Archive pour le Tag 'Afrique'

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Ukraine : Des conséquences sur les importations de blé en Afrique

 Ukraine : Des conséquences sur les importations de blé en Afrique 

 

 

Traditionnellement cultivés en Afrique, mil, sorgho, fonio, maïs et orge sont délaissés au profit du blé. Le continent devrait davantage les exploiter pour éviter les risques de pénurie alimentaire engendrés par le conflit russo-ukrainien, explique Njoya Tikum, du bureau sous-régional du PNUD pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, dans une tribune au « Monde ».

 

La crise ukrainienne provoque de graves problèmes d’approvisionnement de blé à l’Afrique mais aussi le renchérissement des arrêts alimentaires importés comme le riz. NDLR

Les céréales ukrainiennes s’acheminent lentement par cargos vers le monde, depuis l’accord du 22 juillet entre Moscou et Ankara visant à établir des couloirs de navigation sécurisés. Mais ces 20 à 25 millions de tonnes de blé et de maïs bloquées dans les ports de la mer Noire vont-elles suffire à combler la pénurie provoquée en Afrique par le conflit russo-ukrainien et la sécheresse qui sévit ?

Des chiffres sont martelés partout, comme si la dépendance à l’égard du blé russe et ukrainien – 30 % de la production mondiale – relevait d’une fatalité. Certes, la situation est alarmante. Selon la Banque africaine de développement (BAD), l’Afrique est confrontée à une pénurie d’au moins 30 millions de tonnes métriques de denrées alimentaires, en particulier de blé, de maïs et de soja importés. Cette situation se révèle encore plus dramatique pour certains pays, tels que l’Egypte – qui importe jusqu’à 85 % de ses besoins en blé de la Russie et de l’Ukraine.

Cependant, pour prendre du recul, d’autres chiffres tout aussi importants méritent d’être rappelés. Ainsi, en Côte d’Ivoire, le manioc représente la deuxième culture après l’igname, avec une production de 6,4 millions de tonnes par an. Une abondante ressource pour fabriquer du pain – ce que les autorités encouragent, même si les consommateurs estiment le produit local de moindre qualité.

De ce point de vue, une évolution des mentalités est essentielle afin de promouvoir des habitudes alimentaires moins extraverties. Le Togo n’a pas attendu le conflit en Ukraine pour décider, fin 2019, de l’incorporation de 15 % de céréales locales dans la préparation du pain. L’Egypte, de son côté, recommande aux boulangers la fabrication du pain à base de patate douce.

Le sort de l’Afrique sur la question de la sécurité alimentaire ne se joue pas dans l’actuelle crise des importations de blé. Le continent ne devrait plus cultiver de nouvelles dépendances, mais plutôt ses propres céréales. Mil, sorgho, fonio, manioc, maïs et orge représentent des bases alimentaires dans nombre de pays au sud du Sahara. Elles sont parfois délaissées pour des produits importés jugés meilleurs, dans ce qu’il faut bien considérer comme un effet de la mondialisation, mais aussi d’une forme d’aliénation postcoloniale.

Le Sénégal importe environ 600 000 tonnes de blé par an contre 100 000 dans les années 1980, en raison d’une mode qui fait fureur dans les villes : le sandwich, rebaptisé « pain-thon » au pays de Senghor. Pas moins de 8 millions de baguettes de blé sont consommées chaque jour pour une population de 16 millions d’habitants.

Afrique-Sénégal: la tentation de l’extrêmisme

Afrique-Sénégal: la tentation de l’extrêmisme

 

Un papier du monde évoque la tentation de l’extrémisme dans une opinion sénégalaise déçue de la gestion du pouvoir en place notamment en matière de progrès social. Une tentation qui pourrait bien s’élargir à d’autres pays africains qui vont être très affectés par l’inflation et la crise alimentaire en cours.

Les ingrédients d’une crise postélectorale semblent réunis au Sénégal, après la tenue des élections législatives, dimanche 31 juillet. Un pouvoir dont la majorité ne tient plus qu’au ralliement d’au moins un député, une opposition qui dénonce un hold-up et menace de ne pas se laisser « confisquer la victoire ». La question est désormais de savoir si la contestation se jouera devant la justice ou se déversera dans les rues. Depuis mars 2021, la vie politique a provoqué la mort d’au moins dix-sept Sénégalais.

 

La démocratie fonctionne encore mais jamais le fossé entre dirigeants et opposants n’a paru aussi grand. Le premier pôle est incarné par le président Macky Sall, qui s’efforce avec la même vigueur depuis 2012 de développer son pays et de réduire comme il l’avait promis « l’opposition à sa plus simple expression ». Ses réalisations économiques sont aussi visibles que l’échec de son second pari. Si ces législatives avaient valeur de référendum sur une éventuelle candidature à un troisième mandat présidentiel en 2024, le message est là : plus de la moitié des votants se sont portés sur l’opposition.

Le deuxième pôle est représenté par une figure moins iconoclaste qu’elle n’y paraît dans cette vie politique sénégalaise où se mélangent depuis des décennies personnalités formées à l’extrême gauche et d’autres, proches des confréries religieuses. Pourfendeur de la corruption du pouvoir en place, promoteur de valeurs conservatrices, bien qu’il soit accusé de « viols et menaces de mort » dans un salon de massage, Ousmane Sonko est le reflet d’un certain populisme dans l’air du temps. Il a aussi émergé parce que Macky Sall a neutralisé ses autres rivaux. « Le Sénégal est une démocratie sans démocrates, où les deux leaders ne semblent pas intérioriser les principes du débat contradictoire », souligne le professeur de sciences politiques Moussa Diaw.

Derrière ces deux figures apparaissent en filigrane deux Sénégal, l’un dans lequel se retrouvent schématiquement les bénéficiaires de la croissance et l’autre habité de ceux, souvent jeunes, qui attendent dans leur quotidien bien plus qu’un discours autosatisfait du pouvoir. Une troisième voie mériterait d’être entendue. Plus de la moitié des Sénégalais se sont abstenus dimanche.

Cette crise de confiance est symptomatique de l’évolution de l’Afrique de l’Ouest francophone qui, il y a à peine dix ans, pouvait se targuer de ses progrès démocratiques et voit aujourd’hui les régimes se maintenir par des « tripatouillages » constitutionnels, et les coups d’Etat militaires se succéder.

Déjà en souffrance au Mali, la France peut s’inquiéter de sa relation avec le Sénégal, pays avec lequel elle entretient une intimité complexe. Macky Sall, actuel président de l’Union africaine, est un partenaire privilégié, qui défend aussi les intérêts de son pays et de son continent. Après Vladimir Poutine, il devrait rencontrer Volodymyr Zelensky en août. Un an avant son entrée programmée dans le club des producteurs de pétrole et de gaz, le Sénégal attise aussi les convoitises.

A Paris, l’éventualité Sonko fait frémir. La Russie a tout intérêt à faire les yeux doux à un jeune tribun « anticolonialiste ». L’intérêt de l’Elysée est aujourd’hui de convaincre M. Sall de sortir par le haut en 2024 et d’ouvrir le jeu politique à des talents dont le Sénégal ne peut pas manquer. Dans le cas contraire, des protestations, où les intérêts français seront inévitablement visés, ne manqueront pas d’accompagner le maintien du sortant. Une arrivée au pouvoir d’Ousmane Sonko serait, elle, le signe d’un certain rejet populaire, préfigurant une rupture avec un pays central dans la relation de la France à l’Afrique.

Politique -Afrique : Après la colonisation occidentale, la colonisation chinoise, la colonisation russe !

Politique Afrique : Après la colonisation occidentale,  la colonisation chinoise, la colonisation russe !

 

Après le Mali, des manifestations  anti françaises se développent au Burkina Faso inspirées par les Russes. La Russie déjà depuis un moment pousse  ses pions en Afrique pour influencer les régimes politiques y compris en les déstabilisant.

D’une certaine manière,  les colonisations se succèdent sur ce continent encore fragile mais qui au moins connaît la démocratie. Cependant certains régimes autocratiques mettraient  bien la démocratie entre parenthèses en s’inspirant du modèle russe pour se maintenir au pouvoir et éviter l’obstacle des urnes.

On observera d’ailleurs que la plupart des pays qui se rapprochent de la Russie présentent de grandes fragilités démocratiques autant qu’économiques. Ce n’est sans doute pas la Russie qui apportera à ces pays les moyens d’un développement durable et d’une société démocratique.La Russie veut au contraire combattre les valeurs démocratiques et imposer par la terreur la dictature et le sous-développement. Le pouvoir et les richesses étant confisquées par des oligarques et des voyous voire des criminels.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov débutera une tournée en Afrique dimanche afin de développer les liens économiques entre la Russie et le continent, alors que l’Occident a imposé des sanctions contre Moscou en raison de l’invasion de l’Ukraine.

Pour accroître l’influence de la Russie,Sergueï Lavrov rencontrera les membres de la Ligue arabe au Caire, en Egypte, avant de se rendre en Ethiopie, en Ouganda et en République du Congo.Trois pays pas spécialement exemplaires

L’Egypte entretient des liens stratégiques et économiques avec la Russie, qui lui fournit notamment des armes et lui livre des céréales.

L’Egypte « estime que le monde devient de moins en moins polarisé, et elle ne voit pas pourquoi elle devrait limiter ses relations à l’Occident », explique-t-on.

Moscou a également profité de la détérioration des relations entre l’Occident et l’Ethiopie – en raison du conflit au Tigré – pour développer des liens avec Addis-Abeba.

La Russie a trouvé sur le continent les moyens de rétablir son influence en proposant surtout une aide sécuritaire aux pays fragiles politiquement.

Politique Afrique : Après la colonisation occidentale, la colonisation chinoise, la colonisation russe !

Politique Afrique : Après la colonisation occidentale,  la colonisation chinoise, la colonisation russe !

 

La Russie déjà depuis un moment ses pions en Afrique pour influencer les régimes politiques y compris en les déstabilisant.

D’une certaine manière l,es colonisations se succèdent sur ce continent encore fragile mais qui au moins connaît la démocratie. Cependant certains régimes autocratiques mettraient  bien la démocratie entre parenthèses en s’inspirant du modèle russe pour se maintenir au pouvoir et éviter l’obstacle des urnes.

On observera d’ailleurs que la plupart des pays qui se rapprochent de la Russie présentent de grandes fragilités démocratiques autant qu’économiques. Ce n’est sans doute pas la Russie qui apportera à ces pays les moyens d’un développement durable et d’une société démocratique.La Russie veut au contraire combattre les valeurs démocratiques et imposer par la terreur la dictature et le sous-développement. Le pouvoir et les richesses étant confisquées par des oligarques et des voyous voire des criminels.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov débutera une tournée en Afrique dimanche afin de développer les liens économiques entre la Russie et le continent, alors que l’Occident a imposé des sanctions contre Moscou en raison de l’invasion de l’Ukraine.

Pour accroître l’influence de la Russie,Sergueï Lavrov rencontrera les membres de la Ligue arabe au Caire, en Egypte, avant de se rendre en Ethiopie, en Ouganda et en République du Congo.Trois pays pas spécialement exemplaires

L’Egypte entretient des liens stratégiques et économiques avec la Russie, qui lui fournit notamment des armes et lui livre des céréales.

L’Egypte « estime que le monde devient de moins en moins polarisé, et elle ne voit pas pourquoi elle devrait limiter ses relations à l’Occident », explique-t-on.

Moscou a également profité de la détérioration des relations entre l’Occident et l’Ethiopie – en raison du conflit au Tigré – pour développer des liens avec Addis-Abeba.

La Russie a trouvé sur le continent les moyens de rétablir son influence en proposant surtout une aide sécuritaire aux pays fragiles politiquement.

Afrique : Après la colonisation occidentale, la colonisation chinoise, la colonisation russe !

Afrique : Après la colonisation occidentale,  la colonisation chinoise, la colonisation russe !

 

La Russie déjà depuis un moment ses pions en Afrique pour influencer les régimes politiques y compris en les déstabilisant.

D’une certaine manière l,es colonisations se succèdent sur ce continent encore fragile mais qui au moins connaît la démocratie. Cependant certains régimes autocratiques mettraient  bien la démocratie entre parenthèses en s’inspirant du modèle russe pour se maintenir au pouvoir et éviter l’obstacle des urnes.

On observera d’ailleurs que la plupart des pays qui se rapprochent de la Russie présentent de grandes fragilités démocratiques autant qu’économiques. Ce n’est sans doute pas la Russie qui apportera à ces pays les moyens d’un développement durable et d’une société démocratique.La Russie veut au contraire combattre les valeurs démocratiques et imposer par la terreur la dictature et le sous-développement. Le pouvoir et les richesses étant confisquées par des oligarques et des voyous voire des criminels.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov débutera une tournée en Afrique dimanche afin de développer les liens économiques entre la Russie et le continent, alors que l’Occident a imposé des sanctions contre Moscou en raison de l’invasion de l’Ukraine.

Pour accroître l’influence de la Russie,Sergueï Lavrov rencontrera les membres de la Ligue arabe au Caire, en Egypte, avant de se rendre en Ethiopie, en Ouganda et en République du Congo.Trois pays pas spécialement exemplaires

L’Egypte entretient des liens stratégiques et économiques avec la Russie, qui lui fournit notamment des armes et lui livre des céréales.

L’Egypte « estime que le monde devient de moins en moins polarisé, et elle ne voit pas pourquoi elle devrait limiter ses relations à l’Occident », explique-t-on.

Moscou a également profité de la détérioration des relations entre l’Occident et l’Ethiopie – en raison du conflit au Tigré – pour développer des liens avec Addis-Abeba.

La Russie a trouvé sur le continent les moyens de rétablir son influence en proposant surtout une aide sécuritaire aux pays fragiles politiquement.

Afrique : des intérêts mal défendus

Afrique : des intérêts mal défendus

 

Un nouveau think-tank économique dévolu au financement des pays en développement, le Finance for Development Lab, a été lancé à Paris, jeudi 30 juin. Présidé par l’économiste Daniel Cohen, il veut mettre l’accent sur l’expertise des pays du Sud, notamment en Afrique, et prévoit pour ce faire de s’appuyer sur un réseau d’une vingtaine d’institutions et de spécialistes de différents pays. Son directeur exécutif, Martin Kessler, revient dans une interview au Monde Afrique sur les objectifs de ce club de réflexion qui propose notamment la création d’un nouveau mécanisme de liquidité pour le continent africain.

Un article intéressant sur les insuffisances de financement des projets économiques en Afrique. Le problème se pose en particulier vis-à-vis des PME coincées entre l’économie informelle et les très grandes entreprises souvent détenues par des fonds étrangers et qui peinent à exister. 

 

 

Pour quelle raison fallait-il, selon vous, créer un think-tank consacré spécifiquement au financement des pays en développement ?

Nous voulons aider à disséminer la recherche de nos partenaires des pays du Sud auprès des cénacles internationaux, car aujourd’hui de nombreuses propositions portées par ces think-tanks ne sont pas forcément entendues. On veut être un conduit pour ces institutions et notre ambition est également de les aider à améliorer la qualité de leurs travaux.

Les intérêts des pays en développement ne sont pas bien représentés ni défendus à l’échelle mondiale. On leur a fait beaucoup de promesses dans le contexte de la pandémie de Covid-19, que ce soit l’initiative de suspension du service de la dette, qui avait été présentée comme une avancée majeure, ou le « cadre commun » pour la restructuration de la dette des pays pauvres [mis en place par le G20 pour faciliter les négociations en réunissant des pays créanciers comme la Chine et les membres du Club de Paris], ou encore l’émission des droits de tirages spéciaux du Fonds monétaire international [DTS, la réserve de change du FMI, qui a permis d’apporter des liquidités à tous ses pays membres à l’été 2021]. Mais au bout du compte, ces initiatives étaient plutôt modelées sur ce que voulaient les pays développés et n’ont pas débouché sur grand-chose.

Prenons par exemple l’augmentation des DTS. Grâce à cet outil, on a pu réunir 650 milliards de dollars [620 milliards d’euros] et, sur ce montant, à peu près 30 milliards sont allés aux pays à bas revenus. C’est extrêmement peu. On avait parlé de réallouer une partie des DTS des pays riches vers les économies en développement, or cela n’a pas vraiment eu lieu. Tout ceci s’explique en partie par des contraintes institutionnelles, notamment la Banque centrale européenne (BCE) qui a considéré qu’une partie des DTS émis ne pouvaient pas être prêtés à d’autres pays car ils devaient constituer une réserve disponible à tout moment. Mais il y a aussi un problème de volonté politique et, du côté des pays du Sud, une difficulté à pointer ces contradictions et à faire des propositions alternatives.

 

Que suggérez-vous concrètement ?

Nous proposons la création d’un fonds de liquidité et de stabilité pour l’Afrique. Toutes les régions du monde disposent de filets de sécurité financiers, comme l’Asie avec l’Initiative de Chiang Mai [entrée en vigueur en 2010, elle permet aux pays de s’échanger des liquidités s’ils subissent, par exemple, des fuites de capitaux]. Mais ce n’est pas le cas pour le continent africain. Résultat : le premier acteur vers lequel les pays africains se tournent en cas de problème continue d’être le FMI. Or cela devient de plus en plus difficile politiquement, car même si le discours du FMI a changé, il continue d’imposer des contraintes strictes en matière de discipline budgétaire. Au Ghana par exemple, un recours au FMI est vu comme l’option nucléaire.

Santé-former les médecins spécialistes africains……en Afrique

  Santé-former les médecins spécialistes africains……en Afrique 

 

Stéphan Bretones, du centre hospitalier Saint-Joseph-Saint-Luc de Lyon, et Kora Tushune, de l’université éthiopienne de Jimma, appellent à repenser les projets de collaboration Nord-Sud.

 

Tribune.

 

Les collaborations Nord-Sud en médecine ne sont pas cantonnées aux missions humanitaires sur fond de guerre ou de catastrophes naturelles. Des échanges féconds existent de longue date dans le domaine de l’enseignement. En Afrique, il existe des universités de médecine dans la plupart des pays. On y forme des généralistes et des spécialistes, et si toutes les spécialités ne sont pas enseignées dans tous les établissements, elles sont accessibles ailleurs sur le continent, pour peu que l’on soit disposé à voyager.

Il en va différemment des surspécialités, qui concernent soit des compétences très pointues, soit des spécialités d’un seul organe à l’intérieur d’une même spécialité. Leur enseignement s’organise depuis de nombreuses années dans les systèmes de santé du Nord, mais manque cruellement au Sud. Il arrive donc que des universités africaines fassent appel à des homologues occidentaux pour des cours, des présentations ou des démonstrations opératoires, mais, le plus souvent, ces formations ont lieu en Europe ou aux Etats-Unis. Des déplacements qui sont coûteux pour les intéressés et peu rentables.

 

D’abord parce que beaucoup d’étudiants finissent par rester à l’étranger pour pallier les pénuries locales de personnel, ce qui prive les Etats africains d’enseignants dont les Etats ont besoin pour que leurs systèmes de santé évoluent. Ensuite parce que les médecins africains formés en Occident ne disposent pas toujours, dans leur pays d’origine, des technologies qu’ils ont appris à utiliser au Nord, ce qui peut poser problème dans leur pratique.

Nous pensons qu’il est préférable et surtout plus utile de former les futurs spécialistes africains en Afrique. Pour y parvenir, des projets de collaboration Nord-Sud respectueux de chacun et qui fonctionnent dans la durée sont possibles, comme en témoigne le partenariat entre le centre hospitalier Saint-Joseph-Saint-Luc de Lyon, les Hospices civils de Lyon et l’université de Jimma, en Ethiopie.

C’est l’université qui a sollicité, en 2016, l’équipe lyonnaise pour mettre en place une formation d’urogynécologie. Cette équipe, comprenant un professeur des universités et deux chirurgiens gynécologues, s’est engagée à assurer une formation sur place une semaine tous les deux mois pendant deux ans. Ces trois gynécologues ont permis d’assurer une formation théorique et pratique qui s’est soldée par une remise de diplômes d’urogynécologie de l’université de Jimma à cinq gynécologues obstétriciens éthiopiens.

 

Depuis, deux promotions ont été formées par les diplômés et une troisième est en cours. Aujourd’hui, le projet s’étend dans le pays puisqu’un nouvel enseignement d’urogynécologie s’ouvre prochainement dans la capitale, Addis-Abeba. Ce succès est lié en grande partie à l’engagement des acteurs locaux, mais aussi à l’entente entre les membres des équipes du Nord et du Sud. D’autres formations sont en cours à Jimma selon le même modèle. Chacun de ces enseignements fait suite à une demande de l’équipe médicale locale appuyée par l’université de Jimma.

Pour tous ces projets, il est important de souligner que l’université et son vice-président se sont engagés au niveau financier. Cela leur a permis de rester maîtres à bord et d’avoir un certain degré d’exigence sur le déroulement des formations. Trop de projets de collaboration dans le domaine de la santé prennent fin quand les fonds se tarissent. L’engagement des Etats africains et de leurs universités dans le financement de surspécialités est donc un point à ne pas négliger dans le futur.

Si la collaboration entre Lyon et Jimma a été fructueuse, c’est aussi parce que les équipes occidentales se sont impliquées sur le long terme, avec des professionnels aux profils variés. L’enseignement universitaire diplômant requiert bien évidemment le concours de professeurs d’universités pour assurer la partie théorique. Mais la formation des spécialistes passe aussi par le compagnonnage et l’apprentissage auprès des pairs. Dans les hôpitaux du Nord, c’est auprès de praticiens hospitaliers des services publics et privés que les futurs spécialistes sont formés.

Les universitaires sont peu nombreux et souvent trop occupés pour pouvoir s’engager seuls dans des programmes de formation à l’étranger. Les médecins non universitaires sont beaucoup plus nombreux, parfois plus jeunes, et souvent très motivés pour donner de leur temps dans des projets de partage de compétences. La mobilité des étudiants et de leurs professeurs français a permis de combiner de manière équilibrée l’observation au Nord avec une formation pratique et concrète au Sud. Ce point est important pour optimiser l’apprentissage, car la seule observation, tel que c’est le cas pour la plupart des médecins africains lorsqu’ils viennent apprendre une surspécialité au Nord, ne donne pas les compétences requises et forme les résidents en dehors du contexte dans lequel ils travaillent.

 

Si la France veut jouer un rôle dans le transfert de compétences du Nord vers le Sud, il faudrait dès à présent mettre en commun les forces vives du ministère de la santé et du ministère de l’enseignement supérieur, en collaboration avec le ministère des affaires étrangères, afin de construire les enseignements diplômants souhaités par les pays du Sud. Il faut pouvoir utiliser les compétences et envies de chacun pour permettre la formation de ceux qui donneront au pays ses spécialistes et surspécialistes.

Soutenir l’agriculture en Afrique

Soutenir l’agriculture en Afrique

 

Les auteurs de cette tribune, Pierre Arnaud, Karim Aït Talb, Jean-Marc Gravellini,  appellent les pouvoirs publics français à accompagner la création d’un véhicule financier « alimenté par un mélange de subventions, de prêts concessionnels et de ressources privées ».

 

Tribune.

 

Le secteur agricole et de l’élevage africain se trouve dans une situation paradoxale. Il occupe une place économique et sociale centrale, puisqu’il représente 23 % du PIB du continent et occupe près de 55 % de la population active. On estime également que 70 % des Africains vivent dans les zones rurales (soit près d’un milliard de personnes) et que 60 % des terres arables disponibles dans le monde se trouvent en Afrique. Pourtant, ces activités ne parviennent pas à assurer la sécurité alimentaire des habitants du continent. Une très grande majorité des populations rurales restent dans une situation de pauvreté endémique et de précarité dangereuse.

Avant même les crises sanitaire et ukrainienne, la part de la population malnutrie en Afrique de l’Ouest était déjà passée de 11,5 % en 2015 à 18,7 % en 2020 – soit 75 millions de personnes. Et la situation n’a fait que s’aggraver depuis, à cause des pénuries et de l’envolée des prix des matières agricoles, des engrais et du fret.

Une révolution doublement verte s’impose en Afrique, pour produire à la hauteur des besoins des Africains et le faire dans le respect de l’environnement et du climat. Nous pensons qu’il est possible de relever ce défi si l’on mise sur le dynamisme des entrepreneurs, hommes et femmes, en mettant à leur disposition les ressources financières qui leur manquent actuellement.

Dans la plupart des pays africains, il n’existe pas, aujourd’hui, de banques spécialisées dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage ni de banques de développement. Les banques commerciales, au-delà des crédits de campagne à court terme, ne disposent pas des ressources longues nécessaires et ce secteur d’activité leur paraît beaucoup trop risqué.

Si ces entreprises se tournent vers les institutions de financement du développement, comme Proparco, la Société financière internationale ou la Banque européenne d’investissement, leurs démarches n’aboutissent pas, car les montants sollicités sont jugés sont trop faibles pour rentabiliser les frais d’instruction des dossiers. Il est exigé en outre une antériorité de deux à trois ans pour prouver l’efficacité du business model. Et puis encore une fois, les secteurs de l’agriculture et de l’élevage sont considérés comme bien trop risqués et leur rentabilité jugée trop incertaine.

Afrique : avec la crise de la faim, le chaos démocratique ?

Afrique : avec la crise de la faim, le chaos démocratique ?

 

En Afrique, le chaos démocratique aggrave le risque de crise alimentaire pour Christophe Châtelot du Monde 

Les pays dirigés par des juntes militaires font face à des situations sociales tendues en raison de l’illégitimité de leur pouvoir et des répercussions de la guerre en Ukraine.

Le nom de Thierno Mamadou Diallo sera-t-il le premier inscrit en tête d’une longue liste d’annonces mortuaires à venir en Afrique de l’Ouest, victime collatérale et innocente d’une guerre qui se déroule à 6 000 kilomètres de chez lui ? Le jeune Guinéen de 19 ans est tombé, le 1er juin, à Conakry, sous les balles de la police (selon toute vraisemblance) en marge d’une manifestation spontanée dénonçant une augmentation subite du prix des carburants. Par décision gouvernementale, le litre d’essence à la pompe était en effet passé le matin même de 10 000 francs guinéens (GNF, soit environ 1 euro) à 12 000 GNF. Un prix qui permet à peine à un smicard guinéen d’acheter 36 litres de carburant s’il y consacre la totalité de son salaire mensuel. La junte militaire au pouvoir craint plus que tout de voir la population, exsangue, enflammer la rue et remettre son pouvoir illégitime en cause.

Comme tant d’autres pays, la Guinée subit les contrecoups économiques de la guerre en Ukraine et des sanctions internationales appliquées à la Russie. « En s’ajoutant aux dégâts causés par la pandémie de Covid-19, l’invasion russe de l’Ukraine [le 24 février] a accentué le ralentissement de l’économie mondiale », avertissait la Banque mondiale, début juin. Les prix des céréales et du pétrole ont explosé, menaçant d’aggraver la faim dans les pays pauvres. Les économistes de la Banque mondiale s’attendent à ce que ce rythme d’augmentation des prix perdure jusqu’en 2023-2024.

« En raison des dommages conjugués de la pandémie et de la guerre, le niveau de revenu par habitant dans les pays en développement sera cette année inférieur de près de 5 % à la tendance qui avait été projetée avant le Covid », déplore par ailleurs l’institution. « Pour bien des pays, il sera difficile d’échapper à la récession », estime la Banque mondiale. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, craint davantage : « un ouragan de famines ».

Début juin, la Banque mondiale projetait une augmentation de 42 % des prix des produits pétroliers en 2022. Partant de ces chocs inflationnistes, Agritel, cabinet français d’expertise en stratégie agricole, rappelle un douloureux précédent. Celui, en 2007-2008, des émeutes de la faim en plusieurs endroits de la planète, d’Haïti aux Philippines et en Afrique tout particulièrement. Agritel note qu’en équivalent dollars, autrement dit à dollar constant, les prix du blé se situent aujourd’hui à environ 440 dollars la tonne. Il y a quinze ans, le prix était de 10 dollars plus cher seulement.

Afrique: repenser la formation ?

Afrique: repenser la formation ?

 

Francis Akindes  sociologue en Côte d’Ivoire interroge le contenu de la formation en Afrique de l’Ouest jugée inadaptée notamment aux besoins de l’économie dans( l’Opinion). Un problème qui n’est pas spécifique à l’Afrique mais qui concerne tout autant des pays comme la France.

En outre contrairement à la France, nombre de pays d’Afrique de l’Ouest ont conservé un solide système de formation élémentaire ( et avec des classes parfois dans le public de 50 à 60 élèves quand en France on ne parvient pas à maîtriser une classe de 25!).  La situation commence à se dégrader en secondaire et surtout en supérieur où les enseignants sont rémunérés de manière dérisoire. Certes la formation mérite d’être repensée pour tenir compte des évolutions structurelles de notre économie et de notre société mais l’autre problème est celui de l’offre  d’emploi significative pour  éviter la fuite des qualifications et des cerveaux. NDLR

 

Tribune

L’Afrique compte aujourd’hui 400 millions de jeunes âgés de 15 à 35 ans, soit 33 % de la population – une classe d’âge en quête d’opportunités, mais frappée par un taux de chômage important. Comment créer des emplois et les opportunités d’accès à ces emplois si, dans le même temps, l’on ne trouve guère de solution au nœud gordien de l’inadéquation entre l’offre d’éducation et les besoins du marché du travail ?

La transformation radicale du système éducatif reste l’un des plus grands défis des Etats en Afrique de l’Ouest. Pourquoi ? Avec, à l’horizon 2050, une population de 2,5 milliards d’habitants, soit un quart de la population mondiale, et actuellement une population composée de plus de 400 millions de jeunes âgés de 15 à 35 ans, soit 33 % de la population du continent, l’Afrique dispose théoriquement d’un important atout : la jeunesse de sa population.

Selon l’Organisation internationale du travail, la part active de cette population jeune en Afrique augmente rapidement. Si en 2020, les jeunes âgés de 15 à 24 ans représentaient moins d’un quart (24 %) de la population mondiale en âge de travailler, ils comptaient pour plus d’un tiers (34 %) en Afrique. Mais, au lieu d’être vue comme une ressource, cette tranche d’âge est plutôt redoutée sur le continent et perçue comme une source de risque politique, en raison du fort taux de chômage qui la frappe. En Afrique du Sud, l’actualité nous apprend ainsi qu’un taux record de 66 % des 15-24 ans cherchent un emploi…

Des croissances non inclusives. La tendance du chômage ne s’inversera pas si rien n’est fait pour la corriger. Car l’on projette d’ici à 2030, l’arrivée chaque année de 30 millions de jeunes Africains sur le marché du travail. Comment transformer cette ressource en capital humain et en faire une part active de l’émergence tant attendue ? Or, la Banque africaine de développement relève depuis quelques années, un paradoxe saisissant : celui de la performance améliorée des pays africains en termes de croissance économique (5-9 %), mais sans création d’emplois.

L’inefficacité relative des systèmes de formation. Dans les agences de développement, les débats sur la croissance « inclusive » et le dividende démographique vont bon train. Comme l’illustre une étude de l’Unesco de 2011, un consensus semble se dégager sur l’inefficacité relative des systèmes éducatifs et de formation. Ceux-ci peinent à transformer le potentiel démographique en capital humain. En découle la contradiction suivante : les systèmes éducatifs forment des personnes dont le marché du travail n’a pas besoin, tandis que le marché du travail a des besoins de compétences auxquels les systèmes éducatifs ne forment pas.

Alors que l’Union africaine propose une stratégie continentale pour l’enseignement et la formation techniques et professionnels en faveur de l’emploi des jeunes, des pistes viennent de politiques nationales, comme au Bénin et en Côte d’Ivoire.

Le Bénin en fait une priorité nationale. Le Bénin illustre le problème de la surqualification, et une volonté politique forte de s’attaquer à la question. Le pays doit en effet insérer 39 % de chômeurs (25-34 ans) et gérer 75 000 jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail, avec un risque de doublement de cet effectif à l’horizon 2025. Il lui faut également corriger la tendance notée chez les élèves à s’orienter plutôt vers l’enseignement général que technique (respectivement 97 % contre seulement 3 %). L’on comprend aisément qu’un tel déséquilibre soit à la source de distorsions structurelles sur le marché du travail.

Les autorités tentent de relever le défi à travers un plan sectoriel pour l’éducation post-2015 et une « stratégie nationale de l’enseignement technique et la formation professionnelle ». Pour le gouvernement mené par le président Patrice Talon, à l’échéance 2026, l’objectif est de relever le niveau en mettant en place des formations adaptées au marché du travail, en concertation avec les acteurs économiques. Pour ce faire, un investissement important a été consenti pour créer et équiper 47 lycées techniques dans les secteurs de l’agriculture (en particulier du coton), l’énergie, le numérique, les infrastructures, les transports et le tourisme ainsi que sept écoles de référence dans l’énergie, le numérique, le BTP, l’automobile, l’eau, le bois, l’aluminium et le tourisme.

Formations de masse en Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire, toujours en Afrique de l’Ouest, a de son côté lancé des écoles « de la seconde chance » et appuie les formations qualifiées dans la filière des énergies renouvelables. Entre 350 000 et 400 000 jeunes rejoignent chaque année la population en âge de travailler. Face aux contraintes de chômage presque identiques à celles du Bénin, le gouvernement a mis en place le programme dénommé « Une Côte d’Ivoire solidaire pour l’insertion et l’autonomisation des jeunes ». Sept établissements de formation professionnelle répartis sur l’étendue du territoire sont en construction.

Un programme « Ecole de la deuxième chance » cherche à reconvertir certains diplômés sans emploi, accompagner les jeunes sans diplôme ou qualification dans des métiers à visée d’insertion rapide. Un tel programme de formation de masse vise à l’horizon 2030 à traiter un stock de 1 million de personnes sans emploi ou mal insérées.

Aussi, depuis la crise sociopolitique de 2010, la relance appelle d’importantes transformations, notamment dans l’énergie. Le gouvernement a opté pour un mix énergétique composé à 40 % de renouvelables, dont au moins 6 % d’énergie solaire à l’horizon 2030. Ces choix engendrent un besoin de main-d’œuvre qualifiée. Ce à quoi l’Etat tente de répondre à travers des partenariats internationaux, comme le système de double diplôme entre l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny et l’Université Sorbonne Paris Nord dans le domaine de la gestion durable des déchets.

Ces efforts reflètent certes une conscience politique des efforts à consentir, mais ne doivent pas se limiter à l’accélération des formations professionnelles. Les capacités d’insertion se démultiplieront si et seulement si elles intègrent au primaire et secondaire une culture de créativité, de l’innovation et de l’initiative entrepreneuriale, avec ce que cela appelle comme compétences en matière de maîtrise du digital. Car l’école d’aujourd’hui en Afrique ne peut plus ressembler à celle d’hier, si elle veut être l’incubatrice des jeunes acteurs inventifs apportant des solutions aux besoins de leur société.

Francis Akindes est sociologue. Il enseigne à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké en Côte d’Ivoire.

Covid: Nouvelle vague en Afrique du Sud

Covid: Nouvelle vague en Afrique du Sud

 

 

Les contaminations au Covid-19 repartent à la hausse en Afrique du Sud. Une reprise épidémique due à des sous-variants d’Omicron nommé BA4 et BA5, c’est donc la cinquième vague.

Pour l’heure, il n’y a pas de risque que l’épidémie reprennent en France à cause des variants BA4 et BA5, pour plusieurs raisons. D’abord, ces sous-variants d’Omicron sont présents dans le pays depuis fin décembre et n’ont pas pris le dessus sur BA2. Selon les autorités, deux contaminations à BA4 et BA5 ont été recensées.

Cependant les  scientifiques n’écartent pas une reprise épidémique, avec des sous-variants d’Omicron ou avec un nouveau variant, probablement à

Nouvelle vague Covid en Afrique du Sud

Nouvelle vague Covid  en Afrique du Sud

Les contaminations au Covid-19 repartent à la hausse en Afrique du Sud. Une reprise épidémique due à des sous-variants d’Omicron nommé BA4 et BA5, c’est donc la cinquième vague.

Pour l’heure, il n’y a pas de risque que l’épidémie reprennent en France à cause des variants BA4 et BA5, pour plusieurs raisons. D’abord, ces sous-variants d’Omicron sont présents dans le pays depuis fin décembre et n’ont pas pris le dessus sur BA2. Selon les autorités, deux contaminations à BA4 et BA5 ont été recensées.

Cependant les  scientifiques n’écartent pas une reprise épidémique, avec des sous-variants d’Omicron ou avec un nouveau variant, probablement à l’automne prochain.

Faire face aux crises alimentaires en Afrique

Faire face aux  crises alimentaires  en Afrique

Pour la Djiboutienne Ayan Mahamoud, coordinatrice des programmes de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), des solutions existent pour faire face à la sécheresse qui touche notamment la région.

interview dans le » Monde « 

 

Le spectre de 2011, lorsque la famine avait entraîné la mort de près de 260 000 Somaliens, plane sur la Corne de l’Afrique. Alors que les précipitations ont été plus faibles que prévu trois saisons des pluies d’affilée, la partie orientale du continent connaît la pire sécheresse depuis quarante ans. Des invasions de criquets ont par ailleurs ravagé les cultures à plusieurs reprises ces dernières années.

La Somalie, l’Ethiopie et le Kenya sont particulièrement touchés par les pénuries d’eau, de fourrage et de denrées alimentaires. Dans ces trois pays, plus de 14 millions de personnes sont aujourd’hui en insécurité alimentaire aiguë, selon les Nations unies ; 1 million d’habitants ont été contraints de quitter leur foyer par manque de vivres et plus de 3 millions de têtes de bétail ont déjà péri. Cette nouvelle crise humanitaire intervient dans un contexte sécuritaire toujours dégradé, avec la persistance d’attaques du groupe terroriste somalien des Chabab et, en Ethiopie, l’éclatement d’une guerre civile au Tigré.


La Djiboutienne Ayan Mahamoud coordonne les programmes de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui regroupe Djibouti, l’Ethiopie, la Somalie, l’Erythrée, le Kenya, le Soudan, le Soudan du Sud et l’Ouganda. Elle décrypte pour Le Monde les liens entre climat, sécurité et développement et explique comment les crises alimentaires pourraient être évitées .

En quoi la sécheresse qui touche actuellement la Corne de l’Afrique est-elle particulièrement alarmante ?

Les niveaux d’insécurité alimentaire atteints sont très préoccupants et la situation est intenable dans certaines zones. Le manque de pluie sur plusieurs saisons a tari les nappes phréatiques et fait obstacle au renouvellement des ressources naturelles en eau et en végétation. Les précipitations qui étaient attendues en mars ne sont arrivées que mi-avril et elles n’ont pas atteint les volumes espérés, alors qu’elles doivent s’arrêter fin mai. Nous pensons que cette demi-saison [des pluies] ne sera pas suffisante pour compenser les dommages subis. Il est clair qu’il faut nous adapter à cette réalité, car nous sommes désormais sûrs que les phénomènes de sécheresse vont être plus fréquents et plus intenses avec le dérèglement climatique.

« La culture de la patate douce est très prometteuse, car c’est un aliment résistant à la sécheresse et nutritif pour les populations »

Est-il possible d’adapter l’agriculture à cette instabilité climatique ?

Il existe des microclimats dans la région, où pourrait s’organiser un pastoralisme semi-sédentaire qui consisterait à développer l’activité agricole en complément de l’élevage. Cela est évident sur les hauts plateaux éthiopiens, mais il est aussi possible de faire pousser des espèces demandant moins d’eau dans les zones arides et semi-arides des plaines. La culture de la patate douce a par exemple été testée dans le triangle de Mandera, entre le Kenya, la Somalie et l’Ethiopie, et est très prometteuse. Elle pourrait être répliquée dans d’autres zones. C’est un aliment à la fois résistant à la sécheresse, nutritif pour les populations et dont les feuilles peuvent nourrir le bétail.

 

Ces choix innovants peuvent être couplés à des solutions technologiques. La capture de l’humidité de l’air pour la transformer en eau a ainsi été testée et représente une alternative sérieuse à la pluie pour le nord du Kenya, l’Ethiopie et la Somalie. Donc en gérant mieux le potentiel agricole de ces trois pays, les crises alimentaires pourraient être évitées. Si la fragilité des systèmes de gouvernance dans la région et les violences extrêmes freinent encore ces perspectives, on pourrait en revanche dès maintenant s’appuyer davantage sur les pays limitrophes pour lutter contre l’insécurité alimentaire.

Concrètement, quels rôles peuvent-ils jouer ?

En Afrique de l’Est, il existe des greniers agricoles, comme l’Ouganda, et des zones très productives. Nous en avons déjà identifié dans plusieurs régions d’Ethiopie et nous continuons de collecter des données en Somalie, au Kenya, au Soudan et en Ouganda. Nous essayons de mettre en place un système pour que les surplus de céréales ou de fourrage d’une zone soient envoyés à d’autres en déficit au lieu d’être jetés, comme c’est encore le cas actuellement. Cela demande une importante coordination. Le système n’est pas encore opérationnel. Il faudra beaucoup d’efforts, mais un énorme potentiel a été identifié.

 

Le climat n’est pas seul en cause…

Le problème est bien plus complexe que le seul manque de pluie. Il est aussi dû à la fragilité des systèmes de gouvernance et aux conflits qui secouent la zone, auxquels s’ajoutent les problèmes de disponibilité des terres. La privatisation de grandes étendues pour l’industrie minière ou leur utilisation pour des projets gouvernementaux agricoles complique l’accès des populations aux ressources naturelles et accroît les risques de déplacement, par exemple au Kenya et en Ethiopie. Les zones pastorales ont par ailleurs été négligées en termes de développement (électricité, infrastructures, éducation…).

Crise démocratique française : La même qu’en Afrique ?

 Crise démocratique française : La même qu’en Afrique ?

Pour le journaliste béninois Francis Laloupo, « nous sommes entrés dans le cycle des revanches ».( « Le Monde »)

L’euphorie qui a accompagné les transitions démocratiques en Afrique a vécu. La mauvaise gouvernance, les crises économiques, les coups d’Etat militaires et constitutionnels ont mis à mal les fragiles édifices politiques nés il y a trente ans dans la foulée des conférences nationales. Sur le continent comme en Occident, les populismes prospèrent.

Mais, souligne Francis Laloupo, journaliste béninois, enseignant et auteur de Blues démocratique, Afrique 1990-2020 (éd. Karthala), ce malaise se nourrit aussi des crises qui touchent les vieilles démocraties. Un phénomène d’autant plus prégnant que les autocraties russes et chinoises ont, dans leurs échanges avec l’Afrique, également exporté leur modèle politique.

Pour la troisième fois en vingt ans, l’extrême droite se retrouve au second tour de l’élection présidentielle en France. Comment cette montée en puissance est-elle perçue en Afrique francophone ?

Francis Laloupo Les démocraties africaines émergentes ne peuvent que constater la fragilité des démocraties anciennes. La prise du Capitole par les partisans de Donald Trump en a été un bon exemple. La présence de Marine Le Pen au deuxième tour en est un autre. Mais, si le processus n’est jamais complètement achevé, la démocratie a montré qu’elle était aussi un système capable de dépasser les épreuves. Aux Etats-Unis comme en Europe, elle tient malgré les assauts des partis d’extrême droite. Les gens continuent de voter même si l’abstention reste forte.

Néanmoins, cette flambée populiste qui balaie le monde, des Etats-Unis au Brésil en passant par l’Europe, résonne aussi en Afrique. On s’inquiète pour les diasporas confrontées aux discours racistes, en France notamment. Mais il y a aussi, sur le continent, une fascination trouble à l’égard des discours d’extrême droite qui a tendance à renforcer les populismes émergents. On peut se dire que, puisque les Français se défendent contre l’étranger, nous, Africains, sommes également fondés à le faire, en particulier contre la France. Nous sommes entrés dans le cycle des revanches. Le repli sur soi que promeuvent les lepénistes et des zemmouriens légitiment le positionnement nationaliste des autorités maliennes actuelles et leur discours anti-français.

La malédiction des ressources naturelles en Afrique

La  malédiction des ressources naturelles en Afrique

 

Les pays d’Afrique dont le sous-sol est riche en matières premières ne sont pas forcément ceux dont la population en profite le plus. Ils sont, bien souvent, victimes de la « malédiction des ressources naturelles », raconte Marie de Vergès, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

 

Chronique.

Le Nigeria a vécu, mi-février 2022, une mésaventure que l’on pourrait trouver cocasse si elle n’était pas désolante. Le premier producteur d’or noir en Afrique a été confronté toute une semaine à une pénurie de carburant, provoquant de monstrueux embouteillages dans les stations-service du pays. A l’origine de ce dysfonctionnement, l’importation accidentelle d’une grosse quantité d’essence frelatée. Car là est le nœud du problème : le Nigeria achète à l’étranger l’essentiel de son carburant, faute de raffiner lui-même les centaines de milliers de barils extraits chaque jour de son sous-sol.

L’incident a causé un « choc inutile » à l’économie, selon le Bureau national des statistiques. Dans l’immédiat, on s’attend à un nouveau pic d’inflation alors que près d’un Nigérian sur deux vit avec moins de 1,90 dollar par jour. A plus long terme, cet incident vient confirmer ce que l’on savait déjà : les incroyables richesses pétrolières du géant d’Afrique de l’Ouest ne profitent guère à sa population.

 

En jargon économique, on appelle ceci la « malédiction des ressources naturelles ». Ou comment, trop souvent, l’exploitation rentière des matières premières déstabilise l’activité économique, nourrit la corruption, ralentit l’industrialisation et aggrave la pauvreté. Au Nigeria, l’argent du pétrole a été dilapidé pendant des décennies. Et la première économie africaine en termes de PIB est, à de nombreux égards (mortalité infantile, violence, déscolarisation…), un Etat en déliquescence.

Or, comme le Nigeria, de nombreux pays africains dépendent encore à l’excès de leurs ressources naturelles. Pour certains, il peut s’agir de thé, de coton ou de cacao, mais il est plus souvent question de produits miniers ou pétroliers. En Angola, au Tchad, en République démocratique du Congo (RDC) ou encore au Soudan du Sud, les exportations sont composées à plus de 90 % de ressources extractives.

Est-ce forcément problématique ? L’Economie africaine 2022 (La Découverte, 126 pages, 10 euros), tout juste publié par l’Agence française de développement (AFD), nous livre des éléments d’appréciation factuels mais éclairants sur « l’inertie » de ces économies tributaires de leur sous-sol. On y apprend qu’elles ont enregistré des taux de croissance plus faibles depuis 2015 que les pays plus diversifiés. Et qu’elles ne sont pas parvenues, dans l’ensemble, à renouer avec leur niveau d’activité d’avant la crise du coronavirus.

La croissance y est volatile, soumise aux aléas des cours mondiaux. Quand les prix sont fortement à la hausse, les caisses de l’Etat se remplissent mais l’afflux de capitaux renchérit la monnaie, ce qui handicape la compétitivité et décourage l’industrialisation. Quand ils s’effondrent, les recettes publiques s’évaporent et les déficits se creusent.

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