Archive pour le Tag 'Agribashing'

«Agribashing : stop  !»

«Agribashing : stop  !»

  » Agribashing, stop », déclarent des parlementaires dans une tribune à l’Opinion .

 

Un jeune agriculteur du Finistère, dont les bâtiments avaient été tagués d’insultes, a dévoilé la fresque « Nourrir notre Humanité » de l’artiste breton Heol, qui recouvre les slogans injurieux.

Olivier Damaisin, député LREM du Lot-et-Garonne, a été chargé, en février dernier par le Premier ministre, d’une mission ayant pour objet la prévention et l’accompagnement des difficultés rencontrées par les agriculteurs, qui conduisent à une recrudescence des suicides dans le monde rural. Il s’alarme des attaques contre l’agriculture et contre celles des antispécistes, décidés à éradiquer l’élevage.

Depuis quelques années, le phénomène de l’agribashing grandit et de plus en plus, nos agriculteurs sont visés par des intimidations, des dégradations, des insultes. Des individus vont jusqu’à s’introduire dans leurs exploitations. Ils font des films aux commentaires orduriers, avant de jeter les exploitants en pâture sur les réseaux sociaux. Parfois même, les intrus dégradent, cassent et volent.

Ces actes de malveillance répétés, nous devons les prendre très au sérieux : ils gâchent la vie de leurs victimes, inquiètes chaque jour de savoir ce qui peut leur arriver. Ce qui peut arriver à leurs familles, à leurs bêtes. Ces militants, souvent des antispécistes radicaux, nourrissent la défiance et l’hostilité envers notre modèle agricole.

Chaque jour sur le terrain, dans ma circonscription, je vois les sacrifices que doivent accepter nos agriculteurs, toute la passion qu’ils mettent dans leur métier et le soin qu’ils donnent à leurs animaux. La réalité, c’est qu’ils font un travail difficile, exigeant, et pourtant essentiel. Ils ne connaissent pas de repos, font une partie de la renommée de la France et nous permettent de bénéficier de produits d’une qualité exceptionnelle. Ils se soumettent à des contrôles stricts et réguliers, s’investissent pour améliorer le bien-être animal.

. La loi est particulièrement vigilante sur ces sujets, et c’est elle seule qui doit s’appliquer. L’Etat est là pour veiller à son application et lui seul est légitime dans ce rôle. Rien ne justifie une quelconque intimidation.

Cette façon d’imposer ses opinions par la violence a atteint son paroxysme le 28 août dernier, avec l’intrusion sur l’exploitation des Divanac’h, éleveurs du Finistère. Celle-ci s’est soldée par des tags absolument abjects sur leur silo, comparant leur métier au nazisme et leurs méthodes d’élevage à un camp de concentration.

Pour moi, c’est la comparaison de trop ! Non, ces pratiques agricoles – même si elles ne conviennent pas à tout le monde – n’ont rien à voir avec la doctrine raciste de l’Allemagne des années 1930-1940. Non, le fait de produire de la viande à destination de la consommation humaine n’a rien à voir avec la Shoah et l’extermination de millions d’êtres humains. Il est inadmissible que ces mouvements utilisent la peur et la menace pour parvenir à leur objectif final : la fin de l’exploitation animale. Avoir des convictions n’autorise pas tous les actes !

Il y a quelques jours, la réaction positive et intelligente de cette famille a été dévoilée, sous la forme d’une fresque recouvrant les tags et portant ce message positif de résilience : « Nourrir notre humanité ». Ce message illustre parfaitement le rôle fondamental des agriculteurs. Je tiens à saluer ce geste admirable, ainsi que l’artiste Héol, qui a réalisé cette fresque et que je félicite également pour la qualité de son travail. Une telle réaction de non-violence, d’appel à la tolérance, était la meilleure conduite à tenir face à ces individus.

Faire d’un acte caché, puisque réalisé de nuit, une œuvre publique, faire d’une accusation unilatérale violente un prétexte pour renouer le dialogue, voilà qui demandait du courage et une ouverture d’esprit incroyables. C’est ce genre d’initiatives qui est à soutenir, que l’on doit espérer voir se multiplier, non les cas d’intrusions et d’agressions, en progression constante depuis quelques années. En 2019, la gendarmerie ne recensait pas moins de 15 000 attaques, soit deux actes de malveillance par heure contre les agriculteurs.

Pire encore, ces actions sont soutenues par des associations nationales, qui ont pignon sur rue, telles que L214, qui a été jusqu’à déposer une requête, avec le soutien de la Ligue des Droits de l’Homme, demandant le démantèlement de la cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole, « Déméter » – créée en octobre 2019, au sein de la gendarmerie nationale, elle est destinée à apporter une réponse globale et coordonnée à l’ensemble des problématiques qui touchent celui-ci et assurer la sécurité de ses acteurs. On marche sur la tête ! Imaginez qu’un agriculteur a été condamné à payer 3 000 € pour frais de justice à l’association instigatrice des violences dont il a été victime. Jusqu’où ira-t-on ?

La plupart des agriculteurs en détresse ont l’impression de mener leur travail en conscience, et que, si évolution de leurs pratiques il doit y avoir, elle doit être envisagée sur le moyen et le long terme, en adéquation avec l’évolution du marché de l’alimentation. C’est également cette vision de la transition écologique que nous défendons, nous parlementaires.

Que ce travail soit ainsi foulé aux pieds – malheureusement pas seulement au sens figuré – par des intégristes qui ne considèrent qu’une partie des problématiques et des enjeux de leur métier au mépris de toutes les autres, voilà ce qui est incompréhensible, alors qu’il serait si simple de se mettre autour d’une table et de discuter des problèmes. Ceci d’autant plus que la plupart des agriculteurs seraient prêts à ouvrir les portes de leur exploitation pour faire connaître leurs méthodes au grand public.

Il faut continuer à dénoncer tous ces actes, même les plus « anodins » aux yeux de l’opinion publique – comme se boucher le nez devant un pulvérisateur, faire des doigts d’honneur, railler les enfants à l’école –, de même que cette prétention à s’affranchir des lois pour jouer les « justiciers masqués » au nom du respect de sa propre volonté. Nous avons instauré la laïcité pour que toutes les religions aient droit de cité, le même principe s’impose en matière d’orientations alimentaires et de sensibilité écologique.

Entre l’usage des phytosanitaires et leur dispersion dans l’air, la cause animale, les nuisances sonores et odorantes, les agriculteurs sont de plus en plus perçus comme des pestiférés – parfois par d’anciens citadins venus installer leur résidence principale ou secondaire à la campagne sans aucun souci de ses usages.

La diffusion du film d’Edouard Bergeon, Au Nom de la terre, et du livre de Camille Beaurain, Tu m’as laissée en vie, ont grandement contribué à faire prendre conscience à l’ensemble des Français de la réalité quotidienne des agriculteurs, ainsi que du modèle « urbano-centré  » que nous avons laissé se développer au détriment de la ruralité et de ses principaux acteurs, les agriculteurs.

Prévention. L’agribashing faisait aussi partie de ma mission de prévention. Analyser la situation avec davantage d’objectivité était l’une des raisons qui ont poussé le gouvernement à me la confier. Quand on connaît mieux, il est plus facile de faire de la prévention. Or l’agribashing a un rôle considérable, peut-être même le plus important, dans le mal-être de nos agriculteurs.

Mon message à leur endroit est donc « ne restez pas seuls  ». Parlez, dénoncez, faites-vous entourer et soutenir, mais surtout ne vous faites pas justice vous-mêmes ! N’hésitez pas à contacter la Chambre d’agriculture, votre syndicat, les dispositifs Déméter ou Vigiagri. En cas de menaces, l’agriculteur ne doit pas hésiter une seconde à s’adresser à sa brigade locale de gendarmerie, dont chacune dispose d’un « référent sûreté » formé aux problématiques du monde agricole. S’il le souhaite, il peut également solliciter un diagnostic de sûreté, gratuit, dans son exploitation.

Pour lutter efficacement contre l’agribashing, il nous faut impérativement une stratégie collective. Les observatoires de l’agribashing, mis en place par le Ministère de l’Agriculture à l’échelle des départements vont dans ce sens. Par la prévention, l’échange de bonnes pratiques, le renseignement et la réponse judiciaire, nous parviendrons à des solutions communes, efficaces et concertées pour endiguer ce phénomène.

Les agriculteurs sont au centre de l’attention de notre gouvernement. Travailler à leur redonner dignité et reconnaissance de leur travail et de leur apport incommensurable à notre société, fait partie de nos priorités. Toutefois, c’est à chacun, à son niveau de citoyen, de s’emparer de ce problème et de ne pas laisser faire. Notre vivre ensemble, ainsi que notre souveraineté alimentaire et notre modèle agricole, méritent cet effort, pour la réussite de notre transition, non seulement écologique, mais aussi sociétale et humaniste.

Agribashing: la critique d’un modèle agricole industriel

 Agribashing: la critique d’un modèle agricole industriel

 

Indéniablement le mouvement récent des agriculteurs à connu un certain succès. Restent  cependant des ambiguïtés dans ce qui alimente le mécontentement. Il s’agit en fait d’une double motivation, une de nature économique pour protester  contre des revenus indécents, une autre de nature plus politique quant au rapport de l’agriculture à l’environnement. L’opposition entre la fin du monde et la fin du mois. En réalité, deux  aspects  relativement liés dans la mesure où c’est précisément le modèle agricole industriel qui porte atteinte à la fois au  revenu de nombre d’acteurs et à l’environnement. Ce qu’ explique un collectif d’agriculteurs dont José Bové dans une tribune au Monde.

 

 » Nous, agriculteurs, agricultrices, observons une atmosphère de crispation, d’incompréhension, entre une partie du monde agricole et le reste de la société, principalement focalisé sur l’utilisation des pesticides et sur l’élevage industriel.

Concernant les pesticides, leurs effets néfastes pour la santé humaine et l’environnement sont prouvés par de nombreuses publications scientifiques, tandis que le rejet de l’élevage industriel correspond à la dénonciation d’un système de maltraitance animale à grande échelle qui ne permet pas aux éleveurs et salariés concernés de s’épanouir ni de s’en sortir économiquement.

Ces pratiques portent atteinte à l’environnement ici et ailleurs comme le montrent le problème des algues vertes en Bretagne, la dégradation de nos ressources en eau, ou encore la déforestation générée par la monoculture de soja OGM au Brésil.

Les critiques de ces pratiques, légitimes, sont qualifiées d’« agribashing » par la FNSEA [Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles], formule reprise par le ministre de l’agriculture et le président de la République. Pourtant, la remise en cause du modèle agro-industriel dominant n’est pas de l’agribashing ! Il ne s’agit pas de dire que l’agriculture est mauvaise, maléfique, ou que les urbains n’aiment pas les agriculteurs ! Il s’agit de critiquer un modèle qui entraîne les agriculteurs et notre société dans le mur.

Ce modèle endette dangereusement les agriculteurs, continue de vider les campagnes de leurs paysans, pousse à un gigantisme empêchant les jeunes de reprendre les fermes des retraités, pollue les sols et les eaux, détruit la biodiversité, dégrade la santé des écosystèmes et des humains. Cette agriculture basée sur l’agrochimie, la spécialisation à outrance des territoires et la mondialisation, contribue au réchauffement climatique et est peu résiliente face aux événements extrêmes qui se multiplient.

Pourtant, l’agroécologie paysanne que nous pratiquons, le plus souvent en bio, depuis de nombreuses années, représente une alternative crédible. Cette agriculture, qui lie agronomie et écologie, nous permet de vivre avec dignité et de transmettre nos fermes, tout en fournissant une alimentation saine à nos concitoyens. Nous montrons au quotidien que ce type d’agriculture peut redynamiser les territoires, en créant des emplois, du lien social, du paysage, de la biodiversité et de la résilience. »

 




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