Archive pour le Tag 'allemande'

La croissance allemande très menacée par les droits de douane américains

La croissance allemande très menacée par les droits de douane américains

 L’augmentation des droits de douane américain pourrait plomber la croissance outre-Rhin. Ainsi l’Allemagne pourrait tutoyer la stagnation économique en 2025.  a déclaré lundi le président de la Bundesbank, Joachim Nagel.

« Notre forte orientation vers l’exportation nous rend particulièrement vulnérables », a résumé Joachim Nagel dans un discours. « La production économique en 2027 serait inférieure de près de 1,5 point de pourcentage aux prévisions », a-t-il ajouté.

La Bundesbank prévoit une croissance de l’économie allemande de 0,2% cette année et de 0,8% en 2026, ce qui laisse entendre qu’un impact de 1,5% sur les trois prochaines années entraînerait une contraction plus importante de l’économie.

Les  modélisations de la Bundesbank basées sur les menaces tarifaires du président américain Donald Trump concluent que l’Allemagne pâtirait de telles politiques. Mais elles concluent aussi que les conséquences pour les États-Unis feraient plus que compenser tout impact positif des barrières commerciales.

Fabio Panetta, le gouverneur de la banque centrale italienne, a également déclaré samedi que les États-Unis seraient durement touchés.

Selon lui, la croissance du PIB mondial chuterait de 1,5 point de pourcentage et l’économie américaine de 2 points de pourcentage si les droits de douane évoqués par Donald Trump durant sa compagne étaient mis en place et suivi de mesures de rétorsion.

 

Ukraine : L’inquiétant recul de l’aide allemande

Ukraine : L’inquiétant recul  de l’aide allemande

À juste titre sans doute, l’union européenne s’inquiète de l’inquiétant recul de l’aide allemande à l’Ukraine. Une aide que l’Allemagne a décidée de diviser par deux. Cela d’autant plus que l’Allemagne et de loin le principal contributeur à Kiev.

Il pourrait s’agir de la part de l’Allemagne d’une manière pour peser sur l’Ukraine afin de trouver un accord de paix avec la Russie. La Russie qui fournissait une part importante des ressources énergétiques à de bonnes conditions économiques à l’Allemagne qui espère peut-être renouer des relations pacifiées avec la Russie et peut-être aussi retrouver le gaz russe.

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a qualifié vendredi de «très inquiétante» et de «mauvaise nouvelle» la décision de Berlin de réduire de moitié l’an prochain son aide militaire à l’Ukraine. Borrell, qui participait à un colloque à Santander, en Espagne, et s’exprimait en anglais, a souligné qu’«en termes absolus, l’Allemagne fait énormément» pour aider l’Ukraine à résister à l’invasion de la Russie et que «pour l’instant», ce que fait l’UE dans ce domaine «est fait principalement par l’Allemagne». Par conséquent, la prochaine réduction de l’aide de Berlin à Kiev est «très inquiétante», a-t-il dit. «C’est une mauvaise nouvelle».

Guerre en Ukraine : L’inquiétant recul de l’aide allemande

Guerre en Ukraine : L’inquiétant recul  de l’aide allemande

À juste titre sans doute, l’union européenne s’inquiète de l’inquiétant recul de l’aide allemande à l’Ukraine. Une aide que l’Allemagne a décidée de diviser par deux. Cela d’autant plus que l’Allemagne et de loin le principal contributeur à Kiev.

Il pourrait s’agir de la part de l’Allemagne d’une manière pour peser sur l’Ukraine afin de trouver un accord de paix avec la Russie. La Russie qui fournissait une part importante des ressources énergétiques à de bonnes conditions économiques à l’Allemagne qui espère peut-être renouer des relations pacifiées avec la Russie et peut-être aussi retrouver le gaz russe.

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a qualifié vendredi de «très inquiétante» et de «mauvaise nouvelle» la décision de Berlin de réduire de moitié l’an prochain son aide militaire à l’Ukraine. Borrell, qui participait à un colloque à Santander, en Espagne, et s’exprimait en anglais, a souligné qu’«en termes absolus, l’Allemagne fait énormément» pour aider l’Ukraine à résister à l’invasion de la Russie et que «pour l’instant», ce que fait l’UE dans ce domaine «est fait principalement par l’Allemagne». Par conséquent, la prochaine réduction de l’aide de Berlin à Kiev est «très inquiétante», a-t-il dit. «C’est une mauvaise nouvelle».

 

Croissance allemande revue aussi en baisse

Croissance allemande revue aussi en baisse

 

Comme la France, l’Allemagne revoit sa prévision de croissance économique pour l’année en cours et l’établit à 0,2%, contre 1,3% précédemment.

 

Le gouvernement allemand ne prévoit plus pour cette année qu’une hausse de 0,2 % du produit intérieur brut (PIB), contre 1,3 % anticipé précédemment, a-t-il annoncé mercredi. Cette crois sance molle se conjuguera probablement à une courte récession technique. L’activité du premier trimestre 2024 est en effet attendue en recul, après un déclin de 0,3 % au dernier trimestre 2023.

Plus grave, l’Allemagne s’expose à un tunnel de croissance anémique, avec un « potentiel » autour de 0,5 % par an jusqu’en 2028, pronostique un rapport ministériel publié mercredi.

Le pays souffre de faiblesses variées, entre le manque de main-d’œuvre, le coût élevé de l’énergie ou encore la faiblesse des échanges avec la Chine. Conscients de cette crise aiguë, les partis de la coalition au pouvoir, sociaux-démocrates, écologistes et libéraux, s’opposent sur les solutions. Les écologistes souhaitent aménager les règles budgétaires constitutionnelles pour investir et soutenir l’industrie. Les libéraux militent, eux, pour une réduction des taxes et de la bureaucratie.

Croissance allemande : la dépression

Croissance allemande : la dépression

D’une certaine manière l’Allemagne est victime de deux grands phénomènes qui ont plombé son économie au point de la faire entrer en récession en 2023. Il y a d’abord la crise énergétique avec la rupture des fournitures de gaz bon marché fourni par les Russes qui devait constituer encore l’un des atouts de la compétitivité allemande. Plus globalement, il y a les suites de la crise sanitaire dûe au Covid qui ont conduit à des relocalisations et déstructuration des appareils de production. Ainsi, la Chine, ancienne première usine du monde, a été grandement affectée dans ses exportations. Et le phénomène s’amplifie avec le contexte inflationniste. Dans de nombreux secteurs, la Chine n’est plus assez compétitive. Le dynamisme industriel chinois est un peu gelé et se trouvent moins demandeurs d’outils industriels que lui fournissait l’Allemagne. L’Allemagne est tombée en récession en 2023. La situation pourrait difficilement être redressée en 2024 compte tenu du caractère dépressif de la conjoncture internationale

L’économie allemande est entrée en récession en 2023, avec une chute de 0,3% du produit intérieur brut (PIB), a indiqué lundi l’institut Destatis. Ce recul attendu du PIB de la première économie européenne succède à une croissance de 1,8% en 2022, selon des données corrigées des variables de prix.

A noter, au dernier trimestre 2023, le PIB est estimé en recul de 0,3% par rapport au trimestre précédent, selon une estimation préliminaire de Destatis. En données corrigées des variables de calendrier et de prix, le PIB annuel chute de 0,1%. Des résultats toutefois un peu meilleurs que les prévisions du gouvernement et du FMI, qui prévoyaient respectivement une chute de 0,4% et de 0,5% durant l’année.

Le pays fait nettement moins bien que la moyenne de l’UE, qui devrait atteindre une croissance 0,6% en 2023, selon les dernières prévisions de la Commission européenne, avec des hausses marquées pour la France, l’Espagne ou l’Italie. La troisième économie mondiale est également à la traîne des autres grands pays industriels, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.

A l’origine de la contraction de la première économie européenne : la crise de son puissant secteur industriel, qui représente environ 20% de la richesse produite dans le pays. La production reste inférieure de plus de 9% à son niveau d’avant la pandémie, près de quatre ans après le début de la pandémie de Covid-19, en raison d’une conjonction de facteurs.

La branche a aussi été pénalisée par des exportations moins dynamiques, sur fond de tensions géopolitiques et de plus faibles demandes en produits allemands en Chine et aux Etats-Unis. Mais surtout, les prix de l’énergie restent relativement élevés pour l’industrie face à ses concurrents internationaux. Certaines activités les plus énergivores, comme la chimie, peinent à retrouver leur niveau de production d’avant la guerre en Ukraine. « L’année 2023 a été turbulente, avec une économie en mode crise permamente », résume Carsten Brzeski, analyste pour la banque ING.

Et les conséquences de la récession commencent déjà à se voir. En difficulté, les entreprises recrutent moins et le chômage remonte en Allemagne et se rapproche désormais des 6%. Son taux atteignait, en effet, 5,9% en décembre dernier, soit une hausse de 0,1 point par rapport au mois précédent (qui a été révisé à la baisse à 5,8%). Autrement dit, le nombre de chômeurs a augmenté de 5.000 sur un mois, en données corrigées des variations saisonnières (CVS). En données brutes, le nombre de chômeurs grimpe à 2,64 millions, en hausse d’environ 31.000 sur un mois et de 183.000 par rapport à décembre 2022, a détaillé l’Agence pour l’emploi début janvier.

Si 2023 a donc été particulièrement morose pour les Allemands 2024 pourrait ne pas être de meilleure facture si l’on en croit l’Institut économique IW. Ce dernier table en effet sur une baisse du produit intérieur brut (PIB) de 0,5% en 2024 pour la première puissance européenne. Les experts ont considérablement révisé à la baisse leur prévision puisqu’en septembre dernier, ils anticipaient encore une croissance de 0,9%.

« 2024 aurait pu être une année de reprise pour l’économie allemande. Mais les conditions générales restent mauvaises », justifie l’institut de Halle ce mercredi 13 décembre.

Les prévisions de l’IW sont en revanche plus pessimistes que celles du gouvernement allemand. Ce dernier prévoit une reprise de la croissance à +1,3% l’an prochain. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) présage un rebond de 0,9% pour la croissance allemande. La reprise à venir serait favorisée par un recul progressif de l’inflation – attendue à 2,6% en 2024, puis 2% en 2025, contre 6,1% en moyenne cette année – et un marché du travail robuste.

L’économie allemande plonge

L’économie allemande plonge

D’une certaine manière l’Allemagne est victime de deux grands phénomènes qui ont plombé son économie au point de la faire entrer en récession en 2023. Il y a d’abord la crise énergétique avec la rupture des fournitures de gaz bon marché fourni par les Russes qui devaient constituer encore l’un des atouts de la compétitivité allemande. Plus globalement il y a les suites de la crise sanitaire dûe au Covid qui ont conduit à des relocalisations et déstructuration d des appareils de production. Ainsi la Chine ancienne première usine du monde a été grandement affectée dans ses exportations. Et le phénomène s’amplifie avec le contexte inflationniste. Dans de nombreux secteurs la Chine n’est plus assez compétitive. Le dynamisme industriel chinois est un peu gelé et se trouvent moins demandeurs d’outils industriels que lui fournissait l’Allemagne. L’Allemagne est tombée en récession en 2023. La situation pourrait être redressée en 2024 comptes tenus du caractère dépressif de la conjoncture internationale

L’économie allemande est entrée en récession en 2023, avec une chute de 0,3% du produit intérieur brut (PIB), a indiqué lundi l’institut Destatis. Ce recul attendu du PIB de la première économie européenne succède à une croissance de 1,8% en 2022, selon des données corrigées des variables de prix.

A noter, au dernier trimestre 2023, le PIB est estimé en recul de 0,3% par rapport au trimestre précédent, selon une estimation préliminaire de Destatis. En données corrigées des variables de calendrier et de prix, le PIB annuel chute de 0,1%. Des résultats toutefois un peu meilleurs que les prévisions du gouvernement et du FMI, qui prévoyaient respectivement une chute de 0,4% et de 0,5% durant l’année.

Le pays fait nettement moins bien que la moyenne de l’UE, qui devrait atteindre une croissance 0,6% en 2023, selon les dernières prévisions de la Commission européenne, avec des hausses marquées pour la France, l’Espagne ou l’Italie. La troisième économie mondiale est également à la traîne des autres grands pays industriels, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.

A l’origine de la contraction de la première économie européenne : la crise de son puissant secteur industriel, qui représente environ 20% de la richesse produite dans le pays. La production reste inférieure de plus de 9% à son niveau d’avant la pandémie, près de quatre ans après le début de la pandémie de Covid-19, en raison d’une conjonction de facteurs.

La branche a aussi été pénalisée par des exportations moins dynamiques, sur fond de tensions géopolitiques et de plus faibles demandes en produits allemands en Chine et aux Etats-Unis. Mais surtout, les prix de l’énergie restent relativement élevés pour l’industrie face à ses concurrents internationaux. Certaines activités les plus énergivores, comme la chimie, peinent à retrouver leur niveau de production d’avant la guerre en Ukraine. « L’année 2023 a été turbulente, avec une économie en mode crise permamente », résume Carsten Brzeski, analyste pour la banque ING.

Et les conséquences de la récession commencent déjà à se voir. En difficulté, les entreprises recrutent moins et le chômage remonte en Allemagne et se rapproche désormais des 6%. Son taux atteignait, en effet, 5,9% en décembre dernier, soit une hausse de 0,1 point par rapport au mois précédent (qui a été révisé à la baisse à 5,8%). Autrement dit, le nombre de chômeurs a augmenté de 5.000 sur un mois, en données corrigées des variations saisonnières (CVS). En données brutes, le nombre de chômeurs grimpe à 2,64 millions, en hausse d’environ 31.000 sur un mois et de 183.000 par rapport à décembre 2022, a détaillé l’Agence pour l’emploi début janvier.

Si 2023 a donc été particulièrement morose pour les Allemands 2024 pourrait ne pas être de meilleure facture si l’on en croit l’Institut économique IW. Ce dernier table en effet sur une baisse du produit intérieur brut (PIB) de 0,5% en 2024 pour la première puissance européenne. Les experts ont considérablement révisé à la baisse leur prévision puisqu’en septembre dernier, ils anticipaient encore une croissance de 0,9%.

« 2024 aurait pu être une année de reprise pour l’économie allemande. Mais les conditions générales restent mauvaises », justifie l’institut de Halle ce mercredi 13 décembre.

Les prévisions de l’IW sont en revanche plus pessimistes que celles du gouvernement allemand. Ce dernier prévoit une reprise de la croissance à +1,3% l’an prochain. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) présage un rebond de 0,9% pour la croissance allemande. La reprise à venir serait favorisée par un recul progressif de l’inflation – attendue à 2,6% en 2024, puis 2% en 2025, contre 6,1% en moyenne cette année – et un marché du travail robuste.

La stratégie antinucléaire allemande contre la France

La stratégie antinucléaire allemande contre la France

Par l’intermédiaire de la Commission européenne et sous l’influence d’Ursula von der Leyen, l’Allemagne a fait pression sur le reste de l’Europe, suivant deux axes. Mettre un terme définitif à l’énergie nucléaire, d’abord. Privilégier l’implantation des énergies renouvelables, ensuite. Cette stratégie, somme toute rationnelle, peut être perçue comme une forme de billard à trois bandes. Par Christian Semperes, Ingénieur énergéticien(*). dans La Tribune

L’Allemagne a réussi à obtenir, de haute lutte et avec la collaboration active des gouvernements français depuis deux quinquennats, la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim dans l’Hexagone. Moins connu en France, un schéma similaire a conduit à l’arrêt des réacteurs belges Doel 3 et Tihange 2. En témoigne, dans le cas français, la lettre adressée par l’ancienne ministre de l’Environnement allemande Barbara Hendricks à son homologue Ségolène Royal, exigeant la fermeture de la centrale dans les délais les plus brefs. Pour les pays concernés, une telle stratégie équivaut à une privation volontaire de production sûre, pilotable, économiquement rentable et amortie, bas-carbone et non conditionnée aux humeurs météorologiques. En bref, une balle dans le pied. C’est la première bande du billard. L’Allemagne a, quant à elle, « montré l’exemple » en arrêtant définitivement son parc nucléaire au début de l’année 2023, se privant ainsi de 30TWh par an d’électricité à faible impact carbone.

La littérature scientifique a désormais admis que la lutte contre le réchauffement climatique repose largement sur la sortie des énergies fossiles ou, du moins, leur maintien a minima pour répondre à d’éventuels besoins ponctuels. Une évidence que l’Allemagne, contrainte par la sortie accélérée du nucléaire, ignore globalement. Berlin a construit et démarré à Datteln, en juin 2020, une centrale à charbon flambant neuve de 1.100MW, équivalent à 60% des capacités de Fessenheim. Ironie de l’histoire, Élisabeth Borne se réjouissait publiquement à quelques jours près, le 30 juin 2020, de l’arrêt définitif de Fessenheim. « Il y a ceux qui en parlent. Nous, on le fait », affirmait alors l’actuelle Première ministre, répondant à la promesse de campagne de l’ancien Président François Hollande.

Dans le même temps, Berlin conserve un parc fossile hors norme, comprenant une puissance installée en gaz de 34,8GW ; en lignite et en charbon, de respectivement 18,6GW et 19GW et, en fuel, de 4,7GW, selon les données du portail Energy Charts. Soit, au total, une puissance installée pilotable fossile de 77,1GW pour l’Allemagne, là où la France ne conserve qu’une puissance installée pilotable très largement nourrie par le nucléaire de 61,4GW, auxquels doivent s’ajouter l’hydraulique et notre reliquat de centrales fossiles. C’est la seconde bande du billard. La montée en puissance du parc renouvelable allemand ne peut, à ce jour, pas répondre aux besoins domestiques. Depuis début août, l’Europe de l’Ouest est confrontée à une canicule qui dure et un anticyclone qui force l’ensemble du parc éolien européen à l’arrêt. Pour l’illustrer, le 10 septembre à 10h du matin, le parc éolien allemand, subventionné à hauteur de 500 milliards d’euros d’argent public, ne produisait que 0,18% de la puissance installée. Même la très bonne production solaire ne permet pas à l’Allemagne d’assurer une production d’énergie domestique suffisante pour répondre à sa propre demande.

Dans l’Hexagone, tous les signaux semblent en revanche au vert. En juillet, selon les données du think tank Agora Energiewende, environ un tiers de l’électricité allemande provenait du nucléaire français. Dans le même temps, la France s’est durablement installée sur le podium des pays les moins émetteurs de gaz à effet de serre sur le segment de la production d’électricité, là où l’Allemagne occupe de longue date la queue du classement du fait d’un recours au charbon à des niveaux encore très importants. La faible disponibilité du parc nucléaire l’année passée a certes placé la France en situation d’importatrice nette d’électricité, surtout entre juillet et septembre. Mais le parc nucléaire, qui n’a produit que 2.479TWh en 2022, son niveau de production le plus faible depuis 1988 et en baisse de 30% par rapport aux moyennes de ces 20 dernières années, retrouve aujourd’hui des niveaux de production normaux.

De prime abord, il serait aisé de penser que l’Allemagne se pénalise financièrement en étant entièrement dépendante des importations. En y regardant de plus près, la situation apparaît plus complexe. La stratégie de Berlin-Est en effet d’éviter de solliciter ses centrales à gaz et de stocker massivement son gaz cet été pour préparer au mieux ses journées sans soleil et, en cas d’anticyclone d’hiver, sans vent. Depuis début janvier, le facteur de charge des centrales au gaz est de 17%, un taux très faible eu égard des capacités de production allemandes, qui se gardent de la marge.

De longues dates, l’Allemagne a donc préparé le terrain chez ses voisins européens, dont certains devraient manquer de production pilotable. Une stratégie qui s’est aussi dessinée au plus haut niveau réglementaire, en témoigne la bataille à la Commission européenne sur l’intégration de l’atome dans la taxonomie verte, obtenue de très haute lutte par la France, en échange de l’inclusion — scandaleuse — du très polluant gaz «naturel ». L’Allemagne pourrait ainsi se positionner comme un fournisseur européen de gaz naturel, dont les besoins devraient être notables cet hiver.

Compte tenu du mécanisme de fixation du prix de l’électricité, l’Allemagne va facturer ses exportations d’hiver au prix fort du gaz devenu rare, évidemment plus fort que ce qu’elle a payé l’électricité en été, 2, 3 voire 10 fois plus cher si une vague de froid intense sévit. L’Allemagne va rafler la mise cet hiver. Une approche qu’il est possible de percevoir comme la troisième bande du billard. Peut-être même que ses pertes estivales sont considérées par Berlin comme un investissement pour l’hiver ? Dans ce contexte, la France doit fermement poursuivre sa stratégie de maintien d’un puissant parc nucléaire, malgré la pression allemande.

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(*) Christian Semperes a participé au démarrage des 58 réacteurs REP des années 1980-1990, à la conduite des installations, et à la formation sur simulateur des exploitants.

La manipulation antinucléaire allemande contre la France

La stratégie antinucléaire allemande contre la France

Par l’intermédiaire de la Commission européenne et sous l’influence d’Ursula von der Leyen, l’Allemagne a fait pression sur le reste de l’Europe, suivant deux axes. Mettre un terme définitif à l’énergie nucléaire, d’abord. Privilégier l’implantation des énergies renouvelables, ensuite. Cette stratégie, somme toute rationnelle, peut être perçue comme une forme de billard à trois bandes. Par Christian Semperes, Ingénieur énergéticien(*). dans La Tribune

L’Allemagne a réussi à obtenir, de haute lutte et avec la collaboration active des gouvernements français depuis deux quinquennats, la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim dans l’Hexagone. Moins connu en France, un schéma similaire a conduit à l’arrêt des réacteurs belges Doel 3 et Tihange 2. En témoigne, dans le cas français, la lettre adressée par l’ancienne ministre de l’Environnement allemande Barbara Hendricks à son homologue Ségolène Royal, exigeant la fermeture de la centrale dans les délais les plus brefs. Pour les pays concernés, une telle stratégie équivaut à une privation volontaire de production sûre, pilotable, économiquement rentable et amortie, bas-carbone et non conditionnée aux humeurs météorologiques. En bref, une balle dans le pied. C’est la première bande du billard. L’Allemagne a, quant à elle, « montré l’exemple » en arrêtant définitivement son parc nucléaire au début de l’année 2023, se privant ainsi de 30TWh par an d’électricité à faible impact carbone.

La littérature scientifique a désormais admis que la lutte contre le réchauffement climatique repose largement sur la sortie des énergies fossiles ou, du moins, leur maintien a minima pour répondre à d’éventuels besoins ponctuels. Une évidence que l’Allemagne, contrainte par la sortie accélérée du nucléaire, ignore globalement. Berlin a construit et démarré à Datteln, en juin 2020, une centrale à charbon flambant neuve de 1.100MW, équivalent à 60% des capacités de Fessenheim. Ironie de l’histoire, Élisabeth Borne se réjouissait publiquement à quelques jours près, le 30 juin 2020, de l’arrêt définitif de Fessenheim. « Il y a ceux qui en parlent. Nous, on le fait », affirmait alors l’actuelle Première ministre, répondant à la promesse de campagne de l’ancien Président François Hollande.

Dans le même temps, Berlin conserve un parc fossile hors norme, comprenant une puissance installée en gaz de 34,8GW ; en lignite et en charbon, de respectivement 18,6GW et 19GW et, en fuel, de 4,7GW, selon les données du portail Energy Charts. Soit, au total, une puissance installée pilotable fossile de 77,1GW pour l’Allemagne, là où la France ne conserve qu’une puissance installée pilotable très largement nourrie par le nucléaire de 61,4GW, auxquels doivent s’ajouter l’hydraulique et notre reliquat de centrales fossiles. C’est la seconde bande du billard. La montée en puissance du parc renouvelable allemand ne peut, à ce jour, pas répondre aux besoins domestiques. Depuis début août, l’Europe de l’Ouest est confrontée à une canicule qui dure et un anticyclone qui force l’ensemble du parc éolien européen à l’arrêt. Pour l’illustrer, le 10 septembre à 10h du matin, le parc éolien allemand, subventionné à hauteur de 500 milliards d’euros d’argent public, ne produisait que 0,18% de la puissance installée. Même la très bonne production solaire ne permet pas à l’Allemagne d’assurer une production d’énergie domestique suffisante pour répondre à sa propre demande.

Dans l’Hexagone, tous les signaux semblent en revanche au vert. En juillet, selon les données du think tank Agora Energiewende, environ un tiers de l’électricité allemande provenait du nucléaire français. Dans le même temps, la France s’est durablement installée sur le podium des pays les moins émetteurs de gaz à effet de serre sur le segment de la production d’électricité, là où l’Allemagne occupe de longue date la queue du classement du fait d’un recours au charbon à des niveaux encore très importants. La faible disponibilité du parc nucléaire l’année passée a certes placé la France en situation d’importatrice nette d’électricité, surtout entre juillet et septembre. Mais le parc nucléaire, qui n’a produit que 2.479TWh en 2022, son niveau de production le plus faible depuis 1988 et en baisse de 30% par rapport aux moyennes de ces 20 dernières années, retrouve aujourd’hui des niveaux de production normaux.

De prime abord, il serait aisé de penser que l’Allemagne se pénalise financièrement en étant entièrement dépendante des importations. En y regardant de plus près, la situation apparaît plus complexe. La stratégie de Berlin-Est en effet d’éviter de solliciter ses centrales à gaz et de stocker massivement son gaz cet été pour préparer au mieux ses journées sans soleil et, en cas d’anticyclone d’hiver, sans vent. Depuis début janvier, le facteur de charge des centrales au gaz est de 17%, un taux très faible eu égard des capacités de production allemandes, qui se gardent de la marge.

De longues dates, l’Allemagne a donc préparé le terrain chez ses voisins européens, dont certains devraient manquer de production pilotable. Une stratégie qui s’est aussi dessinée au plus haut niveau réglementaire, en témoigne la bataille à la Commission européenne sur l’intégration de l’atome dans la taxonomie verte, obtenue de très haute lutte par la France, en échange de l’inclusion — scandaleuse — du très polluant gaz «naturel ». L’Allemagne pourrait ainsi se positionner comme un fournisseur européen de gaz naturel, dont les besoins devraient être notables cet hiver.

Compte tenu du mécanisme de fixation du prix de l’électricité, l’Allemagne va facturer ses exportations d’hiver au prix fort du gaz devenu rare, évidemment plus fort que ce qu’elle a payé l’électricité en été, 2, 3 voire 10 fois plus cher si une vague de froid intense sévit. L’Allemagne va rafler la mise cet hiver. Une approche qu’il est possible de percevoir comme la troisième bande du billard. Peut-être même que ses pertes estivales sont considérées par Berlin comme un investissement pour l’hiver ? Dans ce contexte, la France doit fermement poursuivre sa stratégie de maintien d’un puissant parc nucléaire, malgré la pression allemande.

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(*) Christian Semperes a participé au démarrage des 58 réacteurs REP des années 1980-1990, à la conduite des installations, et à la formation sur simulateur des exploitants.

Gadgets : Pour relancer la locomotive franco-allemande….. des billets de train pour les jeunes !

: Gadgets : Pour relancer la locomotive franco-allemande….. des billets de train pour les jeunes !

Comme d’habitude dans un discours très lyrique, Macron a chanté les louanges du couple franco allemand lors de sa rencontre avec Olaf Scholz.

Le chancelier allemand s’est montré lui aussi comme d’habitude moins enthousiaste même s’il souhaite des rapprochements entre les deux pays. La vérité c’est que la France et l’Allemagne depuis quelques années ne cessent d’accumuler les affrontements. D’abord sur le point fondamental de la politique énergétique où l’Allemagne a voulu ficeler toute l’Europe avec le gaz russe. Ce qui a amené la France bêtement à délaisser l’atout considérable que constitue l’électricité nucléaire. L’autre source de différents est celui de la politique diplomatique où pendant longtemps l’Allemagne refusait de rompre avec la dictature russe. Sur le plan industriel, l’Allemagne a mis des bâtons dans les roues pour toute perspective de coopération concernant par exemple l’avion du futur ou le prochain char.

Il est clair que sur le plan de la défense stratégique l’Allemagne est beaucoup plus proche des États-Unis que de la France. Et pour l’industrie l’Allemagne entend jouer son propre jeu même si chancelier déclare partager les objectifs de la France visant à investir pour faire de l’Union européenne « un pôle mondial des technologies du futur »….et le premier « climatiquement neutre ».

En conclusion, le seul résultat très tangible et concret, c’est la décision de Macon et d’ Olaf Scholz d’attribuer des billets de train gratuits pour les jeunes !

Pour relancer la locomotive franco-allemande : des billets de train pour les jeunes

Pour relancer la locomotive franco-allemande : des billets de train pour les jeunes !

Comme d’habitude dans un discours très lyrique, Macron a chanté les louanges du couple franco allemand lors de sa rencontre avec Olaf Scholz.

Le chancelier allemand s’est montré lui aussi comme d’habitude moins enthousiaste même s’il souhaite des rapprochements entre les deux pays. La vérité c’est que la France et l’Allemagne depuis quelques années ne cessent d’accumuler les affrontements. D’abord sur le point fondamental de la politique énergétique où l’Allemagne a voulu ficeler toute l’Europe avec le gaz russe. Ce qui a amené la France bêtement à délaisser l’atout considérable que constitue l’électricité nucléaire. L’autre source de différents est celui de la politique diplomatique où pendant longtemps l’Allemagne refusait de rompre avec la dictature russe. Sur le plan industriel, l’Allemagne a mis des bâtons dans les roues pour toute perspective de coopération concernant par exemple l’avion du futur ou le prochain char.

Il est clair que sur le plan de la défense stratégique l’Allemagne est beaucoup plus proche des États-Unis que de la France. Et pour l’industrie l’Allemagne entend jouer son propre jeu même si chancelier déclare partager les objectifs de la France visant à investir pour faire de l’Union européenne « un pôle mondial des technologies du futur »….et le premier « climatiquement neutre ».

En conclusion, le seul résultat très tangible et concret, c’est la décision de Macon et d’ Olaf Scholz d’attribuer des billets de train gratuits pour les jeunes !

Une vraie renaissance de la défense allemande ?

Une vraie renaissance de la défense allemande ?

 

 La guerre en Ukraine a incité l’Allemagne à augmenter nettement ses dépenses de défense. Une véritable révolution, qui devra surmonter des résistances anciennes à un renforcement de la Bundeswehr. Par Laurent Griot, Grenoble École de Management (GEM) et Mourad Chabbi, Grenoble École de Management (GEM)

L’invasion de l’Ukraine a agi comme un électrochoc dans bon nombre de pays européens : la guerre, la « vraie », est à nos portes et nous ne sommes pas prêts. Les débats portent sur nos capacités matérielles comme sur l’équilibre de nos alliances. La Suède et la Finlande ont soumis, mercredi 18 mai, leur demande d’adhésion à l’OTAN, et l’Italie annonce qu’elle rejoindra très rapidement les standards OTAN en termes de dépenses de défense. D’ici à 2028, son budget devrait représenter 2 % de son PIB, passant de 25,9 milliards à 36 milliards d’euros, bien que cet objectif suscite un débat passionné dans le pays.

Au milieu de ce concert de remises en cause stratégiques et budgétaires, il est un pays dont la réaction est encore plus surprenante que celle des autres : l’Allemagne. Surprenante d’abord par la brutalité du constat et la liberté de ton de ceux qui l’expriment : le 24 février 2022, le chef d’état-major des armées allemandes reconnaissait, face au début de la guerre en Ukraine :

« La Bundeswehr, l’armée que j’ai l’honneur de commander, se tient là, plus ou moins les mains vides. Les options que nous pouvons proposer au gouvernement pour soutenir l’alliance sont extrêmement limitées. »

C’est ensuite la réaction du gouvernement allemand qui a de quoi surprendre. Le 27 février, soit seulement trois jours plus tard, le chancelier Olaf Scholz déclarait :

« Face au tournant historique engagé par l’agression de Vladimir Poutine, notre principe est le suivant : tout ce qui est nécessaire pour garantir la paix en Europe sera mis en œuvre. L’Allemagne y apportera sa propre contribution solidaire. [...] Nous allons à partir de maintenant, d’année en année, investir plus de 2 % du PIB dans notre défense. [...] L’objectif est de disposer à terme d’une Bundeswehr performante, ultramoderne et dotée de technologies de pointe qui nous assure une protection fiable. »

L’exécutif a aussi annoncé la création d’un fonds spécial d’un montant de 100 milliards d’euros pour combler son retard, notamment en matière d’équipement des forces.

Sous-investissement chronique

Pour comprendre la situation budgétaire des forces allemandes, il ne faut pas se fier seulement aux chiffres de ces dernières années. Même si en 2021, la France et l’Allemagne ont consacré des budgets très similaires à leur défense - environ 53 milliards de dollars - ce niveau de dépense est relativement récent en Allemagne.

Si l’on observe les chiffres allemands et français depuis la chute du mur de Berlin, on constate une forte remontée des dépenses allemandes depuis 2018 seulement. La baisse a été constante de 1991 à 2005 (point bas) suivie d’une lente remontée jusqu’en 2018. Ainsi, l’Allemagne a moins investi dans son armée, avec une divergence très nette des trajectoires budgétaires à partir de 2001. De fait, le montant cumulé des dépenses de défense allemandes entre 2001 et 2021 est d’environ 902 milliards de dollars, là où la France a dépensé environ 1 036 milliards de dollars. La différence est donc significative.

Mais cet écart de financement est-il suffisant pour expliquer la situation que nous connaissons aujourd’hui ? Les capacités des forces allemandes sont très réduites, selon leur propre chef d’état-major. Les forces françaises, elles, sont classées par la Rand Corporation parmi les plus efficaces d’Europe, même si elles manquent d’« épaisseur » et donc de capacité à combattre dans la durée. Il nous semble que d’autres facteurs doivent être pris en compte.

En premier lieu, les structures de nos budgets sont différentes. La France dépense de façon constante environ 25 % (26,5 % en 2020) de ses budgets en équipement, l’OTAN demandant à ses membres que ce ratio soit au minimum de 20 %. L’Allemagne a quant à elle dépensé 16,9 % de son budget 2020 en équipement, un montant en nette augmentation depuis 2014 (environ 13 % à l’époque). À l’inverse, les « frais de fonctionnement et de maintenance » pèsent pour 26,4 % du budget français et pour 37,4 % du budget allemand, ce qui représente un quasi-record au sein des pays de l’OTAN. Il s’agit probablement du symptôme d’une autre faiblesse : les armées allemandes sont des monstres bureaucratiques.

Les forces allemandes souffrent manifestement d’une bureaucratie particulièrement lourde et inefficace. Sur ce point, un document publié début 2020 a eu un retentissement certain dans le pays. Il s’agit du rapport d’information pour 2019 destiné au Bundestag, rédigé par le commissaire allemand aux forces armées de 2015 à 2020, Hans-Peter Bartels.

Selon ce rapport, l’institution militaire allemande souffre de la multiplication des instances de décision, ce qui conduit à une dilution de la responsabilité et à un allongement déraisonnable des processus décisionnels. Bartels consacre par exemple une page entière à raconter comment ses propres services n’ont pas réussi, malgré trois années d’efforts, à obtenir la création pour eux-mêmes d’une dizaine de comptes d’accès au réseau intranet des forces allemandes.

Dans ce texte, l’état-major de la Deutsche Marine reconnaît qu’au sein de l’armée allemande, le respect des règles est plus important que la capacité à fournir des appareils en état de voler, pilotés par des équipages correctement entraînés. Cet état de fait rejaillit sur la motivation des hommes. La troupe considère que ses chefs n’en font pas assez pour améliorer l’efficacité de l’institution. Mais les cadres se sentent désarmés face à la lourdeur de l’organisation.

Parmi les faiblesses les plus criantes, le processus d’équipement des forces est particulièrement critiqué. Il est présenté comme dysfonctionnel, inutilement compliqué et trop long. La volonté de réduire les risques industriels en amont est ouvertement présentée comme une cause de risques pour les troupes, obligées d’aller au combat avec des équipements dépassés, voire en l’absence totale de certains matériels.

Hans-Peter Bartels regrette particulièrement le fait que l’« achat sur étagère » – c’est-à-dire l’achat d’équipements déjà existants n’ayant pas été spécifiquement conçus à la demande de la Bundeswehr – soit une pratique rare au sein des forces allemandes. Même des matériels très simples (comme des sacs à dos) sont soumis à des processus d’élaboration et d’évaluation dignes des systèmes d’armes les plus complexes.

C’est donc autant à des problèmes budgétaires qu’à la question de l’efficacité de ses dépenses que le ministère allemand de la Défense doit faire face. Ce qu’Eva Högl, l’actuelle commissaire parlementaire pour les forces armées, a bien compris : elle demande que le fonds de 100 milliards d’euros destiné aux forces allemandes soit exploité de façon moins bureaucratique.

Mais une telle évolution sera longue et laborieuse. D’abord parce que cette situation est connue en Allemagne depuis très longtemps sans qu’il n’y ait eu de vrai changement. Dans son rapport pour 2019, Hans-Peter Bartels relevait que déjà en 1978 le ministre de la Défense alors en poste se préoccupait de la bureaucratie excessive dont était victime son armée. Ensuite parce que cette situation est sans doute, pour partie au moins, la conséquence de l’approche pacifiste dominante en Allemagne.

Pour d’évidentes raisons historiques, les forces allemandes ont un statut particulier. Elles sont fermement soumises au Parlement allemand et tout est mis en œuvre pour qu’elles ne sortent « plus jamais du cadre démocratique ».

Fondamentalement, l’avenir de la Bundeswehr, sa capacité à surmonter ses faiblesses et à tenir sa place au sein de l’Alliance atlantique dépendra donc de la place que la société allemande entendra donner à son armée. Dans un discours qu’il adressait aux généraux des armées allemandes en 2005, Horst Köhler, alors président du pays, parlait du « désintérêt amical » des Allemands pour leurs armées :

« Après 1945, les Allemands sont devenus un peuple réellement pacifique et qui aime garder une distance prudente vis-à-vis de tout ce qui est militaire. »

Seize ans plus tard, l’opinion allemande ne semble pas avoir beaucoup changé. Chaque année, le centre d’histoire militaire et des sciences sociales de la Bundeswehr publie une étude consacrée à l’opinion allemande sur la politique de sécurité et de défense du pays. L’étude pour 2021 (donc réalisée avant le début de la guerre en Ukraine) confirme cette approche : les Allemands ont confiance en leurs armées. Mais les moyens d’action auxquels ils sont favorables sont diplomatiques (84 %), basés sur le contrôle des armements (72 %), la coopération au développement (70 %) et les sanctions économiques (61 %). Les opérations militaires menées par la Bundeswehr ou les exportations d’armements ne sont approuvées que par 33 % de la population.

Une évolution longue et difficile

La guerre en Ukraine a déjà provoqué une révolution en Allemagne. La célérité et l’ampleur de la réaction politique ont surpris beaucoup d’observateurs des affaires stratégiques européennes.

Berlin a rompu avec une forme de retenue particulière et solitaire en accélérant le déploiement de ses troupes ces derniers temps : envoi de navires en mer Baltique et en Méditerranée, installation de missiles antiaériens Patriot dans plusieurs pays d’Europe centrale, participation à un bataillon au sol en Slovaquie, envoi de chasseurs Eurofighter en Roumanie… Mais il sera long et difficile de renoncer à ce que Tom Enders, ancien PDG d’Airbus, qualifiait en septembre 2020 d’« abstinence de puissance ».

D’abord parce que, passée la stupeur initiale, le soutien de l’opinion allemande à la politique ukrainienne de son chancelier s’effrite : des intellectuels allemands soutenus par des responsables politiques de premier plan demandent que l’Allemagne cesse d’armer l’Ukraine et opte pour une politique visant à obliger Kiev à trouver un compromis avec Vladimir Poutine. Dans le même temps, des représentants syndicaux allemands ont profité de la fête du Travail, le 1er mai, pour dire leur désaccord face à la volonté de réarmement massif exprimée par le chancelier Olaf Scholz. Notamment de peur que cela se fasse au détriment de la paix sociale.

Ensuite parce que la situation stratégique du pays est la conséquence d’une culture politico-administrative faisant partie intégrante de la nation allemande post-Seconde Guerre mondiale. Une évolution de cette position, à supposer que l’opinion allemande y consente, sera très longue et ses résultats incertains.

_______

Par Laurent Griot, Professeur assistant en géopolitique., Grenoble École de Management (GEM) et Mourad Chabbi, Professeur de RI/Géopolitique, Enseignant chercheur, Grenoble École de Management (GEM).

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

La réussite de la social-démocratie allemande: pourquoi ?

La réussite de la social-démocratie allemande: pourquoi ?

 

Un article qui pourrait faire réfléchir la social-démocratie française républicaine concernant le succès de la social-démocratie allemande.

La victoire du nouveau chancelier social-démocrate Olaf Scholz réside dans le fait d’avoir su renouer avec l’électorat populaire, en mettant en avant les questions économiques et sociales, de nouveaux engagements européens et une politique audacieuse en matière de transition écologique, analyse, dans une tribune au « Monde », l’historien et germaniste Jacques-Pierre Gougeon.

 

Tribune.

A un moment où un social-démocrate, Olaf Scholz, incarnation du « centre gauche », va diriger l’Allemagne, alors que l’Europe du Nord et une partie de l’Europe du Sud sont dirigées par des sociaux-démocrates et que, en contraste, la gauche française semble à la peine, il peut être intéressant de revenir sur les raisons du succès de la social-démocratie allemande.

Balayons d’abord une analyse que l’on a pu trouver ici ou là et qui est un peu facile : la victoire d’Olaf Scholz serait due à la faiblesse du candidat chrétien-démocrate. Certes, ce dernier a multiplié les maladresses et est apparu en « décalage » et finalement peu à la hauteur, d’autant que, dès le début, sa candidature a été contestée par une partie de son camp. Mais pour qui analyse les choses avec plus d’attention, les raisons de la victoire sociale-démocrate, courte certes (25,7 % pour le Parti social-démocrate, SPD, contre 24,1 % pour l’Union chrétienne-démocrate, CDU), sont plus profondes. Cela n’a pas été suffisamment relevé, le Parti social-démocrate a, lors de cette élection, renoué avec l’électorat populaire dont il avait commencé à perdre les faveurs aux élections fédérales de 2009, alors qu’il recueillait encore, en 2005, 44 % du vote des ouvriers et 35 % du vote des employés.

 

Lors des dernières élections fédérales, 26 % des ouvriers et 24 % des employés ont voté pour le SPD soit un gain respectif de 3 et 4 points par rapport à 2017. En outre, 32 % des salariés syndiqués ont fait ce choix. Ce constat est à mettre en parallèle avec le fait que le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) avait dû son résultat élevé de 2017 en grande partie à une percée parmi les ouvriers (21 % soit un gain de 15 points par rapport à 2013), se déclarant depuis « parti ouvrier ». Cette évolution tangible en 2021 est à mettre en relation avec la volonté du Parti social-démocrate et d’Olaf Scholz lui-même d’un positionnement clairement social de sa campagne qui correspondait par ailleurs au glissement de son parti ces dernières années.

 

Cette mutation a été marquée par une prise de distance, voire une rupture, sur certains sujets, avec l’ère de l’ancien chancelier Gerhard Schröder dont Olaf Scholz avait pourtant été l’un des acteurs comme secrétaire général du SPD. Les analyses de l’historien Mark Lilla sur l’élection américaine de 2018 ont été observées de près par les sociaux-démocrates allemands : selon cet universitaire, la campagne libertaire d’Hillary Clinton, trop tournée vers les questions liées à la diversité et les interrogations des libéraux des grandes villes, a fini par oublier les enjeux économiques et sociaux, poussant une large partie des ouvriers des régions industrielles à voter en faveur de Donald Trump

La victoire de la social-démocratie allemande: pourquoi ?

La victoire de la social-démocratie allemande: pourquoi ?

 

Un article qui pourrait faire réfléchir la social-démocratie française républicaine concernant le succès de la social-démocratie allemande.

La victoire du nouveau chancelier social-démocrate Olaf Scholz réside dans le fait d’avoir su renouer avec l’électorat populaire, en mettant en avant les questions économiques et sociales, de nouveaux engagements européens et une politique audacieuse en matière de transition écologique, analyse, dans une tribune au « Monde », l’historien et germaniste Jacques-Pierre Gougeon.

 

Tribune.

A un moment où un social-démocrate, Olaf Scholz, incarnation du « centre gauche », va diriger l’Allemagne, alors que l’Europe du Nord et une partie de l’Europe du Sud sont dirigées par des sociaux-démocrates et que, en contraste, la gauche française semble à la peine, il peut être intéressant de revenir sur les raisons du succès de la social-démocratie allemande.

Balayons d’abord une analyse que l’on a pu trouver ici ou là et qui est un peu facile : la victoire d’Olaf Scholz serait due à la faiblesse du candidat chrétien-démocrate. Certes, ce dernier a multiplié les maladresses et est apparu en « décalage » et finalement peu à la hauteur, d’autant que, dès le début, sa candidature a été contestée par une partie de son camp. Mais pour qui analyse les choses avec plus d’attention, les raisons de la victoire sociale-démocrate, courte certes (25,7 % pour le Parti social-démocrate, SPD, contre 24,1 % pour l’Union chrétienne-démocrate, CDU), sont plus profondes. Cela n’a pas été suffisamment relevé, le Parti social-démocrate a, lors de cette élection, renoué avec l’électorat populaire dont il avait commencé à perdre les faveurs aux élections fédérales de 2009, alors qu’il recueillait encore, en 2005, 44 % du vote des ouvriers et 35 % du vote des employés.

 

Lors des dernières élections fédérales, 26 % des ouvriers et 24 % des employés ont voté pour le SPD soit un gain respectif de 3 et 4 points par rapport à 2017. En outre, 32 % des salariés syndiqués ont fait ce choix. Ce constat est à mettre en parallèle avec le fait que le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) avait dû son résultat élevé de 2017 en grande partie à une percée parmi les ouvriers (21 % soit un gain de 15 points par rapport à 2013), se déclarant depuis « parti ouvrier ». Cette évolution tangible en 2021 est à mettre en relation avec la volonté du Parti social-démocrate et d’Olaf Scholz lui-même d’un positionnement clairement social de sa campagne qui correspondait par ailleurs au glissement de son parti ces dernières années.

 

Cette mutation a été marquée par une prise de distance, voire une rupture, sur certains sujets, avec l’ère de l’ancien chancelier Gerhard Schröder dont Olaf Scholz avait pourtant été l’un des acteurs comme secrétaire général du SPD. Les analyses de l’historien Mark Lilla sur l’élection américaine de 2018 ont été observées de près par les sociaux-démocrates allemands : selon cet universitaire, la campagne libertaire d’Hillary Clinton, trop tournée vers les questions liées à la diversité et les interrogations des libéraux des grandes villes, a fini par oublier les enjeux économiques et sociaux, poussant une large partie des ouvriers des régions industrielles à voter en faveur de Donald Trump

Croissance Allemande dynamique

Croissance Allemande dynamique

 

L’Office fédéral des statistiques, Destatis constate un bon bond de 3,2% de la consommation privée par rapport aux trois premiers mois de l’année. « La consommation privée était le pilier le plus important de la reprise économique au printemps », soulignait de son côté la Bundesbank dans son rapport mensuel publié lundi.

Destatis a également révisé à la hausse le PIB du premier trimestre, quand l’Allemagne a dû recourir à d’importantes restrictions pour endiguer une nouvelle vague d’infections, évaluant la contraction à -2,0%, contre -2,1% précédemment.

Hydrogène–une alliance franco-allemande ?

Hydrogène–une alliance franco-allemande ?

Guy Maugis ,président de la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d’Industrie préconise une alliance franco-allemande pour le développement de la filière hydrogène. Le problème cependant est que l’Allemagne est très protectrice de ses industries de pointe et par exemple fait tout pour démolir la filière nucléaire de la France.

 

 

Ce que l’on connaît du prochain rapport du Giec, les chaleurs extrêmes qui ont affecté récemment le Nord-ouest des États-Unis et du Canada soulignent encore un peu plus l’urgence de la question climatique et la nécessité d’une décarbonation de l’économie de grande ampleur. La transition énergétique en est évidemment une clé. C’est la raison pour laquelle tous les regards se tournent vers l’hydrogène « vert » (c’est-à-dire produit par une électricité décarbonée). La Commission européenne a élaboré à la fin de l’année dernière un Important Project of Common European Interest (IPCEI), consacré à l’hydrogène vert et concernant aussi bien sa production que sa distribution et son utilisation, en particulier dans le transport et l’industrie.

Des projets sont d’ores et déjà identifiés. Il faut aujourd’hui entrer dans la phase de lancement et de financement. Les entreprises françaises et allemandes sont en première ligne dans le développement de l’hydrogène. Elles l’ont clairement manifesté lors du premier Symposium franco-allemand de l’hydrogène, organisé le 1er juillet à Paris sous l’égide de la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d’Industrie.

Il ne s’agit plus de développer des expériences pilotes, mais de créer un véritable marché commun de l’hydrogène vert en Europe, comme nous avons su le faire avec le charbon et l’acier, ou avec l’électricité. L’enjeu est de bâtir un véritable écosystème de l’hydrogène vert, qui intègre sa production dans des « gigafactories », sa distribution au travers de nouvelles infrastructures et son utilisation. La demande potentielle en hydrogène vert de la part de l’industrie européenne est très importante et peut se mesurer en gigawatts mais construire les capacités de production correspondantes est à la portée des grands énergéticiens européens.

Les industriels français et allemands sont d’accord sur un point : un écosystème européen de l’hydrogène doit intégrer l’ensemble de la chaîne de valeur et être suffisamment dimensionné pour que la filière soit rentable le plus rapidement possible et que l’hydrogène vert devienne une « commodité »

Filière. Naturellement, cela exige des investissements très importants, et donc un soutien des Etats et de l’Union européenne. La France projette d’investir 7,2 milliards d’euros d’ici à 2030, l’Allemagne 9 milliards. Ce sont des engagements ambitieux, mais nécessaires. Les industriels français et allemands sont d’accord sur un point : un écosystème européen de l’hydrogène doit intégrer l’ensemble de la chaîne de valeur et être suffisamment dimensionné pour que la filière soit rentable le plus rapidement possible et que l’hydrogène vert devienne une « commodité ».

La montée en puissance d’une nouvelle économie de l’hydrogène est à notre portée. Elle sera un vecteur de souveraineté technologique dans la compétition mondiale. De par les investissements industriels qu’elle nécessite, cette économie sera également un puissant facteur de réindustrialisation, avec probablement la création de 100 000 emplois au cours des dix prochaines années. La France et l’Allemagne doivent prendre le leadership de cette nouvelle économie. Mais il faut aussi que les États, avec l’Union européenne, créent le cadre réglementaire et financier à la hauteur des enjeux. Ils en donnent le signe. L’heure est désormais aux actes et aux décisions.

Guy Maugis est président de la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d’Industrie

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