Archive pour le Tag 'alternative'

Quelles alternatives à l’Ehpad ?

Quelles alternatives à l’Ehpad ?

À l’heure actuelle, en France, plus de 700 000 personnes âgées très dépendantes sont accueillies en Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Compte tenu du vieillissement de la population, le nombre de résidents de ces structures va croître dans les années à venir : en 2030, 35 % des Français auront plus de 65 ans, ce qui aura pour conséquence une augmentation du taux de vieillissement avec dépendances. Les projections actuelles prévoient un manque de 100 000 places en Ehpad pour accueillir les personnes âgées concernées.

 

par Psychiatre du sujet âgé, chercheur associé au Laboratoire interdisciplinaire d’étude du politique Hannah Arendt (Université Paris-Est Créteil), co-directeur du département de recherche Éthique biomédicale du Collège des Bernardins, Collège des Bernardins dans The Conversation 

À ce problème structurel s’ajoute le fait que la grande majorité des personnes sondées affirment préférer rester à leur domicile plutôt que d’entrer en Ehpad (83 % selon une enquête CSA de 2016), 85 % d’après l’IFOP en 2019, 90 % selon Opinion Way en 2012). Nul doute que la publication, en janvier 2022, du livre « Les Fossoyeurs », qui a projeté une lumière crue sur « dysfonctionnements significatifs […] au détriment de la prise en charge des résidents » du groupe Orpea, numéro un mondial du secteur des Ehpad, n’a pas arrangé les choses.

Cette parole citoyenne forte ne peut être ignorée, et il faut donc proposer d’autres modèles d’accueil et d’hébergement pour les personnes très âgées dont les dépendances ne permettent plus le maintien à leur domicile.

Heureusement, l’entrée en institution gériatrique n’est pas la seule solution d’hébergement possible. Il existe aujourd’hui diverses alternatives dont la disponibilité, les tarifs, les avantages et les inconvénients varient. Les connaître permet d’anticiper au mieux, pour soi-même ou ses proches, ce moment de bascule entre domicile et institutionnalisation. Petit tour d’horizon des solutions existantes, accompagné d’une estimation de leurs coûts et de leurs limites.

Il s’agit de la solution la plus plébiscitée. Pour pouvoir la mettre en œuvre, il existe déjà un maillage de services à la personne en ambulatoire :

Toutefois, malgré les aides (allocation personnalisée d’autonomie (APA) ou aide personnalisée au logement (APL)), cette solution peut s’avérer très onéreuse. Selon les dépendances à prendre en charge, il faut compter en moyenne 2 200 euros par mois (contre 2 500 euros par mois en moyenne en Ehpad), et le reste à charge (protections, frais de voiturage en accueil de jours, etc.) est en moyenne de 1200 euros par mois.

Qui plus est, le domicile privé devient rapidement un domicile public, médicalisé et impersonnel, et le plus souvent inadapté. Enfin, c’est un choix qui peut devenir épuisant pour les proches aidants.

Par ailleurs, cette solution ne remédie pas à l’isolement et à la solitude des personnes âgées, comme l’a démontré en 2021 le rapport des Petits Frères des Pauvres.

Ces structures proposent des logements seniors, à mi-chemin entre le domicile et l’Ehpad. Elles sont constituées de chambres ou d’appartements non médicalisés proposés en location. L’accès aux équipements et services proposés est facultatif.

Les résidences autonomie sont conçues pour accueillir dans un logement des personnes âgées autonomes qui ne peuvent plus – ou n’ont plus – l’envie de vivre chez elles, à cause d’une baisse de revenus, de difficultés d’accès aux commerces ou d’un sentiment d’isolement. Les personnes doivent être âgées d’au moins 60 ans et être valides et autonomes (GIR 5 ou 6 – groupe iso-ressources, qui correspond au niveau de perte d’autonomie d’une personne âgée)

Autre alternative pour les personnes encore autonomes : les hébergements mixtes résidence senior – Ehpad. En principe, les résidences seniors s’adressent à des publics autonomes, mais certaines enseignes de résidences senior ont conçu des sites mixtes proposant à la fois un Ehpad et une résidence services senior permettant une institutionnalisation plus progressive. Les personnes âgées peuvent passer d’un environnement à l’autre, selon leur niveau de dépendance et leurs besoins ce qui évite le traumatisme très souvent associé à une entrée en institution.

Les habitants de la résidence seniors et les résidents de l’Ehpad partagent la plupart des espaces communs. Ils prennent certains repas ensemble. Seules les chambres sont dans des ailes séparées. La principale limite est financière, car ces résidences ne sont pas éligibles à l’aide sociale. Quand la perte d’autonomie s’installe, il existe d’autres solutions anticipatives.

Cette solution est élaborée sur la même « base » que l’habitat participatif. Un groupe d’adultes âgés ou handicapés cohabitent dans un logement qui comprend des espaces privatifs (chambre, appartement, salle de bains) et des espaces collectifs (salle de séjour, salle à manger, jardin, cour, terrasse, salle de jeux, etc.). Ils sont généralement organisés en colocations. L’habitat partagé accompagné appartient à l’organisme qui l’exploite. Ce dernier sous-loue un espace privatif et l’accès aux espaces commun à des locataires dépendants.

Ce mode d’habitat s’adresse à des personnes handicapées ou dépendantes. Chaque habitat partagé accompagné est créé pour accueillir un certain type de résidents. La maison du Thil, à Beauvais, accueille par exemple les malades d’Alzheimer.

Le problème est que cette alternative à l’Ehpad comporte à l’heure actuelle très peu de structures (elles représentent moins de 5 000 logements). De plus, il est actuellement impossible de mutualiser l’APA pour améliorer le service des auxiliaires de vie.

C’est pour remédier à cette faible représentation que des entrepreneurs développant l’habitat partagé et accompagné ont lancé le collectif 150 000 en 2030, qui ambitionne d’inciter les pouvoirs publics à faciliter la création de 150 000 logements d’ici à 2030.

Les petites unités de vie

Ces structures sont aussi très intéressantes, car à taille humaine. Apparues au début des années 80, elles s’adressaient aux personnes qui ne pouvaient plus, ou ne souhaitaient plus, rester seules à leur domicile. On en dénombre aujourd’hui environ un millier en France.

Le terme « Petite Unité de Vie » (PUV) regroupe toutes les petites structures d’hébergement alternatives à l’Ehpad ou à la maison de retraite. Ainsi, les Maisons d’accueil et de résidence pour l’autonomie (MARPA) et les Centres d’activités naturelles tirées d’occupations utiles (CANTOU) sont considérés comme des PUV.

Les PUV comptent généralement moins de 25 places. Chaque résident dispose d’un logement privatif comprenant une petite cuisine et une salle de bain. Un personnel présent 24 heures sur 24 assure la sécurité des résidents, qui est généralement renforcée par un système de téléalarme. Les locaux sont parfaitement adaptés aux personnes à mobilité réduite ; la circulation des fauteuils roulants y est facilitée.

Les objectifs des PUV sont de maintenir et de renforcer l’autonomie des personnes âgées en les faisant participer à la vie en communauté. Les espaces communs permettent de tisser du lien social, important au maintien de l’autonomie. Une maîtresse de maison donne de la cohésion à ce projet de vie.

Les soins sont réalisés à la demande, avec l’intervention de professionnels médicaux externes comme des infirmières, des kinésithérapeutes ou encore des ergothérapeutes, ou le médecin traitant du résident.

En encourageant le partage d’un toit entre un étudiant et un senior, la loi Elan de 2018 a ouvert la voie à une alternative supplémentaire à l’Ehpad. L’idée était de répondre à la crise du logement chez les jeunes et de rompre l’isolement des plus âgés.

Les cohabitations intergénérationnelles consistent à héberger différentes générations sous un même toit. Généralement une ou des personnes âgées accueillent gratuitement (ou pour un loyer modéré) une autre personne, qu’elle soit étudiante, salariée (ou autre), en contrepartie de divers services rendus. Il s’agit par exemple d’offrir une présence ou une écoute, d’aider aux repas, au jardinage ou aux petits travaux.

Dernière solution alternative à l’Ehpad : vivre en famille, même si cela n’est pas sa propre famille.

Cette personne (seule ou couple) accueille à son domicile une personne âgée ou un adulte handicapé. Elle est rémunérée pour cette prestation, et doit avoir reçu un agrément délivré par les services du département. Ces derniers organisent le contrôle de l’accueillant et le suivi de la personne accueillie.

L’accueil familial peut être temporaire ou séquentiel, à temps partiel ou complet, voire permanent. Ce système s’adresse aux personnes âgées et aux adultes handicapés qui souhaitent vivre en famille, même s’ils ne vivent pas avec leur propre famille. Les parties formalisent leur relation dans un contrat de gré à gré (contrat dont les stipulations sont librement négociées entre les parties).

La rémunération minimale du service est fixée par un barème départemental. Elle dépend du niveau de perte d’autonomie du senior hébergé (en fonction de son GIR). En moyenne, l’hébergement en accueillant familial revient à 1800 euros charges comprises chaque mois. Pour les bénéficiaires de l’APA, de l’AAH (Allocation aux adultes handicapés) ou de l’APL, ce coût peut être réduit à 1000 euros.

Il s’agit d’une bonne solution surtout en milieu rural, mais qui ne conviendra pas à tout le monde, car vivre en famille comporte aussi des contraintes. Enfin, il n’existe pas d’annuaire national, ni même départemental, des accueillants familiaux. Chaque territoire a sa propre organisation, et la recherche peut s’avérer complexe.

Si une immense majorité de personnes âgées, même avec dépendances, souhaitent rester le plus longtemps possible à domicile, ce n’est pas toujours possible. Or, anticiper ce moment de bascule qui va du domicile à l’institutionnalisation ne peut se faire que si on est dûment informé, renseigné et encore en mesure d’exprimer et de faire des choix pour soi-même.

En conclusion, des alternatives à l’Ehpad existent pour les personnes âgées, même avec dépendances, qui souhaitent rester le plus longtemps possible à domicile ou intégrer des structures de taille plus modeste. Elles peuvent constituer des solutions pour respecter les droits fondamentaux de consentement, de liberté d’aller et venir et choix de vie de chacun. Elles sont encore peu nombreuses et inégalement réparties sur le territoire français, mais les connaître est important. Cela peut aider à se projeter sans appréhension vers une autre vie, aussi belle en humanité, même si la grande dépendance se fait jour.

Une alternative au libéralisme pur et dur (Alexis Karklins‑Marchay)

Une alternative au libéralisme pur et dur ! (Alexis Karklins‑Marchay)

L’essayiste Alexis Karklins-Marchay retrace dans « Pour un libéralisme humaniste » (*), une histoire vivante de l’ordolibéralisme qui s’opposait dès les années 1930 au « laissez-faire » autrichien et anglo-saxon et au keynésianisme, et contribua après-guerre au redressement de l’Allemagne. L’auteur franco-américain invite à (re)découvrir ses propositions dont certaines peuvent inspirer pour lutter contre les inégalités ou encore répondre aux nouveaux défis posés par le dérèglement climatique et les dommages environnementaux. intreview dans La Tribune.

- Dans votre livre, vous écrivez : « Les défenseurs du libéralisme doivent faire preuve de lucidité: l’opinion est tellement remontée contre ses dérives que la formulation de contre-arguments, même rationnels, ne suffit pas à le réhabiliter ». Comment expliquez-vous que l’on en soit arrivé là ? A quelles dérives faites-vous allusion ?

ALEXIS KARKLINS-MARCHAY – Le libéralisme théorisé par Friedrich Hayek et Milton Friedman, incarné politiquement par Margaret Thatcher au Royaume-Uni et Ronald Reagan aux Etats-Unis, et diffusé internationalement à travers le « consensus de Washington » est devenue l’idéologie dominante du libéralisme, celui du « laissez-faire » aux yeux de ses détracteurs. Malgré cela, la libéralisation des échanges depuis 50 ans a permis un développement économique exceptionnel, qui a réduit l’extrême pauvreté. Des pays du Tiers-Monde sont devenus des pays émergents. Ces faits sont documentés. Pourtant, ils sont inaudibles. Pourquoi ? D’abord certains problèmes demeurent comme les inégalités, qui sont socialement déstabilisatrices. Ensuite, à partir d’un certain niveau de prospérité, la question n’est pas de savoir si l’on va manger à sa faim mais si l’on est heureux. Car malgré la hausse des revenus, malgré les mécanismes de redistribution, nombre de personnes ont un sentiment d’insatisfaction qu’ils attribuent au libéralisme qui ne se soucierait que de rentabilité, particulièrement en France, pourtant le pays le moins libéral parmi les pays occidentaux. Ensuite, de nouveaux problèmes sont apparus comme la destruction de l’environnement et le dérèglement climatique attribués eux aussi au néolibéralisme.

Or vous prenez ces critiques au sérieux…

Elles sont caricaturales, mais il faut les entendre. Car que proposent-elles comme alternatives: la décroissance et la sortie du capitalisme. Or ça a déjà été testé ! L’URSS et les dizaines d’expériences collectivistes ont été économiquement et politiquement catastrophiques. Quant à une plus grande intervention de l’État, si la dépense publique était la condition du bien-être, la France, qui connaîtra en 2024 sa 50ᵉ année consécutive de déficit budgétaire, serait un pays en excellente santé! L’autre critique est celle nationaliste et souverainiste du retour aux frontières. Elle cible le libre-échange et la mondialisation, incarnés selon eux par la Commission européenne, coupable de la mort de nos industries et de nos territoires. Ils ne rejettent pas l’économie de marché, et prônent le protectionnisme. Or, historiquement, ce protectionnisme conduit tôt ou tard à des échecs et à la faillite.

Vous proposez une troisième voie qui est un courant libéral méconnu: l’ordolibéralisme. Qu’a-t-il de spécifique?

Je répondrai en deux temps, sur son origine puis son contenu. L’ordolibéralisme est né en Allemagne au début des années 1930, en réponse à la critique systématique adressée au libéralisme après la crise de 1929. A l’époque, l’interventionnisme de l’Etat apparaît comme la seule solution pour sortir de la crise : le New Deal de Franklin Roosevelt aux États-Unis et, malheureusement, l’arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne à partir de 1933. Des juristes et des économistes allemands pensent qu’un certain libéralisme a atteint ses limites. Ils critiquent tant l’interventionnisme que le libéralisme du laissez-faire, qu’ils jugent responsable de la crise de 1929. C’est un débat théorique important, car les libéraux partisans de l’ordre spontané comme l’autrichien Friedrich Hayek estiment non sans raisons que la crise a été aggravée par la réaction des Etats, à cause de politiques monétaires expansionnistes. Ces divisions apparaîtront notamment lors du fameux colloque Lippmann à Paris en 1938.

A ce moment-là, le débat est seulement théorique ?

Oui, c’est un libéralisme bien tempéré qui en défend les valeurs cardinales. Les ordolibéraux se réfèrent à Adam Smith, critiquent l’étatisme et la planification, défendent la propriété privée et le statut de l’entrepreneur, la liberté des prix et une gestion budgétaire et monétaire rigoureuse. Ils prônent la concurrence, car elle stimule l’activité économique et élimine les rentes. Ils réhabilitent l’Etat – pas celui de l’État providence et du keynésianisme – qu’ils ne cantonnent pas aux seules missions régaliennes : police, justice, armée. Ils lui confèrent également un rôle central pour réguler la concurrence et limiter la tentation de certains groupes de prendre le pouvoir pour se constituer en monopoles, ces derniers apparaissant comme un danger non seulement pour le consommateur mais aussi pour la démocratie. Selon leur vision, l’État accompagne aussi les transformations de la société via la formation, l’apprentissage, l’innovation, les infrastructures. Toutefois, les ordolibéraux fixent deux conditions à l’action de l’État: il intervient seulement pour adapter et non pas conserver, par exemple en évitant d’aider une industrie moribonde qui s’avère inutilement coûteuse ou en finançant l’adaptation du pays par exemple aux transformations technologiques. La deuxième condition est la compatibilité des mesures prises avec l’économie de marché. Ainsi, ils s’opposent au blocage des prix qui ne réduit pas l’inflation mais crée des phénomènes de pénurie qui au contraire l’alimentent. L’ordolibéralisme accepte aussi le principe de redistribution par l’État si les inégalités sont trop importantes et menacent la cohésion de la société, notamment par une fiscalité progressive, mais sûrement pas au niveau qu’elle atteint aujourd’hui en France. De même, en cas de dépression économique et de perte de confiance, ils sont favorables à une politique publique de soutien à la demande. Enfin, sur le plan politique, l’ordolibéralisme est décentralisateur et défend le principe de subsidiarité, car un État trop centralisé n’a de cesse d’étendre ses champs de compétence. C’est une critique de la démagogie politique.

A la différence de Hayek qui voyait dans le marché une ordre spontané naturel, l’ordolibéralisme y voit une institution humaine sujette aux dérives ?

Oui. Wilhelm Röpke, l’un de ses penseurs majeurs, constate que la transformation permanente de la société par l’économie de marché conduit à l’exclusion de certaines personnes. Il faut donc les accompagner. En cela, l’ordolibéralisme est davantage une philosophie de la société qu’une théorie économique.

La lutte contre l’inflation est centrale chez eux ?

Oui, ils sont convaincus que l’inflation est défavorable à l’égalité dans la société parce que ce sont les plus modestes qui en pâtissent le plus, qu’elle déstabilise l’économie en réduisant la visibilité des acteurs économiques, ce qui les rend moins enclins par exemple à investir ou à consommer. Les ordolibéraux, rappelons-le, ont fait l’expérience de l’hyperinflation des années 1920 qui a totalement déstabilisé l’économie et la société allemandes.

Aujourd’hui, des gouvernements, par exemple en France, prennent des mesures pour gommer la hausse des prix. N’est-ce pas démagogique d’un point de vue ordolibéral?

C’est vrai mais vouloir aider les ménages les plus modestes est compréhensible. Je distingue néanmoins l’ordolibéralisme et la social-démocratie. Cette dernière tendra à centraliser ses décisions, alors que l’ordolibéralisme est totalement décentralisé. C’est pourquoi il voit dans l’économie de marché un bon système, alors que les sociaux-démocrates l’adoptent par défaut. Il s’oppose à l’État providence qui coûte très cher en créant des trappes à dépendance, où tout le monde paye sans savoir pourquoi, car les mesures ne sont pas ciblées. La crainte des ordolibéraux, c’est l’accroissement permanent de l’État, le transformant en Léviathan. En France, il est vrai, depuis des décennies, les gouvernements règlent les problèmes en faisant des chèques. Pour l’ordolibéralisme, c’est une solution illusoire qui déresponsabilise les individus.

Une autre différence avec les autres libéralismes, c’est la place centrale de l’éthique, dans lequel vous voyez un humanisme. L’économiste Alexander Rüstow que vous citez dit : « Ces institutions non-marchandes comme la famille, l’Etat et les valeurs spirituelles, éthiques, esthétiques et culturelles sont au-dessus de la simple sphère marchande »…

Si l’ordolibéralisme naît en Allemagne, il s’inscrit dans l’histoire de la culture européenne qui plonge ses racines dans la Grèce antique, se nourrit de la scolastique, de la théologie protestante et catholique, mais aussi des Lumières, notamment allemandes, l’Aufklärung, dont la figure centrale est Emmanuel Kant. C’est une réflexion sur la dignité et l’émancipation humaine, sur l’éthique en société. Pour les ordolibéraux, une économie de marché ne peut fonctionner qu’avec des êtres éthiques. Car soit vous vous régulez vous-même, soit c’est l’Etat qui vous régule. Rappelons que ce sont des années où il y a une massification de la société, un phénomène qu’analyse le philosophe espagnol José Ortega y Gasset, ami des ordolibéraux, dans un livre important « La révolte des masses », publié en 1929. Et la réponse à la massification, c’est l’éthique individuelle. Dans le grand livre du chef de file des ordolibéraux, Wilhelm Röpke, « Au-delà de l’offre et de la demande », une phrase résume bien ce point de vue : « L’économie de marché est une condition nécessaire mais non suffisante. Une société libre, juste et ordonnée ».

L’ordolibéralisme a débouché sur une application politique en 1948 dans une Allemagne dévastée et occupée, grâce à des hommes comme Wilhelm Röpke, Ludwig Erhard, un futur chancelier, Walter Eucken, membre de l’école de Fribourg qui fut le foyer de l’ordolibéralisme, ou encore Alfred Müller-Armack. Certains avaient été des opposants de la première heure au nazisme. Vous montrez que le volontarisme de ces hommes a changé le destin de l’Allemagne…

Oui, certaines conditions l’ont permis. En 1948, l’Allemagne est complètement exsangue. Walter Eucken dit que le pays est retourné économiquement à un état primitif. On compte 3 millions de sans-abris et plusieurs millions de réfugiés. Les grands centres industriels sont détruits, la production est à l’arrêt ou très réduite. Les Allemands ont de l’épargne mais ne peuvent pas la dépenser car il y a pénurie de produits. Le troc a remplacé le commerce, les Allemands passent leur temps à faire la queue pour manger et ne peuvent pas travailler. L’inflation est colossale, la monnaie n’a plus de valeur. Malgré ce contexte, ces responsables vont libérer les prix qui sont bloqués, et ne pas céder face aux critiques! Car pendant plusieurs mois, les prix continuent de monter. Une grande grève est organisée durant l’année. Ludwig Erhard, soutenu par le chancelier Konrad Adenauer, tient bon. Dans le même temps, les ordolibéraux multiplient les tribunes dans les journaux pour justifier le bien-fondé de cette politique. Et en 1949, les premiers résultats arrivent, les prix et le chômage vont baisser durant les années suivantes.

Une politique qui a structuré l’Allemagne de l’Ouest?

Absolument, mais pas uniquement. L’ordolibéralisme a aussi contribué à la reconstruction italienne, notamment sous l’impulsion de l’économiste Luigi Einaudi, qui occupera les postes de gouverneur de la Banque centrale d’Italie, ministre du Budget et président de la République italienne après guerre. C’était un ami de Wilhelm Röpke. Ce courant va s’incarner en Europe dans la démocratie chrétienne. Autre exemple, moins connu, la France a connu son moment influencé par l’ordolibéralisme en 1958, grâce aux travaux du grand économiste libéral français, Jacques Rueff. Présent au colloque Lippmann, ce n’est pas une ordolibéral mais il en est très proche. Il a notamment préfacé le livre de Ludwig Erhard « La prospérité pour tous ». Il a vu le succès allemand basé d’ailleurs sur des recettes libérales classiques : rigueur budgétaire et monétaire, libéralisation des prix, rétablissement des conditions d’un marché libre, et exigence de mesures qui profitent aux plus pauvres. C’est ce qu’il va proposer à la tête de la commission où il a été nommé par le général de Gaulle sur recommandation de Georges Pompidou pour travailler avec Antoine Pinay, ministre des Finances. Car malgré la reconstruction, l’économie française n’était plus compétitive en 1958. Le plan Pinay-Rueff d’inspiration libérale sera adopté par de Gaulle, il permettra à l’économie française de connaître une décennie de très forte croissance, l’une des plus fortes de toute l’Europe, débouchant sur les fameuses « Trente Glorieuses ».

Votre plaidoyer ne vous empêche pas de formuler quelques critiques à l’égard de l’ordolibéralisme…

Oui. D’abord, certaines recommandations, trop systématiques, tournent au dogme, par exemple la nécessité de veiller à une concurrence permanente, avec cette obsession du « small is beautiful ». Ne s’est-on pas pas privé en Europe de constituer des géants industriels ? Même s’il défendait la « destruction créatrice », Joseph Schumpeter n’était pas contre l’idée qu’il y ait des grandes entreprises, jugeant qu’elles pouvaient être aussi innovantes, même en position de force.

D’autant que les PME dépendent aussi pour leurs activités de grands groupes qui sont des donneurs d’ordre…

Il ne faut pas se leurrer, pour exister sur certains marchés, on ne peut pas faire la chasse aux grandes entreprises par principe. Même la Suisse, modèle pour les ordolibéraux, a des grandes entreprises. Son taux d’industrialisation est même supérieur à celui de la France.

Vous faites également une critique qui va au-delà de l’économie?

Oui, elle porte sur une forme de conservatisme décliniste en matière de culture. Par exemple, Röpke trouvait scandaleux que les Beatles aient reçu l’ordre du British Empire. Pour lui, ce n’était pas de la culture. Les ordolibéraux ont un aspect élitiste qui me gêne.

N’est-ce pas ce que reprochent au libéralisme ses détracteurs, une forme d’élitisme?

Je ne le pense pas. 50 % des Français ont plutôt une bonne image du libéralisme, selon une enquête d’opinion récente de l’IFOP. Le libéralisme ce n’est pas seulement le chef d’entreprise, c’est aussi moins de bureaucratie. Tout dépend de ce qu’on met derrière le concept. Dans l’ordolibéralisme, il y a une dimension culturelle, intellectuelle et spirituelle qui exige en revanche une attitude éthique de l’individu qui va au-delà des simples mécanismes économiques du pouvoir d’achat des consommateurs, notamment les plus modestes. Ce qui a pu conduire certains de ses représentants à se réfugier dans une forme de conservatisme qui n’est plus de mise aujourd’hui. Mais sa visée humaniste, elle, est plus que jamais d’actualité.

_____

(*) Alexis Karklins-Marchay « Pour un libéralisme humaniste », préface de Nicolas Dufourcq, éditions les Presses de la Cité, 330 pages, 22 euros.

.

Karklins Cover

.

Robert Jules
Robert Jules
Partager :

Rédiger un commentaire
À lire aussi
Decathlon
www.decathlon.fr
|
Sponsorisé
Braun Series X: Rasez, tondez et stylisez avec un seul outil
Braun
|
Sponsorisé
Newsletter – La Tribune 12h
Du lundi au vendredi, votre rendez-vous de la mi-journée avec
toute l’actualité économique

S’inscrire à la newsletter
La pompe à chaleur hybride : le duo gagnant
GRDF
|
Sponsorisé
Comment le géant russe Rosatom est devenu le champion du monde du nucléaire
Josiane Balasko cash : son avis bien tranché sur Emmanuel Macron
Voici
|
Sponsorisé
Une nouvelle réjouissante pour les photographes ! Le Leica Q3 est arrivé
Nouveau Leica Q3
|
Sponsorisé
Les meilleures chaussures de marche pour hommes pour rester debout toute la journée
Wmshoe.fr
|
Sponsorisé
Peugeot 208 | Portes ouvertes du 8 au 12 juin
Peugeot 208
|
Sponsorisé
L’Ukraine accuse deux soldats russes de multiples viols
«Un vrai tyran» : une ancienne membre de l’équipe de C à vous atomise Valérie Pécresse, ses révélations chocs
Voici
|
Sponsorisé
Des femmes expliquent pourquoi elles trompent leurs maris (et la raison est étonnante)
Neon
|
Sponsorisé
Procès du prince Harry : ses révélations à peine croyables sur « son père biologique”
Gala
|
Sponsorisé
Sur le même sujet

1

Shanghai Automotive crée le plus grand groupe chinois automobile

2

GéoLean attend une nouvelle dynamique de son « Doing Center»

3

WorldCom et Qwest dans la ligne de mire de la SEC

4

Inflationniste rime avec simpliste

5

Poutine promet d’étendre les capacités militaires la Russie en 2023

Commentaires
3
PAFO à écrit le 10/06/2023 à 1:05
Signaler
Le libéralisme est du même ordre que le communisme, une simple utopie. Le modèle français d’après guerre avait cette qualité qui était de préserver une certaine résilience par des monopoles d’état dans les secteurs vitaux de notre société. Nous n’avo…
Répondre
Churchill à écrit le 09/06/2023 à 21:47
Signaler
Ya bcp de vrai, sauf que Haye et consors ( et marx d’ailleurs aussi) faut les lire avec les lunettes de l’époque.. Concernant les monetaristes, le pb est la masse monétaire, le reste est un peu accessoire, et on a fait n’importe quoi avec de pse…
Répondre
Dossier 51 à écrit le 09/06/2023 à 18:35
Signaler
Nietzsche qui était favorable au libéralisme disait que dès que née une institution libérale elle ne l’est plus. Le libéralisme c’est comme le communisme, on nous en parle tout le temps, on l’expose comme cause de tous les maux alors que nous n’en av…
Répondre
Rédiger un commentaire
HORS-SÉRIE – SPÉCIAL NUCLÉAIRE
Une Dossier Spécial Nucléaire

ANNONCES LÉGALES

SUIVRE LA TRIBUNE
Votre email

À LIRE AUSSI

Démocratie–Le “préférendum”: Alternative au choix binaire ?

Démocratie–Le “préférendum”: Alternative au choix binaire ? 

 

L’écrivain et historien belge David Van Reybrouck prône, dans une tribune au « Monde », un modèle de référendum non binaire offrant de voter pour ou contre plusieurs propositions. Cet « outil de participation politique citoyenne »

Reste que la démocratie ne sau rait se réduire à des questions multiples et se passer surtout du débat . NDLR

 

 

 

Tribune. 

Partir ou rester. Lors du référendum sur le Brexit, les Britanniques ont dû voter noir ou blanc. Imaginez le scénario s’ils avaient pu choisir parmi vingt propositions afin de redessiner, ou non, la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), du « hard Brexit » au statu quo, en passant par toutes sortes d’options intermédiaires élaborées non pas par des responsables politiques, mais par des citoyens ordinaires. Un échantillon représentatif de la population britannique composé de citoyens de tous bords et de tous âges, d’hommes et de femmes, d’europhiles et d’eurosceptiques. Imaginez si tout ce beau monde avait eu la possibilité d’étudier les enjeux en profondeur. Et si, après évaluation, chacun avait pu indiquer un ordre de préférence. Le chantier aurait-il pris autant de temps ? Le pays aurait-il connu les mêmes fractures ?

 

Nous ne le saurons jamais. Reste qu’un tel scénario porte un nom : le « préférendum ». L’arme ultime pour trancher des questions complexes. En matière de politique climatique, le préférendum pourrait incontestablement faire partie de la solution. Depuis les « gilets jaunes », l’ensemble de la classe politique française prend soin d’éviter toute mesure draconienne. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) [publié en août] a beau souligner l’urgence de la situation, les images de ces mois de colère populaire restent gravées dans les mémoires.

Emmanuel Macron a eu le courage franchir le Rubicon en créant la convention citoyenne pour le climat, en 2019. Ce dispositif composé de 150 citoyens tirés au sort reste, à ce jour, l’exemple le plus probant d’assemblée climatique. Malheureusement, les recommandations qui y sont formulées peinent à se matérialiser. Malgré sa promesse initiale de soumettre les idées « sans filtre » aux autorités compétentes, le président de la République a élagué trois idées à sa guise, et les propositions qui ont atterri sur la table des instances concernées n’ont guère suscité l’engouement. Selon une enquête publiée en avril par la revue Reporterreseules 15 des 149 propositions semblent avoir été transformées en politique sans filtre, les autres ayant été modifiées ou édulcorées, ou purement et simplement rejetées.

Sujets complexes, options binaires

Et si les recommandations avaient été soumises à un préférendum national plutôt qu’au président ? Plus de la moitié des idées auraient-elles également été rejetées ou ignorées ? Un récent sondage indique au contraire qu’une écrasante majorité de Français adhéraient aux idées de la convention.

0 Réponses à “Le “préférendum”:Alternative

Le “préférendum”:Alternative au choix binaire ?

Le “préférendum”: Alternative au choix binaire ? 

 

L’écrivain et historien belge David Van Reybrouck prône, dans une tribune au « Monde », un modèle de référendum non binaire offrant de voter pour ou contre plusieurs propositions. Cet « outil de participation politique citoyenne »

Reste que la démocratie ne sau rait se réduire à des questions multiples et se passer surtout du débat . NDLR

 

 

 

Tribune. 

Partir ou rester. Lors du référendum sur le Brexit, les Britanniques ont dû voter noir ou blanc. Imaginez le scénario s’ils avaient pu choisir parmi vingt propositions afin de redessiner, ou non, la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), du « hard Brexit » au statu quo, en passant par toutes sortes d’options intermédiaires élaborées non pas par des responsables politiques, mais par des citoyens ordinaires. Un échantillon représentatif de la population britannique composé de citoyens de tous bords et de tous âges, d’hommes et de femmes, d’europhiles et d’eurosceptiques. Imaginez si tout ce beau monde avait eu la possibilité d’étudier les enjeux en profondeur. Et si, après évaluation, chacun avait pu indiquer un ordre de préférence. Le chantier aurait-il pris autant de temps ? Le pays aurait-il connu les mêmes fractures ?

 

Nous ne le saurons jamais. Reste qu’un tel scénario porte un nom : le « préférendum ». L’arme ultime pour trancher des questions complexes. En matière de politique climatique, le préférendum pourrait incontestablement faire partie de la solution. Depuis les « gilets jaunes », l’ensemble de la classe politique française prend soin d’éviter toute mesure draconienne. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) [publié en août] a beau souligner l’urgence de la situation, les images de ces mois de colère populaire restent gravées dans les mémoires.

Emmanuel Macron a eu le courage franchir le Rubicon en créant la convention citoyenne pour le climat, en 2019. Ce dispositif composé de 150 citoyens tirés au sort reste, à ce jour, l’exemple le plus probant d’assemblée climatique. Malheureusement, les recommandations qui y sont formulées peinent à se matérialiser. Malgré sa promesse initiale de soumettre les idées « sans filtre » aux autorités compétentes, le président de la République a élagué trois idées à sa guise, et les propositions qui ont atterri sur la table des instances concernées n’ont guère suscité l’engouement. Selon une enquête publiée en avril par la revue Reporterreseules 15 des 149 propositions semblent avoir été transformées en politique sans filtre, les autres ayant été modifiées ou édulcorées, ou purement et simplement rejetées.

Sujets complexes, options binaires

Et si les recommandations avaient été soumises à un préférendum national plutôt qu’au président ? Plus de la moitié des idées auraient-elles également été rejetées ou ignorées ? Un récent sondage indique au contraire qu’une écrasante majorité de Français adhéraient aux idées de la convention.

Transports : Le rationnement, une alternative pour réduire les émissions de CO2 !

Transports : Le rationnement, une alternative pour réduire les émissions de CO2 !

Les experts de la mobilité Christophe Gay, Claire-Marine Javary et Sylvie Landriève proposent Dans le Monde de rationner le transport pour diminuer ses émissions de CO2.

Une approche un peu simpliste et même caricaturale d’une politique des transports qui doit combiner efficacité et protection de l’environnement.
Un peu comme si on proposait de ne plus respirer pour ne pas polluer !

.

 

Tribune.

 Comment respecter nos engagements climatiques ? Aujourd’hui, l’objectif d’atteindre la « neutralité carbone » en 2050, fixé par la stratégie nationale bas carbone (SNBC), reste tellement abstrait que nous sommes loin de nous donner les moyens de le respecter. Ni les innovations technologiques (l’amélioration des moteurs, les voitures électriques, etc.), ni les incitations à utiliser des moyens de déplacement peu polluants (vélo, transports collectifs…) ne parviennent à faire baisser les émissions de CO2 du secteur des transports en France.

Pour réduire leur volume, experts et acteurs politiques misaient jusqu’en 2018 sur l’augmentation progressive de la taxe carbone. Mais elle s’est heurtée au mouvement des « gilets jaunes » comme au rejet de la convention citoyenne pour le climat. Dénoncée comme étant inéquitable, dans la mesure où elle pèse plus fortement sur le budget des ménages les plus pauvres, elle est également inefficace parce qu’elle a peu d’effets sur les modes de vie des plus riches, pourtant les plus émetteurs de CO2.

Le rationnement, une alternative d’avenir à la taxe carbone ? Cette idée, portée depuis plusieurs années par des militants et chercheurs (Pierre CalameFrançois RuffinMathilde Szuba…), présenterait au moins deux avantages que n’a pas la taxe : empêcher d’émettre plus de CO2 que décidé au niveau national, et donner à chaque Français le droit d’émettre la même quantité de CO2, quels que soient ses moyens financiers.

Une agence nationale serait en charge de l’allocation des quotas carbone, et chacun disposerait d’une carte personnelle à utiliser lors de ses achats de carburant et de billets d’avion

Répartir ainsi individuellement la quantité de carbone à émettre rend concret l’effort collectif à fournir pour lutter contre la crise climatique. L’idée émerge dans les débats, comme on a pu l’entendre lors de la primaire des écologistes. Alors que les discussions entre partisans et détracteurs en restent trop largement au niveau des principes, l’Université de Paris, sous la direction de l’historien des transports et ingénieur Arnaud Passalacqua, a mené pour le Forum vies mobiles une étude qui montre comment il serait possible de rationner les déplacements et quels en seraient les effets.

Quel scénario pour une mise en œuvre du rationnement ? Pour ses déplacements, chaque Français se verrait attribuer la même quantité de CO2, convertie en litres de carburant, sans prendre en compte quelques critères comme la composition du foyer, le lieu de résidence, ou encore l’état de santé. L’effort porterait ainsi principalement sur les personnes dont le mode de vie est le plus émetteur, autrement dit, les plus riches.

Les fournisseurs d’énergie alternative veulent davantage d’électricité nucléaire….. à bas prix !

Les fournisseurs d’énergie alternative veulent davantage  d’électricité nucléaire…à bas prix

 

Les fournisseurs d’électricité dite alternative paradoxalement demandent de faire jouer une clause qui leur permettra d’acheter de l’électricité nucléaire à bas prix à EDF.

Un  dispositif d’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) permet aux fournisseurs dits alternatifs de s’approvisionner en électricité nucléaire auprès d’EDF à un prix préalablement fixé.

Les concurrents d’EDF dans la distribution d’électricité peuvent ainsi lui acheter jusqu’à 100 terawatts/heure (TWh) sur une année, soit environ un quart de sa production nucléaire, au prix de 42 euros par mégawats/heure (MWh). Pour l’avenir il s vaudraient acheter la totalité de la production. Notons que pour la distribution le réseau véhicule surtout de l’énergie nucléaire.

Depuis, l’épidémie de Covid-19 et les mesures de confinement décidées pour tenter d’enrayer la propagation de la maladie ont provoqué une chute d’environ 15% de la demande d’électricité en France, selon RTE, le gestionnaire du réseau national de transport d’électricité.

Les prix de gros sont désormais loin des 42 euros/MWh payés par les fournisseurs alternatifs dans le cadre de l’Arenh.

Lundi matin, le contrat de base pour livraison en juin se négociait sur le marché à 20,40 euros/MWh tandis que le contrat pour le troisième trimestre se traitait à 26,20 euros/MWh.

Les fournisseurs alternatifs ne veulent plus de cette électricité à 42/MWh qui les arrangent quand les cours mondiaux était hauts, ils veulenent désormais des prix plus bas.

“Le marché s’est complètement effondré”, a dit l’une des sources à Reuters. Selon cet expert du marché français de l’électricité, il s’agit d’une situation exceptionnelle qui, si elle n’est pas traitée comme telle, pourrait briser les principes de l’Arenh dont l’objectif est de garantir une équité commerciale entre EDF et ses concurrents.

“Cela représente une perte colossale pour les fournisseurs alternatifs alors que leur concurrent (la division commerciale d’EDF-NDLR) n’aura pas à subir la même chose. C’est une forte distorsion du marché”, a dit cette source.

EDF réclame depuis des années aux gouvernements successifs l’abandon de ce dispositif de régulation qu’il juge trop à l’avantage de ses concurrents, lesquels y ont recours quand les prix de gros sont élevés mais se tournent vers le marché quand les prix sont bas.

Macron : l’alternative entre lâcher et partir se précise

Macron : l’alternative entre lâcher et partir se précise

 

 

Plus les jours ne passent et plus la situation économique et sociale se complexifie pour macron. Au départ la revendication portée essentiellement sur la fiscalité du carburant et autre fuel. Mais le mouvement s’est rapidement nourri du ras-le-bol plus général sur la fiscalité voir maintenant sur la crise des institutions y compris sur la légitimité de l’Assemblée nationale voire du président de la république. On a bien vu combien  apparaissait désuète cette rencontre entre deux gilets jaunes et l’oligarque carriéristes de Rugy. Aujourd’hui,  le Premier ministre souhaite même rencontrer les gilets jaunes avant samedi mais ces derniers refusent pour l’instant. Si le gouvernement ne s’était pas montré aussi radical, aussi méprisant il aurait pu peut-être avec une mesure de suspension de la hausse des taxes sur le carburant éviter une telle crise. Aujourd’hui la problématique dépasse et de loin la seule question de la fiscalité sur l’essence. Il reste peut-être encore une possibilité pour éviter le pire à macron. Mais il faut agir rapidement, décider la suspension de toutes fiscalité, prendre des mesures pour les bas revenus, rétablir l’impôt sur la fortune et surtout ne pas répondre par l’indifférence voire le mépris au profond mécontentement des Français. Macron peut encore régler cette crise, mais ils doivent agir vite, très vite. Sinon le champ du de la colère et sa nature va encore s’amplifier. En clair très prochainement macron devra choisir : entre lâcher ou partir. Juridiquement certes pourra demeurer président mais la fin de ce mandat risque d’être pathétique pour lui comme pour le pays.

 

Téléphonie G5 : alternative au câble aux Etats-Unis

Téléphonie G5 : alternative au câble aux Etats-Unis

 

Comme on pouvait le prévoir le câble ne sera pas la seule solution pour accéder à Internet dans tous les territoires. On assistera sans doute au développement d’un mix reposant pour partie sur le câble mais aussi sur le satellite et sur la technologie 4G et surtout G5. Une technologie qui sera utilisée de manière mobile et même fixe aux États-Unis. Une évolution qui aura forcément des conséquences ailleurs en particulier en France empêtrée dans le financement couteux du câble Les deux leaders américains des télécoms, AT&T et Verizon, rivalisent d’annonces concernant leurs premiers déploiements de la prochaine génération de communication mobile. Aux Etats-Unis, les opérateurs se mobilisent déjà pour apporter dès que possible la 5G. Avec cette cinquième génération de communication mobile, qui promet des débits dix fois plus rapide qu’avec l’actuelle 4G tout en offrant une solution de choix pour l’Internet des objets, ils espèrent se démarquer et doper leurs revenus dans un marché des télécoms aussi mature que concurrentiel. La semaine dernière, quelques jours avant l’ouverture du CES de Las Vegas, le grand salon mondial de l’électronique grand public, AT&T, le numéro deux américain du mobile (33% de part de marché), a donné le ton. A l’en croire, des premiers services de 5G seront lancés « dans une douzaine de villes » d’ici à la fin de l’année. Dans un communiqué, l’industriel affirme que son « accélération » dans cette technologie est notamment rendue possible par l’adoption d’une première salve de normes, fin décembre, par le 3GPP, l’organisme qui fixe les standards des télécommunications mobiles. Même si les travaux de standardisation sont loin d’être achevés, et devraient se poursuivre jusqu’en 2019. « Maintenant que ces spécifications sont disponibles, les fabricants de matériels, de puces, et d’appareils peuvent commencer leurs développements », indique l’opérateur. AT&T se dit ainsi en mesure d’apporter et de commercialiser la 5G plus vite que ce qu’il avait initialement prévu. Même si les premières offres estampillées « 5G » n’en seront donc pas vraiment: elles comprendront seulement certaines de ses briques technologiques. Dans ce communiqué, Melissa Arnoldi, présidente d’AT&T Technology et Operations, se projette : « Nous allons rapidement déployer la 5G mobile cette année et commencer à proposer cette solution aux consommateurs et aux entreprises. Avec des vitesses plus rapides et une latence ultra-faible, la 5G va finalement délivrer et améliorer des expériences comme la réalité virtuelle, les futures voitures sans conducteur, la vidéo immersive 4K et plus encore. » Le grand rival d’AT&T aux Etats-Unis, Verizon (36% de part de marché), met lui-aussi les bouchées doubles dans la 5G. Il y a peu, l’opérateur a annoncé qu’il allait déployer un service de 5G à usage fixe dans quelques villes cette année. L’idée, ici, est de proposer une alternative au câble ou à la fibre optique pour se connecter en Internet à très haut débit la maison. L’objectif est de tester de nouvelles offres de manière localisées, avant, si elles fonctionnent correctement et séduisent les consommateurs, de songer à les généraliser. A côté des grands opérateurs américains, leurs homologues asiatiques, en particulier en Corée du Sud et au Japon, sont également très pressés d’apporter la 5G, perçue comme un de leurs principaux levier de croissance ces prochaines années. Voilà pourquoi Séoul et Tokyo ont depuis longtemps promis de proposer cette technologie cette année, à l’occasion des Jeux Olympiques. L’Union européenne, plus en retrait pour le moment, souhaite de son côté qu’au moins une grande ville de chaque état membre soit couverte en 5G en 2020. Soit l’année où, vraisemblablement, les vrais gros déploiements de cette technologie devraient débuter.

 

Notre-Dame-des-Landes : une alternative (Hulot) !!!

 

Notre-Dame-des-Landes : une alternative (Hulot) !!!

 

 

Il y a une alternative pour Hulot. Oui mais laquelle ? A part l’extension de l’aéroport actuel et le report aux calendes grecques de Notre Dame des landes, on voit mal ! Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a cependant estimé jeudi soir sur France 2 qu’il existait des « alternatives » au projet controversé d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), auquel il avait dit son hostilité avant sa nomination dans le gouvernement d’Edouard Philippe. Pour sa première intervention médiatique depuis sa nomination, mercredi, le militant écologiste a concédé un autre point de divergence avec Emmanuel Macron – le chef de l’Etat est favorable à Notre-Dame-des-Landes mais ouvert à la concertation -, sur le nucléaire. Il a confirmé l’objectif de réduction de la part du nucléaire à 50% à l’horizon 2025 mais a laissé entendre, avec grande prudence, qu’elle pourrait être supérieure. Dans le dossier de Notre-Dame-des-Landes, « on va sortir de la confrontation et on va rentrer dans la consultation et la coopération, sur ce sujet et sur beaucoup d’autres », a-t-il dit. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a confirmé jeudi matin sur France Inter la nomination d’un médiateur afin « d’étudier l’ensemble des options ». Pour l’ancien ministre et directeur du WWF Pascal Canfin, « l’aéroport ne se fera pas avec Nicolas Hulot », lequel ajoute  « Toutes les solutions et les options sont sur la table. Ma conviction, c’est qu’on n’a pas étudié toutes les alternatives ». « Je pense que la meilleure démonstration pour apaiser, c’est que par rapport aux contraintes, aux visions, des uns et des autres, il y a probablement une autre option qui permettra de satisfaire les intérêts des uns et des autres », a-t-il dit, ouvrant la voie à une solution de remplacement.

Dialogue social : le référendum comme alternative aux syndicats ?

Dialogue social : le référendum comme alternative aux syndicats ?

En apparence le référendum pourrait apparaître comme une alternative aux syndicats. Ce serait cependant simplifié la problématique. Certes le dialogue social en France est proche de la nullité mais les responsabilités sont multiples. Responsabilités notamment du pouvoir public qui à gauche comme à droite favorise l’intervention étatiste qui déresponsabilise les acteurs économiques. Le référendum pourrait toutefois être bien davantage utilisé dans de nombreuses circonstances. La première sans doute lorsqu’il s’agit de déclencher une grève. Paradoxalement les syndicats demandent l’avis des salariés pour la reprise du travail mais exceptionnellement au moment du déclenchement de la grève. Un vrai problème de démocratie. Au-delà des modalités de consultation des travailleurs ce pose surtout en France une conception du dialogue social entre patrons et salariés. Malgré des les avancées dans certaines entreprises ses relations restent encore à l’air préhistorique. À la différence de ce qui se pratique en Allemagne c’est-à-dire pratiquement la cogestion qui permet de mettre en débat les enjeux aussi bien sociaux économie que financier. Une mise en débat plus général donc qui responsabilise les syndicats qui ne les cantonnent plus à la défense des acquis sociaux.  Smart, Sephora… et peut-être Air France. La pratique du referendum en entreprise connaît une nouvelle actualité. Quelles sont les règles qui entourent cette consultation? Sa généralisation prônée par certains constitue t-elle une déclaration de guerre aux syndicats?




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol