Agroalimentaire : pour un changement systémique en Europe
Le secteur agroalimentaire de l’Union européenne fait face, en même temps, à de nombreux défis. Geneviève Pons et Pascal Lamy, vice-présidents du groupe de réflexion Europe Jacques Delors, plaident pour un changement systémique. ( dans les Echos)
Un article intéressant qui évoque la nécessité des mutations du secteur agroalimentaire mais qui reste au stade des généralités quant à la nature, les modalités et le calendrier du changement systémique évoqué . NDLR
Agroalimentaire: se passer des additifs (Dry4Good)
La startup Dry4Good a développé un procédé de déshydratation permettant d’éviter l’ajout de produits « fonctionnels ». Il a déjà attiré des clients industriels dans les secteurs du lait, des compléments alimentaires, des snacks apéritifs, des taboulés et des préparations pour la restauration collective.
Romaric Janssen, qui jusqu’en 2019 travaillait dans le secteur agroalimentaire, se dit alors que pour ceux qui seront capables de proposer aux industriels des solutions leur permettant de simplifier leurs recettes, il y a un marché à prendre. Il connaît en effet le cercle vicieux qui conduit à cette multiplication des ingrédients artificiels. La logistique comme les procédés industriels imposent de remplacer nombre d’aliments.
Agroalimentaire : une guerre des prix dangereuse ? (Valls)
Certes la guerre des prix est dangereuse pour les producteurs en particulier mais pour autant elle participe de la réforme structurelle de nos réseaux de distribution. En outre avec la politique d’austérité et le blocage des salaires, le peu d’inflation redonne du pouvoir de consommation aux ménages. Par ailleurs une baisse des prix redonne un peu de compétitivité par rapport aux producteurs étrangers. Les choses ne sont donc pas aussi simple que ce que pense Valls qui hurle avec les loups au salon de l’industrie alimentaire. « Il y a actuellement un risque de spirale perdant-perdant-perdant », a dit le Premier ministre, selon qui les industriels, les consommateurs et les grandes surfaces sortiraient perdants d’une guerre des prix et d’une déchirure du « tissu économique. » »Ce risque (…) menace l’activité économique, il menace aussi l’emploi », a dit le chef du gouvernement. Le rythme annuel de l’inflation en France est tombé en septembre à 0,3%, soit son plus bas niveau depuis cinq ans, une évolution particulièrement sensible dans l’agroalimentaire. « La guerre des prix, c’est l’enfer, ce n’est plus possible, il faut que l’on sorte par le haut de tout cela », a estimé de son côté le président du Sial, Jean-Philippe Girard. Face à des consommateurs inquiets des perspectives d’emploi, les grandes surfaces tentent de contenir le plus possible les prix afin de protéger leurs parts de marchés. Des industriels et des agriculteurs les accusent d’exiger des rabais pour répercuter à leur profit les baisses de charges accordées par le gouvernement via le pacte de responsabilité.
Embargo russe agroalimentaire : une spirale de sanctions inquiétantes
La spirale des sanctions pourrait nuire à l’ensemble de l’économie mondiale et en particulier à l’agroalimentaire européen. Des premières sanctions avaient été prises par les pays occidentaux après le soutien de Poutine aux pro-russes d’Ukraine, Poutine avait alors répliqué en particulier sur le gaz destiné à l’Ukraine. Après le tir sur l’avion de civil malaisien, de nouvelles mesures ont été décidées à l’encontre de la Russie qui maintenant réplique en interdisant l’entrée des produits agroalimentaire, notamment de l’Europe et des Etats-Unis. Du coup l’Europe pourrait encore répliquer ; mais au total l’économie Russe va payer cher, sans doute un lent glissement vers a recession. Des conséquences moindre pour le camp occidental mais sensible en Europe où la reprise est déjà très fragile. Avec des conséquences non négligeables en France ou les filières fruits, légumes et élevage était déjà dans une situation précaire au regard de la concurrence internationale. Vladimir Poutine avait prévenu : la Russie est prête à riposter. L’Union européenne et les États-Unis ont alourdi leurs sanctions contre Moscou pour son rôle dans la crise ukrainienne. En retour, la Russie vient d’annoncer l’interdiction de la plupart des produits alimentaires en provenance d’Europe et des États-Unis. Moscou est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Europe et absorbe 10% de ses exportations agricoles et agro-alimentaires. La France exporte chaque année entre 700 millions et un milliard d’euros de produits, en majorité des boissons avec ou sans alcool qui n’ont pas l’air concernées par les interdictions. Mais elle exporte aussi de la viande, transformée ou non, des produits laitiers, des fruits et des légumes, à chaque fois pour plusieurs dizaines de millions d’euros par an. Les producteurs ne sont donc pas contents, et redoutent un autre effet : celui de la saturation du marché. Par exemple ni la France, ni les autres pays européens comme la Belgique et la Pologne, ne pourront plus exporter de pommes vers la Russie. Le marché risque d’être déstabilisé, avec un impact négatif sur les prix. Le représentant des producteurs de fruits français, Luc Barbier, s’inquiète également du risque, « pour les Européens, de se voir confisquer des parts de marché au profit de l’Asie ou de l’Amérique Latine, qu’il sera ensuite très difficile de reconquérir ». Le Premier ministre russe a tout de même prévenu que les interdictions pourraient être levées d’ici un an, à condition que « nos partenaires fassent preuve d’une approche plus constructive », a-t-il déclaré. L’Union Européenne pourrait aussi riposter avec d’autres sanctions.
Des syndicats de l’agroalimentaire en France ont appelé à la grève lundi à la suite de l’annonce de la suppression de 900 emplois dans une société d’abattage, alors que le secteur viande subit la concurrence d’autres pays européens. »Suite à la multiplication des plans sociaux dans le secteur agroalimentaire et l’absence de réponse satisfaisante de la part des pouvoirs publics », les salariés de Gad, Doux et Tilly-Sabco (deux entreprises de volailles menacées) ainsi que Marine Harvet (saumon fumé) ont décidé d’unir leurs forces, selon le syndicat FGTA-FO.GAD SAS, société d’abattage de porcs basée en Bretagne (ouest) a annoncé vendredi la suppression de 900 emplois et le regroupement de l’activité sur un seul site avec le maintien de 1.000 emplois. »Au total, ce sont 5.000 suppressions de postes qui sont redoutées dans l’agroalimentaire en 2013″, selon le président de l’association des industries alimentaires (Ania), Jean-Philippe Girard
L’agroalimentaire : 29% des effets de serre (humains)
La production alimentaire pourrait représenter jusqu’à 29% des émissions humaines de gaz à effet de serre, soit deux fois l’estimation des Nations unies pour les gaz émanant de l’agriculture, selon une étude publiée mercredi. Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI/CGIAR), chargé de coordonner la recherche agricole internationale, s’est intéressé aux émissions de la totalité du système agroalimentaire, y compris la déforestation, la production d’engrais et le transport, et non pas à la seule agriculture proprement dite. Dans son rapport intitulé « Changement climatique et systèmes alimentaires », il estime que la production alimentaire est responsable de 19% à 29% de la totalité des émissions de gaz à effet de serre de l’espèce humaine, soit nettement plus que l’estimation de 14% avancée par les Nations unies qui est basée sur une définition plus étroite de l’agriculture. Selon ses conclusions, il faut donc faire plus pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation. « D’un point de vue alimentaire, (l’approche des Nations unies) n’a pas de sens », estime Bruce Campbell, qui dirige le programme de recherche du GCRAI sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire. Beaucoup de pays pourraient entreprendre d’importantes économies en réduisant les émissions, fait-il valoir. « Il y a de bonnes raisons économiques d’améliorer l’efficacité dans l’agriculture et pas seulement de réduire les gaz à effets de serre. » Par exemple, la Chine, pourrait nettement réduire ses émissions par une production plus efficace des engrais. Le Royaume-Uni pourrait baisser ses émissions en consommant l’agneau venant des exploitations néo-zélandaises plus efficaces qu’en élevant ses propres moutons. Une moindre consommation de viande au profit des végétaux (légumes et des fruits) aiderait aussi. Faire pousser des céréales pour nourrir les animaux à viande nécessite beaucoup plus de terre et émet beaucoup plus de gaz à effet de serre que produire des céréales pour la consommation humaine. Un autre rapport du GCRAI indique que le changement climatique pourrait réduire les rendements des trois principales céréales en terme de production calorique – maïs, blé et riz – dans les pays en développement dans les décennies à venir. Cela pourrait forcer certains agriculteurs à procéder à des changement radicaux et cultiver des céréales plus adaptées aux sécheresses et aux inondations, comme l’igname, l’orge, le millet, le manioc ou encore les lentilles » Le système agricole mondial est face à une bataille ardue pour nourrir neuf à dix milliards de personnes à l’horizon 2050. Le changement climatique représente un obstacle important dans cette lutte », lit-on dans le rapport, intitulé « Recalibrage de la production alimentaire dans le monde en développement ».