Archive pour le Tag 'agricole'

Page 4 sur 5

Crise du lait : vers la faillite du secteur agricole

  • Crise du lait : vers la faillite  du secteur agricole

 

 

 

Une crise qui s’ajoute aux autres viande, blé etc. La crise du lait mène le secteur vers la faillite. 26 euros le litre à peine quand il faudrait 30 centime pour équilibrer et 35 centimes   pour dégager un revenu. Une crise qui n’est pas réellement nouvelle puisqu’elle découle directement de la surproduction organisée par l’Europe depuis la suppression des quotas laitiers en mars 2015. À cela il faut ajouter les restrictions des importations chinoises et russes. Nombre de pays en ont profité cependant pour augmenter leur production et les prix se sont écoulés. Selon le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière, au moment où la production laitière avait progressé de 2,2 % en 2015, elle a bondi de 5,6 % les trois premiers mois de 2016. La palme du débit est décrochée par l’Irlande, avec un flux en hausse de 32 %, suivie de la Belgique (+ 21 %) et des Pays Bas (+ 15 %), alors que la France se limitait à + 0,5 %. Pour résumer les prix étaient de l’ordre de 400 euros pour 1000 l de lait en 2014 ce qui permettait de couvrir les coûts or en 2016 les prix pourraient tourner en moyenne autour de 250 €. En France les critiques des éleveurs visent surtout Lactalis premier producteur du marché avec 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le groupe cristallise ainsi les critiques des agriculteurs de la filière laitière, toujours sous tension. Lactalis, numéro un du marché avec 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires, a insisté début juillet, face à la multiplication des critiques, sur la mise en place d’un «soutien financier allant au-delà des conditions contractuelles» et représentant «un complément de prix de 30 euros/1000 litres sur le prix de base» pour le mois de juillet. Pas suffisant, ont estimé les fédérations agricoles. À noter aussi que cette crise se superpose à celle du blé secteur ou du fait des conditions climatiques  la production a baissé de l’ordre de 40 %.

Baisse du Tourisme : attentats et manifs responsables

 

En dépit de l’euro de foot organisé en France,  l’activité touristique a encore régressé au second trimestre. En cause, les conséquences des attentats, aussi les blocages et autres manifs qui ont contribué également à ternir l’image de la France. Les premières indications de l’été laissent supposer une nouvelle baisse pour le troisième trimestre notamment de la part des étrangers. La fréquentation touristique en France a donc rechuté au deuxième trimestre sous les effets d’une météo maussade et d’un faible nombre de jours fériés, même si l’Euro de football a permis de limiter les dégâts dans les villes de province qui ont accueilli des matches, selon les données publiées vendredi par l’Insee. Le nombre de nuitées dans les hébergements touristiques a ainsi chuté de 4,8%, à 92,4 millions, sur avril-juin par rapport à la même période de l’an passé, après une hausse révisée à 1,1% (1,0% estimé précédemment) au premier trimestre 2016. L’Insee souligne que le deuxième trimestre a compté cette année deux jours fériés, contre cinq en 2015. La baisse a été particulièrement marquée pour les nuitées étrangères (-8,5% contre -2,7% au 1er trimestre), atteignant une ampleur comparable à celle du 4e trimestre 2015, qui a été touché par les attentats de Paris et de Saint-Denis. La fréquentation des seuls hôtels a reculé de 3,5%, effaçant son rebond du 1er trimestre (+1,9%). La clientèle étrangère, en baisse pour le troisième trimestre consécutif, s’est encore contractée de 7,3%. Seuls les hôtels situés dans les grandes villes de province ont vu leur fréquentation augmenter (+1,5%) en partie grâce à l’Euro de football. Mais ceux de l’agglomération parisienne (-10,3%) ont été plus pénalisés par la défection de la clientèle étrangère. La fréquentation des autres hébergements collectifs touristiques (résidences, villages vacances) a chuté de 6,4%, là aussi en raison de la défection des étrangers (-20,2%). Les campings ont connu de leur côté un début de saison difficile avec un recul de 6,8% de leur fréquentation par rapport au printemps 2015.

(Avec Reuters )

 

Panama Papers, le Crédit Agricole va contrôler la probité ses clients !!!

Panama Papers, le Crédit Agricole va contrôler la probité ses clients !!!

Gonflé le crédit agricole, épinglé dans l’affaire Panama Papers, qui se défend en indiquant qu’il a mis en place un plan pour vérifier «  la rectitude fiscale »  de ses clients, une sorte d’inversion du fardeau de la responsabilité ! Certes dans ces affaires d’évasion fiscale les clients ne sont certainement pas innocents, ils cherchent à optimiser pour payer le moins d’impôts possibles ou même ne pas en payer. Pour autant on peut légitimement s’interroger s’il faut autant de temps pour identifier les éventuels fraudeurs qui utilisant les paradis fiscaux. Ou alors la banque est submergée par les clients utilise de tels procédés. Il faut par ailleurs se souvenir que le Crédit agricole était au départ un système coopératif uniquement destiné aux petits paysans et contrôlés par eux. La multinationale Crédit agricole n’a plus grand-chose à voir avec l’organisation initiale car il y a sans doute peu de paysans qui éprouvent le besoin d’opérer des transferts financiers dans les paradis fiscaux, surtout dans le contexte de crise actuelle. Un des arguments de vente des grandes banques internationales est justement de mettre en avant leur savoir-faire en matière d’ingénierie fiscale y compris en proposant des solutions d’évitement fiscal sophistiqué et délictueux. Le Crédit Agricole a annoncé jeudi avoir entrepris un programme de vérification de « rectitude fiscale » de ses clients. Egalement ciblé, BNP Paribas a pour sa part été interrogée par la justice américaine. Pour le Crédit Agricole, Le Monde ne « focalise pas sur l’essentiel». Epinglé, le groupe bancaire se défend de toute responsabilité dans le dossier des Panama Papers.  »Cet article nous blesse beaucoup. Il balaie d’un revers de titre, que nous trouvons très violent, le fait que, depuis plusieurs années, nous avons réellement mis en oeuvre un programme, sans ambiguïté, de lutte contre le blanchiment et l’évasion fiscale », a déclaré son directeur général, Philippe Brassac, à la presse en préambule à la présentation jeudi des résultats trimestriels de la banque. Le dirigeant a assuré que son groupe a entrepris depuis plusieurs années un programme de vérification de « rectitude fiscale » de ses clients qui sera bouclé d’ici fin 2017. Ce contrôle s’est achevé dès 2014 pour les clients français, en 2015 pour les européens et devrait se conclure d’ici 2017 pour le reste de la clientèle, a-t-il affirmé. Selon Le Monde, le groupe Crédit Agricole aurait administré auprès du cabinet panaméen Mossack Fonseca près de 1.130 sociétés offshore depuis les années 1990, pour le compte de ses clients, via ses filiales, dont 54 encore actives fin 2015.  Interrogés à plusieurs reprises sur le nombre de sociétés offshore actives, les dirigeants de la banque n’ont pas confirmé ce chiffre mais admis qu’il en existait.  »Ces structures sont actives dans le sens où elles existent toujours », a déclaré Xavier Musca, directeur général délégué de Crédit Agricole SA (CASA). Sur le principe, tout le monde a le droit de créer une société offshore à partir du moment où elle recouvre une activité réelle et où les profits sont déclarés.  »Concrètement la banque privée du Crédit Agricole a contacté (ses clients) (…) avant que cette affaire Mossack Fonseca ne soit révélée dans la presse », a ajouté Xavier Musca. Plus d’un mois après de premières révélations impliquant notamment la Société Générale, le quotidien pointe, outre le Crédit Agricole, la BNP Paribas pour avoir géré 468 structures offshore avec Mossack Fonseca depuis les années 1980. Une demi-douzaine de ces sociétés étaient encore actives fin 2015, avance le journal. Suite à ces informations, le ministre des Finances Michel Sapin « a demandé des explications aux présidents des deux établissements bancaires cités », dans un communiqué de Bercy. Le régulateur des services financiers de New York a de son côté adressé des injonctions à plusieurs banques, dont la BNP Paribas, a indiqué mercredi à l’AFP une source proche du dossier.

(avec JDD)

« Panama papers » : après la Société Générale BNP et Crédit agricole impliqués

« Panama papers » : après la Société Générale BNP et Crédit agricole impliqués

 

Interrogé devant le Sénat le patron de la société générale a reconnu l’existence de sociétés marcheurs avant 2012. Depuis il fait un subtil distinguo entre implantation de la banque dans les paradis fiscaux et activités. Du coup c’est l’aveu que la banque continue des les activités mais en utilisant sans doute des intermédiaires du type de ceux dénoncés dans l’affaire Panama Papers. Une faute toutefois partagée comme on pouvait s’en douter par d’autres banques comme la BNP ou le Crédit agricole. Selon les informations du journal Le Monde, la NP et le crédit agricole comme la société générale ont mis en œuvre dans le passé des montages financiers avec des sociétés offshore pour le compte de leurs clients. Le quotidien rapporte dans son édition datée de jeudi que le Crédit agricole a utilisé, depuis les années 1990, 1.129 sociétés offshore enregistrées auprès du cabinet Mossack Fonseca et que BNP Paribas a de son côté eu recours à 468 sociétés écrans domiciliées dans des paradis fiscaux. Crédit agricole a réagi dans un communiqué en déclarant que sa banque privée avait cessé toute activité offshore en 2015 et dénoncé comme « présentation trompeuse » des informations du Monde. BNP Paribas s’est refusé à tout commentaire. Michel Sapin rencontrera « dans les tous prochains jours » les présidents des deux établissements mis en cause, a fait savoir Bercy dans un communiqué publié dans la soirée, précisant que BNP Paribas et Crédit Agricole avaient déjà fourni de premiers éléments. « Il ne serait pas tolérable que des banques puissent permettre des opérations de fraude, d’évasion fiscale ou de blanchiment », déclare Michel Sapin, cité dans ce communiqué. Devant le Sénat, le dirigeant de Socgen a quant à lui reconnu l’existence d’un nombre limité de sociétés offshore structurées avant 2012 avec Mossack Fonseca pour des clients mais a insisté sur la légalité et la « transparence fiscale » de ces montages. « Vous avez mis en parallèle le terme implantation et activité, en les considérant comme des synonymes, je ne pense pas qu’implantation et activité soient exactement synonymes, je pense que ce sont des mots très différents », a fait valoir Eric Bocquet devant le patron de Socgen qu’il souhaite voir poursuivi pour faux témoignage. « Nous avons transmis un courrier au bureau du Sénat, afin de le saisir, afin qu’il soit statué sur la situation créée par le télescopage entre vos déclarations de 2012 et les révélations faites par la presse », a rappelé le sénateur communiste, qui n’a pas été soutenu par ses collègues. « Je ne vois rien qui puisse amener le bureau du Sénat à poursuivre sur cette déclaration de Monsieur Oudéa », a déclaré le sénateur Philippe Dominati, l’ancien président de la commission d’enquête du Sénat, où avait été auditionné Frédéric Oudéa en 2012.

Crise agricole : les normes qui tuent

Crise agricole : les normes qui tuent

 

Isabelle Saporta est journaliste et auteure de Foutez-nous la paix ! édité chez Albin Michel dénonce la multitude de normes qui complexifient la vie des agriculteurs et plombe en même temps la compétitivité. Une critique qui pourrait s’appliquer à la plupart des secteurs économiques tellement la France est engluée dans un système bureaucratique qui paralyse l’initiative et qui augmente les coûts de production. En cause en particulier l’armée mexicaine de parlementaires et de fonctionnaires qui pour combler leur vide existentiel ne cessent de pondre des réglementations,  de mettre en place des contrôles et des fiscalités. Plus de 11 000 lois en France plus de 150 000 décrets sans parler des circulaires et autres arrêtés auxquels il faut ajouter les réglementations locales. La régulation est bien entendu nécessaire, elle implique un cadre juridique qui prenne en compte l’intérêt général mais au niveau de complexité atteint par la France la loi tue l’objet social qu’elle est supposée encadrer. Une enquête sur les milliers de normes sanitaires et administratives qui étouffent les agriculteurs. La journaliste, Isabelle Saporta   qui présente son livre au Salon de l’Agriculture, a sillonné pendant un an les exploitations hexagonales pour écrire cet ouvrage. Les normes ont, en effet, envahi la vie des Français depuis de nombreuses années. Au total il en existe 400.000 et le milieu agricole en cumule une bonne partie.  Ces règles, si elles sont indispensables en termes de sécurité sanitaire, empoisonnent la vie des petites structures céréalières ou d’élevages. Des réglementations beaucoup trop nombreuses selon l’auteure, et qui donnent parfois lieu à des situations ubuesques. C’est le cas de cet éleveur de poulets de plein air qui, parce qu’il n’avait pas le nombre de bottes nécessaire dans son vestiaire, n’a pas pu avoir l’autorisation de vendre son poulet à la cantine scolaire de son village. En revanche, l’école avait l’autorisation d’acheter du poulet brésilien qui lui, avait reçu l’agrément.  « Il y a aussi la norme qui encadre la hauteur de l’herbe autour de la vigne, explique Isabelle Saporta, si elle est trop haute, la vigne est déclassée et c’est donc le risque de perdre son appellation » détaille-t-elle. Un Pouilly-Fumé peut ainsi devenir un vin de table ordinaire si les règles ne sont pas respectées. « Obtenir des agréments pour les exploitations agricoles c’est comme gravir l’Annapurna. Financièrement et moralement, c’est intenable pour les agriculteurs » conclut la journaliste.

(Avec RTL)

Crise agricole : Xavier Beulin est responsable (Mélenchon)

Crise agricole : Xavier Beulin  est responsable (Mélenchon)

Mélenchon a clairement désigné Mélenchon a désigné le président de la FNSEA  comme en grande partie responsable de la crise agricole considérant que Xavier Belin représente surtout la filière industrielle et financière. Ce que confirme d’ailleurs Perico Lagasse journaliste à Marianne dans un autre article sur ce site «  Xavier Beulin est à la tête d’un empire industriel qui, non seulement n’a plus rien d’agricole au sens originel du terme, mais favorise un système économique qui, de surcroît, éradique la vraie agriculture. Contesté par sa base, discrédité auprès de ses adhérents pour avoir longtemps possédé des usines où l’on transforme du poulet industriel brésilien (tout en envoyant des commandos de la FNSEA pour protester contre les importations de volailles mettant à mal la filière française), le président Beulin faisait penser à un incendiaire traitant le marchand d’allumettes de pyromane. Après quoi ils sont allés se promener sous les huées, adressées à l’un comme à l’autre ».  Pour Jean-Mélenchon, ce aussi sont « les traités européens qui ont conduit à cette situation » de crise (la suppression des quotas laitiers par exemple NDLR). Des traités que le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, respecte, a-t-il souligné.  »Il est flanqué de M. Xavier Beulin, qui est le problème numéro 1 de l’agriculture française, à la tête de son syndicat, parce qu’il représente ce qui n’est plus vraiment de la paysannerie, une espèce de haute industrie liée à la finance et aux grandes transactions internationales », a enchaîné le co-fondateur du Parti de gauche. . Parmi les autres responsables, Jean-luc Mélenchon a chargé de front le modèle agricole actuel, cadré par la politique agricole commune de l’Europe. Pour lui, celui-ci est « mort » :  »il empoisonne la terre, il empoisonne l’air, il empoisonne les paysans, il empoisonne notre nourriture quotidienne », a-t-il énuméré, prônant une « agriculture paysanne relocalisée ». Avant de prévenir :  »plus vous tardez à prendre la décision de changer ce système dingue, plus ça vous coûtera cher après ».

Crise agricole : Charal dans le viseur

Crise agricole : Charal dans le viseur

 

Les éleveurs n’ont sans doute porteur de dénoncer le décalage qu’il y a entre les prix à la production et les prix à la consommation. Surtout quand il s’agit des prix de vente à la consommation particulièrement élevés comme ceux de Charal. Des prix d’achat de 3 à 4 euros au kg et des prix de vente autour de 20 euros à 30 euros. Des éleveurs bovins ont aspergé avec un extincteur et de la farine le stand de Charal, marque du groupe Bigard numéro un de l’abattage en France, pour dénoncer sa politique de prix, dimanche au Salon de l’Agriculture, a constaté une journaliste de l’AFP. « Quand Bigard prend 100 euros il y a en 8 pour le producteur » ont expliqué au public les éleveurs en tee-shirt rouge marqués « Notre métier a un prix », tout en distribuant de faux billets de 100 euros.  »Quand vous payez la viande entre 17 et 20 euros le kilo, sachez qu’on nous la paye à nous 2,50 à 3 euros », commentait également au mégaphone Pierre Vaugarny, secrétaire général de la Fédération nationale bovine (FNB), qui appelait à la manifestation avec le soutien de la FNSEA – représentée par son secrétaire général Dominique Barrau.  Pendant ce temps, un groupe d’éleveurs aspergeait derrière lui le stand de Charal avec un extincteur et dispersait une trentaine de kilos de farine. La consigne était d’éviter toute violence après l’accueil houleux réservé la veille au président François Hollande et le démontage du stand du ministère de l’Agriculture. A peine faux cul Charal a réagi : »Charal affirmant « comprend(re) les difficultés des éleveurs bovins qui relèvent des causes structurelles et conjoncturelles pour lesquelles les réponses ne peuvent être que concertées et collectives ».

 

Crise agricole : la FNSEA responsable (Périco Légasse)

Crise agricole : la FNSEA responsable (Périco Légasse)

 

Périco Légasse rédacteur en chef de la rubrique vin et gastronomie à l’hebdomadaire Marianne dénonce l’hypocrisie de la FNSEA dans une interview du Figaro.

 

La FNESA responsable ?

 

 

Xavier Beulin, président de la FNSEA, le syndicat majoritaire majoritairement est  responsable de l’effroyable situation dans laquelle se trouve l’agriculture française. Etant sur place, j’ai assisté à la scène. Il y avait quelque chose d’ubuesque à voir une forêt de drapeaux, à l’enseigne du syndicat fossoyeur, accueillir le médecin légiste pour pleurer sur le cadavre de leur victime commune. Car si François Hollande appartient à un parti qui a systématiquement promu et voté, comme la droite et le centre, François Bayrou en tête, les politiques agricoles qui envoient nos paysans dans le mur depuis 40 ans, il y avait une sacrée dose de cynisme de la part de Xavier Beulin, PDG de la multinationale Avril (ex Sofiproteol), équivalente, sur le plan agro industriel, de ce que Michelin est sur le terrain pneumatique, à jouer le représentant des éleveurs ruinés. Disons qu’il n’en est pas vraiment représentatif.

 

 

En quoi cela est-il contradictoire?

Xavier Beulin est à la tête d’un empire industriel qui, non seulement n’a plus rien d’agricole au sens originel du terme, mais favorise un système économique qui, de surcroît, éradique la vraie agriculture. Contesté par sa base, discrédité auprès de ses adhérents pour avoir longtemps possédé des usines où l’on transforme du poulet industriel brésilien (tout en envoyant des commandos de la FNSEA pour protester contre les importations de volailles mettant à mal la filière française), le président Beulin faisait penser à un incendiaire traitant le marchand d’allumettes de pyromane. Après quoi ils sont allés se promener sous les huées, adressées à l’un comme à l’autre.

N’est-il pas un peu facile de faire porter le chapeau à la FNSEA quand on sait la complexité des enjeux et des rapports de force pour ce qui est des questions agricoles?

Bien entendu que la FNSEA n’est pas seule coupable. Il y a d’ailleurs au sein de ce syndicat, notamment des fédérations départementales (FDSEA), des adhérents qui ne partagent pas la stratégie nationale et se sont battus pour empêcher les dérives ayant conduit à la tragédie actuelle. La FNSEA n’est pas un bloc. Au moment de succéder à Luc Guyau, en 2001, deux candidats s’opposèrent lors de l’élection à la présidence du syndicat, Jean-Michel Lemétayer, continuateur de l’option productiviste, représentant des éleveurs, et Dominique Chardon, porteur d’une vision nouvelle de l’agriculture soucieuse de respect environnemental, producteur bio dans le Gard. Le premier l’emporta. En 2010, ce fut la victoire du lobby céréalier, avec Beulin. Sans oublier le trio mortel Crédit Agricole – MSA (Mutualité sociale agricole) – Chambres d’Agriculture où parfois les mêmes dignitaires siègent dans les trois instances. Dignitaires souvent affiliés à… la FNSEA. Simple coïncidence. L’autre fléau éradicateur est la grande distribution, ennemi public n°1 de l’agriculture et, à ce niveau de détérioration du marché, de l’économie française. Il serait toutefois trop facile de n’incriminer que les institutions. Quand il en a les moyens financiers, et qu’il ne change rien à ses mœurs alimentaires dans le sens d’une attitude responsable et citoyenne, le consommateur participe aussi à l’effondrement de notre patrimoine agricole. D’où l’urgence, on ne le répètera jamais assez, d’une information civique pour les adultes sur les enjeux de consommation et une éducation du goût pour les générations qui constitueront la clientèle de demain.

La démission de François Hollande changerait-elle quelque chose à la situation. Le président de la République et l’exécutif paient-ils pour l’incurie de leurs prédécesseurs?

La démission du Président de la République Française ne changerait pas grand chose à la situation en ce sens que les leviers fondamentaux, dont nous avons accepté de perdre le contrôle en matière de politique agricole, sont aujourd’hui actionnés à Bruxelles. Par ailleurs il est vrai que l’exécutif actuel hérite de quarante années de fourvoiements et de mensonges. Le plus grand criminel étant Jacques Chirac qui a réussi à faire croire qu’il était le sauveur des agriculteurs en instituant un système d’assistanat total subventionné par le contribuable allemand à travers la PAC. Joli coup, en terme tactique, pour régler une carence ponctuelle, mais désastre en terme stratégique, quand on installe, de façon structurelle, une activité économique fondamentale pour la nation dans une logique de subsides généralisés. Tout fut calqué et poursuivi sur ce principe quelle que soit la majorité au pouvoir. Pour résumer, à la façon du proverbe chinois, on a donné un poisson à manger à l’agriculteur français au lieu de lui apprendre à pêcher.

 

Le nœud du problème est-il européen?

Je ne dirai pas cela comme ça. L’Europe, en soi, n’est pas une tare, au contraire. Elle est même l’unique solution porteuse d’espoir pour notre l’agriculture, dans un vrai marché commun soumis à une concurrence libre et non faussée privilégiant d’abord les intérêts communautaires. La vraie grande Europe c’est l’Europe en priorité et le monde ensuite. Tout le contraire de ce qui a été mis en place. Tel est l’esprit originel du Traité de Rome et je ne désespère pas que le chaos vers lequel nous nous dirigeons à grands pas nous y ramène un jour si nous ne voulons pas «l’Euroexit», comprenez la sortie de l’Union Européenne de l’histoire. La Commission de Bruxelles est devenue une plaie. Le roumain Dacian Ciolos fut un bon commissaire à l’agriculture et au développement rural. Son départ en 2014 fut un grand soulagement pour les lobbys. Aujourd’hui le cancer de l’Union européenne est le clan atlantiste qui agit au sein des institutions. Les conditions de la négociation sur le Traité transatlantique (document tenu secret, consultable à certaines heures sur autorisation sans pouvoir faire de copie ni le traduire), sont hallucinantes. Le silence qui entoure ces tractations conduites pas des gens sans mandats ni représentativité prouve que quelque chose d’illicite se trame entre Bruxelles et Washington. A Paris, le thème est tabou quand on questionne le sommet de l’Etat: «Ne vous inquiétez pas, ça ne pourra pas aboutir, l’Allemagne s’y opposera». Pour le coup, ce TAFTA est une grosse météorite américaine qui peut un jour nous tomber dessus.

 

Faut-il commencer par rétablir les quotas laitiers? Si ses partenaires, singulièrement l’Allemagne, refusent d’entendre, la France doit-elle agir unilatéralement?

Disons que ce fut une erreur de les supprimer même s’ils n’étaient, quand même, qu’un montage artificiel destiné à réguler le marché, donc en aucun cas une solution définitive. La vraie solution c’est que le marché français achète et consomme du lait français de vaches françaises en le payant à son juste prix à son producteur, pas à la coopérative collectrice ni au distributeur racketteur. La formule peut sembler simpliste. Elle est pourtant la seule solution cartésienne, efficace, équitable et légitime. Pour le reste, il était convenu que l’Allemagne se garde le rôle de grande puissance industrielle et la France celui de grande puissance agricole. Ainsi les vaches gauloises et les boulons teutons eussent étaient bien gardés. Mais notre amie et alliée la chère, très chère panzer chancelière en a décidé autrement et la République Fédérale est devenue aussi la première puissance agricole européenne avec des méthodes d’une déloyauté sans nom, au mépris total des grands équilibres européens. A commencer par l’emploi de travailleurs Roumains, Bulgares ou Polonais soumis à la législation sociale des travailleurs détachés dans des usines à viandes dont le prix de revient ruine nos producteurs. Les Allemands fonctionnent au diktat. Adenauer réveille toi, elle est devenue folle!

 

Que pensez-vous de la réaction de Stéphane Le Foll au lendemain de la visite nocturne surprise dominicale des agriculteurs?

En tant que patron du salon, il l’a mal vécu, et c’est normal. Réaction légitime de quelqu’un ayant lui même été éprouvé lorsque des manifestants sont venus l’interpeler chez lui, un dimanche soir.

Sur cette question, je vais être solennel et catégorique: je ne partage pas tous les propos de Stéphane Le Foll quand il aborde certains enjeux agricoles, je n’approuve pas toutes les décisions qu’il prend concernant les filières de production, et personne ne peut me soupçonner de la moindre collusion politique avec le porte parole du gouvernement Valls, mais j’affirme ici qu’il est le plus grand ministre de l’Agriculture que la République Française a eu depuis longtemps. Une pensée pour Philippe Vasseur, Jean Glavany et Michel Barnier, qui furent aussi de très bons ministres. Stéphane Le Foll montre une compétence indéniable et connaît ses dossiers comme nul autre. Sans emprunter la langue de bois à quiconque, je pense qu’il ne peut pas tout et, lorsqu’il le peut, d’autres ne lui permettent pas de le décider. Il a la marge d’un gouvernant français dans l’Europe de 2016 et il doit faire des choix souvent douloureux. Point. Je l’ai dit et écrit maintes fois, ici et ailleurs, son projet de faire de la France le leader de l’agroécologie européenne, et les mesures installées en ce sens, sont un événement considérable. C’est même un tournant historique majeur dans l’histoire de l’agriculture française depuis la loi de modernisation d’Edgard Pisani en 1964. Il faut y aller encore plus fort, car c’est la seule voix du salut pour nos agriculteurs.

 

Vous êtes bien le seul à prendre la défense du ministre.

Bien sûr, c’est insuffisant, bien sûr, les choses peinent à se mettre en place, mais vu l’hostilité maladive des responsables de la FNSEA vis à vis de cette grande idée, on comprend pourquoi. Cette animosité est d’ailleurs la meilleure preuve que l’agro écologie est une avancée vers une situation où l’agronomie et l’écologie combinées permettront à la France de redevenir la puissance agricole florissante qu’elle fut.

Aussi, l’offensive nocturne à son domicile du Mans, et les actes qui s’en suivirent, sont injustes. Ils laissent une sensation de malaise pour ceux qui croient à la confrontation politique dans la loyauté et la dignité. Stéphane Le Foll ne se comporte pas comme un dignitaire et use d’un minimum de protection pour sa sécurité personnelle. Il voyage en deuxième classe dans le train et tout le monde peut l’approcher pour discuter avec lui. Avoir abusé de cette facilité n’est pas digne de paysans, même à bouts de nerfs. Peu de voix se sont élevées pour dénoncer la méthode. Samedi matin sur le salon, j’ai entendu des insultes d’une violence inouïe proférées à son endroit, et, malgré toute la sympathie et la solidarité active que je porte à la cause paysanne, j’ai trouvé tout simplement dégueulasse de le traiter ainsi. Un jour on reconnaîtra, avec toutes les réserves que l’on veut, le bien qu’il a fait à la France. Je le dis sans ambages. Au cas où certains s’étonneraient de cette position et supposeraient quoi que ce soit, il ne me doit rien et je ne lui dois rien. C’est une question de valeurs.

La colère des agriculteurs traduit-elle plus largement la coupure entre les élites et le peuple, le choc entre deux mondes qui n’ont plus rien en commun?

Pas seulement. Je dirais même entre deux conceptions de la France. Dans un paradoxe très intéressant, en ce sens que la préservation du monde de la terre peut avoir une connotation maurassienne alors qu’elle est aussi le combat des écologistes de gauche. Ce en quoi je pense que l’écologie est un conservatisme puisqu’il s’oppose au progrès en tant que source de dégâts sur l’environnement. D’où les contradictions et confusions dans certains partis. En même temps, une certaine agriculture croit en son émancipation par l’adoption de méthodes modernes, intensives et lucratives, qui la détournent du caractère socio patrimonial de son activité. Auquel cas il fait passer le durable au deuxième plan puisque le marché refuse de lui payer les deux. Nous sommes aujourd’hui en surproduction pour une offre limitée ou en panne. Seule issue, produire moins mais mieux. Il y a donc l’agriculteur qui ne veut pas redevenir paysan et il y a le paysan qui ne veut pas redevenir agriculteur. Celui qui aime labourer avec guidage satellite et celui qui aime labourer avec les pieds sur terre. Pas seulement deux mondes, mais deux civilisations qui s’opposent. Cette fracture est au cœur de la tragédie rurale que nous vivons depuis vingt ans. Vient ensuite se greffer la vision des urbains sur cette détresse. Un temps considéré comme un pollueur, geignard, assisté, le paysan est enfin perçu comme celui sans lequel nous ne serons plus rien. L’avenir de la planète est entre ses mains. Donc de la civilisation. Et cet avenir sera ce que nous ferons de lui, un pompeur de sol pour manger vite et pas cher ou un préservateur qui permet de s’asseoir autour de la table avec une nourriture bonne, propre et juste. Quelqu’un qui est sur Terre uniquement pour produire et conquérir des parts de marché subventionnées ou quelqu’un qui est là pour nous nourrir, en gagnant sa vie par le fruit de son travail justement rétribué. Les lois de la nature, paramètre inaliénable quand on approche les 7 milliards d’habitants, ne se satisferont pas de celles de la croissance obligatoire illimitée. Et là, c’est le paysan, et sa gestion des ressources, qui détermineront le sort de l’humanité. La société saura bien vite quel choix faire si elle veut sauver ses enfants.

 

La révolte des agriculteurs peut-elle être l’étincelle qui conduira à un mouvement de contestation national? Peut-il y avoir fusion des luttes?

Je ne le pense pas. Les grands séismes sociaux sont généralement urbains. La population rurale n’a plus assez de poids démographique, ce qui est un drame en soi, pour provoquer un tel séisme. En revanche, solidaire, résistante et bien coordonnée, la colère paysanne peut bloquer le pays, voire plus si affinités avec d’autres secteurs de la société indignée. Il faudrait pour cela un dénominateur commun. Les incompétences cumulées de la classe politique et son art de faire voler les bourdes en escadrilles pourraient bien être ce dénominateur. Les conditions du grand soir ne semblent cependant pas encore réunies, ce qui n’empêchera pas ce gouvernement d’avoir des petits matins douloureux si la vache enragée continue à ruer dans les brancards. L’urgence des urgences, à cette heure, et de redonner sa fierté à la paysannerie française. Et cela passe par des décisions courageuses.

Crise agricole : les distributeurs responsables (FNSEA)

Crise agricole : les distributeurs responsables (FNSEA)

 

 

Accusé d’avoir une responsabilité dans la crise agricole actuelle, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, durcit  nettement son discours vis-à-vis des distributeurs. Il les  accuse d’être responsables de cette course à la baisse des prix et donc de la catastrophe financière dans laquelle se trouve nombre d’éleveurs. Xavier Belin n’a sans doute porteur mais il aurait dû aussi évoquer la responsabilité de la FNSEA qui a encouragé l’industrialisation à outrance des filières, il aurait pu aussi mettre en cause le rôle des industriels (dont il fait aussi  partie car Xavier Belin est surtout un homme d’affaires !), industriels  qui s’approprient  une grande part de la valeur ajoutée en raison de la puissance d’achat des grands groupes d’acheteurs (Charal par exemple).   »Quand nous voyons les acheteurs sur le terrain en ce moment même, (…) c’est quoi la demande de la grande distribution? Entre moins 4% et moins 8% sur tous les produits alimentaires », a-t-il ajouté. « Est-ce qu’on peut tenir un discours de façade devant les caméras, est-ce qu’on peut avoir une attitude aussi détestable? ». Les agriculteurs français, en particulier les éleveurs de bovins et de porcs et les producteurs de lait, protestent depuis plusieurs mois contre des cours trop bas, inférieurs aux coûts de production. Les éleveurs souhaitent notamment que les grands distributeurs s’engagent à respecter un prix équitable reversé au producteur et ils accusent les industriels de ne pas jouer le jeu de la transparence sur la répartition des marges.

Crise agricole : l’agroécologie comme perspective (François Houllier, PDG de l’Inra)

Crise agricole : l’agroécologie comme perspective  (François Houllier, PDG de l’Inra , Institut national de la recherche agronomique).

 

L’agroécologie vise à “produire autrement”, d’une manière qui soit à la fois performante économiquement, environnementalement et socialement, en s’appuyant autant que possible sur les mécanismes naturels, concernant notamment la vie des sols. Le défi est de rompre avec certains excès des modes d’agriculture antérieurs tout en répondant aux besoins qui sont considérables, tant en quantité qu’en qualité. L’agriculture doit être en effet capable de produire plus de nourritures et de biomasses, parce qu’il y a à la fois plus de monde à nourrir et plus de débouchés à fournir (chimie, substituts au carbone). L’agroécologie ambitionne de produire mieux en utilisant moins d’intrants chimiques, moins d’antibiotiques pour l’élevage, moins d’engrais et de pesticides et plus de systèmes verts. L’agroécologie a aussi une dimension sociale, tant il est vrai que l’agriculture est un métier difficile où on ne compte pas son temps. Elle a pour objectif d’atteindre simultanément toutes ces formes de performance. La dimension écologique est primordiale en préconisant une agriculture plus proche de fonctionnement naturel.

Au sortir de la Seconde guerre mondiale, l’enjeu était d’assurer la sécurité alimentaire nationale avec comme mot d’ordre l’autosuffisance, et comme impératif d’accroître les rendements. Cette agriculture reposait sur un modèle familial organisé autour d’un chef d’exploitation, avec éventuellement deux frères formant un GAEC [Groupement agricole d’exploitation en commun], sur des surfaces autour d’une cinquantaine d’hectares, une taille n’ayant rien à voir avec le modèle d’élevage à l’échelle industrielle pratiqué en Australie ou en Amérique du Nord. Parallèlement, l’agriculture s’est intensifiée avec l’utilisation croissante d’intrants chimiques, de produits phytosanitaires, d’engrais et le recours à la génétique des plantes. C’est ainsi que le rendement du blé en France a été multiplié par cinq entre les années 50 et aujourd’hui. Une fois l’autosuffisance atteinte, l’objectif a été dans les années 70 et 80 une “agro-alimentation” visant la transformation des produits agricoles grâce à des industries agroalimentaires visant une valeur ajoutée. Un objectif couplé avec celui de l’exportation.

Puis petit à petit, dans le courant des années 90, les questions liées à l’environnement ont commencé à émerger, la politique agricole commune (PAC) commençant même à se verdir. C’est l’époque où des surfaces ont même été mises en jachère pour réguler les stocks et les excédents. Au début des années 2000, le thème du développement durable a surgi – un peu moins en France qu’ailleurs –, annonciateur du thème de l’agroécologie autour duquel s’opère aujourd’hui une sorte de cristallisation. Parallèlement, la crise alimentaire en 2008-2009, qui a été l’une des raisons des révolutions dans le monde arabe, a fait revenir brutalement sur le devant le thème de la sécurité alimentaire à l’échelle du monde à l’horizon 2025. Face à la demande étrangère – les pays d’Afrique du Nord vont être dépendants à 50 % des importations pour leur nourriture –, imaginer que l’agriculture française ne produirait que pour la France est tout simplement inconcevable. Cela relève aussi d’une forme de solidarité.

On doit comprendre la question de l’intensité de notre agriculture par rapport à nos besoins propres, mais aussi par rapport aux besoins du monde. Et si l’on peut imaginer préférable de relocaliser les activités agricoles au plus près des consommateurs, il y a néanmoins dans le monde des zones structurellement et durablement déficitaires, et d’autres structurellement et durablement excédentaires. Et il faut les faire se rencontrer. Tous les produits n’ont certes pas une vocation exportatrice, et il y a des produits dont on peut avoir besoin, y compris pour assurer une forme de souveraineté, par exemple sur les protéines. Le “produire autrement”, “plus et mieux” donne précisément les moyens de concilier tous les tenants de la problématique

La problématique des sols, support essentiel de l’agriculture, est cruciale. L’usage de produits de synthèse et la simplification des systèmes de culture ont amené à une perte de biodiversité des sols. La biodiversité n’a pas une vertu en soi, mais il se trouve qu’elle a aussi un intérêt pour la production dans le moyen et long terme. Or en matière de connaissance des sols, nous sommes en pleine révolution scientifique, à l’instar des progrès que l’on fait dans la connaissance des micro-organismes de notre tube digestif. L’utilisation intensive des sols fait perdre à ces derniers de la matière organique, se traduisant d’une part par une perte de fertilité, et d’autre part par des émissions croissantes de gaz à effet de serre, notamment de CO2. Or la question est désormais posée : les sols ne peuvent-ils pas être un lieu de stockage du carbone plutôt que d’émission ? Un enjeu décisif à l’heure de la COP 21 et de la lutte contre le réchauffement climatique.

Le deuxième enjeu est de continuer l’amélioration génétique pour pouvoir maintenir des rendements dans un contexte climatique qui évolue, voire pour les accroître dans les régions du monde où ils sont trop faibles. Il s’agit aussi d’obtenir des variétés plus efficaces ayant de bonnes propriétés, notamment des teneurs élevées en protéines pour le blé par exemple. Une révolution scientifique est en cours, notamment en génomie des plantes, permettant d’accélérer la création de nouvelles variétés sans faire appel nécessairement à des biotechnologies de rupture – qui ne sont pas acceptées par la société – mais en jouant de l’effet de levier biotechnologique. Troisième enjeu d’ordre sanitaire, la prophylaxie des maladies et des parasites émergents ou ré-émergents, avec un effort mis en particulier sur leur détection précoce grâce aux outils moléculaires. Réduire le recours aux produits phytopharmaceutiques et aux pesticides passe par le recours à plus de molécules naturelles et ce que l’on appelle la “lutte” biologique.

Ce que l’on observe sur le blé est instructif. Après des hausses de rendement spectaculaires, jusqu’a +20 % en rythme annuel, on observe depuis le milieu des années 90 une stagnation de ces rendements. Les progrès génétiques continuent, mais ces progrès sont pour moitié effacés par des événements liés au changement climatique et pour l’autre moitié par un changement de pratiques agricoles, comme par exemple la simplification des rotations des cultures. À force de faire du blé sans mettre par exemple des légumineuses capables de fixer l’azote de l’air, les sols se sont appauvris… Or le blé est un produit emblématique du “produire plus et mieux”. Comment fabriquer en quantité un blé ayant une teneur en protéines plus élevée tout en utilisant moins d’engrais ? La réponse tient en partie dans la rotation des cultures qui est une composante du “produire autrement”.

Cette idée de rotation est essentielle en agroécologie. En diversifiant les cultures, par exemple en alternant le blé avec des protéagineux, les besoins en engrais chimiques ou de synthèse diminuent, et les émissions de gaz à effet de serre reculent, ce qui est du point de vue environnemental bénéfique. Et du point de vue économique aussi. Mais encore faut-il trouver un débouché pour les protéagineux, que ce soit en alimentation animale ou humaine. Or les protéagineux ont eu tendance à diminuer dans les assolements parce que leur production n’a pas été assez soutenue, notamment par la PAC. Un contresens, alors qu’il faut au contraire les valoriser.

Les productions animales connaissent une situation particulière. La consommation est stable ou en décroissance en Europe, mais elle croît dans le monde. D’où inévitablement la question posée des débouchés, qui sont à l’exportation. Le secteur de l’élevage vit une crise conjoncturelle sur un fond de problèmes structurels de compétitivité. Dans ce contexte, quid des objectifs de type agroécologie ? 18 % des émissions de gaz à effet de serre viennent de l’agriculture, et principalement du monde animal. La prise de conscience de cette réalité est en train de s’opérer chez les éleveurs qui sont prêts à emboîter le pas, pour peu que l’on propose des solutions pour être plus économes en production de gaz.

Deuxième problématique : remettre plus d’herbes dans les élevages, sachant que les élevages adossés à des prairies ont de meilleurs bilans environnementaux, mais aussi économiques, car moins dépendants des variations de coût de l’alimentation animale. La bonne réponse en termes agroécologiques est de recoupler la culture ou la prairie avec l’élevage. La spécialisation dans le temps n’est pas une bonne pratique en termes de durabilité environnementale. Cette problématique du recouplage, que l’on appelle parfois le bouclage du cycle, relève de l’agroécologie.

 

(Interview dans le Nouvel Economiste)

Sondage crise agricole : près de 70 à 80 % des Français condamnent le gouvernement

Sondage crise agricole : près de 70 à 80 % des Français condamnent le gouvernement

 

Sur trois points fondamentaux les Français sont en désaccord avec le gouvernement selon les résultats de la 14ème vague de l’Ecoscope, baromètre économique mensuel réalisé par OpinionWay dont rendent  compte Le Figaro et BFM Business il y a d’abord la condamnation du ministre de l’agriculture Stéphane le Foll, une personnalité pourtant compétente mais qui paraît de plus en plus à la fois usée et désabusé. La seconde critique concerne la nature des mesures prises par le gouvernement, des mesures d’aide alors que les agriculteurs veulent surtout des prix couvrant les coûts de production. Enfin les Français (75%) ouvrent des perspectives en se disant prêt à payer un peu plus cher la viande et de lait sous réserve sans doute d’une régulation et d’un étiquetage qui rendent  compte de la qualité et de l’origine des produits. Conclusion les Français rejoignent le point de vue des acteurs qui consistent à vouloir une meilleure rémunération des productions et non pas des aides. 73 % des Français ont un jugement négatif vis-à-vis du ministre de. Même les électeurs socialistes ont, certes à une courte majorité (51%), une mauvaise opinion du ministre de l’Agriculture. Par ailleurs  les Français ne sont pas d’accord avec les mesures annoncées par le ministre de l’Agriculture pour tenter de résoudre la crise agricole (baisse de sept points des cotisations patronales, année blanche sociale pour les agriculteurs à faible revenu, réunion d’urgence à Bruxelles…). Près de huit sur dix (78% t) jugent ainsi qu’elles ne vont pas dans le bon sens, ou à l’opposé seuls deux sur cinq approuvent la politique du gouvernement en la matière.  83% des Français jugent que le ministre de l’Agriculture n’agit pas assez. Même les proches du PS sont insatisfaits puisque 34% seulement d’entre eux jugent le gouvernement en fait assez pour venir en aide aux agriculteurs… Résultat, 87% des Français comprennent la colère actuelle des agriculteurs et 69% le soutiennent.

 

Crédit agricole (casa) : recentrage sur les activités d’investissement

Crédit agricole (casa) : recentrage sur les activités d’investissement

Crédit agricole a lancé jeudi une lourde opération de simplification de sa structure capitalistique afin de rassurer les investisseurs sur la solidité et la rentabilité de sa structure cotée, particulièrement malmenée en Bourse. Annoncée à l’occasion de la publication des résultats 2015, cette transaction intra-groupe à 18 milliards d’euros prévoit le rachat par les 39 caisses régionales de la participation de 25% détenue par Crédit agricole S.A. (Casa) dans ces dernières.  « Au fond notre objectif est assez simple, nous voulons mettre fin à ce paradoxe assez insupportable qui consiste à être un grand groupe bancaire très capitalisé avec régulièrement sur sa structure cotée une espèce de doute sur la fragilité de son capital », a déclaré à la presse Philippe Brassac, le directeur général de Casa.  Outre le fait qu’elle clarifie la structure du mutualiste en mettant un terme à l’actionnariat croisé, l’opération « Eurêka » permettra à CASA d’augmenter et de sanctuariser son ratio de solvabilité Core Equity Tier 1 à 11%, sur la période 2016-2019, soit 150 points de base au-dessus des exigences règlementaires. Au-delà, la « qualité » du capital de Casa s’améliore également en cela qu’il ne repose plus sur les mécanismes de transferts (switch) intragroupe, annulés de facto par l’opération.  Très fortement capitalisées, les caisses régionales ont donc accepté d’utiliser leur « puissance financière », selon le mot du directeur général, pour diminuer, au bénéfice de Casa, leur propre ratio de solvabilité à 17,3%.  Pour le groupe, dont le ratio se situe à 13,7%, l’opération est neutre, tant au niveau fiscal qu’à celui des résultats. Pour Casa en revanche, la cession de sa participation dans les caisses régionales la privera de sa part des bénéfices de ces dernières et renforcera son exposition à la banque de financement et d’investissement, au détriment de la banque de détail.  Son profil se rapprochera de celui de Natixis, la banque d’affaires cotée de son cousin mutualiste BPCE, une perspective qui ne doit pas, selon la direction de Casa, inquiéter les actionnaires échaudés par la tempête boursière qui secoue actuellement les valeurs bancaires.  (Reuters)

Agriculture : ça va fort pour le Crédit agricole moins pour les producteurs

Agriculture : ça va fort pour le Crédit agricole moins  pour les producteurs

Si l’on s’en tient aux résultats financiers de la banque Crédit Agricole, ça va fort pour le secteur de l’agriculture. Il n’en n’est pas de même pour les éleveurs mais c’est le paradoxe depuis que les agriculteurs ont pratiquement été dépossédés par les financiers de leur banque coopérative (même si juridiquement les caisses régionales disposent d’un pouvoir). Forte d’un bénéfice 2015 en hausse de 50% à 3,51 milliards d’euros, a annoncé mercredi la refonte de son capital, son entité cotée devant céder cet été ses parts dans les 39 caisses régionales du groupe pour un montant de 18 milliards d’euros. Crédit Agricole SA (CASA) renoue avec des « résultats à des niveaux historiques », s’est félicité son directeur général Philippe Brassac au cours d’une conférence de presse. Le bénéfice net du groupe Crédit Agricole, qui intègre la totalité du résultat des caisses régionales, a lui aussi bondi de 22,7% à 6 milliards d’euros l’an dernier. CASA en a profité pour confirmer le lancement de son projet, déjà évoqué en janvier, de céder ses parts dans les caisses régionales à une entité dédiée et contrôlée par ces dernières pour un montant de 18 milliards.

Crise agricole : des marges de manœuvre limitées (Jean-Christophe Bureau, spécialiste en économie agricole)

Crise agricole : des marges de manœuvre limitées (Jean-Christophe Bureau, spécialiste en économie agricole)

Jean-Christophe bureau, spécialiste en économie agricole souligne les limites d’intervention sur les prix agricoles tant de la part de la France que de l’Europe. Une analyse pertinente mais qui fait cependant l’impasse sur la question du modèle industrialisé de l’élevage et sur  la qualité des produits (interview Le Figaro)

Jean-Christophe BUREAU. - La France a les poings liés en ce qui concerne le soutien au prix et les aides liées à la production depuis le Traité de Rome en 1957. Elle peut aider socialement les éleveurs mais pas aider les cours. Elle a plus de liberté sur les aides qui ne sont pas liées directement aux quantités produites, comme celles qui concernent des actions sociales ou environnementales. Cette discipline européenne empêche par exemple de soutenir les prix du porc. De toute façon, même sans contrainte européenne, la France ne pourrait pas vraiment garantir un prix plus élevé, car cela supposerait des achats publics très couteux. Elle n’en a absolument pas les moyens.

Quels sont les points de blocage?

Ce qui bloque, c’est le dialogue avec la distribution, et plus encore avec les transformateurs. Dans la charcuterie salaison par exemple, les entreprises cherchent la matière première la moins chère, même si elle est importée. Il n’y a pas vraiment de dynamique de filière bien organisée comme on peut en trouver dans les productions végétales (NDLR: le sucre par exemple). Les coopératives ne peuvent pas rémunérer beaucoup plus les producteurs car elles auront du mal à vendre leurs produits aux transformateurs. Elles ont insuffisamment investi dans la transformation à haute valeur ajoutée. Il y a un problème de valeur ajoutée et d’innovation, notamment dans la filière de la viande bovine et au niveau des abattoirs, les faibles marges permettent peu d’investir. On se retrouve dans un cercle vicieux, duquel il est difficile de sortir.

L’Europe possède-t-elle agir sur les prix?

La nouvelle politique agricole commune (PAC) prévoit un système de filets de sécurité pour intervenir quand les cours sont bas. Mais seules des actions assez ponctuelles sont possibles qui ne permettent pas de soutenir structurellement les cours. Cela peut prendre la forme d’aide au stockage d’une partie de la production par exemple. Mais nous sommes au niveau européen, en production porcine et laitière, sur un excédent de production relativement chronique depuis deux ans, qui a empiré suite à des aléas extérieurs comme l’embargo russe, la chute du marché grec, la baisse de la demande chinoise de produits laitiers. Dans le cas de l’embargo russe, il s’agit de négociations politiques. Sur ce type de problèmes, la Commission ne peut intervenir que pour faciliter les relations extérieures entre l’Europe et la Russie. L’Europe n’est pas très bien armée pour agir sur les prix. Il faut voir que certains producteurs peuvent offrir du lait ou du porc à des prix très bas comme les Irlandais qui peuvent produire du lait à 26 centimes le litre. L’Europe pourrait décider de soutenir les prix à 30 ou 32 centimes, avec des achats publics. Mais il y aurait un afflux de production et la création de surplus deviendrait rapidement ingérable.

Peut-elle limiter le dumping social?

Là où il y a effectivement distorsion de concurrence, c’est sur le coût du travail. En Allemagne, il y a beaucoup de travailleurs détachés dans la filière du porc par exemple, ce qui permet de produire moins cher. Mais la Commission ne peut pas jouer sur l’aspect social. Cela nécessite des négociations politiques entre États-membres, pour qu’ils se mettent d’accord sur une législation sociale commune. L’Allemagne, le Danemark, réussissent à être concurrentiel; que la France soit dans la panade ne les touche pas forcément.

Crédit agricole : 700 millions d’amende

Crédit agricole : 700 millions d’amende

 

Il est loin le temps où le Crédit agricole appartenait vraiment aux agriculteurs pour financer les activités de proximité. Désormais le Crédit agricole est devenue une banque internationale qui fait tout et parfois n’importe quoi. Le Crédit agricole est en effet sur le point d’annoncer un accord avec les autorités américaines pour tourner la page sur ses violations passées de boycott de l’Iran, du Soudan, de Myanmar et de Cuba entre 2003 à 2008. La banque française s’apprêterait, selon des sources proches du dossier, à payer 787 millions de dollars (soit l’équivalent de 694 millions d’euros) au Trésor américain et au régulateur bancaire newyorkais. En échange, la banque éviterait de plaider coupable de délit pénal. Ce dernier point est important, notamment pour l’image de la banque verte: lorsque BNP Paribas en 2014 a été contrainte de verser la somme colossale de 9 milliards de dollars pour des violations plus systématiques des lois américaines interdisant le commerce avec l’Iran et le Soudan, le géant européen avait en outre dû plaider coupable de délits passibles de sanctions pénales. Le Département de la justice avait alors jugé que BNP Paribas avait tardé à coopérer avec ses procureurs et avait même ignoré les mises en garde des autorités américaines. Ce n’est pas le cas avec le Crédit agricole dans cette affaire. En revanche l’établissement français accepterait un régime renforcé de surveillance de ses activités pendant plusieurs mois. La somme elle-même de 787 millions de dollars est légèrement inférieure aux estimations initiales qui évoquaient plutôt 900 millions de dollars. La banque a déjà provisionné au delà de ce montant (1,6 milliard), ce qui devrait minimiser l’impact de l’amende sur ses résultats.

Crédit agricole : amende d’un milliard

Crédit agricole : amende d’un milliard

On peut légitimement être surpris que le Crédit agricole soit sous le coup d’une amende d’une telle somme par les autorités américaines. Mais c’est  la conséquence d’une transformation progressive du Crédit agricole en groupe bancaire généraliste international. Le Crédit agricole est aujourd’hui la première banque française avait très avec près de 30 % de parts de marché. À l’origine vers la fin du XIXe siècle de crédit agricole a été créé dans un but mutualiste pour aider les entreprises agricoles françaises à caractère familial. De proche en proche la structure juridique s’est transformée pour s’éloigner de plus en plus de son objet social initial et devenir une banque internationale dont certaines activités sont très éloignées de la problématique agricole française. Théoriquement le crédit agricole est encore sous le contrôle des caisses régionales  et des agriculteurs mais il y a longtemps que la superstructure a pris le pouvoir. Notons que le développement assez extraordinaire de cette banque a surtout été permis par le soutien financier public notamment pendant longtemps grâce au soutien de la Banque de France et aux  prêt à taux bonifiés ( financés en fait par l’Etat). La diversification des activités leur extension au plan international a amené le crédit agricole à s’engager dans des opérations parfois douteuses qui justifient aujourd’hui c’est amende de 1 milliard par les autorités américaines. Crédit agricole est donc sur le point de conclure avec les autorités américaines un accord amiable dans le cadre duquel il verserait environ 900 millions de dollars (804 millions d’euros) pour mettre fin aux enquêtes ouvertes sur des soupçons de transferts de fonds illégaux via les Etats-Unis au profit d’individus ou de pays, comme le Soudan ou l’Iran, visés par des sanctions, a-t-on appris de source proche du dossier.  Les discussions se poursuivent et le montant des pénalités en cours de négociation avec différentes autorités américaines peut encore évoluer. Une deuxième source a évoqué un montant « dans le haut de la fourchette des centaines de millions » et laissé entendre qu’il pourrait atteindre un milliard.  Le mois dernier, lors de la présentation de ses résultats, la banque française a déclaré que ses discussions avec les autorités américaines étaient « très avancées » et qu’une « résolution globale » devrait intervenir avant la fin de l’année. Au total, le groupe a provisionné 1,6 milliard d’euros pour faire face à de possibles contentieux, notamment aux Etats-Unis, mais sans préciser le montant alloué au dossier des sanctions. Les discussions en cours portent principalement sur des faits remontant à la période 2003-2008, a expliqué une source.

 

12345



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol