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Santé -affections de longue durée (ALD): Une fausse vision ?

Santé -affections de longue durée (ALD): Une fausse vision ?

En 2021, en France, 12 millions de patients souffraient d’une maladie chronique reconnue dans le cadre du dispositif d’affection de longue durée (ALD). La prévalence de ces maladies est passée de 14,6 % en 2008 à 17,8 % en 2021, notamment à cause du vieillissement de la population. Alors que le gouvernement veut réduire les dépenses sociales, notamment en coupant dans les remboursements d’affections de longue durée, l’économiste, Frédéric Bizard, spécialiste des questions de protection sociale et de santé estime que l’exécutif ne prend pas le problème de façon pertinente. Pour ce professeur de macroéconomie, affilié à l’ESCP, il faut penser anticipation avant tout. Les patients qui bénéficient de ce système sont pris en charge à 100% par l’Assurance maladie. Selon le ministère de la Santé, ces ALD représentent les deux tiers des remboursements de l’Assurance maladie.( dans La Tribune)

 Le gouvernement assure réfléchir à la pertinence du dispositif des ALD. Est-ce la bonne solution ?

FRÉDÉRIC BIZARD- J’entends Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, assurer que notre modèle social coûte cher, car notre capital humain s’abîme. On estime qu’il y a treize millions de patients en ALD aujourd’hui, un chiffre en forte croissance puisqu’en 1980, il y en avait 3 millions et en 2021, 12 millions.

Bruno Le Maire pose la question de ce que l’on continuerait à rembourser et ce que l’Assurance maladie arrêterait de prendre en charge. Sous-entendu, il y a ceux qui auront les moyens de se payer les soins et les autres. Notre état providence devra rembourser le moins possible les gens qui ont des moyens, et réduire au strict minimum le panier de soin remboursé. Et donc de remettre en cause notre modèle social français, qui je le rappelle repose sur des principes : les riches contribuent pour les pauvres, les biens portants pour les malades. Chacun participe en fonction de ses moyens pour recevoir en fonction de ses besoins. Ce régime social, universel et solidaire, les Français y sont attachés. Il faut donc être vigilant. Et selon moi, Bruno Le Maire ne pose pas le problème dans les bons termes. C’est une vision erronée.

C’est-à-dire ?

L’insoutenabilité financière de notre modèle social tient au fait qu’on agit toujours sur le curatif, la réparation. Et non sur la prévention, la préparation, en amont du risque social. De fait, le gouvernement envisage de couper dans des dépenses, et ce sera mal vécu. Cette approche est très risquée socialement. Je caricature un peu mais ce n’est pas en remboursant les fauteuils roulants uniquement aux personnes les plus vulnérables, et pas aux autres, que l’on fera des économies. En plus, il faudrait définir qui sont les personnes considérées comme moins ou plus vulnérables ? Sans compter qu’en procédant ainsi, on va accentuer la dégradation du capital humain de la population.

Il faut donc plutôt réfléchir en amont, pour limiter les causes de toutes ces pathologies. Faire de la prévention, pour que les gens restent en bonne santé, en emploi plus longtemps, bâtir un grand plan avec les mutuelles pour proposer des programmes de sport, de meilleure alimentation, de prévention des risques psychosociaux etc…

Certes, mais le gouvernement est pressé de trouver des milliards d’euros d’économie…

Agir sur la prévention est un gain considérable d’économie. Par ailleurs, je suis favorable à une participation plus large et plus régulière quand on va chez le médecin, le kiné, à la pharmacie… Si on demandait aux Français une participation -sauf aux plus démunis- pour les actes médicaux du quotidien, cela permettrait de faire rentrer de l’argent dans les caisses. Le gouvernement a commencé à le faire avec les franchises de médicaments. En contrepartie, on leur garantirait le maintien de cette prise en charge, en ALD, si on a un gros pépin de santé. Les Français sont très attachés à être couverts face au risque d’affections lourdes. C’est l’une des richesses de notre modèle d’ailleurs, de savoir que l’on est tous protégés en cas de gros coup dur. C’est un bouclier solidaire, qui fait en plus que psychologiquement, vous êtes rassurés.

Mais, cela demanderait un changement d’architecture du système…

Exactement. Car aujourd’hui avec notre système de remboursement multiple, d’une part par la Sécurité sociale, d’autre part par les mutuelles, quelle déperdition d’énergie et de moyens ! On estime que ces coûts d’administration et de gestion représentent 6% de nos dépenses de santé contre 3% pour la moyenne européenne. Il y a des gains possibles, surtout avec l’intelligence artificielle.

D’autres pistes ? 

Il me semble urgent de s’appuyer sur le réseau de mutuelles et d’assurances. On a la chance en France qu’il soit très important, puisque les primes payées par les Français représentent 44 milliards d’euros (en 2024). On peut réfléchir à une meilleure affectation. On peut aussi revoir les contrats collectifs des assurances, qui bénéficient d’avantages fiscaux et sociaux, qui sont en réalité de moindres rentrées fiscales…estimées à 10 milliards d’euros. Plutôt que transformer l’existant, changeons réellement de stratégie.




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