Algérie: la France réplique mollement
Indiscutablement la France a durci sa position dans le conflit qui l’oppose à l’Algérie. Mais la réponse est molle face à l’enjeu. En fait l’Algérie conteste la souveraineté juridique de la France sur des Algériens délinquants en France. La meilleure preuve étend le refus de l’Algérie de reprendre ses ressortissants expulsés de France (OQTF).
Derrière le conflit actuel se cache évidemment la position de la France en faveur du Maroc concernant l’annexion du Sahara occidental.
Il y a aussi une situation économique et sociale très tendue en Algérie avec notamment un taux de chômage au plus haut point et comme d’habitude pour masquer l’échec de sa politique, la junte au pouvoir (des civiles manœuvrées par les militaires ) jette un voile public en ressortant la vieille rente mémorielle de la colonisation.
Il faut cacher l’échec politique mais aussi sans doute tout autant le véritable pillage du pays par la clique au pouvoir alors que les ressources du pays sont importants notamment en matière de pétrole.
La France serait bien d’envisager en tout cas de menacer Alger de rompre tout lien diplomatique avec un pouvoir corrompu, incompétent et qui ne tient pas sa parole. Dans ce domaine aussi Macron louvoie et Bruno Retailleau est bien contraint de s’aligner.
L’Élysée a donc officialisé ce mardi 15 avril la riposte de Paris à l’expulsion de douze fonctionnaires français du ministère de l’Intérieur en poste en Algérie, une décision qui ciblait spécifiquement Bruno Retailleau. « La France procédera symétriquement à l’expulsion de douze agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France », ont indiqué les services d’Emmanuel Macron dans un communiqué. Le chef de l’État a aussi décidé de rappeler « pour consultations » l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet.
Le communiqué exprime la « consternation » de la France à la suite des expulsions décidées par Alger, alors que les agents concernés ont quitté l’Algérie mardi en fin de journée, sous une pluie battante. « Cette décision qui méconnaît les règles élémentaires de nos procédures judiciaires est injustifiée et incompréhensible », pointe l’Élysée. Alger a pris cette mesure en réponse à la mise en examen et au placement en détention, vendredi, à Paris, de trois de ses ressortissants, dont un agent consulaire. Ils sont soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement et la séquestration d’un influenceur opposant au régime algérien et exilé en France. Une décision prise dans le cadre d’une procédure judiciaire, indépendamment du pouvoir politique, insiste-t-on côté français.
Les autorités algériennes prennent la responsabilité d’une dégradation brutale de nos relations bilatérales
L’Élysée
« Les autorités algériennes prennent la responsabilité d’une dégradation brutale de nos relations bilatérales », avertit le communiqué de l’Élysée. « Dans ce contexte difficile, la France défendra ses intérêts et continuera d’exiger de l’Algérie qu’elle respecte pleinement ses obligations à son égard, s’agissant tout particulièrement de notre sécurité nationale et de la coopération en matière migratoire », poursuit la présidence. En réalité, tout porte à croire que les autorités algériennes seront encore plus réticentes à délivrer des laissez-passer consulaires, nécessaires à l’expulsion de ses ressortissants que la France souhaite éloigner.
« Nous avons agi par stricte réciprocité, le souhait est que nous en restions là, commente un acteur de la relation bilatérale à Paris. Il faut que les hostilités cessent. S’engager dans une nouvelle épreuve de force ne fera qu’aggraver la situation. » « L’intérêt même de la France et de l’Algérie est de reprendre le dialogue », insiste l’Élysée, alors que dans l’entourage d’Emmanuel Macron on attend désormais que les autorités algériennes fassent le premier pas vers une très hypothétique désescalade. « Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique », a pour sa part plaidé mardi sur le réseau X le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.