Archive pour le Tag 'Aliénation'

Enfants-Addiction et aliénation numérique ?

Enfants-Addiction et aliénation numérique  ? 

 

 

A l’initiative de Caroline Janvier, députée LRM, un collectif de parlementaires transpartisans et de personnalités, dont Gaspard Koenig, Nicolas Sirkis et Benoît Hamon, appelle à l’élaboration collective d’une proposition de loi visant à la prévention et la sensibilisation des parents

 

Tribune.

 

Sept cent vingt-huit heures. C’est la durée moyenne d’exposition annuelle aux écrans des enfants âgés de 3 à 10 ans. Il en faut soixante-trois pour regarder l’intégralité de la série Game of Thrones – et les amateurs vous diront que ce n’est pas une mince affaire. Sept cent vingt-huit heures, cela revient à regarder 11 fois les huit saisons de Game of Thrones en l’espace d’une année. C’est dire combien les écrans sont présents dans la vie de nos enfants : deux heures par jour, c’est long.

Un tiers des enfants de 0 à 3 ans prend ses repas devant un écran. 0 à 3 ans, c’est une période de la vie où les enfants ont des défis vitaux à relever : apprendre à marcher, parler, nouer des liens et interagir, reconnaître et réguler ses émotions, développer sa faculté de concentration, sa motricité, s’étonner du monde qui nous entoure, commencer à comprendre les lois physiques et biologiques qui le régissent.


Pour cela, l’enfant a besoin d’être stimulé et accompagné par son environnement physique, sensoriel, cognitif et affectif. Les écrans sont alors non seulement des loisirs limitatifs à une période cruciale pour le développement, mais aussi et surtout des entraves à l’acquisition du langage, à la mémorisation des savoirs. Ils ont aussi une influence néfaste sur le sommeil, l’alimentation, ou encore la gestion des émotions.

La question de l’aliénation numérique

Alors qu’il y a encore vingt ans les télévisions restaient fermement accrochées au salon familial, les téléphones et tablettes suivent aujourd’hui nos enfants partout. Tous les parents contemporains ont un jour ou l’autre connu la tentation de placer un écran entre les mains de leur progéniture pour faire cesser des pleurs dans le train, pour détourner leur attention d’une égratignure douloureuse ou pour les occuper trois minutes le temps de mettre un plat au four.

« Regarder un écran le matin avant l’école est associé à trois fois plus de risques de présenter un trouble primaire du langage »

Beaucoup cèdent à la tentation, y compris parmi nous. Le problème réside en la systématisation de cette exposition précoce aux outils numériques avec des conséquences souvent méconnues. L’enjeu est donc avant tout de les prendre en compte. Il ne s’agit pas, bien entendu, de condamner l’usage des écrans, car ils peuvent être d’excellents outils pour éveiller la curiosité et développer les connaissances.


La question est celle de l’aliénation numérique, notamment sur les plates-formes interactives. Regarder un écran le matin avant l’école est associé à trois fois plus de risques de présenter un trouble primaire du langage. Le faire sans discuter des contenus visionnés avec son entourage, à six fois plus de risques. Quand on sait combien la maîtrise du langage est un élément central dans le développement cognitif et socio-émotionnel, très logiquement, sa dégradation peut être une entrave à la réussite des enfants et à leur adaptation scolaire et sociale.

Numérique et aliénation de la pensée

Numérique et aliénation  de la pensée

 

Le chercheur Guilhem Fouetillou compare, dans une tribune au « Monde », la « raréfaction de l’attention » créée par le numérique tout-puissant à la raréfaction des ressources naturelles.

 

Tribune. 

 

La partie se corse pour Facebook et Mark Zuckerberg : après le scandale Cambridge Analytica, après la prise du Capitole par les trumpistes, c’est maintenant la lanceuse d’alerte Frances Haugen qui met au jour la nocivité de son ex-employeur. La prise de conscience va s’accélérant dans toutes les couches de la société, et particulièrement chez les politiques, trop longtemps portés par un sentiment d’indifférence, puis de fascination, envers une économie qu’ils ne comprenaient pas et dont ils ignoraient presque tout. Les dégâts causés par le modèle économique des plates-formes sociales gratuites s’affichent au grand jour : un modèle ne trouvant sa subsistance que dans la monétisation du temps passé sur ses contenus par le maximum d’utilisateurs, et cela sans prise en compte aucune de la nature de ce temps passé, de sa qualité et de ses impacts négatifs tant à l’échelle collective (incitation à la haine, réseaux criminels, désinformation) qu’individuelle (santé mentale).


Mais en se focalisant sur Facebook uniquement et en accusant l’entreprise de « faillite morale », risque de se répéter le schéma bien connu de la brebis galeuse et de sanctions et régulations qui manqueront de se confronter au problème majeur auquel l’humanité fait face, et dont Facebook n’est qu’un des innombrables vecteurs : l’épuisement de nos ressources attentionnelles.

Car si l’écologie pose la question de l’épuisement de nos ressources naturelles, il est incompréhensible de constater que ne s’y ajoute pas celle de nos ressources attentionnelles, attaquées de toute part par un design des vulnérabilités exploitant nos faiblesses psychologiques, sociales et cognitives pour construire des expériences toujours plus addictives.

Tout comme nous entrevoyons la fin des énergies fossiles, l’épuisement des terres et des océans, la raréfaction du vivant, le numérique et ses écrans poussent à leur limite nos attentions sollicitables, notre « temps de cerveau disponible ». En passant d’une société du travail à une société de loisirs et de divertissement, en transformant le capitalisme industriel en capitalisme cognitif, nous subissons une marchandisation permanente de notre activité cérébrale, qui, contrairement à l’activité physique, jamais ne s’épuise.


Par les messageries instantanées, nous gardons un lien permanent avec nos cercles les plus proches et pouvons entretenir une quantité inédite de liens faibles. Pour les professions intellectuelles, les réseaux sociaux d’entreprise et les outils de visioconférence permettent de passer d’un projet à l’autre, d’un interlocuteur à l’autre, d’un continent à l’autre, sans aucune friction, faisant entrer dans une journée de travail infiniment plus que ce qu’on y faisait tenir ne serait-ce qu’avant même le surgissement du Covid-19. Les fonctionnalités d’accélération des flux vidéo et audio sont aujourd’hui utilisées par le plus grand nombre et certaines séries sur Netflix ne voient qu’une minorité de leur audience les regarder à la vitesse « normale ». Même la musique qui, par nature, ne peut que difficilement supporter cette accélération, a changé ses règles de composition pour que la mélodie y soit exposée dans les premières secondes afin d’éviter le zapping.

Numérique et aliénation de la pensée

Numérique et aliénation  de la pensée

 

Le chercheur Guilhem Fouetillou compare, dans une tribune au « Monde », la « raréfaction de l’attention » créée par le numérique tout-puissant à la raréfaction des ressources naturelles.

 

Tribune. 

 

La partie se corse pour Facebook et Mark Zuckerberg : après le scandale Cambridge Analytica, après la prise du Capitole par les trumpistes, c’est maintenant la lanceuse d’alerte Frances Haugen qui met au jour la nocivité de son ex-employeur. La prise de conscience va s’accélérant dans toutes les couches de la société, et particulièrement chez les politiques, trop longtemps portés par un sentiment d’indifférence, puis de fascination, envers une économie qu’ils ne comprenaient pas et dont ils ignoraient presque tout. Les dégâts causés par le modèle économique des plates-formes sociales gratuites s’affichent au grand jour : un modèle ne trouvant sa subsistance que dans la monétisation du temps passé sur ses contenus par le maximum d’utilisateurs, et cela sans prise en compte aucune de la nature de ce temps passé, de sa qualité et de ses impacts négatifs tant à l’échelle collective (incitation à la haine, réseaux criminels, désinformation) qu’individuelle (santé mentale).


Mais en se focalisant sur Facebook uniquement et en accusant l’entreprise de « faillite morale », risque de se répéter le schéma bien connu de la brebis galeuse et de sanctions et régulations qui manqueront de se confronter au problème majeur auquel l’humanité fait face, et dont Facebook n’est qu’un des innombrables vecteurs : l’épuisement de nos ressources attentionnelles.

Car si l’écologie pose la question de l’épuisement de nos ressources naturelles, il est incompréhensible de constater que ne s’y ajoute pas celle de nos ressources attentionnelles, attaquées de toute part par un design des vulnérabilités exploitant nos faiblesses psychologiques, sociales et cognitives pour construire des expériences toujours plus addictives.

Tout comme nous entrevoyons la fin des énergies fossiles, l’épuisement des terres et des océans, la raréfaction du vivant, le numérique et ses écrans poussent à leur limite nos attentions sollicitables, notre « temps de cerveau disponible ». En passant d’une société du travail à une société de loisirs et de divertissement, en transformant le capitalisme industriel en capitalisme cognitif, nous subissons une marchandisation permanente de notre activité cérébrale, qui, contrairement à l’activité physique, jamais ne s’épuise.


Par les messageries instantanées, nous gardons un lien permanent avec nos cercles les plus proches et pouvons entretenir une quantité inédite de liens faibles. Pour les professions intellectuelles, les réseaux sociaux d’entreprise et les outils de visioconférence permettent de passer d’un projet à l’autre, d’un interlocuteur à l’autre, d’un continent à l’autre, sans aucune friction, faisant entrer dans une journée de travail infiniment plus que ce qu’on y faisait tenir ne serait-ce qu’avant même le surgissement du Covid-19. Les fonctionnalités d’accélération des flux vidéo et audio sont aujourd’hui utilisées par le plus grand nombre et certaines séries sur Netflix ne voient qu’une minorité de leur audience les regarder à la vitesse « normale ». Même la musique qui, par nature, ne peut que difficilement supporter cette accélération, a changé ses règles de composition pour que la mélodie y soit exposée dans les premières secondes afin d’éviter le zapping.

Aliénation et marchandisation de notre activité cérébrale

Aliénation et marchandisation de notre activité cérébrale 

 

Le chercheur Guilhem Fouetillou compare, dans une tribune au « Monde », la « raréfaction de l’attention » créée par le numérique tout-puissant à la raréfaction des ressources naturelles.

 

Tribune. 

 

La partie se corse pour Facebook et Mark Zuckerberg : après le scandale Cambridge Analytica, après la prise du Capitole par les trumpistes, c’est maintenant la lanceuse d’alerte Frances Haugen qui met au jour la nocivité de son ex-employeur. La prise de conscience va s’accélérant dans toutes les couches de la société, et particulièrement chez les politiques, trop longtemps portés par un sentiment d’indifférence, puis de fascination, envers une économie qu’ils ne comprenaient pas et dont ils ignoraient presque tout. Les dégâts causés par le modèle économique des plates-formes sociales gratuites s’affichent au grand jour : un modèle ne trouvant sa subsistance que dans la monétisation du temps passé sur ses contenus par le maximum d’utilisateurs, et cela sans prise en compte aucune de la nature de ce temps passé, de sa qualité et de ses impacts négatifs tant à l’échelle collective (incitation à la haine, réseaux criminels, désinformation) qu’individuelle (santé mentale).


Mais en se focalisant sur Facebook uniquement et en accusant l’entreprise de « faillite morale », risque de se répéter le schéma bien connu de la brebis galeuse et de sanctions et régulations qui manqueront de se confronter au problème majeur auquel l’humanité fait face, et dont Facebook n’est qu’un des innombrables vecteurs : l’épuisement de nos ressources attentionnelles.

Car si l’écologie pose la question de l’épuisement de nos ressources naturelles, il est incompréhensible de constater que ne s’y ajoute pas celle de nos ressources attentionnelles, attaquées de toute part par un design des vulnérabilités exploitant nos faiblesses psychologiques, sociales et cognitives pour construire des expériences toujours plus addictives.

Tout comme nous entrevoyons la fin des énergies fossiles, l’épuisement des terres et des océans, la raréfaction du vivant, le numérique et ses écrans poussent à leur limite nos attentions sollicitables, notre « temps de cerveau disponible ». En passant d’une société du travail à une société de loisirs et de divertissement, en transformant le capitalisme industriel en capitalisme cognitif, nous subissons une marchandisation permanente de notre activité cérébrale, qui, contrairement à l’activité physique, jamais ne s’épuise.


Par les messageries instantanées, nous gardons un lien permanent avec nos cercles les plus proches et pouvons entretenir une quantité inédite de liens faibles. Pour les professions intellectuelles, les réseaux sociaux d’entreprise et les outils de visioconférence permettent de passer d’un projet à l’autre, d’un interlocuteur à l’autre, d’un continent à l’autre, sans aucune friction, faisant entrer dans une journée de travail infiniment plus que ce qu’on y faisait tenir ne serait-ce qu’avant même le surgissement du Covid-19. Les fonctionnalités d’accélération des flux vidéo et audio sont aujourd’hui utilisées par le plus grand nombre et certaines séries sur Netflix ne voient qu’une minorité de leur audience les regarder à la vitesse « normale ». Même la musique qui, par nature, ne peut que difficilement supporter cette accélération, a changé ses règles de composition pour que la mélodie y soit exposée dans les premières secondes afin d’éviter le zapping.




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