espace plutôt pratique pour écouler les marchandises, déclarait en décembre 2019 Craig Menear, PDG de Home Depot, lors d’une conférence investisseurs, devenant le premier grand patron à évoquer la situation dans la distribution. On parle de millions et de millions de dollars de produits de différents distributeurs. »

L’équipe de Ben Dugan, qui travaille avec les forces de l’ordre, espère cette année boucler 73 dossiers de biens volés à différents distributeurs et revendus sur Amazon, pour un total de 104 millions de dollars. A titre de comparaison, en 2020, elle avait traité 27 dossiers pour un montant moitié moins élevé. Ces deux dernières années, CVS a doublé ses effectifs (la chaîne de pharmacies et magasins de proximité compte désormais 17 enquêteurs) et fait l’acquisition d’une camionnette de surveillance avec caméra 360° et télescope.

Chez Home Depot, le nombre d’enquêtes liées à ce type de méfait a augmenté de 86% depuis 2016 et dépassé les 400 cas l’an passé, la majorité concernant le e-commerce. L’équipe d’enquêteurs du géant du bricolage a été multipliée par deux en quatre ans, indique une porte-parole, et travaille avec des milliers de « spécialistes de la protection des biens » présents en magasin pour repérer les voleurs potentiels.

« Le monde numérique est un espace plutôt pratique pour écouler les marchandises, déclarait en décembre 2019 Craig Menear, PDG de Home Depot, lors d’une conférence investisseurs, devenant le premier grand patron à évoquer la situation dans la distribution. On parle de millions et de millions de dollars de produits de différents distributeurs. »

Target, Ulta Beauty et TJX (qui possède TJ Maxx et Marshalls) ont eux aussi renforcé leurs effectifs.

Ce qui complique la tâche des distributeurs, c’est Amazon : enquêteurs et policiers estiment qu’il s’agit de l’une des plateformes favorites des réseaux criminels, qui profitent d’un nombre colossal de clients potentiels et du fait que le site ne contrôle pas vraiment les marchandises qui sont mises en ligne.

Ils se plaignent aussi d’avoir du mal à obtenir des informations sur les malfaiteurs potentiels de la part du géant de la vente en ligne, qui refuse de fournir des éléments sans mandat ou document judiciaire. D’autres plateformes, dont eBay, acceptent plus facilement de coopérer sans intervention de la justice, soulignent les enquêteurs.

Amazon « est peut-être le plus gros prêteur sur gages non réglementé de la planète, s’agace Ian Ranshaw, policier à Thornton, dans le Colorado. On a beaucoup de mal à travailler avec eux. »

Alex Haurek, porte-parole d’Amazon, affirme que le groupe ne tolère pas que des objets volés soient revendus sur son site et travaille avec la police et les distributeurs pour empêcher les malfaiteurs d’agir en retenant des fonds, en fermant des comptes ou faisant des signalements à la police. En outre, Amazon a investi 700 millions de dollars l’an passé pour lutter contre les fraudes sur son site.

De fait, les trafiquants de biens volés dans les supermarchés ont depuis bien longtemps délaissé les marchés aux puces et les petites boutiques de quartier au profit d’Internet, plus rapide et plus anonyme. Les « boosters », souvent des consommateurs de drogue recrutés par des réseaux criminels, vendent les biens volés pour 5% à 10% de leur valeur marchande à un intermédiaire, qui les revend ensuite à un réseau plus important

Selon lui, si le groupe refuse de transmettre les informations personnelles des vendeurs et des clients sans mandat, c’est par respect de la confidentialité des données.

De fait, les trafiquants de biens volés dans les supermarchés ont depuis bien longtemps délaissé les marchés aux puces et les petites boutiques de quartier au profit d’Internet, plus rapide et plus anonyme. Les « boosters », souvent des consommateurs de drogue recrutés par des réseaux criminels, vendent les biens volés pour 5% à 10% de leur valeur marchande à un intermédiaire, qui les revend ensuite à un réseau plus important.

Pour les enquêteurs, l’augmentation des vols s’explique en partie par une évolution de la loi dans certains Etats. En Californie, par exemple, en vertu d’un texte voté en 2014, le fait de voler un objet valant moins de 950 dollars n’est plus un délit, mais une contravention. La chaîne de supermarchés Target a d’ailleurs récemment réduit les horaires d’ouverture de cinq magasins de San Francisco en raison de l’amplification du phénomène.

Beaucoup d’enquêteurs salariés des distributeurs sont d’anciens policiers. Ils suivent les voleurs, épluchent les rapports, examinent les vitrines à la recherche de biens volés, décortiquent les poubelles des suspects, scrutent les vidéos des braquages et passent au peigne fin les profils des vendeurs sur les sites de commerce en ligne.

Et depuis que des voleurs ont affirmé que tous les gens qui portent des chapeaux étaient des flics, Ben Dugan sort tête nue (sauf à Boston, précise-t-il, parce que tout monde a un couvre-chef).

Dans les magasins, consigne a été donnée au personnel de ne pas arrêter les voleurs pour des raisons de sécurité, mais aussi parfois parce que les enquêteurs les laissent délibérément filer pour essayer d’identifier leur intermédiaire.

En début d’année, un membre de l’équipe de Ben Dugan qui suit les vendeurs de produits à risque (les médicaments contre les allergies ou les lames de rasoir par exemple) a repéré un compte Amazon proposant pour plus d’un million de dollars d’articles aux origines douteuses. Le compte était lié à un vidéo club de Leominster, dans le Massachusetts. Epaulée par CVS et d’autres distributeurs, la police locale a arrêté le propriétaire de la boutique au mois de mai. La boutique Amazon a fonctionné pendant au moins six semaines après l’interpellation.

Alex Haurek, porte-parole du groupe, a expliqué que la décision avait été prise « dans les plus brefs délais après réalisation de l’inventaire et traitement des documents nécessaires ».

Fin 2017, les enquêteurs de CVS ont interrogé trois braqueurs. Tous ont déclaré travailler pour un certain « Monsieur Bob » : Robert Whitley, propriétaire d’une entreprise à Atlanta. Ben Dugan avait alors transmis les photos des voleurs à ses homologues chez Target, Publix et Walgreens, qui avaient reconnu la bande, ont révélé des enquêteurs et des documents judiciaires.

En collaboration avec le FBI et la Poste américaine, les équipes des quatre distributeurs ont mis deux années complètes à démanteler le réseau de voleurs qui avaient dérobé des médicaments sans ordonnance dans des centaines de magasins d’une dizaine d’États.

Le fameux Robert Whitley, lui, a géré une boutique Amazon baptisée Closeout Express pendant sept ans et revendu pour 3,5 millions de dollars de biens volés, selon des documents judiciaires. En avril, il a plaidé coupable de transport inter-Etat de biens volés et sa fille a plaidé coupable de complicité. Le duo attend désormais sa condamnation. Amazon, lui, affirme avoir coopéré avec les enquêteurs.

Donald Beskin, l’avocat des Whitley, conteste la qualification des faits, mais n’a pas souhaité en dire davantage.

Depuis quelques années, la police américaine s’intéresse de plus près au crime organisé dans la distribution, certains Etats ayant même créé des équipes régionales dédiées à ce problème.

Pour soutenir ces efforts, Walmart offre parfois des bons d’achat aux enquêteurs pour qu’ils puissent venir incognito en magasin. Pour l’enquête d’Atlanta, Ben Dugan raconte qu’il a fourni des têtes de brosse à dents électriques et des lames de rasoir Fusion à des agents du FBI pour que ces derniers puissent les revendre à Robert Whitley.

L’an passé, Home Depot a financé de nombreux équipements (dont un traceur GPS) pour aider la police du Colorado à suivre un membre d’un réseau criminel transportant de l’outillage électroportatif volé jusqu’à une maison de Katy, au Texas, à quelque 1 500 km du lieu du larcin.

La maison avait été transformée en entrepôt et équipée d’un monte-charge pour déplacer les articles d’un étage à l’autre. Steven Skarritt, ancien peintre en bâtiment, aurait géré une boutique Amazon qui aurait vendu pour près de 5 millions de dollars de produits volés entre 2018 et 2020, selon le mandat transmis par la police à Amazon en janvier dernier.

Les distributeurs militent depuis des années pour que le Congrès oblige les sites de commerce en ligne à vérifier les coordonnées des revendeurs et à rendre certaines informations publiques, ce qui compliquerait selon eux la vente de produits volés

Le monte-charge, « je n’en avais jamais vu de ma carrière », se souvient Jamie Bourne, enquêteur chez Home Depot qui était présent le jour où la police a perquisitionné la maison de Steven Skarritt en octobre dernier. Ce sont pas moins de 55 palettes de marchandise volée chez Home Depot, dont des perceuses, des niveaux et des aspirateurs, qui ont été saisies.

Mi-juillet, Steven Skarritt a été mis en examen pour blanchiment d’argent et participation à une activité criminelle en bande organisée. Amazon a fermé son compte fin juillet, après avoir laissé la boutique ouverte pour les besoins de l’enquête, en accord avec la police texane, a précisé le porte-parole du groupe.

Tate Williams, l’avocat de Steven Skarritt, a indiqué à la justice qu’il n’existait aucune preuve directe montrant que son client savait que les biens étaient volés ni que les produits volés dans le Colorado faisaient effectivement partie du stock découvert chez lui. « Il dément et entend contester formellement ces accusations », a-t-il déclaré.

Les distributeurs militent depuis des années pour que le Congrès oblige les sites de commerce en ligne à vérifier les coordonnées des revendeurs et à rendre certaines informations publiques, ce qui compliquerait selon eux la vente de produits volés.

Amazon (et d’autres plateformes dont eBay) fait pression contre le projet, affirmant que ces mesures seraient contraires au droit à la protection des données des vendeurs. Pour Alex Haurek, le texte favoriserait les géants de la distribution au détriment des petites entreprises qui vendent sur le Net.

« Nous en sommes convaincus : la meilleure façon de lutter contre la fraude et les escroqueries, c’est de durcir les peines encourues et de donner davantage de moyens aux forces de l’ordre », indique-t-il.

Depuis l’an passé, Amazon s’entretient avec les vendeurs pour vérifier leur identité ; à l’heure actuelle, « l’immense majorité » des vendeurs potentiels sont appelés, souligne Alex Haurek. Le groupe leur demande aussi de fournir une identification officielle, une adresse, des numéros de carte et de compte bancaires, ainsi que des informations fiscales, et rend certains éléments publics. L’an passé, ce processus de vérification a permis d’empêcher plus de six millions de malfaiteurs potentiels d’ouvrir des comptes, souligne-t-il.

Dans l’affaire de San Francisco, les enquêteurs de CVS ont espionné pendant plusieurs semaines un groupe d’une vingtaine de « boosters » qui dérobaient jusqu’à 39 000 dollars de marchandise par jour dans les magasins du groupe.

Et suivi les produits volés jusqu’à un entrepôt de Concord, en Californie. Quand les enquêteurs, qui ont travaillé avec la police locale, ont entré l’adresse dans une base de données en ligne, une entreprise est apparue : D-Luxe.

Elle était gérée par Danny Drago, surnommé « Daniel Les Médocs » par les voleurs parce que ce sont des médicaments qu’il achetait, et sa femme, Michelle Fowler. Selon le site web de leur petite entreprise, ils faisaient partie des vendeurs les mieux notés d’Amazon.

Le 10 septembre, Ben Dugan a demandé des précisions sur D-Luxe à Amazon, qui a refusé de lui en fournir, expliquant qu’il lui fallait d’abord un mandat.

Quand le shérif du comté de San Mateo a transmis un mandat de recherche des comptes bancaires associés à Danny Drago et Michelle Fowler le 28 septembre, les enquêteurs ont découvert que l’entreprise était beaucoup plus grosse qu’ils ne l’imaginaient, ont révélé des sources proches du dossier. La justice locale a ordonné le gel des comptes.

Toujours selon les sources, les enquêteurs pensent que le couple a vendu pour près de 30 millions de dollars de marchandise. Entre 2017 et 2019, le duo possédait au moins deux boutiques sur Amazon, ont précisé les sources, l’une d’elles ajoutant qu’il vendait aussi des biens à trois revendeurs présents sur Amazon. CVS estime que ce sont 5 millions de dollars de produits volés qu’ils ont écoulés chaque année sur Amazon, par eux-mêmes ou par le biais d’autres vendeurs.

Amazon a suspendu au moins d’un des comptes en 2019 ; les deux sont désormais fermés. « Le compte a été bloqué quand nous avons soupçonné le vendeur de proposer des produits obtenus de façon illégale et qu’il n’a pas pu produire de factures d’achat valables », a expliqué Alex Haurek.

Il n’a pas souhaité commenter les estimations de CVS au sujet du chiffre d’affaires de Daniel Les Médocs.

Le porte-parole a précisé qu’Amazon avait travaillé en étroite coopération avec la police pour retrouver d’autres revendeurs qui se seraient servis auprès de Danny Drago et que quatre comptes avaient été fermés. Lorsqu’Amazon craint qu’un vendeur cherche à écouler des produits achetés à un réseau criminel, le groupe lui demande de produire des factures, des bons de commande ou tout autre élément justifiant de la provenance des biens, explique-t-il.

Les comptes bancaires de Danny Drago et Michelle Fowler montrent que le couple possédait aussi un compte eBay, de taille plus modeste, ont indiqué les sources. La porte-parole d’eBay a déclaré que le site ne tolérait pas la vente de biens volés et mettait tout en œuvre pour collaborer avec la police et les distributeurs.

Dans l’affaire Drago, la police a transmis des mandats de recherche à Amazon et eBay.

Le premier a fourni ses échanges avec Danny Drago au sujet de la suspension du compte, mais pas les informations financières relatives aux transactions ni ses notes internes concernant les activités suspectes, alors que la police a demandé ces éléments à plusieurs reprises, a indiqué une source proche de l’enquête.

Amazon a communiqué « des informations exhaustives », affirme Alex Haurek, mais pas de données sur les ventes puisque le mandat et les demandes ultérieures ne les mentionnaient pas explicitement.

EBay s’est montré plus diligent et a transmis le détail des transactions financières du compte de Danny Drago, a précisé la source. Avant même d’avoir reçu le mandat, l’entreprise avait laissé un enquêteur de CVS étudier plus de 15 000 transactions financières réalisées depuis le compte lié à la boutique en ligne de Danny Drago, et avait ensuite fermé le compte.

Quelques jours avant son arrestation le 30 septembre 2020, le couple avait tenté de vendre pour 1 million de dollars de marchandise volée à un revendeur Amazon, a indiqué une source proche de l’enquête. Les enquêteurs de CVS postés à l’extérieur de l’entrepôt de Concord avaient alors vu des centaines de cartons partir de l’entrepôt et alerté la police et United Parcel Service, qui avait stoppé l’expédition. Le vendeur ne semble plus avoir de boutique sur Amazon.

Quand la police a perquisitionné l’entrepôt et d’autres sites liés à Danny Drago et Michelle Fowler, en septembre de l’an passé, elle a trouvé pour plus de 8 millions de dollars de médicaments sans ordonnance et d’autres produits, ainsi que 85 000 dollars en liquide, selon le bureau du procureur général de Californie.

Danny Drago, Michelle Fowler et trois autres personnes ont été mis en examen pour enrichissement frauduleux, blanchiment d’argent, association de malfaiteurs, recel et vol en bande organisée. Danny Drago et Michelle Fowler ont plaidé non coupables, ils attendent leur procès. Leurs avocats n’ont pas répondu aux demandes de commentaire ou pas souhaité commenter.

Ben Dugan, lui, est passé au prochain dossier. Cette semaine, il a recruté deux enquêteurs de plus.

Alexandra Berzon a contribué à cet article

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Marion Issard)

Amazon contre la syndicalisation

  • Amazon  contre la syndicalisation
  • Amazon se comporte évidemment comme une entreprise de voyous qui consisteà exploiter à la fois les producteurs mais aussi les salariés. Les producteurs sont contraints d’adhérer à des clauses à caractère léonin de la part du géant de la tech qui écrase les prix. Amazon écrase de la même manière les salariés condamnés à des cadences infernales. Et Amazon fait tout pour empêcher la pénétration syndicale dans son entreprise. Amazon a d’ailleurs été condamné pour avoir placé le vote sur la possibilité de syndicats internes Amazon sous le contrôle de caméras !
  • La direction d’Amazon avait fait campagne pour le non, qui l’avait emporté. L’agence préconise de suspendre le résultat du vote et d’en organiser un second. Selon le syndicat RWDSU, que les employés auraient pu rejoindre en cas de victoire du oui, Amazon aurait usé de pratiques illégales et menacé ses employés de licenciement.
  • Le président Joe Biden s’était prononcé sur l’importance du libre choix de se syndicaliser. Dans une entreprise qui comprend 800 000 salariés aux États-Unis.

Pourquoi confier le foot Ligue 1 à Amazon ?

Pourquoi confier le foot Ligue 1 à Amazon ?

 

 

Par Julien Pillot, INSEEC Grande École, s’étonne dans l’opinion que les droits télés de la ligue un du football aient  été confiés à Amazon qui par parenthèse n’a rien à voir avec le sport.

L’attribution à Amazon de l’essentiel des droits TV du Championnat de France de football, et les multiples réactions médiatiques, judiciaires et même politiques qui s’en sont suivies, nous rappelle à quel point la vie des droits TV du football français n’a jamais été un long fleuve tranquille.

Dernier événement en date, le tribunal de commerce de Nanterre autorisait Canal+ a suspendre son contrat de sous-licence, conclu avec BeIN Sports pour la diffusion de deux matchs par journée de Ligue 1, tant que la chaîne qatarie n’assigne pas la Ligue de football professionnel (LFP) en justice ainsi que lui demande l’autre chaîne cryptée. Canal+ demande en effet une renégociation du montant des droits après que Amazon a obtenu la diffusion des huit autres matchs pour une somme inférieure. Alors que les premiers versements doivent intervenir, la LFP pourrait aussi assigner BeIN en justice pour non-paiement.

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On se régalerait d’ailleurs volontiers de cette délicieuse série à rebondissements offerte par l’ensemble des protagonistes, si les conséquences éventuelles à moyen terme pour les finances de nos clubs n’étaient pas aussi funestes (et ce n’est pas Jean‑Marc Mickeler, le président de la Direction nationale du contrôle de gestion, gendarme financier du football professionnel, qui prétendra le contraire).

Le fiasco de Mediapro a, en effet, été le pilote d’une série qui, si elle ne brille pas toujours par la cohérence économique de ses protagonistes, a le mérite de réserver son lot hebdomadaire de péripéties et coups de théâtre.

Le scénario à suspense qui nous est servi aura au moins eu une vertu : braquer les projecteurs sur l’économie du football. Une économie dont on sait désormais qu’elle souffre des failles structurelles qui ont conduit à la formation d’une bulle qui menace aujourd’hui d’éclater.

Concernant le cas spécifique des droits TV, l’analyse de la crise actuelle nous aura appris trois choses importantes :

  • L’inflation des droits TV a été largement soutenue par des mécanismes d’enchères et des processus de mise en concurrence, parfois artificielle, entre diffuseurs ;
  • Par manque de diversification de leurs revenus, nos clubs sont devenus ultra-dépendants des droits TV ;
  • Les droits TV sont un investissement d’autant plus difficile à rentabiliser pour les diffuseurs que des mécanismes de contournement (streaming et IPTV) sont facilement accessibles, et que la facture liée au morcellement du championnat entre plusieurs diffuseurs s’avère salée pour le consommateur.

Essentiels à la compréhension, ces éléments ne sont pas pour autant suffisants. Ils occultent en effet deux dimensions cruciales, deux impensés du processus d’attribution des droits TV sans lesquels il est difficile de se prononcer sur la pertinence du choix opéré par la LFP de confier à Amazon le soin de diffuser l’essentiel du championnat.

Dans ce grand jeu de stratégie que constitue la préparation d’un appel d’offres et la mise en concurrence des diffuseurs, la LFP a fait le choix de remettre en jeu les seuls lots jadis obtenus par Mediapro, là où les autres diffuseurs espéraient une remise à plat intégrale.

Ces lots ont donc été remportés par Amazon pour quelque 250 millions d’euros annuels (quand l’accord initial avec Mediapro prévoyait le versement de 780 millions d’euros annuels). Amazon s’engage également à verser 9 millions annuels pour la diffusion de 8 matchs de Ligue 2 par journée de championnat.

Les procédures d’appel d’offres prévoient la constitution d’un dossier technique à travers lequel les attributaires potentiels décrivent les moyens qu’ils entendent déployer pour réaliser leur mission. En l’espèce, cette proposition qualitative doit préciser au moins deux points cruciaux pour saisir la pleine capacité des acteurs à promouvoir le produit que l’on s’apprête à leur confier : les moyens de production et de promotion du contenu.

Sur le premier de ces deux aspects, le choix d’Amazon ne semble pas particulièrement risqué dans la mesure où la compagnie de Jeff Bezos a déjà fait ses preuves en matière de diffusion d’événements sportifs. De plus, Amazon s’est engagé à verser 25 millions d’euros par saison pour couvrir les coûts de production.

Le second aspect est nettement plus préoccupant. Car, là où le tandem Canal+ – BeIN Sports présentait de solides garanties en matière de visibilité de la compétition du fait de leur base d’abonnés, Amazon part d’une feuille blanche. La LFP ne semble ainsi pas avoir tiré de leçon du fiasco de MediaPro qui avait péniblement conquis 600 000 abonnés. Difficile de valoriser la « ligue des talents » quand elle n’est vue que d’une poignée de téléspectateurs.

Facture alourdie pour le consommateur

 

Et difficile d’attirer des abonnés à l’ère de l’IPTV et du streaming sans une offre compétitive sur le plan tarifaire. Le précédent Mediapro, qui proposait un abonnement à 25 euros, l’a démontré : les consommateurs ne sont pas enclins à débourser plus de quelques euros mensuels pour contempler les exploits des footballeurs de l’élite française.

Las, force est de constater que la LFP ne semble pas avoir pris de garanties suffisantes à ce niveau, sinon comment expliquer le tarif fort peu accessible proposé par Amazon pour son offre « Prime Ligue 1 » (12,99 euros mensuels auxquels s’ajoutent les 5,99 euros par mois de l’abonnement Prime, soit un total de 18,98 euros) ?

 

De ce point de vue, l’offre couplée Canal+ – BeIN Sports à 41,90 euros par mois (hors réductions) présentait l’avantage d’un contenu nettement plus diversifié, mais surtout d’une offre concentrée en un seul point de contact et d’une facture globale allégée pour le consommateur qui voudrait voir l’intégralité de la compétition en toute légalité.

Délégation de service public

L’autre grand impensé de cet appel d’offres concerne sans aucun doute la poursuite de l’intérêt général. En tant qu’association loi 1901, LFP a pour objet la « gestion des activités du football professionnel » et la « défense des intérêts matériels et moraux du football professionnel ».

Elle a ainsi pour mission de « développer les ressources du football professionnel dans le but d’en assurer la promotion ». A priori, rien ne s’oppose donc à ce que la LFP privilégie une approche quantitative dans le processus d’attribution des droits TV : elle maximise la valeur du produit en conformité avec ses statuts.

Cependant, la LFP est une association créée par la Fédération Française de Football (FFF). Elle en dépend au titre d’une convention conclue entre les deux entités qui prévoit que la FFF a autorité sur la LFP. Autrement dit, les missions de la LFP sont confiées par la FFF et ne peuvent en aucune manière être contraires aux intérêts supérieurs de la FFF.

Or, en tant que fédération, la FFF assure une mission de service public qui consiste à développer et promouvoir le football, professionnel comme amateur, sur l’ensemble du territoire national. C’est donc bien au titre d’une délégation de service public (DSP) que la FFF donne pouvoir à la LFP de gérer les affaires du monde professionnel.

Le consommateur lésé, le contribuable aussi

Nous pourrions dès lors attendre de la LFP qu’elle agisse au nom de l’intérêt général, plutôt que dans le seul intérêt des clubs de football professionnel.

Nous avons déjà souligné que le consommateur ne semble pas avoir été particulièrement pris en considération lors de l’appel d’offres. Le contribuable non plus ! En effet, autant Canal Plus – entreprise française, soumise à l’impôt sur les sociétés et contribuant par le financement du cinéma français à la politique d’exception culturelle – participe à l’effort redistributif, autant la question reste pleinement ouverte concernant Amazon.

Le rapport impôt payé sur chiffre d’affaires pour Amazon en France atteignait l’an passé un ratio prélèvements directs/chiffre d’affaires de tout juste 3,3 %, ce qui place d’emblée le géant américain dans la catégorie des champions de l’optimisation fiscale.

La taxe mondiale prévoyant un plancher de 15 % sur les entreprises du numérique a, par ailleurs peu de chance d’infléchir le problème. En effet, celle-ci est conditionnée à un taux de profit de 10 %, qui restera longtemps hors d’atteinte pour Amazon dont la stratégie consiste à privilégier la croissance de parts de marché aux profits.

Au final, il semble que la LFP, en ayant porté son choix sur Amazon, a non seulement privilégié une multinationale qui, fort éloignée des considérations françaises, s’avèrera difficile à fiscaliser et à fidéliser dans la durée, mais a également pris le risque de se couper encore un peu plus de son public en occultant la question du coût d’accès pour le consommateur.

En 2009, dans le cadre d’un article qui figurait également en bonne place dans un rapport au Premier ministre d’alors (M. François Fillon), nous alertions sur un double risque « d’invisibilisation » et de dépréciation du produit phare de la LFP, découlant du morcellement des offres et de la démocratisation des moyens techniques de contournement. Les derniers rebondissements dans la saga des droits TV du foot français semblent désormais confirmer un peu plus ce scénario.

_______

(*) Par Julien Pillot, Enseignant-Chercheur en Economie (Inseec) / Pr. associé (U. Paris Saclay) / Chercheur associé (CNRS), INSEEC Grande École.

Trafic de données : une amende de 746 millions pour Amazon

Trafic  de données : une amende de 746 millions pour Amazon

Une amende de 746 millions d’euros au Luxembourg pour non-respect de la réglementation européenne sur les données privées des internautes.

Amazon avait déjà été condamné fin 2020 à 35 millions d’euros d’amende par la France pour non-respect de la législation sur les cookies, les traceurs publicitaires. Google avait alors également été condamné à une amende de 100 millions d’euros. Hors d’Europe, la justice américaine a validé en 2020 une amende de 5 milliards de dollars infligée à Facebook pour n’avoir pas su protéger les données personnelles.

Selon le nouveau règlement européen sur les services numériques, les plateformes ne pourront plus utiliser des données collectées à travers plusieurs services pour cibler un utilisateur contre son gré. Elles devront aussi fournir aux entreprises clientes l’accès aux données qu’elles génèrent.

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