Archive pour le Tag 'agricoles'

UE : pédale douce sur les freins aux importations agricoles d’Ukraine

UE : pédale douce  sur les freins aux importations agricoles d’Ukraine

La Commission européenne a proposé en janvier de prolonger les exemptions de droits de douane sur les produits agricoles ukrainiens jusqu’en juin 2025. Elle a toutefois complété cette mesure par un mécanisme d’urgence permettant de rétablir des tarifs sur la volaille, les oeufs et le sucre si les importations de ces catégories de produits dépassaient les moyennes observées en 2022 et 2023.

L’avoine, le maïs et le miel ont depuis été ajoutés à cette liste et le calcul de la moyenne a été élargi pour prendre aussi en compte le deuxième semestre 2021, soit une période durant laquelle des droits de douane étaient encore appliqués.

Il s’agit de trouver un fragile équilibre entre le soutien économique nécessaire à l’Ukraine et l’intérêt du secteur agricole européen

 

(Rédigé par Philip Blenkinsop, version française Bertrand Boucey, édité par Nicolas Delame)

Prix planchers agricoles : les écolos pour transformer les agriculteurs en fonctionnaires

Prix planchers agricoles : les écolos  pour transformer les agriculteurs en fonctionnaires

 

La plus grande confusion continue à propos des prix plancher agricoles dont on ne sait pas si ce sont des indicateurs de coup ou de véritables tarifs obligatoires. Les écolos évidemment franchissent le pas avec une proposition intégrant une rémunération égale jusqu’à deux fois le SMIC dans le tarif. On voit mal comment cet objectif pourrait être intégré dans des négociations commerciales à moins évidemment d’administrer complètement le secteur et de faire des agriculteurs des fonctionnaires.

Comme déjà indiqué dans plusieurs articles, il faudrait s’inspirer du transport sur la même problématique de sous tarification a réussi à élaborer d’abord des indicateurs de couts, ensuite des tarifs de référence et des processus de restructuration.

Les députés écologistes vont inscrire une proposition de loi en faveur de prix planchers agricoles à l’ordre du jour de leur journée réservée à l’Assemblée nationale, le 4 avril, ont-ils annoncé jeudi lors d’une conférence de presse.

 

L’objectif est de «fixer un prix d’achat minimal des produits agricoles qui intègre obligatoirement le coût de production et la rémunération du travail paysan, à hauteur minimum de 1,5 voire 2 Smic», selon la députée Marie Pochon.

Si Emmanuel Macron s’est prononcé lors du Salon de l’agriculture pour des prix planchers agricoles, «on ne peut pas laisser ce sujet en jachère pour des mois et des mois», a estimé la députée Marie Pochon. Elle portera «un mécanisme de conférence publique de filière» permettant aux producteurs d’être représentés lors des négociations commerciales, a-t-elle détaillé. L’objectif est de «fixer un prix d’achat minimal des produits agricoles qui intègre obligatoirement le coût de production et la rémunération du travail paysan, à hauteur minimum de 1,5 voire 2 Smic». Le texte prévoit aussi la création d’un «fond de transition» pour soutenir les agriculteurs.

 

Contrôle des prix agricoles: une illusion

Contrôle des prix agricoles: une illusion

Imposer des prix planchers relève d’une approche politique « planiste » du chiffre qui méconnaît la large diversité des produits et sous-produits agricoles et leurs niveaux de qualité et de positionnement, les différences entre les tailles et les types d’exploitation et les différences de structures de marché locales.
Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l’Essec dans la « Tribune ».

Comme grande nombre de pays européens, la France est secouée depuis plusieurs semaines par des manifestations d’agriculteurs. Le point commun est le conflit entre les objectifs environnementaux et climatiques ambitieux que le Parlement européen et la Commission européenne se sont fixés et la façon avec laquelle cela vient percuter le secteur agricole.

Le conflit n’est pas au niveau de l’objectif éthique et social. Il est au niveau de l’incapacité générale des organisations administratives comme l’Union européenne (UE) et les différents ministères en France à comprendre les situations, identifier parmi l’ensemble des possibles le meilleur chemin d’évolution et accompagner cette évolution. Il manque des experts qui prennent le temps d’étudier, il manque la capacité à tenir compte de la situation globale en explicitant l’ensemble des coûts et l’ensemble des avantages pour toutes les parties prenantes. Enfin, il manque les capacités managériales et humaines. A la place, il y a des objectifs chiffrés à atteindre à tout prix, dans la bonne tradition du planisme.

La gestion des affaires publiques à la schlague provoque usuellement la révolte des personnes concernées qui évoque toute l’absurdité de cette dictature des chiffres à atteindre et la sensation de marcher sur la tête. On l’a entendu dans toutes les réformes de la santé et de l’hôpital venant de toutes les catégories de personnels soignants. On l’a entendu venant des gilets jaunes et, sans surprise, on l’entend venant des agriculteurs.

La dictature des objectifs chiffrés uniformise des situations extrêmement diverses qu’elle ne veut surtout pas comprendre. La colère et le désespoir des agriculteurs viennent du traitement à la schlague d’un certain nombre de leurs activités habituelles, comme tailler une haie, qui sont devenues hors-la-loi du jour au lendemain. Elle vient également de normes environnementales françaises relativement plus dures que les normes de nos partenaires commerciaux. Nos agriculteurs se retrouvent injustement désavantagés dans la concurrence européenne et mondiale. Les importations venant de pays moins exigeants déferlent et mettent en difficultés économiques notre agriculture. C’est absurde du point de vue de l’agriculteur, et c’est désespérant.

Face à cette colère, le gouvernement ne désirant pas s’aliéner ses alliés écologistes, ni perdre de sa superbe environnementale, détourne le débat vers le bras de fer habituel entre agriculteurs en amont et grande firmes agroalimentaires et grande distribution en aval. Les difficultés économiques viendraient de la grande méchante distribution et le gouvernement va protéger les gentils petits agriculteurs en imposant des prix minimums par produit, mettant en échec le grand pouvoir de la distribution.

Une telle proposition méconnait la grande diversité de types de produits et sous-produits agricoles, les différents niveaux de qualité et de positionnement, les différences entre les tailles et les types d’exploitation et les différences de structures de marché locales.

Sur les marchés où il y a une forte concurrence, tant du coté des producteurs que des acheteurs dans la supply chain, si le prix plancher peut maintenir en activité le producteur le moins efficace, il garantit aussi des revenus anormalement élevés aux producteurs les plus efficaces. Certes, la mesure serait populaire parmi les agriculteurs, mais elle serait profondément inéquitable. En second lieu, proposer un prix plancher en France sans des droits de douane style ancienne PAC (Politique agricole commune), c’est l’assurance à court terme de voir nos agriculteurs être laminés par la concurrence étrangère à prix moindres. Enfin, un prix plancher supérieur au prix du marché libre se retrouvera tôt ou tard dans des prix plus élevés que les consommateurs auront à payer.

Certes, il y a en France quelques situations de « monopsone », où des grandes firmes de transformation comme Lactalis ou des coopératives d’achat régionales ont la quasi-exclusivité de l’achat des produits agricoles dans un bassin économique donné ou un secteur donné. La théorie économique dit qu’une firme de ce type pourrait abuser de son pouvoir de marché pour restreindre les quantités achetées, tout en pratiquant un prix d’achat excessivement bas. Tout comme sur le marché du travail où un salaire minimum est censé protéger les travailleurs en présence d’un employeur unique, un prix plancher inciterait en théorie le monopsone à augmenter ses achats et faire revenir sur le marché les producteurs moins efficaces.

En retour, mettre sur le marché de détail une quantité plus grande ferait diminuer le prix sur ce marché, augmenter les ventes et le surplus des consommateurs. Comme pour le marché du travail, la difficulté de cette démarche vient de la grande diversité des situations d’une région à l’autre, et les fortes variations de productivité. Un salaire minimum trop important risque de détruire des emplois plutôt que d’en créer. De même, un prix plancher relativement trop élevé risque de détruire la demande et de la détourner vers l’offre étrangère à bas prix. On a pu observer ce phénomène lors de la crise porcine de 2015 et l’instauration du prix plancher à 1,40 euros face au prix de 1,30 euros résultant du bras de fer entre acheteurs et vendeurs. A terme, la demande des consommateurs a diminué et s’est détourné vers des sources moins chères. Une meilleure solution serait de s’attaquer au pouvoir de marché des intermédiaires, mais là encore les situations sont très diverses d’une industrie à l’autre et d’une région à l’autre.

Nos agriculteurs estiment déjà que l’empilage de règles de toutes sortes sur l’agriculture l’a fait marcher sur la tête. Les prix planchers constitueraient un pas de plus vers l’Absurdistan. Cette industrie a subi un choc d’offre négatif avec le renforcement unilatéral des normes françaises. Elle a donc besoin d’une politique d’offre orientée vers une amélioration de la compétitivité et une baisse des coûts. Pour cela, le gouvernement peut actionner beaucoup de leviers fiscaux et de simplifications administratives. Il peut également cesser de sacrifier nos agriculteurs les plus faibles au concours européen de beauté environnementale.

Prix planchers agricoles : Un texte écolo pour transformer les agriculteurs en fonctionnaires

Prix planchers agricoles : Un texte écolo pour transformer les agriculteurs en fonctionnaires

 

La plus grande confusion continue à propos des prix plancher agricoles dont on ne sait pas si ce sont des indicateurs de coup ou de véritables tarifs obligatoires. Les écolos évidemment franchissent le pas avec une proposition intégrant une rémunération égale jusqu’à deux fois le SMIC dans le tarif. On voit mal comment cet objectif pourrait être intégré dans des négociations commerciales à moins évidemment d’administrer complètement le secteur et de faire des agriculteurs des fonctionnaires.

Comme déjà indiqué dans plusieurs articles, il faudrait s’inspirer du transport sur la même problématique de sous tarification a réussi à élaborer d’abord des indicateurs de couts, ensuite des tarifs de référence et des processus de restructuration.

Les députés écologistes vont inscrire une proposition de loi en faveur de prix planchers agricoles à l’ordre du jour de leur journée réservée à l’Assemblée nationale, le 4 avril, ont-ils annoncé jeudi lors d’une conférence de presse.

 

L’objectif est de «fixer un prix d’achat minimal des produits agricoles qui intègre obligatoirement le coût de production et la rémunération du travail paysan, à hauteur minimum de 1,5 voire 2 Smic», selon la députée Marie Pochon.

Si Emmanuel Macron s’est prononcé lors du Salon de l’agriculture pour des prix planchers agricoles, «on ne peut pas laisser ce sujet en jachère pour des mois et des mois», a estimé la députée Marie Pochon. Elle portera «un mécanisme de conférence publique de filière» permettant aux producteurs d’être représentés lors des négociations commerciales, a-t-elle détaillé. L’objectif est de «fixer un prix d’achat minimal des produits agricoles qui intègre obligatoirement le coût de production et la rémunération du travail paysan, à hauteur minimum de 1,5 voire 2 Smic». Le texte prévoit aussi la création d’un «fond de transition» pour soutenir les agriculteurs.

 

Exploitations agricoles: une baisse régulière

Exploitations agricoles: une baisse régulière

Le nombre d’exploitations agricoles a diminué de manière nette : de 490.000 en 2010, nous sommes passés à 389.000 en 2020. Soit un recul de 21%. mais « si la baisse est continue depuis les années 70, cette dynamique baissière est moins forte que lors de la précédente décennie : -2,3 % par an entre 2010 et 2020, Le nombre de travailleurs qui évoluent dans le secteur agricole est lui aussi en recul, de l’ordre de 11%. Nous sommes passés en 10 ans de 740.000 personnes (en équivalent temps plein) à 659.000.

Dans le même temps, la surface agricole utile est restée stable sur le territoire, ne diminuant que de 1% par rapport à 2010. Elle était, en 2020, de l’ordre de 26,7 millions d’hectares, « soit près de 50% du territoire métropolitain ».

La baisse du nombre d’exploitations conjuguée à une stabilité des surfaces agricoles conduit à une augmentation de la taille des exploitations.

Certains indicateurs peuvent être analysés comme des signaux d’alerte, à commencer par le vieillissement des agriculteurs. « 58% des chefs d’exploitation et co-exploitants ont 50 ans ou plus, un chiffre en augmentation de 6 points depuis 2010″, dévoilait le rapport du ministère en 2020. « Ces chiffres montrent un vieillissement certain de la population agricole et le besoin d’engager une politique volontariste encourageant le renouvellement des générations en agriculture. »

Dans le même temps, on s’aperçoit que les tendances observées en France font écho à celles à l’œuvre dans une large part de l’Europe. Une étude rendue au printemps 2022 à la commission AGRI du Parlement européen, consacrée à « l’avenir du modèle agricole européen », expliquait que « presque toutes les régions de l’UE connaissent des changements structurels à long terme dans l’agriculture », à commencer par « une augmentation constante de la taille moyenne des exploitations et une concentration de la production sur des exploitations moins nombreuses et plus grandes ».

Les auteurs de l’étude n’envisagent pas que cette tendance s’inverse à l’avenir : « D’ici à 2040, l’UE pourrait perdre 6,4 millions d’exploitations supplémentaires, soit un nombre restant d’environ 3,9 millions d’exploitations agricoles dans l’UE, soit une baisse impressionnante de 62% par rapport aux chiffres de 2016. »

Terres agricoles: les enjeux

Terres agricoles: les enjeux

par Marc Benoit, Ingénieur de recherches, agroéconomiste, Inrae dans The conversation.

La place de l’élevage dans notre société est aujourd’hui largement débattue. Au-delà de la question désormais centrale du bien-être animal, deux arguments très forts reviennent également dans le débat. Tout d’abord, les émissions de gaz à effet de serre, en particulier le méthane, majoritairement issu de la digestion des fourrages par les ruminants. Ensuite, la compétition de l’élevage pour la culture et l’utilisation de céréales, que les humains pourraient consommer directement et de façon beaucoup plus efficace. Rappelons que, pour une même quantité, les céréales nourrissent jusqu’à 10 fois plus de personnes que la viande. Depuis début 2022, l’impact de la guerre en Ukraine sur le coût de l’énergie entraîne également de fortes tensions sur le secteur de l’agriculture, relançant l’intérêt des surfaces agricoles pour la production d’énergie. L’élevage pourrait bien être le grand perdant de cette concurrence.

Les activités d’élevage des pays les plus développés sur le plan économique font appel à grandes quantités d’énergie. Ainsi, pour 1 mégajoule d’énergie consommée, l’élevage produit entre 0,5 et 1 mégajoule sous forme de lait ou de viande, alors que les grandes cultures (céréales, oléoprotéagineux) en produisent plus de six.

Cela signifie que, ramenée à l’énergie produite sous forme de diverses denrées agricoles, une augmentation du prix de l’énergie a une incidence six à dix fois plus grande, en moyenne, sur les produits issus de l’élevage, par rapport aux produits issus des grandes cultures. Cette forte répercussion du prix de l’énergie peut ainsi rendre ces produits difficilement accessibles au consommateur. Le constat peut d’ailleurs déjà être fait d’un fort recul des achats des produits d’origine animale de la part des ménages modestes du fait de la très forte inflation.

Au niveau des fermes d’élevage – en 2020, on en comptait 150 000 spécialisées dans cette activité sur les 416 000 exploitations agricoles françaises –, on peut considérer qu’en moyenne 75 % de la consommation d’énergie sont liés à l’alimentation des animaux. Cela comprend la mise en culture et l’utilisation des céréales et des prairies (labour, semis, récolte, transport, stockage, distribution), ainsi que la fertilisation des terres, qui repose en grande partie sur de l’azote de synthèse, très énergivore durant sa fabrication (il faut par exemple 1,8 équivalent litre de fuel pour 1 kg d’azote).

On le comprend aisément, limiter l’impact de l’augmentation du coût de l’énergie sur le prix des produits issus de l’élevage passe donc avant tout par des changements drastiques dans la manière d’alimenter les animaux.

L’augmentation très forte du prix des produits issus de l’élevage, combinée à la chute du pouvoir d’achat des ménages, pourrait conduire à une baisse importante de cette activité agricole. Une compensation du revenu des éleveurs par l’État parait difficilement envisageable, compte tenu du niveau déjà très élevé du soutien actuel. La part des aides publiques représente 87 % du revenu des éleveurs de vaches laitières et 195 % du revenu des éleveurs de vaches allaitantes…

Par ailleurs, les éleveurs ne pourront pas augmenter les prix de vente de leurs produits à la hauteur des surcoûts qu’ils subissent. Ils devront donc soit changer de production s’ils disposent de surfaces labourables, pour produire des cultures destinées à la consommation humaine ou à des fins énergétiques ; soit alimenter leurs animaux avec des ressources alternatives peu soumises à la concurrence d’autres usages.

Nous voyons ainsi se dessiner deux situations pour l’avenir de l’élevage.

Dans la première, il utilisera des ressources alimentaires disponibles dans les fermes de grandes cultures ou de cultures pérennes (arboriculture, viticultures) : coproduits divers et au sens large, c’est-à-dire non seulement ceux issus de la transformation des cultures (son, tourteaux, etc.), mais aussi toute la biomasse disponible et non valorisée, comme les cultures intermédiaires de fourrage visant à capter l’azote atmosphérique et à limiter la diffusion des maladies et des ravageurs sur les cultures suivantes ; ou encore, l’herbe poussant entre les rangs en cultures pérennes (et les fruits au sol, vecteurs de maladies).

L’élevage permettrait dans une telle configuration de limiter l’utilisation du matériel (pour la destruction de ces couverts végétaux), des herbicides, voire des fongicides (avec moins de maladies végétales).

La seconde situation concerne les zones historiquement dédiées à l’élevage, avec de fortes contraintes agronomiques. Il s’agit surtout de surfaces non labourables, par exemple les prairies naturelles des zones d’altitude du Massif central ou les landes et parcours de l’arrière-pays méditerranéen. Dans ces zones, l’élevage permet de maintenir des milieux ouverts, une diversité et une mosaïque paysagères favorables à la biodiversité, contribuant notamment à limiter les risques d’incendie.

Limiter les activités d’élevage à ces deux grands types de situations et de stratégie d’alimentation reviendrait à baisser fortement sa part dans la production agricole française et européenne, accompagnant une évolution importante de nos régimes alimentaires (une consommation moindre de produits d’origine animale).

L’impact d’une telle évolution serait majeur sur l’activité actuelle de certains territoires. Un impact très négatif en termes d’activité économique et d’emploi dans les territoires affichant une très forte densité animale (on pense à la Bretagne). Un impact positif dans les territoires où cette activité a quasiment disparu depuis des décennies, comme dans les zones céréalières de la Beauce, de la Champagne ou du Berry.

Dans ces zones, sa réintroduction pourrait générer de nouvelles activités économiques, avec les services nécessaires à l’élevage et à la mise en marché des produits (abattoirs, unité des conditionnements, etc.). Par ailleurs, cette redistribution de l’élevage sur l’ensemble des territoires accroîtrait leur autonomie alimentaire.

Le changement d’usage des surfaces de cultures actuellement utilisées par l’élevage est potentiellement très important ; pour rappel, ces surfaces représentent environ 500 millions d’hectares à l’échelle de la planète, à rapprocher des 26,7 millions d’hectares de surfaces agricoles françaises, prairies comprises.

Cependant, ces surfaces « libérées » pourraient avoir d’autres usages et être rapidement dédiées à la production de biocarburants ( !!!). On pense notamment aux perspectives du secteur aéronautique qui vise la neutralité carbone à l’échéance 2050, en s’appuyant majoritairement sur les biocarburants.

Face aux tensions importantes entre les différents secteurs économiques et à long terme sur le secteur énergétique, il est ainsi peu probable que l’utilisation des terres à des fins de production alimentaire soit compétitive, en particulier pour les activités d’élevage.

Face à la concurrence très probable de l’usage des terres dans les décennies à venir, associée à la difficulté d’accès aux produits d’origine animale pour une part croissante des consommateurs, les politiques publiques auront un rôle majeur à jouer : à la fois pour arbitrer l’usage des terres agricoles et renforcer la compétitivité de l’élevage, en particulier celui qui représente la seule activité agricole possible dans les zones difficiles où il fournit de multiples services, comme en Provence ou dans le Marais poitevin.

Il s’agirait donc moins d’accompagner les activités d’élevage grâce à des compensations de coûts de production, que par une reconnaissance et une rémunération de services rendus à la collectivité, comme l’entretien et l’ouverture des paysages, le maintien de la biodiversité et d’activités socio-économiques (tourisme) ou encore la prévention des incendies.

Les enjeux des terres agricoles

Les enjeux des terres agricoles

par Marc Benoit, Ingénieur de recherches, agroéconomiste, Inrae dans The conversation.

La place de l’élevage dans notre société est aujourd’hui largement débattue. Au-delà de la question désormais centrale du bien-être animal, deux arguments très forts reviennent également dans le débat. Tout d’abord, les émissions de gaz à effet de serre, en particulier le méthane, majoritairement issu de la digestion des fourrages par les ruminants. Ensuite, la compétition de l’élevage pour la culture et l’utilisation de céréales, que les humains pourraient consommer directement et de façon beaucoup plus efficace. Rappelons que, pour une même quantité, les céréales nourrissent jusqu’à 10 fois plus de personnes que la viande. Depuis début 2022, l’impact de la guerre en Ukraine sur le coût de l’énergie entraîne également de fortes tensions sur le secteur de l’agriculture, relançant l’intérêt des surfaces agricoles pour la production d’énergie. L’élevage pourrait bien être le grand perdant de cette concurrence.

Les activités d’élevage des pays les plus développés sur le plan économique font appel à grandes quantités d’énergie. Ainsi, pour 1 mégajoule d’énergie consommée, l’élevage produit entre 0,5 et 1 mégajoule sous forme de lait ou de viande, alors que les grandes cultures (céréales, oléoprotéagineux) en produisent plus de six.

Cela signifie que, ramenée à l’énergie produite sous forme de diverses denrées agricoles, une augmentation du prix de l’énergie a une incidence six à dix fois plus grande, en moyenne, sur les produits issus de l’élevage, par rapport aux produits issus des grandes cultures. Cette forte répercussion du prix de l’énergie peut ainsi rendre ces produits difficilement accessibles au consommateur. Le constat peut d’ailleurs déjà être fait d’un fort recul des achats des produits d’origine animale de la part des ménages modestes du fait de la très forte inflation.

Au niveau des fermes d’élevage – en 2020, on en comptait 150 000 spécialisées dans cette activité sur les 416 000 exploitations agricoles françaises –, on peut considérer qu’en moyenne 75 % de la consommation d’énergie sont liés à l’alimentation des animaux. Cela comprend la mise en culture et l’utilisation des céréales et des prairies (labour, semis, récolte, transport, stockage, distribution), ainsi que la fertilisation des terres, qui repose en grande partie sur de l’azote de synthèse, très énergivore durant sa fabrication (il faut par exemple 1,8 équivalent litre de fuel pour 1 kg d’azote).

On le comprend aisément, limiter l’impact de l’augmentation du coût de l’énergie sur le prix des produits issus de l’élevage passe donc avant tout par des changements drastiques dans la manière d’alimenter les animaux.

L’augmentation très forte du prix des produits issus de l’élevage, combinée à la chute du pouvoir d’achat des ménages, pourrait conduire à une baisse importante de cette activité agricole. Une compensation du revenu des éleveurs par l’État parait difficilement envisageable, compte tenu du niveau déjà très élevé du soutien actuel. La part des aides publiques représente 87 % du revenu des éleveurs de vaches laitières et 195 % du revenu des éleveurs de vaches allaitantes…

Par ailleurs, les éleveurs ne pourront pas augmenter les prix de vente de leurs produits à la hauteur des surcoûts qu’ils subissent. Ils devront donc soit changer de production s’ils disposent de surfaces labourables, pour produire des cultures destinées à la consommation humaine ou à des fins énergétiques ; soit alimenter leurs animaux avec des ressources alternatives peu soumises à la concurrence d’autres usages.

Nous voyons ainsi se dessiner deux situations pour l’avenir de l’élevage.

Dans la première, il utilisera des ressources alimentaires disponibles dans les fermes de grandes cultures ou de cultures pérennes (arboriculture, viticultures) : coproduits divers et au sens large, c’est-à-dire non seulement ceux issus de la transformation des cultures (son, tourteaux, etc.), mais aussi toute la biomasse disponible et non valorisée, comme les cultures intermédiaires de fourrage visant à capter l’azote atmosphérique et à limiter la diffusion des maladies et des ravageurs sur les cultures suivantes ; ou encore, l’herbe poussant entre les rangs en cultures pérennes (et les fruits au sol, vecteurs de maladies).

L’élevage permettrait dans une telle configuration de limiter l’utilisation du matériel (pour la destruction de ces couverts végétaux), des herbicides, voire des fongicides (avec moins de maladies végétales).

La seconde situation concerne les zones historiquement dédiées à l’élevage, avec de fortes contraintes agronomiques. Il s’agit surtout de surfaces non labourables, par exemple les prairies naturelles des zones d’altitude du Massif central ou les landes et parcours de l’arrière-pays méditerranéen. Dans ces zones, l’élevage permet de maintenir des milieux ouverts, une diversité et une mosaïque paysagères favorables à la biodiversité, contribuant notamment à limiter les risques d’incendie.

Limiter les activités d’élevage à ces deux grands types de situations et de stratégie d’alimentation reviendrait à baisser fortement sa part dans la production agricole française et européenne, accompagnant une évolution importante de nos régimes alimentaires (une consommation moindre de produits d’origine animale).

L’impact d’une telle évolution serait majeur sur l’activité actuelle de certains territoires. Un impact très négatif en termes d’activité économique et d’emploi dans les territoires affichant une très forte densité animale (on pense à la Bretagne). Un impact positif dans les territoires où cette activité a quasiment disparu depuis des décennies, comme dans les zones céréalières de la Beauce, de la Champagne ou du Berry.

Dans ces zones, sa réintroduction pourrait générer de nouvelles activités économiques, avec les services nécessaires à l’élevage et à la mise en marché des produits (abattoirs, unité des conditionnements, etc.). Par ailleurs, cette redistribution de l’élevage sur l’ensemble des territoires accroîtrait leur autonomie alimentaire.

Le changement d’usage des surfaces de cultures actuellement utilisées par l’élevage est potentiellement très important ; pour rappel, ces surfaces représentent environ 500 millions d’hectares à l’échelle de la planète, à rapprocher des 26,7 millions d’hectares de surfaces agricoles françaises, prairies comprises.

Cependant, ces surfaces « libérées » pourraient avoir d’autres usages et être rapidement dédiées à la production de biocarburants ( !!!). On pense notamment aux perspectives du secteur aéronautique qui vise la neutralité carbone à l’échéance 2050, en s’appuyant majoritairement sur les biocarburants.

Face aux tensions importantes entre les différents secteurs économiques et à long terme sur le secteur énergétique, il est ainsi peu probable que l’utilisation des terres à des fins de production alimentaire soit compétitive, en particulier pour les activités d’élevage.

Face à la concurrence très probable de l’usage des terres dans les décennies à venir, associée à la difficulté d’accès aux produits d’origine animale pour une part croissante des consommateurs, les politiques publiques auront un rôle majeur à jouer : à la fois pour arbitrer l’usage des terres agricoles et renforcer la compétitivité de l’élevage, en particulier celui qui représente la seule activité agricole possible dans les zones difficiles où il fournit de multiples services, comme en Provence ou dans le Marais poitevin.

Il s’agirait donc moins d’accompagner les activités d’élevage grâce à des compensations de coûts de production, que par une reconnaissance et une rémunération de services rendus à la collectivité, comme l’entretien et l’ouverture des paysages, le maintien de la biodiversité et d’activités socio-économiques (tourisme) ou encore la prévention des incendies.

Coopératives agricoles :quel avenir ?

Coopératives agricoles : quel avenir ?


Les adhérents, qui sont à la fois clients, fournisseurs, et détenteurs de parts sociales des structures coopératives, se montrent de moins en moins engagés dans les processus de décisions collectives. Par Xavier Hollandts, Kedge Business School
(dans la Tribune)

Un article intéressant qui note la dérive autocratique dans les grandes coopératives agricoles qui progressivement ont écarté les agriculteurs de base au profit d’une élite technocratique et d’intérêts financiers internationaux NDLR

Les coopératives agricoles représentent aujourd’hui la moitié des activités agricoles mondiales. Fondées par des agriculteurs, qui seront à l’honneur comme chaque année fin février à l’occasion du Salon de l’agriculture de la porte de Versailles, à Paris, les coopératives conservent un système de gouvernance original qui permet la représentation des intérêts des paysans.
Leur stratégie s’inscrit généralement dans le long terme et dans une perspective moins financiarisée que leurs homologues privés et cotés. Les choix stratégiques des coopératives sont donc déterminants à la fois pour la qualité de notre alimentation comme pour les sujets relatifs à la durabilité et à la souveraineté alimentaire.

À la différence des autres entreprises, le bon fonctionnement des coopératives repose sur un pilier essentiel, qui conditionne leur développement et leur gouvernance : l’engagement réel et effectif de leurs adhérents. Les adhérents ont la particularité d’entretenir une triple relation avec la coopérative : ils sont détenteurs de parts sociales, fournisseurs (ils apportent leurs récoltes afin qu’elles soient vendues ou valorisées) et également clients (ils achètent des produits et services à la coopérative). Du fait de cette triple fonction, l’engagement des adhérents est crucial pour que la coopérative, par le biais de sa gouvernance, soit en mesure de concevoir et de mettre en œuvre une stratégie pertinente, porteuse de sens et qui bénéficie également aux membres de l’organisation.
Or, depuis plusieurs années, des chercheurs, des observateurs mais aussi les représentants des coopératives elles-mêmes tirent la sonnette d’alarme : les adhérents sont de moins en moins engagés, désertent parfois les réunions et participent très peu aux élections jusqu’à devenir parfois des passagers « fantômes ».
Des coopérateurs de moins en moins engagés

Selon les derniers chiffres de l’Observatoire de la gouvernance des coopératives agricoles, 75 % des coopératives interrogées (764 coops soit 83 % du chiffre d’affaires du secteur coopératif), identifient un risque important lié à l’engagement des adhérents. Cela se traduit notamment par une faible participation aux instances essentielles de la coopérative (assemblée générale et/ou de section). Le taux de participation chute en dessous de 25 % des membres dès le seuil de 75 millions de chiffre d’affaires franchi.

Cette même inquiétude était partagée dans le rapport de la récente mission parlementaire portant sur « le secteur coopératif dans le domaine agricole ». Ainsi peut-on y lire :
« La faible participation en assemblée générale, parfois réduite en moyenne à 20 % pour les grandes coopératives, traduit une certaine distension du lien entre les associés coopérateurs et les coopératives, en particulier dans les plus grandes d’entre elles ».
La faible représentation des adhérents pose évidemment un problème politique majeur dans des organisations démocratiques, chaque adhérent n’ayant qu’une voix, quel que soit le nombre de parts sociales détenues. En effet, comment justifier et rendre légitime des décisions s’appliquant à l’ensemble des adhérents quand seule une petite minorité est présente à l’heure des décisions ? Cela renvoie à une forme de « tyrannie » de la minorité et interroge les fondements mêmes de la coopérative.

Face à ce constat inquiétant, comment relever le défi de l’engagement des adhérents ? La recherche en sciences sociales s’est penchée de longue date sur le sujet. L’engagement revêt trois dimensions majeures : une dimension affective (attachement émotionnel et sentiment d’appartenance) ; un engagement normatif (je me dois de rester dans l’organisation) ; et une dimension de continuité (je n’ai pas d’autres choix que de rester ou si je souhaite partir cela m’est relativement coûteux).

La situation idéale est évidemment constituée par un alignement de ces trois dimensions. En revanche, si une des dimensions est manquante ou pénalisée, c’est l’engagement global des individus qui peut être significativement affecté.

Au terme d’un travail de terrain, notre recherche récente nous a permis de dégager une typologie des adhérents de coopératives. Le désengagement se manifeste de diverses façons. Au-delà des adhérents les plus désengagés (les « absents »), deux cas de figure intermédiaires relèvent de formes intermédiaires et pernicieuses du désengagement.

Nous avons observé des adhérents faisant plus ou moins acte de présence mais qui ne s’investissent jamais dans leur structure ou ne participent pas à l’effort collectif, ce sont en quelque sorte des présents « passifs » et très peu moteurs (les adhérents « passifs »).

À l’inverse, nous avons observé des adhérents investis sur le terrain ou auprès de leurs collègues mais peu présents dans les instances ou ne souhaitant pas exercer de fonction ou de mandat (les adhérents « discrets »).

Or, il est absolument vital que les coopératives puissent s’appuyer sur des adhérents qui s’investissent, consacrent du temps et de l’énergie à leur coopérative et qui participent en même temps aux assemblées afin de légitimer la prise de décision qui en découle. À défaut, c’est bien un véritable cercle vicieux du désengagement qui est susceptible de se mettre en place.
En effet, les adhérents risquent d’être insatisfaits et d’être encore moins représentés, ce qui les conduit à ne plus croire au système politique de la coopérative et les incite à se désengager davantage au point de devenir des adhérents fantômes. Dans ce cas de figure, la coopérative est vidée de sa substance réelle, de sa nature coopérative et se retrouve livrée au bon vouloir d’une poignée d’élus ou de dirigeants. Il y a alors un risque fort de dérive « autocratique » ou de personnalisation du pouvoir, à l’opposé des principes coopératifs, qui sont, par essence le collectif et la démocratie.

Face à ce constat (qui certes simplifie la diversité des situations), les coopératives, les élus et les adhérents peuvent cependant explorer quelques pistes.
En premier, sur ce qui fonde l’engagement des individus. Les coopératives doivent permettre le développement de la triple dimension de l’engagement : affectif, normatif et continuité. Concrètement, cela passe par la fierté et le sentiment d’appartenance. Ce qui suppose que les adhérents se sentent bien « traités » (notion de justice) et qu’ils se projettent avec fierté dans les projets portés et développés par leur coopérative.

À cette condition, ils seront en mesure d’avoir un engagement normatif et de s’inscrire dans une relation de continuité voulue et non subie avec leur coopérative. Au-delà du contrat liant juridiquement l’adhérent à sa coopérative, un « contrat psychologique », qui comprend les attentes non formalisées, se superpose et peut éventuellement évoluer en devenant de nature plus transactionnelle alors qu’il est idéalement de nature relationnelle.

Mais tout ne repose pas uniquement sur l’animation de la vie coopérative. Dès l’accueil des nouveaux adhérents comme à certains moments clés de l’année, il peut être utile de rappeler ce que « participer » veut réellement dire. On a la chance de pouvoir s’appuyer sur les travaux de la philosophe Joëlle Zask qui a clarifié ce concept de participation : il s’agit de prendre part (participer à une aventure collective et être associé à un destin commun) ; d’apporter une part (apporter sa contribution qui permet au collectif d’exister) et enfin de bénéficier d’une part (sa participation est reconnue).

Ces quelques pistes brièvement esquissées constituent des pistes permettant d’avancer vers une véritable stratégie construite et pertinente pour faire « garantir » un contexte favorable à l’engagement réel, durable et contributif des adhérents à leur(s) coopérative(s). Car il en va au fond de la « survie » effective d’un modèle qui pèse 40 % du système agroalimentaire français et la moitié de l’agriculture mondiale.
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Par Xavier Hollandts, Professeur de stratégie et entrepreneuriat, Kedge Business School
Cet article s’appuie sur une étude terrain à laquelle ont été associés Rodolphe Bonsacquet et Elsa Bonnard, ingénieurs agronomes, ayant évolué au contact de nombreuses coopératives et leurs adhérents.

Agriculture française : 100 000 exploitations disparues en 10 ans

Agriculture française : 100 000 exploitations disparues en 10 ans

100.000 exploitations françaises disparues au cours de ces dix dernières années. Au total, l’Hexagone recense aujourd’hui 389.000 exploitations agricoles, contre 490.000 en 2010. Soit une chute de 21 %.

 

Dans le même temps la surface agricole totale exploitée n’a pratiquement pas bougé. Cette surface représente près de 50 % du territoire métropolitain. Donc  la taille des exploitations française augmente. En 2020, elles mesurent en moyenne 69 hectares. C’est 14 hectares de plus que qu’en 2010 et 27 de plus qu’en 2000. A titre de comparaison, les exploitations américaines s’étendent en moyenne sur 178 hectares, tandis que les exploitations britanniques occupent 81 hectares.

.Depuis 2017, la surface en agriculture biologique en France a doublé en cinq ans, se hissant à 2,5 millions d’hectares. La taille moyenne de ces exploitations est de 61 hectares.

En 2020, 759.000 personnes occupent un emploi permanent dans les exploitations agricoles, soit l’équivalent de 583.000 emplois permanents à temps plein.

Contre les méga réservoirs d’eau agricoles

Contre les méga réservoirs d’eau agricoles

 

Plus de deux cents personnalités, politiques, scientifiques, artistes, représentants d’associations et de syndicats, parmi lesquelles la juriste Valérie Cabanes, le porte-parole de la Confédération paysanne, Nicolas Girod, demandent, dans une tribune au « Monde », l’arrêt immédiat de la construction de « ces projets aberrants d’accaparement de l’eau ».

 

Tribune. 

Dans le Poitou-Charentes, des coopératives agro-industrielles tentent de faire main basse sur l’eau dans le but de prolonger un mode de production destructeur du vivant et dont il est aujourd’hui urgent de s’affranchir.

Quatre-vingt-treize « mégabassines » dont plus d’une dizaine dans le Marais poitevin – deuxième plus grande zone humide en France – risquent d’être érigées dans les trois prochaines années.

Ces énormes cratères plastifiés de cinq à quinze hectares sont le dernier artifice de l’agro-industrie pour concilier raréfaction accrue de la ressource en eau et maintien de l’irrigation intensive.

Depuis quelques mois, le mouvement tissé patiemment entre habitants du Marais poitevin et d’ailleurs, paysans et naturalistes pour donner un coup d’arrêt aux chantiers de mégabassines, a pris un essor national. Samedi 6 novembre, à l’appel de Bassines non merci, de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), de la Confédération paysanne et des Soulèvements de la Terre, plus de 3 000 personnes et 20 tracteurs se sont retrouvés à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), non loin d’une mégabassine en construction interdite d’accès aux manifestants.

 

Après avoir traversé champs, rivières et nuages de gaz lacrymogènes, les manifestants ont collectivement investi le site d’une autre mégabassine, illégale et qui a déjà fait l’objet de cinq condamnations par la justice.

Action collective de « désarmement »

Un élément de l’installation de pompage qui alimentait cette bassine a été démonté par des paysans. Une fois la foule montée sur le talus de la bassine, un débâchage a été effectué pour la mettre hors d’état de nuire. Cette action collective de « désarmement » était un appel à reconsidérer les manières de préserver et partager la ressource en eau. Elle témoigne de la nécessité assumée, au vu de l’urgence climatique, d’utiliser les outils de la désobéissance civile quand des projets « écocidaires » passent en force.

Ces énormes cratères plastifiés de cinq à quinze hectares sont le dernier artifice de l’agro-industrie pour concilier raréfaction accrue de la ressource en eau et maintien de l’irrigation intensive

S’il a fallu en arriver là, c’était aussi pour répondre, en pleine COP26, à un gouvernement qui, derrière ses prétentions écologiquement vertueuses, finance à 70 % ces bassines et dont le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, prétend qu’elles s’emplissent avec les « pluies diluviennes » de l’hiver. Le morceau de tuyau ramené jusqu’aux portes de son ministère après avoir été prélevé sur le forage de la bassine, venait le mettre face à son mensonge ou à son incompétence, en matérialisant le fait que les bassines s’emplissent aussi et surtout en pompant dans les nappes phréatiques.

Manif contre l’artificialisation des sols agricoles en Ile-de-France

Manif contre l’artificialisation des sols agricoles en Ile-de-France

 

Une manif pour dénoncer  »l’urbanisation massive«  de l’Ile-de-France  où environ 1 500 hectares de terres agricoles sont transformées chaque année en espaces urbains , estime la chambre d’agriculture de la région. Les manifestants ont dénoncé la pression immobilière et les projets d’aménagement comme le Grand Paris Express, qui grignotent des parcelles fertiles autour de la capitale. Ces terres sont notamment, à leurs yeux, indispensables à la biodiversité et à la lutte contre le changement climatique.

« L’idée, c’est de faire prendre conscience aux gens qu’il y a des terres à préserver pour l’écologie de l’Ile-de-France, a expliqué Claire Bertrand, agricultrice bio en Seine-et-Marne. Ces terres servent à nourrir la population de Paris. » « On a envie de préserver ce qu’on a, de ne pas avoir de béton » pour « le stockage du carbone, la diversité des espèces cultivées, le refuge des animaux… » a-t-elle poursuivi.

Au côté des nombreux collectifs organisateurs, quelques élus étaient présents, dont la députée LFI Mathilde Panot ou l’élue régionale écologiste Ghislaine Senée. Cette dernière a déploré les  »vœux pieux » de la majorité menée par Valérie Pécresse, qui souhaite instaurer la règle du  »zéro artificialisation nette » et a appelé à davantage utiliser les logements vacants et les friches pour répondre à la pression immobilière.

 

 

Prix agricoles en forte hausse

Prix agricoles en forte hausse

 

 

Conséquences de certains dérèglements climatiques, de la crise sanitaire et de la crise économique plus générale, les productions agricoles comme les autres matières premières voient  leur prix s’envoler, céréales exceptées. La FAO s’attenden effet  à ce que la production céréalière mondiale enregistre sa troisième année consécutive de hausse en 2021. 

Les prix mondiaux des autres produits alimentaires ont à nouveau globalement progressé .  Ils sont tirés par les huiles végétales et les produits laitiers, alors que les cours des céréales ont baissé. L’indice FAO des prix des produits alimentaires s’est établi en moyenne à 118,5 points en mars, soit une hausse de 2,1% par rapport à février et son niveau le plus haut depuis juin 2014.

Inversement les prix des céréales ont baissé de 1,8%, mais restent en hausse de 26,5% par rapport à mars 2020. Les prix du blé à l’exportation sont ceux qui ont le plus baissé, principalement parce que l’offre est satisfaisante et que les perspectives de production pour les cultures de 2021 sont favorables, explique la FAO. Les prix du maïs et du riz ont également fléchi, mais ceux du sorgho ont progressé. L’indice des prix du sucre a cédé 4% mais reste supérieur de plus de 30% à son niveau de mars dernier.

La FAO s’attend à ce que la production céréalière mondiale enregistre sa troisième année consécutive de hausse en 2021. L’organisation a revu à la hausse ses premières estimations concernant la production mondiale de blé, les conditions de culture étant meilleures que prévu dans plusieurs pays.

Chicago: matières premières agricoles en hausse

Chicago: matières premières agricoles en hausse

Les cours des céréales à Chicago ont terminé en solide hausse ce lundi, soutenus par le temps sec en Amérique du sud qui handicape le soja et le maïs tandis que le blé a suivi.

Le cours du principal contrat de soja, qui avait atteint le seuil des 12 dollars le boisseau dans la nuit, a conclu à moins de 9 cents sous ce sommet, en hausse néanmoins de 0,88%. «Le temps en Amérique du sud a poussé le cours à la hausse. Il fait trop sec dans le centre et nord du Brésil et il faudra attendre la semaine prochaine avant de la pluie», a indiqué Dan Cekander, de DC Analysis. Il a souligné qu’il était «inhabituel pour la région du Mato Grosso», grosse productrice mondiale de soja, «de connaître presque dix jours secs d’affilée» à cette époque de l’année. Ces conditions ont aidé les cours du soja mais aussi du maïs.

Le boisseau de blé (environ 27 kg) pour livraison en décembre, le plus actif, a terminé à 5,9875 dollars contre 5,9325 dollars vendredi, en hausse de 0,92%. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre, le plus échangé, a fini à 4,2650 dollars contre 4,2325 vendredi, avançant de 0,76%. Le boisseau de soja (environ 27 kg) pour livraison en janvier, le plus échangé, a terminé à 11,9150 dollars contre 11,8100, en progrès de 0,88%.

Prix agricoles : relative stabilité avec une petite tendance baissière

Prix agricoles : relative stabilité avec une petite tendance baissière

 

 

Une étude conjointe de la FAO et de l’OCDE conclut à une certaine stabilité de la production et des prix pour les 10 ans à venir. Des perspectives qui paraissent rassurantes tant du point de vue de la production que de la consommation. Le problème comme dans toute étude prospective c’est la fiabilité de ces projections. Il faudrait évidemment ajouter la traditionnelle précaution  oratoire » toutes choses étant égales par ailleurs » . En effet on ne peut pas exclure un certain nombre d’événements internationaux qui viendraient bouleverser ces prévisions comme la guerre économique renforcée entre Etats voir la guerre tout court dans certaines zones. Aussi des évolutions erratiques du climat avec des alternances de plus grande ampleur encore de pluie, de sécheresse voire d’autres catastrophes. Le risque aussi de mise en cause de la sécurité alimentaire du fait des perturbations de la biodiversité voire du développement de pandémie affectant l’homme , d’infections animales ou des cultures.( exemple l’adaptation en zone tempérée de nuisible des pays tropicaux).

D’après la FAO, l’agence des Nations unies pour l’alimentation, et l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui publiaient jeudi leurs perspectives agricoles sur dix ans on pourrait assister seulement à une légère baisse des prix.

Pendant la crise les prix ont été affectés par des stocks trop importants. Pour l’avenir on devrait retrouver une certaine stabilité avec une légère tendance baissière. Cela en raison d’une certaine stabilité voire d’une légère régression de la consommation individuelle

 

L’élevage et la production de poisson progresseront de 14 % d’ici dix ans, une hausse due surtout à la volaille.

La consommation de produits agricoles imputable aux biocarburants devrait, en revanche, rester stable. Le recours aux biocarburants pour limiter les émissions de gaz à effets de serre s’atténue et la consommation d’essence à base de biocarburants régresse aux États-Unis et dans l’Union européenne, souligne le rapport.

Les émissions directes de gaz à effet de serre d’origine agricole afficheront une croissance de 6 %, qui proviendra surtout de l’élevage, dans les régions les plus pauvres.

Environnement-Pesticides agricoles : échec des politiques ( Cour des Comptes)

Environnement-Pesticides agricoles : échec des politiques ( Cour des Comptes)

L’utilisation des pesticides dans l’agriculture française n’a pas baissé, au contraire, malgré les politiques publiques liées aux plans Ecophyto, censées réduire leur usage. « En dépit de ces actions et de la mobilisation de fonds publics pouvant être estimés, pour 2018, à environ 400 millions d’euros (dont 71 millions prélevés sur la redevance pour pollutions diffuses), plusieurs travaux d’évaluation ont dressé un bilan réservé de l’action menée. La Cour constate, pour sa part, que les effets des plans Écophyto demeurent très en deçà des objectifs fixés », selon le référé publié de la Cour des Comptes ce mardi.

« L’objectif initial de diminution du recours aux produits phytopharmaceutiques de 50 % en dix ans, reporté en 2016 à l’échéance 2025 et confirmé en avril 2019, assorti d’un objectif intermédiaire de -25 % en 2020, est loin d’être atteint: l’utilisation des produits mesurée par l’indicateur NODU (nombre de doses unités, NDLR) a, au contraire, progressé de 12 % entre 2009 et 2016, ce qui reflète la lente évolution du modèle agricole national » constate froidement la Cour.

 

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