Ukraine : Pour une aide militaire massive
En matière de réponse européenne à la guerre en Ukraine, opposer la recherche d’une solution diplomatique à l’envoi d’armes à Kiev revient à nier les recherches menées dans le domaine de la psychologie politique, les efforts déjà fournis et la réalité du conflit, estime un collectif de spécialistes dans une tribune au « Monde ».
Le 20 mars 2023 est parue dans Le Monde une tribune intitulée « N’ayons pas la naïveté et l’imprudence de croire que les armes suffiront à apporter la solution, renforçons la diplomatie ! » et signée par 287 soutiens universitaires. Cette tribune reprend les points principaux des thèses pacifistes classiques concernant la guerre en Ukraine : appel à diminuer l’aide militaire à l’Ukraine, à ne pas faire parvenir d’armes « plus puissantes » à Kiev car celles-ci seraient source « d’escalade des tensions », et à « réarmer la diplomatie » pour favoriser l’émergence d’un accord de paix.
Bien que se réclamant d’une posture « réaliste », cette tribune ne repose sur aucun fait ou argument scientifique. L’unique référence citée dans la tribune est une autre pièce d’opinion émanant d’un philosophe célèbre. En réalité, l’argumentaire développé repose sur plusieurs raisonnements qui nous paraissent problématiques.
Premièrement, la tribune fonde son argumentaire sur une considération « réaliste », contre la « naïveté » des appels à armer l’Ukraine. Pourtant, les auteurs ne cessent de nier la réalité même du conflit. Leur position voudrait qu’un cessez-le-feu immédiat soit plus économe en vies humaines qu’une prolongation du conflit.
Mais quelles données leur permettraient de soutenir une telle affirmation ? Difficile à dire, puisque la tribune ne considère que le nombre de décès actuels, ou projetés dans des comparaisons historiques douteuses. Une approche réellement réaliste devrait comparer le résultat de différents scénarios à long terme, puis estimer un nombre de vies perdues relativement dans chaque scénario afin d’établir un nombre de vies « seuil » à partir duquel il faudrait cesser les combats.
Aide alimentaire : comment orienter vers ceux qui en ont le plus besoin
Aide alimentaire : comment orienter vers ceux qui en ont le plus besoin
Pierre-Emmanuel Arduin et Doudja Saïdi-Kabeche, chercheurs en sciences de gestion, montrent, dans une tribune au « Monde », comment certaines épiceries solidaires et cantines sociales arrivent à mieux aider les étudiants et travailleurs pauvres qui ont faim en France, tout en préservant leur dignité, grâce à des outils numériques.
Avec la hausse incessante des prix, de plus en plus de Français éprouvent des difficultés pour s’acheter à manger en quantité et en qualité suffisantes. Le gouvernement versera courant septembre une aide d’urgence aux bénéficiaires des minima sociaux, de 100 euros par foyer, avec 50 euros supplémentaires par enfant. Mais cela ne réglera pas la question.
Les épiceries solidaires, centres de distribution et autres cantines sociales font face à une vague montante de demandeurs. Jusqu’à 4 millions de familles, selon l’Insee, se nourrissent aujourd’hui en partie d’aliments récupérés gratuitement.
Comment agir pour rendre cette aide alimentaire plus socialement acceptable ? C’est l’objet de nos recherches. Les Nations unies définissent, en effet, la sécurité alimentaire comme une situation de disponibilité des denrées nécessaires, mais aussi d’acceptabilité sociale de cette offre de nourriture. Or le système d’aide alimentaire actuel, qui s’appuie surtout sur des distributions gratuites, met parfois à mal la dignité des personnes.
Des étudiants et travailleurs pauvres, qui, jusqu’à il y a peu, faisaient leurs courses normalement, se mêlent désormais dans les files d’attente à des personnes en situation de très grande précarité (difficultés sociales, de santé, réfugiés, etc.).
Les quelque 200 000 bénévoles qui assurent les distributions alimentaires sont tenus, par les textes français et européens, d’assurer en même temps un accompagnement humain des personnes. Or, face à l’augmentation du nombre des bénéficiaires, ils n’ont souvent pas le temps aujourd’hui d’apporter ce soutien social et psychologique à ceux qui en ont réellement besoin.